La Commission de la condition de la femme entend cinq exposés volontaires sur l’application de ses conclusions concertées de 2016
Ce matin, la Commission de la condition de la femme a entendu cinq États Membres présenter un exposé volontaire sur l’application, à l’échelon national, des conclusions concertées de sa session de 2016 qui avait pour thème l’autonomisation des femmes et son lien avec le développement durable. Ainsi, l’Algérie, la Mongolie, l’Égypte, le Rwanda et les Émirats arabes unis ont brossé un tableau des avancées et défis qu’ils rencontrent en termes de promotion de la parité et de l’autonomisation des femmes. Cinq autres États Membres se prêteront à cet exercice demain.
L’Algérie a notamment mis l’accent sur les vertus de l’entrepreneuriat féminin, précisant notamment que 64% des bénéficiaires des fonds alloués par l’Agence nationale de gestion des microcrédits sont des femmes. L’importance de l’inclusion financière des femmes a également été soulignée par l’Égypte qui a par ailleurs indiqué que le Parlement a adopté une série de lois qui, entre autres, garantissent le droit de succession pour les femmes et l’égalité femmes-hommes en matière d’investissements.
De leur côté, les Émirats arabes unis ont indiqué que la création, en 2015, du Conseil pour l’égalité entre les sexes a contribué à ce que les femmes émiraties représentent aujourd’hui 21% des entrepreneurs des pays du Conseil de coopération du Golfe, et une première législation promulguée en 2018 garantit un salaire égal à travail égal entre les sexes.
Grâce aux mesures d’inclusion financière, le nombre de femmes ayant accès aux services financiers est passé de 87% en 2016 à 92% en 2020, s’est félicité pour sa part le Rwanda. De plus, la création de centres de développement de l’enfance permettent aux femmes de se consacrer aux activités économiques, et le Gouvernement rwandais travaille par ailleurs avec un conseil de femmes entrepreneuses et ONU-femmes pour mobiliser les ressources nécessaires pour assurer la continuité des entreprises féminines pendant la pandémie.
À ce sujet, la Mongolie a cependant signalé que suite à la COVID-19 et malgré l’action gouvernementale et des aides ciblées, des reculs ont été enregistrés notamment en termes de mortalité maternelle et de violence domestique. Avec la fermeture des crèches, les mères n’arrivent souvent plus à travailler et on assiste à un retour des femmes vers les campagnes. Tout cela a un impact négatif, y compris sur la santé mentale, a alerté la délégation.
Avant la présentation de ces exposés, la Directrice exécutive adjointe d’ONU-Femme a passé en revue les grandes lignes du rapport du Secrétaire général sur l’examen de la mise en œuvre des conclusions concertées de la soixantième session de la Commission de la condition de la femme.
Mme Åsa Regnér a indiqué que ce document en examine l’application par 53 États Membres et relève l’inégalité des progrès réalisés. Il en ressort qu’il reste encore des écarts importants à combler en particulier pour ce qui est du travail domestique et du travail non rémunéré; de la ventilation par sexe de statistiques fiables; du taux de pauvreté extrême chez les femmes et de la violence sexiste.
Même si les États Membres ont, dans l’ensemble, renforcé leurs cadres juridiques, normatifs et politiques pour favoriser la parité et la participation des femmes dans la vie publique, les progrès restent lents, a déploré Mme Regnér. Le Secrétaire général recommande dès lors aux États Membres d’intégrer davantage la perspective de genre dans leurs programmes et stratégies de développement durable nationales, ainsi que des initiatives et des financements supplémentaires en faveur de l’autonomisation des femmes et des filles et de la parité.
La deuxième partie de la matinée était consacrée à la poursuite de la discussion générale sur le thème prioritaire de la soixante-cinquième session qui est consacré à la participation pleine et effective des femmes à la prise de décisions dans la sphère publique et à l’élimination de la violence.
Si des améliorations ont été signalées en ce qui concerne la participation des femmes à la vie publique, de nombreux ministres ont relevé que malgré la multitude de lois et règlements déjà adoptés, il faut encore redoubler d’efforts pour améliorer l’arsenal juridique relatif à l’autonomisation de la femme. L’importance de promouvoir la représentation des femmes dans la sphère politique, en fixant des quotas minima afin de surmonter les obstacles structurels, a également été soulignée à de nombreuses reprises.
La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux demain, mercredi 24 mars, à partir de 9 heures.
Suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et à la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale intitulée « Les femmes en l’an 2000: égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle » (A/75/38, E/CN.6/2021/2, E/CN.6/2021/3, E/CN.6/2021/4, E/CN.6/2021/5, E/CN.6/2021/6, E/CN.6/2021/7)
Réalisation des objectifs stratégiques, mesures à prendre dans les domaines critiques et autres mesures et initiatives (E/CN.6/2021/3, E/CN.6/2021/4, E/CN.6/2021/5)
Thème de l’évaluation: autonomisation des femmes et lien avec le développement durable (conclusions concertées de la soixantième session)
Exposé volontaire de l’Algérie
Mme KAOUTER KRIKOU, Ministre de la solidarité nationale, de la famille et de la condition de la femme de l’Algérie, a effectué la première présentation nationale volontaire de son pays en mettant en avant la réussite du continent africain en matière de protection et d’autonomisation des femmes, dans le cadre des efforts de mise en œuvre du Programme 2030 de l’ONU et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Les cultures africaines sont diverses mais se distinguent par une résilience face aux troubles, y compris le terrorisme et la pandémie de COVID-19, a-t-elle souligné, assurant que le continent s’emploie à réaliser l’égalité entre les sexes en vue de plus de paix et de justice sociale. Notre intérêt vis-à-vis des femmes africaines se traduit notamment par la présence des femmes dans les institutions publiques, a relevé la Ministre, avant de saluer la forte représentation des femmes aux Parlements du Rwanda -premier pays au monde en la matière avec un taux de 61,3%- et de l’Afrique du Sud, mais aussi l’accession d’une femme à la présidence de l’Éthiopie en 2018.
Évoquant le cadre normatif de son pays, Mme Krikou a noté que la Constitution algérienne amendée en 2020 consacre l’égalité entre les sexes en droit et la participation de tous à la vie économique et sociale. En outre, la promotion par l’État des droits politiques de la femme a contribué à augmenter la participation des femmes dans les conseils élus aux niveaux national et local, tout en appuyant le principe de parité dans le marché du travail. Dans le contexte de la pandémie, le Ministère de la solidarité nationale, de la famille et de la condition de la femme a créé une plateforme destinée à l’écoute des femmes en situation difficile. Par ailleurs, des mesures de protection ont été prises dès le début de la propagation du virus, notamment l’octroi de congés payés aux femmes afin de préserver la famille et la santé des femmes et des enfants. La Ministre a également fait état de programmes encourageant les femmes et les jeunes à créer leur propre entreprise et leur permettant de bénéficier de microcrédits. Elle a ainsi précisé que 64% des bénéficiaires des fonds alloués par l’Agence nationale de gestion des microcrédits sont des femmes. Par ailleurs, les efforts en faveur de la parité dans la vie publique ont entraîné une forte augmentation de la participation des femmes au sein des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Un tiers des postes des conseils élus sont désormais occupés par des femmes, de même que 45% de ceux dans la magistrature. De plus, on trouve à présent une femme à la tête du Conseil d’État et au plus haut niveau de l’Armée nationale populaire algérienne.
Plusieurs États partenaires ont ensuite posé des questions à la Ministre. La première est venue de la Tunisie qui a souhaité savoir comment l’Algérie a renforcé le statut de la femme dans ses législations nationales. À sa suite, Cuba a salué les « progrès remarquables » enregistrés par l’Algérie en matière de représentation politique. Quelle est la stratégie de l’Algérie en ce qui concerne l’autonomisation des femmes, le but étant d’atteindre les objectifs de développement durable? a demandé la délégation cubaine. L’Indonésie a de son côté voulu en savoir davantage sur le rôle joué par les femmes algériennes dans le contexte de la pandémie.
En réponse à ces questions, la Ministre de l’Algérie a indiqué que la condition de la femme occupe une place prépondérante dans l’action du Président algérien mais aussi dans le renforcement de l’arsenal juridique prévu dans la Constitution amendée de 2020. L’article 35 de ce texte fondamental garantit l’égalité de tous les citoyens en droits et en obligations, a-t-elle rappelé, ajoutant qu’il lève aussi les obstacles à la participation des femmes. À cet égard, l’article 69 promeut les droits politiques des femmes et la participation des femmes élues. D’autres articles prévoient d’allouer des places de leadership à des femmes et d’assurer une égalité de salaire à travail égal.
La Ministre a ajouté que la question de la parité est également centrale pour le marché du travail. Le fait que 65% des diplômés de l’université soient des femmes est essentiel, a-t-elle estimé, faisant aussi état de la création d’un fonds pour les start-ups, qu’elle a qualifié de jalon important pour la participation des femmes et le renforcement de l’entrepreneuriat féminin. Quant au rôle joué par les femmes dans la cadre de la pandémie, elle a rappelé que son pays a appuyé cette question dans la résolution adoptée par l’Assemblée générale sur la riposte rapide à la COVID-19. Au niveau national, l’Algérie a notamment mis en congé les femmes en situation précaire ou enceintes et a créé une plateforme numérique pour le corps médical constitué en majorité de femmes. De plus, des cellules de proximité ont apporté une aide sanitaire et psychologique aux femmes dans les zones reculées. Enfin, a-t-elle encore relevé, l’État s’emploie à contenir les répercussions économiques et sociales de la pandémie pour l’ensemble de la population, y compris les femmes et les enfants, et procède actuellement à une campagne de vaccination.
Exposé volontaire de la Mongolie
La Ministre du travail et de la protection sociale de la Mongolie, Mme AYUSH ARIUNZAYA, a expliqué que la Commission nationale pour l’égalité entre les hommes et les femmes (NCGE), dirigée par le Premier Ministre, est le mécanisme national de promotion de l’égalité entre les sexes et de l’intégration du genre dans les politiques de développement et la législation. Cette commission est notamment chargée de la mise en œuvre effective de la loi sur la promotion de l’égalité entre les sexes qui a été adoptée en 2011. Aujourd’hui, la Commission nationale a établi des comités de genre dans 21 aimags (provinces) et 9 districts de la capitale et dispose de 14 conseils de genre au niveau sectoriel (ministériel). Son secrétariat compte 14 membres du personnel et 14 points focaux ministériels pour le genre ainsi que des points focaux au niveau local. Ces points focaux sont chargés de faciliter l’intégration des questions de genre dans leur secteur ainsi que dans la planification, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques de développement local.
Depuis l’adoption de la Loi sur la promotion de l’égalité entre les sexes en 2011, a-t-elle poursuivi, 18 des 77 textes approuvés par le Ikh Khural (Parlement national), soit environ 25%, comprennent des dispositions visant à promouvoir l’égalité entre les sexes. Des politiques et des processus de planification du développement local sensibles au genre ont été mis en place depuis 2014. Aujourd’hui, neuf secteurs ont approuvé leurs politiques sectorielles sensibles au genre, tandis que 20 aimags (provinces) et 8 districts de la capitale mettent en œuvre des sous-programmes de développement local sensible au genre. Le Gouvernement de la Mongolie encourage le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre de la loi sur l’égalité entre les sexes par des organes indépendants et avec la participation d’organisations de la société civile, a précisé la Ministre.
Depuis 2020, a indiqué Mme Ariunzaya, le Gouvernement s’est concentré sur la protection et le soutien de la santé de chacun, tout en mettant en place des mesures visant à améliorer la qualité de vie de la population. La Mongolie a connu des difficultés suite à la COVID-19, a regretté la Ministre, et, malgré l’action gouvernementale et des aides ciblées, des retours en arrière ont été enregistrés notamment en termes de mortalité maternelle et de violence domestique. La violence à l’encontre des enfants est notamment passée de 6,2% à 14% en 2020. Avec la fermeture des crèches, les mères n’arrivent souvent plus à travailler et on assiste à un retour des femmes vers les campagnes. Tout cela a un impact négatif, y compris sur la santé mentale, a alerté la Ministre. Dès lors, la Mongolie accorde une attention particulière à la santé mentale de femmes et des filles tout en poursuivant sa campagne de vaccination. Elle continuera aussi de soutenir les PME gérées par des femmes.
Que compte faire le Gouvernement pour que les progrès réalisés aux niveaux politique et juridique se matérialisent en une égalité concrète? a demandé le Canada. Et comment la Mongolie envisage-t-elle d’éviter les retours en arrière, compte tenu du fait que la pandémie de COVID-19 a frappé plus durement les femmes et provoqué une augmentation de la violence domestique? De son côté, le Qatar a souhaité savoir s’il existe des cadres législatifs autres que la loi sur la promotion de l’égalité entre les sexes et quelles mesures de suivi ont été prises.
En réponse à ces questions, la Ministre de la Mongolie a expliqué que son gouvernement a pris des mesures visant à assurer le suivi de l’application de la loi sur l’égalité entre les sexes, mais a concédé que celles-ci dépendent de la disponibilité des données pertinentes. Elle expliqué qu’outre la loi de 2011, le concept de l’égalité hommes-femmes est inscrit dans la Constitution mongole et se reflète dans la loi du travail, la loi sur la violence domestique et la loi de la famille, entre autres.
Exposé volontaire de l’Égypte
Mme MAYA MORSY, Chef du Conseil national des femmes de l’Égypte, a indiqué, dès l’entame de sa présentation, que 20 articles de la Constitution égyptienne traitent de questions liées aux femmes, en particulier de la violence dont elles font l’objet, de la nécessaire protection des mères de famille et de l’importance de l’égalité des sexes. Soucieux de garantir l’égalité et la parité sans discrimination, l’État a lancé sa « Vision 2030 », qui est appuyée par plusieurs stratégies nationales depuis 2017. La première de ces stratégies met l’accent sur les 17 objectifs de développement durable (ODD), y compris l’ODD no 5 sur l’égalité des sexes, a-t-elle souligné, avant d’énumérer un ensemble de mesures gouvernementales en faveur de l’autonomisation politique, sociale et économique des femmes.
Sur le plan juridique, a ajouté Mme Morsy, l’Égypte a adopté une loi pénalisant les mutilations génitales féminines et prévoyant des peines plus lourdes pour les auteurs de tels crimes. Un décret présidentiel a par ailleurs augmenté la durée du congé maternité et institutionnalisé le Conseil des femmes comme un organisme indépendant. Le Parlement a d’autre part adopté une série de lois qui, entre autres, garantissent le droit de succession pour les femmes et l’égalité femmes-hommes en matière d’investissements. D’autres lois récentes visent à lutter plus efficacement contre le trafic des migrants, les enlèvements et la cybercriminalité, autant de fléaux qui frappent de manière disproportionnée les femmes et les filles. En outre, des mesures sont prises pour lutter contre le harcèlement en ligne et assurer la confidentialité des données, a-t-elle noté, avant d’évoquer le taux de participation des femmes aux instances nationales, qui atteint 25% au Parlement et 10% au Sénat, conformément aux seuils prévus par la Constitution. De plus, a-t-elle poursuivi, 25% des postes au sein du Gouvernement et du corps diplomatique égyptiens sont réservés à des femmes.
Mme Morsy s’est félicitée que les mesures d’urgence prises dès le début de la pandémie aient permis de traiter les demandes et besoins des femmes, à l’égal des hommes. À cet égard, elle a relevé que 20% du budget national est consacré à des questions relevant de la condition de la femme, dans la droite ligne de l’engagement présidentiel pour la réalisation de l’ODD no 5. Dans le même esprit, un effort particulier est opéré pour garantir l’inclusion financière des femmes et leur accès aux ressources par le biais de modèles de prêts et de paiements en ligne, avec le concours du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de la Banque mondiale. Elle a enfin souligné l’action menée au niveau national pour faire reculer les violences et discriminations dont souffrent les femmes, citant par exemple la création d’une ligne téléphonique d’urgence, qui a reçu en 2020 plus de 66 000 appels, et des mesures pour la sécurité des femmes dans les transports.
Suite à cet exposé, le Fonds mondial pour les veuves a souhaité en savoir davantage sur la prise en compte de ces dernières par l’Égypte dans le contexte actuel. Comment peuvent-elles surmonter l’impact socioéconomique de la pandémie? Pour leur part, les Émirats arabes unis se sont interrogés sur la manière dont l’Égypte intègre les hommes et les garçons dans ses plans et programmes en faveur des femmes.
En réponse à ces questions, la Chef du Conseil national des femmes de l’Égypte a indiqué que 20% des chefs de foyer dans le pays sont des femmes. Dans le cadre des actions de riposte à la COVID-19, des transferts de fonds et de matériels ont été favorisés pour aider ces femmes qui doivent gérer seules leur cellule familiale. Des mesures similaires ont été prises par le Conseil des femmes pour venir en aide aux travailleuses du secteur informel, particulièrement affectées par les effets socioéconomiques de la pandémie. S’agissant de l’inclusion des hommes et des garçons dans les stratégies d’autonomisation des femmes, elle a dit prendre cette question « très au sérieux », plaidant pour un « changement d’attitude à l’égard des femmes ». Elle a ainsi précisé que la stratégie nationale pour légalité de sexes prend en compte la participation de tous, y compris des hommes et des garçons. Elle s’est aussi réjouie du succès de la campagne de sensibilisation « Parce que je suis un homme », dont le footballeur Mohamed Salah a été un des relais sur le réseau Twitter. Selon elle, plus de 17 000 garçons ont ainsi été atteints, ce qui constitue un exemple de « bonne pratique » dans ce domaine.
Exposé volontaire du Rwanda
Mme JACQUELINE KAMANZI, Secrétaire exécutive du Conseil national des femmes du Rwanda, a indiqué qu’après le génocide de 1994 contre les Tutsis, le Rwanda était économiquement, politiquement et socialement dévasté. Le Gouvernement a décidé de mettre l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes au premier plan du développement durable en justifiant ce choix par le fait qu’il ne serait possible de reconstruire le pays qu’avec une participation égale des femmes et des hommes. La Constitution de 2003, qui a été révisée en 2015, garantit l’égalité des droits entre tous les Rwandais et entre les hommes et les femmes. Ceci est confirmé par l’exigence constitutionnelle de réserver aux femmes un minimum de 30% de tous les postes de prise de décisions. Au cours des 27 dernières années, une série de lois intégrant la perspective de genre ont été adoptées pour supprimer toute barrière juridique discriminatoire, dont la loi de 2008 sur les mutilations génitales féminines et la loi de 2016 régissant le régime du mariage, les donations et les successions afin de garantir l’égalité des droits de succession entre les femmes et les hommes, les filles et les garçons.
Grâce à ces progrès, le Rwanda est aujourd’hui chef de file mondial en termes de participation des femmes aux postes de décision avec 61,3% de femmes parlementaires. Et selon le rapport 2020 sur l’écart entre les sexes dans le monde, il occupe la neuvième place à l’échelle mondiale pour ce qui est de réduction de la disparité entre les sexes. De plus, 53,3% des membres du Cabinet sont des femmes, et ces dernières représentent 49,7% des juges et des greffiers et occupent 45,2% des sièges des conseils de district.
Mme Kawanzi a ensuite présenté une série d’actions et d’interventions en cours pour financer l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes et des filles. Elle a indiqué que les institutions du Mécanisme pour la parité reçoivent un budget du Gouvernement, et que le Ministère du genre et de la promotion de la famille collabore avec le Conseil de gouvernance du Rwanda pour fournir un soutien financier aux ONG qui œuvrent à la mise en œuvre de plans d’autonomisation des femmes. Une budgétisation sensible au genre a été instituée par la loi organique de 2013 sur les finances et la propriété de l’État, et il existe en outre un fonds de développement des entreprises qui gère un sous-fonds fournissant un appui financier aux femmes entrepreneuses. Grâce aux mesures d’inclusion financière, le nombre de femmes ayant accès aux services financiers est passé de 87% en 2016 à 92% en 2020, et 84% d’entre elles ont accès à un téléphone portable, ce qui facilite les services bancaires en ligne. Le Gouvernement rwandais travaille également avec un conseil de femmes entrepreneuses et ONU-femmes pour mobiliser les ressources nécessaires pour permettre aux femmes d’assurer la continuité de leurs entreprises pendant la pandémie.
En ce qui concerne la collecte de données ventilées par sexe, Mme Kawanzi a expliqué qu’un système de gestion de l’information sur les violences sexuelles a été mis en place en 2018, et qu’un système de gestion de l’information relative au genre existe depuis 2019. Elle a ensuite indiqué que pour changer les attitudes patriarcales, le Gouvernement rwandais mise sur l’éducation, les campagnes de sensibilisation et les approches locales qui promeuvent le partage du pouvoir. Il facilite la formation des femmes et des filles, et met à leur disposition des programmes de capitalisation de leurs entreprises pour combattre la féminisation de la pauvreté. De plus, des centres de développement de l’enfance existent désormais même dans les villages pour permettre aux femmes de se consacrer aux activités économiques. Une stratégie visant à promouvoir la participation des hommes aux tâches domestiques est également en cours d’élaboration.
Exposé volontaire des Émirats arabes unis
Mme AISHA AL RUMAITHI, Directrice de la planification pour l’Union générale des femmes des Émirats arabes unis, a centré sa présentation sur différents domaines d’intervention clefs, à commencer par le renforcement des cadres juridiques et politiques en faveur de l’égalité des sexes. Dans ce cadre, a-t-elle expliqué, les Émirats arabes unis s’emploient à éliminer les discriminations à l’encontre des femmes, conformément aux cadres internationaux et à la Convention traitant de cette question. La Constitution nationale garantit en outre les droits des femmes et l’égalité entre les sexes, stipulant notamment que les femmes ont droit à l’éducation, à l’emploi, à la protection sociale et à des fonctions publiques. Deux plans stratégiques successifs visent à promouvoir le rôle de chef de file des femmes, tout en réprimant plus durement les violences faites aux femmes et les cas de harcèlement sexuel. De plus, un décret de 2019 sanctionne les violences commises au sein des foyers. Afin de promouvoir et protéger les droits des femmes, plusieurs articles de la Constitution ont été abrogés, notamment celui qui n’accordait des droits qu’aux époux masculins et celui qui ne reconnaissait pas les crimes d’honneur. D’autres articles ont été amendés pour autoriser des congés de maternité et interdire l’interruption des contrats pour les femme enceintes. Autre avancée citée par Mme Al Rumaithi: une première législation promulguée en 2018 garantit un salaire égal à travail égal entre les sexes.
Dans cette même veine, a-t-elle poursuivi, le Gouvernement émirati est enclin à renforcer la participation des femmes aux prises de décisions. Le programme d’autonomisation politique des femmes, lancé en 2005, a ainsi constitué un « tournant » car tous les citoyens, y compris les femmes, ont désormais le droit de vote. Au sein du Gouvernement, 29,5% des ministères ont à leur tête des femmes et l’objectif est de parvenir à une parité 50-50, a-t-elle souligné. Assurant que son pays considère les femmes comme des « partenaires et actrices essentielles du développement durable », elle a cité différentes mesures prises à cet effet, notamment la création en 2015 du Conseil pour l’égalité entre les sexes, qui a contribué à ce que les femmes émiraties représentent aujourd’hui 21% des entrepreneurs des pays du Conseil de coopération du Golfe, avec un nombre total supérieur à 12 000. Les femmes occupent également 66% des postes du secteur public, 30% des emplois dans les PME et représentent 25% de la population active. Enfin, Mme Al Rumaithi a indiqué que l’Union générale des femmes et le Conseil pour l’égalité entre les sexes coopèrent pour la collecte de données ventilées par sexes dans le cadre des efforts de réalisation du Programme 2030.
Suite à cette présentation, la Jordanie s’est enquise des nouvelles politiques inscrites par les Émirats arabes unis dans leurs actions pour l’autonomisation des femmes et des obstacles rencontrés dans ce cadre. Le Canada a, quant à lui, demandé des exemples d’initiatives nationales pour la réalisation des ODD, en particulier l’ODD no 5.
En réponse à ces questions, la Directrice de la planification pour l’Union générale des femmes des Émirats arabes unis a indiqué que son gouvernement a pris un grand nombre de mesures en faveur de l’autonomisation des femmes, tout en développant un budget qui garantit l’égalité entre les sexes et en élaborant des politiques qui renforcent la place des femmes dans le domaine des affaires. Elle a également fait état d’une loi visant à préserver l’unité de la famille et à renforcer la participation des femmes dans le développement de la société, rappelant en outre qu’un décret fédéral garantit la protection des femmes contre les violences domestiques et toute action nuisible à leur santé corporelle et psychique. De surcroît, a-t-elle ajouté, une loi adoptée en 2018 prévoit l’égalité de rémunération, étant entendu que les femmes jouent un rôle essentiel dans le développement national. Quant aux obstacles rencontrés, elle a déploré un « grand vide » en matière de données statistiques. Mme Al Rumaithi a ensuite assuré que son pays s’efforce de réaliser l’ODD no 5 sur la base d’une « méthodologie claire ». Il s’appuie pour cela sur sa stratégie nationale de 2002 pour le renforcement du statut de la femme et sur celle de 2015 pour l’égalité entre les sexes, et s’emploie parallèlement à assurer une égalité femmes-hommes dans le secteur privé.
Suite de la discussion générale
Une vingtaine d’États Membres ont pris la parole, ce matin, dans le cadre de la poursuite de la discussion générale de la Commission. Si des améliorations ont été notées en ce qui concerne la participation des femmes à la vie publique, le besoin de redoubler d’efforts, malgré la multitude de lois et règlements déjà adoptés pour améliorer l’arsenal juridique relatif à l’autonomisation de la femme, a été souligné à de nombreuses reprises.
On a ainsi noté que l’Indonésie a mis sur pied une stratégie nationale pour éliminer la violence à l’égard des femmes. La Ministre de l’autonomisation des femmes et de la protection de l’enfance de l’Indonésie a aussi indiqué que son gouvernement a pris des mesures spécifiques pour renforcer la protection des femmes et filles en temps de COVID-19. La Ministre de la femme et de la famille de Djibouti a expliqué que son pays a ratifié toutes les conventions internationales relatives au bien-être de la femme et mis à jour sa législation nationale. Une loi promulguée en 2019 entend par exemple prévenir et pénaliser la violence à l’égard des femmes, tout en assurant la prise en charge des victimes, a-t-elle indiqué. De son côté, la Ministre de la condition féminine du Zimbabwe a expliqué que son gouvernement a mis en place des mesures pour lutter contre la violence à l’égard des femmes dans les processus électoraux et qu’un observatoire spécial assure le respect de ces mesures. Tout cela a conduit à l’augmentation des femmes au Parlement. L’autonomisation économique des femmes reste également essentielle, raison pour laquelle une banque dédiée au microfinancement des femmes a été mise sur pied, et que des prêts à taux abordable leur sont octroyés.
De même, afin d’autonomiser économiquement les femmes, le Népal respecte désormais le principe d’un budget national sexospécifique. Et une politique de tolérance zéro à l’égard des violences sexuelle ou sexistes a également été adoptée pour faire face au fléau de la violence à l’égard des femmes, a fait savoir la Ministre des femmes, des enfants et des personnes âgées du Népal. Un nouveau Code de travail a élargi le champ d’application du délit de harcèlement sexuel au travail, a souligné le Ministre du travail, des invalides et des affaires sociales du Viet Nam. En Macédoine du Nord, a expliqué la Ministre du travail et du développement social, le Gouvernement a mis en place une loi pour lutter contre la violence à l’égard des femmes, et les autorités entendent poursuivre la quête de l’égalité entre les sexes, une vision qui obéit à la volonté nationale d’adhésion à l’Union européenne. De son côté, le Ministre du développement social et de la sécurité humaine de la Thaïlande a évoqué la mise en place de « zones sûres pour les femmes » victimes de violence, et de sites de transition pour leur prise en charge, notamment dans le contexte de confinement dû à la pandémie.
En matière de participation des femmes à la vie publique, la Ministre de l’éducation, de l’innovation, du genre et du développement durable de Sainte-Lucie a salué le fait qu’un nombre croissant de postes au niveau gouvernemental et dans le secteur privé sont occupés par des femmes. Elle a toutefois déploré qu’à cause d’obstacles structurels, moins de 30% des femmes siègent au Parlement, même si les Présidents du Parlement et du Sénat sont des femmes. La Ministre de la protection sociale de la Mongolie a déploré une situation analogue dans son pays où aux dernières élections législatives, si 32% des candidates étaient des femmes, seulement 17% de femmes font partie du Parlement, ce qui représente un recul par rapport à la précédente législature. Le Gouvernement, qui est composé de 25% de femmes, entend donc promouvoir une plus grande participation de celles-ci à des postes de prise de décisions.
La Ministre de la femme, de la solidarité nationale et de la famille du Burkina Faso s’est félicitée de l’amélioration de la participation des filles au système scolaire. La République de Corée, pour sa part, offre des formations spéciales destinées aux femmes ayant fait une pause dans leur carrière du fait des maternités ou pour d’autres raisons, a indiqué la Ministre de l’égalité entre les sexes et de la famille de ce pays. Le Ministre de l’intérieur du Suriname a pour sa part salué le fait que le Parlement national est passé de 17 à 35% de femmes le constituant.
La Ministre de l’égalité des sexes, du développement des enfants et du bien-être familial de Maurice a expliqué que dans son pays, une candidature sur trois aux élections locales et parlementaires doit venir des femmes. Malheureusement, cela n’est pas toujours le cas, et le Gouvernement actuel ne comprends que 12,5% de femmes. Les femmes sont de plus en plus présentes sur la scène publique, a affirmé la Ministre de la femme, de la famille et du développement communautaire de la Malaisie. Selon elle, cette embellie s’explique en partie par le fait qu’il y a de plus en plus de femmes travaillant dans les médias. Au Nicaragua, s’est enorgueillie la Ministre de la défense, les femmes sont représentées à tous les niveaux de gouvernement et le pays est en bonne voie pour parvenir à l’égalité complète d’ici à l’année 2033.
Pour assurer l’autonomisation des femmes, il faut également mener des actions ciblant les garçons et les hommes, a prôné la Ministre de la jeunesse, des sports et de la famille des Seychelles. Son homologue de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille du Mali a parlé des mesures prises par son gouvernement afin de viser le développement durable et réduire la pauvreté et les inégalités au Mali. La Ministre des femmes et de l’égalité des sexes du Venezuela a déploré l’imposition de mesures de coercition économiques « criminelles » contre son pays, l’empêchant ainsi d’envisager un développement qui soit durable. En dépit des crimes contre l’humanité perpétrés contre les femmes vénézuéliennes et les populations du pays en général, le pays a fait de la participation et la protection des femmes une priorité, et à l’heure actuelle, 43% des parlementaires sont des femmes.
Au Pakistan, des mesures spéciales de protection ont également été prises. Ainsi, a témoigné la Ministre des droits fondamentaux du Pakistan, des lois spéciales ont été adoptées pour protéger le droit à la succession des femmes. D’autres réglementations cibles également le viol et le harcèlement sur le lieu de travail. Le Ministre du développement social du Soudan a de son côté souligné que désormais, l’âge minimum du mariage des filles est de 18 ans dans son pays. De même, les femmes ont à présent le droit de voyager librement avec leurs enfants et les mutilations génitales féminines sont proscrites. Enfin, la Ministre de la population, de la protection sociale et de la promotion de la femme de Madagascar a indiqué que son pays prépare une loi-cadre sur l’égalité hommes-femmes. Elle a par ailleurs espéré que les meilleures pratiques en matière d’égalité seront partagées dans l’espace francophone.