Forum des forêts: lancement officiel des activités du centre d’échange du Réseau mondial de facilitation du financement forestier
À la veille de la clôture de sa seizième session, le Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) a procédé aujourd’hui au lancement des activités du centre d’échange du Réseau mondial de facilitation du financement forestier, l’un des outils de mise en œuvre du plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030). Les membres du FNUF en ont profité pour examiner l’état d’avancement du projet de création d’un bureau de ce réseau mondial en Chine. Les délégations ont également examiné l’évolution du financement forestier à l’échelle mondiale et les rapports et indicateurs d’évaluation forestière.
Le Réseau mondial de facilitation du financement forestier a été créé par la résolution 2015/33 du Conseil économique et social (ECOSOC) dont le FNUF est un organe subsidiaire. Sa mission est d’abord de promouvoir la conception de stratégies nationales de financement forestier afin de mobiliser des ressources en faveur d’une gestion durable des forêts. Il doit aussi aider les pays à mobiliser et à utiliser plus efficacement les ressources financières existantes de toutes provenances. Le Réseau fait également office de système de centralisation des possibilités existantes, nouvelles et naissantes de financement et d’outil d’échange de pratiques optimales et d’enseignements tirés de projets couronnés de succès.
À sa treizième session en 2018, le Forum avait adopté les directives relatives au fonctionnement du Réseau et demandé à son secrétariat de lancer la mise en place du centre d’échange d’informations en ligne de celui-ci. Dans une première phase, ont été développés un site Web et trois bases de données, portant respectivement sur les possibilités de financement, les supports d’information et la formation destinées à favoriser l’accès aux ressources et les enseignements tirés et les meilleures pratiques. Le site Internet du centre d’échange se base sur une plateforme existante, Unite Web, hébergée par l’ONU. Outre sa fiabilité et sa sécurité par rapport aux plateformes extérieures à l’ONU, Unite Web était l’option la plus efficace par rapport aux coûts, a expliqué ce matin la Responsable de la gestion des programmes du secrétariat du FNUF.
Mme Yan Lang a ainsi présenté ce qu’elle a appelé « l’achèvement de la phase 1 » avec ce site Internet du centre d’échange qui a été développé de manière rentable avec un coût global de 20 000 dollars, en collaboration avec le Bureau de l’informatique et des communications de l’ONU. Mme Lang a souhaité avoir les suggestions des États Membres afin d’améliorer le site Internet du centre d’échange.
L’Union européenne (UE) a salué ce lancement du site Internet et insisté sur la nécessité d’accélérer l’opérationnalisation de toutes les activités prévues pour le Réseau mondial, en se concentrant spécifiquement sur le centre d’échange. Le Japon s’est félicité de l’utilisation de « Unite Web » pour ce nouveau site, y voyant l’assurance de maintenir le site en conformité avec les normes de sécurité de l’ONU, tout en générant des économies de coûts et des synergies opérationnelles avec d’autres organes des Nations Unies. « Il serait utile que le Secrétariat nous rappelle ce qu’implique la phase suivante », a demandé le Japon, tout en plaidant pour une phase pilote prolongée, compte tenu des risques élevés de construction et de gestion d’un site Internet.
Soucieux d’accroître les investissements du secteur privé dans la gestion durable des forêts, le Royaume-Uni a annoncé son programme « Mobilizing Finance for Forests » qui investira 150 millions de livres dans des entreprises qui défendent l’utilisation durable des terres dans les régions de forêts tropicales en Afrique, en Asie et en Amérique latine. La délégation a ensuite salué le lancement de la « Coalition LEAF », le 22 avril dernier, au cours du Sommet des dirigeants sur le climat. La Coalition est une initiative public-privé ambitieuse conçue pour accélérer l’action climatique en fournissant un financement axé sur les résultats. Elle vise à mobiliser au moins un milliard de dollars pour aider à protéger les forêts tropicales au profit de milliards de personnes qui en dépendent, et pour soutenir le développement durable.
Dans la foulée, l’Argentine a appelé les pays développés à contribuer de manière conséquente au financement des efforts que déploient les pays en développement pour la conservation des forêts. Les petits États insulaires en développement (PEID) ont des déficits en capacités financières et technologiques dans le cadre de la gestion forestière, ont notamment expliqué les Fidji. Il faut en effet, a reconnu l’Afrique du Sud, allouer des ressources financières et promouvoir le transfert de technologies pour améliorer les mécanismes de mise en œuvre du plan stratégique et la réalisation des objectifs forestiers mondiaux.
Le Mexique a placé ses espoirs dans le centre d’échange qui permettra de faciliter les recherches de financements au profit d’une gestion forestière durable. Pour la Suisse, il est important de simplifier les procédures de recherche de financements, d’où la nécessité d’avoir des échanges virtuels sur la question. Il serait même mieux, au vu de l’importance du sujet, d’avoir une réunion en présentiel, ont suggéré les États-Unis. La délégation américaine a aussi invité les États à se tourner vers des sources de financement non conventionnelles, en recommandant notamment de capter les fonds du secteur privé. Au Brésil, justement, des mesures prises par le Gouvernement permettent aux entreprises privées du domaine forestier de s’impliquer dans la gestion durable, notamment en soutenant des communautés et gouvernements locaux.
L’Équateur a invité en particulier l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à continuer de soutenir les efforts des pays en vue d’une gestion forestière durable. Se voulant rassurante, celle-ci a dit que malgré la pandémie, elle a continué d’apporter son soutien aux pays qui en font la demande. Elle mène ainsi 89 projets dans des domaines comme la biodiversité et la gestion des zones arides. La FAO collabore également avec le Fonds vert sur le climat afin d’aider les pays à lutter contre les changements climatiques, et la moitié de leurs projets concernent les forêts.
Projet de création en Chine d’un bureau du secrétariat du Forum pour le Réseau mondial de facilitation du financement forestier
Le secrétariat du FNUF a également présenté l’état d’avancement du projet de bureau en Chine pour le Réseau mondial. À ses deux dernières sessions, le secrétariat du Forum avait déjà fait le point des progrès accomplis à cet égard. Il a indiqué que trois séries de consultations entre l’ONU et la Chine ont eu lieu avant la dernière session. Les consultations entre l’ONU et la Chine se sont poursuivies par le biais d’une réunion virtuelle tenue en novembre 2020, afin de régler les questions en suspens liées au projet d’accord avec le pays hôte. Bien que des progrès aient été réalisés, de nouvelles consultations sont nécessaires pour arriver à une convergence de vues sur de nombreuses questions, notamment la nature et la portée des activités du bureau proposé.
Après cette mise au point du secrétariat, l’UE a dit souhaiter recevoir de plus amples informations sur les progrès réalisés. Pour l’UE, il est crucial que le bureau de Chine ait une valeur ajoutée pour le travail mandaté du Réseau. Nous demandons la poursuite du travail en toute transparence, même durant la période intermédiaire, ont exigé les États-Unis, précisant qu’il faudrait respecter les protocoles et normes des Nations Unies dans le processus de mise en place de ce bureau. La Chine a également dit attendre avec impatience la poursuite de la mise en place d’un bureau du Réseau sur son territoire.
Suivi, évaluation et rapports relatifs aux progrès réalisés dans la mise en œuvre du plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030)
Au cours de cette séance sur le suivi de l’évolution des forêts, le secrétariat du FNUF, par la voix de son Chargé des affaires forestières, M. Tomasz Juszczak, est revenu sur les travaux préparatoires à la rédaction de la publication phare du Forum des Nations Unies sur les forêts ainsi que sur les principales conclusions qui y sont présentées. Il a également fait le point des progrès réalisés dans l’élaboration d’un ensemble d’indicateurs forestiers mondiaux. Il a rappelé que 52 États Membres ont présenté des rapports complets décrivant en détail les mesures prises pour atteindre les objectifs mondiaux relatifs aux forêts. Il a relevé qu’il est ardu d’obtenir un tableau exact des progrès accomplis dans la réalisation de certains objectifs et cibles en l’absence de données et de méthodes d’évaluation appropriées. C’est pourquoi il est essentiel de renforcer les capacités et d’aider les pays à collecter et à compiler des données, en particulier celles qui concernent les aspects socioéconomiques des forêts et de la foresterie.
À sa suite, la Directrice adjointe de la Division des forêts de la FAO, Mme Tiina Vahanen, a parlé du processus d’élaboration de « l’Évaluation des ressources forestières mondiales ». Cette publication est le résultat d’un processus transparent de soumission des rapports se basant sur un réseau bien établi de correspondants nationaux nommés officiellement. L’utilisation d’une méthodologie normalisée pour l’établissement des rapports permet de suivre les changements de paramètres comme la superficie, la gestion, la propriété ou l’utilisation des forêts, ainsi que de ventiler les données à l’échelle régionale et mondiale. Le rapport 2020, qui a mobilisé 700 experts, concerne 187 pays et territoires couvrant 99,5% des forêts du monde. Son collègue, le Vice-Directeur de la Division des forêts de la FAO, M. Ewald Rametsteiner, a confirmé ces informations.
Ensuite, Mme Stephanie Linser, chercheuse principale de l’Union internationale des instituts de recherche forestière (IUFRO), a évoqué une publication de son organisation sur les indicateurs de gestion forestière mondiale, avec la contribution de 36 experts de 26 pays. Le représentant de l’Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA) a également parlé de son expérience dans l’élaboration d’un rapport sur la situation de l’Amazone.
Afin de réduire le fardeau des rapports, l’Union européenne (UE) a recommandé de coordonner au mieux les rapports nationaux volontaires avec les autres processus et cycles de rapports, en particulier avec l’Évaluation des ressources forestières mondiales de la FAO. Avant de décider d’une nouvelle publication phare, l’UE souhaiterait avoir une évaluation de la publication actuelle. Même son de cloche pour les États-Unis qui ont demandé de prendre du temps pour partager les commentaires sur le rapport avant de lancer le processus du suivant. Dans cette optique, le Japon a insisté pour que soient identifiées les raisons réelles de la non-soumission des rapports par de nombreux États Membres. À cet égard, la délégation a souligné l’importance du recours à des institutions capables de fournir des données fiables, telles que l’Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT).
Le Japon a proposé une méthode plus simple pour l’évaluation des ressources forestières à l’échelle mondiale. Il a rappelé en effet que certains indicateurs pour les objectifs de développement durable (ODD) ont été réexaminés en raison de la difficulté de calcul. Il a donc jugé possible de remplacer les indicateurs de niveau 3 par des indicateurs qui peuvent être calculés dans le contexte de l’évaluation forestière, une idée reprise par d’autres pays, dont la Chine qui a plaidé pour des indicateurs ayant le soutien de toutes les parties.
Pour réussir une évaluation au niveau national, l’Afrique du Sud a dit avoir besoin de plus de ressources, ce qui l’oblige à solliciter des entités extérieures capables d’en fournir. C’est la même situation à laquelle s’est dit confronté le Kenya qui a été l’un des 52 États à avoir contribué au premier rapport du FNUF.
Le Forum des Nations Unies sur les forêts tiendra sa dernière journée des travaux demain, jeudi 29 avril, à partir de 9 heures.