En cours au Siège de l'ONU

Forum politique de haut niveau
ECOSOC/7056

Les vulnérabilités des petites îles en développement, l’apport de la science et les priorités de la société civile passés au crible du forum politique de haut niveau

La quatrième journée du forum politique de haut niveau pour le développement durable, organisé sous l’égide du Conseil économique et social (ECOSOC), a été une nouvelle fois l’occasion d’aborder des thématiques spécifiques renvoyant aux difficultés de mise en œuvre du Programme 2030, lors de tables rondes thématiques consacrées aux vulnérabilités des petits États insulaires en développement (PEID), à la mobilisation de la science et de la technologie, et aux priorités de la société civile.

Centrée sur l’aide à apporter aux petits PEID pour qu’ils s’engagent sur la voie de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), la première de ces discussions a donné l’opportunité aux participants de plaider unanimement en faveur de l’établissement d’un « indice de vulnérabilité multidimensionnel » pour l’octroi des financements à ces pays confrontés à une menace existentielle du fait de l’accumulation de crises, notamment celle liée aux effets des changements climatiques. 

Avec la pandémie de COVID-19, les PEID sont aujourd’hui privés de recettes touristiques, qui constituent d’ordinaire leur principale source de revenu, et leur statut de pays à revenu intermédiaire les empêche de bénéficier de prêts concessionnels, a déploré M. Wavel Ramkalawan, Président des Seychelles.  De surcroît, ces petits États sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques alors même qu’ils n’émettent que très peu de gaz à effet de serre, a-t-il ajouté, avant d’en appeler à la création urgente d’un indice de vulnérabilité pour l’accès aux financements, qui viendrait rectifier l’évaluation fondée sur le seul PIB par habitant. 

Il a été appuyé dans cette revendication par la Ministre des femmes, des enfants et de l’atténuation de la pauvreté des Fidji, le Ministre de la résilience climatique et de l’environnement de la Grenade et le Ministre des finances du Guyana, ce dernier estimant qu’il est à présent temps de surmonter « l’obstacle du revenu intermédiaire » et son « illusion de prospérité » liée au PIB par habitant.  Il a donc exhorté les bailleurs à tenir compte des vulnérabilités propres aux PIED dans leur attribution de financements préférentiels.     

« Lorsqu’un ouragan ou un cyclone frappe ces pays, il ne leur demande pas quel est leur PIB », a renchéri Mme Patricia Scotland, Secrétaire générale du Commonwealth des Nations, avant de mettre l’accent sur la question de l’endettement des PEID.  Alors que leur gestion de la dette était satisfaisante avant la pandémie, ce fardeau est devenu insoutenable et réduit considérablement leurs marges budgétaires, a-t-elle alerté.  Un avis partagé par M. Courtenay Rattray, Haut-Représentant des Nations Unies pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, selon lequel il importe que les créanciers publics et privés acceptent de suspendre les remboursements en cas de circonstances exceptionnelles.  Si l’Initiative de suspension du service de la dette du G20 et l’émission de droits de tirage spéciaux (DTS) supplémentaires sont des « sources d’espoir », il faut penser à plus long terme, a-t-il dit. 

Le forum politique s’est ensuite penché sur le renforcement de « l’interface science-politique-société » lors d’une table ronde consacrée à la mobilisation de la science, de la technologie et de l’innovation (STI) pour le développement durable.  De l’avis de M. Mohammad Koba, Coprésident de la session 2021 du forum de coopération multipartite sur la science, la technologie et l’innovation de l’ECOSOC, des niveaux extraordinaires de coopération internationale sont nécessaires en matière de recherche, d’infrastructure et de capacités pour combler les lacunes technologiques au sein et entre les pays.  Pour ce faire, il importe de connecter le monde entier avec des équipements de haute qualité et d’effectuer des investissements à long terme dans la science fondamentale. 

Pour renforcer le développement des technologies de l’information et des communications (TIC) et répondre à l’appel du Secrétaire général de l’ONU en faveur d’une connexion universelle d’ici à 2030, il faut en passer par les « quatre i » -infrastructures, investissements, innovation et inclusion-, a pour sa part préconisé M. Houlin Zhao, Secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications (UIT).  Mais s’il convient de favoriser le saut technologique des pays en développement, mieux vaut le faire de manière respectueuse de l’environnement et sans imposer les STI aux populations, a fait valoir la Coprésidente du groupe des dix experts chargés de soutenir le Mécanisme de facilitation des technologies. 

Les femmes doivent ainsi pouvoir s’intéresser aux STI sans crainte de violences en ligne, a souligné une responsable de la fondation « World Wide Web » au Nigéria, pour qui l’accès de toutes et tous à Internet doit être considéré comme un droit fondamental.  Ces diverses innovations sont des « biens publics mondiaux », a renchéri la Coprésidente du groupe international de scientifiques chargé de rédiger le rapport mondial sur le développement durable en 2023, plaidant pour des STI qui répondent aux besoins des groupes marginalisés.  Dans ce même cadre, il est important de tirer parti des connaissances des peuples autochtones, a appuyé la Directrice Asie du Groupe d’action sur l’érosion, la technologie et la concentration, favorable à l’évaluation participative des nouvelles technologies et leurs impacts potentiels sur les personnes et la planète avant leur déploiement.    

La dernière table ronde a donné lieu à un échange sur la vision et les priorités de la société civile, du secteur privé et d’autres grands groupes et parties prenantes quant à la réalisation des ODD pendant le relèvement post-COVID-19.  À cette occasion, M. Liu Zhenmin, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a relevé que l’un des enseignements de la pandémie est que seuls des partenariats et une action collaborative de l’ensemble de la société permettront d’avancer dans la mise en œuvre du Programme 2030. 

Le forum politique de haut niveau reprendra ses débats thématiques lundi 12 juillet, à partir de 9 heures.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE 

Aider les petits États insulaires en développement à s’engager sur la voie de la réalisation des ODD

Animée par M. GASTON BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda et Président de l’Alliance des petits États insulaires, la première table ronde de cette journée portait sur l’aide à apporter aux petits États insulaires en développement (PEID) pour qu’ils s’engagent sur la voie de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  La discussion a offert aux participants l’occasion de plaider unanimement en faveur de l’élaboration d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel pour l’octroi de financements aux PEID, aujourd’hui confrontés à une menace existentielle du fait de l’accumulation de crises, dont la plus préoccupante est liée aux effets des changements climatiques. 

M. Brown a également profité de cette tribune pour exprimer sa solidarité à Haïti, « pays frère » et membre de l’Alliance des petits États insulaires, après le « choc » provoqué par l’assassinat du Président Jovenel Moïse.  Au-delà de cette tragique actualité, ce pays subit de plein fouet les difficultés propres aux États insulaires de notre région, a souligné le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda.

Il a ensuite donné la parole aux intervenants, en commençant par M. WAVEL RAMKALAWAN, Président des Seychelles, qui a souligné la « situation unique » des PEID, dont les économies sont aujourd’hui exsangues du fait de l’impact dévastateur de la pandémie de COVID-19.  Le tourisme, qui est la principale source de revenus de ces États, est au point mort et, dans le même temps, leur statut de pays à revenu intermédiaire les empêche de bénéficier de prêts concessionnels.  De surcroît, a-t-il fait observer, ces pays sont parmi les plus vulnérables au monde, notamment face aux conséquences des changements climatiques, et ce, bien qu’ils n’émettent que très peu de gaz à effet de serre.  Face à cette injustice, les PEID ont besoin d’une assistance dans le cadre d’un système de développement véritablement inclusif, a affirmé le Chef d’État, appelant à la création urgente d’un indice de vulnérabilité pour l’accès aux financements, en substitution de la seule évaluation du PIB par habitant.  Un tel outil de référence permettrait de transformer la vulnérabilité en « risque quantifiable » et constituerait de fait un « instrument de développement » pour les PEID, a-t-il argué, avant de rappeler que « personne ne choisit d’être pauvre et vulnérable ». 

Ce point de vue a été pleinement partagé par Mme MERESEINI RAKUITA VUNIWAQA, Ministre des femmes, des enfants et de l’atténuation de la pauvreté des Fidji, qui a jugé essentiel que les bailleurs de fonds tiennent compte des vulnérabilités propres aux PEID.  Lorsque des catastrophes importantes comme celles que nous vivons actuellement surviennent, les institutions financières doivent pouvoir proposer des financements préférentiels aux PEID, a-t-elle affirmé, non sans rappeler que ces États ont un grand besoin de ressources pour financer leur riposte à la pandémie et reconstruire en mieux.  À ses yeux, un indice de vulnérabilité permettrait de tenir compte des situations particulières et de proposer des financements ciblés pour atteindre les populations les plus vulnérables, en particulier les femmes et les enfants.  Parvenir à changer le système actuel nécessite de conjuguer nos efforts, a lancé la Ministre aux autres intervenants.  « Soyons unis sur la question des vulnérabilités et exprimons-nous d’une même voix sur le sujet. »  

Sur cette même ligne, M. SIMON STIELL, Ministre de la résilience climatique, de l’environnement, des forêts, de la pêche, de la gestion des catastrophes et de l’information de la Grenade, a constaté que les difficultés spécifiques que rencontrent les PEID ne sont pas couvertes par le dispositif d’aide actuel.  Selon lui, les financements climatiques préférentiels doivent être distingués du reste de l’assistance apportée à ces pays, notamment au titre de la riposte mondiale contre la COVID-19.  Dans ce cadre, a-t-il martelé, les bailleurs de fonds doivent respecter leurs promesses en matière d’aide publique au développement (APD) tout en s’engageant à financer les mesures d’atténuation et d’adaptation de ces pays face aux changements climatiques.  Observant à son tour que ces difficultés ne sont pas réglées par les outils en vigueur, basés sur le PIB par habitant, il a souhaité que la communauté internationale adopte une démarche pluridimensionnelle, via l’établissement d’un indice qui reflète les « vulnérabilités réelles » des PEID.  Malheureusement, il n’y a toujours pas de mécanisme formel permettant de créer un tel instrument, a déploré le Ministre, avant d’appeler à « dépasser ce blocage » pour élargir l’éligibilité aux financements.

« L’accès à ce type de financements ferait une différence notable », a acquiescé M. ASHNI SINGH, Ministre des finances du Guyana, pour qui « tous les PEID doivent pouvoir en bénéficier ».  Mais au-delà de l’accès se pose aussi la question du volume de ces subsides, a-t-il relevé, y voyant une question essentielle à résoudre pour relever les défis du développement.  Constatant à son tour qu’aucune mesure concrète n’est encore mise en œuvre à ce sujet, il a assuré que la création d’un indice de vulnérabilité permettrait de répondre efficacement à l’élimination de la pauvreté, qui est un objectif commun de la communauté mondiale.  Il faut à présent surmonter « l’obstacle du revenu intermédiaire » et son « illusion de prospérité » liée au PIB par habitant, a renchéri le Ministre, exhortant les bailleurs à tenir compte des vulnérabilités dans leur octroi de financements concessionnels.     

Mme PATRICIA SCOTLAND, Secrétaire générale du Commonwealth des Nations, n’a pas dit autre chose en relevant que les vulnérabilités des PEID se fondent sur un « écheveau de considérations ».  À ses yeux, il ne faut plus que la résilience ne soit jugée qu’à l’aune du PIB.  Rappelant que 32 des 54 États membres du Commonwealth sont des petits États insulaires, elle a noté des similitudes indéniables entre eux.  « Lorsqu’un ouragan ou un cyclone les frappe, il ne leur demande pas quel est leur PIB ou leur niveau d’endettement », a-t-elle commenté, avant de se prononcer, elle aussi, pour un indice de vulnérabilité multidimensionnel.  « Nous avons besoin de cet indice maintenant pour disposer d’une base pour l’allocation des financements », a-t-elle insisté, notant que si les pays les moins avancés doivent être prioritaires, les petits États en développement ont également des besoins vitaux. 

À l’instar du Ministre de la Grenade, Mme Scotland a aussi mis l’accent sur la question de l’endettement des PEID.  Leur gestion de la dette était satisfaisante avant la pandémie, a-t-elle souligné, indiquant que l’essentiel du service était corrélé aux chocs externes, tels que les changements climatiques.  « Mais la COVID-19 a rendu leur dette insoutenable », a-t-elle pointé.  Selon elle, il est important de s’endetter quand on ne peut pas générer des revenus suffisants pour investir dans les infrastructures mais, dans le cas d’espèce, cet endettement a considérablement réduit leur marge de manœuvre budgétaire.  Toutefois, a fait valoir la Secrétaire générale, il est faux de dire que la pandémie a eu cet effet en raison du taux d’endettement de ces pays.  « C’est le double impact de ces chocs sur les PEID qui est difficilement soutenable », a-t-elle expliqué, avant de déplorer le sentiment de punition ressenti par ces pays alors même qu’ils consentent à d’importants efforts pour réduire leur dette.    

De l’avis de M. COURTENAY RATTRAY, Haut-Représentant des Nations Unies pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, la pandémie a démontré les écarts de réponse à la crise entre les pays développés et le monde en développement.  C’est pourquoi, a-t-il dit, les émissions de droits de tirage spéciaux (DTS) supplémentaires d’un montant de 650 milliards de dollars par le FMI sont une « source d’espoir ».  Pour remédier à l’endettement des pays pauvres, il importe que des réallocations soient effectuées par les pays qui n’ont pas de problèmes de liquidités, a soutenu le responsable onusien, en appelant à revoir les règles du Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (PRGT) du FMI pour y inclure les pays à revenu intermédiaire.

À moyen terme, a poursuivi M. Rattray, si nous voulons un relèvement pérenne, il faut garantir un accès aux financements préférentiels pour les petits États en développement.  De même, a-t-il précisé, l’Initiative de suspension du service de la dette du G20 ne doit plus être basée sur le seul indice du PIB par habitant.  Dans une perspective plus longue, des instruments innovants sont nécessaires pour renforcer la résilience de ces pays vulnérables.  Il importe, par exemple, que les créanciers privés et publics puissent suspendre le remboursement des dettes et des obligations en cas de circonstances exceptionnelles, a ajouté le Haut-Représentant, selon lequel des lignes directrices adaptées aux PEID sont à prévoir, notamment en termes d’accès aux financements. 

« La vulnérabilité est une question primordiale », a abondé Mme EMELINE SIALE ILOLAHIA, Directrice exécutive des Associations des îles du Pacifique des organisations non gouvernementales (PIANGO), relevant à nouveau le caractère inadapté de l’indice de mesure du PIB par habitant.  Cet indicateur ne reflète pas l’état de notre biodiversité et les changements que subissent les océans, a-t-elle souligné, avant d’appeler à ce qu’on tienne compte de toutes les données propres aux PEID et à leurs populations, sur la base de la plateforme prévue par les ODD, pour trouver un « équilibre » entre vulnérabilité et résilience.  

Lors du débat interactif qui a suivi, la France a mis en avant l’exemple de la ville ultramarine du Lamentin, la plus étendue et la plus peuplée de la Martinique, qui développe depuis le milieu des années 90 une coopération de proximité avec deux villes de son bassin géographique: Carrefour en Haïti et Santiago de Cuba.  Ce besoin de confronter les expériences a donné lieu à divers projets opérationnels qui s’inscrivent dans 7 des 17 ODD.  Avec la participation d’autres acteurs caribéens sont ainsi menés, entre autres activités, des échanges entre médecins sur les méthodes de prise charge des patients atteints du diabète, des partages d’expériences post-catastrophes naturelles majeures, des appuis matériels et techniques pour aider les pays partenaires à la gestion des déchets, des ateliers d’apprentissages artistiques et linguistiques dans les 6 crèches et 16 écoles françaises, et un inventaire de l’écosystème de la mangrove sur la faune, la flore et les pratiques urbaines, sociales et économiques. 

Représentés par un délégué de la jeunesse sur le développement durable, les Pays-Bas ont rappelé qu’ils ressentent eux aussi les effets des changements climatiques, pour l’essentiel dans la partie caribéenne de leur territoire.  Pour répondre à cette réalité aux conséquences graves, ils ont lancé une initiative avec des PEID du Pacifique, qui consiste à demander à la Cour internationale de Justice de préserver les droits humains face à ces changements en reconnaissant le lien qui les unit.  Pour la délégation, un avis consultatif pourrait aider à déterminer les vulnérabilités de ces pays, mises à nu par la pandémie.

Soulignant pour sa part l’importance vitale de la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris sur le climat pour les PEID, la Belgique a rappelé qu’avec les autres membres de l’Union européenne, elle s’est engagée à réduire d’au moins 55% les émissions de CO2 d’ici à 2030 et à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.  Elle a également doublé sa contribution au Fonds vert pour le climat et augmenté sa participation au Fonds des pays les moins avancés (PMA).  À l’approche de la COP15 sur la biodiversité, le pays milite par ailleurs pour l’objectif de 30% d’aires marines protégées d’ici à 2030, a ajouté la délégation, souhaitant que la voix des PEID soit entendue sur cette question comme lors des négociations sur un accord contraignant sur la biodiversité marine au-delà de la juridiction nationale.

De son côté, le Groupe des Nations Unies pour les entreprises et les industries a assuré que le secteur privé se tient prêt à aider les PEID à mettre les emplois au premier rang de leurs priorités, alors que le déclin du tourisme, les perturbations des chaînes d’approvisionnement, les pénuries et le manque de protection sociale ont contribué à aggraver la crise.  À cette fin, il a dit œuvrer de concert avec l’Organisation mondiale des employeurs pour mobiliser les grands groupes et les PME en faveur d’un relèvement des PEID. 

« Nous sommes sur une pente glissante », a observé l’Indonésie, selon laquelle les efforts de relèvement des pays en développement sont entravés par la lenteur de la vaccination et l’iniquité de la distribution.  Face à cette accumulation de défis, la situation des PEID est une « tempête parfaite », a-t-elle constaté, jugeant que ce n’est qu’en vaccinant suffisamment de personnes que nous pourrons préserver le tourisme, épine dorsale de ces petits États en développement.  Elle a par ailleurs indiqué avoir signé des accords de partenariat avec trois États insulaires du Pacifique afin de les soutenir sur les fronts de la crise sanitaire et de l’adaptation climatique. 

Le Danemark a, lui, regretté que les fonds alloués à lutte contre le réchauffement climatique ne représentent que 4% de ceux consacrés à la réponse à la pandémie.  Jugeant impératif que les financements soient rendus plus accessibles aux PEID, il a appelé à « revoir la copie » sur la vulnérabilité, sans tenir compte du seul PIB par habitant.  La délégation a ajouté que son pays finance le réseau mondial des entreprises pour les PEID, ce qui contribue à la mise en œuvre des Orientations de Samoa.  Il a par ailleurs décidé de maintenir son niveau d’APD à 0,7% de son budget national. 

Le Forum mondial des communautés qui subissent des discriminations a souligné, quant à lui, le besoin de données ventilées et désagrégées pour déterminer les vulnérabilités multiples des PEID, rejoint dans cette revendication par un représentant des peuples autochtones, tandis que le Groupe des Nations Unies pour les femmes en appelait à plus de « justice climatique » pour ces pays en première ligne face aux changements du climat.  Pour cela, il faut développer les financements et alléger la dette des PEID, selon le principe de responsabilité commune mais différenciée, a-t-il affirmé. 

Mobiliser la science, la technologie et l’innovation et renforcer l’interface science-politique-société

Comment faire en sorte que la science, la technologie et l’innovation soutiennent la réalisation des objectifs de développement durable (ODD)?  C’est à cette question que les participants à la seconde table ronde ont répondu.  Ils ont notamment constaté que les progrès de la science, de la technologie et l’innovation (STI) continuent de s’accélérer et que, malgré leur potentiel pour aider à réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, les défis abondent, comme l’a souligné d’entrée de jeu M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) qui est Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC).

Le Coprésident de la session 2021 du forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation de l’ECOSOC, M. MOHAMMAD KOBA (Indonésie), a fait remarquer qu’il faut des niveaux extraordinaires de coopération internationale en matière de recherche et d’infrastructure s’il l’on veut arriver à combler les lacunes technologiques au sein et entre les pays et les groupes sociaux.  Selon lui, nous devons de toute urgence connecter le monde entier avec des équipements fiables et de haute qualité.  Il a aussi plaidé pour des investissements à long terme dans la science fondamentale en mettant l’accent sur sa mission d’innovation.  Pour aider en ce sens les pays en développement, il a appelé à renforcer le soutien financier au Mécanisme de facilitation des technologies.  M. Koba a également salué l’équipe spéciale interinstitutions de 45 entités des Nations Unies, qui constitue une source importante d’expertise technique.

Pour le Secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications (UIT), M. HOULIN ZHAO, il faut passer par les 4 « i », soit les infrastructures, l’investissement, l’innovation et l’inclusion.  Nous avons la possibilité de renforcer les investissements dans le développement des technologies de l’information et des communications (TIC), en vue de bâtir les infrastructures numériques, et de répondre ainsi à l’appel du Secrétaire général de l’ONU de connecter ceux qui ne le sont pas encore d’ici à 2030, a dit M. Zhao.  Un avis partagé par le représentant de la Lettonie, animateur de la table ronde, M. ANDRJS PILDEGOVIČS, et qui fut également Coprésident du forum de collaboration multipartite

La Coprésidente du groupe des dix experts chargés de soutenir le Mécanisme de facilitation des technologies, et professeur de physique à l’Université d’Arizona, Mme CHERRY MURRAY, a plaidé, au nom du groupe d’experts, pour la promotion et le renforcement des écosystèmes d’innovation nationaux, régionaux et mondiaux, y compris le soutien à l’éducation, la recherche et le développement des compétences entrepreneuriales.  Elle a appelé à des mesures favorisant le saut technologique des pays en développement, afin qu’ils évitent les voies suscitant la pollution comme l’ont fait les pays développés au siècle dernier, et pour qu’ils puissent reconstruire après la pandémie, dans un environnement plus vert et de manière plus circulaire.  Selon elle, il ne faut pas imposer les STI aux populations.  Leur acceptation doit plutôt être un processus volontaire, y compris pour des communautés comme les peuples autochtones.

À sa suite, la Coprésidente du groupe international de scientifiques chargé de rédiger le rapport mondial sur le développement durable en 2023, et professeure honoraire à Hochschule Bonn-Rhein-Sieg, Mme IMME SCHOLZ, a affirmé que ces diverses innovations doivent être considérées comme des biens publics mondiaux.  De ce fait, il est nécessaire qu’en plus des fonds privés qui les suscitent, les gouvernements s’engagent à apporter leur contribution, afin de favoriser leur vulgarisation et renforcer leur caractère de biens publics.  Pour la professeure, les STI doivent prendre en considération les besoins des groupes marginalisés, afin de parvenir à un avenir durable qui soit inclusif.  Mais, a—t-elle averti, il est aussi important que la science gagne la confiance des populations.

De même, il faut aussi faire confiance aux STI pour que les femmes s’y intéressent sans crainte de violences et brimades en ligne, a demandé Mme NNENNA NWAKANAM qui travaille à la fondation « World Wide Web » au Nigéria.  Selon elle, c’est cette violence sexiste sur Internet qui accentue la fracture numérique entre les sexes.  Le moment est venu de garantir l’accès à l’Internet comme droit fondamental, a-t-elle plaidé, avant de dénoncer ces États qui bloquent l’accès à l’Internet pour des raisons politiques. 

Il est vrai que les féministes du monde entier reconnaissent que les STI sont probablement la seule vraie chance de raccourcir le temps nécessaire pour atteindre l’égalité des sexes et améliorer la vie de quelques-uns, a renchéri Mme SANJA NIKOLIN qui est membre du Groupe consultatif de la société civile d’ONU-Femmes pour l’Europe et l’Asie centrale.  Elle a également relevé l’ironie des gouvernements qui dépensent de l’argent public pour le statu quo, investissant ainsi dans l’élargissement de l’écart entre les sexes.  Elle a noté que la pandémie n’a fait que renforcer l’exclusion numérique.  Elle a salué ces femmes qui répondent à des besoins non satisfaits, résolvent des problèmes et améliorent la qualité de vie en mettant leurs connaissances au service du bien commun, sans en tirer bénéfice elles-mêmes car les procédures coûteuses et compliquées de la propriété intellectuelle laissent peu de chance aux femmes.  Cela doit changer, a—t-elle clamé, appelant à « se débarrasser des structures impénétrables qui sous-estiment les connaissances des femmes et mythifient les aspects techniques de la technologie ».

N’oublions pas que le déploiement des technologies numériques pour relever les défis émergents implique d’importants enjeux environnementaux et élargit notre empreinte carbone, a mis en garde Mme ELENITA DANO qui est Directrice Asie pour le Groupe d’action sur l’érosion, la technologie et la concentration (Groupe ETC).  Elle a aussi mis l’accent sur l’amalgame qui est fait entre STI et numérisation, notant que les premières sont un moyen de réaliser les ODD et ne peuvent se réduire à une seule voie technologique.  Elles proviennent de sources de connaissances diverses, a-t-elle rappelé avant d’appeler à tirer parti des connaissances des peuples autochtones.  Dans le cadre de l’interface science-politique, elle a demandé l’évaluation participative des nouvelles technologies et de leurs impacts potentiels sur les personnes et la planète avant leur déploiement.

Apportant justement son expérience de femme politique, la Ministre de l’information et des technologies de la communication de la Colombie, Mme KAREN ABUDINEN, a expliqué que son gouvernement entend connecter gratuitement 14 745 écoles dans les zones rurales et apporter une couverture 4G à 3 658 communes du pays.  En Mongolie, a dit la Ministre du travail et de la protection sociale, Mme ARIUNZAYA AYUSH, avec la pandémie de COVID-19, les autorités ont dû revoir le document de stratégie à l’horizon 2050, afin de renforcer la place du numérique.  C’est dans cette optique qu’en 2020, le Gouvernement a lancé « emongolia » qui permet désormais aux citoyens de recevoir des services en ligne, ce qui fait gagner en temps et en argent, s’est-elle réjouie.  L’Ukraine a pris un chemin similaire en rejoignant le Programme pilote mondial des Nations Unies sur les STI et les ODD, qui permet d’aider le pays à établir une feuille de route pour atteindre les ODD grâce aux STI.  Le Ministre ukrainien de l’éducation et de la science, M. SERHIY SHKARLET, a expliqué que son gouvernement entend désormais renforcer la numérisation des services publics qui est estimée à environ 4,5 millions de dollars.

La Scientifique en chef de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Mme ISMAHANE ELOUAFI, a évoqué les pistes explorées par la FAO pour mobiliser la science, la technologie et l’innovation et renforcer l’interface science-politique-société pour intensifier et consolider les actions concrètes en vue d’atteindre l’objectif « faim zéro », à travers son nouveau cadre stratégique.  Ce sont les mêmes enjeux qui sous-tendent d’ailleurs le Sommet sur les systèmes alimentaires du Secrétaire général des Nations Unies, dont l’objectif principal est de faire progresser les 17 ODD en tirant parti de l’interconnexion des systèmes alimentaires pour relever les défis mondiaux tels que la faim, les changements climatiques, la pauvreté et les inégalités.

La Finlande a signalé qu’elle accueille un pôle d’opérations et d’innovation de l’ONU à Helsinki.  Le pays s’attache à rendre la science et la technologie plus égalitaires et à combler le fossé numérique entre les sexes.  La question de la fracture numérique entre les sexes intéresse au plus haut point le Directeur exécutif de l’Institut de recherche informatique du Qatar, M. AHMED EL-MAGARMID.  Son institut a d’ailleurs engagé un projet avec des partenaires internationaux afin de créer des modèles permettant de quantifier la fracture numérique entre les sexes et d’aider à combler ces lacunes dans les données produites pour les décideurs, en vue de renforcer le lien science-politique-société. 

En Suède, les autorités planchent aussi sur cette approche d’une recherche axée sur les solutions transformatrices, afin de résoudre les problèmes pratiques et permettre les avancées rapides nécessaires au cours de la Décennie d’action.  Pour la délégation, il est temps que les décideurs politiques tendent la main aux scientifiques et aux innovateurs pour une transformation durable.  Pour la Belgique, face à l’affaiblissement du multilatéralisme, mis en évidence par la pandémie actuelle, la meilleure voie à suivre pour renforcer la coopération sur la science et la technologie passe par plus de multilatéralisme, de diplomatie scientifique, et d’échanges multidisciplinaires.  Dans ce même sillage, la Norvège a plaidé pour une interaction transdisciplinaire, puisque le Programme 2030 est d’envergure mondiale et ne peut être réalisé qu’à travers des partenariats multipartites.

Par ailleurs, la République islamique d’Iran a indiqué que la communauté internationale doit prendre des mesures immédiates pour mettre fin aux sanctions unilatérales qui sapent le développement de certains États.  D’autres intervenants comme la France, la Pologne et la Fédération de Russie ont également présenté des projets nationaux dans le cadre des STI.  Le grand groupe des peuples autochtones a demandé de tenir compte de la valeur des connaissances autochtones qui doivent également être vulgarisées, tandis que le grand groupe des ONG a plaidé pour des innovations agricoles qui aideront à transitionner vers une agriculture moins consommatrice d’énergie et plus saine pour les personnes.

Visions et priorités de la société civile, du secteur privé et des autres grands groupes et parties prenantes: réaliser les ODD pendant le relèvement de la pandémie de COVID-19

Cette table ronde a été l’occasion pour les participants d’exprimer leur vive inquiétude devant les menées de certains gouvernements autoritaires qui ont profité de la pandémie pour saper les droits humains et les efforts déployés pour remédier à la marginalisation des groupes les plus vulnérables.  Rien ne doit se faire sans nous, ont lancé, à l’unisson, les intervenants qui portaient les voix des personnes âgées, handicapées, LGBTI et des peuples autochtones.  Le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Juan Sandoval Mendiolea, du Mexique, a conclu cette table ronde aux accents volontiers révolutionnaires en appelant, dès que la page de la pandémie sera tournée, à une « nouvelle ère ».

Premier intervenant, M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a d’emblée rappelé que la pandémie a fragilisé les avancées de tous les groupes marginalisés, en particulier les personnes âgées, les sans-abris, les migrants, les femmes et les filles et les personnes handicapées.  Il a rappelé que les grands groupes et les parties prenantes sont essentiels pour promouvoir la mise en œuvre des ODD.  Il a souhaité que ces derniers restent engagés dans les travaux du forum, avant de noter que les séances en distanciel peuvent être difficiles d’accès pour des groupes vulnérables.  Le Secrétaire général adjoint a souligné l’importance des partenariats pour remédier aux conséquences de la pandémie et promouvoir les ODD, en rappelant quelles conditions doivent être réunies pour assurer le succès desdits partenariats.  Il a ainsi cité un alignement des intérêts et des visions, un haut niveau d’engagement ou bien encore une flexibilité des partenaires par rapport à d’éventuels changements.

Mme JOAN CARLING, grand groupe des personnes autochtones, a indiqué qu’environ deux milliards de personnes vivent dans la pauvreté dans le monde, tandis que 10% de la population mondiale détient 88% de la richesse.  Pendant la pandémie, la richesse des milliardaires s’est accrue de 3,9 mille milliards de dollars l’année dernière.  Cette réalité nécessite un changement systémique afin de tourner le dos à une économie mondiale néolibérale d’inégalités croissantes et de développement insoutenable, a-t-elle dit.  Elle a demandé l’annulation de la dette et la levée de toutes les règles commerciales qui entravent la fourniture des services publics et l’accès aux technologies, y compris en ce qui concerne les traitements médicaux.  Elle a appelé à combattre « la résurgence des régimes autoritaires et militaristes, patriarcaux et racistes ».  La situation qui ne cesse de s’aggraver au Myanmar exige une reconnaissance de la part de l’ONU du Gouvernement d’unité nationale, ainsi que des sanctions contre la junte, a-t-elle conclu.

Une indignation partagée par M. KIRAN RABHERU, groupe des parties prenantes sur le vieillissement, qui a dénoncé les discriminations visant les personnes handicapées, âgées et souffrant de maladies mentales, que la pandémie est venue empirer.  Les personnes âgées souffrent souvent d’une triple discrimination, en raison de l’âge, du handicap et de leur santé mentale.  Une guerre meurtrière leur est livrée, a-t-il dit, en déclarant que le vieillissement est « une pandémie insidieuse et destructrice ».  Il a souhaité qu’une perspective de droits humains soit systématiquement appliquée aux efforts pour parvenir aux ODD et que la voix des personnes âgées soit pleinement prise en compte.  Enfin, M. Rabheru a appelé à appuyer l’idée d’une convention des Nations Unies sur les droits des personnes âgées.

Mme RUTH WARICK, groupe des personnes handicapées, a indiqué que, selon la Convention relative aux droits des personnes handicapées, ces dernières doivent être associées à tous les processus de prise de décisions les concernant, en rappelant le principe « rien sur nous sans nous ».  Elle a indiqué qu’avec la pandémie, certains États ont mené des politiques actives d’exclusion des personnes handicapées, conduisant à des violations massives de leurs droits.  « L’un des droits les plus importants dont nous disposons, un droit clef pour tous les autres, est de participer aux décisions qui nous affectent. »  Notre participation est essentielle pour promouvoir les droits humains comme les ODD, a-t-elle lancé.

Un point de vue pleinement partagé par Mme MARIAH RAFAELLA SILVA, groupe des parties prenantes LGBTI, qui a indiqué être une femme transgenre brésilienne.  La pandémie a accru la marginalisation des personnes aux prises avec des vulnérabilités multiples et intersectionnelles.  Elle a dénoncé les discriminations en raison du genre, de la race, de la classe sociale et rappelé que les vaccins ne sont pas accessibles à tous.   « Les pauvres, les lesbiennes, les gays, les personnes bisexuelles, transgenres, intersexuelles, non binaires, noires, autochtones, les plus jeunes comme les plus âgés, les migrants, les réfugiés, les travailleurs du sexe font face à une insécurité accrue et continuent d’être exclus des efforts de relèvement. »  Elle a fustigé ces gouvernements autoritaires et antidroits de l’homme qui remettent en question les progrès accomplis s’agissant de l’égalité entre les sexes.  Elle a aussi dénoncé ces « acteurs cyniques et corrompus » qui ont profité de la pandémie pour saper les droits civiques.  Pour y remédier, elle a demandé des politiques protectives et de discrimination positive pour permettre aux personnes transgenres et autres personnes vulnérables d’avoir accès à l’éducation et à la santé.  « Nous réussirons à ne laisser personne de côté que si nous éliminons le racisme, le patriarcat, le colonialisme et les systèmes qui oppriment non seulement les personnes LGBTI, mais aussi toute l'humanité. »

M. SAMI PIRKKALA, Office du Premier Ministre de Finlande, a indiqué que la Commission nationale sur le développement de son pays promeut la participation de toute la société à ses travaux.  Il a évoqué les conditions qui doivent être remplies pour une participation pleine et entière aux choix faits dans ce domaine, en citant notamment la nécessité d’une société ouverte et tolérante qui respecte toutes les opinions. Une confiance mutuelle doit régner, a-t-il dit, en soulignant aussi la nécessité d’une transparence de ces processus de participation.  « Les parties prenantes comme les acteurs gouvernementaux doivent voir une compréhension commune des mécanismes de participation. »

M. VOLKER TÜRK, Sous-Secrétaire général à la coordination stratégique, a salué les déclarations pleines de conviction qu’il a entendues en ajoutant que celles-ci illustrent parfaitement cette idée, loin d’être creuse, de ne « laisser personne de côté ».  « Quand on dit ne laissons personne de côté, c’est ne laisser aucune personne vulnérable de côté », a-t-il conclu, en ajoutant que ce n’est pas un « mantra ».

Mme NADINE GASMAN, Présidente de l’Institut national des femmes du Mexique, a déclaré que rien de ce qui concerne les femmes ne doit être décidé sans elles.  « Rien sur nous sans nous. »  Les ODD sont l’occasion de transformer la vie des femmes et des filles du monde entier, a-t-elle dit, en soulignant les conséquences de la pandémie pour les femmes.  Parlant d’une dette historique envers les femmes, elle a détaillé l’action du Mexique pour s’en acquitter, notamment par la mise en place d’un système de santé plus robuste.  Le Mexique doit bientôt ratifier la Convention 190 de l’OIT sur la violence sexiste au travail, a-t-elle indiqué en citant aussi l’action spécifique engagée pour lutter contre la violence contre les femmes autochtones.

Mme GERALDINE FRASER-MOLEKETI, ancienne Ministre chargée des services publics de l’Afrique du Sud, a demandé que l’hégémonie laisse la place à la diversité et souhaité la levée des entraves systémiques qui empêchent la participation.  Elle a réclamé la tenue d’élections et de consultations régulières, ainsi que des politiques prenant en compte les besoins des plus vulnérables.  La pandémie ne doit pas nous ramener en arrière, au contraire, elle doit nous inciter à aller de l’avant sur la voie de la participation de tous et de la réalisation des ODD, a-t-elle conclu.

Lors de la discussion interactive qui a suivi, la Norvège s’est fait l’écho des préoccupations exprimées par les intervenants en déplorant vivement le rétrécissement de l’espace dévolu à la société civile en raison de la pandémie.  Le rôle crucial de la société civile a été rappelé par plusieurs délégations, dont celles du Japon, du Guatemala, ou encore du Sénégal.  La mission sénégalaise a insisté sur le rôle majeur joué par la société civile pour faire face, au côté de l’État, aux conséquences graves de la pandémie.  La coalition « Ensemble 2030 » a, elle aussi, dénoncé les restrictions apportées pendant la pandémie, qui est devenue une excuse bien pratique pour limiter les libertés.  Le groupe des mères a déploré les attaques systématiques perpétrées contre les défenseurs des droits humains, tandis que le groupe des personnes discriminées a appelé à considérer ces dernières, qui sont 270 millions dans le monde, comme « des êtres humains ».

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