ECOSOC: le segment des activités opérationnelles se termine en magnifiant la collaboration avec les institutions financières internationales et les atouts régionaux
Le Conseil économique et social (ECOSOC) a achevé, aujourd’hui, le segment 2021 des activités opérationnelles du système des Nations Unies pour le développement en magnifiant les atouts régionaux ainsi que la collaboration avec les institutions financières internationales.
Dans ses remarques de clôture, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a par ailleurs déclaré que le système des Nations Unies pour le développement avait su relever le défi du « test de résistance » qu’a représenté pour lui la pandémie de COVID-19 en mettant à profit toute son expertise et ses ressources pour appuyer les efforts des pays.
Selon M. Liu Zhenmin, la lente sortie de crise doit à présent être l’occasion de se concentrer sur le renforcement du soutien dans les domaines critiques mis en évidence dans le nouvel examen quadriennal complet des activités de développement adopté il y a cinq mois.
Cela appelle à mettre de nouveau l’accent sur l’élimination de la pauvreté, tout en soutenant la protection sociale, une éducation de qualité et des partenariats, surtout dans les pays en situation particulière. Nous devons aussi renforcer notre soutien à l’action climatique, à l’environnement et à la biodiversité, sans oublier d’adopter des approches fondées sur les droits et tenant compte des sexospécificités, a-t-il plaidé.
Le Secrétaire général adjoint a également indiqué que le soutien des Nations Unies au cours des quatre prochaines années sera nécessaire dans des domaines tels que la distribution, la santé et le bien-être, le travail décent et la croissance économique, ainsi que l’éducation, l’éradication de la pauvreté, la sécurité alimentaire et la lutte contre les changements climatiques. Le système des Nations Unies pour le développement répondra à ces appels, guidé par le même sens de solidarité, d’engagement et de collaboration qui a caractérisé la réponse à la COVID-19, a-t-il assuré.
Lors d’une discussion interactive consacrée aux institutions financières, il a été souligné à plusieurs reprises que la collaboration entre ces dernières, les agences de l’ONU et les pays donateurs, avait permis d’obtenir de bons résultats dans de nombreux domaines, notamment face à la crise de COVID-19 qui « nous a unis plus que jamais ».
Une bonne coopération entre partenaires est essentielle, a fortiori en période de crise, a souligné le Représentant spécial du Fonds monétaire international (FMI), M. Robert Powell, tandis que son homologue du Groupe de la Banque mondiale a indiqué que la mise en commun des connaissances et des compétences avait permis d’obtenir de bons résultats dans de nombreux domaines, notamment pour les opérations de vaccination qui donnent lieu à une coopération dans 140 pays. L’essentiel est de faire face aux urgences mais aussi de considérer ce niveau élevé de collaboration comme la « norme de référence », a notamment estimé Mme Laura Jaitman.
Dans le même ordre d’idées, le Directeur du pôle financement des ODD au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), M. Marcos Neto, a relevé que le nombre croissant de pays qui recourent à des cadres nationaux intégrés de financement prouve la nécessité de poursuivre la collaboration avec les institutions financières internationales.
Alors que chaque institution coopère déjà avec des partenaires pour les financements et l’appui aux politiques, la difficulté est de trouver un bon équilibre dans les différents secteurs de spécialisation et de travailler ensemble pour soutenir le plus efficacement possible la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), a estimé de son côté le Sous-Secrétaire général chargé du développement économique et Économiste en chef, M. Elliott Harris.
Plus technique, le Directeur de programme du Global Policy Forum a mis l’accent sur les initiatives de financement du développement et appelé à la création d’un mécanisme international de restructuration de la dette. L’initiative de suspension temporaire décidée par le G20 va prendre fin et on s’attend à une hausse des taux d’intérêt, ce qui posera problème aux pays en développement, a notamment signalé M. Bodo Ellmers qui a également jugé important que les droits de tirage spéciaux tiennent compte du développement.
Au préalable, les délégations ont participé à un dialogue consacré aux atouts régionaux du système des Nations Unies pour le développement. Ce fut notamment l’occasion d’évoquer les progrès réalisés sous l’égide des plateformes de collaboration régionales au cours des premiers mois de leur existence pour tirer efficacement parti des atouts régionaux de l’ONU à l’appui du niveau national.
À cette occasion, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU a fait le point sur le fonctionnement de ces plateformes dans différentes régions du monde. Mme Amina J. Mohammed, qui est aussi Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable, a également expliqué que des coalitions thématiques ont été établies afin de rallier l’ensemble du système des Nations Unies et que des travaux sont en cours pour consolider les capacités régionales en ce qui concerne les données et les statistiques.
Session 8 - Libérer les atouts régionaux du système des Nations Unies pour le développement: la voie à suivre
Cette session, animée par M. JENS WANDEL, Conseiller spécial du Secrétaire général pour la réforme, avait pour but de mettre en évidence les points communs et les spécificités de chaque région du monde. Ce fut notamment l’occasion d’évoquer les progrès réalisés sous l’égide des plateformes de collaboration régionales au cours des premiers mois de leur existence, y compris les avantages de la plateforme de collaboration interne, pour tirer efficacement parti des atouts régionaux de l’ONU à l’appui du niveau national.
En début de session, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU a indiqué que des plateformes de collaboration régionales ont été établies dans toutes les régions pour coordonner les atouts régionaux. Mme AMINA J. MOHAMMED, qui est aussi Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable, a expliqué que les coalitions thématiques, les principaux vecteurs des travaux de fond des plateformes de collaboration régionales, ont été établies afin de rallier l’ensemble du système des Nations Unies. Des travaux sont en cours pour consolider les capacités régionales en ce qui concerne les données et les statistiques, dans un contexte où l’on se dirige vers un guichet unique pour accéder à l’écosystème régional de données sur les objectifs de développement durable (ODD), a-t-elle expliqué.
Pour apporter des preuves concrètes du bon fonctionnement de l’approche régionale, la Vice-Secrétaire générale a souligné qu’en Afrique, le système des Nations Unies pour le développement a œuvré, pendant la période de début de la pandémie, à mettre sur pied un plan d’action régional sur la COVID-19 pour fournir un soutien essentiel dans des domaines tels que les achats, afin d’améliorer la coordination face aux stocks mondiaux limités et à la faiblesse des chaînes d’approvisionnement. Dans les États arabes, des travaux sont en cours pour promouvoir la plateforme Manara, un guichet unique pour toutes les connaissances et données provenant de sources des Nations Unies, d’États Membres et d’autres acteurs du développement.
En Asie-Pacifique, à travers la coalition thématique sur les droits humains, l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et l’UNICEF ont élaboré des directives opérationnelles à l’intention des gouvernements et d’autres partenaires en Asie du Sud-Est. L’objectif est de combler les lacunes et garantir la poursuite des services de santé sexuelle, reproductive, maternelle, néonatale, infantile ainsi que les services de santé des adolescents pendant la pandémie. En Europe, le groupe sur les données et statistiques, créé dans le cadre des plateformes régionales, relie les centres de coordination des statistiques de différents pays. Un projet similaire est en cours en Asie-Pacifique, alors qu’en Amérique latine et dans les Caraïbes, à la demande des gouvernements, la commission régionale a travaillé avec 19 entités et les coordonnateurs résidents concernés pour produire un plan de développement complet qui identifie les opportunités d’investissement pour appuyer le développement durable dans plusieurs pays.
Mme Mohammed a reconnu que beaucoup reste encore à faire pour résoudre les grands problèmes spécifiques à chaque région. À cet égard, les premiers rapports des plateformes consultatives sur les réalisations collectives et les impacts à l’échelle du système qui seront publiés en 2022 serviront de base pour la suite.
Mme ALICIA BARCENA, Vice-Présidente de la plateforme de collaboration régionale et Secrétaire exécutive de la Commission économique régionale pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a rappelé que sa région est l’une des plus affectées par la COVID-19, avec 30% des victimes mondiales, alors qu’elle ne compte que 8% de la population de la planète. Elle a loué le renforcement des initiatives intrarégionales, ainsi que celles impliquant plusieurs régions qui collaborent pour des questions d’intérêt commun, comme la dette et la réforme de l’espace fiscal.
Mme AHUNNA EZIAKOMWA, Vice-Présidente de la plateforme de collaboration et Directrice régionale pour l’Afrique du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a rappelé que la plateforme de sa région de compétence, qui a été mise en place en décembre 2020, se trouve actuellement dans la phase de mise en œuvre. Grâce à l’établissement de coalitions basées sur les opportunités et les enjeux, les ressources régionales des Nations Unies sont désormais alignées sur les priorités fondamentales pour le développement du continent, a-t-elle salué. Elle a expliqué qu’en Afrique, l’accent est mis sur une intégration renforcée des systèmes de données et statistiques pour le développement durable et sur d’autres aspects comme l’exploitation du dividende démographique grâce à des investissements dans les jeunes et les femmes. Des domaines prioritaires ont été identifiés, en tenant compte de leurs liens avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA) et les ODD. En Afrique, a relevé Mme Eziakomwa, nous constatons qu’il existe un important intermédiaire manquant entre le niveau régional et le niveau national, c’est l’aspect sous-régional.
Mme GWI YEOP SON a ensuite fait le point sur les progrès réalisés en Europe et en Asie centrale. La Directrice régionale pour l’Europe et l’Asie centrale au Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD) a expliqué que la mise en place de sept coalitions thématiques qui, chacune, fait travailler ensemble 11 agences onusiennes en moyenne dans des domaines de service convenus d’un commun accord par les équipes de pays de l’ONU. La coalition thématique sur les changements climatiques a, par exemple, élaboré et diffusé un recueil de mesures permettant aux équipes de pays de l’ONU d’intégrer une approche verte de la gestion de la pandémie de COVID-19 en misant sur le recyclage. Toujours dans le contexte de la pandémie, Mme Gwi a plaidé pour l’accélération de l’opérationnalisation des pôles régionaux de gestion des connaissances et des listes d’experts auxquels les équipes de pays peuvent facilement faire appel.
La région arabe a pris de l’avance, puisqu’elle compte déjà un centre régional de connaissances et de données (MANARA) qui sert de guichet unique pour les données sur le suivi des ODD ainsi que pour mettre en commun les produits et outils de connaissances, les ressources d’apprentissage et les listes d’experts. C’est ce qu’a expliqué le Directeur régional pour les États arabes à l’UNICEF, M. TED CHAIBAN. Il a expliqué que la région a mis en place huit coalitions thématiques pour soutenir les équipes de pays de l’ONU et les États Membres. La coalition sur les migrations a, par exemple, permis d’organiser avec succès le premier examen régional du Pacte mondial sur les migrations. La coopération dans ce domaine a également abouti à un message conjoint sur l’inclusion des migrants dans les campagnes de vaccination et la documentation de l’impact de la pandémie sur les populations en mouvement. M. Chaiban a également insisté pour qu’un lien étroit soit établi, au niveau régional, entres les questions de développement et l’humanitaire, notamment dans une région dont les besoins d’assistance sont parmi les plus élevés au monde.
De son côté, l’Observatrice permanente de l’Union africaine auprès des Nations Unies, Mme FATIMA KYARI MOHAMMED, a souligné que de nombreux pays africains font face au poids de la dette qui a été exacerbée par la pandémie. La crise menace de faire reculer le continent sur un certain nombre de progrès réalisés au cours des deux dernières décennies, notamment dans les domaines tels que les soins de santé et la lutte contre la pauvreté, a-t-elle constaté. Selon le scénario le plus négatif, en 2030, le niveau de développement de l’Afrique sera équivalent à celui de l’année 2019 qui a précédé la pandémie, a-t-elle affirmé. Du fait de la pandémie, 14 millions d’Africains sont retombés dans la pauvreté extrême, s’est-elle désolée, appelant à investir dans un relèvement qui tienne compte des risques à venir. Il faut aussi organiser des systèmes de développement régionaux pouvant soutenir les États dans la mise en œuvre des ODD et de l’Agenda 2063, a-t-elle plaidé. Selon elle, il faut d’ailleurs harmoniser ces deux plans en mettant l’accent sur l’agenda africain.
Le Directeur du Centro de Pensamiento Estratégico Internacional (CEPEI), M. PHILIPP SCHOENROCK, a expliqué que la promotion de l’approche régionale va de pair avec la diversification des partenariats, et les États Membres ont leur rôle à jouer dans cette perspective.
Le Mexique, la Turquie et la Fédération de Russie ont également pris la parole pour magnifier l’approche régionale du système des Nations Unies pour le développement, tandis que les États-Unis ont appelé à une plus grande transparence des processus régionaux, afin de « rassurer » les États.
Session 9 - Dialogue – Unir ses forces avec les institutions financières internationales pendant et après la crise
M. SERGYI KYSLYTSYA, Vice-Président de l’ECOSOC et Président des activités opérationnelles de développement, a indiqué que le fil rouge de cette session serait le renforcement de la coopération et des partenariats avec les institutions financières internationales pour répondre à la COVID-19 et réaliser le Programme 2030. Il a ajouté que cette discussion aborderait également le financement du développement et l’élaboration des cadres nationaux intégrés de financement.
Modérateur de cet échange, M. ELLIOTT HARRIS, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique et Économiste en chef, a, pour sa part, estimé que la collaboration avec les institutions financières internationales est un sujet qui réunit toutes les forces et tous les partenaires de développement. Alors que chaque institution coopère déjà avec des partenaires pour les financements et l’appui aux politiques, la difficulté est, selon lui, de trouver un bon équilibre dans les différents secteurs de spécialisation et de travailler ensemble dans le même objectif, à savoir soutenir le plus efficacement possible la réalisation des ODD.
Premier panéliste à s’exprimer, M. BODO ELLMERS, Directeur de programme du Global Policy Forum, a mis l’accent sur les initiatives de financement du développement, précisant que les dirigeants du FMI et de la Banque mondiale se concentrent actuellement sur deux questions cruciales: l’allègement de la dette et les droits de tirage spéciaux (DTS). Tout en se disant préoccupé par l’augmentation du service de la dette pour de nombreux pays, il a qualifié de « soulagement » l’initiative de suspension temporaire décidée par le G20. Toutefois, a-t-il averti, cette mesure va prendre fin et on s’attend à une hausse des taux d’intérêt, ce qui posera problème aux pays en développement. À son avis, il faudrait un mécanisme international de restructuration de la dette. Mais en l’absence d’un tel système, il est important que les pays puissent restructurer leur dette au niveau national, ce qui demande un appui pour assurer la participation des créanciers. Quant aux DTS, s’il faudrait une émission de quelque 3 000 milliards de dollars pour venir en aide aux pays à faible revenu, la récente décision d’en émettre à hauteur de 50 milliards de dollars est « un premier pas », a-t-il reconnu. À ses yeux, la question est maintenant de savoir comment allouer ce montant sur la base des quotas et de veiller à ce que les DTS tiennent compte du développement.
Une bonne coopération entre partenaires est essentielle, a fortiori en période de crise, a opiné à son tour M. ROBERT POWELL, Représentant spécial du Fonds monétaire international (FMI) auprès des Nations Unies. Selon lui, la relation de confiance établie entre le FMI, les gouvernements et les banques centrales a contribué à atténuer la crise économique actuelle. Il a ajouté que le Directeur de la gestion du FMI communique en permanence avec le Secrétaire général et la Vice-Secrétaire générale, tandis que son personnel travaille avec toutes les institutions onusiennes et tous les coordonnateurs résidents. Cette collaboration porte sur de nombreux dossiers, de la meilleure intégration des données et des statistiques macroéconomiques aux moyens de lutte contre les changements climatiques en passant par le renforcement des capacités. M. Powell a également fait état d’une coopération intense entre le FMI et des agences comme le PAM, l’OIT et le PNUD sur la question des dépenses sociales des pays. Des efforts communs sont par ailleurs menés sur la prévention des conflits et sur l’adaptation des pays concernés par ces situations. S’agissant des questions liées à la dette, aux DTS et aux facilités de prêts, il a précisé que les décisions passent par des organes ayant un mandat international, tels que les institutions de Bretton Woods, le Club de Paris et le G20. Enfin, il a jugé important que dans un souci de d’efficacité et de cohérence, les économistes de l’ONU utilisent le travail d’analyse du FMI et de la Banque mondiale et communiquent avec les coordonnateurs résidents sur le terrain afin d’élaborer des stratégies de financement.
Mme LAURA JAITMAN, Représentante spéciale du Groupe de la Banque mondiale auprès des Nations Unies, a, elle aussi, plaidé pour un renforcement de la collaboration avec le système de l’ONU, particulièrement en cette période de crise qui fait sombrer des millions de personnes dans la pauvreté. Elle a assuré que la Banque mondiale s’efforce d’aider le plus grand nombre possible de pays le plus rapidement possible, notant à cet égard que son aide a progressé de 65% en 2020 par rapport à l’année précédente. Soulignant l’importance de la collaboration avec les agences de l’ONU et les pays donateurs, elle a indiqué que cette mise en commun des connaissances et des compétences avait permis d’obtenir de bons résultats dans de nombreux domaines. C’est notamment le cas pour les opérations de vaccination qui donnent lieu à une coopération dans 140 pays. La Banque mondiale collabore par ailleurs avec le Mécanisme COVAX pour la livraison de vaccins et avec l’UNICEF pour la protection de l’enfance, tout en prévoyant une intensification de ses interactions avec le PNUD, le FNUAP, la FAO et le PAM. Alors que se préparent des plans de reprise « verts et résilients », la Banque mondiale entend renforcer sa coopération avec le système de l’ONU pour mieux répondre aux besoins de santé publique, intégrer le développement dans l’action climatique et répondre aux besoins des pays frappés par des conflits. L’essentiel est, selon Mme Jaitman, de faire face aux urgences mais aussi de considérer ce niveau élevé de collaboration comme la « norme de référence ».
De son côté, M. MATTHIAS NAAB, Coordonnateur résident au Cameroun, s’est félicité de l’expérience acquise en matière d’élaboration de cadres nationaux intégrés de financement. Si ce sont les gouvernements qui dirigent ce processus en lien avec l’ONU et les institutions financières internationales, les partenaires sont, eux, chargés d’apporter un appui technique, a-t-il relevé, y voyant un « bon exemple » des potentiels de collaboration et un moyen d’accélérer l’intégration des ODD dans les stratégies nationales de développement.
Dans le même ordre d’idées, M. MARCOS NETO, Directeur du pôle financement des ODD au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a estimé que le nombre croissant de pays qui recourent à des cadres nationaux intégrés de financement prouve la nécessité de poursuivre la collaboration avec les institutions financières internationales. Il a indiqué que, selon une étude du PNUD, plus de 200 domaines de réformes ont été identifiés grâce à ce travail d’élaboration de stratégies de financement. Il faut maintenant que nous unissions nos forces pour considérer les réformes à mener, a-t-il expliqué, ajoutant que les agences impliquées fournissent aux gouvernements des conseils coordonnés leur permettant de se déterminer. Observant par ailleurs que la crise liée à la COVID-19 « nous a unis plus que jamais », il a fait remarquer que sur les quelques 120 plans nationaux de relèvement mis au point à ce jour, la moitié l’ont été avec le soutien de la Banque mondiale et le tiers avec celui du FMI.
Mme ANDREA SULEY, Représentante adjointe de l’UNICEF au Soudan du Sud, a, quant à elle, insisté sur l’aide fournie aux pays fragiles et touchés par les conflits pendant la pandémie. Pour ces pays, qui se caractérisent par un système de santé faible, une absence de filet de sécurité sociale et des indicateurs de développement humain réduits, les conséquences socioéconomiques de la crise ont été particulièrement graves. Beaucoup a été fait au Soudan du Sud pour y répondre, a-t-elle affirmé, faisant état d’un premier décaissement du FMI pour assurer la stabilité de la monnaie. Dans le cas de ce pays, la collaboration entre le système de l’ONU et les institutions financières internationales porte sur l’action de plaidoyer et l’appui au Gouvernement sur des dossier comme l’amélioration de la situation sanitaire, la lutte contre les invasions de locustes et la scolarisation des enfants. Mme Suley a également fait état d’un partenariat avec l’UNICEF et l’Organisation du Croissant-Rouge pour la fourniture de services et la lutte contre les maladies. L’UNICEF collabore en outre avec la Banque mondiale pour accélérer les efforts de vaccination. Selon elle, l’ONU et les institutions financières internationales sont « bien placées pour agir » et la COVID-19 a montré qu’elles « peuvent le faire ensemble ».
Réagissant à ces présentations, Mme HELENA FRASER, Coordonnatrice résidente en Ouzbékistan, a témoigné à son tour d’une collaboration réussie sur le terrain, indiquant que dans ce pays d’Asie centrale, l’équipe de gestion de crise a été réunie dès la mi-mars 2020 pour coordonner le soutien technique et financier au Gouvernement mais aussi faire des analyses et des actions de plaidoyer en synergie. Tout cela a permis de mobiliser 17 entités des Nations Unies et six institutions financières internationales afin de développer une riposte sanitaire et un plan de réponse socioéconomique. Dans ce contexte, a-t-elle confié, « le sentiment d’urgence nous a permis de mettre de côté ce qui aurait pu être une concurrence entre certains acteurs », et le gouvernement hôte a pu bénéficier du meilleur soutien pour définir ses actions prioritaires. « Cela a jeté les bases de ce que nous faisons ensemble en matière de cadres nationaux intégrés de financement », a ajouté la Coordonnatrice résidente.
« Il faut parfois une grande crise pour réussir des changements », a souligné M. GERARD STEEGHS, Directeur du Département des organisations multilatérales et des droits de l’homme au Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas, pour qui les cadres nationaux intégrés de financement sont désormais une nécessité. À ses yeux, utiliser les ressources techniques de l’ONU est essentiel, tout comme s’appuyer sur les coordonnateurs résidents qui sont les partenaires s’exprimant « au nom de toute la famille ». S’agissant de la crise de la dette, il a noté que l’action s’appuie sur deux principaux instruments, à savoir la suspension du service de la dette et le « cadre commun ». Les initiatives multilatérales n’ayant que peu de marge de manœuvre, il convient de travailler au perfectionnement du cadre commun, notamment pour le long terme. M. Steeghs a d’autre part souhaité que les cadres nationaux intégrés de financement permettent de soutenir davantage de projets et de canaliser des fonds vers des secteurs qui créent de l’emploi.
Discussion interactive
Lors de l’échange qui a suivi ces prises de parole, les Philippines ont dit reconnaître, en tant que pays de programme, la valeur du système de développement de l’ONU pour l’accélération du Programme 2030 et des efforts de relance. Pour la délégation, les agences onusiennes et les institutions financières internationales devraient mettre davantage de ressources à la disposition des pays à revenu intermédiaire pour les aider à résoudre leur crise économique et sociale. Les pays comme le nôtre sont confrontés à des défis spécifiques et ont besoin de conseils politiques de qualité, a-t-elle souligné, avant de demander où en est aujourd’hui la coopération avec les banques régionales de développement.
Sur ce même point, l’Allemagne a salué la création de nouveaux cadres de coopération avec les banques régionale de développement, appelant à ce que ces dernières mettent en commun leurs efforts avec les équipes de pays de l’ONU et les institutions financières internationales. Cela permettrait de mieux analyser les potentiels d’investissement et de progresser plus harmonieusement dans l’appui à la réalisation des ODD. Un avis partagé par le Royaume-Uni, selon lequel l’effort d’analyse doit être mutualisé à cette fin. La délégation a par ailleurs souhaité connaître les « barrières » faisant obstacle à une meilleure coopération sur le terrain ainsi que le niveau d’engagement du secteur privé.
En réponse à ces remarques et questions, le Directeur du pôle financement des ODD au PNUD a indiqué que son entité travaille avec la Banque islamique de développement, laquelle considère les cadres nationaux intégrés de financement comme un processus intéressant pour établir des stratégies de financement. Il a également expliqué que le PNUD et l’Alliance mondiale pour le développement durable ont lancé une plateforme d’investissements pour les ODD. Le but est d’attirer des capitaux privés et d’accompagner les actions de retour sur investissement.
Il est encore trop tôt pour se prononcer sur l’efficacité des cadres nationaux intégrés de financement, a estimé pour sa part le Représentant spécial du Fonds monétaire international (FMI). Il est facile de mettre de nouveaux outils sur la table mais il est plus difficile de définir des priorités dans le cadre d’une coopération, a-t-il relevé, avant de constater que les DTS sont « mal compris ». En effet, a-t-il précisé, ce sont « à la fois des avoirs et des passifs » et y avoir recours implique des coûts. Selon lui, il faut voir comment cette allocation peut être utilisée pour contribuer au développement. Quant à la question de la dette, il a jugé que tous les pays devraient pouvoir bénéficier d’un allègement en cas de besoin. Un des défis est, selon lui, de pousser les pays à intervenir plus rapidement auprès des créanciers plutôt que d’attendre que la situation se détériore.
La Coordonnatrice résidente en Ouzbékistan a insisté sur l’utilisation des capacités d’analyse des différents partenaires. D’après elle, la solution consiste souvent à exploiter les avantages techniques de chaque organisation en tenant compte des priorités du gouvernement. En Ouzbékistan, nous avons pu réunir des analyses et données du PNUD, du FNUAP et de la Banque mondiale pour accélérer les changements de politique recherchés, a-t-elle détaillé. Sur la protection sociale, l’UNICEF, l’OIT et la Banque mondiale ont uni leurs efforts. « Nous connaissons de mieux en mieux les forces des uns et des autres, ce qui nous permet de collaborer plus efficacement ».
Reprenant la parole, le Directeur du pôle financement des ODD au PNUD a pointé un système qui ne permet qu’aux pays les plus pauvres d’accéder à des conditions de prêt privilégiées, excluant de fait les pays à revenu intermédiaire. Il a d’autre part fait observer que, l’an dernier, 62 pays ont dépensé davantage pour leur dette que pour leur système sanitaire, et ce, en pleine pandémie. Pour ces pays, a-t-il noté, le fonctionnement du système de développement de l’ONU devient « symbolique » puisqu’ils utilisent leurs propres ressources pour rembourser leurs créanciers. Il a par ailleurs reconnu qu’il faut attirer des fonds privés pour remédier au déficit de financement du développement. C’est d’autant plus important, selon lui, qu’une une large part des dépenses des gouvernements va au secteur privé par le biais de subventions et échappe aux activités de développement et aux ODD.
La Représentante spéciale du Groupe de la Banque mondiale a, elle, qualifié de « bonne nouvelle » l’amélioration de la collaboration entre le système de l’ONU et les institutions financières internationales. Elle s’est félicitée que le mandat de la Banque mondiale s’élargisse à des dossiers comme l’éducation et l’agriculture, via des partenariats avec l’UNICEF et la FAO. Elle a également noté que le niveau de coopération est « très bon » dans les pays en situation particulière, à l’image des partenariats en place en Somalie sur la sécurité alimentaire. « Nous devons utiliser nos compétences propres pour combiner nos avantages », a-t-elle résumé.
Plaidant à son tour pour une utilisation optimale des avantages de chacun, la Représentante adjointe de l’UNICEF au Soudan du Sud s’est réjouie des discussions en cours avec la Banque mondiale pour accélérer la vaccination et assurer le fonctionnement de la chaîne de refroidissement dans ce pays. Pour l’heure, a-t-elle indiqué, il n’existe pas encore de cadre national intégré de financement au Soudan du Sud mais, depuis l’accord de paix, l’équipe de pays appuie la stratégie de développement du Gouvernement. Selon elle, il est crucial d’attirer les capitaux privés, notamment sur l’action climatique, compte tenu des « opportunités énormes » que représente l’énergie solaire.
En conclusion de cette discussion, l’Économiste en chef des Nations Unies s’est félicité de l’absence d’obstacle structurel à la coopération avec les institutions financières internationales. Chaque composante sur le terrain a des avantages comparatifs et il convient de tirer profit des forces des uns et des autres pour collaborer efficacement en termes de conseils, d’analyse des données et de financements, a-t-il soutenu. Enfin, s’agissant des cadres nationaux intégrés de financement, il a souligné leur importance pour les réformes politiques et la réalisation des ODD.
Session 10 - Séance de clôture
Dans son intervention de clôture, M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a noté que, l’an dernier, alors que la pandémie de COVID-19 faisait des ravages dans le monde entier, le système des Nations Unies pour le développement a uni ses forces et mis à profit toute son expertise et ses ressources pour appuyer les efforts des pays. Il s’agissait d’un « test de résistance » pour le système de développement repositionné et il a su relever le défi, s’est félicité M. Liu. Dans ce contexte, a-t-il ajouté, l’examen quadriennal complet des activités de développement adopté il y a cinq mois, au milieu de la pandémie, fournit une base solide pour consolider et opérationnaliser davantage la réforme du système des Nations Unies pour le développement, à l’appui d’une relance plus verte.
Pour M. Liu, la lente sortie de crise doit être l’occasion de se concentrer sur le renforcement du soutien dans les domaines critiques mis en évidence dans le nouvel examen quadriennal. Cela appelle à mettre de nouveau l’accent sur l’élimination de la pauvreté, tout en soutenant la protection sociale, une éducation de qualité et des partenariats, en particulier dans les pays en situation particulière. Nous devons aussi renforcer notre soutien à l’action climatique, à l’environnement et à la biodiversité, sans oublier d’adopter des approches fondées sur les droits et tenant compte des sexospécificités, a-t-il plaidé. Quant au principe de ne laisser personne de côté, il peut, selon lui, être renforcé en s’appuyant sur les stratégies et les feuilles de route du Secrétaire général sur l’inclusion numérique, la jeunesse, l’inclusion du handicap, l’absence d’exploitation et d’abus sexuels, et la gestion de la durabilité.
Le Secrétaire général adjoint a également noté que, selon les enquêtes du Département des affaires économiques et sociales (DESA) menées auprès des pays de programme, le soutien des Nations Unies au cours des quatre prochaines années sera nécessaire dans des domaines tels que la distribution, la santé et le bien-être, le travail décent et la croissance économique, ainsi que l'éducation, l’éradication de la pauvreté, la sécurité alimentaire et la lutte contre les changements climatiques. Le système des Nations Unies pour le développement répondra à ces appels, guidé par le même sens de solidarité, d’engagement et de collaboration qui a caractérisé la réponse à la COVID-19, a-t-il assuré. C’est nécessaire pour nous aider à inverser l’impact de la pandémie et à redoubler d’efforts pour atteindre les ODD au cours de cette décennie d’action, a-t-il souligné.
À cet égard, M. Liu a observé qu’indépendamment de la présence physique des entités des Nations Unies, le Cadre de coopération est le mécanisme central d’une approche globale du système. Au niveau régional, a-t-il indiqué, les plateformes régionales de collaboration nouvellement créées peuvent tirer parti des multiplicateurs de développement régional en s’attaquant aux problèmes de développement transfrontaliers. Pour ce qui est du besoin de réponses plus adaptées, en particulier pour les pays en situation particulière, cela signifie pour les bureaux multipays d’accroître encore le soutien à l’échelle du système aux pays et territoires qu’ils desservent. De plus, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, un appui institutionnel plus fort est nécessaire pour les petits États insulaires en développement (PEID), tandis que, pour les pays les moins avancés (PMA) et les pays en développement sans littoral, la réponse doit être ancrée dans leurs programmes d’action respectifs et les préparatifs de la prochaine Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés.
Aux yeux de M. Liu, le système doit également évaluer comment fournir un soutien plus efficace aux pays à revenu intermédiaire, y compris leur accès au financement des ODD. Actuellement, a-t-il relevé, quatre milliards de personnes ne bénéficient pas de régimes de protection sociale. Il est donc essentiel de considérer la pauvreté dans une perspective multidimensionnelle et d’aborder la protection sociale à long terme. Conformément au nouvel examen quadriennal, le Groupe des Nations Unies pour le développement (GNUD) élaborera une stratégie à l’échelle du système, l’objectif étant d’aider les pays à mettre en œuvre des systèmes de protection sociale appropriés au niveau national pour tous.
Notant enfin que, tout au long du segment, l’accent a été mis sur une collaboration renforcée entre les actions humanitaires, de développement et de paix dans des contextes fragiles, le Secrétaire général adjoint a jugé que la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le financement de la consolidation de la paix, prévue en 2022, sera l’occasion de réfléchir à la manière dont les modes de financement des donateurs peuvent soutenir ce processus. Pour maximiser cet impact, deux actions de suivi sont nécessaires à ses yeux: d’une part un meilleur lien entre les examens nationaux volontaires et les cadres de coopération, et, d’autre part, une coopération renforcée avec les institutions financières internationales et les banques régionales de développement. « C’est la nouvelle frontière », a-t-il conclu, saluant le fait qu’un tiers des équipes de pays de l’ONU déclarent aujourd’hui avoir des initiatives conjointes avec des institutions financières internationales pour promouvoir des financements durables.
Le Vice-Président de l’ECOSOC, M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine), qui a présidé le segment des activités opérationnelles 2021, a estimé que ce segment a répondu aux attentes en ce qu’il fut une plateforme de responsabilisation sur les résultats du système des Nations Unies pour le développement dans sa fonction de soutien aux pays dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il a repris les propos du Secrétaire général de l’ONU qui avait déclaré, à l’ouverture des travaux, que la pandémie de COVID-19 a servi de test décisif pour repositionner le système onusien, lequel a passé ce test avec brio. En effet, la COVID-19 a accéléré l’évolution vers une nouvelle génération d’équipes de pays de l’ONU, bien équipées et capables de faire face aux défis auxquels sont confrontés les pays.