ECOSOC: les entités onusiennes tirent un premier bilan positif de la réforme du système des Nations Unies pour le développement, tout en espérant des progrès
La réforme du système des Nations Unies pour le développement tient-elle ses promesses? Les plans stratégiques établis pour les années à venir prennent-ils en compte l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système de l’ONU? C’est à ces questions qu’ont répondu aujourd’hui plusieurs entités onusiennes qui ont tiré un premier bilan plutôt positif de ces changements, malgré quelques lacunes en termes de financement.
À l’occasion d’une discussion interactive, plusieurs chefs d’agence, fonds et commission de l’ONU se sont ainsi penchés sur les progrès accomplis dans le repositionnement du système de développement de l’ONU au cours de l’année écoulée, marquée par la pandémie de COVID-19. Ils ont également évoqué leurs projets dans le cadre d’une approche globale du système visant à fournir le soutien dont les pays ont besoin au cours de la décennie d’action pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).
La plupart se sont félicités du nouveau système des coordonnateurs résidents, pierre angulaire de la réforme, à l’instar de la Directrice exécutive de l’UNICEF, Mme Henrietta Fore, qui a souligné le travail essentiel accompli au niveau des pays par ces 131 représentants du système de l’ONU. Elle a toutefois plaidé pour un financement plus prévisible et plus stable des budgets dont ces derniers disposent, appelant de ses vœux une plus grande contribution du secteur privé.
Le rapprochement entre les différentes composantes du système de l’ONU et les coordonnateurs résidents fonctionne aussi pour les organisations non résidentes comme la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a témoigné sa Secrétaire générale par intérim. La mise en contact effectuée par l’entremise du Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD) s’est révélée particulièrement utile, si l’on en juge par les demandes d’appui exprimées par les États Membres, a observé Mme Isabelle Durant, avant d’appeler à davantage d’interactions avec les économistes des équipes de pays, notamment sur les questions macroéconomiques.
« La réforme fonctionne, les équipes de pays sont opérationnelles et les coordonnateurs résidents sont en place », a confirmé M. Achim Steiner, Vice-Président du Groupe des Nations Unies pour le développement durable et Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Notant que le système de développement nécessite d’œuvrer à l’unisson, il a évoqué certaines questions pratiques, comme l’établissement de nouveaux protocoles permettant au personnel de travailler dans différentes agences, avant de s’inquiéter, lui aussi, de l’absence de certains fonds, notamment pour les « locaux communs ».
La pandémie de COVID-19 a permis d’accélérer la réforme des activités de développement de l’ONU, a pour sa part estimé Mme Zsuzsanna Jakab, Directrice générale adjointe de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Face à cette crise sans précédent, le système de l’ONU a su réunir et coordonner la plupart des acteurs du secteur humanitaire, a-t-elle applaudi, avant de souligner le « rôle déterminant » de l’équipe de gestion des crises de l’OMS, laquelle a travaillé étroitement avec les équipes de pays pour faciliter l’action conjointe des entités onusiennes et des agences internationales à l’appui des États Membres.
Mme Jakab a également mis l’accent sur la dimension régionale de ce dispositif de coopération, en particulier pour ce qui concerne la stratégie, la planification et le partage d’information. Elle a été rejointe dans cette analyse par Mme Rola Dashti, Coordonnatrice des commissions économiques régionales et Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO).
Des améliorations restent néanmoins possibles, notamment en matière de ressources, a toutefois nuancé Mme Dashti. C’est pourquoi, a-t-elle indiqué, les commissions économiques régionales s’emploient à renforcer leurs contributions à la stratégie de données du Secrétaire général et à fournir aux bureaux des coordonnateurs résidents et aux équipes de pays des fichiers d’experts régionaux et de compétences dont ils peuvent tirer profit.
Tout aussi satisfait du niveau de coordination entre les agences, M. Antonio Vitorino, Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a fait remarquer que la migration, « question transversale », nécessite une action collective des entités onusiennes et des équipes de pays. Pour améliorer le système, il a souhaité que la priorité soit davantage donnée aux villes, qui sont « des garantes de la cohésion sociale, de la lutte contre les inégalités et de l’intégration des migrants ».
En complément de ces discussions, l’ECOSOC a tenu, dans l’après-midi, deux autres débats interactifs. Le premier s’est concentré sur le respect des engagements, deux ans après le lancement du pacte de financement. Le second a porté sur les réponses aux besoins et aux priorités des pays desservis par des bureaux multipays.
L’ECOSOC conclura son examen des activités opérationnelles de développement de l’ONU demain, jeudi 20 mai, à partir de 11 heures.
Session 3 - Dialogue avec les chefs de secrétariat du système des Nations Unies pour le développement: passer de l’architecture aux résultats
Modérée par Mme MELISSA FLEMING, Secrétaire générale adjointe à la communication globale, cette discussion s’est penchée sur les progrès accomplis dans le repositionnement de l’ONU pour le développement au cours de l’année écoulée et sur les priorités d’action du système des Nations Unies pour le développement en vue de mettre en œuvre l’examen quadriennal 2020. Les chefs d’agence et de commission participants ont ainsi pu expliquer comment les nouveaux plans stratégiques en cours d’élaboration prennent en compte cet examen quadriennal pour fournir le soutien dont les pays ont besoin au cours de la décennie d’action.
Mme HENRIETTA FORE, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a mis l’accent sur les gains d’efficience rendus possibles par la réforme du système. Elle a indiqué que son agence, qui intervient dans 190 pays et territoires, travaille activement avec les coordonnateurs résidents. Plaidant pour un financement plus prévisible et plus stable des budgets dont ces derniers disposent, elle a également appelé de ses vœux une plus grande contribution du secteur privé. Si le financement durable est une question prioritaire que nous n’avons pas encore réglée, nous sommes sur la bonne voie, a-t-elle affirmé, avant de préconiser une meilleure utilisation de la « marque ONU » au niveau international, en commençant à l’échelle des équipes de pays.
Pour Mme ZSUZSANNA JAKAB, Directrice générale adjointe de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la pandémie de COVID-19 a permis d’accélérer la réforme de l’ONU, notamment en démontrant combien les agences sont liées entre elles. Face à la crise sans précédent que nous traversons, le système des Nations Unies a su réunir et coordonner la plupart des acteurs du secteur humanitaire, s’est-elle félicitée, avant de décrire le dispositif mis en place par l’OMS pour diriger la riposte mondiale à la COVID-19. Dans ce cadre, a-t-elle expliqué, l’équipe de gestion des crises de l’OMS, qui coopère avec 23 entités onusiennes, a mis en œuvre des stratégies et des initiatives mondiales pour soutenir les États Membres, parmi lesquelles le Cadre des Nations Unies pour la réponse socioéconomique immédiate à la COVID-19, le Plan mondial de réponse humanitaire, ainsi qu’un plan d’intervention sur le système de chaîne d’approvisionnement.
Au niveau régional, a-t-elle poursuivi, les directeurs régionaux de l’OMS se sont coordonnés avec les directeurs régionaux du Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD) sur des questions comme la stratégie, la planification et le partage d’information. Parallèlement, l’équipe de gestion des crises a travaillé étroitement avec les équipes de pays pour faciliter l’action conjointe des entités de l’ONU et des agences internationales à l’appui des États Membres. Elle a en outre réuni les partenaires humanitaires et de développement dans le cadre de l’OMS, devenant un important réseau de coordination pour la riposte humanitaire à la COVID-19.
Aux yeux de Mme Jakab, la riposte à la pandémie nécessite une OMS « nouvelle, transformée et renforcée ». Lors de la soixante-quatorzième Assemblée mondiale de la Santé, a-t-elle noté, les États Membres devraient adopter un certain nombre de décisions réaffirmant le rôle de premier plan que joue l’OMS dans l’architecture mondiale de la santé, notamment sur une nouvelle approche pour un financement durable et sur l’élaboration d’un nouvel instrument juridique international de préparation aux pandémies. « Le principal enseignement est que nous devons mieux travailler ensemble, non seulement pour être mieux préparés à la prochaine crise sanitaire, mais aussi pour continuer sur la voie des ODD. »
La réforme du système de développement des Nations Unies, y compris la réforme régionale, « a renforcé nos efforts de coopération et la coordination de nos activités », s’est félicitée Mme ROLA DASHTI, Coordonnatrice des commissions économiques régionales et Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO). Malgré l’épreuve de la pandémie, la CESAO a pu fournir des conseils politiques et un soutien aux États Membres pour atténuer l’impact de la COVID-19. Elle a également rendu ses connaissances et son expertise, y compris sur les questions régionales et transfrontalières, disponibles pour les coordonnateurs résidents et les équipes de pays.
Dans le même temps, a-t-elle détaillé, nous avons mis en place des plateformes de collaboration régionales dans toutes les régions et créé des coalitions axées sur la demande, qui ont été validées et guidées par les États Membres lors des forums régionaux. Tout en améliorant son offre régionale, la CESAO a élargi son soutien aux coordonnateurs résidents et aux équipes de pays pour la préparation de leurs programmes et cadres de développement.
Toutefois, a estimé Mme Dashti, des améliorations sont possibles. C’est pourquoi la CESAO s’emploie à renforcer ses contributions à la stratégie de données du Secrétaire général et à fournir aux bureaux des coordonnateurs résidents et aux équipes de pays des fichiers d’experts régionaux et de compétences dont ils peuvent tirer profit.
Selon elle, la réforme du système de développement de l’ONU a eu des effets importants sur les questions de dette et de financement. Les avis politiques fournis par les commissions économiques et leurs capacités de rassemblement ont ainsi contribué aux mesures de suspension du service de la dette et poussé aux nouvelles émissions de droits de tirage spéciaux. De plus, s’est-elle enorgueillie, nous avons fourni des avis dans plus de 64 plans de riposte à la COVID-19 et établi des partenariats pour analyser le niveau d’avancement des pays en vue du relèvement.
De son côté, Mme ISABELLE DURANT, Secrétaire générale par intérim de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a indiqué que son entité, qui n’est pas une organisation résidente, a beaucoup travaillé, dans cette période de crise, avec M. Robert Piper, Directeur du BCAD, afin d’être mise en contact avec tous les coordonnateurs résidents. Cette action s’est révélée utile, si l’on en juge par les demandes d’appui exprimées par les États Membres, a-t-elle observé, avant d’appeler à davantage d’interactions avec les économistes des équipes de pays, notamment en cas de problèmes macroéconomiques. Il convient aussi, selon elle, de renforcer les capacités de travail à distance et de fournir aux équipes des capacités techniques.
Bien que la CNUCED n’ait pas de représentants dans les pays, elle a participé à plusieurs évaluations annuelles de coordonnateurs résidents, ce qui a été l’occasion d’échanger au niveau des pays, s’est félicitée Mme Durant, soulignant également le travail réalisé par son entité en matière de reddition de comptes, un « fardeau » qui exige des efforts d’organisation avec les bailleurs de fonds.
M. ANTONIO VITORINO, Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), s’est quant à lui réjoui que son agence ait pu coordonner ses actions avec les autres entités du système onusien pour répondre aux retombées de la pandémie, aux niveaux national et international. Rappelant que l’OIM collabore avec les 131 équipes de pays dans le monde, il a estimé que son action a bénéficié des efforts de rationalisation de l’ONU car « la migration est une question transversale et ne se résume pas seulement à la cible 10.7 du Programme 2030 ». Pour améliorer le système, M. Vitorino a souhaité que l’accent soit davantage mis sur les villes, qui sont des garantes de la cohésion sociale, de la lutte contre les inégalités et de l’intégration des migrants. Le système des Nations Unies doit y prêter plus attention, a-t-il estimé. En tant que Coordonnateur du Réseau des Nations Unies sur les migrations, présent dans 51 pays, il a également souligné le caractère transfrontière et transnational de la migration, jugeant que des progrès sont possibles dans le traitement régional de cette question.
De l’avis du Directeur général de l’OIM, l’évaluation de la performance des équipes sur le terrain est un exercice humain indispensable. L’OIM a mené des évaluations de sa propre participation dans les missions, notamment aux processus de programmation des pays en ce qui concerne les ODD. Il a également fait état d’échanges constants avec les coordonnateurs résidents sur la planification des activités de l’agence. D’après lui, dans les 148 pays où l’OIM est présente, « le bilan est positif ».
La réforme fonctionne, les équipes de pays sont opérationnelles et les coordonnateurs résidents sont en place, a relevé pour sa part M. ACHIM STEINER, Vice-Président du Groupe des Nations Unies pour le développement durable et Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). « Nous avons parcouru un long chemin » en ce qui concerne les rouages de la réforme, s’est-il félicité, soulignant que le système de développement nécessite d’œuvrer à l’unisson. Il a évoqué certaines questions pratiques, notamment l’efficacité et l’établissement de nouveaux protocoles permettant au personnel de travailler dans différentes agences. Le PNUD fut l’une des premières organisations à y répondre, a-t-il indiqué. Il a relevé que la question des « locaux communs » demeure une préoccupation pouvant nécessiter plusieurs millions de dollars. Or ces fonds ne sont tout simplement pas disponibles actuellement, a-t-il signalé. M. Steiner a par ailleurs qualifié l’examen des politiques d’« étoile du nord » et de « boussole » menant au prochain plan stratégique.
Session 4 - Discussion interactive
Dans le prolongement de ces interventions, le Japon a salué les efforts déployés par les agences de l’ONU pour garantir la mise en œuvre du nouveau système des coordonnateurs résidents. Il s’est dit ravi d’apprendre que 92% des États Membres ont exprimé leur satisfaction quant à l’action des coordonnateurs résidents durant la pandémie. En revanche, il a jugé préoccupant que l’engagement au pacte de financement ait diminué par rapport à l’année précédente. Il a aussi plaidé pour un « réalignement des cultures » des entités de l’ONU et pour une plus grande coordination, afin d’éviter les doublons et de développer une approche unie.
Sur la même ligne, les États-Unis ont eux aussi mis l’accent sur la nécessaire adaptation du système pour garantir l’engagement opérationnel et l’efficacité des équipes sur le terrain. À cet égard, la délégation a voulu connaître les difficultés rencontrées par les agences pour ce qui est de l’appui aux pays, ainsi que les bénéfices tirés de l’amélioration des liens entre les différentes institutions. Elle a par ailleurs demandé si les fonds de riposte de l’ONU à la COVID-19 et aux efforts de relèvement ont présenté des « défauts ».
L’Allemagne a vu des « exemples prometteurs » dans les présentations des chefs d’agences et de commissions, tout en prônant un renforcement du système des coordonnateurs résidents et un changement de la culture de travail des entités onusiennes. Elle a ainsi constaté que certaines entités du système de développement n’ont pas encore de planification stratégique et qu’il existe des problèmes d’intégration sur le terrain. Que faut-il changer pour aller de l’avant?
Saluant la présence sur son sol de plusieurs agences et d’une commission économique « précieuses » en ces temps de pandémie et de crise des réfugiés, le Liban a souligné l’importance de passer d’un modèle traditionnel de développement à un modèle plus actif d’intégration de politiques de qualité pour les pays à revenu intermédiaire. Il s’est cependant félicité des conseils et appuis prodigués par le système de l’ONU dans des domaines comme la dette, la parité hommes-femmes, le soutien aux entreprises, l’action climatique et l’alimentation. Il a par ailleurs souhaité que les commissions économiques intègrent davantage les risques de catastrophe auxquels sont confrontés les pays en développement fragiles comme le Liban.
Dans le même ordre d’idées, l’Iraq a salué les efforts menés dans la cadre de la réforme du système afin d’accompagner les États Membres dans la mise en œuvre des ODD. Il a noté que la CESAO et le PNUD, entre autres entités, appuient les États Membres, y compris l’Iraq, face aux retombées de la COVID-19 et les aident à « rebâtir en mieux ». Il a toutefois rappelé que ces entités dépendent des contributions des bailleurs de fonds pour fonctionner.
En réponse à ces commentaires et questions, la Directrice exécutive de l’UNICEF a assuré que son agence tient compte dans son action du rôle des coordonnateurs résidents présents dans chaque pays. Cela est particulièrement important quand il s’agit de s’attaquer à des problèmes comme la discrimination ou la violence sexuelle et sexiste, a-t-elle indiqué. Elle a par ailleurs précisé que l’UNICEF met à jour ses descriptions de postes afin de refléter les dispositions de la réforme.
Pour sa part, la Directrice générale adjointe de l’OMS a jugé que la coopération entre les agences est essentielle pour exploiter au mieux les avantages comparatifs de chacune d’entre elles. Elle s’est par ailleurs dite en accord avec l’Allemagne quant à la nécessité de changer de culture. Nous avons besoin d’un renforcement des capacités au niveau du système de l’ONU et au sein du personnel de l’OMS, a-t-elle estimé, tout en soulignant le travail commun mené avec les coordonnateurs résidents sur le terrain. D’après Mme Jakab, la priorité est aujourd’hui donnée à l’Accélérateur ACT afin que tous les pays soient en mesure d’obtenir les vaccins et les outils de dépistage et de diagnostic contre la COVID-19.
Elle aussi favorable à un changement culturel au sein du système onusien, la Secrétaire exécutive de la CESAO a estimé que la réforme a besoin de souplesse. Elle a ainsi fait état d’une demande croissante de présentation de données et d’analyses de façon à pouvoir produire des conseils plus ciblés, tandis que la Secrétaire générale par intérim de la CNUCED soulignait le caractère central de la coopération sur le terrain. Les coordonnateurs résidents doivent, selon elle, être conscients de toutes les forces pouvant contribuer à un bon diagnostic et aider les gouvernements le plus utilement. Dans ce cadre, a-t-elle ajouté, chaque organisation du système de l’ONU apporte sa pierre à l’édifice.
Le Directeur général de l’OIM a, lui, rappelé que son agence a adopté en 2019 des stratégies régionales en ayant comme interlocuteurs des États Membres. À présent, s’est-il félicité, nous avons une coopération avec les coordonnateurs résidents et les partenaires humanitaires pour faire en sorte que les stratégies migratoires soient conformes aux ODD. Cela renforce la cohérence et montre que la migration est une question essentielle, a-t-il commenté, assurant d’autre part que le système évite les chevauchements entre les agences, notamment entre l’OIM, l’UNICEF et le HCR, en tirant parti de leurs avantages comparatifs. Enfin, il a jugé que la réforme est un « atout » dans la mesure où elle facilite la création de réseaux entre parties prenantes et les fait travailler dans le même sens.
La couverture de cette discussion a été compromise par une série de problèmes d’ordre technique.
Session 5 - Dialogue - Deux ans après le lancement du pacte de financement, avons-nous respecté nos engagements?
Cette discussion, qui était animée par M. IB PETERSEN, Sous-Secrétaire général et Directeur exécutif adjoint à la gestion du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a été l’occasion d’examiner la manière dont le système des Nations Unies pour le développement et les États Membres doivent opérer un changement de culture et de comportement afin de respecter les engagements envisagés dans le pacte de financement.
Le pacte proposé est le résultat d’une série de dialogues approfondis qui se sont tenus entre les États Membres de l’ONU et les membres du Groupe des Nations Unies pour le développement durable. Il comporte 22 engagements, dont 8 pris par les États Membres et 14 par le Groupe des Nations Unies pour le développement durable, devant faire l’objet d’un suivi à l’aide de 50 indicateurs et cibles. Ces engagements sont ambitieux, se renforcent mutuellement et nécessiteront un changement significatif du fonctionnement du système des Nations Unies pour le développement et de son financement par les États Membres.
Dans un premier temps, M. ROBERT PIPER, Sous-Secrétaire général et Chef du Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD), a expliqué que le pacte de financement ne se concentre pas trop sur le montant mobilisé pour les activités opérationnelles, mais davantage sur la qualité des financements. Il a ainsi relevé que les financements de base ont augmenté entre 2017 et 2019, tandis que le financement pour les fonds mutualisés mondiaux est bien en deçà de ce qui était escompté. Il a en outre salué les progrès réalisés par le système onusien en matière de reddition des comptes. Ainsi, la plupart des agences onusiennes partagent leur bilan qui est détaillé par pays, ce qui en facilite la compréhension. Il faut renforcer les capacités des agences afin que les rapports soient consolidés et que l’on évite les doublons, a-t-il suggéré.
M. JOHANNES OLJELUND, Directeur général pour la coopération au développement au Ministère suédois des affaires étrangères, a insisté sur l’importance de disposer de ressources de qualité, ce qui nécessite, à ses yeux, la multiplication des donateurs. À ce sujet, la Suède et la Norvège ont assuré qu’elles continueront de consacrer au moins 1% de leur revenu national brut à l’APD. La Norvège a également plaidé pour le renforcement des contributions aux fonds de financement commun interinstitutions, même si elle a reconnu que la pandémie de COVID-19 ne va pas faciliter les choses, étant donné que les économies sont en récession. Pour sa part, l’Allemagne a indiqué qu’elle entendait poursuivre son soutien financier au système des Nations unies pour le développement, soulignant que c’est bien le devoir des États de le faire, tout en insistant sur le besoin d’avoir des ressources de base qui soient davantage flexibles.
Mme RANIA AL-MASHAT, Ministre de la coopération internationale d’Égypte, a expliqué comment son pays a mutualisé les fonds nationaux au service de la mise en œuvre des 17 objectifs de développement durable (ODD), accompagnant ainsi l’apport du système des Nations Unies pour le développement. Ce système permet d’assurer le suivi des dépenses et de pouvoir rendre compte de la mise en œuvre des ODD, a-t-elle indiqué. Les Maldives sont parmi les bénéficiaires du Fonds des Nations Unies pour l’action face à la COVID-19, ce qui a permis d’aligner ces financements onusiens aux priorités nationales, a témoigné le Représentant permanent adjoint des Maldives, M. IBRAHIM ZUHUREE.
Mme ANITA BHATIA, Sous-Secrétaire générale et Directrice exécutive adjointe d’ONU-Femmes, a salué le fait que la pandémie a renforcé la coordination entre les agences onusiennes, même si davantage d’efforts sont attendus. Elle a plaidé pour une plus grande implication du système onusien en faveur de l’égalité entre les sexes, rappelant qu’à peine 2% des fonds collectés y sont consacrés. Il faut également publier des données ventilées par ODD, par pays et par sexe, a-t-elle prescrit.
Session 6: Répondre aux besoins et aux priorités des pays couverts par les bureaux multipays
Cette session, animée par M. SELWIN CHARLES HART, Conseiller spécial du Secrétaire général sur l’action climatique et Sous-Secrétaire général pour l’Équipe de soutien sur les changements climatiques, fut l’occasion d’examiner l’opérationnalisation des propositions faites par M. António Guterres pour renforcer le soutien apporté par le système des Nations Unies pour le développement aux pays couverts par des bureaux multipays, en particulier les petits États insulaires en développement (PEID).
Le Vice-Président du Groupe des Nations Unies pour le développement durable, a expliqué comment il a supervisé la mise en œuvre de ces bureaux à partir de l’élaboration des indices de vulnérabilité, notamment concernant les PEID. M. ACHIM STEINER, qui est également l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a relevé qu’il s’agit globalement d’accroître la présence de l’ONU dans ces pays. C’est pourquoi de nouveaux postes ont été, par exemple, créés dans la région des Caraïbes. De même, certaines agences onusiennes entendent déployer davantage de personnels dans le Pacifique nord.
M. WALTON WEBSON, Représentant permanent d’Antigua-et-Barbuda et Président de l’Alliance des petits États insulaires, a salué la prompte réponse du système onusien dans le cadre de la riposte à la COVID-19, à travers son bureau multipays de la Barbade. Il a souhaité que ce genre de réaction soit désormais institutionnalisé. Le Représentant permanent de Fidji, M. SATYENDRA PRASAD, a mis en garde contre la tentation d’ériger un modèle unique de bureau multipays, car « il faut que chacun de ces bureaux tienne compte des réalités de terrain ». M. DIDIER TREBUCQ, Coordonnateur résident du bureau multipays de la Barbade, a expliqué justement qu’un plan a été spécifiquement élaboré pour la sous-région. Les problèmes multidimensionnels et les questions systémiques sont désormais traités selon une approche conjointe entre plusieurs agences, a-t-il expliqué, tout en mettant en avant des programmes et projets conjoints interinstitutions.
L’Australie s’est inquiétée des nombreux postes vacants au bureau multipays du Pacifique Nord, avant d’insister pour que ceux qui y seront recrutés aient les capacités requises. Il faut aussi que les coordonnateurs résidents aient le profil de l’emploi, notamment quand ils sont affectés dans les PEID, a renchéri Haïti, s’exprimant au nom des 14 membres de la Communauté des Caraïbes (Caricom). La CARICOM a souhaité que le nouveau plan-cadre de coopération entre les Caraïbes et l’ONU soit élaboré en tenant compte du principe de l’appropriation nationale. Belize est allé plus loin en demandant un nouveau contrat social avec l’ONU, et la réforme du bureau multipays de la Barbade.