En cours au Siège de l'ONU

LDC5, Comité préparatoire, Deuxième session,
3e séance plénière – matin
DEV/3445

Le Comité préparatoire de la cinquième Conférence sur les pays les moins avancés recommande un texte pour le programme d’action de Doha sur les PMA

Le projet de programme d’action de Doha pour les pays les moins avancés (PMA) a été adopté ce matin par le Comité préparatoire intergouvernemental de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA (« Conférence LDC5 »), qui l’a ainsi recommandé, pour adoption, à ladite Conférence qui se tiendra à Doha du 23 au 27 janvier 2022.  Un texte qui promet des changements transformateurs dans la vie et les moyens de subsistance des 1,1 milliard d’habitants des 46 PMA.

Un vote a été nécessaire pour adopter ce texte, à la demande de la Fédération de Russie dont l’amendement a été rejeté.  Cette délégation, ainsi que celle du Bélarus, se sont abstenues lors du vote qui a recueilli 132 voix pour et aucune voix contre. 

Ce programme d’action pour la période 2022-2031 sera adopté au Qatar par la Conférence LDC5 avant d’être entériné par la suite par l’Assemblée générale. 

Le texte a été finalisé avant la Conférence, s’est réjoui le Secrétaire général adjoint Courtenay Rattray, qui est le Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement. 

Même si ce texte n’a pas été adopté par consensus, il jouit néanmoins d’un très large soutien de la part des États Membres, ont noté la plupart des intervenants de ce matin, y compris ceux qui, comme la Chine, Cuba, la Hongrie ou l’Iran, ont quand même quelques réserves par rapport à certains paragraphes ou termes de son libellé. 

Seule la Fédération de Russie avait suffisamment de griefs pour présenter un amendement au projet de décision.  Elle proposait que le Comité préparatoire constate l’absence de consensus sur le texte du programme d’action de Doha et recommande le projet pour un examen plus avancé par la Conférence elle-même, avant que celle-ci ne l’adopte.  Cela « reflète la réalité », a soutenu la délégation russe.  L’amendement a cependant été rejeté au terme d’un vote qui s’est soldé par deux voix pour (Bélarus et Fédération de Russie), 120 voix contre et 6 abstentions. 

Comme l’a dit M. Rattray, en citant Confucius, « mieux vaut avoir un diamant avec un défaut qu’un galet sans défaut ».  Ce texte est, selon lui, le fruit de compromis de la part de tous, en particulier les membres du Groupe des PMA qui ont dû accepter des réductions considérables par rapport à leurs ambitions initiales. 

Pour Mme Rabab Fatima, l’une des deux coprésidents du Comité préparatoire, il s’agit en effet d’un « document ambitieux pour la prochaine décennie », qui vise à apporter des changements transformateurs dans la vie et les moyens de subsistance des 1,1 milliard d’habitants des PMA.  Elle s’est dite consciente que des frustrations peuvent se faire jour chez certains, étant donné que toutes leurs propositions ne figurent pas dans le texte.  Mais nous avons fait tout notre possible pour que le texte soit équilibré et reflète les priorités clefs de toutes les parties, a-t-elle souligné, assurant que les grandes ambitions de l’avant-projet ont été conservées. 

Même son de cloche du côté du Haut-Représentant, dont le souci principal est de chercher à améliorer les chances de meilleures conditions de vie des plus vulnérables.  Dès lors, tout en reconnaissant les défauts du processus, il a jugé préférable de le faire avec un accord.  Car, comme l’a fait remarquer le Groupe des 77 et la Chine, ce programme d’action est d’une importance capitale pour accompagner les PMA sur leur route vers le développement durable et la résilience; il représente une étape majeure dans l’alignement des PMA sur le programme 2030.  Le Groupe a observé que « tous ont fait des concessions tout au long de ce processus », pour déboucher sur un texte dynamique et orienté vers l’action, qui permettra de propulser les PMA vers le développement.

Le Népal, qui fait partie des 46 PMA, a appelé à ne pas perdre de vue que ce programme d’action, s’il est appliqué et s’il jouit du soutien nécessaire des partenaires de développement, sera l’instrument pour permettre la sortie de 15 PMA de cette catégorie. 

La Coprésidente s’est félicitée que les partenaires de développement aient appuyé plusieurs résultats clefs du texte, parmi lesquels une université en ligne, un centre d’investissement international, une banque alimentaire et un mécanisme d’aide au changement de catégorie.  Le projet contient aussi des dispositions sur le doublement de la part du commerce, l’accès à Internet haut débit et la production d’électricité par habitant.  Il vise en outre à soutenir 15 PMA supplémentaires pour qu’ils répondent aux critères de changement de catégorie d’ici à 2031, a précisé Mme Fatima.  Elle a ajouté que, dans ce cadre, le Groupe des PMA s’est engagé sans équivoque à promouvoir la bonne gouvernance à tous les niveaux, à construire des institutions solides, à renforcer la démocratie et l’état de droit, tout en garantissant l’accès aux services de santé et l’éducation pour tous.  Le « vrai travail » commencera avec la mise en œuvre du programme d’action, qui contient un mécanisme complet de suivi et de contrôle, a précisé Mme Fatima. 

Pour son homologue, M. Robert Rae, le texte adopté aujourd’hui est un document inclusif et de fond.  « Il n’est pas difficile d’atteindre le consensus lorsqu’on n’a pas d’ambition », a-t-il remarqué, appelant à se concentrer sur « les actions spécifiques pour changer la donne ».  Plaçant l’importance du programme d’action de Doha dans son contexte, il a remarqué que depuis la fondation des Nations Unies, on n’avait jamais vu une crise internationale comme celle d’aujourd’hui.  La pandémie de COVID-19 n’est pas vécue de la même façon dans les différentes régions du monde, a-t-il noté en déplorant qu’elle ait renforcé les inégalités et engendré des discriminations inacceptables.

Le Haut-Représentant a conclu que la Conférence sur les PMA ne marque pas un moment, mais bien le début d’un mouvement: un mouvement pour un changement véritable et durable pour les PMA.  Un mouvement qui permettra de démontrer notre solidarité avec les 1,1 milliard d’habitants des PMA, a espéré la Coprésidente en vue de la Conférence de Doha.

En début de séance, le Comité préparatoire a aussi adopté le document relatif à l’organisation des travaux révisé de la cinquième Conférence sur les PMA.

PRÉPARATIFS ADMINISTRATIFS DE LA CONFÉRENCE (A/CONF.219/2021/IPC/L.3/ADD.1/REV.1)

M. ROBERT RAE (Canada), en sa qualité de Coprésident du Comité préparatoire, a estimé qu’au moment où le monde entre dans la troisième année de la pandémie ‑une crise qui a mis en exergue les inégalités dans le monde-, il est plus important que jamais d’insuffler de l’ambition dans le programme d’action de Doha.  Aucune délégation n’a pu atteindre tous ses objectifs dans le document, a-t-il concédé avant de remercier toutes celles qui ont participé aux négociations et qui ont eu une incidence sur le document final de la Conférence.  Il a remercié tous ceux qui ont cherché à trouver des compromis ces dernières semaines et leur a transmis les remerciements du Groupe des pays les moins avancés (PMA).  Au vu des circonstances, M. Rae a dit considérer qu’il s’agit du meilleur texte possible pour soutenir les PMA.  Il a espéré qu’il sera soutenu lors de la Conférence LDC5, à Doha.  Le Coprésident a ensuite proposé d’approuver l’organisation des travaux révisée de la Conférence, ce que le Comité a fait.

Mme RABAB FATIMA (Bangladesh), Coprésidente du Comité préparatoire, a commencé par rappeler que, depuis le début des travaux formels du Comité, deux réunions de fond se sont tenues, en mai et juillet derniers.  De nombreuses réunions et consultations informelles ont ensuite eu lieu, jusqu’à la semaine dernière, sur le projet de document final.  Exprimant sa profonde gratitude aux principaux négociateurs représentant les différents pays et groupes, elle a loué leur approche constructive et leur travail acharné tout au long de négociations « souvent difficiles », qui ont débouché sur un « document ambitieux pour la prochaine décennie », lequel vise à apporter des changements transformateurs dans la vie et les moyens de subsistance des habitants des PMA.  Elle s’est dite consciente que des frustrations peuvent se faire jour chez certains, dont toutes les propositions ne figurent pas dans le texte.  Mais nous avons fait tout notre possible pour que le texte soit équilibré et reflète les priorités clefs de toutes les parties, a-t-elle souligné, assurant que les grandes ambitions de l’avant-projet ont été conservées. 

La Coprésidente s’est félicitée que les partenaires de développement aient appuyé plusieurs résultats clefs du texte, parmi lesquels une université en ligne, un centre d’investissement international, une banque alimentaire et un mécanisme d’aide au changement de catégorie.  Le projet contient aussi des dispositions sur le doublement de la part du commerce, l’accès à Internet haut débit et la production d’électricité par habitant.  Il vise en outre à soutenir 15 PMA supplémentaires pour qu’ils répondent aux critères de changement de catégorie d’ici à 2031, a précisé Mme Fatima.  Elle a ajouté que, dans ce cadre, le Groupe des PMA s’est engagé sans équivoque à promouvoir la bonne gouvernance à tous les niveaux, à construire des institutions solides, à renforcer la démocratie et l’état de droit, tout en garantissant l’accès aux services de santé et l’éducation pour tous.  Le « vrai travail » commencera avec la mise en œuvre du programme d’action, qui contient un mécanisme complet de suivi et de contrôle, a-t-elle poursuivi. 

Évoquant ensuite le Bureau du Haut-Représentant, la Coprésidente a souhaité qu’il suive de près les progrès réalisés et fournisse un appui pratique.  Elle a toutefois averti que le Bureau fait face à un grave manque de ressources pour accomplir son mandat, ce qui nécessite de l’aider à renforcer ses capacités.  Il s’agit, selon elle, d’une urgence dans le cadre de la mise en œuvre du programme de développement durable à l’horizon 2030 dans les PMA.  Enfin, après avoir salué le Qatar, pays hôte de la Conférence de Doha, pour son engagement tout au long du processus, Mme Fatima a rappelé que cet événement se tiendra en pleine période d’incertitudes et de perturbations, alors que la pandémie continue de faire rage, frappant le plus durement les PMA en raison de leurs vulnérabilités préexistantes.  De fait, a-t-elle conclu, cette cinquième Conférence sur les PMA nous offre l’occasion unique de démontrer notre solidarité avec les 1,1 milliard d’habitants des 46 pays les moins avancés.

Le représentant de la Fédération de Russie, notant que l’adoption du programme d’action de Doha pour les PMA est prévue le 27 janvier 2022, a estimé que le projet de décision recommandant le texte n’était pas correct.  Il a toutefois annoncé que sa délégation entendait l’approuver.

PROJET DE DOCUMENT FINAL DE LA CONFÉRENCE

Explications de position

Le représentant du Qatar a rappelé que son pays accueillera la cinquième Conférence sur les PMA, qui se tiendra du 23 au 27 janvier 2022.  Il a remercié toutes les équipes qui ont travaillé à l’organisation de cette conférence et qui œuvrent à en faire un succès.  Le représentant a invité les États Membres à approuver le projet de décision sur le programme d’action de Doha à l’examen aujourd’hui.  Ce texte représente le plus vaste consensus possible et le résultat le plus ambitieux dans l’intérêt des PMA, a fait valoir le représentant.  Cette cinquième conférence sera essentielle pour les PMA et sera la première conférence en présentiel depuis que la pandémie a frappé, sachant que les PMA ont été affectés de manière disproportionnée, a-t-il aussi souligné.  Le représentant a assuré que le Qatar attend avec intérêt l’adoption, à Doha, du programme d’action de Doha et de la déclaration politique de Doha.  Il a rappelé que ce programme sur 10 ans sera mis en œuvre de manière concomitante avec le programme de développement durable à l’horizon 2030 et qu’il vise à apporter un appui aux PMA. 

Le représentant de la Fédération de Russie a rappelé que son pays soutient activement les PMA et a participé de bonne fois au processus de négociation du projet de programme d’action de Doha, faisant preuve de souplesse malgré les critiques formulées à son endroit.  Il a rejeté les reproches faits à sa délégation d’avoir présenté ses positions à la dernière minute, alors que sa délégation a démontré sa flexibilité.  « Force est de constater que la version finale du document est déséquilibrée », a-t-il constaté, avant d’estimer que le consensus aurait été « possible » si l’on avait déployé « tous les efforts possibles pour y arriver ». 

Regrettant que les propositions russes n’aient pas été prises en compte, il a observé que ce texte contient des concepts qui n’ont pas été agréés au niveau intergouvernemental, notamment le « concept de sécurité humaine », qui est placé au même niveau que celui universellement reconnu appelant à « ne laisser personne de côté ».  Il a également contesté l’utilisation du terme « cybersécurité », rappelant que la terminologie utilisée par l’Assemblée générale dans sa résolution correspondante est « sécurité dans l’utilisation des TIC ».  De plus, a ajouté le représentant, certaines questions ont été incluses de façon arbitraire, comme celles de l’énergie et des changements climatiques, qui ne reflètent ni les accords passés dans le cadre de la Deuxième Commission ni le consensus de Glasgow, qui a réaffirmé l’attachement de la communauté internationale à l’Accord de Paris.  Dans ces conditions, la Fédération de Russie n’est pas en mesure de se joindre au consensus et se dissocie des paragraphes 3, 94, 108, 115 116, 129 et 251 du projet, a-t-il indiqué, annonçant que son pays avait décidé de présenter un amendement au projet de décision proposé par le Bureau du Comité préparatoire. 

Le représentant de la Chine a expliqué qu’en tant que plus grand pays en développement, la Chine respecte la prise en main par les PMA de leur propre développement.  Il a espéré que la Conférence sur les PMA sera couronnée de succès, estimant que le programme d’action de Doha est un programme équilibré.  Toutefois, le représentant a soulevé ses réserves par rapport à certains termes qui y sont utilisés comme celui « d’allègement de la dette », mais il a pris note des précisions apportées par les coprésidents sur ce terme.  La Chine se ralliera au projet de décision malgré ses réserves, a assuré le représentant.

Le représentant de Cuba a réitéré la solidarité de son pays avec les PMA, affirmant que Cuba cherche à en promouvoir les intérêts et le développement.  Voilà pourquoi Cuba a activement participé aux préparatifs du document final du programme d’action de Doha à l’examen, a précisé le représentant.  Il a regretté que certains termes, comme celui de « la sécurité humaine », ne fassent pas l’objet d’un consensus, que ce soit sur leur définition ou sur leur application.  Malgré cela, Cuba se ralliera au consensus global, a indiqué la délégation.

La représentante du Népal, en tant que PMA, a estimé que le projet de programme d’action est l’occasion de contrer les conséquences dévastatrices de la pandémie sur les PMA et de se concentrer sur le développement de ces pays.  Il s’agit d’un programme d’action ambitieux pour les PMA, qui, si la cible est atteinte, permettra de n’avoir plus que 15 PMA dans dix ans, a rappelé la représentante en espérant qu’il s’agira de l’avant-dernier programme d’action.  Les mesures d’aide qui y sont prévues doivent être mises en œuvre par les partenaires de développement des PMA, a insisté la représentante du Népal avant d’affirmer que, de leur côté, les PMA sont attachés à respecter leurs engagements de ce programme et qu’ils attendent la même chose de la part de la communauté internationale et de leurs partenaires.

Au nom du Groupe des 77 et la Chine et du Groupe des PMA, le représentant du Malawi a dit que nous nous trouvons à la dernière étape d’un « voyage de trois ans qui a commencé à la soixante-treizième session ».  Nous sommes impatients de continuer à coordonner et à collaborer, ici et à Doha, jusqu’à ce que nous adoptions ce texte dans cette même salle en février de l’année prochaine, a déclaré le représentant.  Nous avons entamé le processus de rédaction du projet de programme d’action en voulant un texte dynamique et orienté vers l’action pour propulser les PMA vers le développement durable, a-t-il rappelé.  Le représentant a déclaré que « tous ont fait des concessions tout au long de ce processus ».  Il a estimé que ce texte représente une étape majeure dans l’alignement des PMA sur le programme 2030 et qu’il leur donne une chance de se battre dans cette décennie d’action. 

Le délégué a espéré qu’à Doha les chefs d’État et de gouvernement adopteront le programme d’action avant qu’il ne revienne devant l’Assemblée générale pour en faire un document officiel de l’ONU.  « Ce ne sera pourtant que le premier pas. »  La réussite sera déterminée par sa mise en œuvre au cours des 10 années, a rappelé le représentant insistant que tout dépendra de la mise en œuvre et du respect des engagements pris par les PMA et les partenaires de développement.  Il a terminé en invitant les délégations à participer à la Conférence au plus haut niveau possible, pour marquer un début remarquable sur la voie tracée par ce programme d’action. 

Le représentant de l’Afrique du Sud a indiqué qu’en dépit de réserves sur le projet, son pays se ralliera au processus car il aborde des questions pertinentes, à commencer par les effets des changements climatiques et de la pandémie de COVID-19, qui exacerbent les difficultés socioéconomiques des PMA.

La représentante du Bélarus a estimé que pour arriver à surmonter la pandémie, il va falloir redoubler d’efforts pour aider les PMA.  Elle a misé sur la conférence à venir, qui représente selon elle l’instance appropriée pour définir une nouvelle feuille de route visant à permettre aux PMA de changer de catégorie, et ce, en traitant de leur vulnérabilité et du renforcement de leur résilience.  Déplorant l’absence de consensus sur le projet de programme d’action, elle a souligné la nécessité de parvenir à un texte équilibré, qui s’appuie sur des décisions intergouvernementales. 

Vote sur un projet d’amendement

Alors que le projet de décision recommandant d’approuver le texte du programme d’action était soumis au Comité pour adoption, le Coprésident a indiqué que le Comité devait au préalable examiner un amendement.

C’est le représentant de la Fédération de Russie qui a proposé cet amendement, après avoir conclu, « avec le cœur lourd », que le texte du projet de programme d’action va à l’encontre de plusieurs décisions intergouvernementales prises à l’ONU et qu’il n’y a pas de consensus au sujet de ce texte.  Il a présenté un projet d’amendement pour que le Comité préparatoire note que le consensus sur le projet de programme d’action de Doha pour les PMA n’a pas été atteint et décide de recommander le projet pour examen plus avancé et adoption à la cinquième Conférence.  À ces yeux, c’est le reflet de la réalité et cela concorde avec le programme adopté aujourd’hui, c’est-à-dire l’organisation des travaux.

Ce projet d’amendement a été rejeté au terme d’un vote qui s’est soldé par 2 voix pour (Bélarus et Fédération de Russie), 120 voix contre et 6 abstentions (Cameroun, Chine, Égypte, Kiribati, Pakistan et Zimbabwe).

Après ce résultat, le représentant de la Fédération de Russie a demandé un vote sur le projet de décision qui vise à recommander pour approbation le programme d’action de Doha sur les PMA, au motif que ce projet de décision ne concorde pas avec la réalité et avec les décisions prises auparavant à l’ONU. 

Vote sur le projet de décision

Le projet de décision qui recommande pour approbation le programme d’action de Doha sur les PMA a été adopté par 132 voix pour, zéro voix contre et 2 abstentions (Bélarus et Fédération de Russie).

Explications de vote après le vote

Le représentant de la Fédération de Russie a regretté ce vote favorable au document final, qui ne facilitera pas, selon lui, la coopération de la Fédération de Russie avec les PMA.  Pour le représentant, le document contredit des décisions antérieures de l’Assemblée générale.  Il a répété son rejet des paragraphes 3, 94, 108, 115, 116, 129 et 251. 

La représentante de la Slovénie, au nom de l’Union européenne, a salué les deux cofacilitateurs, ainsi que le Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, qui a joué un rôle d’appui essentiel.  Elle s’est dite impatiente d’entamer la prochaine étape et déterminée à renforcer le partenariat avec les PMA pour mettre en œuvre la déclaration finale et le programme 2030.

Au nom du G77 et de la Chine, le représentant de la Guinée a rappelé que, lorsque le processus a débuté, l’objectif était de s’assurer que les PMA soient à même de réaliser des progrès en matière de développement durable à l’occasion de la décennie d’action.  Notant que les discussions ont eu lieu dans un « environnement inédit », il a constaté que, depuis juillet dernier, les délégations ont toutes fait des concessions pour arriver « là où nous en sommes aujourd’hui ».  Nous prenons acte des négociations et de la réalité, « à savoir que nous n’obtenons pas 100% de ce que nous souhaitions », a-t-il affirmé, tout en se réjouissant néanmoins de poursuivre la coopération et les partenariats jusqu’à ce que le texte soit adopté et que commence sa mise en œuvre. 

La représentante de l’Australie a insisté sur l’importance d’assurer que les PMA puissent « reconstruire en mieux après la pandémie »: il faut les aider à renforcer leur résilience.  Le programme d’action de Doha veille à cela ainsi qu’à la sortie fluide de la catégorie des PMA, s’est-elle félicitée.  Elle a regretté l’amendement présenté par une délégation, rappelant à celle-ci que ce document jouit d’un large appui des États Membres et reflète un vaste consensus.

La représentante de l’Inde a salué l’approbation, par le Comité préparatoire, du programme d’action de Doha.  Rappelant que tout au long de ce processus, le Comité préparatoire a veillé à ce qu’il soit mené et contrôlé par les PMA, la représentante a reconnu que cela pouvait, parfois, ne pas correspondre aux points de vue nationaux.  Toutefois, dans un esprit de solidarité, elle a recommandé d’adopter ce document par consensus.

La représentante de la Hongrie s’est associée à la déclaration de l’Union européenne (UE), mais a souhaité exprimer sa position à titre national concernant le programme d’action de Doha pour les pays les moins avancés.  Rappelant que le paragraphe 81 indique que les migrants contribuent à la croissance inclusive, ainsi qu’au développement durable dans les pays d’origine, de destination et de transit, la représentante a expliqué que du point de vue de la Hongrie, la migration n’a pas d’impact positif sur la croissance et le développement.  Par conséquent, la Hongrie n’est pas d’accord pour souligner les éléments positifs de la migration dans le texte.  En outre, ce paragraphe reconnaît le rôle crucial des migrants dans la lutte contre la pandémie, a noté la représentante en suggérant plutôt de souligner le rôle des agents de santé dans ce contexte. 

Elle a également commenté le paragraphe 82, qui contient le terme « migration bien gérée », disant maintenir sa position selon laquelle ce terme pourrait conduire à la conclusion erronée que la migration doit être organisée et gérée consciemment.  Depuis le déclenchement de la crise migratoire en 2015, nous avons toujours été d’avis qu’au lieu de promouvoir la migration, nous devons l’arrêter, a-t-elle dit.  Elle a ajouté que nous devrions tous nous concentrer sur l’assistance au niveau local pour aider les pays tiers à créer des conditions stables, sûres et garantissant que les gens peuvent rester dans leur patrie, dans la paix et la prospérité. 

La représentante s’est aussi exprimée sur le paragraphe 83, qui fait référence au Pacte mondial sur les migrations, en utilisant le terme « migration sûre, ordonnée et régulière ».  Elle a rappelé que le Pacte n’avait pas été adopté par de nombreux États, dont la Hongrie qui ne participe donc pas à sa mise en œuvre.  Par conséquent, toute référence au Pacte n’est pas acceptable à ses yeux et constitue une « ligne rouge ».  En plus de ce qui précède, elle a critiqué le fait que le paragraphe 85 ne fasse pas référence aux compétences nationales, en matière de migration de main-d’œuvre, donnant ainsi l’impression que les compétences peuvent ne pas relever de la compétence des États Membres.  « Par conséquent, la Hongrie ne peut pas soutenir ce paragraphe. »  Sur la base de ces motifs, la Hongrie s’est dissociée des paragraphes mentionnés, a conclu la représentante.

La représentante de la Turquie a indiqué que son pays a voté en faveur du projet de programme d’action.  Observant que les PMA ont engrangé d’indéniables progrès ces 10 dernières années, elle a averti que le relèvement lent de la crise actuelle risque de réduire à néant ces réalisations.  À ses yeux, le programme d’action de Doha, qui se fonde sur celui d’Istanbul, constituera un engagement collectif renouvelé pour trouver des solutions aux problèmes spécifiques des PMA.  Partisane du renforcement des capacités de ces pays, elle a estimé qu’à ce titre, le fonctionnement de la banque de technologie sera essentiel.  Enfin, elle a assuré qu’en tant que membre du Bureau du Comité préparatoire et du Groupe d’amis des PMA, la Turquie ne ménagera aucun effort pour faire de la Conférence de Doha un succès. 

Le représentant de l’Iran a considéré ce document comme « facultatif » et n’ayant « pas de caractère contraignant ».  L’Iran ne se sent pas lié aux « parties qui vont à l’encontre des lois iraniennes », a ajouté le représentant qui a quand même indiqué avoir voté en faveur du texte.  Il a toutefois émis des réserves sur les paragraphes qui ne font pas l’objet de consensus. 

Le représentant des États-Unis a remercié le Qatar d’accueillir la Conférence et a assuré que son pays restera aux cotés des PMA.  Les États-Unis se réjouissent d’adopter le programme d’action de Doha en dépit de certaines réserves sur son libellé, a-t-il indiqué.  Soulignant que le processus avait fait appel à la flexibilité de tous, le représentant a regretté que toutes les délégations n’aient pas fait preuve de la souplesse requise.  Ce document jouit cependant d’un large consensus, a-t-il noté.

Le représentant du Japon a dit avoir voté en faveur du projet de décision pour l’approbation du programme d’action de Doha et s’est réjoui de son adoption par le Comité.  Il a souligné l’importance du programme d’action en appelant la communauté internationale à redoubler d’efforts pour le mettre en œuvre.  Il en a profité pour réitérer la volonté du Japon de soutenir les PMA dans leur développement.

La représentante du Royaume-Uni a estimé que, face à la réalité de la pauvreté, des changements climatiques et de la pandémie de COVID-19, nous avons aujourd’hui la possibilité d’agir avec un programme d’action qui propose des mesures concrètes pour les PMA et s’appuie sur des accords aussi essentiels que l’Accord de Paris sur le climat ou le programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Ce projet présente une vision holistique sur toute une série de questions, notamment celle du changement de catégorie des PMA, a-t-elle relevé, avertissant que, pour la réaliser, « nous n’avons pas le luxe du temps ».  De fait, les conséquences de l’inaction seraient plus dévastatrices encore que la crise actuelle, a averti la représentante. 

La représentante de l’Égypte a dit reconnaître les améliorations prévues par le projet de programme d’action pour les PMA et s’est réjouie de participer en janvier prochain à la Conférence de Doha. 

ADOPTION DU RAPPORT DU COMITÉ PRÉPARATOIRE ET CLÔTURE

Le Comité a décidé d’autoriser le Rapporteur à inclure les débats de la séance d’aujourd’hui dans le rapport de la deuxième session du Comité, avant d’entendre les déclarations de clôture.

Nous avons maintenant un nouveau programme d’action approuvé pour les PMA, s’est réjoui le Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, et Secrétaire général adjoint, M. COURTENAY RATTRAY.  Il a rappelé avoir dit, dès juillet dernier, qu’il ne fallait pas aller à Doha sans un texte finalisé.  Heureux que ce souhait se soit réalisé, il a reconnu que ce n’était pas un processus facile.  Conscient du fait que les PMA ont dû accepter des réductions considérables par rapport aux ambitions énoncées dans le projet initial, le Haut-Représentant a cité un dicton de Confucius, qui dit qu’il vaut mieux avoir un diamant avec un défaut qu’un galet sans défaut.  Alors que nous cherchons à améliorer les chances de vie des plus vulnérables, il est préférable de le faire avec un accord, tout en reconnaissant les défauts du processus, a-t-il estimé.

Dans l’ensemble, il s’est dit convaincu que le programme d’action de Doha peut contribuer à garantir que le développement fonctionne dans et pour les PMA.  C’est un symbole de solidarité avec les personnes les plus pauvres du monde, a-t-il dit en soulignant que le travail acharné doit commencer maintenant pour transformer le symbole en action. 

« Ces deux dernières années nous ont montré en technicolor que ce n’est pas le moment pour la solidarité de prendre des vacances », a martelé le Haut-Représentant.  « C’est pourquoi je parle de la conférence LDC5 non pas comme d’un moment - mais du début d’un mouvement.  Un mouvement pour un changement véritable et durable. » 

Alors que les besoins de financement des PMA ont augmenté, notamment en raison de la COVID, M. Rattray a souligné qu’il existe aussi des défis de longue date à surmonter pour que les PMA aient une chance équitable d’avancer.  Comment ces pays peuvent-ils accéder plus facilement aux financements, à partir de sources concessionnelles et privées, comment peuvent-ils utiliser plus efficacement le soutien financier à l’avenir et comment combler les déficits de financement croissants dans les PMA, sont certaines des questions qu’il a soulevées à ce titre en appelant à commencer par mettre en œuvre, dès maintenant, des engagements de longue date.  Il faut également garantir que les pays les plus vulnérables du monde puissent enfin accéder aux droits de tirage spéciaux (DTS) et qu’on réduise leur fardeau de la dette.  En outre, si les PMA ont besoin d’un meilleur accès aux marchés, « cela seul ne suffira pas », a-t-il prévenu.  Pour M. Rattray, ces pays ont également besoin de plus d’aide pour le commerce et l’investissement.

Non seulement le monde ne tient pas ses promesses envers le PMA, a regretté le Haut-Représentant, mais en plus, il n’est pas sûr que le soutien de la communauté internationale aux PMA suive le rythme de la technologie.  Par conséquent, il faut y développer les sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM), a-t-il recommandé, notamment par une université en ligne, mais aussi, en amont, par une éducation complète et gratuite pour tous dans les PMA ainsi que par des formations pour tous les adultes, en particulier les femmes et les jeunes.  Alors que les voix des jeunes seront entendues lors de la conférence LDC5, M. Rattray a invité à les écouter et à agir lorsqu’ils parlent du monde qu’ils veulent hériter.

Rappelant que les habitants des PMA sont touchés par les changements climatiques sous tous leurs aspects, il a cité notamment les sécheresses qui réduisent leurs rendements agricoles, les inondations qui balaient leurs maisons et leurs routes, les barrages hydroélectriques qui ont des niveaux d’eau trop bas pour produire de l’électricité.  Le Haut-Représentant a insisté sur l’impératif de renforcer la résilience de ces pays, ce qui est l’un des thèmes principaux du nouveau programme d’action de Doha.

Mais dans l’immédiat, les PMA ont besoin d’une action urgente pour vacciner leurs populations, a enchaîné M. Rattray en notant le peu de progrès ces derniers temps et la faible proportion moyenne de personnes avec deux doses (autour de 10%).  Et pourtant, au lieu de voir donner suite à l’appel de l’ONU à vacciner ces 1,1 milliard de personnes, les nations les plus vulnérables du monde ont fait face à des restrictions punitives et des interdictions de voyager, s’est-il désolé.  C’est le plus grand test pour la communauté internationale, aujourd’hui, s’est impatienté le Haut-Représentant, estimant que « si nous échouons sur ce point, les générations futures nous jugeront à juste titre ».

Que ce soit la COVID, le climat ou la crise de la dette, le moment est venu d’agir, a tonné M. Rattray en déclarant que ce dont le monde a besoin aujourd’hui ce sont des leaders qui s’engagent à prendre des mesures audacieuses pour soutenir ces pays.  Notre objectif commun est un avenir meilleur pour tous dans les PMA, a-t-il lancé, « et on peut y arriver »!

Alors même que M. Rattray s’apprête à quitter ce Bureau pour de nouvelles fonctions, il a assuré aux délégations qu’il ne quittera pas les PMA, ni l’urgence de leur situation.  Les défis auxquels sont confrontés ces pays resteront une de ses passions et priorités, a-t-il dit.  Il a remercié tout le monde de son soutien sur la route vers Doha tout en avertissant que, maintenant, les « PMA comptent sur votre soutien sur la route qui suit ».

Dans ses remarques de conclusion, M. ROBERT RAE (Canada), Coprésident du Comité préparatoire, a expliqué que ce document, qui aborde les grandes questions de notre époque, vise à atteindre des résultats.  C’est un document inclusif et de fond, a-t-il précisé.  M. Rae a reconnu qu’il n’est pas difficile d’atteindre le consensus lorsqu’on n’a pas d’ambition.  « Nous devons nous concentrer sur les actions spécifiques pour changer la donne. »  Nous savons où est le cap et ce qu’il faut faire pour y arriver, a-t-il ajouté.  Depuis la fondation des Nations Unies, on n’avait jamais vu une crise internationale comme celle d’aujourd’hui, a-t-il relevé en faisant remarquer que cette pandémie n’est pas vécue de la même façon dans différentes régions du monde.  Elle a renforcé les inégalités, a-t-il déploré en notant aussi les discriminations inacceptables qu’elle a engendrées ainsi que la crise financière qui n’a fait qu’empirer.  Une crise qui a mis en danger la capacité des États, a aussi observé M. Rae avant de rappeler que les changements climatiques sont une crise existentielle pour beaucoup de pays.  M. Rae a ajouté que le coût de ces crises multiples n’est pas équilibré. 

Pour le Coprésident du Comité, il faut également faire face à la crise migratoire qui fait déplacer plus de 120 millions de personnes dans le monde.  C’est une réalité, a-t-il insisté avant de déclarer qu’il est « fier du travail accompli ».  Il a aussi mis en exergue le plus grand compromis consenti par ceux qui sont dans les pires conditions du monde.  Ce document veut promouvoir les intérêts et les conditions de vie des populations des PMA qui ont fait les plus importants compromis, a-t-il expliqué en relevant que ces populations ont voulu quelque chose qui va plus loin que ce qu’on a actuellement.  Nous devons agir pour améliorer la donne, pour améliorer la vie de ceux qui sont laissés sur le côté, a-t-il conclu.  « Gardez à l’esprit ce qui peut être fait. »

En clôture de cette réunion du Comité préparatoire, Mme RABAB FATIMA, Coprésidente, a remercié les délégations pour leur soutien et leur coopération.  Elle a aussi exprimé sa gratitude aux experts, aux membres du Secrétariat et au second Coprésident, M. Bob Rae.  « Voyons comment faire de ce document ambitieux des actions concrètes », a-t-elle déclaré en souhaitant à tous un bon repos. 

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