Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité sur le Yémen
Les membres du Conseil de sécurité ont condamné l’escalade militaire au Yémen, notamment à Mareb, Hodeïda et Taëz, et demandé une mobilisation en faveur des mécanismes conjoints d’application de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) et une réponse à l’appel en faveur d’un cessez-le-feu mondial, décrit dans la résolution 2532 (2020). Ils ont condamné vigoureusement l’attaque menée le 23 novembre par les houthistes contre des installations pétrolières à Djedda (Arabie saoudite). Ils ont réaffirmé leur attachement à un processus politique inclusif dirigé et mené par les Yéménites, comme énoncé dans les résolutions du Conseil portant sur la question, notamment la résolution 2216 (2015), ainsi qu’à l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe et à son mécanisme de mise en œuvre et au document final issu de la Conférence de dialogue national. Ils ont réaffirmé le ferme attachement de la communauté internationale au respect de la souveraineté, de l’unité, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale du Yémen. Ils ont préconisé l’application de l’Accord de Riyad et ont demandé aux parties au Yémen de se réunir d’urgence, sous les auspices de l’Envoyé spécial, Martin Griffiths, afin d’aplanir les divergences sur la Déclaration conjointe. Ils ont mis l’accent sur le deuxième anniversaire de l’Accord de Stockholm.
Les membres du Conseil se sont déclarés alarmés par la nouvelle évaluation du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire, selon laquelle 16 500 habitants du Yémen vivent dans des conditions proches de la famine, nombre qui devrait tripler d’ici au mois de juin 2021, même si le niveau actuel de l’aide reste constant. D’après cette évaluation, 13,5 millions de personnes s’exposent à la famine et connaissent déjà une insécurité alimentaire aigüe, et ce chiffre devrait passer à 16 millions au moins, d’ici à juin 2021.
Les membres du Conseil ont rappelé qu’une manifestation s’était déroulée à New York le 10 décembre, consacrée à la façon d’éviter la famine au Yémen, afin d’appeler l’attention de la communauté internationale sur les données inquiétantes résultant du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire. Ils se sont déclarés alarmés par la mise en garde lancée par le secteur humanitaire, selon laquelle les programmes pourraient cesser, du fait d’un déficit de financement.
Les membres du Conseil ont demandé aux donateurs, parmi la communauté internationale, notamment ceux de la région, d’accélérer leur action pour sauver des vies, de verser les contributions annoncées avant la fin de l’année et de faire des contributions généreuses au début de l’année 2021 afin de prévenir la cessation imminente des programmes des Nations Unies. Ils ont noté que le conflit en cours et l’effondrement économique jouaient un rôle central dans l’augmentation du risque de famine et ont exhorté les partenaires du Yémen à envisager toutes les mesures possibles pour renforcer l’économie, notamment par de nouvelles injections de devises étrangères à la Banque centrale. Ils ont rappelé la résolution 2511 (2020) dans laquelle ils avaient souligné qu’il importait de faciliter la fourniture de l’aide humanitaire, et insisté sur le fait que les donateurs devaient étayer constamment le cadre de l’intervention humanitaire afin d’éviter d’énormes pertes en vies humaines.
Les membres du Conseil ont souligné l’ingérence en cours dans les opérations d’assistance humanitaire et le risque que cela faisait courir aux personnes à risque, ayant besoin d’assistance. Tout en notant les mesures prises dans un premier temps par les houthistes pour remédier à ces problèmes, ils ont souligné qu’il fallait impérativement progresser davantage afin de permettre aux organisations humanitaires de continuer d’acheminer une assistance vitale à des millions de personnes vulnérables sur l’ensemble du territoire yéménite. Ils ont demandé à toutes les parties au Yémen de faciliter de toute urgence un accès humanitaire total, sûr et sans entrave.
Les membres du Conseil ont réaffirmé qu’il importait que toutes les parties au conflit s’acquittent des obligations que leur impose le droit international humanitaire, notamment celles liées à l’accès humanitaire et à la protection des civils et des biens de caractère civil, ainsi qu’à la protection du personnel humanitaire et sanitaire et de leurs centres. Ils ont réaffirmé la nécessité de protéger les enfants et se sont félicités des conclusions sur le Yémen du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés. Ils ont réaffirmé l’importance de protéger les femmes et les personnes handicapées contre toute forme de violence. Ils ont souligné que les parties devaient prévenir les violations des droits humains et les atteintes à ces droits. Ils ont réaffirmé qu’il fallait mener de toute urgence une mission d’évaluation et de réparation à bord du pétrolier Safer.