En cours au Siège de l'ONU

SC/14341

Le Conseil de sécurité débat des « femmes, la paix et la sécurité » alors que la pandémie a des effets disproportionnés sur les femmes et les filles

Vingt ans après l’adoption, le 31 octobre 2000, de l’ « historique » résolution 1325 (2000), sur les femmes, la paix et la sécurité, le Secrétaire général des Nations Unies, M. António Guterres, a déclaré ce matin au Conseil de sécurité que la pandémie de COVID-19, « la plus grande épreuve pour la communauté internationale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », avait un effet disproportionné sur les femmes et les filles.   Il a ainsi expliqué que la pandémie n’avait fait qu’accroître les menaces sur l’intégrité physique des femmes dans leur propre foyer, ajoutant que le risque qu’elles soient victimes de violences durant la pandémie était équivalent à celui d’une zone de guerre.  

Présidente de séance, la Fédération de Russie a regretté qu’à cause de cette pandémie, le débat ouvert annuel sur ce thème, toujours marqué par la participation de plusieurs dizaines de délégations, n’ait pu se faire en personne et ait dû prendre la forme d’une visioconférence à laquelle seuls pouvaient participer les membres du Conseil et les cinq présentateurs, dont le Secrétaire général.  Dans ce format, les autres États Membres peuvent néanmoins présenter une brève contribution écrite qui sera compilée dans un document de séance. 

Le Secrétaire général a jugé urgent, face à tous les défis traditionnels et structurels, de « s’assurer que les femmes prennent pleinement part aux processus de paix » en ajoutant que « cela exige de renforcer les partenariats entre l’ONU, les organisations régionales, les États Membres et la société civile ».   Après avoir appelé à utiliser toute la gamme d’outils disponibles et à trouver des solutions innovantes pour un impact déterminant sur la représentation des femmes, M. Guterres a estimé, en s’appuyant sur son expérience d’homme politique dans son pays, que « les mesures temporaires spéciales telles que les quotas peuvent faire une énorme différence ».  

Le Conseil a ensuite entendu quatre exposés présentés par la Directrice exécutive chargée de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka; l’Ambassadrice de bonne volonté d’ONU-Femmes, Mme Danai Gurira; la Conseillère pour les questions de violence sexuelle et de violence de genre de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei, Mme Nataliia Emelianova; et la Directrice générale de la « Women and Children Legal Research Foundation », Mme Zarqa Yaftali.  

Si le Secrétaire général a relevé que les femmes ne dirigent que 7% des pays du monde, que les hommes représentent les trois-quarts des membres des équipes et des comités chargés de lutter contre le COVID-19 et que les décisions concernant la paix et la sécurité internationales continuent d’être prises à une écrasante majorité par des hommes, de nombreux intervenants ont appelé le Conseil de sécurité à ne tolérer aucune régression et à protéger les activistes des droits des femmes.  

Rappelant le chemin parcouru par les femmes depuis la signature de la Charte en 1945, où ne figuraient que quatre femmes parmi les 850 délégués, la représentante de la Belgique s’est félicitée que 90 pays aient adopté des plans d’action nationaux pour la mise en œuvre des objectifs de la stratégie « Femmes, paix et sécurité » et que plusieurs régions se soient dotées de cadres régionaux, comme le plan d’action de l’Union européenne de 2019.   Illustrant les risques de régression, elle a cité la Libye, où les militantes de la société civile et les femmes politiques sont confrontées à des représailles de plus en plus nombreuses. Sur le même ton, Mme Yaftali a appelé la communauté internationale à défendre les acquis dans la cadre des négociations en cours entre le Gouvernement afghan et les Taliban « parce que nous savons que ces progrès obtenus de haute lutte peuvent être balayés d’un coup de main ».   

Tous les intervenants ont jugé indispensable que les droits des femmes soient une condition sine qua non de tous les processus de paix soutenus par les Nations Unies, et que la présence des femmes soit garantie dans toutes les équipes de négociations et de médiations.  Or, la directrice exécutive d’ONU-Femmes a noté que les femmes ne représentaient que 20% des négociateurs et Mme Gurira a déploré la lenteur des progrès s’agissant de l’inclusion des femmes, rappelant qu’elles ne représentaient que 19% des parlementaires au monde.   Les deux ont jugé indispensable de combler les lacunes qui persistent dans l’application de la résolution 1325 (2020), pour préserver les acquis et  « mieux reconstruire » au sortir de la pandémie.  

Plusieurs initiatives ont été annoncées.  La France compte ainsi lancer un fonds de 120 millions d’euros pour soutenir des organisations féministes, notamment dans les pays en développement.  En outre, le Forum génération égalité, que la France organisera en juin 2021 à paris en partenariat avec le Mexique et ONU-Femmes, verra le lancement d’un pacte mondial « femmes, paix et sécurité » pour bâtir sur les engagements existants et réunir de nouveaux financements.     Le Royaume-Uni a annoncé l’apport d’un million de livres sterling au bénéfice du réseau des femmes médiatrices du Commonwealth et le financement de recherches sur les incidences de la pandémie pour les femmes dans les pays en conflit et vulnérables.  La Fédération de Russie s’est dite fière que 17% des femmes déployées sous mandat de l’ONU soient russes, les États-Unis ont mis en avant leur soutien à la participation de femmes dans les processus de paix en Colombie et en Afghanistan et la République dominicaine a appelé à transformer partout la culture d’impunité en une culture de redevabilité en jugeant inacceptable qu’au XXIe siècle, certains continuent de saper les droits des femmes au nom de normes culturelles, traditionnelles et religieuses.                 

M ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général des Nations Unies, a noté que, dans la résolution qu’il a adoptée à l’appui de son appel au cessez-le-feu mondial, le Conseil de sécurité avait « établi un lien précieux et solide avec le programme pour les femmes et la paix et la sécurité ».  La pandémie de COVID-19, qualifiée de « plus grande épreuve que connaît la communauté internationale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », a un effet disproportionné sur les femmes et les filles, a-t-il ajouté.  Il a ainsi expliqué que les femmes subissaient une augmentation de la violence fondée sur le genre et que l’on assistait en outre clairement à un détournement de ressources qui auraient dû être consacrées à leur santé, notamment à la santé sexuelle et procréative.  La pandémie pourrait avoir un effet durable sur l’éducation des filles et l’emploi des femmes, a-t-il ajouté.  M. Guterres a notamment relevé que le risque pour les femmes d’être  victimes de violences durant la pandémie pouvait être équivalent ou supérieur à celui d’une zone de guerre. 

M. Guterres a fait observer que les femmes jouaient un rôle clef face à la pandémie en intervenant à tous les niveaux en première ligne du combat contre la COVID-19.  Il a cité les auxiliaires de vie, les infirmières, les enseignantes, les agricultrices, les vendeuses de produits alimentaires et autres travailleuses essentielles qui assurent les services qui permettent aux communautés, aux économies et aux sociétés de fonctionner.  

Le Secrétaire général a également appelé à rendre hommage aux femmes qui sont des bâtisseuses de la paix au niveau local, dans les communautés du monde entier et notamment à celles qui, chaque jour, dans les zones de conflit, aident les personnes exposées au danger, négocient entre divers groupes pour permettre l’accès aux civils et à l’aide humanitaire, instaurent la confiance et resserrent les liens sociaux. 

M. Guterres a rappelé que, dans sa résolution « historique » 1325 (2000), le Conseil avait demandé que des femmes soient nommées à des postes de direction et de décision, partout dans le monde.  Les institutions, les organisations, les entreprises et les gouvernements fonctionnent mieux lorsqu’ils associent la société dans son ensemble, plutôt que la moitié, a-t-il affirmé, ajoutant qu’un rôle de direction et de décision n’était pas une faveur faite aux femmes mais une contribution essentielle à la paix et au progrès de tous. 

Avertissant que le monde ne pourra surmonter la crise climatique, réduire les divisions ou pérenniser la paix sans y associer intégralement toute la société, le Secrétaire général a jugé capital que les femmes jouent un rôle de direction dans tous les domaines, afin de trouver le moyen le plus rapide et le plus sûr de surmonter la pandémie et d’édifier un avenir plus pacifique et plus stable. 

Par ailleurs, tout en saluant les changements importants dans la façon dont l’ONU traite des enjeux de paix et de sécurité internationales, dans les ressources investies et l’expertise déployée depuis l’adoption de la résolution 1325, le Secrétaire général a relevé que l’égalité des genres est avant tout une question de pouvoir et que ce sont les hommes qui dominent les instances du pouvoir. 

Le Secrétaire général a relevé que, dans les faits, les femmes ne dirigeaient que 7% des pays du monde, que les hommes représentaient les trois quarts des membres des équipes et des comités chargés de lutter contre la COVID-19 et que les décisions concernant la paix et la sécurité internationales continuaient d’être prises à une écrasante majorité par des hommes. 

« Même si les femmes sont de mieux en mieux représentées dans les équipes de médiation de l’ONU, elles demeurent largement exclues des pourparlers et des négociations de paix » a en outre regretté le Secrétaire général, qui a noté par exemple que les femmes n’étaient pas équitablement représentées dans les discussions sur le futur de l’Afghanistan menées entre les Taliban et le Gouvernement, celles qui doivent amorcer une transition politique au Mali, ou encore celles des parties au conflit au Yémen.  

« S’assurer que les femmes prennent pleinement part aux processus de paix exige de renforcer les partenariats entre l’Organisation des Nations Unies, les organisations régionales, les États Membres et la société civile » a insisté M. Guterres, avant d’appeler à utiliser toute la gamme d’outils disponibles et trouver des solutions innovantes susceptibles d’avoir un impact rapide et déterminant sur la représentation des femmes.  « Les mesures temporaires spéciales telles que les quotas peuvent faire une énorme différence » a-t-il insisté, avant de préciser qu’il en avait lui-même été témoin en tant qu’homme politique dans son propre pays. 

« Lorsque j’ai pris mes fonctions de Secrétaire général, l’une de mes premières priorités a été de mettre fin à la discrimination à l’égard des femmes au sein de l’Organisation des Nations Unies » a ensuite illustré M. Guterres, qui s’est félicité d’avoir atteint la parité femmes-hommes parmi le personnel de direction employé à plein temps à l’Organisation au début de l’année 2020, ainsi que parmi les Coordonnateurs résidents, « y compris dans les pays touchés par un conflit ».  Il s’est également félicité que la part des femmes exerçant des fonctions de direction dans les missions ait bondi de 21% à 41% en trois ans seulement, et soit désormais de 52% dans les missions politiques spéciales. 

Mettant l’accent sur la valeur ajoutée de la pleine participation des femmes en tant qu’agents en tenue, le Secrétaire général a félicité le Conseil d’avoir adopté cette année la première résolution axée sur les femmes et le maintien de la paix.  Tout en reconnaissant que le nombre de femmes déployées était encore trop faible, il a souligné qu’il avait beaucoup augmenté ces cinq dernières années. 

M. Guterres a par ailleurs rappelé que l’un des principes fondamentaux du programme pour les femmes et la paix et la sécurité est que les armes n’améliorent pas notre sécurité, ce que la pandémie vient de confirmer une fois de plus.  Dans ce contexte, il a particulièrement regretté que les dépenses militaires mondiales aient atteint 1 900 milliards de dollars en 2019, soit la plus forte augmentation annuelle observée depuis 10 ans, alors même que la recherche et la pratique universitaires ont mis en évidence, ces 20 dernières années, les liens étroits entre l’égalité femmes-hommes, la prévention des conflits et la paix. 

Notant que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité appelle à une réflexion plus large sur les moyens de prévenir les conflits, d’empêcher la violence fondée sur le genre et de bâtir des communautés et des sociétés pacifiques et inclusives, le Secrétaire général a souhaité que le relèvement après la pandémie soit l’occasion de lutter contre la militarisation croissante et d’œuvrer à une plus grande inclusion, à l’égalité et à la prévention des conflits et des crises de toutes sortes.  Il a estimé que l’égalité femmes-hommes était l’un des moyens les plus sûrs de renforcer la cohésion sociale pour les gouvernements et les institutions internationales du monde entier.  « Pour les millions de femmes, d’hommes, de filles et de garçons dont les espoirs de paix et de sécurité reposent sur des sociétés plus égales et plus justes », il ne faut pas attendre 20 ans de plus pour mettre en œuvre le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, a conclu le Secrétaire général.

Mme DANAI GURIRA, Ambassadrice de bonne volonté d’ONU-Femmes, a relayé l’appel d’une défenseure des droits de l’homme en vue de mettre fin à l’appui militaire aux opérations au Yémen, parce que les enfants là-bas, en raison des bombardements, ont peur du son de la pluie.  Elle a détaillé les actions d’autres femmes invitées à s’exprimer devant le Conseil au cours des dernières années et qui demandent des comptes aux hommes puissants et sont des faiseuses de paix, plutôt que des fauteuses de troubles.  Elle a rappelé les mots d’une jeune Sud-Soudanaise qui, il y a quatre ans, décrivait, devant ce même Conseil, le Soudan du Sud « comme un enfer pour les femmes. »  Elle a déploré la lenteur des progrès s’agissant de l’inclusion des femmes, celles-ci ne formant par exemple que 19% des parlementaires au monde.  Mme Gurira a également décrit les actions et l’engagement d’autres héroïnes du quotidien, comme au Libéria ou encore en Somalie, avant de plaider pour une coopération multilatérale renforcée en vue de défendre une meilleure inclusion des femmes.  « À votre tour d’entendre ces femmes, à votre tour de défendre la paix et les femmes », a conclu Mme Gurira.

Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA, Directrice exécutive chargée de l’Entité des Nations Unies pour légalité des sexes et lautonomisation desfemmes (ONU-Femmes), a rappelé que la résolution 1325 (2000) est née des guerres survenues dans l’ex-Yougoslavie ou au Rwanda, et de faits commis en Amérique latine et centrale, qui ne pouvaient rester ignorés.  La Conférence mondiale sur les femmes de Beijing en 1995 a reconnu les droits des femmes comme des droits humains. 

Les femmes ont lutté en Colombie, aux Philippines, au Kosovo, a souligné Mme Mlambo-Ngcuka, elles ont travaillé pour obtenir des réparations après les violences subies.  En Afghanistan aussi, les femmes se sont battues pour participer aux pourparlers de paix et influencer les Taliban.  Un fonds dédié soutient plus de 200 organisations de femmes dans de nombreux pays. 

Cela fait 20 ans que l’on dit qu’il faut davantage de femmes dans les initiatives de paix et davantage de femmes en uniforme dans les opérations de maintien de la paix.   « Les chiffres montrent bien que là où les femmes ont participé aux pourparlers de paix, les résultats ont été meilleurs », a fait valoir la Directrice d’ONU-Femmes.  Or, « les négociations sont toujours structurées de façon à donner la haute main à ceux qui ont incité aux violences ». 

Mme Mlambo-Ngcuka a évoqué l’enlèvement des lycéennes de Chibok au Nigéria. Boko Haram, les Taliban, Daech et autres groupes non étatiques doivent comparaître devant la justice pour rendre compte de leurs actes.  « Les femmes manquent de financement », a-t-elle en outre regretté.  Le pourcentage des fonds fournis aux pays en conflit qui va aux femmes atteint à peine 4% et trop peu de ces fonds viennent alimenter les programmes qui les servent directement. 

Le rapport du Secrétaire général sur les femmes, la paix et la sécurité est orienté vers l’avenir et appelle à un changement radical et à des résultats tangibles avec la participation des femmes aux processus décisionnels sur un pied d’égalité avec les hommes.  C’est là une « priorité non négociable pour l’ONU », a indiqué la responsable.  La défense inconditionnelle des droits des femmes est le marqueur le plus identifiable du programme pour les femmes et la paix et sécurité.  L’ONU, a-t-elle reconnu, doit déployer plus d’efforts pour protéger et défendre les droits de femmes. 

Dans tous ses contacts avec les organisations féminines, a relevé Mme Mlambo-Ngcuka, il est toujours question d’accès aux services sanitaires et de santé reproductive.  « Les femmes doivent pouvoir décider librement ce qu’elles veulent faire de leur corps. »  Il s’agit aussi d’inverser les dépenses militaires mondiales qui ont atteint 1 800 milliards de dollars alors même que les gouvernements peinent à financer des services sociaux et éducatifs.  «  Faute d’investissements en faveur des femmes, rien ne changera et ce ne seront que des palabres », a-t-elle mis en garde.  

La Directrice d’ONU-Femmes a jugé indispensable de combler les lacunes qui persistent dans l’application de la résolution 1325 (2020), en préservant les acquis et de façon à « mieux reconstruire » au sortir de la pandémie.  Avec la COVID-19, « on a bien vu que ce sont les femmes qui sont sur les lignes de front » et qu’elles en font bien plus à tous les égards.  Malheureusement, les femmes sont aussi en butte à la violence et à la discrimination, même par ces temps de crise mondiale sans précédent, a-t-elle dénoncé. 

Il faut concrétiser l’appel au cessez-le-feu mondial immédiat lancé par le Secrétaire général au début de la pandémie de COVID-19, a plaidé Mme Mlambo-Ngcuka.  Les conséquences de la pandémie ont non seulement mis à nu le rôle clef des femmes mais aussi les discriminations à leur encontre.  « Nombre de jeunes femmes ne veulent plus être de simples spectatrices passives et veulent diriger le changement qui s’impose. »  Vingt-cinq ans après Beijing, bien des rêves restent lettre morte et il est temps de les réaliser.  Les jeunes, les organisations de la société civile et d’autres parties prenantes agissent activement; il importe de saisir l’occasion qui se présente et d’améliorer la mise en œuvre de tout ce qui a été adopté à ce jour, car chaque jour qui passe est un jour perdu pour édifier la paix et la sécurité des femmes au lendemain de la pandémie, a conclu l’intervenante.  

Mme NATALIIA EMELIANOVA, Conseillère sur la violence sexiste auprès de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), a évoqué son expérience sur le terrain en tant que soldate de la paix, d’abord au Soudan du Sud.  Les résidents locaux craignent souvent les Casques bleus en un premier temps puis, lorsqu’ils voient une femme, ils ont davantage confiance, a-t-elle constaté.  Lors de sa mission, en décembre 2013, la situation au Soudan du Sud s’était détériorée et le mandat de la Mission a été remanié pour mettre l’accent sur la protection des civils.  Elle a expliqué avoir alors notamment veillé à la mise en place d’un lieu d’accueil pour les personnes âgées, les femmes et les enfants, une « première » à l’ONU. 

Mme Emelianova a expliqué qu’à son retour en Russie, elle avait commencé à former des collègues russes et étrangers au maintien de la paix.  En juin 2017, le Ministère de la défense de la Fédération de Russie a organisé une conférence internationale sur la participation des femmes aux missions de maintien de la paix.  De 2017 à 2019, elle a été détachée dans le cadre d’une deuxième mission à Chypre, qui avait un mandat très différent de celle au Soudan du Sud.  Le Ministère de l’intérieur de la Russie l’a ensuite nommée au poste de Conseillère sur la violence sexiste auprès de la FISNUA, également une première.  

Mme Emelianova s’est enorgueillie que sa nomination ait eu lieu un 8 mars, Journée internationale des femmes.  Il est ardu de défendre les droits de femmes opprimées depuis longtemps et l’action de la police passe par une préparation stricte et des outils ainsi qu’une base de données pour analyse, a-t-elle expliqué.  Elle a précisé qu’un bureau avait aussi été créé pour les survivantes de la violence à Abyei et que, pour réussir dans sa tâche, la police de la FISNUA s’efforçait d’inclure la société civile et les autorités locales, entre autres, les activités étant désormais centrées sur les mesures de préservation du personnel de la Mission et les communautés locales contre la propagation de la pandémie.  L’Équipe de la FISNUA a livré 30 000 masques aux comités de protection, aux détenus, aux déplacés internes et à d’autres, a précisé la conseillère. 

Les trois centres de détention ont aussi été inclus dans les programmes et des femmes et des enfants ayant commis des délits mineurs ont été remis en liberté, notamment quatre mineurs, a poursuivi Mme Emelianova, qui a ajouté qu’elle continuait de négocier pour que davantage de femmes soient relaxées.  La participation des chefs de file traditionnels est tout aussi importante, par la création de réseaux de promotion des droits des femmes, a-t-elle signalé. 

Les femmes chargées du maintien de la paix appréhendent les problèmes de manière plus approfondie et établissent une confiance qui facilite le travail des missions de maintien de la paix où elles sont chaque fois plus nombreuses, a estimé Mme Emelianova.  La situation actuelle avec le confinement a accentué les violences sexuelles et sexistes qui restent en outre sous-signalées, et les structures en la matière sont quasi inexistantes, a-t-elle fait observer, avant d’encourager à comparer avec d’autres missions sur le terrain pour s’inspirer de leurs pratiques. 

Présentant les initiatives de son organisation qui recense les cas de violences contre les femmes et les enfants en Afghanistan, Mme ZARQA YAFTALI, Directrice générale de la « Women and Children Legal Research Foundation », a déclaré que les femmes et les enfants afghans vivent une des pires situations au monde.  Elle a rappelé que 100 000 civils ont perdu la vie au cours des 10 dernières années dans ce pays où 70% des femmes sont analphabètes et 75% des filles obligées de se marier avant l’âge de 18 ans.  Tous cela est exacerbé par l’épidémie de COVID-19, a-t-elle témoigné avant de s’inquiéter des conséquences d’une pandémie « qui enferme à nouveau les femmes chez elle ». 

Soulignant les avancées en Afghanistan, Mme Yaftali a noté que beaucoup de filles peuvent aller à l’école à l’abri de la peur, que les médias sont libres et que la Constitution protège les droits des femmes issues de minorités ethniques et religieuses.  Les femmes ne sont plus lapidées et tuées en public et elles commencent à exercer des professions diverses autrefois réservées exclusivement aux hommes.  « Les femmes sont aujourd’hui en mesure de participer à la vie politique et de prendre en main le destin de la société afghane qui est prête à voir arriver des femmes aux postes de prises de décisions », s’est-elle aussi félicitée.   

« Parce que nous savons que ces progrès obtenus de haute lutte peuvent être balayés d’un coup de main », Mme Yaftali a toutefois appelé à défendre les acquis dans la cadre des négociations en cours entre les Taliban et le Gouvernement de l’Afghanistan.  Elle a jugé « insuffisante » la présence de quatre femmes dans l’équipe gouvernementale chargée des négociations.  Elle a exhorté l’ONU, les organisations régionales et tous les acteurs impliqués en Afghanistan à exercer leurs responsabilités afin qu’aucune partie, y compris les Taliban, ne puisse mépriser les droits humains des femmes.  Selon elle, il est indispensable de faire de la prise en compte des droits des femmes une exigence préalable à tout processus de paix.  L’intervenante a suggéré la création d’un comité conjoint entre tous les pays et parties impliqués en Afghanistan pour garantir la sécurité des femmes leaders et activistes et leur donner un rôle majeur dans la promotion de la paix.  Elle a rappelé que la première femme afghane intervenue devant le Conseil de sécurité en 2005 a décrit l’engagement des femmes en faveur de leurs droits comme une « question de vie ou de mort » et appelé le Conseil à ne jamais cesser de défendre ces droits. 

M. JAMES CLEVERLY, Ministre d’État pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord du Royaume-Uni, a souligné la nécessité d’accélérer la mise en œuvre du programme pour les femmes, la paix et la sécurité.  Il a détaillé l’action de son pays en appui dudit programme, en particulier l’apport d’un million de livres sterling au bénéfice du réseau des femmes médiatrices du Commonwealth.  Le Ministre a souligné l’impérieuse nécessité que les femmes bâtisseuses de paix puissent faire entendre leur voix, avant de noter les risques que lesdites femmes encourent. 

« Aucune femme ne devrait voir sa sécurité menacée parce qu’elle défend les femmes ou sa communauté », a déclaré M. Cleverly.  Le Ministre a aussi affirmé que les minorités ethniques et religieuses sont, à l’instar des femmes, souvent réduites au silence.  Il convient d’entendre la voix de la diversité partout, dans tous les domaines, a poursuivi le Ministre.  Il a ensuite noté les conséquences négatives de la pandémie de COVID-19 pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Le Royaume-Uni va débloquer 250 000 livres sterling pour financer des recherches sur les incidences de la pandémie pour les femmes dans les pays en conflit et vulnérables, afin de mieux préparer le relèvement post-pandémie, a annoncé le Ministre.  Enfin, estimant que la paix est un effort continu, le Ministre a affirmé que « l’heure est venue de passer des bonnes intentions à l’action, pour les 20 prochaines années et les décennies qui suivront ». 

Mme MICHELLE MÜNTEFERING, Ministre d’État aux affaires étrangères de l’Allemagne, a qualifié de petite révolution la résolution 1325 (2000), le Conseil de sécurité disant très clairement que la participation des femmes était essentielle pour la paix et la sécurité internationales, et que la violence familiale et dans les conflits devait être punie en tant que crimes.  

Il fallait aussi entendre la voix des femmes et leur faire une place dans les négociations et à tous les niveaux, a rappelé la ministre, pour qui, à présent encore, les femmes restent exclues des processus de paix, leurs droits ignorés lors de la reconstruction à la sortie des conflits, et les violences, impunies. Pire encore, certains droits sont aujourd’hui remis en question, a ajouté Mme Müntefering.  L’Allemagne a bien l’intention de pousser à la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) et faire de cette question une priorité clef de son action, en particulier pour la comparution devant la justice des auteurs des violences.  Les droits génésiques et reproductifs doivent également être défendus. 

Pour Mme Müntefering, les femmes peuvent jouer un rôle crucial pour le programme pour les femmes et la paix et la sécurité et il convient de donner suite à leurs recommandations par l’intégration, comme norme, de leurs points de vue dans le système.  Elle a souligné la responsabilité conjointe d’honorer les engagements pris dans la résolution et de toutes celles qui ont suivies sur cette problématique. 

Récemment, plusieurs propositions ont été faites, et suivies d’effet, a noté la Ministre, en rendant un hommage appuyé à toutes les femmes qui défendent la paix, avant d’inviter à leur protection en toutes circonstances.  L’Allemagne insistera toujours en faveur des initiatives des femmes, comme dans les processus de paix au Soudan et au Yémen, a encore affirmé Mme Müntefering.  Elle a aussi rappelé le courage des femmes biélorusses qui se battent à présent pour un changement.  L’Allemagne inclura toujours des femmes dans ses délégations.  « Le monde a besoin de femmes, et que celles-ci soient au centre de la scène », a-t-elle conclu.   

La France a salué le fait que la Fédération de Russie ait fait des droits des femmes une priorité de sa présidence du Conseil de sécurité et a émis le souhait que « cela signale un nouvel élan de l’engagement de la Russie en faveur de l’agenda Femmes, Paix et Sécurité. »  Vingt ans après l’adoption de la résolution 1325 (2000), nous sommes encore loin d’atteindre les objectifs fixés, a déclaré la France.  « L’heure n’est donc pas à la célébration. »   

Depuis 20 ans, les progrès accomplis en matière de droits des femmes et des filles n’ont cessé d’être remis en cause par la succession de crises, dont les femmes sont les victimes systématiques, a poursuivi la délégation.  Pour la France, le retour en arrière est une menace constante à chaque conflit ou chaque crise, dont la pandémie actuelle.  « Le temps n’est plus au constat mais aux actes » et le Conseil de sécurité ne doit tolérer aucune régression.  

Pour la France, les femmes sont encore insuffisamment présentes au sein de l’ensemble des processus de paix et de sortie de crise.  Les efforts sont réels, en Afghanistan, au Yémen, en Libye, au Mali et en République démocratique du Congo notamment, mais les négociatrices et les médiatrices n’ont pas la place qu’elles méritent et qui leur revient dans ces processus.  « Soyons honnêtes, le vivier est là ; il a besoin d’être utilisé », a déclaré la délégation.  C’est pourquoi la France finance des formations pour des femmes civiles et militaires.  

La France appelle à une action déterminée et résolue contre le fléau des violences sexuelles et fondées sur le genre, en estimant que la prévention de ces violences ne relève pas d’un choix mais d’une exigence.  Elle regrette les entraves à l’accès aux droits et à la santé sexuels et reproductifs, encore aggravées par la pandémie, ainsi que la politisation de ces enjeux, qui conduit à perdre de vue l’intérêt supérieur des femmes et des filles.   La France condamne tout discours ouvertement sexiste, misogyne ou homophobe et soutient les actions en faveur de la résilience des victimes de ces violences grâce à une importante contribution au Fonds mondial pour les survivant(e)s de violences sexuelles créé par le Dr Mukwege et Mme Murad.   Enfin, la délégation a indiqué que la France lancerait cette année un Fonds de 120 millions d’euros pour soutenir des organisations féministes, notamment dans les pays en développement.  

La Tunisie a déclaré qu’au cours de ces 20 dernières années, des résultats encourageants ont été enregistrés dans les droits des femmes et dans la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) et des autres qui ont suivi.  Mais on voit bien que 20 ans plus tard, la mise en œuvre de cette résolution doit encore être complétée et intégrée dans ses quatre piliers, a poursuivi la délégation.   Il faut également réaffirmer son lien avec le Programme d’action de Beijing et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.   Il faut en outre reconnaître la contribution importante des organisations de femmes de la société civile.  La Tunisie a pour sa part mis en place un comité de suivi de mise en œuvre de ladite résolution, composé à 50% de représentantes de femmes de la société civile.   

Pour la Tunisie, la pandémie a aggravé la situation des femmes dans le monde.  Pour cette raison, les États doivent redoubler d’efforts, y compris en soutenant les organisations de femmes, qui pour l’heure sont souvent sous-financées.  Une attention doit par ailleurs être accordée aux violences faites aux femmes; reconnaître que les femmes ne sont pas un groupe homogène, et donc adopter des mesures spécifiques pour chaque situation.   Il faut en outre intégrer des approches de genre dans les politiques nationales.  La délégation a conclu en assurant que telle est la voie suivie par son pays.  

Les États-Unis ont rappelé qu’ils ont montré leur engagement dans le cadre du sujet à l’ordre du jour par le vote de la loi « femmes, paix et sécurité » de 2017, devenant ainsi le premier pays à codifier son engagement dans sa législation nationale.  En juin dernier, l’Administration Trump a lancé sa stratégie « femmes, paix et sécurité » qui promeut un rôle de premier plan pour les femmes dans le règlement des conflits, la lutte contre le terrorisme et le maintien de la paix au sortir des conflits.  « Les femmes représentent une voix forte, mais elles doivent maintenant être entendues, particulièrement dans le domaine du maintien de la paix », a déclaré la délégation, en relevant leur participation efficace au sein des troupes de maintien de la paix au Soudan du Sud.  « Plus le nombre de femmes investies dans ces missions augmente, plus les incidents diminuent, en particulier les violences et les abus sexuels. »  Les États-Unis ont insisté sur l’application d’une politique de tolérance zéro contre les auteurs de violences sexuelles, qui implique de rapatrier et traduire en justice les coupables. 

La délégation s’est dite préoccupée par les violences à grande échelle qui ont eu lieu en République démocratique du Congo dans le cadre des missions liées à la lutte contre la maladie à virus Ebola.  Elle a insisté sur la priorité à donner à la protection des femmes et des filles, à l’aide humanitaire et à la lutte contre l’exploitation sexuelle dans le monde entier.  Elle a noté les efforts consentis par les États-Unis pour promouvoir la participation des femmes dans les processus de paix, citant leur rôle d’importance dans les processus en Colombie et en Afghanistan, où elles doivent absolument être protégées contre les menaces qu’elles subissent.  Les États-Unis se sont dits prêts à aider les États Membres à prendre des mesures pour l’égalité et la participation des femmes et a loué les efforts de l’Indonésie et du Kenya.  Ensemble, nous devons protéger les droits des femmes et promouvoir leur participation aux processus politiques, a conclu la délégation.  « Notre monde sera d’autant plus sûr et prospère que les femmes seront entendues ». 

L’Estonie a déclaré que les droits humains sont le socle du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Les violations des droits humains sont reconnues comme l’une des causes de conflit, tandis que les restrictions des droits des femmes et l’absence d’une égalité entre les genres augmentent les risques que ces dernières courent en temps de conflit et sapent leur pleine participation aux processus de paix.  La mission a souligné l’importance de l’accès aux droits et à la santé sexuelle et reproductive en temps de conflit.  « Tout recul s’agissant des droits des femmes ne fait que fragiliser le programme pour les femmes et la paix et la sécurité. »  La mission a souhaité une obligation de rendre compte accrue s’agissant de la mise en œuvre dudit programme et mentionné la préparation en cours en Estonie du troisième plan d’action national. 

L’Estonie a défendu une participation renforcée des femmes aux processus de paix, celle-ci demeurant insuffisante.  « Face au rétrécissement de l’espace politique, civique et physique dévolu aux femmes, le Conseil doit faire clairement entendre sa voix », a déclaré l’Estonie.  La mission a ensuite plaidé pour une action commune face aux menaces pesant sur les défenseures des droits humains et pour l’apport de ressources suffisantes pour inclure au sein des missions onusiennes des conseillers sur le genre, la protection des femmes et la protection des droits humains.  Nous devons faire mieux pour promouvoir le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, a conclu l’Estonie. 

La République dominicaine a cité des objectifs loin d’être réalisés, s’agissant de la mise en œuvre de la résolution 1325 et du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.   Il est inacceptable qu’au XXIe siècle, certains continuent de saper les droits des femmes au nom de normes culturelles, traditionnelles et religieuses, a affirmé la délégation, qui a souligné l’importance du cadre que représente la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes en mettant tout particulièrement l’accent sur la recommandation générale numéro 13. 

En outre, la République dominicaine demande que les femmes membres de la société civile et les défenseuses des droits humains doivent être protégées par les États et appuyées sans compter par le Conseil de sécurité, pour qu’elles puissent continuer leur travail de plaidoyer sans peur de représailles.   La délégation a estimé que ces questions de droits des femmes devaient être au cœur de tous les processus de paix afin que ceux-ci puissent être crédibles.   « Notre Conseil de sécurité ne doit pas perdre de vue les conséquences de la prolifération des armes légères et de petit calibre sur les perspectives de genre », a-t-elle également souligné.   

La délégation a appelé à transformer la culture d’impunité en une culture de reddition des comptes et jugé important d’inclure des données ventilées par sexe dans tous les rapports des missions de maintien de la paix.    Elle a dit l’importance du Groupe informel d’experts chargé de la question des femmes et de la paix et de la sécurité pour améliorer la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité sur le terrain.   En conclusion, la République dominicaine a appelé à une détermination sans faille des États Membres et du Conseil de sécurité afin que les avancées de ces 20 dernières années ne soient remises en question.     

La Chine a rappelé la connexion entre la promotion du rôle des femmes à l’échelle internationale et les objectifs de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a insisté sur la nécessité de leur participation plus importante à la paix et à la sécurité.  La délégation a vanté le rôle des femmes Casques bleus chinoises au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), leur rôle dans les hôpitaux de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et la récompense décernée à une femme chinoise chargée du déminage pour la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).  Dénonçant les crimes sexistes, la Chine a recommandé de prendre en compte les causes sous-jacentes des conflits et encouragé à une plus grande participation des femmes dans les « points chauds » et dans la résolution des conflits par la médiation.  Elle a défendu la promotion de l’égalité des sexes, conformément à la Déclaration de Beijing, et rappelé son engagement en faveur de l’autonomisation des femmes par le développement durable.  Outre une participation accrue des femmes dans les processus politiques, la délégation a souligné l’importance de leur protection économique. 

Notant les conséquences graves de la pandémie de COVID-19, durant laquelle les femmes et les groupes les plus vulnérables encourent des risques « colossaux », la Chine a appelé les États Membres à contribuer à la cause des femmes par la voie du multilatéralisme et de la coopération au niveau régional, avec le soutien de toutes les entités compétentes de l’ONU.  Mais, a-t-elle rappelé, il est nécessaire de respecter la souveraineté des États et de prendre en compte les conditions particulières de chaque pays.  Mettant en avant les mesures concrètes mises en œuvre par le Président chinois, notamment un plan d’aide maternelle qui a déjà bénéficié à 30 000 femmes, et l’organisation dans cinq ans d’une nouvelle conférence des femmes à Beijing, la délégation a loué les efforts internationaux en faveur de l’éducation des femmes, propres à accélérer la réalisation du Programme 2030. 

L’Indonésie a invité à ne pas verser dans l’autosatisfaction s’agissant des progrès accomplis en 20 ans.  Comme le Secrétaire général l’a rappelé, les femmes ne représentent, dans les processus de paix majeurs dans le monde, que 13 % des négociatrices et 6% des médiatrices.  L’Indonésie a donc plaidé pour une implication accrue des femmes en tant que médiatrices et négociatrices, afin d’apporter une plus grande légitimité aux processus de paix et d’assurer une paix durable.  La mission a mentionné le réseau mis en place par l’Indonésie et l’Afghanistan afin d’augmenter le rôle des femmes afghanes dans le processus de paix. 

La délégation a demandé un appui accru aux femmes Casques bleus, non seulement en augmentant leur nombre, mais en instaurant un environnement qui leur soit favorable et en renforçant leurs compétences par le biais de formations.  Les compétences des femmes sont précieuses pour l’instauration de la paix et la protection des victimes de violence sexuelle en temps de conflit.  La mission a indiqué que 157 femmes indonésiennes servent au sein des missions onusiennes, en tant que Casques bleus ou policières.  Enfin, l’Indonésie a souligné la nécessité de partenariats des autorités nationales avec la société civile et les communautés afin d’assurer la pleine mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  « En misant sur les femmes, nous misons sur la paix. » 

Saint-Vincent-et-les Grenadines  a rendu hommage aux femmes qui sont les architectes du programme pour les « femmes et la paix et la sécurité » au sein de la société civile.   La délégation a cependant regretté qu’à ce jour, les femmes restent sous-représentées dans les processus de paix à travers le monde et qu’elles soient trop souvent encore visées par des menaces et des violences sexuelles.   Le Conseil de sécurité doit intégrer une approche de parité femme-homme en veillant à éliminer toute forme de discrimination transversale dont sont victimes les femmes dans les conflits, qu’elles soient en uniforme ou pas.  

Les résultats sont insuffisants,  a tranché la délégation, qui a appelé à mieux financer le plan d’action pour la participation des femmes à tous les niveaux et toute autre initiative en ce sens.   En conclusion Saint-Vincent-et-les Grenadines a estimé qu’il ne saurait y avoir de développement sans que les femmes soient impliquées sur un pied d’égalité.  

L’Afrique du Sud, après avoir salué les progrès réalisés depuis l’adoption de la résolution 1325 (2000) il y a 20 ans, a néanmoins appelé à l’accélération de sa mise en œuvre.   La délégation a reconnu l’impact de la pandémie de COVID-19 sur la question des « femmes, la paix et la sécurité » et a concédé qu’il n’avait pas encore été entièrement défini.   Cependant, pour l’Afrique du Sud, il est impératif à ce stade de prendre en considération le fait que la pandémie a non seulement présenté des défis, mais aussi des opportunités en ce qui concerne la manière dont cette question peut être traitée, en particulier pour faire progresser les piliers de participation et de représentation des femmes.  Pour la délégation, cela concerne notamment l’utilisation de moyens virtuels pour accroître la participation des femmes à divers processus de paix.  Toutefois, a mis en garde l’Afrique du Sud, si les engagements virtuels ont montré que l’inclusion des femmes est possible, ils ne doivent pas être utilisés pour exclure les femmes des interactions physiques.  

Pour l’Afrique du Sud, sur la question des « femmes, la paix et la sécurité » est un outil d’autonomisation permettant aux femmes de s’impliquer activement dans divers processus de paix, en particulier dans la prévention, le rétablissement et la consolidation de la paix.  À cet égard, l’Afrique du Sud s’est engagée à contribuer à réduire la sous-représentation des femmes dans les postes de médiation, de négociation et de direction.  Elle dispense une formation annuelle aux femmes médiatrices et négociatrices aux niveaux local et continental et de nombreuses femmes en ont bénéficié et participent déjà activement aux processus de paix dans leur pays respectif, dont la République centrafricaine, la République démocratique du Congo et le Soudan du Sud. 

L’Afrique du Sud a également réitéré son soutien à la stratégie de parité entre les sexes à l’échelle du système de l’ONU et à la stratégie de parité entre les sexes du personnel en uniforme du Département des opérations de paix.  La toute première résolution du Conseil de sécurité sur les femmes dans les opérations de paix, récemment adoptée, ajoute au nombre croissant de cadres normatifs relatifs à cette question.  C’est d’autant plus important pour l’Afrique du Sud parce qu’elle reste le principal pays fournisseur de troupes féminines dans les opérations de paix de l’ONU avec 15,1% de femmes au sein de ses troupes déployées. 

Avant de conclure, la délégation a souligné le rôle central des organisations régionales dans l’avancement du programme pour les « femmes et la paix et la sécurité » et a demandé que les futurs   rapports du Secrétaire général fournissent des détails sur les efforts des organisations régionales telles que l’Union africaine et ses organisations sous-régionales pour le promouvoir. 

La Belgique a rappelé que quatre femmes seulement sur 850 délégués avaient participé en 1945 à la signature de la Charte des Nations Unies, se félicitant du chemin parcouru depuis.  Elle a qualifié la résolution 1325 (2000) de véritable jalon, source d’une série de résolutions liées au genre et d’un solide ensemble d’outils de mise en œuvre comme le Groupe d’experts sur la thématique femmes, paix et sécurité et la création du bureau d’une représentante spéciale pour les violences sexuelles liées aux conflits.  

La délégation a fait savoir que la Belgique met en œuvre son troisième plan d’action national pour l’égalité des sexes, la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la promotion des droits sexuels et reproductifs, et qu’elle s’est engagée à augmenter ses contributions annuelles à des projets de lutte contre la violence liée au genre, tout en soutenant notamment les efforts d’ONU-Femmes.  En République démocratique du Congo, la Belgique soutient des projets dans l’est du pays pour aider les organisations de base sur les questions de violence sexiste, de la formation et de l’autonomisation des femmes rurales. 

La délégation a noté que « les femmes sont toujours sous représentées dans de nombreux organes de décision au niveau mondial ainsi que dans les processus de paix, comme ceux liés au terrorisme ou au désarmement ».  Elle a appelé à faire pression en faveur de « normes minimales » en veillant à ce que les femmes soient pleinement impliquées en tant que partenaires égales, comme en Colombie ou dans les négociations en Afghanistan.  Elle a insisté pour que l’on donne à la société civile les moyens d’agir pour soutenir les femmes défenseurs des droits de l’homme et lutter contre les stéréotypes négatifs auxquels elles sont confrontées.  En Libye, par exemple, des militantes de la société civile font face à des représailles de plus en plus nombreuses.  La délégation a appelé à intensifier les efforts pour amener les auteurs de tels actes à en répondre.  Elle a conclu en demandant une amélioration de la collecte de données sur les questions les plus urgentes concernant les femmes et les filles, et en encourageant les bailleurs de fonds à conditionner leurs contributions à la mise en œuvre d’une planification prenant en compte des spécificités liées au genre. 

Le Viet Nam a noté qu’entre 2017 et 2019 environ 70% des résolutions du Conseil ont mentionné de manière explicite le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, alors que 15% de résolutions seulement le faisaient entre 2000 et 2005.  « Beaucoup reste cependant à faire. » La délégation a exhorté tous les États à appuyer, dans ce contexte de pandémie, l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu mondial afin de ramener l’espoir auprès des plus vulnérables, dont les femmes et les filles.  La délégation a souligné la nécessité de prévenir les conflits et de remédier à leurs causes profondes.  Elle a ensuite appelé de ses vœux une action robuste afin d’aboutir à un changement radical dans la participation des femmes aux processus de paix.  Les femmes doivent être impliquées sur un pied d’égalité à toutes les étapes des processus politiques.  

Le Viet Nam a appelé la communauté internationale des donateurs à continuer de fournir un minimum de 15% de l’aide publique au développement aux pays en proie à un conflit en vue de promouvoir l’égalité entre les genres.  Enfin, la délégation a rappelé que les femmes vietnamiennes se sont battues pour la liberté et l’indépendance du Viet Nam, avant de jouer un rôle essentiel dans le relèvement et le développement du pays.  Les organisations de femmes ont joué un rôle actif dans le nettoyage des mines et dans l’assistance aux victimes de l’agent orange et aux familles des anciens combattants, a encore précisé le Viet Nam. 

Pour le Niger, si, 20 ans après l’adoption de la résolution 1325 (2000), des progrès ont été réalisés, il reste encore beaucoup à faire.   Les femmes restent largement sous-représentées dans la prise de décisions, y compris au Niger.  Pour remédier à cette situation, le Niger a, en octobre dernier, augmenté son quota de femmes aux postes électifs de 15% à 25% et les nominations aux postes de responsabilité au sein de l’État de 25% à 30%.   

Pourtant, il faut faire plus, y compris au sein du Conseil de sécurité, estime le Niger.   Les consultations avec les organisations de femmes de la société civile sont importantes et doivent être significatives, suivies de manière appropriée.   Il faut en outre assurer la mise en œuvre des recommandations issues du processus d’examen de la résolution 1325 (2000) réalisé en 2015. 

Pour la délégation, le fossé entre les engagements de la communauté internationale et la réalité ne peut être comblé que si le travail des femmes artisanes de la paix est « adéquatement » soutenu.   Or, les organisations de femmes restent « gravement » sous-financées.   Le fait que seulement 0,2% de l’aide bilatérale totale destinée aux interventions en zones précaires et en conflit vont directement aux organisations de femmes est « tout simplement regrettable », a jugé la délégation, ajoutant qu’il faudrait faire en sorte que davantage de financements soient alloués à ces organisations, en particulier à celles qui travaillent au niveau local.    

Le Niger a en outre souligné la nécessité de s’attaquer aux facteurs sexo-spécifiques des conflits et à la manière dont ils se recoupent avec les vulnérabilités existantes.   Prenant exemple de la situation des pays du Sahel, il a jugé essentiel de mener une analyse et un travail « plus poussés » de la situation, à l’intersection du programme pour les femmes et la paix et la sécurité et des questions liées au climat.   De plus, la lutte contre certaines des inégalités structurelles et de la discrimination à l’égard des femmes et des filles reste « primordiale » pour la prévention des conflits.   À cet égard, l’accès à l’éducation est l’un des moyens les plus sûrs de s’attaquer à certains des moteurs du conflit, a estimé la délégation.  

Si les femmes sont souvent les premières victimes dans les situations de conflit, elles sont également à l’avant-garde des changements majeurs, a fait valoir la délégation, qui a cité le rôle joué par les jeunes femmes au Soudan et plus récemment dans d’autres régions du continent africain.  Le Niger demande qu’une protection plus étendue soit accordée aux femmes défenseurs des droits humains qui font face à de graves représailles en raison de leur travail « essentiel ».   

Le Niger, « grand pays fournisseur de contingents », appelle en outre à une participation plus efficace des femmes aux opérations et missions de maintien de la paix.   Il suggère également que les accords de paix continuent de contenir des dispositions spéciales pour les femmes.   

La Fédération de Russie, qui assurait la présidence de la séance, a déclaré avoir écouté avec le plus grand intérêt les discours des différentes intervenantes, qui toutes œuvrent pour la paix dans le monde à travers diverses actions essentielles de l’ONU ou de ses partenaires.   Elle a ajouté que la résolution 1325 (2000) jouait depuis plus 20 ans un rôle moteur dans la mise en œuvre de la feuille de route de l’Organisation pour parvenir à la parité et à l’amélioration de la condition féminine. 

Il est regrettable qu’en raison de la pandémie de COVID-19, la tenue du débat d’aujourd’hui n’est pas pu se faire en personne, a ajouté la Fédération de Russie, qui a attiré l’attention sur les dispositifs mis en œuvre depuis l’adoption de la résolution pour impliquer directement les femmes dans les domaines clefs de la prévention contre les violences sexuelles et sexistes, la protection des civils ou encore le renforcement des mesures de paix dans les conflits armés. 

Pour la Fédération de Russie, la pleine participation des femmes dans ces domaines améliore concrètement les situations sur le terrain, cela, en renforçant les relations de confiance des missions avec les populations locales, en contribuant à la réintégration sociale des victimes de violences et en luttant contre les auteurs de crimes sexuels ou ciblant les femmes et les filles.   La Fédération de Russie a également souligné le rôle déterminant des centres russes de formation au déploiement des femmes dans des opérations de maintien de la paix, notant qu’à ce jour pas moins de 17% des femmes déployées sur ces terrains étaient russes.  

Continuons d’accorder une attention accrue à la situation des femmes dans les situations de conflit armé, protégeons la famille et, pour cela, évitons les doublons stratégiques et opérationnels entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix, a ensuite recommandé la délégation russe.   Enfin, elle a annoncé son intention de rejoindre le Groupe de travail informel du Conseil de sécurité sur les femmes et la paix et la sécurité, escomptant y apporter sa contribution « dans le cadre de délibérations intergouvernementales constructives et non-politisées  ».   Les membres de ce conseil doivent être unis autour de ces questions importantes, a insisté la Fédération de Russie.

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