Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité sur le Yémen
On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite, aujourd’hui, par le Président du Conseil de sécurité pour le mois d’octobre, M. Vassily Nebenzia (Fédération de Russie):
Les membres du Conseil de sécurité ont réaffirmé que seule une solution politique sans exclusive peut mettre fin au conflit au Yémen et ont souligné leur soutien indéfectible à l’Envoyé spécial des Nations Unies, Martin Griffiths. Ils ont engagé les parties à souscrire sans attendre aux propositions faites dans la Déclaration conjointe élaborée avec l’aide de l’ONU afin de parvenir à une paix générale et durable. Ils ont insisté sur la nécessité d’accepter d’urgence la Déclaration conjointe afin de permettre la négociation d’un accord général de transition visant à mettre fin au conflit au moyen du partage du pouvoir entre les diverses composantes politiques et sociales. Ils ont souligné l’importance d’un processus politique ouvert à tous, avec la participation pleine et effective des femmes et des jeunes. Ils ont appelé à la reprise rapide des pourparlers entre les parties, sous la médiation de l’Envoyé spécial des Nations Unies.
Les membres du Conseil ont réitéré leur attachement à un processus politique sans exclusive dirigé et pris en main par le Yémen, comme prévu dans les résolutions pertinentes de l’Organisation des Nations Unies, y compris la résolution 2216 (2015), ainsi que l’initiative du Conseil de coopération du Golfe et son mécanisme de mise en œuvre et les textes issus de la Conférence de dialogue national. Ils ont réaffirmé la ferme détermination de la communauté internationale à défendre la souveraineté, l’unité, l’indépendance et l’intégrité territoriale du Yémen.
Les membres du Conseil ont salué l’annonce du 28 juillet concernant la reprise de la mise en œuvre de l’Accord de Riyad et la médiation menée par le Royaume d’Arabie saoudite à cet égard. Ils ont engagé le Gouvernement yéménite et le Conseil de transition du Sud à appliquer intégralement l’Accord de Riyad sans attendre.
Les membres du Conseil se sont félicités que les parties aient accepté le 27 septembre de libérer 1 081 prisonniers, ce qui constituait un grand pas dans la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm et une importante mesure de confiance. Ils se sont félicités des vols effectués les 15 et 16 octobre, ont souligné l’importance de la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord, ont salué la volonté des parties de poursuivre les négociations sur l’application de l’accord sur l’échange de prisonniers et ont demandé instamment aux parties de se réunir rapidement à cette fin.
Les membres du Conseil ont souligné la nécessité d’une désescalade partout au Yémen et d’un cessez-le-feu national, et ont demandé qu’il soit donné suite immédiatement à l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial, énoncé dans la résolution 2532 (2020), et à son appel du 25 mars à une cessation immédiate des hostilités au Yémen. Ils ont condamné la recrudescence des combats au Mareb qui exposait les personnes déplacées à de graves risques et menaçait de faire dérailler le processus de paix mené sous l’égide de l’ONU. Ils ont souligné leur préoccupation face aux actes de violence qui continuent d’être commis dans le cadre du conflit au Yémen, et ont condamné fermement les attaques que les houthistes continuent de perpétrer contre l’Arabie saoudite et qui constituent une grave menace pour la sécurité régionale. Ils ont également condamné la récente recrudescence des opérations militaires dans la province de Hodeïda, qu’ils considèrent comme une violation de l’Accord sur Hodeïda et qui risque de compromettre le processus de paix. Ils ont appelé à une cessation immédiate des combats et à la collaboration avec les mécanismes conjoints d’application de la MINUAAH. Ils ont également réaffirmé l’importance que revêt le plein respect de l’embargo ciblé sur les armes décrété par le Conseil contre le Yémen.
Les membres du Conseil de sécurité ont rappelé la nécessité pour les parties de respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, notamment en matière d’accès humanitaire et de protection des biens de caractère civil et des civils eux-mêmes, ainsi que de protection des personnels humanitaires et sanitaires et de leurs installations. Ils ont rappelé la nécessité de protéger les enfants et les femmes contre toutes les formes de violence. Ils ont souligné la nécessité pour les parties de prévenir les violations des droits de l’homme et les atteintes graves à ces droits.
Les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur profonde inquiétude quant au risque réel de voir survenir une famine au Yémen cette année si la perturbation des importations de denrées alimentaires se prolonge ou si les entraves à la distribution de ces dernières ne sont pas levées, ou si l’effondrement de l’économie se poursuit, aggravé par l’épidémie de COVID-19 et les invasions de criquets. S’attaquer aux facteurs de l’insécurité alimentaire, notamment en mettant fin au conflit et en permettant l’acheminement sans entrave des fournitures et du personnel humanitaires, contribuerait à atténuer les souffrances du peuple yéménite. Ils ont appelé les donateurs qui ont apporté des contributions importantes par le passé à donner dès maintenant plus de moyens à l’ONU pour l’action humanitaire qu’elle mène au Yémen, et à verser rapidement les fonds promis. Ils ont également fait observer que tous les donateurs, y compris les nouveaux et les petits, avaient un rôle à jouer pour améliorer la situation humanitaire, en se faisant les relais des messages de plaidoyer et en finançant des partenaires humanitaires sur le terrain. Ils ont noté le rôle central de l’effondrement économique dans l’accroissement du risque de famine et ont exhorté les partenaires du Yémen à envisager toutes les mesures possibles pour renforcer l’économie, notamment des injections régulières de devises dans les caisses de la Banque centrale et des dispositions visant à soutenir le flux des importations commerciales essentielles qui arrivent par tous les ports du pays.
Les membres du Conseil de sécurité ont souligné les obstructions aux opérations d’aide humanitaire et l’ingérence dans ces opérations. Bien qu’ayant pris acte des premières mesures mises en œuvre par les Houthistes pour résoudre ces problèmes, ils ont souligné l’impérieuse nécessité de faire des progrès plus rapides dans l’ensemble pour permettre aux organisations humanitaires de continuer à fournir une aide vitale à des millions de personnes vulnérables dans tout le Yémen. Ils ont appelé toutes les parties yéménites à faciliter l’acheminement complet, en toute sécurité et sans entrave de l’aide humanitaire à toutes les personnes dans le besoin.
Les membres du Conseil de sécurité ont par ailleurs reconnu la grave menace que représente le pétrolier Safer, dont l’état de délabrement extrême risque de provoquer une catastrophe environnementale, économique et humanitaire au Yémen et dans la région, et ont appelé les Houthistes à faciliter d’urgence un accès sûr et inconditionnel aux experts de l’ONU afin qu’ils puissent mener la mission d’évaluation et de réparation dont le principe a été négocié entre les Houthistes et l’UNOPS. Ils ont salué les récentes contributions du Royaume d’Arabie saoudite, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, des Pays-Bas et de la France, ainsi que la mobilisation de la Facilité de soutien à la paix.