Conseil de sécurité: premier bilan de la résolution 2532 exigeant la cessation des hostilités pour faire face à la pandémie de COVID-19
Trois secrétaires généraux adjoints ont défilé, ce matin, devant le Conseil de sécurité pour faire un premier bilan de la résolution 2532 (2020). Adoptée à l’unanimité le 1er juillet 2020, celle-ci appelle à la cessation générale et immédiate des hostilités dans toutes les situations de conflit afin de faire face à la pandémie de COVID-19.
Mme Rosemary DiCarlo, aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, M. Jean-Pierre Lacroix, aux opérations de paix et M. Mark Lowcock, aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence ont conversé avec les membres du Conseil par visioconférence en raison des mesures de confinement imposées pour faire face à la pandémie de COVID-19.
Dans un premier temps, Mme DiCarlo s’est préoccupée, entre autres, de l’érosion de la confiance dans les institutions publiques et la corruption liée aux ripostes à la pandémie de COVID-19, l’augmentation des discriminations, y compris dans l’accès aux services de santé, et l’impact sur les femmes des coûts économiques de la pandémie. Elle a également dénoncé les limites imposées aux médias et à la liberté d’expression, la diffusion de désinformations sur la pandémie via les plateformes de médias sociaux ainsi que les décisions de reporter des élections. Sur ce dernier point, elle a précisé avoir veillé à donner des orientations claires sur les aspects opérationnels de la tenue d’élections en période de COVID-19.
Mme DiCarlo a par ailleurs signalé que contrairement aux craintes, on n’a observé aucun changement significatif dans la dynamique de plusieurs conflits armés en cours à la suite de la COVID-19, notant en outre certaines réponses « encourageantes » à l’appel au cessez-le-feu du Secrétaire général, du 23 mars, notamment au Yémen et en Libye.
De son côté, M. Lacroix, chef des opérations de paix, a signalé que les effets combinés de la pandémie peuvent avoir un impact négatif sur la mise en œuvre du mandat de maintien de la paix. Aider à prévenir et à contenir la propagation du virus là où des opérations de maintien de la paix sont déployées est donc non seulement un impératif moral, mais aussi une priorité politique ainsi qu’une exigence opérationnelle, a-t-il affirmé.
M. Lacroix a également fait le point sur les mesures mises en place pour prévenir la propagation du virus au sein des missions sur le terrain précisant qu’à la date du 9 septembre, 1 049 cas avaient été enregistrés avec 609 rétablissements, 440 cas encore actifs et 18 décès. Une attention particulière a été accordée, dès le début, aux déplacements des Casques bleus dans et hors des pays d’accueil, a-t-il indiqué.
Dans le cadre de la riposte à la pandémie, a ajouté M. Lacroix, le système global d’évaluation de la performance a été utilisé pour aider plusieurs missions à planifier, suivre et montrer l’impact de leurs efforts pour aider à prévenir la propagation de la COVID-19 et à renforcer leur capacité à soutenir les efforts des pays d’accueil et à assurer la poursuite de la mise en œuvre des mandats. La pandémie nous a aussi obligés à recalibrer la protection des civils et d’autres domaines d’activité à l’appui des populations, tout en veillant à ce que ces activités essentielles se poursuivent, a indiqué le chef des opérations de paix de l’ONU.
Pour sa part, M. Mark Lowcock, Coordonnateur des secours d’urgence, a prévenu qu’à moyen et long terme, ce sont les pays les plus faibles, les plus fragiles et les plus touchés par un conflit qui pâtiront des effets de la COVID-19. Les conséquences indirectes, économiques pour l’essentiel, de la pandémie dans ces pays éclipsent l’impact du virus lui-même, a-t-il prévenu.
M. Lowcock a en outre signalé que sans le Plan de réponse humanitaire global COVID-19, qu’il a qualifié de « bouée de sauvetage », de nombreuses opérations humanitaires auraient été suspendues, déplorant toutefois la limite des fonds engagés en faveur des pays à faible revenu. Le Plan nécessite un apport de 10 milliards de dollars pour les six prochains mois afin de soutenir 250 millions de personnes dans 63 pays, a précisé le Coordonnateur des secours d’urgence qui a par ailleurs insisté sur le rôle important que doivent jouer les institutions financières pour aider les pays les plus vulnérables à surmonter la crise.
À l’issue de ces interventions, l’Afrique du Sud a noté avec inquiétude que l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial n’est pas largement respecté par les parties en conflit dans le monde, relevant en outre que là où l’appel avait initialement été entendu, des tensions se sont accrues et les progrès réalisés en vue d’un règlement politique ont été sapés.
Le Niger a en outre alerté que dans le Sahel, la pandémie a ajouté une nouvelle couche à une situation déjà désastreuse, rendant les populations particulièrement vulnérables à l’apparition de maladies et à la faim, sans oublier les campagnes de désinformation et de stigmatisation menées par les groupes terroristes.
Alors que la France a appelé à un « sursaut collectif », la Belgique s’est de plus souciée de l’impact de la pandémie sur les femmes et les filles et a dit être particulièrement préoccupée par le fait que l’ONU n’a actuellement pas les moyens de faire face à la pandémie de COVID-19 parce que les États Membres ne paient pas à temps leur quote-part.
De son côté, la Chine a appelé à la levée des sanctions unilatérales qui, s’est-elle inquiétée, entravent gravement la capacité des pays ciblés à répondre à la pandémie. Les États-Unis ont vertement dénoncé les « défaillances » de la Chine et de l’Organisation mondiale de la Santé dans une intervention qualifiée de « toxique » par la Fédération de Russie.
La délégation russe a par ailleurs annoncé que le premier vaccin contre la COVID-19, Spoutnik V, avait été autorisé pour la « circulation civile » aujourd’hui même afin de vacciner les populations à risque. À ce sujet, le Niger a souligné qu’une fois trouvé, le remède contre la COVID-19 devra être accessible aux plus faibles et aux moins nantis.
La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.
Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a regretté que les risques liés à la COVID-19 que le Secrétaire général a identifiés au Conseil de sécurité, le 2 juillet dernier, se manifestent dans un certain nombre de pays. Elle a noté en même temps la résilience, l’innovation et l’action politique inclusive qui se manifestent pour atténuer l’impact de certains d’entre eux. S’agissant des risques, elle a cité en premier l’érosion de la confiance dans les institutions publiques qui accroît la fragilité et risque de provoquer l’instabilité dans les milieux où les gens perçoivent que les autorités n’ont pas abordé efficacement la pandémie ou n’ont pas été transparentes quant à son impact. La corruption liée aux ripostes à la pandémie de COVID-19 accentue cette tendance, a informé Mme DiCarlo.
Le deuxième risque concerne l’aggravation de certains problèmes relatifs aux droits de l’homme pendant la pandémie, ce qui peut aussi alimenter les conflits, a-t-elle poursuivi en citant les discriminations qui augmentent, y compris dans l’accès aux services de santé, de même que la violence sexiste. Les coûts économiques de la pandémie affectent également de façon disproportionnée les femmes, qui sont surreprésentées dans certains des secteurs les plus durement touchés par le confinement, les licenciements et les compressions de personnel qui en découlent, a aussi relevé Mme DiCarlo.
La Secrétaire générale adjointe a aussi parlé des médias, de l’espace civique et de la liberté d’expression qui sont de plus en plus limités, soulignant que les plateformes de médias sociaux sont utilisées pour diffuser de la désinformation sur la pandémie. Les dénonciations et les discours de haine, en particulier contre les migrants et les étrangers sont en hausse, a-t-elle noté en rappelant que pour contrer la diffusion d’informations fausses et dangereuses, le Secrétaire général a lancé l’initiative « Vérifié » pour accroître le volume et l’ampleur des informations fiables et exactes sur la crise.
Le troisième risque concerne les processus politiques et de paix, a alerté Mme DiCarlo en donnant l’exemple des décisions de reporter les élections qui provoquent des tensions. En tant que point focal des Nations Unies pour l’assistance électorale, elle a dit avoir veillé à donner des orientations claires sur les aspects opérationnels de la tenue d’élections en période de COVID-19.
Elle a aussi dit qu’à ce jour, et contrairement aux craintes, on n’a observé aucun changement significatif dans la dynamique de plusieurs conflits armés en cours à la suite de COVID-19. Si certaines situations se sont détériorées depuis le début de la pandémie, cela est dû en grande partie à d’autres facteurs. Toutefois, au Sahel, a prévenu Mme DiCarlo, le risque demeure que les parties au conflit, y compris les groupes terroristes et extrémistes violents, utilisent l’incertitude créée par la pandémie à leur avantage. Elle a dit qu’il y avait de quoi s’inquiéter de l’avenir lorsque qu’on analyse la complexité et le chevauchement des aspects de la pandémie sur la santé, sur le plan socioéconomique et humanitaire. À court terme, a-t-elle déclaré, la pandémie peut faire dérailler les fragiles processus de paix et les initiatives de prévention des conflits en raison des restrictions imposées aux déplacements et aux contacts en personne. « Notre propre capacité à soutenir les processus politiques a été limitée par de telles restrictions. » En même temps, a rassuré Mme DiCarlo, il a été possible, avec de nombreux engagements en ligne, de développer les compétences numériques et de travailler encore plus dur pour nourrir la confiance et la volonté de compromis qui sont au cœur de la diplomatie préventive et de la médiation.
S’agissant de l’appel au cessez-le-feu du Secrétaire général du 23 mars, la réponse initiale a été encourageante, a-t-elle estimé en se référant à plusieurs trêves temporaires annoncées, de la Colombie à l’Ukraine, en passant par les Philippines et le Cameroun. Cependant, beaucoup ont expiré sans extension, ce qui a entraîné peu d’amélioration sur le terrain, a-t-elle regretté. En réponse à cet appel, nos représentants spéciaux, envoyés et médiateurs ont intensifié leurs efforts pour faire avancer les discussions politiques et de paix dans un certain nombre de régions, a témoigné Mme DiCarlo en énumérant les progrès dans les différents pays.
Ainsi, au Yémen, un projet de déclaration commune entre les parties est en discussion sur un cessez-le-feu à l’échelle nationale, des mesures économiques et humanitaires et la reprise du processus politique. En Libye, on travaille pour parvenir à un accord de cessez-le-feu et à la reprise des pourparlers politiques intralibyens. En Syrie, la session de la Commission constitutionnelle a repris. Au Soudan, la planification de la nouvelle la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS) a commencé virtuellement pour éviter de prendre du retard. L’équipe de planification s’est ensuite rendue au Soudan pour poursuivre les consultations avec le Gouvernement et d’autres intervenants clefs afin de s’assurer que la MINUATS commence à atteindre ses objectifs d’ici à janvier 2021. Une mission préparatoire sera déployée dans quelques semaines.
Le leadership du Conseil et le soutien des États Membres sont essentiels si nous voulons faire changer les calculs des parties au conflit, ouvrir des espaces de dialogue et mettre fin à ces guerres, a rappelé Mme DiCarlo qui a fait part de la façon dont son département a adapté ses opérations au milieu de la pandémie. Le Groupe de soutien du Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA), du Département des opérations de paix (DPO) et du Département de l’appui opérationnel (DOS) sur la COVID-19 s’efforce ainsi de renforcer les systèmes de gestion des risques des Nations Unies et de protéger le personnel et sa capacité à poursuivre des opérations essentielles. Le bien-être du personnel est de la plus haute importance, a assuré Mme DiCarlo.
En outre, les missions sont fermement déterminées à aider les pays d’accueil dans leur riposte à la pandémie de COVID-19, a-t-elle expliqué en parlant de Chypre où l’ONU a facilité le travail du Comité technique bicommunautaire sur la santé. Au Liban, au lendemain de l’explosion du 4 août à Beyrouth, le Bureau du Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le Liban a coordonné le soutien de l’ONU au Liban, y compris sa réponse à l’augmentation du nombre de cas de COVID-19 après l’explosion. En Somalie, la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) a fourni des bâtiments préfabriqués destinés à être utilisés comme chambres d’isolement et a fourni avec l’OMS un laboratoire d’essais à Mogadiscio. En Colombie, la Mission de vérification des Nations Unies a livré de la nourriture et de kits de biosécurité à d’anciens combattants et à d’autres communautés. L’Envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique et le Représentant spécial pour l’Afrique centrale ont apporté leur soutien à l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) dans l’élaboration de stratégies régionales de réponse à la COVID-19. Quant au Fonds pour la consolidation de la paix, il a adapté les programmes au niveau national en fonction de la pandémie.
Mme DiCarlo a enfin souligné que pour atténuer les risques liés à la pandémie de COVID-19 dans les situations de conflit armé et éviter la détérioration possible d’autres situations d’instabilité et de violence, il faut que le Conseil fasse preuve de coordination, d’unité et de solidarité. Plus la réponse mondiale à la pandémie est large, meilleures sont nos perspectives de prévention, de gestion et de règlement des conflits dans le monde. L’engagement du Conseil de sécurité dans le suivi de l’appel au cessez-le-feu sera essentiel, a conclu la Secrétaire générale adjointe.
M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a déclaré que les opérations de maintien de la paix se poursuivent en suivant les quatre objectifs interdépendants énoncés par le Secrétaire général en avril: soutenir les autorités nationales, protéger le personnel des Nations Unies, atténuer la propagation du coronavirus et contribuer à la protection des communautés vulnérables, et assurer la continuité opérationnelle dans l’exécution des mandats.
Dans les pays qui ont de faibles structures de santé et de gouvernance, et qui de surcroît manquent de ressources pour lutter efficacement contre la pandémie, la propagation de la COVID-19 peut conduire non seulement à exacerber les tensions socioéconomiques mais aussi à saper la gouvernance et les institutions locales, ralentir ou faire dérailler des processus politiques fragiles, aggraver des situations de sécurité déjà instables et contribuer à la répétition des conflits intercommunautaires, a prévenu M. Lacroix. Cela peut déstabiliser encore davantage les pays où les missions sont déployées et éroder les gains de paix. La situation est encore compliquée par le fait que la pandémie a donné lieu à des discours de haine, à des incitations à la violence et à des informations erronées visant à la fois la population locale et les ressortissants étrangers, y compris le personnel des Nations Unies, a souligné M. Lacroix.
De plus, a-t-il ajouté, la lutte contre la COVID-19 fait peser un poids supplémentaire sur les gouvernements et sur des processus politiques complexes tels que la transition et la réconciliation. Il a donné l’exemple de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud dont la mise en œuvre a considérablement ralenti, en partie en raison de l’accent mis de plus en plus sur les défis liés à la COVID-19. M. Lacroix a aussi fait remarquer que ces effets combinés de la pandémie peuvent, à leur tour, avoir un impact négatif sur la mise en œuvre du mandat de maintien de la paix.
Aider à prévenir et à contenir la propagation du virus là où des opérations de maintien de la paix sont déployées est donc non seulement un impératif moral, mais aussi une priorité politique ainsi qu’une exigence opérationnelle, a-t-il déclaré. Il a précisé les mesures qui ont été mises en place afin de prévenir la propagation du virus au sein du personnel sur le terrain ou à la contenir à des niveaux relativement faibles. À la date du 9 septembre, dans toutes les missions sur le terrain qui comptent plus de 100 000 personnes, on a enregistré un total de 1 049 cas, avec 609 cas qui s’en sont remis, 440 cas encore actifs et 18 décès, a informé M. Lacroix.
« La protection de la santé, de la sécurité et de la sécurité du personnel de maintien de la paix, et le fait de veiller à ce qu’ils ne soient pas un vecteur de contagion, sont d’une importance capitale. » Une attention particulière a été accordée, dès le début, aux déplacements des Casques bleus dans et hors des pays d’accueil. À la suite d’une suspension temporaire, les rotations et les rapatriements de personnel en uniforme ont repris. Ils sont planifiés et effectués en étroite coordination avec les pays contributeurs de contingents et de personnel de police concernés et les autorités des pays d’accueil. Ces personnels sont tenus de se plier à des conditions rigoureuses, y compris suivre une formation préalable au déploiement sur la COVID-19 et une quatorzaine dans leur pays d’origine, le respect des règlements de quarantaine de la mission lors du déploiement ou encore la distanciation physique et l’utilisation d’équipement de protection individuelle pour atténuer la propagation du virus, a insisté M. Lacroix.
Des progrès ont été faits dans la prestation de traitements et de soins, y compris dans le domaine de l’évacuation sanitaire, a dit le Secrétaire général adjoint. Toutes les missions ont reçu un plan d’atténuation des risques pour la COVID-19, tandis que des équipes d’intervention en cas d’éclosion ont été créées dans plusieurs opérations. Parallèlement, les missions ont maintenu l’engagement politique et la sensibilisation de la communauté par le biais de plateformes virtuelles. Elles ont aussi lancé des initiatives de diplomatie publique pour encourager l’unité politique, le respect des droits de l’homme et la riposte aux incidents interethniques. En adaptant leur travail à la nouvelle réalité, elles ont assuré la poursuite de ces efforts conformément à leurs mandats respectifs, a salué M. Lacroix.
Le haut fonctionnaire s’est félicité des résultats positifs, citant la signature de l’accord entre les autorités de transition du Soudan et les groupes armés participants. Il a aussi parlé de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) qui continue de s’acquitter de son mandat en respectant pleinement les directives du Gouvernement sur la COVID-19 et en tenant compte de l’urgence de santé publique. Il a également cité la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (RDC), la MONUSCO, qui a aidé les autorités congolaises à élaborer des procédures et des politiques pour gérer la mise en œuvre des mesures d’intervention contre la COVID-19.
Dans les parties du monde où l’épidémie s’atténue, les missions ont l’opportunité d’en faire plus, a ajouté M. Lacroix en prenant l’exemple de Chypre où les deux parties ont travaillé à la réouverture des points de passage pour certaines catégories de personnes et en application de certaines exigences sanitaires. Dans l’ensemble, les opérations de maintien de la paix ont continué de prévenir et de répondre aux menaces pesant sur les civils, qui n’ont malheureusement pas diminué au cours des six derniers mois malgré l’appel au cessez-le-feu mondial lancé par le Secrétaire général, a constaté le Secrétaire général adjoint. C’est particulièrement le cas au Mali, en République centrafricaine et en RDC.
Sur le plan opérationnel, la pandémie a toutefois affecté le travail des missions et, dans une certaine mesure, leur capacité d’effectuer des patrouilles ou des activités de surveillance, notamment en limitant leurs contacts avec les communautés locales, a indiqué le haut fonctionnaire. En raison de la pandémie, les missions de maintien de la paix ont entrepris la protection des activités civiles principalement sous l’angle de « ne pas faire de mal », en donnant la priorité à la nécessité d’empêcher le virus de se propager parmi les populations locales. La réduction des capacités des missions a également eu une incidence sur l’efficacité des outils de sensibilisation à la situation, tels que l’utilisation des moyens aériens pour le renseignement, la surveillance et la reconnaissance, a informé M. Lacroix.
Dans les domaines de la réforme du secteur de la sécurité et du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration (DDR), a-t-il dit, diverses missions poursuivent leurs travaux préparatoires et offrent leur assistance aux parties prenantes nationales dans l’élaboration des politiques. Des activités prioritaires sont souvent mises en avant, comme c’est le cas dans le domaine de la réforme du secteur de la sécurité de la MONUSCO, par le biais d’un engagement à distance avec les acteurs nationaux et les partenaires bilatéraux.
L’effort intégré du Secrétariat à l’appui des opérations de maintien de la paix est complété par des synergies renforcées avec les équipes de pays des Nations Unies et les organisations sœurs, y compris la Banque mondiale, a poursuivi M. Lacroix. Ces efforts sont étroitement coordonnés avec le organisations partenaires sur le terrain, y compris l’Union africaine et l’Union européenne.
Pour le Secrétaire général adjoint, le rôle des femmes Casques bleus est essentiel pour relever les défis posés par la COVID-19. Elles contribuent à assurer une plus grande crédibilité des efforts de l’ONU auprès des communautés locales, notamment par un engagement communautaire plus efficace et des activités de protection.
Dans le cadre de la riposte à la pandémie, le système global d’évaluation de la performance a été utilisé pour aider plusieurs missions à planifier, suivre et montrer l’impact de leurs efforts pour aider à prévenir la propagation de la COVID-19 dans leur domaine d’opérations. Cela a renforcé leur capacité à soutenir les efforts des pays d’accueil et à assurer la poursuite de la mise en œuvre des activités prescrites, a indiqué M. Lacroix qui a reconnu que la pandémie de COVID-19 a créé des défis opérationnels, obligeant les missions à ajuster le déploiement du personnel en uniforme, à mettre en place des arrangements de travail à distance et à fournir une gamme de services supplémentaires au personnel sur le terrain. Cela a compliqué les efforts pour soutenir les autorités nationales et d’autres acteurs, obligeant à adapter les modalités de leur engagement. La pandémie nous a aussi obligés à recalibrer la protection des civils et d’autres domaines d’activité à l’appui des populations que nous servons, tout en veillant à ce que ces activités essentielles se poursuivent, a-t-il dit.
M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a prévenu qu’à moyen et long terme, les pays les plus faibles, les plus fragiles et les plus touchés par un conflit seront les plus affectés par la COVID-19. À ce jour, a-t-il précisé, on recense plus de 26 millions de cas confirmés de la maladie dans le monde. Plus de 860 000 personnes en sont mortes et environ un tiers des cas et des décès sont enregistrés dans des pays touchés par des crises humanitaires ou de réfugiés et dans ceux à fort niveau de vulnérabilité. Mais ce ne sont que les cas confirmés, a-t-il mis en garde. Nous ne connaissons pas toute l’étendue de la COVID-19 dans les pays fragiles, d’une part parce que les niveaux de dépistage y sont très faibles, d’autre part parce que, dans certains endroits, les personnes hésitent à demander de l’aide si elles tombent malades, de crainte peut-être d’être mises en quarantaine dans des conditions potentiellement désagréables ou de ne pas obtenir une aide médicale utile.
M. Lowcock a cependant signalé une bonne nouvelle: il semble possible que le taux de mortalité dû à la COVID-19 soit plus bas dans ces pays fragiles que ce qu’on craignait initialement, mais cela reste à confirmer. Ce qui est sûr au-delà de tout doute raisonnable, a-t-il dit, c’est que les conséquences indirectes, économiques pour l’essentiel, de la pandémie dans les pays les plus fragiles éclipsent l’impact du virus lui-même. Mis à part l’économie, le virus a aussi des effets indirects sur les services publics, notamment la santé et l’éducation, et l’impact est plus fort qu’ailleurs dans les pays les plus fragiles, dont la population est très vulnérable à des maladies mortelles telles que la rougeole, le paludisme, la tuberculose et le VIH/sida. De plus, la mortalité infantile et le nombre de femmes qui meurent en couches sont beaucoup plus élevés que dans les pays mieux lotis, a-t-il ajouté.
Dans ce contexte, toute réduction de la disponibilité des services de santé de base a de grandes conséquences dans ces pays, a souligné le haut fonctionnaire, évoquant un resserrement important des services de santé en raison de la pandémie. Prenant l’exemple de la vaccination, il a indiqué que des campagnes ont été interrompues dans 45 pays confrontés à des crises humanitaires ou de réfugiés, ou à des niveaux élevés de vulnérabilité. Ces perturbations pourraient exposer plus de 80 millions d’enfants de moins d’un an au risque de maladies évitables par la vaccination, a-t-il affirmé. Il a d’autre part noté que, selon le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation de Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’insécurité alimentaire augmente à mesure que les personnes perdent leurs revenus et doivent réduire leur alimentation. Vingt-sept pays sont aujourd’hui menacés d’une forte détérioration de la sécurité alimentaire, a-t-il précisé. Sans une action rapide, l’émaciation infantile pourrait toucher sept millions d’enfants supplémentaires au cours de la première année de la pandémie.
M. Lowcock a également fait état d’effets sur l’éducation et la position des femmes. Dans les situations de crise humanitaire et les contextes fragiles, plus d’un demi-milliard d’enfants sont affectés par des fermetures d’écoles, a-t-il relevé, ajoutant que de nombreuses filles aujourd’hui déscolarisées ne retourneront jamais à l’école. À cela s’ajoute la hausse de la violence liée au genre, notamment la violence domestique. De fait, a-t-il déploré, la crise aura pour effets indirects une pauvreté accrue, une espérance de vie en recul, plus de famine, moins d’éducation et plus de décès d’enfants. Comme l’ont démontré des recherches récentes d’universitaires et de groupes de réflexion, cela favorisera ceux qui ont un programme de restriction des droits et des libertés, en particulier les groupes extrémistes, a souligné le Coordonnateur des secours d’urgence.
« Les risques de conflit, d’instabilité, d’insécurité, de violence et de déplacement de population augmentent donc », a-t-il constaté. En d’autres termes, l’ordre du jour de ce Conseil est « appelé à s’élargir » et c’est peut-être là l’un des principaux effets durables de la pandémie.
M. Lowcock a ensuite rappelé qu’en mars, le Secrétaire général a lancé un Plan de réponse humanitaire global COVID-19, qui a bénéficié depuis mars de dons de 2,4 milliards de dollars mais qui nécessite un apport de 10 milliards de dollars pour les six prochains mois afin de soutenir 250 millions de personnes dans 63 pays. Cet argent a notamment permis aux organisations humanitaires de fournir des équipements de protection individuelle à 730 000 agents de santé, d’informer plus d’un milliard de personnes dans 60 pays sur le virus et les moyens de se protéger, de faire bénéficier près de 100 millions d’enfants de l’enseignement à distance et de procurer à des dizaines de millions de personnes du savon, de la lessive et d’autres moyens d’améliorer les systèmes d’eau et d’assainissement.
Le Plan de réponse humanitaire global a également financé un système de logistique unique, dans le cadre duquel le PAM est intervenu pour combler le vide laissé par l’arrêt des services aériens commerciaux dans de nombreux pays, a souligné M. Lowcock. « Sans cette bouée de sauvetage, de nombreuses opérations humanitaires auraient été suspendues », a-t-il dit, indiquant que 21 000 agents de santé et travailleurs humanitaires ont ainsi pu être transportés et plus de 56 000 mètres cubes de marchandises essentielles livrées, soit l’équivalent de 66 Boeing 747. Il a cependant regretté que les appels à la facilitation de ces opérations, lancés aux États Membres par le Secrétaire général, ne soient pas suivis au niveau escompté. Dans la plupart des pays où travaille son Bureau, les restrictions imposées à la délivrance de visas ont retardé et réduit le flux des travailleurs humanitaires, ce qui entraîne une présence opérationnelle réduite dans les trois quarts des pays couverts. Il a aussi constaté une nouvelle augmentation des violences contre des agents de santé, précisant que le CICR a enregistré plus de 600 incidents à l’encontre de soignants, de patients et d’infrastructures de santé en lien avec la COVID-19.
Le Secrétaire général adjoint a relevé que les institutions financières ont, elles aussi, un rôle important à jouer pour aider les pays les plus vulnérables à surmonter la crise. « Plus l’aide que les pays les plus vulnérables reçoivent du FMI, de la Banque mondiale et d’institutions similaires est généreuse, rapide et efficace, plus les personnes en crise peuvent être protégées des pires effets de l’effondrement économique et plus les risques d’instabilité et de fragilité peuvent être évités », a-t-il fait valoir, jugeant que, contrairement à la crise financière de 2008-2009 qui avait provoqué une réponse d’envergure sur le plan international, la riposte à la pandémie est « loin d’être exceptionnelle ».
Si les pays du G20 et de l’OCDE ont, à juste titre, adopté des mesures de relance économique nationales s’élevant à plus de 10 000 milliards de dollars pour protéger leurs propres populations des pires effets de la pandémie et du confinement, les pays à faible revenu et fragiles ne peuvent en faire autant et dépendent des institutions financières internationales. Or, a-t-il souligné, sur les 143 milliards de dollars de financement débloqués à ce jour, 7% seulement ont été engagés en faveur des pays à faible revenu, soit à peine plus de 2% de leur PIB combiné. Pour M. Lowcock, « un tel niveau de soutien est alarmant car il augmente la probabilité que la pandémie génère le genre de conséquences dangereuses à long terme évoquées précédemment ».
Assurant que la solution est connue et le coût pour les contribuables minime, le Secrétaire général adjoint a averti, en conclusion, qu’« une action économique malheureusement inadéquate entraînera une plus grande instabilité et des conflits dans les années à venir ». De fait, a-t-il dit, « d’autres crises seront à l’ordre du jour de ce Conseil ».
Plus de deux mois après l’adoption de la résolution 2532 (2020), la France a appelé à un sursaut collectif: alors que la pandémie de COVID-19 continue de se propager, la priorité absolue doit être la mise en œuvre d’une cessation des hostilités et d’une pause humanitaire. Mais beaucoup reste à faire pour y parvenir, a reconnu la délégation notamment en Syrie, au Yémen, en Libye, en Afghanistan ou encore au Sahel, où la situation reste très instable et les populations civiles continuent d’en payer le prix. Elle a déclaré qu’il faut soutenir les opérations de maintien de la paix en leur permettant de mettre pleinement en œuvre leurs mandats malgré la pandémie. La France est prête à accueillir dans ses hôpitaux militaires des Casques bleus étrangers malades de la COVID-19 et nécessitant des soins urgents, a affirmé en outre la délégation.
Sur le volet humanitaire, la France a appelé à la pleine mise en œuvre du Plan de réponse humanitaire global COVID-19. Depuis début mai, l’Union européenne a coordonné plus de 65 vols dans le cadre d’un pont aérien humanitaire, permettant de transporter plus de 1 700 personnels humanitaires et médicaux et plus de 1 200 tonnes d’aide. Tout doit être fait pour garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave et protéger les travailleurs humanitaires ainsi que le personnel médical, a ajouté la délégation qui s’est préoccupée de la hausse des attaques contre le personnel humanitaire. Les auteurs de ces crimes devront répondre de leurs actes devant la justice, a dit la France.
La délégation française a par ailleurs appelé à soutenir les efforts des Nations Unies et de l’OMS, qui coordonnent la réponse internationale à la crise. L’OMS doit être confortée dans son rôle normatif, d’alerte et de coordination. Cela n’exclura pas, bien sûr, d’engager les réformes nécessaires et de tirer toutes les leçons de la gestion de la crise actuelle, a dit la délégation. La France a également demandé des efforts communs pour minimiser les effets de la pandémie sur les femmes et leur permettre de participer pleinement à l’élaboration et à la mise en œuvre de la réponse à la COVID-19.
La Tunisie a déclaré que l’appel en faveur d’un cessez-le-feu mondial n’a pas encore incité les parties, dans de nombreux cas, à suspendre les hostilités ou à prendre des mesures pour désamorcer les conflits. Même les bonnes intentions en ce sens n’ont pas, le plus souvent, été traduites en accords techniques de cessez-le-feu avec des termes clairs et une garantie de sécurité que toutes les parties peuvent accepter, a ajouté la délégation qui a donc plaidé pour des efforts diplomatiques plus importants.
Sur le plan humanitaire, a poursuivi la Tunisie, la situation s’est encore aggravée dans de nombreuses zones de conflit, en particulier en Syrie et au Yémen où la pandémie aggrave les conditions sécuritaires et humanitaires déjà désastreuses. Si nous ne fournissons pas une réponse internationale coordonnée à la pandémie, a prévenu la délégation, nous risquons de perdre les gains réalisés au cours des dernières décennies en matière de santé, de pauvreté, d’éducation, d’autonomisation des femmes, de développement et de stabilité. La pandémie ne peut être vaincue dans chacun de nos pays sans solidarité et unité aux niveaux international, régional et national, a encore dit le Tunisie. Avec l’apparition de la COVID-19, le monde s’est clairement lancé dans une nouvelle phase volatile et instable, a constaté la délégation en soulignant que la pandémie change nos hypothèses sur les menaces à la paix et à la sécurité internationales. La Tunisie a fait remarquer qu’on ne peut pas faire face à de tels dangers en utilisant les mêmes instruments hérités de l’ancien temps et a appelé à repenser la sécurité en adaptant nos approches et nos outils.
La Chine a alerté que la COVID-19 continue de sévir dans le monde et a appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution 2532 afin de réaliser un cessez-le-feu mondial et renforcer les efforts de lutte contre la pandémie. Elle a appelé à la cessation des hostilités et à faire avancer les processus politiques dans les pays et régions où un cessez-le-feu a pu être conclu. L’aide humanitaire doit être augmentée et il importe d’appuyer l’OMS dans son rôle de chef de file dans la lutte contre la COVID-19, a dit la délégation qui s’est inquiétée de l’écart de financement de 7,95 millions de dollars dont pâtit le Plan de réponse humanitaire global COVID-19.
La Chine a aussi appelé à la levée des sanctions unilatérales qui, s’est-elle inquiétée, entravent gravement la capacité des pays ciblés à répondre à la pandémie. Elle a aussi encouragé le Secrétariat à évaluer l’impact négatif de ces mesures. Alertant que la pandémie risque d’inverser les avancées réalisées en matière de maintien de la paix et de développement, la délégation a engagé la communauté internationale à aider les pays touchés par un conflit à maintenir leur économie à flot tout en luttant contre la pandémie. La solidarité et la coopération sont les armes les plus puissantes de la lutte mondiale contre la COVID-19, a-t-elle affirmé.
Pour appuyer la riposte mondiale, la Chine a déployé 34 équipes d’experts médicaux dans 32 pays et fourni 283 lots de fournitures antiépidémiques à 150 pays et quatre organisations internationales, entre autres. Lors de la réunion des ministres des affaires étrangères du G20, la Chine a en outre lancé une initiative pour faciliter les flux transfrontaliers de biens et de personnes et a proposé un mécanisme international pour la reconnaissance mutuelle d’un certificat de santé lié à la COVID-19. Récusant l’utilisation des vaccins comme outil politique, la délégation chinoise a appelé les pays à coopérer entre eux pour faire avancer la recherche et la production et rendre les vaccins disponibles et abordables pour tous.
Saint-Vincent-et-les Grenadines a salué l’adoption à l’unanimité, il y a deux mois, de la résolution 2532 (2020), qui renforce les appels au cessez-le-feu mondial du Secrétaire général. « Nous avons réussi à surmonter les divisions et les points de divergence pour transmettre un message clair d’unité et d’espoir à la communauté internationale. » La délégation a reconnu en même temps que davantage doit être fait pour garantir que les acquis du lien paix-sécurité-développement soient préservés, car la COVID-19 continue d’accentuer les vulnérabilités et d’exacerber les risques dans de nombreuses situations à l’ordre du jour du Conseil. De plus, les impacts socioéconomiques de la pandémie amplifient les inégalités, intensifient les préoccupations humanitaires et aggravent les divisions sociales, politiques et communautaires, augmentant les risques de conflits violents.
Répondre aux défis colossaux générés par la pandémie nécessitera la volonté politique de mettre en œuvre pleinement la résolution 2532, a plaidé la délégation en souhaitant que tous les pays et les organisations régionales et sous-régionales n’épargnent aucun effort pour promouvoir une cessation immédiate des hostilités et garantir le respect de l’état de droit, afin que la communauté internationale puisse concentrer son action collective sur les différentes dimensions de la pandémie. Dans cet esprit, elle a réitéré son appel à l’arrêt de toute action unilatérale, y compris le recours à des sanctions économiques. Elle a également appelé à une plus grande coopération régionale et internationale pour mieux gérer le trafic d’armes légères et de petit calibre, l’exploitation et le commerce illicite des ressources naturelles, le trafic illégal de stupéfiants et d’autres activités qui encouragent les groupes armés et la criminalité organisée, aux dépens de la paix et de la sécurité internationales.
Le Viet Nam a appuyé l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu mondial afin de faciliter les réponses humanitaires des gouvernements, des organisations internationales et des parties belligérantes face à la pandémie. Les parties à un conflit doivent adhérer à cet appel, a demandé la délégation. Elle a ensuite appelé à protéger les populations, rappelant que celles qui sont en proie à un conflit tournent leurs yeux vers un Conseil uni pour voir leurs problèmes résolus. Rappelant que le virus ne montre aucun signe de faiblesse et qu’il frappe par vagues, la délégation a exhorté le Conseil à assister les pays en situation de conflit en vue de répondre à la pandémie et d’œuvrer à une paix durable.
Si les opérations de paix ont été gravement affectées par le virus, elles demeurent un instrument précieux pour l’établissement d’un environnement propice à la recherche d’une paix durable, a fait valoir le Viet Nam. Ces opérations, à son avis, doivent continuer à faire leur travail dans ce nouveau contexte, tout en protégeant leur personnel et en appuyant la riposte des pays hôtes à la pandémie. Enfin, le Viet Nam a appelé à une pleine coopération dans la lutte contre la pandémie, en rappelant qu’aucun pays n’est à l’abri du virus.
Les États-Unis ont réitéré l’importance de la transparence et du partage rapide des données et de l’information sur la santé publique pour combattre efficacement la pandémie, avant d’accuser la Chine d’avoir failli à cet égard au début de la pandémie et d’avoir ainsi causé des souffrances et des décès supplémentaires inutiles. « Dans les premiers jours du virus, le Parti communiste chinois a caché la vérité sur l’épidémie au monde entier et a empêché les chercheurs d’accéder à des informations vitales. » Le résultat est d’innombrables décès qui auraient pu être évités, a déploré la délégation en demandant des comptes aux responsables pour leurs actions et inactions. Il faut aussi veiller à ce que les futures pandémies soient signalées rapidement et de manière transparente, « au lieu d’être cachées au monde ».
Les États-Unis ont regretté que la Chine essaye de rejeter le blâme ailleurs et se présente comme un héros. La délégation a relevé que pour la Chine, ce sont les sanctions unilatérales qui sont responsables de la souffrance humaine et des réponses inadéquates des gouvernements au virus. Les États-Unis ont estimé avoir trop souvent entendu ces déclarations au Conseil, accusant la Chine de vouloir détourner l’attention de ses propres actions, qu’elles soient liées à cette pandémie ou aux terribles violations des droits de l’homme contre les minorités au Xinjiang ou à la répression de la démocratie à Hong Kong. La délégation américaine a souhaité voir le Parti communiste chinois répondre à tous ceux qui ont souffert et subi les conséquences de la pandémie, à tous les niveaux.
La délégation a aussi dénoncé les défaillances de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans les premiers jours de la pandémie. Elle a plaidé pour une réforme de l’OMS et souhaité que celle-ci démontre son indépendance vis-à-vis du Parti communiste chinois. « Ce manque d’indépendance, de transparence et de responsabilité est la raison pour laquelle le Président Trump a pris la décision de retirer les États-Unis de l’OMS. » Il incombe à chaque délégation de s’engager collectivement à partager en temps opportun les données et l’information sur la santé publique avec la communauté internationale, ont rappelé les États-Unis.
La délégation a, enfin, énuméré le soutien accru des États-Unis aux efforts mondiaux de lutte contre la pandémie, notamment l’augmentation du financement, qui est passé de 12 milliards de dollars à plus de 20,5 milliards de dollars, pour la mise au point de vaccins et de produits de traitements, pour soutenir les efforts de préparation mondiale et l’aide économique, sanitaire et humanitaire à l’étranger. Les États-Unis travaillent directement avec ceux qui sont sur le terrain pour lutter contre ce virus, y compris les gouvernements, les organisations multilatérales, les organisations confessionnelles, les ONG, le secteur privé, les institutions de recherche et de nombreuses autres organisations, a indiqué la délégation qui a aussi mentionné les 908 millions de dollars fournis à 44 pays à huit agences des Nations Unies, soit 44% de la réponse humanitaire mondiale. Les États-Unis ont également été un fervent partisan de l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial, et ont souligné l’importance de poursuivre les opérations de lutte contre le terrorisme.
Le Royaume-Uni a regretté qu’au Yémen, à la suite de l’appel du Secrétaire général et du cessez-le feu unilatéral établi par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, il n’y ait pas eu de geste réciproque de la part des houthistes. Au Soudan du Sud, a poursuivi la délégation, l’accord de paix de 2018 reste la meilleure chance pour la stabilité à long terme du pays. Elle a recommandé d’exercer des pressions sur toutes les parties pour réaliser de nouveaux progrès pour maintenir le cessez-le-feu, protéger les travailleurs humanitaires et aider le Soudan du Sud à aller de l’avant. S’agissant du Soudan, le Royaume-Uni a salué l’accord de paix récemment signé et a exhorté toutes les parties à collaborer avec la communauté internationale pour assurer la mise en œuvre rapide et efficace de cet accord et pour que tous les autres groupes s’engagent sans conditions préalables à la réalisation d’une paix globale.
Concernant les sanctions, la délégation a répondu à la Chine en disant que c’est une honte d’entretenir le flou sur les sanctions et les tentatives de tirer parti de la tragédie provoquée par la pandémie de COVID-19. En Syrie, les sanctions ciblent spécifiquement les responsables de violations des droits de l’homme contre les Syriens ordinaires et ceux qui soutiennent ou bénéficient de la corruption et de « l’activité meurtrière du régime Assad ». Les sanctions ne s’appliquent ni à la nourriture, ni aux médicaments, ni au matériel médical, ni à l’assistance médicale, a précisé la délégation pour laquelle le problème du système sanitaire syrien n’est pas celui des sanctions, mais plutôt le fait que le régime a plus l’intention de bombarder les hôpitaux que de les construire. Elle a aussi mentionné les restrictions imposées à l’aide transfrontalière.
Le Royaume-Uni a également alerté sur le fait que les conflits et la pandémie de COVID- 19 ont rendu plus sombres les perspectives pour la sécurité alimentaire en 2020, plaidant là encore pour la fin des conflits et le cessez-le-feu. Le Royaume-Uni , a précisé la délégation, a contribué à hauteur d’un milliard de livres supplémentaires au financement des Nations Unies et d’autres organisations sur cette question. Elle a aussi plaidé pour que les gouvernements et les groupes armés non étatiques en fassent davantage pour améliorer l’accès humanitaire dans les zones où il est difficile d’atteindre les populations les plus vulnérables. Les gouvernements doivent notamment assouplir les restrictions imposées aux demandes de visas pour les travailleurs humanitaires. Enfin, elle a souligné le rôle crucial des femmes dans la prévention et la résolution de conflit, encourageant les parties aux conflits armés à investir dans des processus de paix qui incluent celles-ci de façon significative, ainsi que les jeunes, les groupes religieux et la société civile.
La Fédération de Russie a affirmé que l’adoption unanime de la résolution 2532 (2020) avait su démontrer l’unité du Conseil de sécurité face à un nouveau défi mondial. Malheureusement, la résolution n’a pas marché à 100%, a-t-elle déploré, notant que les combats se poursuivent.
Après avoir pris note du rôle joué par l’OMS pour diriger les opérations internationales suite aux urgences et conséquences sanitaires, la délégation a insisté sur la nécessité d’assurer la livraison continue de l’aide humanitaire. Elle a alerté sur le fait que l’effet adverse de la pandémie est sérieusement aggravé par les conséquences dévastatrices des mesures coercitives unilatérales imposées à plusieurs pays en développement. Elle a appelé à abandonner ces pratiques illégales pour permettre aux États concernés de gérer les répercussions humanitaires et socioéconomiques de la pandémie. Le Rapporteur spécial sur les effets négatifs des mesures coercitives unilatérales a de plus confirmé que les soi-disant exemptions humanitaires ne fonctionnent pas, a-t-elle dit. Mais aujourd’hui encore, nous avons entendu l’éloge des sanctions, a-t-elle déploré, ne jugeant pas convaincants les propos du Royaume-Uni au sujet d’une exemption fluide des régimes de sanctions.
La Fédération de Russie a par ailleurs décrié les accusations « toxiques et injustifiées » prononcées par les États-Unis à l’encontre d’un autre membre du Conseil de sécurité. « Le ton et la formulation employés étaient inadmissibles et nous exhortons vivement les États-Unis à revenir à la courtoisie lorsqu’ils s’expriment au Conseil de sécurité. »
La délégation s’est ensuite préoccupée de la situation dans les territoires contrôlés par des groupes terroristes. La lutte antiterroriste doit se poursuivre dans le respect de la résolution 2532 qui stipule clairement que les trêves humanitaires et le cessez-le-feu ne s’appliquent pas aux opérations antiterroristes. L’augmentation des activités terroristes dans la région du Sahel est particulièrement préoccupante, a-t-elle ajouté. Avant de conclure, la délégation a annoncé qu’aujourd’hui, 9 septembre, le premier vaccin contre la COVID-19, Spoutnik V, enregistré par la Fédération du Russie au début du mois d’août, avait été autorisé pour la « circulation civile » afin de vacciner les populations à risque.
La Belgique a dit être particulièrement préoccupée par le fait que l’ONU n’a actuellement pas les moyens de faire face à la pandémie de COVID-19 parce que les États Membres ne paient pas à temps leur quote-part. Concernant les discours de haine et la désinformation sur la pandémie, la délégation a salué les initiatives prises pour contrer « l’infodémie », comme la campagne « Vérifié », et a encouragé le Secrétariat à poursuivre de tels partenariats avec les médias, les entreprises et la société civile. Rappelant la célébration, aujourd’hui, de la première Journée internationale pour la protection de l’éducation contre les attaques, la Belgique a souligné que les filles sont toujours confrontées à la violence sexiste dans les écoles et les universités. « Elles perdent leur refuge lorsque les écoles sont forcées de fermer. » La délégation a rappelé les propos de Farhan Roshan, à la célébration de la Journée: « lorsque l’éducation est attaquée, ce sont les femmes et les enfants qui souffrent le plus ».
La délégation a rappelé que le confinement a augmenté l’exposition des femmes et des enfants aux partenaires violents et qu’il a eu un impact social et économique considérable sur les familles. L’éducation post-COVID-19 doit s’appuyer sur des mesures durables et holistiques qui vont au-delà de l’accès à l’éducation, a-t-elle demandé. Elle a aussi recommandé de s’attaquer aux obstacles rencontrés par les filles en particulier pour accéder à une éducation de qualité et terminer le cycle scolaire. Pour lutter contre ces multiples crises, a suggéré la Belgique, une réponse mondiale coordonnée est la seule voie à suivre, soutenue par des efforts multilatéraux fondés sur le respect commun des principes et des valeurs, et alimentés par des approches novatrices. Nous devons être plus stratégiques, concentrés et unifiés pour faire face à la pandémie et aux défis qu’elle présente, a plaidé la délégation.
L’Indonésie a appelé à renforcer l’appel au cessez-le-feu mondial du Secrétaire général. Certains engagements n’ont pas été respectés et les groupes terroristes continuent de maintenir et même d’accroître leur zone d’influence et leur capacité à mener des attaques, s’est-elle inquiétée. Faire une évaluation de la mise en œuvre du cessez-le-feu est nécessaire car cela créera un effet de dissuasion et enverra le message que les engagements doivent être honorés.
La délégation a aussi appelé à soutenir le travail des missions des Nations Unies sur le terrain et a prié le Secrétariat de renforcer leurs capacités médicales afin d’assurer la sécurité, la sûreté et la santé des Casques bleus. La délégation a aussi souligné le rôle des femmes Casques bleu en cette période de pandémie.
Assurer l’acheminement de l’aide humanitaire essentielle, a enchaîné l’Indonésie qui a signalé que les 90 jours de trêve humanitaire auxquels appelle la résolution 2532 (2020) expireront à la fin de ce mois. Elle a insisté sur l’importance de mobiliser des partenaires pour soutenir le financement du Plan de réponse humanitaire global. Elle a aussi appelé à veiller à ce que les perturbations créées par la COVID-19 n’inversent pas les progrès réalisés dans les pays en situation de conflit et d’après-conflit.
L’Estonie a d’abord rappelé que l’adoption de la résolution 2532 (2020) doit beaucoup à l’engagement personnel des Représentants permanents de la France et de la Tunisie. Elle a ensuite constaté que la pandémie de COVID-19 continue de représenter une menace significative pour la paix et la sécurité internationales. Or, une possible augmentation des troubles sociaux et des violences compromettrait grandement notre capacité à lutter contre la maladie, a averti la délégation. Si l’Estonie a eu le temps de faire face aux diverses conséquences de la pandémie, ce n’est pas le cas de nombreux autres pays, a-t-elle souligné, rappelant que beaucoup sont en proie à des conflits et à des violations des droits humains. Pour ces raisons, il importe, selon elle, de continuer à appuyer l’appel au cessez-le-feu humanitaire lancé par le Secrétaire général, seul moyen pour ces pays de protéger leurs citoyens de la COVID-19, « l’ennemi numéro un ».
Pour la délégation, permettre une livraison sûre et sans entrave de l’aide humanitaire est aussi pertinent aujourd’hui qu’il y a quelques mois, notamment en ce qui concerne la situation en Syrie. Dénonçant les cas où la COVID-19 est utilisée comme prétexte pour aller contre le bien commun des personnes dans le besoin, notamment par le biais de campagnes de désinformation et d’attaques visant le secteur de la santé, elle a également déploré que des gouvernements réduisent la liberté de mouvement des Casques bleus. Nous devons concentrer nos efforts sur la lutte contre le virus, a-t-elle à nouveau plaidé, avant de mettre l’accent sur le risque d’un recul des droits des femmes en raison de la pandémie. Enfin, l’Estonie a estimé que « sans réponse coordonnée, nous ne pouvons pas gagner ».
L’Afrique du Sud a noté avec inquiétude que l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial, destiné à atténuer les impacts de la COVID-19, n’est pas largement respecté par les parties en conflit dans le monde. Là où l’appel avait initialement été entendu, des tensions se sont accrues et les progrès réalisés en vue d’un règlement politique ont été sapés, a déploré la délégation. En outre, des groupes armés et des organisations terroristes profitent de la pandémie pour intensifier leurs attaques, notamment contre des civils, a-t-elle ajouté. Elle a donc exhorté les parties dans les zones de conflit à répondre à l’appel de l’ONU et à accorder la priorité aux efforts visant à consolider une paix et une stabilité durables.
Prenant acte des efforts continus des missions de maintien de la paix de l’ONU pour protéger la sécurité et la santé de leurs contingents, l’Afrique du Sud a salué les mesures prises pour garantir que ces derniers ne deviennent pas des facteurs de contagion sur le terrain. Elle s’est aussi félicitée que les missions apportent leur soutien aux pays confrontés à la COVID-19 tout en continuant à s’acquitter de leur mandat. Elle a par ailleurs constaté que, dans de nombreux pays, la situation humanitaire s’est aggravée en raison de la prévalence de la pandémie. Conformément à la résolution 2532 (2020), elle a appelé les parties en conflit à assurer un accès sans entrave à l’assistance humanitaire. Elle a également jugé que l’impact des sanctions empêche les pays de lutter efficacement contre la COVID-19, invitant les membres du Conseil à permettre le suivi rapide des dérogations. Elle a aussi réitéré son appui à l’appel du Secrétaire général en faveur d’une levée des sanctions afin de permettre aux pays concernés de faire face aux effets de la pandémie.
Pour le Niger, l’adoption d’une résolution n’est jamais une fin en soi. L’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial nous interpelle car les retombées politiques, économiques, et surtout sécuritaires, continueront à se manifester durant les années à venir, a prédit la délégation. Il a constaté que dans le Sahel, la pandémie a ajouté une nouvelle couche à une situation déjà désastreuse et a rendu les populations particulièrement vulnérables à l’apparition de maladies et à la faim. La campagne de désinformation et de stigmatisation menée par les groupes terroristes ne facilite pas les efforts des États. Le Niger a ajouté que même si l’on peut se féliciter du fait que le taux de mortalité lié à la COVID-19 pourrait être plus faible dans les pays fragiles que ce que l’on craignait initialement, la pandémie affecte sérieusement les économies des pays de l’Afrique en général, et du Sahel en particulier. La récession, née des mesures de restriction liées à la pandémie, exacerbera les inégalités sur les populations déjà vulnérables, comme les réfugiés, a craint la délégation.
Concernant les processus électoraux en cours dans la région, ils doivent bénéficier d’un soutien accru afin d’éviter des crises pré et postélectorales pouvant découler de l’érosion de confiance due à l’approche protective des gouvernements pour faire face à la crise, a plaidé la délégation. Elle a aussi demandé de ne pas occulter les conflits à l’ordre du jour du Conseil avant le début de la crise humanitaire. Avant de conclure, le Niger a dénoncé la cacophonie et les jeux d’accusation du début de la pandémie qui doivent laisser la place à une prise de conscience sur le fait que nous sommes tous des victimes potentielles, tant qu’on ne travaillera pas collectivement à la recherche d’un vaccin contre ce dangereux virus. « Nous espérons qu’une fois le remède trouvé, il sera accessible aux plus faibles et aux moins nantis », a dit la délégation en reprenant les propos de Mme DiCarlo.