Conseil de sécurité: l’OIF souhaite contribuer davantage au maintien de la paix et recommande plus de francophones dans les opérations de l’ONU
La Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a fait part, ce matin devant le Conseil de sécurité, de son ambition de faire de l’OIF un « acteur de poids » du maintien de la paix, après 50 années de coopération fructueuse dans ce domaine avec l’ONU et les organisations régionales. Le débat était présidé par le Niger où est née, à Niamey en 1970, la Francophonie institutionnelle.
Intervenant dans le cadre du tout premier débat consacré par le Conseil à la coopération entre l’ONU et l’OIF, Mme Louise Mushikiwabo a rappelé le lancement, le 25 septembre 2019, de la « Plateforme francophone au Conseil de sécurité », un cadre visant à amplifier la voix francophone dans l’enceinte de cet organe. Elle a d’ailleurs fait observer qu’actuellement, 7 des 15 membres du Conseil sont %membres de la Francophonie%.
Face à l’importance croissante de la Francophonie dans le maintien de la paix, Mme Mushikiwabo a regretté que, malgré de « réels progrès », le niveau actuel de participation des personnels francophones aux opérations de maintien de la paix soit encore limité. En effet, si environ la moitié (7 sur 13) des opérations déployées par l’ONU dans le monde le sont dans l’espace francophone, seulement 40% du personnel en uniforme est issu d’États membres de la Francophonie, dont moins de 3% de personnel féminin.
La Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique, Mme Bintou Keïta, a mentionné à cet égard les efforts conjoints menés, dans le cadre de l’initiative « Action pour le maintien de la paix » (A4P), pour accroître le niveau d’effectifs francophones, civils et en uniforme, dans les opérations de maintien de la paix déployées dans des pays francophones, notamment grâce à des formations en français. Elle a aussi indiqué que l’ONU et l’OIF offrent un appui fort au G5 Sahel, notamment grâce à la force du même nom et en soutenant le Programme d’investissement prioritaire du G5 Sahel.
L’OIF, a-t-elle ajouté, joue un rôle important dans la mise en place du Réseau francophone de prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme (FrancoPREV), y voyant « apport considérable », en particulier dans le Sahel.
Mme Mushikiwabo a confirmé l’investissement croissant de la Francophonie au Sahel au profit de la gouvernance, de la stabilité et de la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violents. Elle a aussi annoncé la mise sur pied, dans les prochains mois, d’une radio pour la jeunesse au Sahel.
La Secrétaire générale de l’OIF a fait le point de manière générale sur les actions déployées par la Francophonie pour appuyer la prévention et la gestion des crises, citant notamment son action au Mali qui a été saluée par plusieurs délégations, de même que son appui aux efforts en vue d’un dialogue national au Cameroun aux côtés du Commonwealth et de l’Union africaine.
La complémentarité entre l’ONU et l’OIF s’illustre de manière particulièrement éloquente par la diplomatie préventive et l’appui aux processus électoraux dans le but de mettre un terme aux crises et de consolider la démocratie, a fait remarquer le Niger, tandis que la France a estimé que l’OIF pourrait opportunément jouer un rôle au Mali dans l’accompagnement de long terme du prochain processus électoral, en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel.
La Belgique a suggéré d’explorer des pistes pour renforcer davantage la coopération entre l’ONU et l’OIF, par exemple en favorisant des actions communes comme la mise sur pied de missions de terrain conjointes ou de missions réunissant des envoyés spéciaux des deux organisations.
Une autre idée pour aller plus loin est venue du Viet Nam, qui a invité la Francophonie à réfléchir à la création d’un réseau de membres francophones en Afrique de l’Ouest et au Sahel, dans le but de partager les expériences et les meilleures pratiques dans la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et du récent Plan de soutien au Sahel.
Comme de nombreuses opérations de maintien de la paix ont lieu dans des pays francophones, l’importance des compétences linguistiques a été soulignée à maintes reprises, ainsi que les contributions de l’OIF en la matière.
L’OIF remplit une « fonction vitale » en préparant des soldats de la paix francophones à affronter des environnements dynamiques et complexes, ont estimé les États-Unis, tandis que la France a voulu que la maîtrise du français constitue « systématiquement » une condition préalable au déploiement. L’Indonésie a, pour sa part, souhaité davantage de programmes de renforcement des capacités en faveur des pays fournisseurs de contingents et recommandé un exercice de formation conjoint dans les centres de formation au maintien de la paix.
Les membres du Conseil ont également entendu le Président en exercice du Sommet de la Francophonie, M. Zohrab Mnatsakanyan, Ministre des affaires étrangères de la République d’Arménie, se préoccuper de l’augmentation des discours de haine qui a particulièrement marqué la crise sanitaire actuelle. Il a rappelé à cette occasion l’appel francophone d’Erevan pour le vivre-ensemble lancé par les chefs d’État et de gouvernement de la Francophonie.
En raison de la pandémie de COVID-19, c’est par visioconférence que le Conseil de sécurité s’est réuni pour entendre les trois exposés et les interventions de ses 15 membres, une majorité d’entre eux ayant choisi de s’exprimer en français. En outre, pour la première fois depuis les mesures de confinement, les travaux par visioconférence du Conseil ont pu bénéficier des services d’interprétation dans les six langues officielles de l’ONU, grâce à un nouveau dispositif multilingue.
La Secrétaire générale de l’OIF a ainsi salué une « avancée très importante » permettant à l’ensemble des délégations de participer « pleinement, équitablement et efficacement » aux travaux du Conseil organisés à distance, alors que la diversité linguistique a été mise à mal au cours des derniers mois.
La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.
S’exprimant en français, Mme BINTOU KEITA, Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix et au Département des opérations de paix, a jugé que le moment était particulièrement opportun pour se pencher sur le partenariat entre l’ONU et l’OIF, les deux organisations célébrant cette année des anniversaires importants: 50 ans pour l’OIF et 75 ans pour l’ONU. Aujourd’hui, a-t-elle rappelé, les deux organisations travaillent ensemble pour la promotion de la paix et de la sécurité internationales ainsi que pour le maintien et la consolidation de la paix. Elles sont aussi partenaires dans la promotion du développement durable, de la bonne gouvernance, de la démocratie, de l’état de droit, des droits humains et de l’inclusion des femmes et des jeunes.
S’agissant de la coopération pour la paix et la sécurité, Mme Keita a mis l’accent sur le travail conjoint des Nations Unies et de l’OIF en matière d’alerte précoce et de prévention des conflits, ainsi que dans l’assistance électorale et l’observation des processus électoraux. Récemment, a-t-elle relevé, l’ONU et l´OIF ont coopéré dans ces domaines au Bénin, au Burkina Faso, au Cameroun, aux Comores, au Gabon, en Guinée, à Madagascar, en République centrafricaine et en République démocratique du Congo (RDC). La réunion quadripartite sur le Cameroun entre le Secrétariat des Nations Unies, l’OIF, le Commonwealth et l’Union africaine (UA), tenue le 20 juillet, est un exemple de coopération élargie en matière d’alerte précoce et de prévention. L’OIF, a-t-elle ajouté, a également un rôle important à jouer dans la mise en place du Réseau francophone de prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme (FrancoPREV). Il s’agit, selon elle, d’un « apport considérable », en particulier dans le Sahel.
Pour la Sous-Secrétaire générale, la prévention des conflits repose aussi sur la promotion de sociétés pleinement inclusives, ce qui constitue un domaine essentiel de la collaboration entre l’ONU et l’OIF. Cet engagement, a-t-elle observé, s’inscrit dans la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), qui fête son vingtième anniversaire cette année, mais également dans le sillon de la résolution 2250 (2015) sur la jeunesse, la paix et la sécurité. Qualifiant d’« évidence inéluctable » la nécessaire inclusion des femmes et des jeunes dans tous les aspects de la vie de la société et de la communauté internationale, elle a fait remarquer que, dans le monde francophone, qui compte quelque 274 millions de locuteurs et locutrices à travers 54 États, « les femmes représentent, bien évidemment, la moitié de la population, et les jeunes de moins de 30 ans la majorité ».
À cet égard, a poursuivi Mme Keita, notre partenariat avec l’OIF pour la mise en œuvre de la Stratégie pour la parité du personnel en uniforme des Nations Unies, adoptée en janvier 2019 et visant au renforcement des effectifs féminins francophones en uniforme, est une modeste contribution dans cet effort.
La Sous-Secrétaire générale s’est ensuite félicitée du soutien que les États membres de l’OIF apportent aux opérations de maintien de la paix. Dans le cadre de l’initiative « Action pour le maintien de la paix » (A4P), a-t-elle noté, l’OIF coparraine le thème « Performance et responsabilité » et des efforts conjoints sont menés pour accroître le niveau d’effectifs francophones, civils et en uniforme, dans les opérations de maintien de la paix déployées dans des pays hôtes francophones, y compris à travers des formations en français. De plus, a indiqué Mme Keita, nous partageons avec l’OIF l’appui fort que nous apportons au G5 Sahel, notamment à travers notre soutien pour le Programme d’investissement prioritaire du G5 Sahel et à la Force conjointe du G5 Sahel.
Pour ce qui est du rôle que joue l’OIF dans le domaine de la consolidation de la paix, la Sous-Secrétaire générale a salué la participation de l’organisation aux travaux de la Commission de consolidation de la paix consacrés au Burundi, à la Guinée, à la Guinée-Bissau et à la République centrafricaine, ainsi que dans des réunions ad hoc de la Commission sur d´autres pays francophones affectés par les conflits.
Dans tous les domaines de partenariat en matière de paix et de sécurité, nous appuyons et promouvons ensemble le multilinguisme, a encore souligné Mme Keita. En effet, a-t-elle affirmé, « nous souscrivons à l’idée que la diversité, notamment linguistique, est l’une des richesses du patrimoine culturel de l’humanité » et qu’il convient d’œuvrer, ensemble, « pour la célébrer et la protéger ». À ses yeux, la pandémie de COVID-19 a souligné la nécessité d’un multilatéralisme renforcé et renouvelé pour faire face aux défis de nos temps. Le partenariat étroit entre les Nations Unies et l’OIF « s’inscrit pleinement dans cette logique », a-t-elle conclu.
Mme LOUISE MUSHIKIWABO, Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), s’est félicitée du fait que pour la première fois, le Conseil de sécurité consacre un débat à la coopération entre l’ONU et l’OIF, avant de préciser que la Francophonie regroupe 88 États et gouvernements –dont 54 membres de plein droit- répartis sur les cinq continents.
Tout en reconnaissant que l’OIF ne déploie pas de personnel sur le terrain, Mme Mushikiwabo a dit avoir l’ambition qu’elle soit un acteur de poids du maintien de la paix. Les actions de l’OIF dans ce domaine visent à soutenir l’émergence d’une vision stratégique francophone, à renforcer les capacités de ses États membres et de leurs personnels pour une contribution optimale aux opérations de maintien de la paix, et à accroître l’usage du français dans ces opérations.
Elle a relevé qu’aujourd’hui, sur les 13 opérations déployées par l’ONU dans le monde, 7 le sont dans l’espace francophone. Malgré de réels progrès, le niveau actuel de participation des personnels francophones à ces opérations reste encore relativement limité, a-t-elle regretté, notant qu’en juin 2020, la part du personnel en uniforme ressortissant des États membres de la Francophonie représentait environ 40%, dont moins de 3% de personnel féminin.
Poursuivant, Mme Mushikiwabo a indiqué que l’OIF est la première organisation internationale à s’être portée volontaire pour assumer formellement le rôle de « champion » de l’initiative « Action pour le maintien de la paix » (A4P) du Secrétaire général de l’ONU. En outre, l’OIF sera pleinement associée à l’organisation, par le Maroc et la France, en lien avec les Nations Unies, de la deuxième Conférence ministérielle sur le maintien de la paix dans l’espace francophone prévue en 2021. Elle organisera d’ici là, à Paris, un événement de haut niveau sur les questions de langue française et d’interculturalité dans les opérations de maintien de la paix.
Sur le plan programmatique, a-t-elle ajouté, les équipes de l’OIF et de l’ONU, en partenariat avec la France et d’autres États membres, vont poursuivre le travail engagé sur le renforcement des capacités des troupes francophones, mais également sur la traduction des manuels opérationnels en français et sur l’enseignement du français aux troupes non francophones.
S’agissant de la prévention et la gestion des crises, Mme Mushikiwabo a dit que l’OIF est très mobilisée en République centrafricaine pour accompagner la dynamique de paix impulsée par l’Accord politique pour la paix et la réconciliation de février 2019.
Elle a aussi dit avoir mobilisé, en novembre 2019, le Président de la Commission de l’Union africaine et la Secrétaire générale du Commonwealth pour effectuer une visite tripartite au Cameroun afin d’encourager et accompagner les partenaires camerounais dans la recherche d’une solution à la crise dans les régions du nord-ouest et sud-ouest du pays.
« Nous sommes également aux côtés de nos pays qui sont confrontés à des crises majeures, comme actuellement au Mali », a-t-elle enchaînée. À ce sujet, elle a fait savoir que le 25 août, elle avait pris l’engagement de dépêcher rapidement une délégation de haut niveau à Bamako et qu’elle allait nommer les membres de cette délégation dans les prochains jours. Cette mobilisation s’inscrit dans le cadre d’un investissement croissant de la Francophonie au Sahel, au profit de la gouvernance, de la stabilité et de la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violents.
Souhaitant que la coopération avec le G5 Sahel prenne une nouvelle dimension, elle a aussi annoncé la mise sur pied dans les prochains mois, d’une radio pour la jeunesse au Sahel.
Mme Mushikiwabo a également fait le point sur l’accompagnement fourni par la Francophonie aux processus démocratiques de ses États membres. Elle a notamment expliqué que l’expertise mise à leur disposition s’appuie sur un dispositif « unique », celui des Réseaux institutionnels de la Francophonie qui regroupent des institutions judiciaires, des institutions de régulation et de médiation, ou encore des institutions de promotion et de protection des droits de l’homme. L’OIF mobilise ainsi les meilleures compétences et les met à disposition de ses États dans un esprit de « partage de bonnes pratiques », un travail de fond qui contribue à consolider les cadres institutionnels indispensables au développement démocratique.
L’OIF a également développé un programme dédié pour accompagner et renforcer les capacités des acteurs impliqués dans la préparation et la tenue des scrutins. Cette année, l’OIF est particulièrement mobilisée pour accompagner la préparation des scrutins prévus d’ici à la fin de l’année en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, en République centrafricaine ou encore au Niger.
Poursuivant, Mme Mushikiwabo est revenue sur le lancement le 25 septembre 2019, de la « Plateforme francophone au Conseil de sécurité », une plateforme « inédite » qui, a-t-elle rappelé, constitue le cadre d’un dialogue régulier sur les questions de paix et de sécurité internationales afin d’amplifier la voix francophone dans l’enceinte du Conseil de sécurité. Elle a en outre fait observer qu’actuellement, 7 des 15 membres du Conseil sont membres de la Francophonie.
La Secrétaire générale de l’OIF a par ailleurs fait observer que la diversité linguistique avait été mise à mal au cours des derniers mois, ce qui avait contribué à créer, de fait, une situation inéquitable dans la participation non seulement des membres du Conseil, mais aussi des intervenants et du public qui suit les travaux du Conseil. Elle a salué l’utilisation, pour la première fois aujourd’hui, du nouveau dispositif de visioconférence multilingue du Conseil de sécurité qui permet aux participants d’accéder à l’interprétation simultanée des travaux dans les six langues officielles des Nations Unies, dont le français. C’est pour Mme Mushikiwabo une avancée très importante pour que l’ensemble des délégations puissent participer pleinement, équitablement et efficacement aux travaux du Conseil organisés à distance.
M. ZOHRAB MNATSAKANYAN, Ministre des affaires étrangères de la République d’Arménie, intervenant en sa qualité de Président en exercice du Sommet de la Francophonie, a relevé que le débat intervient dans un contexte de grave crise sanitaire, humanitaire et économique mondiale provoquée par la pandémie de la COVID-19 qui, a-t-il affirmé, menace partout de mettre à mal la cohésion des sociétés et rend plus que jamais nécessaire la coopération internationale et l’affirmation d’un multilatéralisme efficace. Alors que les conséquences négatives de cette crise risquent de peser plus particulièrement sur les pays en développement et sur les catégories les plus vulnérables de la population, les Nations Unies et la Francophonie doivent affirmer avec force leur volonté de promouvoir la paix, la coopération, la solidarité et les valeurs du vivre ensemble, a-t-il souhaité.
M. Mnatsakanyan s’est également dit préoccupé de l’augmentation des discours de haine qui a particulièrement marqué cette période de crise sanitaire. Il est aujourd’hui, plus que jamais, essentiel de marquer notre attachement aux valeurs de tolérance, de respect des droits de l’homme et de la diversité culturelle, a-t-il insisté. « Malgré les efforts considérables du système multilatéral, nous continuons à faire face à des conflits armés, à des escalades militaires déstabilisatrices et à des discours haineux proférés au plus haut niveau politique, y compris dans notre voisinage immédiat. »
Le Ministre a ensuite rappelé la tenue du Sommet d’Erevan dédié à la promotion des valeurs du vivre-ensemble et l’importance de l’appel francophone d’Erevan pour le vivre-ensemble lancé alors par les chefs d’État et de gouvernement de la Francophonie.
Le Niger a estimé que la complémentarité entre l’ONU et l’OIF s’illustre de manière particulièrement éloquente par la diplomatie préventive et l’appui aux processus électoraux dans le but de mettre un terme aux crises et de consolider la démocratie. Il s’est également attardé sur la coopération des deux organisations dans le domaine du maintien de la paix, notant que la question de la participation des pays francophones aux opérations de paix de l’ONU est liée à l’augmentation des opérations menées dans les pays francophones et à la faiblesse du « volume » de personnel déployé par des pays francophones pour y participer. La Francophonie se mobilise pour mener une activité de plaidoyer auprès de ses membres afin, notamment, de renforcer les capacités francophones de maintien de la paix.
La délégation a aussi parlé de la contribution de l’OIF à la prévention et la gestion des conflits, citant notamment son engagement à combattre le terrorisme et l’extrémisme violent, ainsi que son rôle pionnier pour impliquer les femmes et les jeunes dans la prévention de conflit et la consolidation de la paix. En la matière, elle a cité l’accord-cadre établi en 2012 entre l’OIF et ONU-femmes qui a débouché sur la tenue, en 2016 à Abidjan, d’un séminaire international sur la promotion de la participation des femmes aux processus de paix. En application de la résolution 2250 (2015), l’OIF a en outre lancé un appel pour des initiatives francophones sur les jeunes, la paix et la sécurité, a relevé le Niger.
M. RUBÉN SILLIÉ, Vice-Ministre des affaires multilatérales de la République dominicaine, a rappelé que son pays est un État observateur de l’OIF depuis 2009. Puis, il a souligné le grand impact de la coopération de l’OIF avec les Nations Unies dans le contexte du maintien de la paix. Le multilinguisme est un outil fondamental dans le développement des opérations de maintien de la paix dans la mesure où la moitié de ces opérations sont menées dans des pays francophone, a-t-il expliqué. M. Sillié a aussi salué la grande contribution de l’OIF à travers les initiatives « Femmes, paix et sécurité », « Jeunesse, paix et sécurité » qui sont prioritaires pour la République dominicaine. Il a également souligné l’impact positif de la diplomatie préventive et des systèmes d’alerte rapide, du dialogue, de la médiation et des bons offices réalisés par l’OIF en tant qu’outils permettant de prévenir et d’éviter la propagation des conflits et la violation massive des droits de l’homme.
Le Vice-Ministre a ensuite mis l’accent sur le rôle prépondérant que l’OIF joue dans le domaine des changements climatiques avec le développement d’initiatives ponctuelles par son Institut de la Francophonie pour le développement durable. S’agissant de la lutte contre la cybercriminalité, il a indiqué avoir accueilli l’atelier régional sur « les stratégies nationales, la lutte contre la cybercriminalité et le développement de la cybersécurité », organisé pour les pays caribéens qui sont membres de la Francophonie. À l’occasion de cet événement, des mécanismes de coopération régionale ont été mis en place pour lutter contre ce fléau. En cette période où le multilatéralisme est souvent mis en cause, a déclaré M. Sillié, nous sommes convaincus qu’une étroite collaboration entre l’ONU et l’OIF rend possible un système multilatéral international plus fort et plus efficace: un système basé sur la diversité, la collaboration mutuelle et des principes internationaux communs.
La Belgique a déclaré que dans l’état actuel de défiance à l’égard du multilatéralisme, « encore renforcé par la crise sanitaire mondiale », l’OIF apporte une plus-value spécifique en participant à un multilatéralisme rénové et inclusif. Elle a notamment relevé que cette organisation réunit comme membres de plein droit, membres associés ou observateurs près de la moitié des États Membres des Nations Unies, issus des cinq continents. Des États ayant tous les français en partage mais venant d’horizons culturels parfois très différents, a-t-elle ajouté. Se disant être profondément attachée au concept d’une francophonie politique, la Belgique a estimé que la réponse et la réactivité de l’OIF face à la crise de la COVID ont été exemplaires, à l’instar de la création d’un fonds de solidarité pour les femmes africaines.
La délégation a ensuite évoqué l’adoption, par la Francophonie, de mesures envers le Mali suite au coup d’État afin d’y restaurer l’ordre constitutionnel ainsi que son appui aux efforts en vue d’un dialogue national au Cameroun aux côtés du Commonwealth et de l’Union africaine. Il pourrait donc être opportun, a-t-elle suggéré, d’explorer des pistes pour renforcer davantage la coopération entre l’ONU et l’OIF, par exemple en favorisant des actions communes comme la mise sur pied de missions de terrain conjointes ou des missions réunissant des envoyés spéciaux des deux organisations.
Enfin, la Belgique a souligné le travail constant de la Francophonie pour mobiliser les Nations Unies dans la promotion du multilinguisme et de la diversité culturelle comme élément clef du multilatéralisme, aussi bien au Siège que dans les opérations des Nations Unies sur le terrain. Ceci est primordial pour instaurer la confiance entre les populations et les personnels de l’ONU, une confiance indispensable au bon déroulement des opérations de paix, a-t-elle affirmé.
L’Indonésie a félicité l’OIF pour son étroite coopération avec l’ONU et son engagement actif dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix. Elle a rappelé qu’en tant que principal contributeur de troupes et de forces de police au sein du Conseil de sécurité, elle déploie actuellement 2 500 soldats de la paix, soit 93% de ses effectifs, dans des pays francophones. L’OIF, a poursuivi la délégation, représente « une identité collective unique liée par une similitude linguistique qui transcende plusieurs régions du monde ». Cela se reflète également dans l’expérience diversifiée de l’OIF en matière de prévention des conflits, a-t-elle noté, y voyant un « grand atout » pour tous les États Membres de l’ONU dans leur effort collectif de promotion de la paix et de la sécurité internationales. L’Indonésie invite par conséquent l’OIF à élargir sa coopération avec d’autres organisations régionales, telles que l’ASEAN, par le biais du dialogue et d’un échange de bonnes pratiques.
Pour l’Indonésie, il est impératif que tous les soldats de la paix comprennent pleinement la culture locale afin d’instaurer le dialogue et la confiance avec les communautés et s’acquitter efficacement de leur mandat. L’Indonésie fait d’ailleurs de sorte que tous ses soldats de la paix reçoivent une formation de base sur les langues et coutumes locales des zones où ils sont déployés. La délégation a salué à cet égard l’engagement de l’OIF à renforcer sa coopération avec l’ONU pour augmenter le nombre de personnels ayant un niveau satisfaisant en français dans les opérations déployées dans des pays francophones. Elle a appelé à davantage de programmes de renforcement des capacités en faveur des pays qui fournissent des contingents et recommandé un exercice de formation conjoint dans les centres de formation au maintien de la paix.
La France a rappelé que c’était à Niamey que 21 États avaient lancé, il y a 50 ans, une coopération devenue « l’organisation internationale la plus universelle après l’ONU ». Notre rencontre aujourd’hui a une symbolique d’autant plus forte que figurent parmi les fondateurs cinq membres actuels de ce Conseil. « L’attachement à la langue française et au multilinguisme nous unit et c’est pourquoi nous en sommes de si fervents défenseurs. Mais, au-delà, nous partageons entre francophones une identité commune fondée sur un socle de valeurs, au premier rang desquelles la solidarité, la diversité culturelle et les droits de l’homme. » La délégation française a relevé que la Francophonie a su se mobiliser, au cours de la crise actuelle, pour soutenir l’innovation, pour assurer la continuité de l’éducation de millions d’enfants, ou encore pour appuyer l’autonomisation des femmes et des filles vulnérables.
Saluant le rôle croissant de la Francophonie en matière de paix et de sécurité, en particulier depuis l’adoption de la Déclaration de Bamako sur la démocratie en 2000, la France a déclaré que cet attachement de la Francophonie à la démocratie guide également son action en matière d’appui à la tenue d’élections libres, fiables et transparentes. Elle a cité notamment les efforts importants déployés dans certains pays par l’ancien Secrétaire général Abdou Diouf qui avait joué un rôle majeur de bons offices en faveur de la réconciliation. Ces dernières années, la Francophonie s’est impliquée dans un très grand nombre de processus électoraux, par le biais d’actions allant de l’organisation de séminaires de formation au déploiement de missions d’observation électorale, a rappelé la délégation.
Très récemment au Mali, a-t-elle dit, l’OIF a réagi à l’unisson des Nations Unies pour condamner le coup de force du 18 août. Il est désormais indispensable que la transition politique civile se mette en place le plus rapidement possible et soit accompagnée par les partenaires internationaux du Mali, notamment par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a indiqué la France. Elle a ajouté que l’OIF pourrait opportunément jouer un rôle, en coopération avec les Nations Unies, dans l’accompagnement de long terme du prochain processus électoral, afin de permettre le retour à l’ordre constitutionnel.
En Guinée, l’OIF a plaidé cette année encore pour une reprise du dialogue, a poursuivi la France. « À l’approche de l’élection présidentielle du 18 octobre, pour laquelle nos préoccupations demeurent, nous considérons que les Nations Unies et l’OIF pourraient utilement appeler l’ensemble des acteurs guinéens à la responsabilité, au dialogue et à la plus grande retenue. » Pour la France, en tout cas, les Nations Unies pourraient tirer davantage profit de l’expertise de l’OIF, notamment sur le terrain. Alors que de nombreuses opérations de maintien de la paix ont lieu dans des pays francophones, la maîtrise du français est un gage d’efficacité, et devrait donc plus systématiquement constituer une condition préalable au déploiement. L’OIF développe, aux côtés de la France et des Nations Unies, des formations conjointes pour les personnels, en particulier les femmes, déployés dans les opérations, a justifié la délégation.
De même, l’Observatoire Boutros-Ghali du maintien de la paix favorise la discussion entre les États francophones contributeurs, le Conseil de sécurité et le Secrétariat des Nations Unies. Ses publications sont précieuses, et nous gagnerions à les diffuser et à nous y référer dans nos travaux au Conseil, a-t-elle recommandé. Pour sa part, la France continuera de travailler étroitement avec ses partenaires pour développer la coopération entre pays francophones aux Nations Unies ainsi qu’entre l’ONU et l’OIF. Cela s’est récemment traduit par l’établissement d’une plateforme francophone du Conseil de sécurité, qui rend notre travail plus inclusif, s’est félicitée la France.
La Fédération de Russie a estimé que l’OIF est « un bon exemple de coopération internationale reposant sur le riche héritage de la culture et de la langue française ». Elle a salué le « travail positif » accompli par l’OIF pour promouvoir le concept de monde multipolaire, prévenir les conflits armés et lutter contre la radicalisation, les manifestations de terrorisme et l’extrémisme à travers les nombreux contingents francophones des missions de maintien de la paix de l’ONU. Ce travail est aujourd’hui très demandé dans la région du Sahel, a-t-elle relevé, avant d’exprimer son appréciation des « bons services » rendus par l’OIF dans la recherche de solutions effectives dans des pays qui ne sont pas à l’agenda du Conseil de sécurité, tels que le Cameroun.
La Fédération de Russie a également salué les efforts de l’OIF pour promouvoir le principe du multilinguisme dans le travail du Secrétariat et des opérations de maintien de la paix de l’ONU. Se disant convaincue que le multilinguisme est essentiel pour atteindre les objectifs fondamentaux inscrits dans la Charte des Nations Unies, la délégation a réaffirmé l’importance d’une utilisation des six langues officielles de l’ONU, traitées de manière égale par toutes les divisions et sous-divisions du Secrétariat afin d’éviter un usage disproportionné de l’anglais au détriment des cinq autres langues officielles.
Réitérant son engagement en faveur d’une coopération globale entre l’ONU et diverses associations régionales, conformément au Chapitre VIII de la Charte, la Russie a noté que les acteurs régionaux jouent un rôle de plus en plus significatif dans le monde d’aujourd’hui, notamment en produisant des synergies qui conduisent à des résultats tangibles et durables. En règle générale, a fait valoir la délégation, ils ont une meilleure connaissance et compréhension des spécificités locales et de la situation sur le terrain, et disposent de ressources matérielles et techniques pertinentes.
La délégation a également souligné le grand potentiel, lorsqu’il s’agit de maintenir la stabilité internationale et de favoriser la coopération, d’organisations telles que l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), l’Union économique eurasiatique (UEE) ou encore la Communauté des États indépendants (CEI), en soulignant que leur autorité sur la scène internationale augmente d’année en année. « Nous attachons une grande importance au renforcement de leur dialogue avec l’ONU dans des domaines tels que la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme, la criminalité organisée et le trafic de drogue ainsi que dans l’intégration économique », a-t-elle indiqué avant de réaffirmer sa volonté de créer les conditions pour engager un contingent conjoint de l’OTSC dans les activités de maintien de la paix de l’ONU.
Pour le Viet Nam, l’ONU d’aujourd’hui ne serait pas la même sans les organisations régionales et sous-régionales. La délégation a souligné la contribution en particulier de l’OIF, avec ses 50 années d’expérience, au travail de l’ONU dont le Conseil de sécurité, ainsi que la détermination de ses 88 membres et observateurs en faveur de la paix et de la sécurité internationales. L’OIF joue ainsi un rôle important dans la sensibilisation et l’augmentation des ressources pour ces activités. Le Viet Nam a en même temps noté que plusieurs membres et observateurs de l’OIF ont été confrontés à des conflits ethniques et religieux et à des attaques ou menaces de terrorisme. Les difficultés découlant des contraintes de ressources, le manque de connaissances linguistiques en français des jeunes et les initiatives de connectivité au sein de la communauté de la Francophonie ont également une incidence sur le travail de l’organisation, a constaté la délégation.
Dans ce contexte, a-t-elle ajouté, l’ONU et l’OIF doivent faire des efforts pour promouvoir le multilatéralisme et trouver des solutions pacifiques aux conflits sur la base du droit international. Par exemple, a expliqué le Viet Nam, l’OIF pourrait envisager de créer un réseau de membres francophones en Afrique de l’Ouest et au Sahel afin de partager l’expérience et les meilleures pratiques dans la mise en œuvre de programmes des Nations Unies tels que la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et le récent Plan de soutien au Sahel. L’ONU et l’OIF pourraient également chercher à renforcer la coopération triangulaire avec l’Union africaine et d’autres organisations régionales pour résoudre les conflits dans cette région.
La délégation a ajouté que l’OIF est bien connue pour ses engagements en faveur du multilinguisme. Cette approche au sein des opérations de paix est bien accueillie, a-t-elle noté en relevant qu’environ la moitié des missions de paix ont été déployées dans des pays d’expression française tels que la République démocratique du Congo et la République centrafricaine, afin de faciliter une meilleure compréhension et un meilleur travail avec la communauté locale. À cet égard, le Viet Nam a souligné le grand potentiel d’une plus grande coopération entre l’OIF et l’ONU, avec l’affectation de ressources adéquates, sur les programmes de formation linguistique et d’expertise pour le personnel des Nations Unies, le personnel local et les enseignants, le but étant d’accroître l’efficacité des opérations de paix.
Le Royaume-Uni a estimé que la Francophonie avait « indéniablement » un rôle à jouer aux côtés de l’ONU en matière de prévention de conflit et de médiation, notamment au Cameroun. Elle peut également faire des contributions précieuses aux efforts déployés pour aider les pays sortant d’un conflit à tenir des élections et renforcer le rôle de la gouvernance démocratique, a ajouté la délégation qui a notamment cité le cas de la République centrafricaine où des élections sont prévues en décembre. Elle a appelé la Francophonie à se joindre à l’ONU pour appuyer la consolidation de la gouvernance démocratique et le respect des droits de l’homme au Burundi.
Préoccupé par la violence des derniers mois en Guinée et les accrochages qui se sont déroulés en Côte d’Ivoire, la délégation a appelé l’ONU, la Francophonie et les partenaires internationaux à travailler avec les parties prenantes des deux pays pour les encourager à respecter les valeurs démocratiques et les droits de l’homme. Le Royaume-Uni a par ailleurs appelé les États Membres à déployer des Casques bleus pleinement formés et entraînés, insistant sur l’importance des compétences linguistiques.
La Chine a déclaré que l’approfondissement de la coopération entre le Conseil de sécurité et l’OIF apportera une valeur ajoutée au multilatéralisme, au maintien de la paix dans le monde et à la promotion du développement. La délégation a souligné le fait que plusieurs membres de l’OIF sont à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, comme le Mali, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo et Haïti. Grâce à sa spécificité, l’OIF peut compléter le travail de l’ONU et du Conseil de sécurité et favoriser la synergie pour aider ces pays à parvenir à une paix et une stabilité durables, a ajouté la délégation. À cet égard, elle a salué l’engagement accru de l’OIF dans la mise en œuvre de la médiation, la promotion du dialogue, la facilitation de la confiance mutuelle et le règlement pacifique des différends.
Le principe de l’égalité souveraine et de l’appropriation nationale doit être respecté dans ce processus, a plaidé la Chine qui a aussi salué la participation de l’OIF dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU, qui a pour but d’aider les Casques bleus à renforcer leurs capacités, notamment par le biais de la formation linguistique et d’autres appuis techniques. La Chine a encouragé les membres de l’OIF à se soutenir mutuellement et à renforcer la coopération Nord-Sud, en particulier en aidant les pays en développement à renforcer leurs économies, créer des emplois, éradiquer la pauvreté et améliorer le niveau de vie des populations, afin de promouvoir les objectifs de développement durable.
L’Allemagne a salué le travail accompli par l’OIF ces dernières années visant à faire progresser de façon significative la participation dans les opérations de maintien de la paix des personnels en uniforme ressortissants des États de la Francophonie. Ces efforts sont essentiels pour instaurer la confiance entre les populations et les troupes mobilisées sur le terrain, alors que près des deux tiers des opérations de maintien de la paix en cours sont déployées dans des États de la Francophonie, et facilitent ainsi les actions de consolidation de la paix, a-t-elle dit.
La délégation a estimé qu’à l’instar de la France qui intègre les pays francophones dans l’Union européenne grâce à des échanges réguliers, une démarche similaire pourrait être envisagée au Conseil de sécurité afin de maintenir un dialogue constant sur les sujets d’intérêt commun, au rang desquels l’égalité des genres, la paix et le développement durable.
L’Afrique du Sud s’est dite convaincue de l’importante contribution des organisations régionales, sous-régionales et internationales au maintien de la paix et de la sécurité internationales. Elle s’est réjouie de leur coopération avec les Nations Unies dans le contexte du Chapitre VIII de la Charte de l’ONU. Tout en reconnaissant la complémentarité entre l’ONU et les acteurs régionaux, la délégation a souligné l’importance du principe de subsidiarité et de celui des avantages comparatifs dans le règlement des conflits, qui font que l’Union africaine (UA) confie aux organisations régionales et sous-régionales le rôle de chef de file dans la recherche de solutions compte tenu de leur statut géopolitique ou de leur familiarité avec la situation en crise. Elle a cependant tenu à rappeler que le Conseil de sécurité reste le seul organe international ayant la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Dans ce contexte, l’Afrique du Sud a félicité l’OIF pour son cinquantième anniversaire, qui coïncide avec les 75 ans de l’ONU et l’année de lancement du programme « Faire taire les armes » de la Commission de l’UA. « Nous soulevons ce point parce que la majorité des membres de l’OIF sont originaires du continent africain », a-t-elle expliqué, avant de saluer les efforts de l’organisation francophone dans la gestion et le règlement des conflits dans ses États membres, en se concentrant sur l’alerte précoce, la prévention, la consolidation de la paix, la démocratie et l’état de droit.
Jugeant également importante la coopération entre organisations régionales, notamment en cas d’adhésions multiples, la délégation a appelé à davantage de coordination entre l’OIF et d’autres organisations, qu’elles soient régionales comme l’UA ou sous-régionales telles que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et le Commonwealth. À cet égard, a-t-elle noté, les visites tripartites effectuées par l’UA, l’OIF et le Commonwealth au Cameroun ces derniers mois pour fournir une assistance aux activités de consolidation de la paix et de cohésion nationale démontrent l’importance des efforts collectifs menés chez un membre des trois organisations sur des questions d’intérêt mutuel. Enfin, elle a encouragé l’OIF à continuer de travailler étroitement avec les équipes pays et les missions politiques régionales de l’ONU ainsi qu’avec les opérations de maintien de la paix, en particulier dans la promotion du multilinguisme et de l’inclusivité.
L’Estonie a dit être consciente que l’OIF n’est pas seulement une organisation d’États ayant en commun la langue française: c’est une association d’États qui partagent les mêmes valeurs universelles que l’ONU. La délégation a salué le travail de l’OIF visant à promouvoir la démocratie, l’état de droit, les droits de l’homme, l’égalité des sexes ainsi que l’autonomisation des femmes, des filles et des jeunes et leur participation active à la société. L’Estonie reconnaît également la contribution de l’OIF au règlement des crises, à la consolidation de la paix et au développement de la coopération dans le secteur du maintien de la paix, notamment en renforçant la participation des contingents francophones aux opérations de maintien de la paix. La capacité des Casques bleus à communiquer avec la population locale dans les pays francophones, qui leur donne un meilleur accès aux personnes, est un outil puissant pour établir la confiance et, par ce biais, pour renforcer l’efficacité du maintien de la paix de l’ONU, a-t-elle indiqué.
L’Estonie a aussi noté l’importante collaboration entre l’OIF et l’ONU dans le domaine du suivi et de l’assistance électorale. Dans ce contexte, a déclaré la délégation, nous avons pris note de la réaction rapide de l’OIF aux récents événements au Mali, y compris sa décision de suspendre l’adhésion du pays à l’Organisation. L’OIF a néanmoins cherché à maintenir une coopération pour aider la population civile du Mali et favoriser la transition vers la démocratie. L’an prochain, l’Estonie compte participer au Sommet de l’OIF en 2021 à Tunis, qui se tiendra sur le thème « Connectivité dans la diversité: le vecteur numérique de développement et de solidarité dans l’espace francophone ». L’Estonie s’engage à partager son expérience et ses bonnes pratiques en matière de gouvernance électronique à travers des solutions numériques créatives avec les pays de la Francophonie, a assuré la délégation en prônant un avenir numérique protégé par des normes internationales, tout en préservant la planète verte.
Depuis sa création voilà 50 ans, ont observé les États-Unis, l’OIF a mis à profit ses bons offices, son aptitude à mobiliser des professionnels et des experts techniques francophones et ses capacités de coordination pour contribuer au maintien de la paix, à la solidification des institutions démocratiques et au renforcement des droits de l’homme. Ces efforts concernent non seulement les pays francophones mais aussi le monde entier, a souligné la délégation. La collaboration et la coordination entre l’OIF et les Nations Unies a été particulièrement remarquable dans des situations difficiles, a-t-elle relevé en citant comme exemple le travail effectué avec des populations de jeunes à risque au Mali dans le cadre du maintien de la paix et la sécurité internationales.
Pour la délégation américaine, l’action de l’OIF pour accroître le nombre de soldats de la paix qualifiés et promouvoir la participation des femmes dans les opérations de maintien de la paix a été « particulièrement utile ». Ces efforts correspondent, selon elle, à deux des principales priorités des États-Unis à l’ONU. « Parce que nous avons vu les conséquences directes de mauvaises performances en matière de maintien de la paix, nous sommes farouchement déterminés à avoir des soldats de la paix hautement qualifiés, et les initiatives de l’OIF ont un impact direct et positif sur ce front », a-t-elle souligné, ajoutant qu’un plus grand nombre de femmes soldats de la paix « signifie une meilleure performance et plus d’efficacité pour le maintien de la paix ».
La délégation s’est également déclarée consciente de l’importance extrême pour les soldats de la paix de communiquer avec les populations locales lorsqu’il s’agit de renforcer la confiance, de recueillir des informations en temps opportun et d’assurer la sécurité. Plus de 50% du budget du maintien de la paix étant alloué à des opérations en zones francophones, l’OIF remplit une « fonction vitale » en préparant des soldats de la paix francophones à affronter des environnements dynamiques et complexes, ont estimé les États-Unis. Avant de conclure, ils ont salué les efforts déployés par l’OIF pour constituer la réserve de Casques bleus francophones travaillant dans les opérations de paix, pour promouvoir les réformes du maintien de la paix et pour renforcer les capacités africaines de maintien de la paix dans les zones francophones.
Saint-Vincent-et-les Grenadines a fait observer que les organisations régionales et sous-régionales occupent une place essentielle dans le système multilatéral. Dans le cas de l’OIF, la portée internationale de cette institution et la répartition géographique de ses membres renforcent sa valeur stratégique, laquelle se manifeste par la coopération technique, la solidarité, le renforcement des capacités et la promotion de la démocratie et des droits de l’homme parmi ses membres. Compte tenu des tensions géopolitiques actuelles et de la fragmentation du système multilatéral, des groupes comme l’OIF se révèlent essentiels pour garantir que les pays soient en mesure de faire face à leurs difficultés sur la voie du développement et de construire des sociétés inclusives et prospères, conformément au Programme 2030. Saint-Vincent-et-les Grenadines a salué à cet égard les efforts déployés par l’OIF pour faire progresser la coopération multilatérale, promouvoir le développement durable, améliorer l’accès à une éducation de qualité, lutter contre les changements climatiques, renforcer l’état de droit et encourager la participation sociale, économique et politique des femmes, des filles et des jeunes dans les sociétés francophones.
Constatant que plus de 50% des personnes francophones dans le monde vivent sur le continent africain, la délégation a encouragé l’OIF à poursuivre ses activités de renforcement des capacités et d’assistance au développement dans les pays africains, notamment dans la région du Sahel. Elle l’a aussi engagée à renforcer les relations institutionnelles avec les organisations régionales et sous-régionales, telles que l’UA, la CEDEAO et le G5 Sahel, et accroître sa coopération avec la Commission de consolidation de la paix dans des pays francophones comme le Burundi et la République centrafricaine. « Alors que nous continuons à travailler pour faire taire les armes en Afrique pour construire des sociétés pacifiques et résilientes, conformément à l’Agenda 2063 de l’UA, l’OIF reste un partenaire essentiel de l’ONU. »