En cours au Siège de l'ONU

SC/14285

Conseil de sécurité: la Chef de la mission de l’ONU prévient que l’Iraq « essuie plusieurs tempêtes à la fois »

Le Conseil de sécurité a examiné aujourd’hui la situation en Iraq au cours de ces trois derniers mois, avec la Représentante spéciale du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), Mme Jeanine Hennis-Plasschaert. 

Les questions abordées ont été la formation du nouveau Gouvernement, sa décision de tenir des élections législatives anticipées et ses relations avec la Région autonome du Kurdistan iraquien.  Les délégations ont aussi parlé des opérations militaires turques sur le sol iraquien, de la lutte contre Daech, du recours excessif de la force contre les manifestants ou encore de la question des ressortissants koweïtiens et de pays tiers disparus et des biens koweïtiens disparus. 

Reprenant ses séances virtuelles, grâce au système de visioconférence spécialement conçu pour lui, le Conseil a entendu de la bouche de la Représentante spéciale que l’Iraq « essuie plusieurs tempêtes à la fois ».  Le pays, a-t-elle expliqué, s’attend à une baisse de 10% de son PIB et, conscient du coût économique d’une corruption « endémique », son gouvernement a fait des réformes économiques et financières une priorité.  La Chef de la MANUI a estimé que les premières mesures du Gouvernement montre un mouvement vers une plus grande redevabilité, un appui plus robuste à la liberté d’expression et de réunion et un engagement concret en faveur de la justice.

L’ensemble des délégations a surtout salué la décision du Gouvernement iraquien d’organiser des élections législatives anticipées le 6 juin 2021.  Mais, a prévenu la Chef de la MANUI, le Parlement n’a pas encore réglé les questions cruciales de la répartition des sièges et de la délimitation des circonscriptions, et la Haute Commission électorale indépendante continue de subir des pressions politiques.

S’agissant des relations entre Bagdad et Erbil, Mme Jeanine Hennis-Plasschaert s’est impatientée: 15 ans après la rédaction de la Constitution iraquienne, aucune législation n’est venue préciser les droits et les obligations respectives de Bagdad et du Gouvernement de la Région du Kurdistan, dans un système fédéral, et aucun accord n’a été trouvé ni sur la répartition des revenus de l’exploitation des ressources naturelles, ni sur les territoires contestés.  La Fédération de Russie a estimé que la reprise des contacts entre Bagdad et Erbil contribuera à promouvoir la sécurité et l’utilisation efficace de sa capacité économique pour le bien de toute la nation iraquienne. 

L’Iraq s’est voulu rassurant: le Gouvernement a pour objectif d’apporter des solutions aux problèmes urgents du pays, mais il faut que certaines étapes soient respectées.  Il a cité la préservation de la souveraineté de l’État, le renforcement de l’état de droit et le contrôle de toutes les forces armées.  L’Iraq a indiqué que son Premier Ministre a engagé un dialogue stratégique avec les États-Unis sur l’avenir des relations bilatérales, et surtout la future présence des troupes américaines.  Il faut également, a-t-il martelé, empêcher les puissances étrangères de faire du territoire iraquien la base de leurs intérêts politiques et stratégiques.  

Cet appel a été relayé par plusieurs délégations, en particulier face aux frappes aériennes des Forces armées turques contre des « éléments du PKK » dans la Région du Kurdistan iraquien, au mois de juin dernier.  L’Iraq a d’ailleurs fait savoir son droit de répondre à toute attaque qui menacerait sa sécurité, rappelant la plainte qu’il a déposée au Conseil de sécurité pour réclamer des mesures urgentes contre d’éventuelles autres violations.  La France a conseillé la désescalade pour ne pas que l’Iraq ne devienne « l’arène d’une confrontation régionale » et les États-Unis se sont dits déterminés à aider l’Iraq à se libérer de l’ingérence étrangère, dont « l’influence et les activités malveillantes de l’Iran, premier commanditaire du terrorisme au monde ».

À ce propos, l’action de la Coalition internationale contre Daech doit adapter ses modalités d’action à l’évolution de la menace, ont dit des délégations.  La communauté internationale, a souligné la Chine, doit aider l’Iraq à consolider les résultats durement acquis de la lutte contre le terrorisme et à s’attaquer à la question des combattants terroristes étrangers.  Nous mènerons, a déclaré l’Iraq, des négociations avec la Coalition internationale pour vaincre Daech sur la base d’une vision nationale partagée et inclusive.  L’Iraq n’a pas manqué de saluer les efforts de rapatriement des membres des familles des combattants terroristes étrangers et a exhorté d’autres pays à rapatrier leurs ressortissants non condamnés.  L’Iraq a conclu sur la question des ressortissants koweïtiens et de pays tiers disparus et des biens koweïtiens disparus, pour dire que son Ministère de la défense poursuit ses efforts de fouille dans plusieurs sites et que son gouvernement a annoncé, le 28 juillet dernier le paiement de 210 millions de dollars, ce qui laisse un solde impayé de 2,6 milliards de dollars.

La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.

Présentant la situation de ces trois derniers mois, Mme JEANINE HENNIS-PLASSCHAERT, Représentante spéciale du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), a noté qu’un tiers des Iraquiens vivent sous le seuil de pauvreté, que trois millions d’entre eux n’ont pas assez à manger et que 11 millions d’élèves et d’étudiants subissent l’interruption de leurs études.  L’Iraq s’attend à une baisse de 10% de son PIB, entre autres en raison de la chute des revenus pétroliers.  Conscient du coût économique d’une corruption « endémique », le Gouvernement iraquien a fait des réformes économiques et financières une priorité.  La classe politique, a encouragé la Représentante spéciale, doit s’unir pour répondre aux besoins des iraquiens les plus démunis.  Un environnement favorable à une croissance inclusive et la création d’emplois restent le meilleur remède contre les troubles, les conflits et les ingérences extérieures.  

Le Gouvernement iraquien fait face à plusieurs tempêtes à la fois, a reconnu la Chef de la MANUI qui s’est d’abord inquiétée de l’augmentation du nombre d’assassinats et du fait que des activistes et défenseurs des droits de l’homme soient pris pour cible.  Faire taire les voies pacifiques, en exerçant une pression sur les militants et les médias, en brouillant la scène ou pire, en versant le sang, constitue un affront contre les droits fondamentaux et la dignité, a insisté Mme Jeanine Hennis-Plasschaert.  Elle a pourtant trouvé des raisons d’être encouragée, citant les déclarations et les premières mesures du Gouvernement actuel.  Nous voyons, s’est-elle expliquée, un mouvement vers une plus grande redevabilité, un appui plus robuste à la liberté d’expression et de réunion et un engagement concret en faveur de la justice.   

S’inquiétant de la récente escalade dans les zones frontalières iraqo-turques, elle a exhorté les deux pays à résoudre leurs différends par le dialogue et la coopération, dans le plein respect de leur souveraineté nationale.  Bien que la date du 6 juin 2021 ait annoncée pour les prochaines élections, la Chef de la MANUI a indiqué que le Parlement n’a pas encore réglé les questions cruciales de la répartition des sièges et de la délimitation des circonscriptions.  La Haute Commission électorale indépendante doit être renforcée et débarrassée des pressions politiques persistantes, en particulier dans la sélection de son personnel et l’élaboration et la mise en œuvre des procédures électorales.   

Pour résoudre les questions électorales et rétablir la confiance de l’opinion publique, Mme Jeanine Hennis-Plasschaert a invité la Haute Commission à établir une liste électorale complète et inclusive; à mettre sur pied un système de résultats électoraux transparent, éprouvé et fiable, et un cadre efficace pour traiter les plaintes.  La MANUI, a-t-elle promis, est disposée à prêter main forte. 

En ce qui concerne les relations Bagdad-Erbil, Mme Jeanine Hennis-Plasschaert a souligné que des négociations constructives représentent la seule voie viable.  Quinze ans après la rédaction de la Constitution iraquienne, aucune législation n’est venue préciser les droits et les obligations respectives de Bagdad et du Gouvernement de la Région du Kurdistan dans le contexte d’un système fédéral, aucun accord n’a été trouvé ni sur la répartition des revenus de l’exploitation des ressources naturelles ni sur les territoires contestés.  

Ce début du mois d’août marque le sixième anniversaire du massacre de Sinjar et il intolérable que l’accord préliminaire sur une administration unifiée et des structures de sécurité stables ne se soit toujours pas concrétisé.  Il est temps de matérialiser un accord final, a martelé la Représentant spéciale.    

Dans la Région du Kurdistan, comme ailleurs en Irak, la transparence, la lutte contre la corruption, la liberté d’expression et les réformes fondamentales sont d’une importance cruciale, a insisté la Représentante spéciale.  Notant que le taux de retour des 1,4 million de déplacés iraquiens est le plus bas depuis trois ans, elle a indiqué que la MANUI a initié des discussions avec le Gouvernement pour améliorer cette situation.   

La MANUI collabore aussi avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et les autorités iraquiennes et koweïtiennes pour rapatrier les restes koweïtiens exhumés d’une fosse commune dans le sud de l’Iraq en janvier dernier.  Malgré de strictes restrictions aux voyages imposées par la pandémie, le transfert devrait avoir lieu dans un proche avenir.  Pendant ce temps, les laboratoires médico-légaux koweïtiens poursuivent leurs analyses ADN pour identifier les restes déjà rapatriés l’année dernière.  

Les États-Unis se sont enorgueillis du succès du dialogue stratégique entre Washington et Bagdad, organisé la semaine dernière.  Nous continuons à travailler en étroite coordination pour extirper la menace de Daech en Iraq ou ailleurs.  Les États-Unis ont aussi dit avoir signé avec l’Iraq neuf protocoles sur la coopération bilatérale dans les secteurs de la santé, de la réforme économique, de l’investissement privé, du commerce et de l’énergie.  Cinq de ces protocoles sont signés avec des entreprises américaines, pour aider l’Iraq à développer son secteur de l’énergie. 

Les États-Unis ont annoncé une aide humanitaire supplémentaire de près de 204 millions de dollars pour le peuple et les réfugiés iraquiens, sans oublier les communautés qui les accueillent.  Ce financement porte le total de l’action américaine à plus de 706 millions de dollars depuis le début de l’exercice 2019 et à plus de 2,4 milliards de dollars depuis 2014.  Les États-Unis ont salué l’annonce d’élections législatives anticipées.  Nous prévoyons, ont-ils affirmé, un financement de 10 millions de dollars, sous réserve de l’avis du Congrès, par le biais du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  

Les États-Unis n’ont pas caché leurs préoccupations face au meurtre de manifestants pacifiques, de militants de la société civile et de membres des médias.  Appelant le Gouvernement iraquien à établir les responsabilités, ils se sont dit par ailleurs déterminés à aider l’Iraq à se libérer de l’ingérence étrangère, dont « l’influence et les activités malveillantes de l’Iran, premier commanditaire du terrorisme au monde ».  L’Iran, ont-ils accusé, veut semer le chaos et répandre la méfiance dans toute la région.  Les États-Unis ont donc dit avoir pris des mesures pour réimposer les sanctions de l’ONU à l’Iran qui ne doit jamais avoir accès à des armes plus modernes pour menacer ses voisins ou la région.  

Saint Vincent-et-les Grenadines a salué la formation du Gouvernement et les domaines prioritaires définis par le Premier Ministre dont la tenue d’élections anticipées, la lutte contre le terrorisme et le respect de l’état de droit.  La délégation a plaidé pour que la communauté internationale appuie activement le Plan mondial d’intervention humanitaire pour la COVID-19 dont l’Iraq est bénéficiaire.  Elle a condamné les actes de violence et de terreur perpétrés par Daech ainsi que les conséquences pour les enfants des mines terrestres et des restes explosifs.  Elle a aussi condamné le fait que les militants de la société civile soient la cible d’attaques et exhorté le Gouvernement à contrer cette campagne hostile d’intimidation.  L’établissement des responsabilités pour ces actes est tout important et essentiel pour le processus de reconstruction.  Aucun acte contraire au droit international humanitaire ou aux droits de l’homme ne doit rester impuni, a martelé la délégation.  

La Républicaine dominicaine a salué la formation du nouveau Gouvernement qui comprend des femmes et des membres des groupes minoritaires.  Elle a salué aussi les mesures prises jusqu’à présent, contre la pandémie de COVID-19 et le déficit budgétaire.  En ce qui concerne les relations entre Bagdad et Erbil, elle s’est félicitée de la reprise des pourparlers sur l’accord relatif au partage des ressources et des revenus.  La délégation s’est dit inquiète de l’évolution de la sécurité en Iraq, en particulier les activités terroristes qui se sont intensifiées.  Elle a encouragé la communauté internationale à renforcer la coopération avec l’Iraq dans la lutte contre le terrorisme, dans le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’espace aérien iraquien.  Il faut éviter d’utiliser le territoire iraquien comme un théâtre d’affrontements.  Tout le monde doit s’abstenir de toute activité militaire sans le consentement du Gouvernement iraquien. 

Alors que l’Iraq est confronté à plusieurs défis, son gouvernement doit agir dès maintenant et élaborer des mesures à long terme pour les surmonter, a déclaré l’Estonie.  La délégation a appelé la communauté internationale à soutenir l’Iraq en ces temps de COVID-19 et de crise économique.  Elle a exhorté le Gouvernement iraquien à accélérer les réformes structurelles, à mettre en œuvre des mesures efficaces pour lutter contre la corruption et à faire respecter l’état de droit.  Il est essentiel de mener à bien la réforme du secteur de la sécurité et de mettre toutes les forces armées sous le contrôle de l’État.  La délégation a salué l’annonce des élections en juin 2021 et a prié le Parlement d’adopter la loi électorale.  Elle s’est félicitée des efforts du nouveau Gouvernement iraquien pour assurer l’établissement des responsabilités pour les violations des droits de l’homme pendant les manifestations.  L’Estonie a appelé le Gouvernement iraquien à assurer la protection de ces droits, y compris la liberté d’expression et de réunion. 

La France a réaffirmé son soutien à l’Iraq qui est un pays au cœur des enjeux du Moyen-Orient.  Les Ministres Jean-Yves Le Drian et Florence Parly s’y sont rendus, en un mois « pour marquer ce soutien, à l’heure où les défis sont nombreux ».  Le Premier Ministre iraquien, M. al-Kadhimi, a annoncé et lancé un certain nombre de réformes, s’est réjouie la France, appelant la communauté internationale à se mobiliser pour soutenir les autorités iraquiennes dans cette tâche.  Qualifiant de « développement positif », l’annonce de la tenue d’élections législatives anticipées en juin 2021, la France a jugé essentiel que toutes les parties prenantes se mobilisent pour permettre un scrutin inclusif, libre et transparent, ajoutant que la participation pleine, active et effective des femmes à cette élection est également essentielle.  La MANUI, qui dispose d’un mandat solide en matière d’assistance électorale, doit continuer de mener cette tâche cruciale au cours des mois à venir. 

La France s’est également dite attentive à la situation à Bassora et dans le sud du pays où la liberté de manifester doit être garantie sur l’ensemble du territoire.  Il est impératif que les auteurs présumés de violence contre les manifestants rendent des comptes à la justice, a demandé la délégation pour qui il est indispensable que le pays se maintienne à l’abri des tensions régionales.  La France a en effet dit partager les graves préoccupations iraquiennes face aux incursions turques et a appelé à la désescalade.  Concernant la menace de Daech, elle a jugé essentiel que l’action de la Coalition internationale aux côtés des autorités iraquiennes se poursuive en adaptant ses modalités d’action à l’évolution de la menace.  Concluant sur la situation humanitaire aggravée par la pandémie de COVID-19, la France a dénoncé les restrictions à l’accès humanitaire.  

La Fédération de Russie a, à son tour, salué la formation du gouvernement du Premier Ministre, M. Mustafa al-Kadhimi et a appuyé ses efforts pour relever les défis de la lutte contre la pandémie de COVID-19, le terrorisme, la crise économique et la corruption.  Convaincue qu’un dialogue national inclusif contribuera à surmonter les problèmes internes, la Fédération de Russie a encouragé la reprise des contacts entre Bagdad et Erbil, notamment pour faire avancer la question du partage des revenus et des ressources.  La Fédération de Russie a appuyé l’intention du Gouvernement iraquien de tenir des élections en 2021.  Notant que Daech demeure une menace à la sécurité, la Fédération de Russie a appelé tous ceux qui participent à la lutte contre le terrorisme en Iraq soutiennent la souveraineté nationale et coordonnent leurs actions avec le Gouvernement.  L’Iraq ne serait devenir le théâtre d’une confrontation régionale.  

La Fédération de Russie a accusé la délégation américaine de vouloir une fois de plus blâmer l’Iran pour la déstabilisation de la situation en Iraq.  Elle a mentionné les efforts « infructueux » menés ce mois-ci pour réimposer un embargo sur les armes à l’Iran.  La Fédération de Russie a vu là « une posture étrange » d’autant plus que les États-Unis ont rejeté deux initiatives russes visant à convoquer une réunion du Conseil de sécurité pour discuter de la situation entourant le Plan global d’action commun sur le dossier nucléaire iranien.  N’oublions pas, a ajouté la Fédération de Russie, que le Président Donald Trump a lui-même qualifié la guerre en Iraq de « la pire erreur géopolitique de notre génération ».   

Elle a rappelé qu’elle a proposé plusieurs idées pour trouver une solution dans le cadre de la résolution 598 (1987) relative à l’Iraq et à l’Iran et du concept russe de sécurité collective dans le golfe Persique.  Le Président Vladimir Poutine, a annoncé la Fédération de Russie, vient de proposer d’organiser un sommet des cinq membres permanents du Conseil de sécurité avec l’Allemagne et l’Iran pour discuter de la situation dans le Golfe et des moyens de l’améliorer. Répondez favorablement à cette initiative comme à une invitation au dialogue, a conclu la Fédération de Russie. 

Pour la Chine, l’adoption à l’unanimité en mai dernier de la résolution 2522 (2020), prolongeant d’un an le mandat de la MANUI est un message clair du soutien de la communauté internationale à l’Iraq.  Aujourd’hui, s’est réjouie la Chine, le Gouvernement et le peuple iraquiens travaillent d’arrache-pied pour relever les défis économiques, faire avancer le processus politique, lutter contre le terrorisme et combattre la pandémie de COVID-19.  La Chine a insisté sur le respect de la souveraineté, de l’indépendance politique et de l’intégrité territoriale de l’Iraq.  Comme le pays prévoit d’organiser des élections anticipées en juin 2021, la communauté internationale doit respecter le leadership iraquien et la MANUI doit fournir une assistance électorale, conformément au mandat conféré par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

La délégation, qui a rappelé que l’Iraq a protesté à plusieurs reprises contre les actions militaires unilatérales de certains pays, a appelé les parties concernées à régler les problèmes qui pourraient aggraver les tensions en Iraq par des moyens pacifiques.  Elle a aussi estimé que la communauté internationale doit aider l’Iraq à consolider les résultats durement acquis de la lutte contre le terrorisme et à s’attaquer à la question des combattants terroristes étrangers.  Il faut aussi aider l’Iraq à relever les défis du développement socioéconomique.  La Chine a salué la reprise des pourparlers entre le Gouvernement fédéral et le Gouvernement de la Région du Kurdistan sur le partage des revenus et l’exploitation des ressources.  

L’Allemagne a commencé par saluer les premières mesures prises par le Gouvernement du Premier Ministre, M. Mustafa al-Kadhimi, qui vont dans la bonne direction.  Elle a souhaité voir le Gouvernement iraquien mettre en œuvre les réformes politiques, sociales et économiques indispensables et a salué les premières mesures de lutte contre la corruption.  S’agissant du processus électoral, l’Allemagne a pris note de la date des élections législatives anticipées et s’est dit prête à soutenir la MANUI dans ses efforts d’assistance électorale.  En tant que l’un des principaux donateurs de l’Iraq, l’Allemagne a réitéré sa disposition à collaborer étroitement avec le Gouvernement iraquien pour relever les défis et bâtir un Iraq prospère et stable. 

Elle s’est tout de même avouée préoccupée par les informations faisant état d’arrestations et d’actes de violence et d’intimidation contre des manifestants, des militants de la société civile, des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes.  Elle a particulièrement condamné les récents assassinats ciblés de militants à Bassorah et à Bagdad.  Elle s’est donc félicitée de la volonté affichée du Gouvernement de protéger les droits fondamentaux de tous les citoyens et de la promesse du Premier Ministre de mettre fin à l’impunité.  

En ce qui concerne les relations entre Bagdad et Erbil, l’Allemagne a encouragé les deux parties à résoudre rapidement toutes les questions en suspens, y compris celles liées aux ressources naturelles, au partage des revenus et aux accords de sécurité.  Elle s’est dit inquiète des tensions régionales et souligné que la souveraineté et l’intégrité territoriales de l’Iraq doivent être respectées.  L’Iraq, a-t-elle martelé, ne doit en aucun cas devenir le théâtre d’une confrontation régionale.  Elle a appelé à la coopération entre le Gouvernement iraquien et ses partenaires internationaux dans la lutte contre le terrorisme. 

Le Niger s’est félicité de la formation d’un nouveau gouvernement en Iraq sous la direction du Premier Ministre Mustafa al-Kadhimi et a appelé tous les dirigeants politiques à ne ménager aucun effort pour assurer une bonne collaboration entre l’exécutif et le législatif afin de pourvoir les sièges restants des différents cabinets.  Pour la délégation, en ces temps difficiles, il est essentiel d’avoir un gouvernement stable et fort, prêt à combattre la pandémie de COVID-19, à relever les défis socioéconomiques et sécuritaires et à mettre en œuvre le programme de réforme du Gouvernement, notamment la lutte contre la corruption.

Selon le Niger, la persistance des activités terroristes rappelle la nécessité de continuer à soutenir l’ONU et les partenaires internationaux de l’Iraq dans la lutte contre les vestiges de Daech.  La délégation a également rappelé l’appel du Secrétaire général en faveur d’un soutien international accru au Plan mondial de réponse humanitaire pour la COVID-19, y compris pour les activités clefs qui y sont identifiées pour l’Iraq.

En ce qui concerne le processus électoral, le Niger a jugé essentiel l’appui de la MANUI à la Haute Commission électorale indépendante pour reconstruire ses capacités institutionnelles et opérationnelles.  Dans la perspective des élections de l’année prochaine, le Niger a appelé la communauté internationale à soutenir les autorités iraquiennes compétentes pour garantir des élections justes et inclusives.  « Un processus durable doit inclure les femmes et les jeunes iraquiens. »

Enfin, sur la question des disparus koweïtiens et des pays tiers, des biens et des archives de la première guerre du Golfe, le Niger a salué les déterminations de la MANUI, de la Commission tripartite et du Comité international de la Croix-Rouge à faire avancer ce dossier malgré les restrictions liées à la COVID-19.  La délégation a estimé que les récentes découvertes renforceront les relations avec le Koweït.

L’Afrique du Sud a salué la formation du nouveau Gouvernement iraquien, arguant que la réconciliation nationale et l’unité sont essentielles pour affronter les défis futurs.  L’Afrique du Sud s’est dit ravie d’apprendre que le Gouvernement iraquien a accepté de reprendre ses contributions mensuelles au Gouvernement régional du Kurdistan.  Elle a dit attendre avec impatience un consensus sur la question du partage des revenus.  En attendant, elle a encouragé l’Iraq à ajuster ses interventions contre la COVID-19.  Elle a insisté sur l’importance de la paix et la sécurité sur le développement et soutenu la consolidation du contrôle de l’armée iraquienne sur l’ensemble du territoire et les efforts pour éradiquer la menace posée par Daech.  La délégation a exprimé sa profonde préoccupation face au meurtre de deux militants de la société civile et aux attaques contre d’autres personnes dans la ville de Bassorah.  Elle a demandé aux autorités de poursuivre les enquêtes sur ces horribles attaques et d’en traduire les auteurs en justice.  Elle a également prié l’Iraq et le Koweït de collaborer avec les institutions compétentes des Nations Unies pour résoudre les questions en suspens. 

Pour le Viet Nam, les progrès récents en Iraq sont notables et encourageants puisqu’aujourd’hui le Gouvernement est formé.  Des progrès ont également été faits dans la gestion de la pandémie de COVID-19, et le Gouvernement s’est engagé à combattre la corruption, à réformer l’économie et à renforcer les institutions publiques.  À la lumière de l’augmentation du nombre de cas de COVID-19, alors que des millions de personnes sont simultanément confrontées à la pauvreté et à l’insécurité alimentaire, le Viet Nam a appelé au maintien de l’aide internationale.  Il a souhaité voir une collaboration continue et étroite entre les équipes des Nations Unies et le Gouvernement iraquien.  Compte tenu de la situation complexe au Moyen-Orient, il est également important de garantir le plein respect de l’indépendance politique, de l’unité, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du pays, a fait valoir le Viet Nam pour lequel le dialogue, la solidarité et l’harmonie sont les facteurs clefs de la stabilisation du pays. 

La Belgique s’est félicitée de l’appel du Premier Ministre iraquien, M. al-Kadhimi, pour la tenue d’élections anticipées le 6 juin 2021.  Des élections véritablement libres, justes et inclusives, conformément à la résolution 2522, peuvent, à ses yeux, ouvrir la voie à un Iraq plus stable et démocratique.  Elle a insisté sur l’importance d’une participation pleine, active et significative des femmes et a salué au passage le rôle joué par la MANUI dans le conseil, le soutien et l’assistance au Gouvernement iraquien dans la préparation des élections.  Préoccupée par l’augmentation exponentielle des cas de COVID-19 en Iraq, qui met à rude épreuve un système de santé déjà fragilisé par des années de conflit, la délégation a salué la réponse rapide et efficace des autorités sanitaires iraquiennes.  Compte tenu de l’impact des restrictions de mouvement liées à la COVID-19 sur l’accès humanitaire, la Belgique en a demandé un accès complet et sans entrave à toutes les régions du pays.  La Belgique a dit soutenir le Gouvernement iraquien dans ses efforts en matière de développement économique, notamment par le développement du secteur privé, la lutte contre la corruption et la mise en œuvre de réformes administratives.

Sur le plan de la sécurité, elle a noté avec préoccupation que, malgré la défaite militaire de Daech en Iraq, le groupe continue de fonctionner comme un réseau clandestin et de mener des attaques.  Dès lors, elle s’est félicitée de l’engagement renouvelé du nouveau Gouvernement dans le domaine de la réforme du secteur de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme. 

Abordant également la situation des enfants en Iraq, la délégation a indiqué que le 30 juillet 2020, le Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés, que préside la Belgique actuellement, a adopté des conclusions sur l’Iraq par consensus.  Il attend avec intérêt de continuer à travailler sur ce dossier avec l’Iraq puisqu’il est toujours fait état de meurtres et de mutilations d’enfants par les mines terrestres et les restes explosifs de guerre et qu’il faut s’occuper des enfants en détention, notamment dans le contexte de la COVID-19.  La détention des enfants ne doit être utilisée qu’en dernier ressort et pour la durée la plus courte possible, a exigé la Belgique.

Le Royaume-Uni a salué, à son tour, la formation du Gouvernement du Premier Ministre al-Kadhimi, y compris la nomination de deux femmes et d’un membre d’une communauté minoritaire.  Il a aussi salué les mesures prises par le Gouvernement iraquien et le Gouvernement régional du Kurdistan pour la sécurité des citoyens dans la lutte contre la pandémie de COVID-19.  Le Royaume-Uni a dit avoir versé plus de 12 millions de dollars contre la pandémie.  Mais le défi le plus urgent, a-t-il estimé, est de s’attaquer à la crise économique qui nécessite des réformes cruciales.  Encore une fois, a dit la délégation, le Royaume-Uni apportera son aide car bien difficiles, les réformes sont nécessaires à la stabilité économique et sociale à long terme.  Le Royaume-Uni a dit avoir débloqué une enveloppe de plus de 19 millions de dollars au profit du Fonds de réforme et de reconstruction de l’Iraq de la Banque mondiale. 

Toutefois, il s’est dit profondément préoccupé face à l’aggravation de la violence contre les militants de la société civile en Iraq.  Il a noté avec inquiétude l’attaque de ce matin contre un véhicule du Programme alimentaire mondial (PAM) dans la province de Ninowah.  Il a exhorté le Gouvernement iraquien à enquêter sur cette attaque et à traduire les auteurs en justice.  Il a aussi condamné les attaques contre le personnel des États-Unis et de la Coalition, y compris les fournisseurs iraquiens.  Le Royaume-Uni s’est aussi inquiété de l’offensive de Daech ces derniers mois, en particulier dans les territoires contestés.  Il a, en revanche, salué les efforts du Premier Ministre al-Kadhimi pour renforcer les relations bilatérales avec le Koweït, notamment en ce qui concerne la question des personnes et des biens koweïtiens disparus et le retour des archives nationales koweïtiennes.  

L’Indonésie s’est dite confiante qu’avec l’attitude positive du Gouvernement actuel et la volonté du peuple de poursuivre le programme de réforme, les efforts en cours aboutiront aux progrès souhaités par tous les Iraquiens.  La mise en œuvre du programme de réforme et les élections sont cruciales pour l’avenir de l’Iraq, a estimé la délégation avant de se féliciter de la formation du Cabinet sous la direction du Premier Ministre, M. al-Kadhimi, y compris la nomination de deux femmes ministres.  Elle a aussi salué la manière dont la crise de COVID-19 et les difficultés économiques sont gérées.  Elle s’est réjouie des mesures de lutte contre la corruption et pour la redevabilité.  La tenue d’élections libres, justes et crédibles en juin 2021 est une prochaine étape importante, a fait remarquer l’Indonésie.  Le maintien de la stabilité est particulièrement important à un moment où les vestiges de Daech et d’autres groupes terroristes représentent toujours une menace non seulement pour l’Iraq mais aussi pour la région et le monde.  Dès lors, l’Indonésie a insisté sur le fait que les opérations dans ce domaine doivent être menées en coordination avec le Gouvernement.  

Les défis auxquels nous sommes confrontés, a déclaré l’Iraq, sont considérables et touchent plusieurs domaines, dont l’économie, la sécurité, la santé ou le social.  Mais notre volonté de les relever est plus grande, a-t-il affirmé, en rappelant que l’un des engagements importants que le nouveau Gouvernement a pris est de répondre aux revendications des manifestants.  Des mesures ont été prises pour rétablir la confiance de la population, en particulier les jeunes.  La lutte contre la corruption est également au cœur du processus de réforme et le Gouvernement est déterminé à reprendre le contrôle total des points de contrôle aux frontières afin de décourager les pratiques illégales. 

Les élections anticipées ont été fixées au 6 juin 2021, grâce à des consultations efficaces entre le Gouvernement et l'autorité législative.  Sans des initiatives inclusives, a admis l’Iraq, il sera très difficile de trouver des solutions durables à la crise.  Le Gouvernement actuel a pour objectif d’apporter des solutions aux problèmes urgents du pays, mais il faut que certaines étapes soient respectées, à commencer par la préservation de la souveraineté de l’État, le renforcement de l’état de droit et le contrôle par l’État de toutes les forces armées.  Il faut également, a poursuivi l’Iraq, empêcher les puissances étrangères de faire du territoire iraquien la base de leurs intérêts politiques et stratégiques.  La notion de souveraineté et d’indépendance iraquiennes est essentielle à la stabilité et à la sécurité de la région.  Le Gouvernement s’est engagé à faire respecter son autorité, en contrôlant les détentions d’armes, en les limitant aux institutions publiques et militaires et en faisant respecter l’état de droit.  

À cette fin, le Gouvernement a lancé un processus de réforme du secteur de la sécurité dont le succès dépend largement, a précisé la délégation, de celui de la campagne de lutte contre la corruption et des réformes économiques; d’un dialogue national franc et responsable avec toutes les composantes de la société; de la promotion du patriotisme; du respect de la diversité; et de la sauvegarde de la souveraineté de l’Iraq.  

La lutte contre le terrorisme est également au cœur de la stratégie de sécurité du pays.  À cette fin, a expliqué la délégation, le Gouvernement travaillera avec la communauté internationale pour faciliter l’accès à l’aide humanitaire.  Il mènera des négociations avec la Coalition internationale pour vaincre Daech sur la base d’une vision nationale partagée et inclusive.  L'Iraq a salué les efforts de rapatriement des membres des familles des combattants terroristes étrangers et a exhorté d’autres pays à rapatrier leurs ressortissants non condamnés.  La délégation a insisté sur l’impératif urgent d’efforts concertés pour réhabiliter et intégrer les victimes du terrorisme, en particulier dans les zones libérées. 

L’Iraq n’a pas manqué de dénoncer les récentes opérations militaires de la Turquie dans le nord, sans avoir été consulté.  Il s’agit d’une violation flagrante du droit international et d’une menace à la souveraineté mais aussi à sa sécurité et stabilité.  Le Gouvernement, a prévenu l’Iraq, a réaffirmé son droit de répondre à toute attaque qui menacerait la sécurité du pays.  Il a d’ailleurs déposé une plainte auprès du Conseil de sécurité documentant et réclamé des mesures urgentes pour empêcher de futures violations. 

En ce qui concerne les relations avec le Koweït, le Ministère de la défense, a expliqué l’Iraq, poursuit ses efforts de fouille sur les sites identifiés.  L’Iraq a demandé à la Commission tripartite et à l’État du Koweït d’annoncer au plus tôt les résultats des tests ADN des dépouilles.  Pour ce qui est de l’indemnisation, la délégation a annoncé qu’un paiement de 210 millions de dollars a été effectué le 28 juillet 2020, ce qui laisse un solde impayé de 2,6 milliards de dollars. 

En règle générale, l’Iraq a demandé au Conseil de condamner les violations de sa souveraineté par tout État Membre et d’empêcher de tels actes à l’avenir; d’aider le Gouvernement à relever les principaux défis, notamment en ce qui concerne la COVID-19 et les crises économique et financière ; de coopérer activement à la lutte contre le terrorisme; et d’apporter son soutien à la Haute Commission électorale indépendante.  La délégation a conclu, en indiquant que son Premier Ministre a engagé un dialogue stratégique avec les États-Unis sur l’avenir des relations bilatérales, surtout la future présence des troupes américaines en Iraq.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.