Yémen: appels alarmés au Conseil de sécurité pour l’inspection par l’ONU du tanker FSO SAFER, au risque d’une « catastrophe écologique et humaine imminente »
« Une catastrophe écologique et humaine imminente », « une fuite massive de pétrole possiblement quatre fois supérieure à celle de l’Exxon Valdez ». C’est en ces termes alarmants que la Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), Mme Inger Andersen, a réclamé, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, l’inspection par l’ONU du pétrolier FSO SAFER, amarré au large des côtes du Yémen, afin d’éviter que sa cargaison de quelque 148 000 barils de pétrole brut ne se déverse dans la mer Rouge.
Le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, a relayé cet appel. Outre la Directrice exécutive du PNUE et le Coordonnateur des secours d’urgence, le Ministre des affaires étrangères du Yémen, et les représentants de l’Égypte et de l’Arabie saoudite ont également pris la parole lors de cette séance virtuelle.
Après avoir tenu hier ses toute premières réunions en personne, depuis le 12 mars, le Conseil a renoué avec sa nouvelle tradition des débats virtuels. Distanciation sociale oblige, c’est chacun dans sa mission que les 15 membres font leur déclaration et dialoguent avec leurs invités, grâce à un système de visioconférence spécialement conçu pour eux.
Aujourd’hui, le Yémen, l’Égypte et l’Arabie saoudite ont accusé les houthistes de se servir du pétrolier comme d’une « monnaie d’échange » et un « moyen de pression » dans les négociations de paix. La raison d’être de cette séance spéciale du Conseil est d’accroître la « pression » sur eux, a déclaré le Ministre yéménite des affaires étrangères, M. Mohammed Alhadhrami.
Depuis 2015, a prévenu la Directrice exécutive du PNUE, aucune maintenance n’a été effectuée sur le FSO SAFER. L’état du pétrolier se dégrade de jour en jour, aggravant le risque d’une fuite qui détruirait des écosystèmes entiers pour des décennies et qui pourrait affecter 28 millions de personnes, dans un pays d’ores et déjà en proie à la plus importante urgence humanitaire. La dispersion atmosphérique due à la combustion totale du tanker, entre les mois de juillet et de septembre, pourrait aboutir à une pollution de l’air dommageable pour la santé de plus de 8,4 millions de personnes, avec un risque accru de cancer. Mme Andersen a aussi évoqué une possible pénétration d’hydrocarbures dans la chaîne alimentaire.
Elle a décrit les « deux scénarii de plus en plus probables »: selon le premier, la corrosion et l’absence de maintenance du FSO SAFER pourrait aboutir à une fuite de pétrole dans la mer et selon le second –scénario catastrophe-, une explosion et un incendie à bord conduirait au déversement de presque tout le brut dans la mer.
Néanmoins, a estimé la Directrice exécutive, il existe une lueur d’espoir dans ce sombre tableau:« ce désastre peut être évité si nous agissons vite », a déclaré Mme Andersen, ajoutant que l’ONU a la capacité d’intervenir et de régler ce problème. Elle a estimé que l’option la plus sûre serait d’enlever le navire, ce qui implique de décharger sa cargaison de brut, de l’amarrer en un endroit sûr pour inspection et de le démanteler le cas échéant d’une manière respectueuse de l’environnement. « La priorité immédiate demeure une évaluation et des réparations légères. »
Même son de cloche du côté du Coordonnateur des secours d’urgence, qui a rappelé que c’est la quinzième fois en 15 mois qu’il parle au Conseil du pétrolier SAFER, « répétant les mêmes informations ». Cette fois-ci, a-t-il alerté, la fuite qui a eu lieu en mai nous a rapprochés plus que jamais d’une catastrophe écologique. Les réparations faites ne sont que temporaires et il est impossible de dire combien de temps elles vont tenir, a-t-il averti, craignant à son tour pour les 90% des communautés côtières qui dépendent déjà de l’aide humanitaire.
La proposition onusienne a été, une nouvelle fois, approuvée par le Ministre yéménite des affaires étrangères: évaluation et réparations nécessaires, maintenance minimale pour faciliter une extraction du pétrole et destruction du navire. Mon Gouvernement a donné son accord, mais pas les houthistes, a-t-il accusé, en ajoutant que le seul octroi de l’accès au tanker ne réglera pas le problème.
Il faut savoir que sous la pression, a mis en garde le Ministre, les houthistes font toujours des promesses « creuses » et lorsque la pression diminue, ils reviennent sur leurs engagements. Nous avons déjà vu cela sur cette question, comme sur d’autres, a-t-il averti, dans une position partagée par l’Arabie saoudite, qui, affichant son scepticisme, a rappelé que les houthistes choisissent souvent de « temporiser » et de continuer à ignorer les résolutions du Conseil. « Le Conseil doit demeurer vigilant. »
L’Arabie saoudite a dûment condamné les agissements « irresponsables » de ces milices qui se servent d’une catastrophe éventuelle comme d’un « chantage politique », sans regard pour la sécurité des habitants du Yémen et de la région. Cette approche « transactionnelle et opportuniste » a également été dénoncée par l’Égypte. « C’est moralement inacceptable », a-t-elle tranché.
La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.
Mme INGER ANDERSEN, Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a insisté sur le risque humain et environnemental grave d’une fuite massive de pétrole du pétrolier FSO SAFER -une unité flottante de stockage et de déchargement-, actuellement amarré à 4,8 miles nautiques de Ras Isa, au Yémen. Le FSO SAFER contient 1 148 000 barils de pétrole brut léger Marib. Si la situation devenait hors de contrôle, des millions de personnes seraient touchées dans un pays en proie d’ores et déjà à la plus importante urgence humanitaire. Une fuite détruirait des écosystèmes entiers pour des décennies, a-t-elle prévenu. « Néanmoins, il existe une lueur d’espoir dans ce sombre tableau: ce désastre peut être évité si nous agissons vite », a déclaré Mme Andersen, ajoutant que l’ONU a la capacité d’intervenir et de régler ce problème.
Aucune maintenance du FSO SAFER n’a été effectuée depuis 2015 et son état se dégrade de jour en jour, aggravant le risque d’une fuite de pétrole, a expliqué Mme Andersen craignant ainsi une catastrophe environnementale qui pourrait affecter 28 millions de personnes dont les moyens d’existence dépendent de ces écosystèmes. La Secrétaire générale adjointe a jugé probable qu’une telle catastrophe contribue à une détérioration de la sécurité dans la région, puisque les ressources dont dépendent les populations seraient polluées, rares et disputées. Mme Andersen a avancé deux scénarii de plus en plus probables. Selon le premier, la corrosion et l’absence de maintenance du FSO SAFER pendant une certaine durée aboutirait à une fuite de pétrole dans la mer. Selon le second –le scénario catastrophe-, une explosion et un incendie à bord de l’unité du FSO SAFER, causée par un embrasement accidentel du gaz accumulé dans les réservoirs, conduirait à une fuite massive de quasiment tout le brut dans la mer.
Mme Andersen a détaillé les conséquences environnementales durables et graves qu’auraient une fuite ou une explosion pour la mer Rouge. Celle-ci contient l’une des biodiversités les plus importantes de la planète, comme les mammifères marins, les tortues de mer et les oiseaux marins. L’environnement est composé de zones côtières arides, de zones humides, de mangroves, d’herbes marines et de coraux, site de la majeure partie de l’unique biodiversité de la région et de ses pêches. Les moyens d’existence et la santé de millions de personnes sont donc en jeu.
La Secrétaire générale ajointe a indiqué que la pire situation serait que la fuite se produise pendant la période allant de juillet à septembre au regard des courants et des vents dominants. Selon le modèle de prévision, 100% de l’industrie de la pêche sur la côte yéménite de la mer Rouge serait touchée dans les premiers jours, le coût pouvant s’élever à 1,5 milliard de dollars sur les 25 prochaines années. La fermeture du port de Hodeïda pour 5-6 mois entrainerait une augmentation de 200% des prix du carburant au Yémen pendant des mois. Les prix des denrées alimentaires doubleraient probablement et les commerçants basés dans le port de Hodeïda devraient reporter une partie de leurs activités vers le port d’Aden. Selon les modèles, la dispersion atmosphérique à la suite de la combustion totale du tanker de juillet à septembre pourrait aboutir à exposer plus de 8,4 millions de personnes à un niveau de pollution de l’air préjudiciable pour leur santé. Mme Andersen a mentionné les risques de cancer de la peau et, en cas de fuite, les risques que des hydrocarbures ne pénètrent la chaîne alimentaire.
Mme Andersen a indiqué que toute réponse opérationnelle à une fuite doit inclure des mesures pour contenir et récupérer le pétrole en mer, puis nettoyer les côtes et se débarrasser des matériaux contaminés. Même si ces activités commençaient immédiatement après une fuite, il faudrait des années pour que les économies et écosystèmes s’en relèvent. Elle a noté également que le conflit au Yémen pourrait entraver les efforts menés pour répondre efficacement et dans un délai utile à l’urgence environnementale. Ce pays et les pays voisins n’ont pas les capacités pour atténuer les conséquences d’une fuite massive de brut, a-t-elle mis en garde.
La Secrétaire générale adjointe a indiqué que l’option la plus sûre serait d’enlever le navire, ce qui implique de décharger sa cargaison de brut, de l’amarrer en un endroit sûr pour inspection et de le démanteler le cas échéant d’une manière respectueuse de l’environnement. « La priorité immédiate demeure une évaluation et des réparations légères. »
Elle a ensuite souligné la nécessité de continuer à planifier -ce qui va de pair avec les efforts de prévention- une réponse efficace si une fuite devait survenir. Le PNUE y travaille. Elle a indiqué qu’une fuite du FSO SAFER pourrait être quatre fois plus importantes que celle de l’Exxon Valdez en Alaska, où 275 000 barils avaient été déversés. « Le temps manque pour agir de manière coordonnée et prévenir une catastrophe environnementale, économique et humanitaire imminente. » En conclusion, elle a jugé impératif que l’accès au FSO SAFER soit accordé pour évaluer et inspecter l’état actuel du navire afin de procéder à un transbordement du pétrole et éviter ainsi une catastrophe environnementale et humaine.
M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a rappelé que c’est la quinzième fois en 15 mois qu’il parle au Conseil du pétrolier SAFER, « répétant les mêmes informations ». Cette fois, a-t-il poursuivi, la fuite qui a eu lieu en mai sur le pétrolier nous a rapprochés plus que jamais d’une catastrophe écologique. La semaine dernière, les autorités d’Ansar Allah ont confirmé par écrit qu’elles accepteraient la mission de l’ONU planifiée depuis longtemps sur le pétrolier, qui, a-t-il espéré, aura lieu dans les prochaines semaines. En ce moment, les États membres travaillent à la finalisation du financement de cette mission, qui dans la première phase, comprendra une évaluation technique et toutes les premières réparations qui s’avèreront possibles.
M. Lowcock a identifié quatre problèmes majeurs: la fuite à bord; le risque d’un déversement pour les communautés locales; l’action de l’ONU; et l’avenir. La fuite s’est produite le 27 mai dernier, lorsque l’eau de mer a commencé à entrer dans la salle des machines. On ne sait pas trop ce qui a causé la fuite, car aucun entretien n’a été effectué sur le SAFER et qu’aucune visite n’a pu avoir lieu depuis que le conflit s’est intensifié, il y a près de six ans. L’eau qui monte de façon incontrôlable dans la salle des machines pourrait déstabiliser le pétrolier et le faire couler, avec les risques d’une marée noire d’1,1 million de barils de pétrole. Heureusement, a poursuivi M. Lowcock, la fuite a été relativement faible et a pu être contenue. Mais les réparations faites ne sont que temporaires et il est impossible de dire combien de temps elles vont tenir.
Quant à l’impact potentiel d’un déversement, M. Lowcock a dit craindre des conséquences écologiques « épouvantables » pour le Yémen et ses voisins, mais également pour le peuple yéménite dont des millions dépendent déjà de l’aide humanitaire après près de six ans de guerre et désormais, une pandémie sans précédent. Selon les projections des experts indépendants, les communautés côtières seraient gravement touchées à Taizz, Hodeïda et Hajjah, principalement dans les zones contrôlées par les autorités d’Ansar Allah. Si un déversement devait se produire au cours des deux prochains mois, les experts prévoient qu’1,6 million de Yéménites seraient directement touchés. Pour l’essentiel, chaque communauté de pêcheurs le long de la côte ouest verrait ses moyens de subsistance s’effondrer et subirait des pertes économiques substantielles. Or, a rappelé M. Lowcock, environ 90% des habitants de ces communautés dépendent déjà de l’aide humanitaire.
Les courants marins et les conditions climatiques signifient également qu’une grande partie du pétrole restera probablement près des côtes et que le port d’Hodeïda pourrait rester fermer pendant des semaines, voire des mois, alors que le pays dépend largement des importations qui y transitent. Cela porterait un nouveau coup dur à une économie déjà assiégée, a estimé M. Lowcock qui a dit craindre une nouvelle famine. Les routes maritimes internationales et les États voisins seraient également affectés, a-t-il poursuivi.
Qu’en est-il du rôle de l’ONU, sachant que le Gouvernement du Yémen et les autorités d’Ansar Allah ont officiellement demandé son assistance en mars 2018. La première étape devait être une évaluation technique, afin de fournir des éléments de preuve impartiaux pour guider les prochaines étapes, qui pourraient éventuellement inclure l’extraction du pétrole et l’évacuation du pétrolier, si les parties en convenaient, a rappelé M. Lowcock. Depuis l’Accord de Stockholm, l’ONU travaille en étroite collaboration avec les parties pour obtenir les autorisations nécessaires afin que l’équipe technique de l’ONU puisse être déployée. Si le Gouvernement du Yémen a accepté l’évaluation et a activement cherché à faciliter l’accès au SAFER, les autorités d’Ansar Allah ont accepté « en principe », mais dans le passé, elles n’ont barré l’accès à toute mission dans la pratique.
Au lieu de cela, elles ont cherché à imposer des conditions préalables et lier la question du pétrolier à d’autres problèmes. La demande la plus fréquente des autorités d’Ansar Allah est le déploiement du Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies à Hodeïda avant toute évaluation du SAFER. Ces autorités ont également demandé l’assurance que les travaux de réparation auront lieu simultanément à l’évaluation. L’ONU aimerait le faire et a donc ajusté le plan de mission pour inclure à la fois une évaluation technique et toutes les premières réparations. Il faut néanmoins d’abord diagnostiquer un problème avant de le résoudre, et cela ne peut se faire sans mettre un pied sur le pétrolier. Le seul moyen d’éliminer définitivement la menace d’un déversement est probablement d’extraire le pétrole.
Pour ce qui est de la voie à suivre, le Secrétaire général adjoint a dit avoir reçu des nouvelles encourageantes. Les responsables d’Ansar Allah ont confirmé par écrit aux Nations Unies leur disposition à autoriser la mission des Nations Unies. Ils ont également fait part de leur intention de délivrer des permis d’entrée au personnel de la mission. L’équipe des Nations Unies peut se déployer dans les trois semaines suivant la réception des permis, et l’ONU est en contact avec le Gouvernement du Yémen pour les approbations. Hier, elle a soumis une demande officielle aux autorités d’Ansar Allah, qui comprend des détails sur le plan de la mission, le personnel et l’équipement technique. M. Lowcock a espéré que ces demandes et autres dispositions logistiques seront rapidement approuvées et sans conditions préalables, estimant que les autorités d’Ansar Allah ont ici une occasion importante de prendre des mesures qui épargneront à des millions de leurs concitoyens une nouvelle tragédie.
M. MOHAMMED ALHADHRAMI, Ministre des affaires étrangères du Yémen, a indiqué que si elle n’est pas réglée la situation du pétrolier pourrait aboutir à une catastrophe économique et écologique imminente, préjudiciable pour le Yémen, la région et le monde. « La raison derrière la convocation de cette séance spéciale est simple. » Nous savons que le seul moyen de parer à ce désastre potentiel, qui découle de l’intransigeance affichée par les houthistes depuis des années malgré tous nos efforts, est de mettre la pression sur eux et attirer l’attention du monde sur ce dossier, par le biais de ce Conseil. Le Ministre a jugé que la solution n’est pas difficile. Elle passe d’abord par l’autorisation donnée à l’équipe technique de l’ONU d’accéder au tanker et de l’inspecter. Mais cette simple procédure n’a jamais été possible parce que les houthistes ne l’ont pas autorisée, a accusé le Ministre qui a dit avoir réalisé, avec le temps qui passe, que les milices houthistes se sont aperçues de l’importance du tanker « à nos yeux et à ceux de la communauté internationale ». Elles ont donc décidé de l’utiliser comme monnaie d’échange ou moyen de pression dans les négociations de paix sans égard aucun pour les conséquences potentiellement dramatiques d’un comportement aussi peu éthique.
Le Ministre a rappelé que son gouvernement essaye depuis le début de l’année 2018, avec l’aide de l’ONU, de convaincre les houthistes d’accorder un accès à l’équipe de l’ONU, « mais sans succès. » Il faut savoir que sous la pression, a-t-il mis en garde, les houthistes font toujours des promesses « creuses » et lorsque la pression diminue, ils reviennent sur leurs engagements. Nous avons déjà vu cela sur cette question, comme sur d’autres, a averti le Ministre. « C’est pourquoi nous avons besoin de cette séance pour envoyer aux houthistes le signal clair que cette fois ils doivent obéir. »
Nous devons agir maintenant, a poursuivi le Ministre qui a réitéré l’appui de son gouvernement à la proposition de l’Envoyé de l’ONU au Yémen, M. Martin Griffiths, pour autant qu’elle ne soit pas liée à d’autres questions ou processus en cours de discussion. La proposition consiste en trois étapes: évaluation et réparations nécessaires; maintenance minimale pour faciliter l’extraction du pétrole; et destruction du navire. Les revenus potentiels générés par la vente des barils aideront au paiement des fonctionnaires yéménites. Le Gouvernement yéménite a donné son accord, mais pas les houthistes, a affirmé le Ministre, craignant que l’octroi d’un accès au tanker par les houthistes ne règle à ce stade le problème. Cela pourrait les encourager, une nouvelle fois, à saboter ce dossier dès que la pression aura baissé. « J’espère que c’est la dernière fois que le Conseil entend parler de cette question du SAFER. »
L’Égypte a indiqué que la crise au Yémen continue d’être l’une des menaces les plus graves pour la paix et la sécurité internationales et l’une des pires catastrophes humanitaires. Elle a appelé à un processus politique dirigé et contrôlé par les Yéménites en vue d’un règlement pacifique restaurant la légitimité et la stabilité, conformément aux résolutions du Conseil, à l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe et aux résultats de la Conférence de dialogue national. Elle a fermement condamné les attaques contre l’Arabie saoudite et toute action susceptible d’alimenter le conflit et de violer les résolutions du Conseil, telle que la fourniture d’armes aux houthistes.
La détérioration de l’état du FSO SAFER, vieux de 44 ans, est une menace imminente qui peut à tout moment conduire à une catastrophe environnementale et économique pouvant causer des dommages irréparables aux États côtiers de la mer Rouge, y compris l’Égypte, a mis en garde ce pays qui a rappelé faire partie des cinq États à avoir porté cette question à l’attention du Conseil dans une lettre commune datée du 11 mars 2020. L’approche transactionnelle et opportuniste des houthistes consistant à politiser les questions humanitaires et à risquer une catastrophe environnementale pour des gains politiques est moralement inacceptable et indéfendable, peu importe les raisons, en particulier dans le contexte actuel de pandémie, a déclaré la délégation. Elle a exhorté toutes les parties à prendre les mesures nécessaires afin de coopérer avec les agences onusiennes et à faire en sorte que le pétrolier fasse l’objet d’une maintenance adéquate et soit sécurisé, sans délai et sans condition. Elle a enfin promis l’aide technique de son pays et exhorté le Conseil à prendre des mesures immédiates pour remédier à cette situation, en parallèle des efforts en cours en vue d’une solution politique.
L’Arabie saoudite a condamné les agissements « irresponsables » des houthistes qui sont les premiers responsables de la situation du FSO SAFER. Ces milices se servent d’une catastrophe éventuelle comme d’un « chantage politique », sans regard pour la sécurité des habitants du Yémen et de la région. L’Arabie saoudite a pris note de l’accord donné par les houthistes pour un accès au tanker. Elle a néanmoins affiché son scepticisme devant la sincérité de cette position. Le Conseil, a-t-elle dit, doit demeurer vigilant et se tenir prêt à prendre les mesures nécessaires pour régler cette situation. Les houthistes, a prévenu l’Arabie saoudite, ont l’habitude de « temporiser » et d’ignorer les résolutions du Conseil. Le Conseil ne doit pas laisser un comportement aussi irresponsable se poursuivre, a dit la délégation saoudienne. Enfin, elle a plaidé pour une solution pacifique au conflit sur la base de la résolution 2216 (2015), de l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe et des résultats de la Conférence de dialogue national.