Enfants dans les conflits armés: plus de 25 000 actes graves contre eux en 2019, un bilan encore inquiétant présenté au Conseil de sécurité
La Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé a salué, aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, une année 2019 « positive », même si elle a reconnu « une autre année de défis » dans la quête d’une meilleure protection des enfants dans les conflits.
Il y a eu précisément trois développements positifs, entre janvier et décembre 2019, a indiqué Mme Virginia Gamba, qui présentait le dernier rapport du Secrétaire général de l’ONU, aux côtés de Mme Henrietta Fore, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), et de la jeune Mariam, représentante du Parlement des enfants du Mali. Outre l’adoption de plus de 30 plans d’action, feuilles de route, ordres de commandement et autres mesures pour mieux protéger les enfants, elle a mentionné la tenue de sept dialogues et processus de paix différents relatifs aux enfants en situation de conflit armé, comme celui en République centrafricaine, avant de se féliciter aussi de la libération de 13 200 enfants soldats.
Le tableau reste tout de même sombre, a relevé la Représentante spéciale en évoquant les plus de 25 000 violations graves commises contre les enfants l’an dernier, le recrutement de 7 747 d’entre eux, en majorité par des acteurs non étatiques, ou encore les 10 173 enfants victimes d’attaques, dont 4 019 en sont décédés. Le rapport mentionne également les 730 cas de violences sexuelles confirmés en 2019, y compris des viols de filles et de garçons qui sont encore insuffisamment dénoncés. À cela s’ajoute 930 attaques contre des écoles, des hôpitaux et le personnel protégé, sachant en plus que le nombre d’attaques menées par des forces de l’État a doublé. Les meurtres et les mutilations restent la plus grande violation vérifiée dans le rapport, a-t-elle indiqué, en parlant aussi des 1 600 enfants enlevés.
Face à ce constat, la Directrice exécutive de l’UNICEF s’est adressée directement à la communauté internationale en plaidant sur cinq points. Mme Fore a d’abord exhorté les 50 parties à un conflit dans le monde qui ne l’ont pas encore fait à signer les plans d’action pertinents. Elle a ensuite appelé à la libération de tous les enfants en détention du fait de leur recrutement, rôle ou association avec des parties à un conflit. « Ces enfants sont avant tout des victimes, y compris ceux qui ont pu commettre des crimes », a-t-elle clamé. Mme Fore a aussi appelé tous les États Membres à rapatrier leurs ressortissants, ainsi que leurs enfants, y compris les milliers d’enfants bloqués dans le nord-est syrien. Elle leur a également demandé d’investir dans l’éducation des enfants en voie de réintégration, afin d’offrir un espoir et d’œuvrer à la cohésion sociale. Enfin, a-t-elle ajouté, une action urgente est nécessaire pour protéger l’eau et les réseaux d’assainissement, première ligne de défense contre la COVID-19, le choléra et la malnutrition.
« Aucun enfant ne devrait avoir à vivre ce genre d’épreuve », s’est indignée la représentante de la société civile, Mariam, 15 ans, qui a présenté des scènes de vie tragiques d’enfants maliens pris au milieu du conflit armé que connaissent le nord et le centre du pays. Elle a aussi évoqué Mohamed, enrôlé de force par un groupe armé à 10 ans, et Fatou, jeune fille de 12 ans, violée par des combattants armés après avoir assisté au meurtre de son père.
Ce témoignage a ému plus d’un membre du Conseil, y compris les États-Unis qui ont évoqué le programme « Leadership et autonomisation des filles par l’éducation » au Mali et rappelé avoir déboursé pour ce pays 23 millions de dollars pour lutter contre les disparités entre les sexes. Même son de cloche du côté de la France qui a jugé crucial d’œuvrer en faveur de l’émancipation, par l’éducation et la formation, l’un des meilleurs remparts contre ces formes d’exploitation. Le pays a déboursé 200 millions d’euros dans le cadre du Partenariat mondial pour l’éducation.
Pour sa part, le Royaume-Uni a jugé primordial de veiller à ce que les acteurs de la protection de l’enfance puissent continuer à surveiller, signaler et réagir face aux violations graves pendant la pandémie de COVID-19. C’est parce qu’elle partage cet avis que la Représentante spéciale a demandé aux États de soutenir le travail du Mécanisme de surveillance et de communication de l’information en lui allouant des fonds conséquents. « Si les États Membres souhaitent contribuer à une meilleure protection des enfants, des ressources doivent être fournies pour maintenir et renforcer les capacités de protection des enfants sur le terrain », a-t-elle ajouté.
Au sujet du rapport examiné, le Royaume-Uni a estimé que sa force réside dans l’approche normalisée de l’inscription et de la radiation, sur la base des données collectées par le Mécanisme, et de l’application cohérente des critères qui avaient été énoncés dans le rapport du Secrétaire général de 2010. Le dernier rapport en date précise que l’ONU a vérifié́ l’exactitude de toutes les informations qu’elle fournit et que, lorsque l’information n’est pas vérifiée, cela est indiqué. En outre, « les informations exposées ne représentent pas toute l’ampleur des violations commises à l’encontre d’enfants, la vérification dépendant de l’accès ».
Derrière toutes ces informations et ces chiffres, « il y a des garçons et des filles aux enfances volées et aux rêves brisés et des familles et des communautés déchirées par la violence et la souffrance », a rappelé Mme Gamba, avant de demander le soutien des États pour déployer la campagne « Agir pour protéger les enfants touchés par les conflits », lancée l’an dernier.
La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.
La Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Mme VIRGINIA GAMBA, a présenté le dernier rapport du Secrétaire général de l’ONU sur « le sort des enfants en temps de conflit armé », après avoir évoqué trois développements positifs concernant le programme concernant les enfants et les conflits armés en 2019.
Premièrement, grâce à l’engagement direct des Nations Unies sur le terrain, soutenu par le Bureau de la Représentante spéciale, les parties en conflit dans le monde ont adopté plus de 30 plans d’action, feuilles de route, ordres de commandement et autres mesures pour mieux protéger les enfants, notamment en République centrafricaine (RCA), en République démocratique du Congo (RDC), au Soudan du Sud, en Syrie et au Yémen. D’autres parties se sont de nouveau engagées dans des plans d’action, en Somalie et au Soudan notamment. Il s’agit du plus grand nombre de mesures convenues d’un commun accord au cours d’une année, s’est-elle réjouie. De même, bien que la poursuite en justice des personnes mises en cause continue d’être lente, les auteurs de plusieurs violations contre les enfants ont été poursuivis comme cela s’est vu au Myanmar, en RDC et en RCA.
Deuxièmement, la recherche de la paix en 2019 a donné lieu à sept dialogues et processus de paix différents relatifs aux enfants en situation de conflit armé, comme en RCA. Mme Gamba a dit que les Principes directeurs élaborés par son Bureau, relatifs à l’inclusion du langage de la protection de l’enfance dans les processus de paix, et présentés au Conseil en février, commencent à être appliqués.
Et troisièmement, en 2019, à la suite du plaidoyer des Nations Unies, y compris dans le cadre des accords de paix, quelque 13 200 enfants ont été libérés des parties en conflit.
Revenant au rapport du Secrétaire général, Mme Gamba a indiqué que le nombre de violations graves constatées par les Nations Unies, bien que moins important par rapport à l’année précédente, reste très élevé. Elle a demandé aux États et aux parties en conflit de placer la protection des enfants au centre de leur action. En 2019, il y a eu plus de 25 000 cas confirmés de violations graves commises contre des enfants, ce qui représente 70 violations graves contre les enfants par jour, a-t-elle déploré, expliquant que les équipes spéciales de pays doivent attendre que l’accès aux enfants s’améliore pour procéder aux vérifications.
Les vérifications ont aussi laissé voir que 7 747 enfants ont été recrutés et utilisés en 2019 dans des conflits, la grande majorité étant attribuable à des acteurs non étatiques. En RDC et en RCA, des centaines d’enfants ont été libérés grâce à l’implication directe des Nations Unies avec les parties.
Dans le même temps, même si l’érosion du respect du droit international humanitaire a encore conduit à un nombre élevé d’enfants tués et mutilés, l’année 2019 a vu une diminution du nombre d’enfants tués, grâce aux mesures d’atténuation dans la conduite des opérations militaires, aux plans d’action mis en place et/ou aux processus de paix. Ainsi, il est confirmé que 10 173 enfants ont été victimes d’attaques en 2019, dont 4 019 en sont décédés, soit une baisse de près de 2 000 victimes par rapport aux années précédentes. Les meurtres et les mutilations restent la plus grande violation vérifiée dans le rapport annuel, a souligné la Représentante spéciale. De même, le nombre d’enfants enlevés a également diminué, et le rapport fait état de 1 600 enfants enlevés en 2019, principalement par des groupes armés. Mme Gamba a précisé que son Bureau prépare une note d’orientation technique pour mieux aider les équipes spéciales de pays à surveiller ce type de violation et à en rendre compte.
En outre, bien que les mesures mises en place, comme les dialogues de paix et un engagement accru des acteurs de la protection de l’enfance, aient entraîné une diminution de certaines violations, cela n’a pas été le cas pour toutes. C’est le cas des violences sexuelles dont 730 cas ont été confirmés en 2019, y compris les cas de viol, a indiqué Mme Gamba qui a souligné que cette violation est toujours insuffisamment signalée, ce qui est inquiétant, y compris lorsqu’elle est perpétrée contre des garçons. Cela est dû, a-t-elle expliqué, à la peur de la stigmatisation et des représailles, à l’implication d’auteurs puissants et au manque de services pour les survivants, ce qui décourage tous les enfants et leurs familles de dénoncer les violations et de demander justice. Plus inquiétant encore, le nombre d’affaires attribuées à des acteurs étatiques et non étatiques est similaire. En dépit du nombre croissant de parties ayant signé des engagements avec les Nations Unies pour mettre fin à cette violation, les chiffres ne semblent pas baisser.
Des mécanismes de responsabilisation plus solides et des services de soins systématiques pour les survivants sont nécessaires pour lutter de manière décisive contre ce fléau, a-t-elle prescrit, avant de demander que les forces armées renforcent la formation à la prévention de ce fléau, et qu’au niveau national, la prévention soit reflétée de manière adéquate dans la législation criminalisant la violence sexuelle.
La Représentante spéciale a ensuite dit être également préoccupée par le nombre élevé et persistant d’attaques contre des écoles, des hôpitaux et le personnel protégé. En 2019, les observateurs ont pu confirmer 930 attaques et celles venant des forces de l’État ont doublé. Elle a rappelé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et encouragé les États à approuver et à mettre en œuvre ses lignes directrices. « Nous devons explorer les liens entre les attaques contre les établissements de santé et les confinements liés à la COVID-19 », a-t-elle suggéré en parlant d’une nouvelle tendance inquiétante.
Poursuivant son exposé, Mme Gamba a indiqué que 4 400 incidents de refus d’accès humanitaire aux enfants ont été confirmés en 2019, soit une augmentation de plus de 400% par rapport à 2018 et aux années précédentes. C’est la violation dont le nombre a le plus augmenté en 2019, la plupart des dénis étant attribués à des acteurs non étatiques, a indiqué Mme Gamba. La violence contre les travailleurs humanitaires, les biens et les installations comprenait, entre autres, des homicides, des enlèvements, des agressions et des détentions arbitraires. Elle a plaidé pour que les États et les groupes armés facilitent l’accès des travailleurs humanitaires à la fourniture de l’aide dont les enfants ont tant besoin.
Elle a ensuite marqué sa vive préoccupation concernant la détention de plus de 2 500 enfants à cause de leur association réelle ou présumée à des groupes armés, y compris ceux désignés comme terroristes par les Nations Unies, et pour des motifs de sécurité nationale. Les États doivent traiter ces enfants principalement comme des victimes, a-t-elle martelé. Elle a rappelé que la détention ne devrait être utilisée qu’en dernier recours et pour la durée la plus courte possible, dans le respect de leurs droits fondamentaux, d’une procédure régulière et des normes internationales de justice pour mineurs.
S’adressant aux États Membres, Mme Gamba a indiqué que le Mécanisme de surveillance et de communication de l’information est aussi important que les ressources et les capacités mises à sa disposition pour son fonctionnement. Des conseillers bien formés, spécialisés et dévoués à la protection de l’enfance dans les opérations de paix, ainsi que dans les bureaux de pays de l’UNICEF, sont essentiels pour garantir l’efficacité du mandat, a—t-elle expliqué. De ce fait, si les États Membres souhaitent contribuer à une meilleure protection des enfants, des ressources doivent être fournies pour maintenir et renforcer les capacités de protection des enfants sur le terrain. Le Conseil de sécurité et la Cinquième Commission devraient donc veiller, lors de la création d’une nouvelle mission de maintien de la paix ou d’une mission politique spéciale, ou lorsque le budget des missions est négocié, à ce que suffisamment de capacités de protection de l’enfance soient prévues et maintenues. Mme Gamba a également plaidé pour l’augmentation du soutien financier dédié à l’UNICEF afin qu’il puisse s’acquitter de ses fonctions liées aux enfants et aux conflits armés, ainsi qu’à ses autres activités de protection des enfants sur le terrain.
« Derrière ces chiffres, il y a des garçons et des filles aux enfances volées et aux rêves brisés, et il y a des familles et des communautés déchirées par la violence et la souffrance. » Mme Gamba a ainsi lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle réponde à leurs attentes, en engageant toutes les parties pour assurer une meilleure protection des enfants touchés par les conflits, en plaidant pour leur libération immédiate et en les aidant à reprendre une vie normale. Une autre manière d’aider consisterait, a-t-elle suggéré, à soutenir des programmes de réintégration efficaces, comme le préconisent la résolution 2427 (2018) et les Principes directeurs de Paris relatifs aux enfants associés aux forces armées ou aux groupes armés. Elle a précisé que les programmes de réinsertion doivent être prévus sur le long terme et durables, tenir compte du sexe et de l’âge, et doivent fournir aux enfants un accès aux soins de santé, à la santé mentale, au soutien psychosocial, à l’éducation et à la formation professionnelle, ainsi qu’à l’état civil et à la justice. Elle a aussi demandé le soutien des États Membres pour déployer la campagne « Agir pour protéger les enfants touchés par les conflits », lancée l’an dernier.
Mme HENRIETTA FORE, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a affirmé qu’il y a peu d’enfants aussi vulnérables que ceux qui vivent en temps de conflit armé. Qu’ils soient pris au piège d’un conflit ou qu’ils fassent partie des combats, ce sont avant tout des enfants, victimes de circonstances qui les dépassent, a-t-elle dit. Mme Fore a exhorté le Conseil à contribuer à leur redonner ce qu’un conflit leur prend si cruellement, « le simple cadeau d’une enfance normale ». La résolution 1612 (2005) et le mécanisme de surveillance et de communication de l’information sur les violations graves commises contre des enfants en situation de conflit armé, ont été des jalons dans la protection des enfants. L’UNICEF, a-t-elle dit, a fait toute sa part pour protéger les enfants et tenir les parties belligérantes responsables de leurs actes. Mme Fore a expliqué que ces trois dernières années, l’UNICEF a aidé à la libération de 37 000 enfants des rangs des forces et groupes armés. Ces dernières années, les parties à un conflit ont signé 32 plans d’action pour prévenir de graves violations contre les enfants. « Ensemble, nous avons envoyé un message clair à ceux qui violent les droits des enfants : ces actions sont illicites, immorales et inacceptables. »
La Directrice exécutive a énuméré les instruments normatifs à la disposition des États, dont la Convention relative aux droits de l’enfant, le Protocole facultatif concernant l’implication des enfants dans les conflits armés ratifié par 170 pays, les Principes de Vancouver ou bien encore la Déclaration sur la sécurité dans les écoles approuvée par 104 États. Certains États sont allés plus loin, comme la République centrafricaine qui a adopté la semaine dernière un nouveau code sur la protection des enfants ou les Philippines qui ont élaboré une protection spéciale. Dans cinq pays, dont le Danemark, le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande, les règles militaires reflètent les principes de la Déclaration précitée.
Mme Fore a appelé tous les États à adhérer à ces instruments, rappelant que ces 15 dernières années le mécanisme précité a documenté quelque 250 000 violations graves, y compris le recrutement et emploi de 77 000 enfants, l’assassinat et la mutilation de 100 000 enfants, l’enlèvement de plus de 25 000 enfants et près de 17 000 attaques contre des écoles. La pandémie a conféré une nouvelle urgence, en provoquant des interruptions dans les services de base, y compris les vaccinations. Près de 1,5 milliard d’enfants sont déscolarisés, a continué Mme Fore. Bien trop souvent, les parties à un conflit se servent de la pandémie et du besoin de porter assistance aux enfants, en particulier les enfants déplacés, pour engranger des gains politiques. « Les enfants ne sont pas des pions ou une monnaie d’échange. Cela doit cesser. »
La Directrice exécutive a identifié cinq domaines d’actions. Premièrement, nous devons exhorter les 50 parties à un conflit qui ne l’ont pas encore fait à signer les plans d’action, a-t-elle dit. « Nous avons besoin d’actions concrètes, pas de belles paroles. » Elle a indiqué que ces plans doivent remédier de plus en plus largement aux six catégories de violations graves, avant tout le recrutement et l’emploi d’enfants. Le plan d’action signé par le Soudan du Sud est un modèle à suivre. En second lieu, elle a appelé à la libération de tous les enfants en détention pour leur recrutement, rôle ou association avec des parties à un conflit. « Ces enfants sont avant tout des victimes, y compris ceux qui ont pu commettre des crimes. » Troisièmement, l’UNICEF appelle tous les États membres à rapatrier leurs ressortissants, ainsi que leurs enfants, y compris les milliers d’enfants bloqués dans le nord-est syrien. Alors que ces enfants doivent être protégés, ils sont ostracisés, rejetés et enfermés et certains sont déchus de leur nationalité. « C’est inacceptable. » Quatrièmement, Mme Fore a appelé les États à investir dans l’éducation des enfants en voie de réintégration, afin d’offrir un espoir et d’œuvrer à la cohésion sociale. La Directrice exécutive a aussi demandé la fin des attaques contre les écoles. Si 927 attaques ont été documentées l’an dernier, le véritable nombre doit être bien supérieur. Enfin, elle a demandé une action urgente pour protéger l’eau et les réseaux d’assainissement, première ligne de défense contre la COVID-19, le choléra et la malnutrition. Si nous abandonnons les enfants, nous abandonnons l’humanité, a conclu Mme Fore.
La représentante de la société civile, Mariam,15 ans, jeune fille qui est membre du Parlement national des enfants du Mali est venue témoigner au Conseil de son implication dans la protection et le bien-être des enfants, en particulier des enfants qui ont été des déplacés à cause des conflits. Rappelant qu’en 2019, il a été établi que 7 747 enfants à travers le monde, dont certains n’avaient que 6 ans, ont été recrutés et utilisés par des groupes armés selon un rapport des Nations Unies, elle s’est attardée sur le cas de Mohamed, natif de Bankass, dans la région de Mopti, au centre du Mali, qui vivait entouré de ses parents, de ses amis, de bonheur et de joie il y a à peine quatre ans. Un jour, les groupes armés ont attaqué son village, tuant des gens, brûlant et pillant les maisons. Mohamed s’est retrouvé orphelin sans savoir où trouver les autres membres de sa famille. « Comme si cela ne suffisait pas, a poursuivi l’intervenante, il a été recruté de force par un groupe armé alors qu’il n’avait que 10 ans et forcé de participer à leurs atrocités. » Un jour, il a même été obligé d’assister au massacre d’une famille entière, ce qui a provoqué un tel choc qu’il s’est enfui et est allé se réfugier dans une famille. « Heureusement pour lui, cette famille l’a aidé à venir à Bamako dans l’un des camps de personnes déplacées. »
Aucun enfant ne devrait avoir à vivre ce genre d’épreuve, s’est indignée Mariam, parce qu’on leur vole non seulement leur innocence mais aussi leurs rêves. C’est pourquoi elle a lancé à la salle :« Chers leaders, prenez des décisions, agissez pour éviter que d’autres enfants ne se retrouvent dans la même situation que Mohamed ».
Martelant à nouveau que les conséquences des guerres et les conflits sur les enfants sont énormes, Mariam a évoqué le cas des nombreux enfants qui sont devenus « des bandits armés », des voleurs et parfois ont chaviré dans l’alcool et la drogue. De plus, à cause de la guerre, des milliers d’enfants ne von t plus à l’école, a-t-elle rappelé. Rien qu’au Mali, en mars 2020, 1251 écoles étaient fermées, ce qui prive des milliers d’enfants de leur droit fondamental à l’éducation, a encore dénoncé l’intervenante.
Les conflits séparent les membres des familles, a-t-elle poursuivi en citant le cas de Bakary, son cousin de 14 ans. Mariam a raconté qu’en 2017, alors qu’il était en vacances chez son oncle à Mopti, il s’est fait enlever par un groupe armé. Ses parents sont restés sans nouvelles de lui pendant plusieurs mois avant d’être contactés par le groupe armé, mais depuis deux ans, ils n’ont plus de nouvelles. Sa maman, à cause de cela est devenue folle, a expliqué Mariam, et elle ne peut plus s’occuper de ses petits frères et sœurs. « Excellences, Mesdames et Messieurs, que faites-vous pour que Bakary, ainsi que d’autres enfants enlevés soient retrouvés et puissent rejoindre leurs familles? » a lancé Mariam aux membres du Conseil.
Elle a également abordé la question du viol fréquent d’enfants, filles et garçons, en racontant le cas de Fatou, 12 ans, qui vivait dans la région de Gao avec ses parents. « Un jour, des hommes armés se sont rendus chez elle. Ils ont assassiné son papa devant elle et l’ont violée. Cela s’est passé en présence de sa maman qui n’a pas survécu. » Mariam a évoqué le traumatisme psychologique de Fatou ainsi que l’aide des voisins qui l’ont accueillie et qui lui ont permis d’aller dans un des centres d’accueil des jeunes où elle a reçu des soin s psychologiques.
« Je me dis que ça aurai t pu être moi! Que serai-je devenue si j’avais vécu cette situation ? Je n’ai pas de réponse à cette question! », s’est exclamée Mariam avant de lancer un vibrant appel aux membres du Conseil pour qu’ils prennent les dispositions nécessaires afin de protéger et de garantir l’avenir des enfants même en temps de conflit ou de guerre, car comme on le dit en bambara « Djamana ka Sini nyè sigi bé a dewn bolo » ou « l’avenir d’un pays se trouve entre les mains de ses enfants ». Dans la foulée, Mariam a demandé que les enfants soient associés aux prises de décisions les concernant car « nous aussi avons notre mot à dire et des idées à proposer afin de diminuer les impacts des conflits armés sur les enfants ».
La Belgique, en tant que présidente du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés, a dit nourrir des objectifs ambitieux. La délégation ambitionne en effet que le Groupe de travail adopte des conclusions sur l’ensemble des 14 situations. Elle a rappelé avoir organisé en février dernier, le débat au Conseil sur les enfants et les conflits armés, en présence du Roi des Belges. À cette occasion, le Conseil avait adopté une Déclaration présidentielle qui a appelait à la diffusion et à l’utilisation du « Guide pratique à l’intention des médiateurs pour une meilleure protection des enfants dans les situations de conflit armé ». À la suite de l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial en réponse à la COVID-19, la Belgique a estimé qu’il est maintenant plus pertinent que jamais que la protection des enfants soit au centre des négociations de cessez-le-feu et de paix.
La délégation a indiqué que la liste et la radiation fondées sur des preuves, reflétant avec précision les données collectées et vérifiées par le Mécanisme, selon les critères formels inclus dans le rapport annuel du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés de 2010, sont essentielles. Le mécanisme d’inscription sur la liste donne aux Nations Unies un moyen de travailler avec les parties inscrites pour améliorer la situation des enfants sur le terrain. C’est un outil précieux et puissant, a estimé la Belgique. La radiation prématurée des parties supprime cet effet de levier, y compris pour le Groupe de travail, car il constitue la base sur laquelle il fonctionne, a—t-elle déploré.
Elle a en outre demandé que les enfants en détention soient traités principalement comme des victimes et conformément aux normes internationales de justice pour mineurs. La détention ne doit être utilisée qu’en dernier recours et pour la durée appropriée la plus courte, a rappelé la délégation. Elle a indiqué que la réintégration est essentielle et que les programmes de réintégration doivent être sensibles au genre et à l’âge, inclure la santé mentale et le soutien psychosocial, l’éducation et la formation professionnelle, et l’accès au registre civil, aux documents d’identification et à la justice.
Le Viet Nam a indiqué que 15 ans après la résolution 1612 (2015) et 20 ans après le Protocole facultatif concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, la réunion d’aujourd'hui est importante, car « elle reflète nos efforts et nos progrès, et nous rappelle également qu’il reste encore beaucoup à faire pour réaliser nos engagements envers les enfants ». Avec la création du Mécanisme de surveillance et de communication de l’information et du Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés, la résolution 1612 revêt une importance particulière pour le programme de protection des enfants, a estimé la délégation. Elle a rappelé que derrière chaque statistique, il existe des histoires innombrables d’enfants victimes de violations et une urgence croissante à prévenir et à arrêter toutes ces pratiques horribles. Le facteur décisif du succès du Groupe de travail est le dialogue sincère et l’esprit unanime des 15 membres vers l’objectif commun de la protection de l’enfance, a indiqué le Viet Nam. Le pays a aussi demandé que le Groupe de travail maintienne la longue tradition de consensus, car c’est le meilleur et le seul moyen de s’acquitter de ses tâches exigeantes et, surtout, de sauvegarder l’intérêt supérieur de l’enfant.
En outre, la délégation a estimé que si une solution à long terme au problème des enfants dans les conflits armés réside dans la prévention des conflits, il est impératif d’élaborer des mesures concrètes et des actions immédiates pour sauver des milliers d’enfants des effets dévastateurs des conflits armés. Cela passe par l’éducation et la formation professionnelle, a-t-elle précisé en demandant à cet égard que la communauté internationale condamne fermement les attaques contre les écoles, y compris contre leur personnel. En plus, avec l’apparition de la COVID-19, il est encore plus difficile d’accéder à l’éducation, a-t-elle souligné, avant d’appeler, dans ce contexte, au partage des bonnes pratiques et des solutions innovantes pour la continuité de l’éducation. Le Viet Nam a conclu en plaidant pour des efforts renforcés et pour tirer parti des progrès réalisés pour apporter aux enfants les espoirs et les changements positifs dont ils ont besoin et qu’ils méritent.
Saint-Vincent-et-les Grenadines s’est exprimé au nom des A3+1 (Afrique du Sud, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines). Les A3+1 se sont félicités des progrès dans la protection de l’enfance dans certains pays du monde. Ils ont précisé que la protection des enfants dans les conflits armés devrait être abordée à tous les niveaux, y compris par le biais de la diplomatie, la médiation dans les processus de paix, à toutes les étapes du maintien et de la consolidation de la paix, car c’est une dimension clef de la protection du mandat des civils. Les A3+1 ont salué le programme de protection de l’enfance du Département de la paix et de la sécurité de l’Union africaine (UA), en collaboration avec le Bureau de la Représentante spéciale, et l’engagement pris par les dirigeants de l’UA d’éradiquer le fléau des conflits afin qu’il n’affecte pas les générations futures, et de se concentrer sur les efforts de prévention, dans le cadre de l’initiative visant à « faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020 » et de l’Agenda 2063 dans un cadre plus large.
En outre, les A3+1 ont demandé le plein respect des normes internationalement agréées de la justice pour mineurs, lesquelles sont axées sur la libération, la réadaptation et la réinsertion des enfants victimes. La formation scolaire et professionnelle, ainsi que le soutien psychosocial et socioéconomique de la communauté internationale, de l’État, des communautés locales et des familles devraient faire partie d’actions plus larges pour protéger et soutenir les enfants dans ces contextes, ont-ils argué. Ils ont ajouté que les enfants réfugiés et déplacés, particulièrement vulnérables, méritent également d’avoir accès à une éducation de qualité. Les A3+1 ont dénoncé les attaques contre l’éducation et exhorté toutes les parties au conflit à respecter leurs obligations en vertu du droit international, de protéger les enfants, les éducateurs et les établissements d’enseignement contre la violence et la destruction. Nous demandons également la fin de l’impunité des groupes armés extrémistes et des autres auteurs de telles attaques, notamment les enlèvements et les violences sexuelles et sexistes dans les écoles ou le long des itinéraires scolaires, où les filles sont particulièrement ciblées, ont plaidé les A3+1.
Ils ont par ailleurs rappelé que ce sont les enfants qui sont également les plus touchés par la crise sécuritaire au Sahel, dans le bassin du lac Tchad et dans d’autres régions affectées par la triple menace des conflits, de la COVID-19 et des changements climatiques, les adolescentes étant en particulier victimes de violence sexuelle et sexiste. Ils ont donc encouragé les gouvernements connaissant les situations de conflit armé à faire tout leur possible pour instaurer une culture de respect des femmes et des enfants au sein de leurs forces armées. Ils ont aussi encouragé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour soutenir le développement socioéconomique de ces régions, conformément aux besoins et aux priorités nationales, et conformément au Programme de développement durable à l’horizon 2030. Enfin, les A3+1 ont exhorté les parties à garantir un accès sans entrave, conformément au droit international, pour la livraison de fournitures essentielles de survie et l’accès aux soins de santé pour les enfants et leurs familles. Ils ont donc invité la communauté internationale et les organisations à renforcer leur engagement politique envers les enfants et la question des conflits armés, notamment en ces temps de nouvelles contraintes budgétaires provoquées par les effets de la pandémie de COVID-19.
L’Estonie a appuyé l’appel du Secrétaire général en faveur de l’adoption de mesures nationales rigoureuses de responsabilisation en cas de violations graves contre les enfants. Après avoir indiqué que l’Estonie avait entériné la Déclaration sur la sécurité dans les écoles en début d’année, la délégation s’est déclarée profondément préoccupé par le nombre élevé d’enfants tués ou mutilés, notant que les attaques sont en hausse en Afghanistan, au Mali et au Myanmar, ainsi que par l’augmentation du refus d’accès humanitaire aux enfants et de la prise pour cible d’écoles et d’hôpitaux, notamment en Syrie.
Poursuivant, la délégation a signalé que le mécanisme de surveillance et de communication de l’information sur les violations graves commises contre des enfants en situation de conflit armé ne pourra livrer ses fruits sans ressources humaines et financières adéquates. Elle s’est aussi préoccupée de l’augmentation de la vulnérabilité des enfants en situation de conflits armés en raison de la pandémie de COVID-19, ainsi que des lacunes potentielles dans les rapports en raison des limites posées par la pandémie.
Le Royaume-Uni a rappelé qu’il figure parmi les plus grands donateurs du Bureau de la Représentante spéciale. Nous faisons aussi partie du Groupe de travail du Conseil de sécurité et nous appelons les parties aux conflits à adopter et à mettre en œuvre des plans d’action pour mettre fin et prévenir les violations graves contre les enfants. Le Royaume-Uni a exhorté les gouvernements à poursuivre les auteurs de ces violations, avant de relever les succès du Groupe de travail et du Mécanisme de surveillance. Cependant, 15 ans plus tard, il est clair qu’il faut faire plus pour que ces outils restent des vecteurs transparents et crédibles d’établissement des responsabilités.
Le Royaume-Uni a jugé primordial de veiller à ce que les acteurs de la protection de l’enfance continuent à surveiller, signaler et répondre aux violations graves pendant cette pandémie de COVID-19.
Au sujet du rapport du Secrétaire général, le Royaume-Uni a appelé le Secrétariat des Nations Unies à revoir son approche et à travailler avec les membres du Conseil de sécurité pour renforcer l’engagement mondial de l’ONU à soutenir les enfants dans les conflits armés. Selon le pays, l’accès à une éducation sûre et de qualité pour les enfants touchés par les conflits armés joue un rôle important dans leur réintégration. Le Royaume-Uni s’est dit préoccupé par les conclusions du rapport selon lesquelles, en 2019, les acteurs étatiques étaient responsables de plus de la moitié de toutes les attaques contre les écoles. La délégation a souligné que ce sont les filles qui sont le plus touchées par la fermeture massive des écoles en raison de la COVID-19. Elle a appelé l’ONU à continuer d’améliorer la collecte de données ventilées par sexe sur les violations graves, afin de mettre en place une réponse plus soucieuse de la dimension sexospécifique.
Quinze ans après la création par le Conseil de son Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés et du Mécanisme de surveillance et de communication de l’information dirigé par les Nations Unies, les États-Unis restent pleinement déterminés à soutenir ce travail essentiel, a assuré la délégation, parce que l'impact des conflits sur les enfants reste toujours bien trop réel dans le monde. Trop souvent encore les enfants dans les conflits armés sont victimes de meurtres et de mutilations, recrutés comme enfants soldats, soumis à la violence et aux enlèvements sexuels, et les attaques visant des écoles et des hôpitaux se poursuivent alors que l’accès humanitaire est refusé, ont rappelé les États-Unis pour lesquels ces actes doivent cesser et les auteurs doivent rendre des comptes.
Même si beaucoup d’États Membres ont pris des mesures pour à la fois à réduire les conséquences des conflits armés sur les enfants et soutenir les efforts en vue de leur réintégration dans le monde, les États-Unis sont d’avis que les efforts collectifs et le travail sur cette question sont loin d'être terminés. Les enfants continuent de souffrir dans de nombreux pays, notamment en Birmanie, au Mali, en Syrie et en Somalie.
Remerciant Mariam pour son courage et pour son témoignage qui « nous incite à œuvrer pour un soutien plus grand à la réintégration et à l’éducation des enfants qui ont vécu des expériences similaires », les États-Unis se sont dit horrifiés par les informations selon lesquelles des terroristes ferment des écoles de force et tuent des enseignants au Mali. Une génération entière d’enfants maliens est touchée par ces tactiques odieuses dont les effets psychosociaux dureront des années, s’est indignée la délégation. Pour leur part, les États-Unis ont lancé le Cadre d’engagement diplomatique pour le Sahel pour se concentrer sur la légitimité de l’État. Dans le cadre du programme « Leadership et autonomisation des filles par l’éducation » au Mali, les États-Unis ont versé 23 millions de dollars pour lutter contre les disparités entre les sexes. La fourniture de services de base tels que la scolarisation est essentielle pour stabiliser non seulement le Mali, mais toute la région du Sahel, ont fait valoir les États-Unis.
Une véritable reconstruction post-conflit nécessite aussi de s’assurer que les enfants touchés par le conflit disposent des outils dont ils ont besoin pour réussir plus tard sur le marché du travail. Cela comprend la prise en compte de leur bien-être émotionnel et physique, a estimé la délégation, tout en offrant un accès à l’éducation, à la formation professionnelle aux opportunités d’emploi.
Pour leur part, les États-Unis continueront d’investir dans des programmes préventifs et adaptés pour protéger les enfants contre la violence.
L’Indonésie a souligné que la protection des enfants est devenue encore plus urgente en raison de la pandémie. Elle a indiqué qu’au sein de la MONUSCO, un bataillon indonésien pouvant être déployé rapidement intervient auprès des communautés et aide notamment les enfants à comprendre comment combattre la pandémie en RDC. Elle a appelé à redoubler d’efforts pour mettre un terme au recrutement d’enfants, soulignant que les « succès », tels que la libération de 13 200 enfants l’an dernier, ne sont pas suffisants.
La délégation a aussi appelé à accorder une plus grande attention au processus de réintégration des enfants. Offrir aux enfants un environnement sûr dans la famille est le meilleur moyen de briser le cycle de leur implication dans les conflits armés, a estimé la délégation qui a aussi insisté sur le rôle des femmes au sein des opérations de paix. À l’heure actuelle, 159 femmes Casques bleus indonésiennes formées à la protection des enfants travaillent dans différentes missions. L’Indonésie a en outre appelé à la pleine mise en œuvre du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.
La Fédération de Russie a estimé que le Conseil de sécurité ne peut rester indifférent et doit déployer tous les efforts possibles pour protéger les enfants dans les conflits armés. Elle a dit appuyer les importantes initiatives du Bureau de la Représentante spéciale, par des campagnes de sensibilisation et d’information sur le sort des enfants, leur réintégration et leur protection contre leur enrôlement par les belligérants. La délégation a souligné que le sort des enfants devient encore plus difficile à cause de la crise sanitaire mondiale sans précédent créée par la COVID-19. Malheureusement, même cette crise n’a pas conduit à la levée des mesures coercitives unilatérales qui affectent les services de santé, les infrastructures sociales, la sécurité alimentaire et autres aspects de la vie. Nous regrettons, a dit la Fédération de Russie, que le Secrétaire général n’ait pas mentionné cette question importante dans son rapport. Elle l’a donc invité, lui et sa Représentante spéciale, à accorder une attention particulière aux effets néfastes des sanctions « illégales » sur les enfants dans les conflits armés et d’y consacrer une section spécifique dans les prochains rapports.
La délégation a déploré en outre le fait que les terroristes n’hésitent pas à utiliser même de petits enfants et à les amener dans leurs rangs. Elle a plaidé pour leur réintégration dans la société. La Fédération de Russie a dit appuyer et approuver sans réserve l’appel lancé par le Secrétaire général à tous les États Membres concernés qui ne l’ont pas encore fait à prendre des mesures en vue du rapatriement librement consenti des enfants bloqués dans les zones de conflit, y compris des enfants effectivement ou prétendument associés à Daech. Depuis 2018, la Fédération de Russie assure le retour des enfants russes des champs de bataille en Iraq et en Syrie et leur réadaptation est en cours. Plus de 150 enfants russes ont déjà été évacués avec succès d’Iraq et de Syrie, s’est félicitée la délégation, assurant que la pandémie actuelle a ralenti ces travaux qui se poursuivront.
La France a rappelé que la résolution 1612 (2005), ambitieuse et novatrice, a structuré l’action collective pour éradiquer un mal qui reste malheureusement encore très répandu. « Depuis 2005, nos efforts ont permis la libération de plus de 150 000 enfants, grâce à l’engagement de ce Conseil, des représentantes spéciales successives, de l’UNICEF et de la société civile. » Elle a estimé que cette réussite collective illustre ce que le système multilatéral peut faire de mieux quand le Conseil de sécurité est vigilant, uni et doté d’outils efficaces. Elle a ajouté que les violations contre les enfants se poursuivent à des niveaux alarmants, alimentées par l’intensification et la complexification des conflits, avant de plaider pour un meilleur usage des outils que ce Conseil a mis en place. « Son Groupe de travail doit continuer à se réunir régulièrement, développer les contacts avec les acteurs de la protection de l’enfance et effectuer des visites de terrain. » Ce Conseil a par ailleurs demandé dès 2001 au Secrétaire général d’établir chaque année une « liste d’infamie », a poursuivi la délégation. « C’est une lourde responsabilité qu’il convient d’exercer à partir de critères rigoureux et objectifs. »
La France a assuré qu’elle continuera à jouer un rôle actif et à promouvoir l’endossement universel des Principes et engagements de Paris. Sur le terrain, elle soutient des projets en faveur des enfants dans les situations d’urgence, comme au Liban et au Sahel. Elle a jugé impératif de protéger les enfants contre le recrutement et contre l’endoctrinement par des groupes terroristes. Elle a aussi jugé crucial d’œuvrer en faveur de l’émancipation, par l’éducation et la formation, l’un des meilleurs remparts contre ces formes d’exploitation. La France a ainsi sensiblement augmenté son aide bilatérale dans ce domaine et soutient notamment la résilience des jeunes face à l’extrémisme violent au Sahel. Elle s’est, par ailleurs, réengagée au sein du Partenariat mondial pour l’éducation avec une contribution historique de 200 millions d’euros. Enfin, parce que les filles sont particulièrement vulnérables, la France soutient la mise en place d’environnements protecteurs pour celles-ci au sein des écoles, a ajouté la délégation. C’est l’un des objectifs de l’initiative « Priorité à l’Égalité », qui est mise en œuvre dans les pays du Sahel.