Le Conseil de sécurité discute de la situation au Venezuela et de la "tentative de déstabilisation", selon les autorités nationales
Après la dernière réunion du Conseil de sécurité sur le Venezuela le 10 avril 2019, la Fédération de Russie a demandé une nouvelle séance pour parler de l’« opération Gedeon », la tentative de déstabilisation qu’a dénoncée le Gouvernement vénézuélien dans une lettre envoyée le 13 mai dernier au Président du Conseil et contestée par les principaux mis en cause, les États-Unis et la Colombie.
La lettre du Venezuela, a expliqué la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, décrit comment les 3 et 4 mai, « des groupes armés de mercenaires et terroristes, organisés, formés, financés et protégés par les Gouvernements de la République de Colombie et des États-Unis sont entrés illégalement sur le territoire vénézuélien ». « L’objectif déclaré » était de « commettre des actes criminels » contre le peuple vénézuélien et « de procéder à des assassinats ciblés de hauts fonctionnaires », y compris le Président Nicolás Maduro.
La lettre souligne aussi l’implication d’un « secteur extrémiste de l’opposition vénézuélienne », faisant explicitement référence au « député Juan Guaidó », reconnu par un groupe d’États Membres comme « Président par intérim ». L’opération a été « endiguée par les autorités vénézuéliennes » et, le 13 mai, le Procureur général du Venezuela a confirmé l’arrestation de 47 personnes.
« Quel est le rôle de la Colombie dans tout ça? » s’est demandé la Fédération de Russie qui a jugé difficile d’imaginer que cette opération clandestine née sur son sol se soit déroulée sans que personne n’en sache rien. La Colombie s’est offusquée de ces « accusations irresponsables ». Elle a attiré l’attention sur le communiqué du Ministère des affaires étrangères en date du 7 mai 2020 qui rejette fermement ces accusations. Nous n’avons jamais été un pays agresseur et nous réfutons catégoriquement toute allégation sur l’implication de notre gouvernement dans des actes contraires au droit international, a tonné la délégation.
Le Venezuela ayant évoqué le contrat de 200 millions de dollars de la société américaine « Silvercorp » pour renverser les autorités nationales, avec la complicité du « Président imposteur », M. Juan Guaidó. Les États-Unis ont vu là une tentative de détourner l’attention des meurtres et exécutions extrajudiciaires imputables au « régime de Maduro ». Le Président Trump et le Secrétaire d’État Pompeo, se sont-ils justifiés, ont déjà clairement indiqué que l’Administration américaine n’est absolument pas impliquée dans l’« opération Gedeon ».
En fait, a commenté le Royaume-Uni, le Conseil a été convoqué pour parler de ce qui est essentiellement l’opération indépendante d’un groupe de mercenaires « voyous » circulant dans des vedettes. Non, a semblé dire Saint-Vincent-et-les Grenadines. Cette tentative d’incursion armée au Venezuela n’est que la dernière d’une longue liste d’agressions injustifiées conduites depuis deux décennies contre cette nation souveraine. Autre pays de la région d’Amérique latine et des Caraïbes, la République dominicaine a appelé à « une enquête factuelle et indépendante avant de sauter à des conclusions qui seraient prématurées ».
Malheureusement, a fait observer le Venezuela, les Gouvernements des États-Unis et de la Colombie continuent de refuser toute forme de contact avec les autorités vénézuéliennes compétentes, afin d’établir les faits et éviter l’impunité. Le 14 mai, un haut responsable américain a même déclaré à l’agence de presse Reuters que l’Administration Trump envisage de désigner plusieurs services de sécurité vénézuéliens comme « organisations terroristes ». C’est, s’est indignée la délégation, ouvrir la voie à l’assassinat des chefs de ces services, sous le prétexte fallacieux de la lutte contre le terrorisme. « Le Venezuela n’est pas à vendre, il ne sera jamais la colonie de quiconque et son peuple remplira, avec sérénité et détermination, son devoir de liberté », a martelé son représentant.
Certains orateurs, dont l’Allemagne, ont attiré l’attention du Conseil sur l’urgence humanitaire sans précédent au Venezuela et l’impérieuse nécessité d’identifier une solution politique. Le Venezuela est plongé dans une crise de plus en plus profonde que seuls les Vénézuéliens peuvent résoudre, a rappelé Mme DiCarlo qui a invité les principaux acteurs politiques à reprendre des négociations sérieuses, tout en exhortant tous les États Membres à soutenir cet appel.
La Fédération de Russie en a profité pour présenter un projet de déclaration à la presse « factuel et équilibré », selon Saint-Vincent-et-les Grenadines. Dans le texte russe, le Conseil demanderait que la situation actuelle au Venezuela soit réglée par un dialogue entre Vénézuéliens, sans ingérence extérieure et par des moyens pacifiques et politiques, conformément au Chapitre VI de la Charte des Nations Unies et dans le cadre de la Constitution vénézuélienne et du plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Venezuela.
La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.
« Le Venezuela est plongé dans une crise de plus en plus profonde que seuls les Vénézuéliens peuvent résoudre », a d’emblée affirmé Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix. Elle a relevé que les tentatives pour parvenir à une solution négociée n’ont pas abouti, malgré d’importants efforts internationaux de facilitation. Elle a indiqué que dans une lettre adressée au Président du Conseil de sécurité, le Gouvernement du Venezuela a déclaré que les 3 et 4 mai, « des groupes armés de mercenaires et terroristes, organisés, formés, financés et protégés par les Gouvernements de la République de Colombie et des États-Unis sont entrés illégalement sur le territoire vénézuélien ».
Selon la lettre, « l’objectif déclaré » était de « commettre des actes criminels » contre le peuple vénézuélien et « de procéder à des assassinats ciblés de hauts fonctionnaires », y compris le Président Nicolás Maduro. La lettre soulignait l’implication d’un « secteur extrémiste de l’opposition vénézuélienne », faisant explicitement référence au « député Juan Guaidó », reconnu par un groupe d’États Membres comme « Président par intérim ». Selon la lettre, l’opération a été « endiguée par les autorités vénézuéliennes » et, le 13 mai, le Procureur général du Venezuela a confirmé l’arrestation de 47 personnes.
Mme DiCarlo a noté que les Gouvernements de la Colombie et des États-Unis ont rejeté les allégations du Gouvernement vénézuélien concernant leur implication. Le chef de l’opposition vénézuélienne a également nié toute implication dans l’opération et a appelé à la création d’un « gouvernement d’urgence nationale ». La Secrétaire générale adjointe a évoqué une inquiétude accrue concernant l’impasse et l’absence de négociations sérieuses entre les principaux partis politiques au Venezuela, en particulier en plein milieu de la pandémie de COVID-19. Des membres de l’opposition ont dit souhaiter que l’élection présidentielle ait lieu à la fin de l’année, en même temps que les législatives déjà programmées. L’ONU appelle les principaux acteurs politiques à engager une négociation constructive pour créer des conditions propices à la tenue d’élections crédibles, inclusives et participatives, a souligné Mme DiCarlo.
Elle a ensuite rappelé que le Plan de réponse humanitaire 2020 pour le Venezuela est estimé à environ 750 millions de dollars. Le Gouvernement du Venezuela, a-t-elle dit, a appelé à « un accord humanitaire pour la santé et la paix entre tous les secteurs politiques ». Dans le même temps, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a reçu des informations faisant état de la détention de dirigeants politiques et de journalistes qui s’expriment sur la COVID-19, et de menaces et d’intimidations contre des agents de santé qui n’auraient fait qu’exprimer leurs inquiétudes face au manque d’équipements contre la pandémie ou donner des informations sur le nombre de personnes infectées. Selon Mme DiCarlo, la politisation de l’aide humanitaire au Venezuela s’est poursuivie pendant la pandémie et demeure une préoccupation majeure. C’est pourquoi le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Mark Lowcock, avait demandé à toutes les parties de ne pas manipuler l’assistance, a-t-elle rappelé.
Mme DiCarlo a aussi parlé de la pénurie de carburant, une vraie contrainte opérationnelle pour les organisations humanitaires. Le Gouvernement vénézuélien, a-t-elle expliqué, attribue cette pénurie aux sanctions unilatérales, alors que les indicateurs sociaux et économiques disponibles montrent que la crise économique est antérieure auxdites sanctions, même si elles aggravent une situation déjà critique. La Secrétaire générale adjointe a promis que le système des Nations Unies continuera de renforcer les droits de l’homme et son action humanitaire au Venezuela, ainsi que sa réponse en faveur des réfugiés et des migrants vénézuéliens. Elle a rappelé que près de 5,1 millions de personnes ont quitté le Venezuela. Depuis le début de la pandémie, des informations font état de retours de Vénézuéliens dans leur pays en raison de la perte de leurs moyens de subsistance. Malheureusement, le plan de réponse régional pour les Vénézuéliens ne dispose à ce jour que de 4% des fonds nécessaires. Dans une déclaration du 15 mai, l’Union européenne et le Gouvernement espagnol ont annoncé leur intention de convoquer une « Conférence internationale des donateurs en solidarité avec les réfugiés et les migrants vénézuéliens dans les pays d’Amérique latine ». La Conférence, qui aura lieu le 26 mai sera soutenue par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
En conclusion, la Secrétaire générale adjointe a affirmé qu’une véritable négociation entre les principaux acteurs politiques du Venezuela est la seule voie à suivre. Elle a appelé les principaux acteurs politiques à reprendre des négociations sérieuses, tout en exhortant tous les États Membres à soutenir cet appel.
Nous parlons d’une situation qui a lieu autour du Venezuela et pas dans le pays même, a souligné la Fédération de Russie. La délégation a vu dans les dernières violations de la souveraineté du Venezuela par des agents étrangers une menace « directe » à la paix, à la sécurité et à la stabilité du pays mais aussi de la région. Elle a rappelé qu’au début du mois de mai, un groupe armé d’au moins 60 personnes est entré sur le territoire « souverain » du Venezuela à partir du territoire colombien sur deux navires. Une quarantaine d’entre eux a été arrêtée, dont deux citoyens américains, qui ont avoué que leur mission était de former des forces en Colombie à des opérations militaires au Venezuela et de prendre le contrôle d’un aéroport afin d’assurer le transfèrement du Président Nicolás Maduro aux États-Unis.
Nous savons aussi, a poursuivi la Fédération de Russie, qu’un contrat a été signé le 16 octobre 2019 entre un adjoint de M. Juan Guaidó et le Président-Directeur général de la société américaine « Silvercorp » pour renverser le Gouvernement vénézuélien. Ce contrat de 200 millions de dollars a été financé avec une partie du Fonds souverain vénézuélien conservée dans des banques américaines. Après que le « Président imposteur » a affirmé qu’il n’avait rien à voir avec ce contrat, un autre document daté du 28 avril 2020 a été découvert dans lequel l’on exige de lui le versement de 1,5 million de dollars à « Silvercorp », quelques jours seulement avant la soi-disant « opération Gedeon ».
« Quel est le rôle de la Colombie dans tout ça? » s’est demandé la Fédération de Russie, car il est difficile d’imaginer que cette opération clandestine née sur son sol se soit déroulée sans que personne n’en sache rien. Les autorités américaines, a poursuivi la délégation, affirment qu’elles non plus ne savent rien et « nous serions heureux de les croire ». Alors pourquoi, selon le contrat, deux citoyens américains prévoyaient d’enlever un « président légitime » pour l’amener aux États-Unis? La Fédération de Russie s’est d’ailleurs étonnée de l’annonce d’une prime de 15 millions de dollars pour toute information sur le Président Maduro.
Elle a rappelé la lettre datée du 13 mai que le Représentant permanent du Venezuela a adressée au Conseil et a souligné qu’à plusieurs reprises, le Gouvernement vénézuélien a mis en garde contre des préparatifs d’attaques armées et la formation de groupes paramilitaires dans les pays voisins. La Fédération de Russie a saisi l’occasion pour citer la résolution 239 (1967) du Conseil, laquelle condamne tout État qui persiste à autoriser ou à tolérer le recrutement de mercenaires et leur mise à disposition, dans le but de renverser un gouvernement. Nous sommes devant, a-t-elle constaté, une grave violation de cette résolution, de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration sur l’irrecevabilité de l’intervention et de l’ingérence dans les affaires intérieures des États, adoptée par l’Assemblée générale en 1981.
La Fédération de Russie a accusé les États-Unis de traiter toute l’Amérique du Sud comme leur « arrière-cour », conformément à la Doctrine Monroe. Elle a cité l’invasion de la baie des Cochons à Cuba en 1961, le renversement de Salvador Allende au Chili en 1973 et le dossier Iran-Contras de 1986 au Nicaragua. Aujourd’hui, c’est le Venezuela qui est « au menu » et nos collègues américains ne font même pas semblant de le nier, s’est emportée la Fédération de Russie. Elle a fustigé la prétendue « opération de lutte contre les stupéfiants » dans les Caraïbes qui n’est qu’une opération militaire, lancée après l’annonce de la prime sur la tête du Président Maduro.
Quel a était le véritable objectif du « défilé » de la marine américaine dans les Caraïbes? Y a-t-il encore des mercenaires « sur le terrain » au Venezuela? Qui était responsable des attaques contre les infrastructures essentielles du Venezuela, y compris les réseaux électriques? Est-ce que, a poursuivi la Fédération de Russie, Washington se rend compte des risques lorsqu’il déploie des navires dans une zone où des pétroliers iraniens travaillent légalement près du Venezuela? Aux États membres européens du Conseil qui ont reconnu à la hâte le Président Guaidó, il y a deux ans, la Fédération de Russie a demandé comment ils voient maintenant le rôle de cet « imposteur » après la tentative de coup d’État?
Tout le monde, a tranché la Fédération de Russie, doit condamner sans équivoque la tentative d’invasion du territoire « souverain » du Venezuela. Les Vénézuéliens ont le droit de résoudre eux-mêmes leurs désaccords politiques, y compris de choisir leurs propres dirigeants conformément à la Constitution du pays. La Fédération de Russie a exhorté tous les États à s’abstenir de donner ordres et ultimatums et d’imposer des sanctions ou des mesures coercitives au Venezuela et à d’autres. Nous avons, a-t-elle conclu, préparé un projet de déclaration à la presse qui dit que les membres du Conseil de sécurité rejettent les menaces de recourir à la force, comme le stipule la Charte des Nations Unies, et réaffirment les résolutions pertinentes sur la condamnation du terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et sur l’utilisation de mercenaires.
Les membres du Conseil de sécurité demandent que la situation actuelle au Venezuela soit réglée par un dialogue entre Vénézuéliens, sans ingérence extérieure et par des moyens pacifiques et politiques, conformément au Chapitre VI de la Charte des Nations Unies et dans le cadre de la Constitution vénézuélienne et du plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Venezuela. La Fédération de Russe a espéré que ce texte « court, politiquement neutre et concis » ne soulèvera aucune objection de fond de la part des membres du Conseil.
Les États-Unis ont qualifié cette séance de « perte de temps », arguant que la lettre « du régime illégitime de Maduro » est, « comme de telles lettres le sont toujours », une longue compilation d’accusations fantastiques et de mensonges démontrables. La délégation a noté que la Fédération de Russie défend le comportement du « régime » vénézuélien qui est d’accuser les autres pour ses choix « épouvantables ». La délégation a rappelé que depuis 2018, le « régime corrompu, criminel et illégitime » du Venezuela a supervisé quelque 7 000 exécutions extrajudiciaires, s’est servi de la nourriture comme arme politique, et a mis en place une stratégie de lutte contre la COVID-19 qui consiste à jeter en prison professionnels de la santé et journalistes indépendants pour avoir tenté d’informer le public des risques posés par le virus. Pour la délégation, le Venezuela tente de distraire et de détourner l’attention, avec des allégations sur une prétendue tentative de coup d’État. Il ne s’agit là que d’une tentative de couvrir ses meurtres et ses exécutions extrajudiciaires, ont martelé les États-Unis.
Le Président Trump et le Secrétaire d’État Pompeo, ont-ils affirmé, ont déjà clairement indiqué que l’Administration américaine n’est absolument pas impliquée dans l’opération Gedeon, à savoir « l’incursion armée présumée des 3 et 4 mai ». Les seules nations qui semblent violer la souveraineté du Venezuela sont la Russie et Cuba, lesquels, sans l’approbation de l’Assemblée nationale vénézuélienne, envoient régulièrement des militaires et des mercenaires dans le pays. Les États-Unis ont encouragé le Conseil de sécurité à examiner de près le rôle du “régime de Maduro” dans la création de cette prétendue crise, et en particulier les ingérences du vaste appareil de renseignement cubain au Venezuela. La délégation a souscrit à l’appel du Président Juan Guaidó à une enquête impartiale sur les rafles, les exécutions extrajudiciaires et les tortures sous “le régime de répression de Maduro”. Les États-Unis ont dit enquêter sur l’opération présumée, et souligné qu’elle semble bien connue du régime qui l’avait même évoquée publiquement près d’une semaine son lancement. La délégation américaine a souhaité que le “régime” concentre davantage ses efforts sur le peuple vénézuélien; sur le retour d’une véritable démocratie; sur l’acheminement de l’aide humanitaire; et sur les abus spécifiques et indéniables.
Saint-Vincent-et-les Grenadines a indiqué que la récente tentative d’incursion armée au Venezuela n’est que la dernière d’une longue liste d’agressions injustifiées conduites depuis deux décennies contre cette nation souveraine. « Nous maintenons que la querelle politique interne à ce pays ne constitue pas une menace à la paix et à la sécurité internationales. » Plus précisément, la situation au Venezuela ne menace pas la sécurité nationale, l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un État tiers et tous les actes d’agression, y compris les sanctions économiques unilatérales, perpétrés sous ce prétexte sont injustifiables et illégaux, a poursuivi la mission.
Elle a estimé que ces violations caractérisées du droit international sapent le processus politique dans ce pays, en notant la récompense de 15 millions de dollars offerte pour la capture du chef du pays légitimement élu. Ces nouvelles sources d’instabilité, y compris les activités de mercenaires et le terrorisme, ont abouti à un environnement de plus en plus volatile. De tels actes aggravent les défis du pays au lieu de les diminuer, a dit la mission. La seule solution durable à cette crise est un dialogue national inclusif répondant aux aspirations légitimes du peuple vénézuélien, et qui soit débarrassé des machinations politiques destinées à interférer avec les résultats du processus politique interne.
La mission a estimé que la convergence de forces extérieures politiques et économiques en vue d’aboutir à un changement de régime fragilise le tissu social du pays et inflige des souffrances immenses. Elle a appelé à la levée immédiate et inconditionnelle de toutes les mesures punitives unilatérales et exhorté tous les membres de la communauté internationale à refuser toute agression contre un pays souverain. En ces temps imprévisibles, qui demandent une consolidation des efforts face à la pandémie de COVID-19, ces manœuvres géopolitiques sont à la fois inutiles et préjudiciables. Nous ne devons pas semer les graines de la discorde ou nourrir les flammes de la provocation, a indiqué la mission, y voyant une défense des principes fondamentaux du droit international. « Le peuple vénézuélien mérite bien mieux que cela. » Enfin, la mission a appuyé le projet de déclaration à la presse proposé par la Fédération de Russie, qu’elle a qualifiée de « factuel et équilibré ».
La France a fermement condamné l’usage de la force et estimé que la solution à la crise vénézuélienne ne peut être trouvée que dans le plein respect du droit international et de la Constitution nationale. La France a appelé le Venezuela à garantir le fonctionnement normal de toutes les ambassades à Caracas et rappelé que le respect du droit international comprend également la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques. La France a dit avoir engagé, avec ses partenaires de l’Union européenne et d’Amérique latine, des efforts diplomatiques avec la création du Groupe de contact international pour promouvoir le règlement de la crise par le dialogue, en tenant compte des résultats du processus d’Oslo / Barbade, entre autres éléments. Un dialogue inclusif et de bonne foi est la seule voie à suivre, en vue de l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles.
Le peuple, a insisté la France, doit pouvoir choisir librement son avenir et les prérogatives de l’Assemblée nationale doivent être respectées, conformément à la Constitution vénézuélienne. Notant que des millions de Vénézuéliens ont dû fuir leur pays, la France a rendu hommage à la générosité de nombreux pays voisins. Elle a rappelé que l’Union européenne s’est montrée prête à soutenir ces pays et qu’elle tiendra, le 26 mai, une conférence des donateurs avec les agences des Nations Unies, après la conférence de solidarité qui s’est tenue à Bruxelles en octobre 2019. La France a souhaité que la réponse à cette crise soit inclusive et collective, sous l’égide de l’ONU, et qu’elle prenne en compte la propagation dangereuse de la pandémie de COVID-19 dont les impacts humanitaires et socioéconomiques dans la région pourraient être terribles.
Rappelant que les Vénézuéliens souffrent également des conséquences économiques de la crise politique, la France a demandé à tous les acteurs de garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave et de rejeter toute politisation de l’aide humanitaire. Ceci est d’autant plus nécessaire dans le contexte de la pandémie de COVID-19, a-t-elle insisté, avant de préciser que l’Union européenne fournit plus de la moitié de l’aide humanitaire aux Vénézuéliens. Ces derniers, a-t-elle rappelé, souffrent des violations graves et répétées de leurs droits et il est temps que leur pays mette en œuvre toutes les recommandations du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, s’agissant en particulier de la libération des prisonniers politiques. Les sanctions de l’Union européenne, a tenu à souligner la France, sont des mesures individuelles adoptées en réponse à ces violations des droits de l’homme. Elles sont conçues pour ne pas affecter la population et la réponse à la pandémie de COVID-19.
Les Amériques sont une région éprise de paix, a déclaré la République dominicaine, en rappelant sa riche histoire de transitions démocratiques réussies. « D’emblée, nous voulons être clairs sur la position de la République dominicaine, non seulement sur cette situation particulière, mais sur tout dossier comprenant des accusations d’une telle ampleur: nous réitérons notre plein respect et engagement en faveur des principes consacrés par la Charte des Nations Unies, la sauvegarde de la paix et de la sécurité internationales étant dans l’intérêt de tous. » La délégation a rejeté toute menace ou utilisation de la force contre la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de tous les pays. Elle a rappelé sa bonne volonté dans le règlement de la crise, puisque la République dominicaine avait facilité un dialogue entre l’opposition et le Gouvernement afin d’ouvrir la voie à un processus démocratique au Venezuela. « Tous ces efforts ont été conduits dans un esprit de solidarité et sur la base de la conviction que seuls le dialogue et des moyens pacifiques peuvent conduire à un règlement de la crise. »
La délégation a aussi rejeté tout acte de terrorisme, ainsi que le trafic de stupéfiants ou bien encore d’armes. Les conséquences régionales de cette crise sont immenses, mais elles le sont encore plus pour les Vénézuéliens, a-t-elle déclaré. La République dominicaine a demandé la mise en œuvre d’une transition démocratique dans les meilleurs délais par le biais d’élections libres, justes et crédibles, dans le respect de la Charte et des aspirations légitimes des Vénézuéliens, y compris ceux vivant à l’étranger. Au vu des accusations proférées et des discussions menées jusqu’à présent, elle a appelé à « une enquête factuelle et indépendante avant de parvenir à des conclusions qui seraient prématurées ».
La Tunisie a alerté que la situation politique tendue et la crise économique au Venezuela risquent d’être fortement exacerbées par l’impact dévastateur de la pandémie de COVID-19 sur la population. Elle s’est inquiétée de l’aggravation de la polarisation qui entrave toute tentative de parvenir à une solution politique négociée entre les principaux acteurs. En outre, l’absence d’espace pour la tenue de négociations sérieuses entre les parties risque de potentiellement saper la stabilité de la région également en proie à des tensions. La délégation a ensuite déploré l’incapacité du Conseil à parler d’une même voix sur cette question, prévenant que les divisions en son sein ne lui permettront pas d’aider le Venezuela à retrouver la stabilité. La Tunisie demeure convaincue qu’une solution politique négociée grâce aux efforts des Vénézuéliens et de leurs dirigeants politiques demeure la seule voie à suivre.
Pour l’Afrique du Sud, seul un dialogue politique dirigé par les Vénézuéliens eux-mêmes permettra de relever les défis politiques auxquels leur pays est confronté. Les tentatives de changer de manière anticonstitutionnelle un gouvernement démocratiquement élu doivent être condamnées. La délégation a jugé impératif de respecter la Constitution du Venezuela et ses dispositions sur la séparation des pouvoirs. En ces temps difficiles, a-t-elle estimé, l’accent devrait être mis sur les besoins et les préoccupations humanitaires de pays comme le Venezuela, qui connaissent des problèmes économiques et politiques résultant d’une myriade de causes, dont les restrictions imposées de l’extérieur et l’effet pervers de la COVID-19. L’Afrique du Sud a exhorté toutes les parties à respecter l’impartialité, la neutralité et l’indépendance de l’assistance humanitaire. Cette assistance ne saurait être utilisée comme monnaie d’échange ou de rançons exigées au peuple du Venezuela. Au moment où l’on commémore le soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies, nous devons, a martelé l’Afrique du Sud, encourager un règlement pacifique de la crise politique vénézuélienne, ce qui exige des dialogues consultatifs en interne.
Le Viet Nam s’est dit profondément préoccupé par les récentes informations faisant état d’incursions armées au Venezuela et a condamné toute utilisation ou menace d’utilisation de la force contre un pays souverain et indépendant, comme étant contraire à la Charte et au droit international. La mission a appelé toutes les parties à faire montre de retenue, à ne pas utiliser la force ou menacer de le faire et à s’abstenir de toute action susceptible d’aboutir à une escalade des tensions et à une déstabilisation du pays. Ce Conseil a la responsabilité de faire respecter les principes fondamentaux de la Charte et du droit international, a insisté la mission, qui a appelé le gouvernement constitutionnel et les parties pertinentes à s’engager dans un dialogue en vue de trouver une solution durable, par des moyens pacifiques. La voie à suivre doit être décidée par les Vénézuéliens eux-mêmes, dans le respect de leur Constitution et de leurs aspirations, conformément à la Charte et au droit international. Le Viet Nam a estimé que la tâche la plus urgente est la lutte contre la pandémie et a salué les efforts menés par l’ONU pour venir en aide à la population, dans le respect des principes de l’aide humanitaire et des besoins des Vénézuéliens. Nous appuyons fortement l’appel du Secrétaire général à la levée des sanctions qui peuvent saper la capacité des États de riposter à la pandémie, a conclu le Viet Nam.
L’Allemagne a estimé que le Conseil de sécurité doit se pencher avant tout sur l’urgence humanitaire sans précédent au Venezuela et l’impérieuse nécessité d’identifier une solution politique. Elle a appelé le Conseil à ne pas tomber dans le piège des diversion du « régime de Maduro ». Seul un processus politique pacifique dirigé par les Vénézuéliens permettra d’aller de l’avant, a-t-elle dit. Elle a renouvelé son appel au rétablissement des institutions démocratiques, grâce à une élection présidentielle libre, transparente et crédible. Le moment est venu de surmonter l’impasse politique et de trouver un accord, si possible dans le cadre du processus d’Oslo, a estimé la délégation. Elle a appuyé la création d’un gouvernement de transition qui représenterait les deux parties, tracerait la voie pour la tenue des élections législatives et présidentielle et relèverait le défi de la COVID-19. L’Allemagne a exhorté le « régime de Maduro » à participer « enfin » à des négociations sérieuses.
Elle a alerté sur le fait que la COVID-19 pourrait avoir des implications désastreuses pour le Venezuela et a exhorté le « régime de Maduro » à autoriser l’accès des agents humanitaires à l’ensemble du territoire, mettant en garde contre la politisation de l’aide. Elle a appelé à une « tentative unie » de combattre la COVID-19 qui impliquerait l’ensemble des acteurs politiques. Elle a noté les propositions « constructives » formulées par l’Assemblée nationale pour renforcer le système de santé du pays. Les autorités du Venezuela et la communauté internationale doivent faire usage de toutes les ressources disponibles, a-t-elle ajouté, insistant sur l’octroi d’une aide humanitaire suffisante.
L’Allemagne a souligné que les sanctions imposées par l’Union européenne n’entravent en rien la lutte contre la COVID-19. Elle s’est en revanche inquiétée de la multiplication, depuis l’arrivée de la pandémie dans le pays, des actes d’intimidation et de harcèlement à l’encontre des professionnels de la santé, des ONG, des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme. Elle a exhorté le « régime » à libérer tous les prisonniers politiques, en raison de l’impact de la pandémie sur les prisons. La COVID-19 exacerbe également la détresse des cinq millions de Vénézuéliens qui se sont réfugiés dans des pays voisins, a rappelé l’Allemagne qui a promis de participer, le 26 mai, à la Conférence des donateurs pour les réfugiés vénézuéliens organisés par l’Union européenne et l’Espagne.
La Belgique a indiqué que l’incident décrit dans la lettre du Représentant permanent du Venezuela et dans la demande de la Fédération de Russie pour la tenue de cette réunion suscite de nombreuses questions. Qu’est-ce qui sépare les faits de l’interprétation? Qui bénéficie le plus de cette situation? Comment accéder à des informations neutres et non partisanes? Par principe, la Belgique a dit condamner l’utilisation de mercenaires en toutes circonstances, rappelant l’applicabilité à de tels crimes des instruments internationaux pertinents. La Belgique a dit condamner aussi l’utilisation ou la menace d’utiliser la force. Elle en a profité pour souligner l’importance de respecter la souveraineté de tous les pays et les droits humains, y compris lors des opérations anti-insurrectionnelles.
Il y a des faits que nous connaissons avec certitude, a poursuivi la délégation, et d’abord que la population du pays souffre. La Belgique s’est dite vivement préoccupée par la situation des droits de l’homme et l’absence d’état de droit et de démocratie. Cette situation a conduit à un exode sans précédent. Il faut, a martelé la Belgique, des élections présidentielle et parlementaires transparentes, libres et justes. Elle a dénoncé les intimidations à l’endroit des membres de l’Assemblée nationale, lesquels doivent pouvoir exercer leurs mandats. Elle a estimé qu’il ne peut y avoir qu’une solution politique à la crise et a jugé « inacceptable » la politisation de l’aide humanitaire. Enfin, la Belgique a indiqué que le peuple du Venezuela peut compter sur l’appui de l’Union européenne et a exhorté les parties prenantes à se rallier à un processus de négociation sérieux tel que celui facilité par la Norvège.
Le Royaume-Uni a estimé que les États membres du Conseil ont été convoqués pour parler de ce qui est essentiellement l’opération indépendante d’un groupe de mercenaires « voyous » circulant dans des vedettes. Nous ne parlons pas, a souligné la délégation, d’une menace à la paix et à la sécurité internationales. Le Royaume-Uni a en effet rejeté l’idée « ridicule » de la Fédération de Russie selon laquelle cet incident était une tentative soutenue par les États-Unis et la Colombie pour assassiner le Président Maduro et imposer un gouvernement de substitution. Cette idée, a constaté le Royaume-Uni, est exactement ce que dit le « régime Maduro » dans la lettre qu’il a adressée au Conseil de sécurité. Nous créons ici, s’est félicitée la délégation, un précédent fort utile qui nous permettra d’examiner à l’avenir « l’aventurisme de certains pays dans un territoire souverain ». Le Royaume-Uni s’est félicité de ce que la Fédération de Russie condamne enfin la violation de la souveraineté nationale par des mercenaires. Nous espérons, a-t-il dit, que vous défendrez avec autant de véhémence le respect de la souveraineté nationale lorsque nous parlerons demain de l’annexion illégale de la Crimée.
Nous n’avons aucune preuve, a-t-il affirmé, que les États-Unis ou la Colombie sont impliqués dans l’opération au Venezuela. Bien au contraire, les deux gouvernements ont pris des mesures pour barrer l’accès des individus suspects à leur territoire. Ces deux gouvernements, s’est réjoui le Royaume-Uni, ont d’ailleurs annoncé des enquêtes sur les activités de « Silvercorp » et de son propriétaire, Jordan Goudreau, et sur les tenants et les aboutissants de cette opération avortée. « Opposé à toute forme d’intervention militaire au Venezuela », le Royaume-Uni a estimé que la seule voie positive passe par une solution négociée, démocratique et pacifique, après des élections présidentielles libres, équitables et conformes aux normes internationales. Il a salué l’engagement du « Président intérimaire », Juan Guaidó, qui a lancé plusieurs initiatives de dialogue, alors que le « régime de Maduro » a rejeté le cadre de transition démocratique sud-américain sans en voir le potentiel. Le « régime de Maduro », a encore accusé le Royaume-Uni, n’hésite pas à exploiter la crise de la COVID-19 pour détourner l’attention de la communauté internationale de la situation du pays. Il met en avant les quelque milliers de Vénézuéliens de retour, ces dernières semaines, mais ferme les yeux sur les cinq millions de personnes qui sont parties, dont 1,8 million en Colombie. Le Royaume Uni a conseillé à M. Maduro de s’engager dans un dialogue constructif dès que possible pour le peuple vénézuélien puisse avancer.
L’Indonésie a appelé au respect des « principes fondamentaux » de non-ingérence dans les affaires intérieures des États, de souveraineté et d’intégrité territoriale. Elle a exhorté toutes les parties impliquées à déployer des efforts sérieux pour réduire les tensions et éviter d’exacerber la situation. La délégation a aussi insisté sur l’importance, pour le Conseil de sécurité, de se montrer uni, notant qu’il s’est déjà réuni à trois reprises sur cette question en moins d’un mois, sans pour autant parvenir à s’accorder sur les éléments d’une déclaration à la presse. Elle a souligné que toute solution à la situation au Venezuela doit mettre l’accent sur un dialogue politique inclusif entre toutes les parties. Il est donc urgent de répondre au déficit de confiance important dans le pays, a-t-elle dit, avant de déplorer les nombreuses déclarations antagonistes prononcées au cours de cette réunion.
Le Venezuela a rappelé que dans la lettre qu’il a adressée au Conseil de sécurité le 13 mai dernier, il démontre au monde les agressions armées contre son territoire qui, selon des preuves publiques et irréfutables publiées à l’époque, ont prouvé que les Gouvernements des États-Unis et de la Colombie ont facilité la planification, la formation, le financement de groupes de mercenaires et de terroristes, qu’ils protègent toujours aujourd’hui. Ces groupes ont lancé une attaque armée pour tuer aveuglément des civils et mener des assassinats ciblés contre des hauts fonctionnaires, dont le Président Nicolás Maduro lui-même. Il s’agit là, s’est emporté le Venezuela, d’une violation manifeste de la Charte des Nations Unies, du droit international et de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité.
La délégation a relevé qu’à ce jour, les Gouvernements des États-Unis et de la Colombie continuent de refuser toute forme de contact avec les autorités vénézuéliennes compétentes, afin d’établir les faits et éviter l’impunité, en veillant à ce que les responsables soient traduits en justice. En conséquence, ces gouvernements violent leurs obligations en vertu des traités bilatéraux sur l’entraide judiciaire en matière pénale. A ce jour, le Gouvernement américain continue d’offrir un refuge aux leaders de l’incursion armée, a accusé la délégation qui a noté que l’arrestation et la recherche des individus impliqués dans cette agression armée sont toujours en cours, et qu’il existe d’autres groupes de mercenaires et terroristes qui tentent de mener à bien leurs plans criminels dans d’autres régions du pays. Une attaque contre le système national des eaux a eu lieu le 14 mai et tout cela se produit au moment où de nouvelles preuves continuent d’orienter clairement les soupçons vers Washington et Bogota.
Le Venezuela a en outre dénoncé d’autres faits: le 13 mai dernier, le Gouvernement américain l’a inscrit dans une liste « illégale et unilatérale » des pays qui ne participeraient pas pleinement aux efforts de lutte contre le terrorisme. Le lendemain, le 14 mai, un haut responsable de l’Administration Trump a déclaré à l’agence de presse Reuters que son gouvernement envisageait de désigner plusieurs services de sécurité vénézuéliens comme « organisations terroristes ». C’est, s’est indignée la délégation, ouvrir la voie à l’assassinat des chefs de ces services, sous le prétexte fallacieux de la lutte contre le terrorisme. La délégation a également dénoncé le fait que le Gouvernement américain ait ouvertement admis exercer des pressions sur des entreprises pour qu’elles ne fournissent pas du carburant au Venezuela, pour aggraver les pénuries actuelles. En pleine crise de COVID-19, ce n’est rien de moins qu’un « crime contre l’humanité », s’est emporté le Venezuela. Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, la coercition s’accompagne d’un nouveau péril: la menace de recourir à la force militaire contre cinq pétroliers iraniens en route vers le Venezuela. Nous voilà devant une violation de la liberté du commerce et de la navigation, pour ne citer que celle-là, a dit la délégation.
Elle a rappelé que le 13 mai, les médias étrangers ont révélé l’existence d’une « unité de reconstruction du Venezuela » au sein du Ministère britannique des affaires étrangères et du Commonwealth. Des discussions ont eu lieu entre des responsables britanniques, des personnalités de l’opposition vénézuélienne et les comploteurs de la récente incursion armée sur l’octroi aux entreprises britanniques d’un statut privilégié, après le succès de l’agression. Ajouté au pillage de plus de 1,7 milliard de dollars d’or vénézuélien par la Banque d’Angleterre, cette nouvelle conspiration montre une fois de plus à quel point le Gouvernement britannique est un « complice opportuniste du pillage colonial des richesses vénézuéliennes ». La délégation a dénoncé le fait que des navires de guerre britanniques restent au large des eaux territoriales vénézuéliennes, dans une posture hostile et conflictuelle. Elle a aussi attiré l’attention sur les navires de guerre néerlandais, français et américains qui, sous couvert de lutter contre le trafic de drogues, préparent en réalité un blocus naval contre le Venezuela.
La délégation a aussi présenté des informations qui démontrent la coordination entre les agences de renseignement de tous ces pays et les groupes narco-paramilitaires. Nous voyons, a-t-elle alerté, le retour des opérations secrètes et l’utilisation par les États-Unis de mercenaires, comme au temps d’Eliot Abrams, « l’un des personnages les plus sombres de l’histoire d’Amérique latine ». Le Venezuela a demandé au Conseil de sécurité de s’acquitter des devoirs et responsabilités que lui confèrent la Charte des Nations Unies en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Le Conseil, a-t-il martelé, doit non seulement déterminer une fois pour toutes la menace que les politiques bellicistes des Gouvernements de la Colombie et des États-Unis représentent pour la paix au Venezuela et dans la région, mais demander aussi à ces pays de mettre immédiatement un terme à leurs pratiques criminelles, y compris le recours à la menace ou à l’emploi de la force et le lancement de nouvelles attaques armées, par les mercenaires et les terroristes à leur solde. Le Venezuela, a conclu la délégation, ne représente une menace pour personne et veut inculquer à tout le monde cette leçon: « Le Venezuela n’est pas à vendre, il ne sera jamais la colonie de quiconque et son peuple remplira, avec sérénité et détermination, son devoir de liberté. »
La Colombie a expliqué que sa relation avec le Venezuela est une question stratégique et a souligné le contraste entre ses propres politiques, « qui appuient le développement socioéconomique des régions frontalières », et celles du Venezuela, qui appuie le terrorisme et complote avec la criminalité transnationale organisée, au détriment de la sécurité et de la stabilité de la Colombie mais aussi de celle de la région. Le Venezuela, a-t-elle tranché, est considéré comme un État failli qui a perdu les deux tiers de ses revenus entre 2014 et 2019 et qui est en proie à des pénuries de vivres, de médicaments et de carburant. La Colombie a dit s’inquiéter d’une situation « sans précédent » des droits de l’homme, citant notamment la répression des dissidents politiques et les traitements inhumains infligés aux détenus. Fuyant la pauvreté et la répression, 1,8 million de Vénézuéliens se sont établis chez nous, montrant notre fraternité et notre solidarité.
La délégation a rappelé que le Groupe de Lima a appelé à maintes reprises à une transition démocratique pour rétablir l’état de droit et assurer le redressement économique du Venezuela. L’Union européenne a également promu des initiatives pour rétablir les institutions démocratiques. Malheureusement, le « régime de Maduro » a toujours refusé de renoncer à opprimer son peuple, a déploré la Colombie, qui a ajouté que la corruption et les activités criminelles génèrent des gains énormes pour « Maduro et ses collaborateurs ». La Colombie a assuré qu’elle n’a jamais mené de démarches secrètes. Nous préférons actionner nos moyens diplomatiques, a-t-elle affirmé, citant la plainte déposée en 2017 devant la Cour pénale internationale par le Président Iván Duque, alors qu’il était encore Sénateur, contre Nicolás Maduro pour crimes contre l’humanité. La Colombie s’est donc offusquée des accusations irresponsables du « régime illégitime de Maduro ». Nous ne tolérons aucun crime qui pourrait avoir un impact sur le Venezuela, a-t-elle martelé.
Elle a récusé les allégations sur la saisie d’armes du 23 mars 2020. Dès que cette saisie a été effectuée, les autorités judiciaires colombiennes ont émis un mandat d’arrêt contre l’individu auquel appartenaient les armes et une enquête est en cours. M. Cliver Alcalá, le responsable de l’achat des armes, fait l’objet d’une enquête du Procureur général de la Colombie et il s’est rendu volontairement aux autorités américaines, afin de collaborer à la procédure pénale engagée contre lui dans ce pays. Les événements liés à la prétendue « opération Gedeon » font également l’objet d’une enquête judiciaire. Quant aux insinuations selon lesquelles les autorités colombiennes auraient recouru à la force, en violation du droit international, nous vous renvoyons, a dit la Colombie, au communiqué du Ministère des affaires étrangères en date du 7 mai 2020 qui rejette fermement ces accusations. La Colombie n’a jamais été un pays agresseur et elle rejette catégoriquement toute allégation sur l’implication de son Gouvernement dans des actes contraires au droit international, a tonné la délégation.