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SC/14186

Le Yémen confronté à la COVID-19 dans un contexte où le financement humanitaire manque cruellement, explique l’OCHA au Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité, réuni ce matin par visioconférence, s’est penché sur la situation au Yémen en entendant les exposés de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Martin Griffiths, et du Sous-Secrétaire général par intérim aux affaires humanitaires et Coordonnateur adjoint des secours d’urgence, M. Ramesh Rajasingham. 

L’Envoyé spécial a estimé qu’un avenir meilleur pour le Yémen est à la fois « réaliste et possible », à condition que toutes les parties en conflit agréent à l’accord global de paix qui attend sur son bureau, en vue de la transition politique. 

Alors que la majorité des intervenants ont salué la prorogation du cessez-le-feu unilatéral de la coalition, tout en exhortant les houthistes à faire pareil, M. Griffiths a aussi appelé à la mise en œuvre urgente de l’Accord de Riyad.  Cela contribuerait à assurer une gouvernance réactive et une meilleure prestation de services à Aden, une ville où des inondations exceptionnellement fortes à la fin d’avril ont endommagé les infrastructures et les maisons, à un moment où les services publics sont proches du point de rupture.

La rupture est également appréhendée en ce qui concerne la situation humanitaire globale du pays.  M. Rajasingham a souligné que sur 41 grands programmes des Nations Unies, 31 commenceront à fermer dans les prochaines semaines s’ils ne peuvent obtenir de fonds supplémentaires.  Il a lancé un appel urgent aux donateurs: il faut 2 milliards de dollars pour couvrir les activités essentielles de juin à décembre. 

Il a aussi fait le point du niveau de contamination à la COVID-19 en précisant que les 72 cas confirmés à ce jour ne reflètent pas la réalité, certains, comme la délégation du Royaume-Uni, l’évaluant à plusieurs milliers.  Rappelant que la COVID-19 rend d’autant plus importante la protection des installations médicales, le Sous-Secrétaire général par intérim a déploré que le 6 avril, des hommes armés aient lancé des grenades sur les gardes d’un centre d’isolement d’un hôpital à Dalea.  De plus, au premier trimestre de 2020, six attaques contre des établissements de santé ont été signalées, soit trois fois plus qu’au trimestre précédent. 

Pour le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), il existe plusieurs sources de préoccupation, à commencer par l’impossibilité de faire les rotations régulières du personnel faute de vols prévisibles ainsi que l’incertitude sur la rapidité de l’approbation des évacuations médicales.  Les processus gouvernementaux sont trop lourds et nuisent parfois à l’indépendance de l’aide, a ajouté M. Rajasingham, avant d’expliquer que des dizaines de projets d’ONG ont mis des mois à obtenir une approbation dans le Sud, bloquant ainsi 100 millions de dollars fournis par des donateurs.  Dans le Nord, les problèmes d’accès sont encore plus graves, a-t-il relevé.

Malgré les énormes défis auxquels ses équipes sont confrontées, l’OCHA fait tout son possible pour rester sur place, approvisionner et aider le plus possible de personnes, a témoigné M. Rajasingham.  Plus de 10 millions de personnes bénéficient chaque mois de son aide (nourriture, eau, soins de santé et autres services).  Étant donné que des quantités massives de fournitures COVID-19 sont nécessaires dans tout le pays, l’OCHA demande à la communauté internationale d’accorder au Yémen la plus haute priorité dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.  L’OCHA plaide en outre pour une action audacieuse pour stabiliser l’économie du Yémen et atténuer le coût des mesures qui pourraient être nécessaires pour protéger la santé publique.  Ce soutien devrait comprendre des injections de devises régulières et des mesures pour augmenter rapidement les quantités de nourriture et d’autres biens abordables sur les marchés dans le pays. 

De son côté, l’Envoyé spécial a lancé trois appels: un cessez-le-feu à l’échelle nationale, des mesures humanitaires et économiques, et la reprise urgente du processus politique.  Le projet d’accord en trois points que son Bureau a préparé fait toujours l’objet de négociations avec les parties en conflit.  Malheureusement, des divergences subsistent sur certaines des mesures humanitaires et économiques contenues dans ce paquet de mesures, a-t-il indiqué.  Il n’a pas manqué d’insister pour que les parties incluent les femmes dans les délégations chargées des négociations et des prises de décisions.

Par ailleurs, dans un contexte militaire précaire, la déclaration du 25 avril du conseil de transition du Sud est particulièrement troublante, a relevé M. Griffiths en évoquant le fait que cette entité entend demander des comptes aux institutions locales d’Aden.  Si les délégations ont pour la plupart partagé ce sentiment d’inquiétude, les États-Unis ont aussi exhorté les États Membres à respecter l’embargo ciblé sur les armes mis en place par le Conseil de sécurité.  La délégation a dit noter avec la même préoccupation « les allégations d’une ingérence iranienne dans le conflit, y compris la fourniture d’armes meurtrières aux houthistes ».  De même, plusieurs membres du Conseil, tels que l’Estonie et la France, ont demandé que l’ONU ait accès au pétrolier Safer, mettant en garde sur l’éventualité de conséquences dramatiques pour l’environnement en cas de fuite de pétrole.

La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité. 

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. MARTIN GRIFFITHS, a dit être présent une nouvelle fois devant le Conseil de sécurité pour exprimer l’espoir, à défaut de faire état de succès.  Il a jugé la situation frustrante, surtout à un moment où la propagation de la COVID-19 et un ralentissement économique mondial menacent de provoquer encore plus d’adversité dans un pays qui a déjà souffert plus que presque n’importe quel autre au monde.  L’ONU a néanmoins fourni une feuille de route réalisable, a-t-il indiqué, ajoutant qu’il appartient à ceux qui ont les armes et le pouvoir de décider de la mettre en œuvre.

L’Envoyé spécial a rappelé que depuis l’appel lancé en mars par le Secrétaire général pour un cessez-le-feu, les habitants du Yémen se sont prononcés avec force pour exiger la paix.  En réponse, il a dit avoir partagé avec le Gouvernement du Yémen et Ansar Allah, à la fin du mois de mars, des projets d’accord sur trois points: un cessez-le-feu à l’échelle nationale, des mesures humanitaires et économiques, et la reprise urgente du processus politique.  Il a signalé qu’il y avait eu depuis lors des négociations intensives avec les parties, en identifiant et tirant parti des points de convergence et en proposant des textes de compromis là où des divergences subsistent.  Les dernières versions représentent un ensemble équilibré et réaliste, a-t-il estimé. 

M. Griffiths a parlé de progrès importants dans ces négociations, en particulier en ce qui concerne le cessez-le-feu, « l’élément le plus important » qui répond directement aux appels du peuple yéménite qui a désespérément besoin de calme pour reprendre une vie normale.  Il a précisé que le cessez-le-feu fait partie d’un ensemble de mesures devant être approuvées dans leur intégralité. 

Malheureusement, des divergences subsistent sur certaines des mesures humanitaires et économiques contenues dans ce paquet de mesures.  En effet, il faut également des mesures humanitaires et économiques pour aider le Yémen à lutter contre la COVID-19, qui se propage à un rythme inconnu compte tenu des niveaux de test très bas.  Ces mesures comprennent la création d’une cellule d’opérations conjointes entre les parties pour lutter contre le virus, qui permettraient aux fournitures médicales et au personnel d’arriver jusqu’aux populations vulnérables.  Le paquet de mesures comprend également une réaffirmation des engagements antérieurs des parties de libérer les détenus liés au conflit.  L’Envoyé spécial a salué le fait que le Gouvernement et Ansar Allah aient réagi positivement aux propositions de l’ONU, tout en se félicitant que la coalition ait prolongé son cessez-le-feu à tout le mois du ramadan.

Cependant, a relevé M Griffiths, « le peuple yéménite a raison d’être frustré par la lenteur de ces négociations ».  Les femmes doivent continuer d’être à l’avant-garde des efforts de paix, a-t-il plaidé, avant de réitérer son appel pour que les parties incluent les femmes dans les délégations chargées des négociations et des prises de décisions, conformément aux résultats du dialogue national.  L’Envoyé spécial a aussi mentionné les risques extraordinaires que prennent les journalistes au Yémen pour faire leur travail et s’est dit particulièrement préoccupé par les condamnations, notamment les peines de mort, prononcées le mois dernier par un tribunal de Sanaa à l’encontre de 10 journalistes. 

Sur le plan militaire, la situation reste extrêmement préoccupante, notamment avec la poursuite des hostilités dans certaines localités, y compris à Hodeïda où les violations du cessez-le-feu se poursuivent.  L’Envoyé spécial a dit espérer que les parties trouveront un moyen de surmonter leur méfiance et de réactiver le Comité de coordination pour le redéploiement et les mécanismes conjoints de mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda.

En outre, il a dit être très préoccupé par la situation dans le sud du pays où un vrai désastre est en préparation.  En effet, les habitants d’Aden en particulier sont confrontés à des flambées de COVID-19 ainsi qu’à d’autres maladies telles que le paludisme, le choléra et la dengue.  Le nombre de décès augmente chaque jour, mais personne ne sait exactement pourquoi, car le système de santé est mal équipé pour diagnostiquer et traiter les gens.  En outre, des inondations exceptionnellement fortes à la fin d’avril ont endommagé les infrastructures et les maisons, tandis que les services publics qui se détériorent depuis longtemps sont maintenant proches du point de rupture, a prévenu l’Envoyé spécial.

Dans ce contexte précaire, la déclaration du 25 avril du conseil de transition du Sud est particulièrement troublante, a relevé M. Griffiths en évoquant le fait que cette entité entend demander des comptes aux institutions locales d’Aden.  À cela s’ajoutent les tensions militaires qui augmentent maintenant dans le Sud, en particulier à Abyan et Socotra.  M. Griffiths a appelé à renforcer les efforts en vue de la mise en œuvre urgente de l’Accord de Riyad, ce qui contribuerait à assurer une gouvernance réactive et une meilleure prestation de services à Aden.  De plus, le 16 avril, Ansar Allah a annoncé qu’il retirerait des fonds du compte spécial de la succursale d’Hodeïda de la Banque centrale du Yémen et l’Envoyé spécial a dit avoir demandé à plusieurs reprises, et sans succès, à Ansar Allah la documentation nécessaire pour vérifier l’activité du compte spécial. 

Selon M. Griffiths, une fois les accords adoptés, les parties devraient reprendre rapidement le processus politique avec pour but de conclure un accord visant à mettre un terme au conflit et à définir les dispositions politiques et sécuritaires pour une période de transition.  Cette dernière permettrait de recentrer l’attention sur la reconstruction, le redressement et la réconciliation.  En plus, cela ouvrirait la voie à un avenir dans lequel, au lieu de la faim, de la maladie et des pertes, les besoins essentiels des Yéménites seraient satisfaits et leurs familles seraient en sécurité.  Les journalistes dénonceraient librement et la liberté de circulation serait respectée.  Les femmes s’exprimeraient librement et prendraient des décisions sans risquer la répression.  Au lieu d’anxiété et de morosité, les jeunes yéménites auraient de grands espoirs pour leur avenir.  De même, les institutions publiques du Yémen serviraient les citoyens équitablement, plutôt que de servir les intérêts étroits de l’élite politique.  Et les différences seraient résolues par le partenariat et le dialogue.

Pour l’Envoyé spécial, un tel avenir pour le Yémen est « réaliste et possible ».  Les projets d’accord que son Bureau a proposés peuvent placer le Yémen au début de cette voie.  Le résultat est entre les mains des parties, a conclu M. Griffiths en demandant aussi au Conseil de sécurité de jouer un rôle vital pour les soutenir sur la voie de la paix.

Le Sous-Secrétaire général par intérim aux affaires humanitaires et Coordonnateur adjoint des secours d’urgence, M. RAMESH RAJASINGHAM, a indiqué qu’il y a, à ce jour, 72 cas confirmés de COVID-19 au Yémen, dont 13 décès, et que plus de 85% de ces cas ont été signalés au cours des 10 derniers jours seulement.  Selon les agences humanitaires, la transmission communautaire a lieu à travers tout le pays, mais les rapports officiels ne sont pas à jour sur le nombre réel d’infections.  Les autorités du Yémen recherchent un soutien pour répondre à la pandémie et l’OCHA appelle tout le monde à travailler ensemble pour lutter contre ce virus.  Cela signifie signaler les cas partout sur le territoire, informer les gens, prendre soin des malades et suivre les conseils d’experts.  Cette approche a permis d’aplanir la courbe dans d’autres pays, et elle peut avoir le même effet au Yémen, a espéré M. Rajasingham, qui a ensuite fait un état des lieux quant aux cinq priorités générales de la réponse humanitaire au sens large: protection des civils, accès et livraison humanitaires, financement, économie et progrès vers la paix.

Pour ce qui est de la protection des civils, il s’est félicité de la décision de la coalition de prolonger son cessez-le-feu unilatéral pendant le mois sacré du ramadan.  Comme l’Envoyé spécial, il a espéré que cela se traduira bientôt par un accord mutuel pour mettre fin à tous les combats sur le terrain « même si les affrontements récents à Hodeïda, Mareb, Jaouf, Beïda, Abyan, Socotra et ailleurs montrent que nous n’en sommes pas encore là ».  Les pertes civiles ont de nouveau augmenté en avril, avec 177 morts ou blessés à travers le pays.  De plus, au premier trimestre 2020, six attaques contre des établissements de santé ont été signalées, soit trois fois plus qu’au trimestre précédent.  Rappelant que la COVID-19 rend d’autant plus importants le respect et la protection des installations médicales, le Sous-Secrétaire général par intérim a déploré que le 6 avril, des hommes armés aient lancé des grenades sur les gardes d’un centre d’isolement d’un hôpital à Dalea. 

Pour le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), il existe plusieurs sources de préoccupation, à commencer par l’impossibilité de faire les rotations régulières du personnel faute de vols prévisibles ainsi que l’incertitude sur la rapidité de l’approbation des évacuations médicales.  Or ces questions sont essentielles pour l’OCHA qui doit remplir son devoir de diligence envers le personnel.  Le Bureau a également noté une augmentation inquiétante, principalement dans le Nord, du harcèlement et de l’incitation à l’encontre des Nations Unies, ce qui rend son travail plus dangereux et oblige parfois ses partenaires à suspendre leurs activités au moment où elles sont le plus nécessaires.  C’est pourquoi l’OCHA demande au Gouvernement du Yémen et aux autorités d’Ansar Allah de travailler avec lui sur ces points de toute urgence, et d’obtenir des engagements renouvelés pour garantir la sûreté et la sécurité des travailleurs humanitaires. 

Le Sous-Secrétaire général par intérim a reconnu le rôle constructif d’États comme l’Éthiopie qui a autorisé le Service aérien d’aide humanitaire des Nations Unies à utiliser l’aéroport d’Addis-Abeba, saluant aussi la cellule d’évacuation et d’opérations humanitaires de Riyad.

La montée des tensions et la reprise des affrontements affaiblissent la gouvernance et les services publics, a noté M. Rajasingham en soulignant que cela entrave la capacité des agences à planifier et à mettre en œuvre des programmes de manière fiable.  Les processus gouvernementaux sont trop lourds et nuisent parfois à l’indépendance de l’aide, a-t-il ajouté, expliquant que des dizaines de projets d’ONG ont mis des mois à obtenir une approbation dans le Sud, bloquant ainsi 100 millions de dollars fournis par des donateurs.  Les retards dans la délivrance de visa pour le personnel international demeurent également une préoccupation.

Dans le Nord, les problèmes d’accès sont encore plus graves, a poursuivi le Sous-Secrétaire général par intérim.  Comme l’OCHA l’avait déjà noté le mois dernier, les autorités ont récemment apporté plusieurs améliorations importantes.  L’OCHA appelle cependant à aller plus loin, la priorité la plus urgente étant d’approuver 93 projets d’ONG qui représentent une enveloppe totale de 180 millions de dollars de dons.  Le personnel humanitaire a également besoin de procédures plus efficaces pour les futurs projets et pour mettre fin aux retards arbitraires pour les déplacements, aux détentions, au harcèlement et à l’ingérence dans les opérations d’aide.  L’accès humanitaire, qui est également requis par le droit international humanitaire, est un autre problème évoqué par l’OCHA qui travaille avec toutes les parties prenantes, y compris Ansar Allah, pour prendre les précautions appropriées contre la COVID-19 tout en continuant d’assurer une assistance vitale.

M. Rajasingham a assuré que malgré les énormes défis auxquels ses équipes sont confrontées, l’OCHA fait tout son possible pour rester sur place, approvisionner et atteindre le plus de personnes possible même si de nombreux facteurs ont une incidence sur sa capacité à fournir de l’aide.  Plus de 10 millions de personnes bénéficient toujours chaque mois de son aide (nourriture, eau, soins de santé et autres services). 

Les activités liées à la COVID-19 se développent également.  Trente-huit hôpitaux sont équipés pour servir d’établissements COVID-19, tandis que des équipes d’intervention rapide se trouvent dans chaque district.  Les agents de santé sont formés et des fournitures essentielles sont livrées - y compris des ventilateurs, des tests, des réactifs et des articles de protection individuelle pour les agents de santé.  Des quantités massives de fournitures COVID-19 sont nécessaires dans tout le pays, c’est pourquoi l’OCHA demande à la communauté internationale d’accorder au Yémen la plus haute priorité dans les chaînes d’approvisionnement mondiales COVID-19. 

Le Sous-Secrétaire général par intérim a dit avoir également « désespérément besoin d’argent pour financer ces programmes d’aide.  En effet, l’OMS a récemment écrit au Gouvernement du Yémen et aux autorités d’Ansar Allah à Sanaa pour les informer qu’elle devait réduire progressivement ses activités en raison du manque de financement.  Les équipes d’intervention rapide COVID-19 fermeront leurs portes le mois prochain et les centres d’alimentation thérapeutique, qui traitent les enfants les plus gravement malnutris, fermeront d’ici à août.

Pour le haut responsable, cela est d’autant plus choquant du fait du contexte actuel de la pandémie.  Sur 41 grands programmes des Nations Unies, 31 commenceront à fermer dans les prochaines semaines s’ils ne peuvent pas obtenir de fonds supplémentaires.  Cela signifie que beaucoup plus de personnes risquent de mourir, a-t-il mis en garde avant de lancer un appel urgent aux donateurs pour qu’ils débloquent maintenant les fonds nécessaires, sachant que les agences humanitaires estiment les besoins à 2 milliards de dollars pour couvrir les activités essentielles de juin à décembre.  Il a assuré que ces exigences reflètent une stratégie de réponse étroitement hiérarchisée pour garantir des niveaux de risque gérables.  La stratégie sera publiée au cours du mois de mai et une conférence virtuelle d’annonces de contributions sera organisée le 2 juin par l’Arabie saoudite et les Nations Unies.  L’OCHA salue l’engagement important de l’Arabie saoudite ainsi que l’annonce de financement vital des États-Unis, mais les promesses restent bien en deçà de ce qui est requis, et la plupart des donateurs n’ont toujours pas payé, a regretté M. Rajasingham.

Son dernier point a porté sur l’économie, sachant que le Yémen importe presque tout.  Au cours des derniers mois, les importations commerciales de produits alimentaires via Hodeïda et Salif ont diminué alors que les importations de carburant ont considérablement augmenté au cours de la même période, « probablement en raison de la baisse des prix du pétrole ».  Ces importations doivent être payées en devises fortes.  Un rial yéménite faible signifie que moins de personnes peuvent se permettre les biens de base dont elles ont besoin pour survivre.  Or le taux de change actuel est trois fois plus élevé qu’avant la crise, ce qui limite gravement la capacité du Gouvernement à financer les importations et à payer les services publics, a précisé le représentant d’OCHA, ajoutant que la COVID-19 est sur le point d’aggraver cette dynamique.  L’OCHA plaide donc pour une action audacieuse pour stabiliser l’économie du Yémen et atténuer le coût des mesures qui pourraient être nécessaires pour protéger la santé publique.  Ce soutien devrait comprendre des injections de devises régulières et des mesures pour augmenter rapidement les quantités de nourriture et d’autres biens abordables sur les marchés à travers le pays.  De plus, autant que possible, les migrants yéménites devraient être autorisés à continuer de travailler à l’étranger, a recommandé le Sous-Secrétaire général par intérim.

Saint-Vincent-et-les Grenadines a constaté avec regret que le Yémen doit désormais se battre sur deux fronts, avec la COVID-19, alors que le système sanitaire est sous pression et que seule la moitié des hôpitaux fonctionnent.  La population, s’est-elle alarmée, a toujours désespérément besoin d’aide humanitaire, dont l’accès sans entrave est essentiel.  La réduction de certaines opérations ou l’éventuel arrêt d’autres devient une question de vie ou de mort, dans « la plus grande crise humanitaire au monde ».  Compte tenu de l’impact de la COVID-19, il est essentiel, a souligné la délégation, que la communauté internationale contribue au renforcement de la capacité du Gouvernement yéménite de protéger la vie de ses citoyens.  La délégation a insisté sur la nécessité d’une solution politique à cette crise prolongée.  L’appropriation par tous les Yéménites du processus politique est la seule voie à suivre, a-t-elle estimé.  Elle a conclu sur l’importance qu’il y a à résoudre le problème du pétrolier Safer qui représente toujours une menace écologique. 

La Belgique s’est déclarée préoccupée par l’annonce du conseil de transition du Sud et a exhorté l’ensemble des parties à faire preuve de retenue et à participer à un dialogue inclusif pour répondre aux préoccupations légitimes de l’ensemble des Yéménites, y compris dans le Sud.  Elle s’est félicitée de la prorogation du cessez-le-feu unilatéral de la coalition et a exhorté les houthistes à rejoindre le Gouvernement du Yémen et à faire de même.

Alors que de plus en plus de cas de COVID-19 sont confirmés, la délégation a salué les efforts de la communauté humanitaire pour sauver des vies.  La Belgique maintiendra également, cette année, sa contribution de 5 millions d’euros au fonds de financement commun pour le Yémen et son appui humanitaire atteindra le montant record de près de 200 millions d’euros cette année.

La délégation s’est inquiété des restrictions imposées à l’acheminement de l’aide humanitaire.  Elle s’est aussi dite gravement préoccupée par les violences sexuelles et sexistes commises dans le contexte du conflit ainsi que par les actes d’intimidation et les détentions arbitraires subis par les défenseuses des droits de l’homme.  Qualifiant d’impressionnant ce que les organisations de la société civile dirigées par les femmes ont réussi à accomplir, notamment pour négocier la libération de prisonniers, la Belgique a exhorté les parties à honorer leur engagement pour permettre aux femmes de participer pleinement au processus de paix.

Le Viet Nam s’est félicité du cessez-le-feu unilatéral de la coalition et des efforts déployés pour protéger les civils et sauver des vies.  Il s’est aussi félicité de la livraison en temps voulu des équipements médicaux et autres fournitures à l’équipe humanitaire des Nations Unies en soulignant qu’il est grand temps d’aider les médecins et les travailleurs humanitaires qui aident le peuple yéménite à combattre la pandémie.  Toutefois, il a regretté que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ait ordonné au personnel de cesser de travailler dans la zone contrôlée par les houthistes.  Il s’est dit préoccupé par le fait que des centaines de projets humanitaires d’ONG n’aient pas été menés.  La lutte contre la pandémie de COVID-19 ne pourra être pleinement mise en œuvre si l’accès humanitaire continue d’être entravé, a prévenu la délégation.  Le Viet Nam s’est inquiété de la baisse continue du financement des donateurs en précisant que le Yémen n’avait reçu que 455 millions de dollars sur les 2 milliards nécessaires aux opérations humanitaires de juin à décembre 2020.

Dans ce contexte, le Viet Nam a exhorté toutes les parties à conclure un cessez-le-feu national immédiat afin de faciliter les travaux humanitaires et la lutte contre la COVID-19.  Appuyant les efforts des Nations Unies et d’autres partenaires dans l’organisation de la conférence des donateurs pour le Yémen prévue le 2 juin 2020, il a exhorté les donateurs internationaux et d’autres partenaires à respecter leur engagement de financer les opérations humanitaires au Yémen.  Le Viet Nam a aussi appelé toutes les parties concernées à mettre pleinement en œuvre l’Accord de Stockholm et l’Accord de Riyad avec la médiation des Nations Unies en assurant une participation significative des femmes au processus politique et la protection des femmes et des enfants.  Enfin, il a appelé toutes les parties à soutenir l’approche à trois piliers de Martin Griffiths, y compris l’accord de cessez-le-feu à l’échelle nationale, les mesures de confiance et la relance d’un processus politique inclusif dirigé par les Yéménites et aux mains des Yéménites.  Dans ce contexte, il a exhorté le Gouvernement yéménite et les houthistes à renforcer leur engagement en vue de parvenir à un accord sur les propositions de l’Envoyé spécial dans les meilleurs délais.

La France a estimé qu’il est temps que les parties yéménites s’accordent sur un cessez-le-feu immédiat et durable et s’engagent en faveur d’une solution politique.  Un cessez-le-feu mondial et durable, comme le souhaite le Secrétaire général, est nécessaire pour lutter contre la pandémie.  La France a salué à cet égard l’annonce de l’Arabie saoudite, au nom de la coalition, de cesser unilatéralement les attaques pour encore un mois.  Elle a exhorté les parties à s’engager sans délais et de manière constructive dans des discussions sur les propositions de l’Envoyé spécial pour un cessez-le-feu, l’instauration de mesures de confiance et la reprise d’un processus de règlement politique de la crise.  La participation des femmes doit être garantie, a ajouté la délégation, qui a appelé le Gouvernement et le conseil de transition du Sud à pleinement appliquer l’Accord de Riyad dans le sud du pays, où il faut que le calme règne.  Le conseil de transition du Sud doit respecter l’intégrité territoriale et l’unité du Yémen.

Jugeant plus nécessaire que jamais de faciliter la riposte à la pandémie, la délégation a exhorté toutes les parties à respecter le droit international humanitaire et à garantir un accès humanitaire sans entrave.  La France s’est préoccupée de la propagation du virus et a demandé une riposte renforcée.  Il est essentiel de régler la pénurie des biens et équipements essentiels, tels que les tests, les équipements de protection et les ventilateurs, a-t-elle dit, estimant que la coordination entre tous les acteurs yéménites est un élément clef.  La France a demandé que l’ONU ait accès au pétrolier Safer, mettant en garde qu’une fuite de pétrole pourrait avoir des conséquences dramatiques pour l’environnement.  Enfin, la France s’est dite pleinement engagée en faveur d’une solution pour mettre fin à la guerre au Yémen et d’une désescalade dans toute la région. 

La Fédération de Russie s’est inquiétée de la fragilité de la situation au Yémen, en notant les informations sur la poursuite des combats dans les régions du nord et du sud du Yémen.  Elle s’est félicitée du cessez-le-feu annoncé par la « coalition arabe » et a appelé toutes les parties à le respecter.  À cet égard, la délégation a encouragé les parties à appliquer l’Accord de Riyad entre le Gouvernement du Yémen et le conseil de transition du Sud.  Elle a estimé que cela contribuerait non seulement à la stabilisation du sud du Yémen, mais également à des progrès dans l’ensemble du pays.  Estimant « très modestes » ceux dans la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm de décembre 2018, la Fédération de Russie a encouragé les parties à respecter leurs engagements. 

Elle a réaffirmé sa position sur la nécessité de mettre fin à la confrontation armée et de lancer des pourparlers interyéménites inclusifs avec la médiation de l’ONU et de son Envoyé spécial, M. Griffiths.  Elle s’est dite convaincue que les progrès dans le règlement de nombreux problèmes auxquels le Yémen est confronté, y compris sa structure territoriale et étatique, ne peuvent se faire que dans un dialogue inclusif qui reflète les intérêts de toutes les principales forces politiques du pays.  À cet égard, la Fédération de Russie a appuyé les dernières déclarations du Conseil de sécurité, y compris celles conformes à l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu et sur les mesures nécessaires pour lutter contre la propagation de la pandémie de COVID-19. 

Par ailleurs, la Fédération de Russie a dit qu’il ne faut « pas oublier » la lutte contre le terrorisme, car la confrontation armée contribue au renforcement des groupes terroristes.  Elle a exhorté tous les acteurs du paysage politique yéménite à répondre positivement aux efforts de M. Griffiths pour organiser des contacts entre le Gouvernement yéménite et Ansar Allah, avec la participation de la « coalition arabe », afin de désamorcer la situation, garantir un cessez-le-feu durable et lancer un processus politique global.

Alors que la priorité est de fournir une assistance humanitaire aux Yéménites et de les aider à contrer la menace de la pandémie de COVID-19, la Fédération de Russie a souhaité que l’aide humanitaire soit distribuée sur une base non discriminatoire à l’ensemble de la population et dans toutes les régions du pays, indépendamment de ceux qui contrôlent tel ou tel territoire.

Le Niger a appelé à une plus forte mobilisation de la communauté internationale après la déclaration du conseil de transition du Sud.  Aujourd’hui plus que jamais, les parties au conflit doivent se convaincre que la force militaire ne résoudra pas leurs différends, a rappelé la délégation qui a plaidé pour une approche plus inclusive pour parvenir à un règlement global et durable du conflit qui implique, outre le Gouvernement et les houthistes, les autres grands groupes représentatifs du pays.  En ce qui concerne la situation humanitaire, la délégation a marqué sa préoccupation face aux conséquences des dernières inondations dans plusieurs parties du pays, arguant que le début de la saison des pluies pourrait rendre encore plus difficile la situation de plusieurs familles déjà déplacées et exposées à diverses maladies, dont la COVID-19.  Le Yémen ne pourra pas faire face à la fois à la guerre, aux épidémies et aux inondations, a souligné le Niger, avant d’exhorter les parties belligérantes à assumer une plus grande responsabilité pour mettre fin aux offensives militaires et à lever les restrictions imposées au mouvement des agences humanitaires.

Le Royaume-Uni a noté que le chiffre officiel de cas de COVID-19 au Yémen est de 50, mais a estimé que le nombre devrait plutôt être dans les milliers, selon un modèle d’estimation qu’il finance.  Le Royaume-Uni a fourni plus de 940 millions de dollars depuis le début de la pandémie pour soutenir la réponse mondiale à la COVID-19.  La délégation a encouragé le Gouvernement et les autorités houthistes à continuer de collaborer avec les Nations Unies pour assurer une riposte nationale efficace.  Elle appelle également les autorités houthistes à faire preuve de transparence dans le signalement des cas afin que l’OMS puisse identifier les besoins, se procurer le matériel nécessaire et aider ceux qui en ont besoin.

Pour le Royaume-Uni, il n’existe pas de solution militaire et la seule option sont les propositions faites par l’Envoyé spécial, Martin Griffiths, pour un cadre politique et un cessez-le-feu national.  Saluant les réponses du Gouvernement à ces propositions, la délégation a dit attendre la même chose des houthistes parce que « les Yéménites ne peuvent plus attendre », et que le seul moyen de parvenir à la paix passe par un engagement constructif dans le processus dirigé par l’ONU.  À la lumière de l’épidémie de COVID-19, le Royaume-Uni a salué le cessez-le-feu unilatéral et sa prolongation ultérieure annoncée par la coalition.  Pour la délégation, cette décision, qui n’a pas été réciproque, montre la ferme intention de la coalition de mettre fin à ce terrible conflit.

En cette période particulièrement cruciale du processus de paix, le Royaume-Uni a noté avec préoccupation les éléments de preuve documentés dans la lettre des États-Unis du 21 avril aux comités des sanctions relatifs à deux interdictions de navires contenant des quantités importantes d’armes qui semblent d’origine iranienne.  Ce type d’envoi d’armes constitue un grave obstacle à la cause de la paix au Yémen et doit cesser, a déclaré le Royaume-Uni qui a appelé toutes les parties à soutenir et respecter l’Accord de Riyad.

Saluant l’annonce d’une conférence d’annonces de contributions humanitaires le 2 juin, la délégation a invité tous les donateurs à fournir un financement humanitaire important et en temps opportun.  Pour sa part, le Royaume-Uni a fourni plus d’un milliard de dollars depuis le début du conflit et apportera un engagement substantiel cette année.  Cependant, a mis en garde la délégation, les donateurs n’accorderont de financements que si les restrictions imposées en particulier par les houthistes sont levées et que les organisations humanitaires sont en mesure de fournir une assistance efficace.  Enfin, au vu des risques de catastrophe environnementale et humanitaire, la délégation a exhorté les houthistes à autoriser le retrait du pétrole qui se trouve sur le pétrolier Safer ou à permettre à la mission de réparation de se poursuivre. 

Pour l’Afrique du Sud, la crise humanitaire persistante au Yémen est liée à l’impasse politique.  Le nombre des cas de COVID-19 augmente et si la crise n’est pas résolue, toute la région souffrira.  La délégation a salué les mesures prises par le Gouvernement et les houthistes pour arrêter la progression de la pandémie et leur faculté à travailler ensemble à un objectif commun.  Mais, a-t-elle souligné, la violence doit s’arrêter pour que le peuple, le personnel médical et les organisations humanitaires puissent ralentir la propagation du virus et atténuer ses conséquences socioéconomiques.  L’Afrique du Sud a exhorté les parties à faciliter le mouvement des experts de l’ONU dans toutes les régions.  Pour ce qui est de la situation politique, a-t-elle poursuivi, il est important que les parties reprennent les négociations.  Le facteur clef, c’est la volonté de discuter sérieusement et d’éviter de camper sur ses positions.  L’Afrique du Sud a réitéré son appel à la mise en œuvre des Accord de Riyad et de Stockholm.  Elle a encouragé les parties à poursuivre les mesures de confiance comme la libération des prisonniers et de détenus, les mesures contre la COVID-19 ou encore la restitution de tous les navires.  La délégation s’est dite préoccupée par la menace écologique que représente le pétrolier Safer.  Les parties, a-t-elle conclu, doivent se montrer audacieuses, courageuses et déterminées.  « Au nom de tous, agissez immédiatement », a exhorté l’Afrique du Sud.  

La République dominicaine a jugé préoccupante la déclaration du conseil de transition du Sud concernant l’état d’urgence et l’auto-administration, arguant que cela pourrait conduire à une nouvelle guerre civile dans cette partie du pays.  Outre l’aggravation de la situation déjà instable et la complication de la réponse à la COVID-19 au Yémen, cette déclaration soulève de sérieuses préoccupations concernant la gestion d’importantes institutions telles que la Banque centrale et le port d’Aden, a relevé la délégation, avant d’ajouter que le Yémen n’a pas besoin d’une nouvelle fragmentation politique.  Elle a donc invité les parties à intensifier leurs efforts pour appliquer pleinement l’Accord de Riyad.  Elle a également exhorté toutes les parties au conflit à cesser les hostilités et à revenir à la table des négociations sans plus attendre.

Au sujet de la pandémie de COVID-19, la République dominicaine a affirmé que le Yémen a besoin urgemment d’une réponse unifiée pour gérer toutes les ramifications potentielles de la pandémie.  Il faut à la fois une augmentation des dépenses du secteur de la santé et des politiques budgétaires à court terme qui atténueront l’impact d’un confinement.  En outre, avec la propagation du coronavirus, les autorités des deux côtés de la ligne de front devraient s’efforcer de libérer les détenus politiques, y compris les journalistes détenus par les houthistes, a plaidé la délégation.  Elle a ensuite dénoncé la stigmatisation et la xénophobie envers les migrants au Yémen qui sont vus comme des « transmetteurs de maladies ».  Alors que l’Envoyé spécial a déclaré que le Yémen ne pouvait pas combattre deux fronts -la guerre et la pandémie-, la délégation a fait remarquer qu’il n’y a pas deux, mais quatre fronts, si l’on inclut les phénomènes climatiques extrêmes et la peste acridienne.  En effet, selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), davantage de personnes risquent de perdre leurs moyens de subsistance et de voir se détériorer la sécurité alimentaire au cours des prochains mois.

La Chine s’est félicitée de la prolongation du cessez-le-feu unilatéral décrété par l’Arabie saoudite au nom de la coalition.  Toutes les parties doivent aller dans ce sens pour parvenir à un cessez-le-feu complet et à son maintien, a-t-elle souhaité.  Partageant l’inquiétude du Secrétaire général et de son Envoyé spécial face à l’instabilité dans le sud du Yémen, la Chine a appelé à la mise en œuvre rapide de l’Accord de Riyad « qui sert les intérêts de toutes les parties ».  La confrontation et l’escalade sont les dernières choses dont le peuple yéménite a besoin, surtout en ce moment difficile, a estimé la délégation pour laquelle un règlement politique est le seul moyen de mettre un terme au conflit.  Elle a dit soutenir les efforts de l’Envoyé spécial pour obtenir un cessez-le-feu à l’échelle nationale, renforcer les mesures de confiance dans les domaines humanitaire et économique et relancer un processus politique inclusif.

Il est impératif que toutes les parties au conflit fassent preuve de volonté politique et s’engagent dans un dialogue et des consultations.  La délégation les a encouragées à rester étroitement en contact sous la coordination de M. Griffiths, alors que les pays de la région doivent continuer de jouer un rôle positif.  Face à la situation humanitaire alarmante au Yémen, aggravée par la pandémie de COVID-19, les inondations, la pénurie d’électricité et d’autres défis, la Chine a exhorté toutes les parties à faire preuve d’unité, à lutter ensemble contre la pandémie et à améliorer les moyens de subsistance du peuple yéménite.  La semaine dernière, a-t-elle rappelé, nous avons fait don de 10 000 masques faciaux N95 au Ministère yéménite de la santé ainsi que d’autres aides en nature.  Elle a appelé la communauté internationale et les pays donateurs à intensifier leur aide, en particulier à la prochaine Conférence d’annonces de contributions virtuelle prévue pour le 2 juin. 

L’Indonésie a estimé que, considérant la difficulté à réunir les parties autours d’une même table, les engagements définis dans les Accords de Stockholm et de Riyad étaient « monumentaux ».  Elle a appelé à éviter la tentation de rejeter les engagements déjà mis en œuvre sous prétexte que d’autres ne l’ont pas encore été.  Les parties doivent mettre l’accent sur ce qui peut être mis en œuvre et le faire de manière progressive.  Elle a ensuite réitéré sa ferme préoccupation au sujet de la déclaration du conseil de transition du Sud.

Notant ensuite que la COVID-19 représente une menace potentielle pour le Yémen, la délégation a appelé les autorités à faire preuve de transparence afin de permettre à la communauté internationale de réagir comme il se doit, ainsi qu’une aide humanitaire appropriée.  Elle a appelé à l’imposition d’une trêve humanitaire « au moins jusqu’à l’Eïd al-Fitr » afin de créer un espace pour le dialogue, de faire en sorte que l’Envoyé spécial puisse travailler sur ses propositions et de permettre aux travailleurs humanitaires de participer à la riposte contre la COVID-19.  Elle s’est félicitée de la prorogation du cessez-le-feu unilatéral de la coalition et a exhorté les houthistes à faire de même immédiatement.

La délégation des États-Unis a déclaré se tenir aux côtés du peuple yéménite qui traverse des épreuves « inimaginables » et salué l’extension du cessez-le-feu unilatéral décrété par la coalition emmenée par l’Arabie saoudite.  Elle a exhorté les houthistes à se rallier au Gouvernement en vue de cesser les offensives militaires en appui audit cessez-le-feu.  « C’est ainsi que toutes les parties pourront concentrer leurs efforts sur la riposte à la COVID-19 et œuvrer à un règlement politique durable du conflit. »  Les houthistes doivent se réengager en faveur d’une désescalade suivie d’une reprise des pourparlers sur une solution politique.  « Nous exhortons les parties au conflit à continuer d’examiner et d’apporter des réponses valables aux projets de proposition de l’Envoyé spécial, qui sont animés de l’esprit de consensus nécessaire pour un règlement politique durable. »

La délégation a noté avec préoccupation le fait que le conseil de transition du Sud ait proclamé « une soi-disant auto-administration » des provinces du sud du pays.  De telles actions ne peuvent qu’entraver les efforts dirigés par l’ONU en vue d’un cessez-le-feu à l’échelle du pays et d’une solution politique.  Les États-Unis se sont aussi inquiétés de l’ingérence du conseil de transition du Sud dans les opérations de la Banque centrale du Yémen.  « Nous appelons le conseil de transition du Sud et le Gouvernement à s’engager dans le processus politique prévu par l’Accord de Riyad », ont-ils martelé

Si la délégation s’est inquiétée des ingérences délibérées des houthistes dans le déroulement des opérations humanitaires, elle a noté les mesures prises par ces derniers dans certains domaines dont la décision de supprimer l’imposition de 2% sur les projets d’aide, de signer des accords avec des ONG et d’approuver les principales évaluations indépendantes des besoins.  « Mais les progrès sont encore nécessaires, s’agissant, en particulier, de l’enregistrement biométrique et des garanties que le personnel humanitaire pourra mener à bien ses programmes. »  La mission a « fermement encouragé » les houthistes à se montrer pleinement transparents dans le signalement des cas de COVID-19. 

Enfin, les États-Unis ont demandé que l’ONU soit autorisée à inspecter le pétrolier Safer, sous peine de catastrophe environnementale.  Ils ont également exhorté les États Membres à respecter l’embargo ciblé sur les armes mis en place par le Conseil.  « Nous notons, avec la même préoccupation, les allégations d’une ingérence iranienne dans le conflit, y compris la fourniture d’armes meurtrières aux Houthistes. »

Selon l’Estonie, il faut cesser les activités militaires au Yémen et se concentrer sur la maîtrise de la propagation du coronavirus.  Étant donné que près de la moitié des établissements de santé ne fonctionnent pas dans le pays, la propagation du virus peut avoir des conséquences dévastatrices pour la population yéménite qui souffre déjà de la plus grande crise humanitaire, a fait remarquer la délégation.

L’Estonie a salué l’annonce par les forces de la coalition d’une prorogation d’un mois du cessez-le-feu, exhortant les houthistes à le respecter également.  Il est temps que les parties mettent fin aux activités militaires et reprennent les pourparlers, car c’est le seul moyen de lutter efficacement contre la pandémie, une menace qui les concerne toutes, a insisté la délégation.  Elle a aussi exhorté les parties à dialoguer de manière constructive et sans délai avec l’Envoyé spécial et à s’efforcer de parvenir à un accord sur le lancement d’un processus politique officiel pour mettre fin à la crise.  À cet effet, la délégation a demandé au Gouvernement yéménite et au conseil de transition du Sud de cesser toute activité militaire et de poursuivre la mise en œuvre de l’Accord de Riyad qui permettrait aux deux parties de participer aux pourparlers politiques sur la résolution du conflit au Yémen.

En outre, l’Estonie a salué l’annonce de l’Arabie saoudite concernant l’organisation d’une conférence des donateurs le 2 juin pour soutenir le Yémen.  Il faut en effet assurer la livraison des fournitures humanitaires, y compris du matériel médical, notamment pour empêcher la propagation du COVID-19, a ajouté la délégation.  Elle a également demandé la libération des personnes détenues arbitrairement, y compris des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme qui risquent de contracter la COVID-19 dans des prisons surpeuplées.  Elle a enfin réitéré l’appel aux houthistes afin qu’ils autorisent les fonctionnaires des Nations Unies à accéder sans délai au pétrolier Safer, afin d’éviter une catastrophe environnementale.

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