Conseil de sécurité : « la paix en Colombie ne peut et ne doit être une victime de la COVID-19 », affirme le Représentant spécial
« Il faut aller de l’avant avec la pleine mise en œuvre de l’Accord de paix, y compris les trois priorités que le Secrétaire général a soulignées dans son rapport », a exhorté le Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, le Représentant spécial Carlos Ruiz Massieu, qui présentait aujourd'hui ce rapport au Conseil de sécurité, en pleine pandémie de COVID‑19.
Alors que les membres du Conseil, réunis par visioconférence, ont condamné la violence qui continue de viser les défenseurs des droits de l’homme, les figures de la société civile et les anciens combattants des FARC, le Représentant spécial a affirmé que « la paix en Colombie ne peut et ne doit être une victime de la pandémie » de coronavirus.
La première priorité du Secrétaire général est d’adopter toutes les mesures nécessaires pour protéger ces trois catégories de personnes. M. Ruiz Massieu a aussi plaidé pour que les auteurs des attaques contre elles, y compris les auteurs intellectuels, soient traduits en justice, avant de souligner également la nécessité d’améliorer la sécurité de près de 9 500 anciens combattants résidant en dehors des anciens secteurs territoriaux de formation et de réintégration.
La deuxième priorité du Secrétaire général est de renforcer les bases du processus de réintégration à plus long terme et de veiller à ce que tous les anciens combattants en bénéficient, quels que soient leurs lieux de résidence. Comme troisième priorité, il demande de veiller à ce que les communautés, en particulier les victimes, restent au centre des efforts de consolidation de la paix.
Le contexte actuel, selon le Représentant spécial, est l’occasion d’entreprendre une planification et de mener des consultations pour rendre opérationnel le Programme global pour la sécurité et la protection des populations et des organisations au niveau territorial, qui est une composante importante de l’Accord de paix. Dans le rapport, le Secrétaire général insiste pour que, dans les trois domaines prioritaires, une attention particulière soit accordée aux besoins particuliers des femmes, des enfants, des membres de certains groupes ethniques et des jeunes.
Invité justement à faire entendre la voix des jeunes Colombiens, le représentant de l’ONG TECHO a promis aux membres du Conseil de sécurité de leur envoyer le « Goût de l’espoir », ce café produit par des anciens combattants et qui est commercialisé grâce au parrainage de jeunes chefs d’entreprise désireux d’appuyer ou conseiller les anciens combattants. Pour M. David Santiago Cano Salazar, qui a dit avoir entendu les attentes et les espoirs des jeunes colombiens, si l’Accord de paix a répondu à une grande partie de ces attentes, il doit encore conduire à mettre fin aux violences et porter la paix et le développement jusque dans les campagnes colombiennes. En outre, il a jugé urgent que l’État assure sa présence et des investissements dans les régions rurales, afin d’éviter que les cartels de la drogue et autres groupes armés illégaux ne profitent du vide institutionnel. La pandémie de COVID-19 nous rappelle « que nous sommes plus forts quand nous sommes unis », a-t-il aussi observé.
M. Ruiz Massieu a, lui aussi, souhaité que tous les acteurs colombiens aient la même unité dont ils font preuve face à la pandémie de Coronavirus pour mettre fin à l’épidémie de violence contre les acteurs de la société civile, les défenseurs des droits humains et les anciens combattants. Il a salué le cessez-le-feu unilatéral déclaré pour le mois d’avril par l’Armée de libération nationale (ELN), même si des affrontements se poursuivent entre des groupes armés dans plusieurs départements.
L’Allemagne a prévenu qu’une paix globale devra inclure l’ELN, tout en en se félicitant, avec d’autres délégations, du cessez-le-feu unilatéral d’une durée d’un mois. Toutefois, pour la Ministre des affaires étrangères de la Colombie, Mme Claudia Blum, ce cessez-le-feu ne vaut rien puisqu’il a été appelé « actif » par l’ELN qui s’est autorisée à le rompre dans certains cas. Face à cette situation, a-t-elle justifié, le Président Duque a exhorté l’ELN à démontrer son engagement en faveur de la paix par le biais de mesures concrètes comme la libération de civils enlevés et la cessation de toute activité criminelle.
Elle a en outre rappelé que le Gouvernement avait adopté un plan de route pour la réintégration, convenu par les parties, et qui s’applique aux combattants installés à l’intérieur comme à l’extérieur des anciens secteurs territoriaux de formation et de réintégration. Ce processus de réintégration est, selon elle, « décisif pour empêcher un nouveau cycle de violence », et il s’est vu allouer 4 millions de dollars pour l’acquisition de terre accueillant ces secteurs afin d’y mener des projets de développement, sachant que ces terres sont aujourd’hui revendiquées par des municipalités.
Réagissant aux interventions des membres du Conseil de sécurité, dont les États-Unis, qui ont souligné la nécessité urgente de protéger les défenseurs des droits de l’homme, les figures de la société civile, les anciens combattants, les communautés rurales ainsi que les autres populations vulnérables, Mme Blum a mentionné le lancement d’enquêtes judiciaires expéditives et les efforts de lutte contre les organisations criminelles responsables de ces attaques. Elle a aussi mentionné les 40 mesures de protection adoptées par l’État en faveur de ces groupes cibles, précisant que « 3 740 membres de la police et de l’armée assurent la protection des anciens combattants dans les anciens secteurs, pendant que le service de protection national protège 300 autres anciens combattants ».
Par ailleurs, la France et le Royaume-Uni ont mis l’accent sur le programme de remplacement des cultures agricoles illicites, auquel s’attèle le Gouvernement a confirmé Mme Blum, vu les liens entre cultures illégales et violence en Colombie.
La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Colombie et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, M. CARLOS RUIZ MASSIEU, a présenté le dernier rapport du Secrétaire général sur la Colombie en notant que, comme dans tous les autres pays, la pandémie de COVID-19 a de graves conséquences. Le processus de paix en ressentira sans aucun doute les effets, a-t-il commenté. Il a salué le fait que les Colombiens aient trouvé des réponses créatives à cette crise et répondent positivement aux appels à l’unité, pendant que les autorités à tous les niveaux prennent des mesures pour contenir la propagation de la pandémie.
Le Représentant spécial a rappelé que la mise en œuvre de l’Accord de paix dépend d’un engagement constant des parties, ainsi que des principales institutions publiques, des organisations de la société civile, des partenaires de la communauté internationale et d’autres acteurs. Cet engagement, a-t-il ajouté, est sans aucun doute plus difficile dans le contexte de la quarantaine nationale en place depuis le 24 mars et des mesures ciblées telles que les restrictions d’accès aux anciennes zones territoriales pour la réintégration. Néanmoins, les parties et les autres acteurs s’adaptent à ce scénario changeant pour poursuivre la mise en œuvre de l’Accord de paix et assurer le suivi des questions liées à la paix, a-t-il assuré.
Le 8 avril, par exemple, la Commission de suivi, de promotion et de vérification de l’application de l’Accord de paix s’est réunie par visioconférence pour discuter de l’état de la mise en œuvre du processus de paix. De même, les groupes de travail du Conseil national de réintégration ont continué à travailler, par le biais de sessions virtuelles, et un groupe de travail dédié à la COVID-19 a même été créé. Hier, 13 avril, le Sénat a repris virtuellement ses sessions officielles, ce que devrait faire aujourd’hui également la Chambre des représentants. M. Ruiz Massieu a relevé que c’est également au cours d’une séance virtuelle que le Conseil national de réintégration a approuvé trois nouveaux projets productifs collectifs, ce qui porte le total à 52 projets.
L’un des nouveaux projets approuvés est une coopérative textile, dirigée par 11 hommes et 11 anciennes combattantes, qui a commencé à produire des masques protecteurs pour la réponse à l’épidémie de coronavirus. Huit autres coopératives d’anciens combattants, situées dans d’autres départements, ont également entrepris de produire des masques, a-t-il souligné. L’équipe de pays de l’ONU s’occupe pour sa part de fournir un appui programmatique à la réponse qu’apporte le Gouvernement face à la pandémie.
À cet égard, le Représentant spécial a invité à être clair sur le fait que la COVID-19 affecte dès maintenant et continuera d’affecter la mise en œuvre de l’Accord de paix et des activités de vérification de la Mission. Cependant, « nous avons l’obligation collective de continuer à assurer des progrès dans sa mise en œuvre ». « La paix en Colombie ne peut et ne doit pas être une victime de cette pandémie », a-t-il exigé, ajoutant qu’il est important de continuer d’aller de l’avant avec la pleine mise en œuvre de l’Accord de paix, y compris sur les trois priorités que le Secrétaire général a soulignées dans son rapport.
La première priorité est d’adopter toutes les mesures nécessaires pour protéger les dirigeants de la société civile, les défenseurs des droits de l’homme et les anciens combattants. De fait, la violence à leur encontre se poursuit sans relâche malgré la quarantaine nationale. Un total de 195 anciens combattants ont été tués depuis la signature de l’Accord de paix final. La situation est particulièrement préoccupante dans le département de Putumayo, y compris en ce qui concerne les femmes leaders de la société civile, les responsables de programmes de substitution de culture, et les anciennes combattantes. Le 19 mars, l’éminent leader Marco Rivadeneira a été tué après avoir été extrait d’une réunion qu’il dirigeait concernant les efforts de substitution de la coca dans la municipalité de Puerto Asís. Au cours des deux derniers jours, des groupes armés qui sont illégaux dans le département de Cauca ont menacé la population dans le département du Cauca, y compris d’anciens combattants.
Au vu de la situation actuelle, M. Ruiz Massieu a souhaité que tous les acteurs colombiens aient la même unité dont ils font preuve face à la pandémie de Coronavirus pour mettre fin à l’épidémie de violence contre les dirigeants de la société civile, les défenseurs des droits humains et les anciens combattants. Il a aussi plaidé pour que les auteurs de ces attaques, y compris les auteurs intellectuels, soient traduits en justice. Il est également essentiel d’améliorer la sécurité de près de 9 500 anciens combattants résidant en dehors des anciens secteurs territoriaux de formation et de réintégration, a-t-il ajouté.
La deuxième priorité est de renforcer les bases du processus de réintégration à plus long terme et de veiller à ce que les bénéfices de la réintégration soient récoltés par tous les anciens combattants, quels que soient leurs lieux de résidence. Les conséquences de la pandémie, a relevé le Représentant spécial, rendent encore plus cruciale la priorité à donner aux anciens combattants vivant en dehors des anciens secteurs territoriaux de formation et de réintégration, car ces personnes ont un accès plus précaire aux services de base comme l’eau potable et l’assainissement.
Enfin, comme troisième priorité, il a parlé de veiller à ce que les communautés, en particulier les victimes, restent au centre des efforts de consolidation de la paix. Pour M. Ruiz Massieu, le contexte actuel est l’occasion d’entreprendre une planification et de mener des consultations pour rendre opérationnel le Programme global pour la sécurité et la protection des populations et des organisations au niveau territorial. C’est une partie importante de la section 3.4 de l’Accord de paix qui, si elle est mise en œuvre, peut faire une importante différence sur le terrain.
Comme le Secrétaire général l’a souligné dans son rapport, « la présence soutenue et intégrée des institutions de l’État demeure le moyen le plus efficace et nécessaire pour assurer la paix et la stabilité dans les territoires », a noté son Représentant spécial. M. Ruiz Massieu s’est aussi fait écho de l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial en vue de lutter contre la COVID-19. Il a ainsi appelé tous les acteurs armés du pays à donner la priorité absolue à la vie, au-dessus de toute autre considération, et à se concentrer sur la prévention de la propagation du virus. L’Armée de libération nationale (ELN) a répondu en déclarant un cessez-le-feu unilatéral d’un mois en avril, a-t-il noté. Cependant, des affrontements armés se poursuivent entre des groupes armés dans plusieurs départements, dont Cauca, Chocó et Norte de Santander, a-t-il déploré.
À un moment où tous les efforts doivent être axés sur la lutte contre la pandémie, M. Ruiz Massieu a exhorté tous les acteurs armés illégaux en Colombie à cesser de perpétrer des violences contre les communautés vulnérables, et notamment contre les communautés autochtones et afro-colombiennes. Le Représentant spécial a dit être certain que, grâce au dialogue constructif et aux efforts dévoués des parties, des institutions publiques, des dirigeants à tous les niveaux et de la société colombienne en général, nous pourrons enfin célébrer le triomphe de l’espoir sur la peur, de l’unité sur la division et, comme l’a dit le prix Nobel de littérature colombien, M. García Márquez, de la vie sur la mort.
Je ne prétends pas parler au nom de tous les jeunes, a déclaré d’emblée M. DAVID SANTIAGO CANO SALAZAR, représentant de la jeunesse. Il a tout de même voulu présenter sa vision personnelle de la transformation de la Colombie grâce à l’Accord de paix. En tant qu’activiste de l’ONG TECHO, qui vient en aide aux communautés vulnérables, dont les victimes des déplacements forcés, il a dit avoir entendu les attentes et les espoirs des jeunes colombiens. Si l’Accord de paix a répondu à une grande partie de ces attentes, il doit encore mettre fin aux violences et porter la paix et le développement jusque dans les campagnes colombiennes, a-t-il dit.
Relatant la visite qu’il a effectuée avec la Mission de vérification des Nations Unies en juillet 2018, au centre de réintégration de Miravalle, il a expliqué combien il avait été ému de voir des projets touristiques encadrés par des anciens combattants dans une zone qui était au centre des combats durant des décennies. Des soldats qui, il y a quelques années encore, combattaient les FARC-EP, ont aujourd’hui la responsabilité de protéger leurs anciens adversaires, s’est-il réjoui, avant de saluer la collaboration entre les populations locales et les anciens combattants formés aux visites guidées. Fort de cette expérience, il a dit avoir décidé de soutenir les anciens combattants et leurs communautés. C’est dans ce contexte qu’il a, en décembre 2019, mobilisé des jeunes volontaires pour organiser un salon pour les anciens combattants à Bogota afin de les aider à écouler leurs productions agricoles et artisanales, en coopération avec l’ONU, l’Agence de la réintégration et de la normalisation et plusieurs ONG. Il s’est dit impressionné de voir les habitants des quartiers les plus privilégiés de Bogota acheter des produits et échanger avec les anciens combattants.
Je vous enverrai, a-t-il promis aux membres du Conseil, du café produit par des anciens combattants, du nom de « Goût de l’espoir ». Vous pourrez ainsi apprécier le goût de l’espoir, de la paix et de la réconciliation. Pour le moment, a poursuivi l’orateur, nous nous attachons à reproduire le salon dans d’autres villes de la Colombie, grâce au parrainage de jeunes chefs d’entreprise désireux d’appuyer ou conseiller les anciens combattants.
L’orateur n’a pas caché son inquiétude à l’idée de l’impact économique que pourrait avoir la COVID-19 notamment sur les projets productifs des anciennes victimes et anciens combattants dont les ventes ont déjà diminué. Il s’est aussi inquiété de la violence persistante à l’égard des dirigeants sociaux qui constitue « une profonde plaie dans la conscience nationale ». Ayant participé à plusieurs dialogues nationaux consacrés à la jeunesse, organisé sous l’égide du Président Duque, il a dénoncé les intimidations auxquelles font face les jeunes, de la part des groupes armés illégaux. En outre, il a jugé urgent que l’État assure sa présence et des investissements dans les régions rurales, afin d’éviter que les cartels de la drogue et autres groupes armés illégaux ne profitent du vide institutionnel. Il s’est dit persuadé que les cultivateurs de coca préféreraient se tourner vers le café ou le cacao s’ils avaient les outils et l’accès aux marchés nécessaires.
Il a appelé à de réels efforts afin de mettre en œuvre les dispositions de l’Accord de paix relatives à la parité entre les genres. Il a remercié le Conseil de sécurité pour avoir appuyé le processus de paix en Colombie qui permet aujourd’hui de voir des anciens otages parler avec d’anciens combattants, des anciens ennemis, faire partie des mêmes équipes de sport, et des jeunes des villes visiter enfin la forêt tropicale qui était pendant des décennies une zone de conflit. Il a rappelé que les jeunes du monde entier attendent du Conseil de sécurité la promotion de la paix et de la sécurité internationales et exhorté ce dernier à voir dans l’épidémie de COVID-19 un rappel « que nous sommes plus forts quand nous sommes unis ».
Le Royaume-Uni, qui a reconnu les difficultés que pose la pandémie de COVID‑19 à la Colombie, s’est dit encouragé par l’assurance du Président concernant les mesures de confinement annoncées le 24 mars dernier. La délégation a noté l’annonce d’un cessez-le-feu unilatéral par l’Armée de libération nationale, estimant que la mise en œuvre de cet engagement pourrait faciliter les efforts de lutte contre la pandémie. Le Royaume-Uni a affirmé « voir des progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de la paix ». La délégation a tout de même souligné les domaines préoccupants qui nécessitent des efforts urgents afin de consolider les progrès réalisés. Elle a ainsi cité la hausse constante du nombre des meurtres de militants des droits de l’homme, et parmi eux des femmes. La délégation a salué à cet égard le lancement du plan d’action du Programme de protection des dirigeantes féminines et des défenseurs des droits de l’homme. La COVID-19 pourrait obliger de faire des ajustements à ce plan mais le Gouvernement est instamment exhorté à être souple et à garantir que le plan soit réellement appliqué, en particulier pour les personnes confinées qui sont plus facilement ciblées par les attaques.
De même, a ajouté le Royaume-Uni, les mesures de protection des anciens combattants des FARC à l’intérieur et à l’extérieur des centres de l’Agence pour la réintégration et la formation devraient être renforcées vu que les populations continuent de faire face à des problèmes d’insécurité. Le Royaume-Uni a aussi encouragé la Commission nationale de garanties de sécurité à se réunir et à travailler avec la société civile. Les mécanismes de dialogue entre les parties devraient aussi permettre de résoudre les désaccords de manière constructive et d’envoyer des signaux positifs à toutes les parties prenantes concernant la crédibilité des engagements. Le Royaume-Uni a enfin souligné la nécessité de placer les communautés au cœur de la mise en œuvre de l’Accord de paix. Cela signifie qu’il faut assurer la participation des communautés à la conception, à la mise en œuvre et au suivi du processus, ainsi qu’à la réforme rurale, aux plans de développement, aux cultures de substitution et à la sécurité. Les autorités locales et la société civile, y compris les organisations de femmes, ainsi que les parties prenantes ont été les plus touchées par le conflit, a noté la délégation en faisant aussi remarquer que ce sont elles qui détiennent les connaissances locales et qui ont la capacité d’engagement nécessaire. Il est donc logique qu’elles soient au centre des efforts visant à garantir et à maintenir la paix, a conclu le Royaume-Uni.
La Chine s’est félicitée des progrès de l’Accord de paix, ces derniers mois, y compris dans la réintégration des anciens combattants et la réconciliation communautaire. Elle a fait siennes les recommandations du Secrétaire général relatives aux trois priorités de cette année. Mettant l’accent sur la nécessité de renforcer l’aspect développement, la Chine a souligné l’importance des réformes rurales et de la lutte contre les cultures illégales. Elle a salué les efforts du Gouvernement colombien pour prévenir la propagation de la COVID-19 et a d’ailleurs rappelé qu’elle a acheminé des fournitures médicales. La Chine a dûment salué le travail de la Mission de l’ONU, « dans le respect de la souveraineté de la Colombie ». Elle a espéré que la Mission prendra toutes les dispositions nécessaires pour protéger son personnel contre la menace de la COVID-19. Cette année marquant le quarantième anniversaire de ses relations diplomatiques avec la Colombie, la Chine a assuré qu’elle soutiendra le Gouvernement et le peuple colombiens dans le contexte de cette crise mondiale sans précédent.
Les États-Unis ont indiqué que leur agence pour le développement international (USAID) avait contribué à hauteur de 8,5 millions de dollars pour aider la Colombie à faire face à la pandémie de COVID-19 qui, s’est inquiétée la délégation, aggrave une situation humanitaire déjà précaire. Elle a insisté sur la nécessité urgente de protéger les défenseurs des droits de l’homme, les acteurs sociaux, les anciens combattants, les communautés rurales ainsi que les autres populations vulnérables. Des groupes criminels ont ciblé certains acteurs sociaux connus ces dernières semaines, ce qui coïncide avec le début de l’irruption de la COVID-19, s’est-elle préoccupée. La délégation a reconnu qu’il ne sera pas aisé de mettre en œuvre les réformes rurales, de réintégrer les anciens combattants et de donner aux victimes du conflit voix au chapitre, y compris par le biais des mécanismes de justice transitionnelle de la Colombie. Elle a ensuite salué les progrès réalisés par les Colombiens.
La Fédération de Russie a déclaré qu’en Colombie, outre la lutte contre la COVID-19, le Gouvernement doit également poursuivre la mise en œuvre de l’Accord de paix final. Beaucoup a été fait pour réaliser la paix tant attendue dans le pays. Mais il y a encore un long chemin à parcourir avant de garantir sa durabilité, en veillant à la satisfaction des besoins et des aspirations de tous les segments de la société. Le moyen le plus efficace d’identifier et de répondre à ces besoins passe, a estimé la Fédération de Russie, par un dialogue inclusif, pacifique et constructif. La présence de l’ONU dans le pays joue un rôle important et la tâche la plus dure pour assoir la paix sur une base solide, c’est de garantir la sécurité de la population. La Fédération de Russie s’est, à son tour, déclarée extrêmement préoccupée par le meurtre d’anciens combattants et de leaders de la société civile et par le nombre croissant de gens forcés de fuir de chez eux pour échapper à l’insécurité. Tous ces incidents doivent faire l’objet d’une enquête et leurs auteurs doivent être traduits en justice, a martelé la Fédération de Russie. Il ne fait aucun doute, a-t-elle ajouté, que la population doit voir les dividendes de la paix dans la vie quotidienne. Il faut donc progresser dans la réintégration politique, socioéconomique et juridique des anciens combattants, dans les programmes et réformes agraires et dans la création d’emplois. Ces initiatives, a prévenu la Fédération de Russie, nécessiteront un financement adéquat, avec une attention particulière au débat public sur les travaux de la Juridiction spéciale pour la paix. Cet élément central de l’Accord de paix final devrait conserver sa pleine indépendance. Toute tentative de l’influencer devra faire l’objet d’une enquête approfondie, a tranché la Fédération de Russie.
Au nom du Niger, de la Tunisie et de l’Afrique du Sud, Saint-Vincent-et-les Grenadines a commencé par saluer la décision de l’ELN de répondre à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial, dans le contexte de la pandémie de COVID-19. La délégation a émis le vœu que cette décision mènera à un cessez-le-feu permanent et à la réouverture d’un dialogue constructif. Elle a aussi salué la décision du Gouvernement colombien de poursuivre la mise en œuvre des programmes liés à la paix, malgré la COVID-19. Saint-Vincent-et-les Grenadines a appelé la communauté internationale à aider la Colombie à combattre la pandémie. Pour elle, le processus de paix colombien demeure un exemple pour le monde entier, en ce qu’il réunit des parties qui étaient divisées auparavant par une histoire sociale et politique bien ancrée, émaillée d’une violence extrême. Saint-Vincent-et-les Grenadines a souligné, dans ce contexte, l’importance d’une pleine mise en œuvre de l’Accord de paix. Le pays s’est dit encouragé par l’esprit de compromis illustré par la conclusion de l’accord et par les progrès soulignés dans le dernier rapport du Secrétaire général. La seule solution viable, c’est la mise en œuvre de l’Accord de paix et un règlement politique inclusif, mené par les nationaux eux-mêmes dans l’intérêt de leur peuple. Le processus de paix est à un stage critique et il faut, a estimé Saint-Vincent-et-les Grenadines, exhorter toutes les parties prenantes à honorer leurs obligations et à tirer pleinement parti du mécanisme de suivi pour approfondir le dialogue et régler les différends.
La délégation a d’ailleurs salué la feuille de route pour la stabilisation et les programmes ciblant les territoires. Elle a aussi appelé à une réforme agraire globale, dont l’accès des anciens combattants des FARC aux projets économiques. Le pays a insisté sur la mise en œuvre du Programme de substitution à la production de substances illicites. Elle a aussi exhorté l’Agence pour la normalisation et la réintégration et le Conseil de réintégration à rattraper les retards dans l’allocation des fonds et à s’attaquer à la situation des anciens combattants qui résident en dehors des zones territoriales de formation et de réintégration. La délégation s’est également félicitée des avancées enregistrées par les mécanismes de justice transitionnelle. Saint-Vincent-et-les Grenadines s’est par ailleurs inquiétée de la situation des femmes, y compris les anciennes combattantes. Les femmes, a-t-il plaidé, sont essentielles pour le processus de paix et surtout pour son succès. Elles doivent pouvoir y participer en nombre, sans crainte et sans entrave. Saint-Vincent-et-les Grenadines a conclu sur la violence en cours et a condamné en particulier l’assassinat des leaders autochtones et afro-américains mais aussi de certains anciens combattants des FARC. Le pays a reconnu les progrès du Groupe d’enquête spécial et salué le lancement de la feuille de route pour la protection effective des leaders de la société civile.
Le Viet Nam a pris note de certaines évolutions positives en Colombie, notamment la prise de fonctions de tous les nouveaux gouverneurs élus, maires et membres de conseils municipaux, y compris les anciens membres des FARC-EP, le 1er janvier dernier. Il a également salué le processus d’élaboration des plans de développement départementaux et locaux pour les quatre prochaines années et les mesures qui se poursuivent dans la mise en œuvre de l’Accord de paix, y compris l’intégration des anciens combattants. Se félicitant de ce que l’ELN ait annoncé un cessez-le-feu d’un mois à partir du 1er avril pour faciliter la riposte de la Colombie à la pandémie de COVID-19, le Viet Nam s’est s’associé à l’appel lancé par le Secrétaire général pour que d’autres groupes armés emboîtent le pas et appliquent un cessez-le-feu durable. À cet égard, il a exhorté l’ONU, les États Membres, les organisations internationales et toutes les parties en Colombie à prendre d’urgence les mesures préventives nécessaires pour lutter contre la pandémie de COVID-19 dans le pays.
Préoccupé par les divergences qui persistent entre les FARC et le Gouvernement de la Colombie sur le respect de leurs obligations au titre de l’Accord de paix, le Viet Nam les a encouragés à poursuivre un dialogue constructif, en utilisant les mécanismes existants, pour éviter la méfiance et les rhétoriques qui pourraient entraver la poursuite du processus de paix. Il importe d’assurer, selon la délégation, le processus de réconciliation nationale par le biais d’un dialogue de haut niveau.
Le Viet Nam a en effet condamné les violences et les attaques qui visent toujours certaines communautés ainsi que l’assassinat d’anciens combattants, de défenseurs des droits de l’homme et de leaders de la société civile, dont les auteurs seraient liés à des groupes armés illégaux et à des organisations criminelles. Alors que le Gouvernement travaille en étroite collaboration avec les autorités locales et d’autres acteurs concernés pour mettre un terme à ces massacres, les causes profondes de l’échec de la réconciliation et de la paix à long terme doivent être sans cesse combattues. La réintégration des anciens combattants doit être mise en œuvre de manière globale et durable pour veiller à ce que les dividendes de la réconciliation profitent à tous. Le Viet Nam réitère son soutien à la Mission de vérification des Nations Unies.
La Belgique a souligné que la complète mise en œuvre de l’Accord de paix demeure la voie à suivre en Colombie. « Nous encourageons les parties à tirer le meilleur profit des mécanismes de règlement des différends établis par l’Accord. » Notant le défi supplémentaire que constitue la pandémie de COVID-19 pour le processus de paix, la délégation a salué les efforts communs des parties en vue de la poursuite de sa mise en œuvre. Les autorités ont apporté une première réponse robuste et œuvrent pour prévenir la propagation du virus dans les zones vulnérables, théâtres de la réintégration des anciens combattants dans la société. La Belgique s’est aussi félicitée de l’annonce par l’ELN d’un cessez-le-feu unilatéral, qui renforce l’appel mondial du Secrétaire général. La Belgique s’est toutefois dite très préoccupée par le haut niveau de violence qui touche les défenseurs des droits de l’homme, les leaders de la société et les anciens combattants. Leur sécurité doit être garantie, a-t-elle dit, rappelant que l’Accord de paix prévoit des mécanismes à cet effet.
La délégation a ensuite salué les efforts déployés en vue de la réintégration des anciens combattants, en particulier le développement de programmes ayant une priorité territoriale. « La réforme agraire et l’accès aux terres demeurent des défis clefs », a ajouté la délégation avant d’insister également sur le fait qu’une grande majorité des anciens combattants vivent désormais en dehors des zones de concentration. La Belgique a souligné, avec préoccupation, la situation difficile des enfants d’anciens combattants et notamment des enfants vivant dans des zones touchées par la violence. Enfin, la délégation a insisté sur l’importance du processus de justice transitionnelle en Colombie et salué les progrès enregistrés dans les affaires dont s’est saisie la Juridiction spéciale pour la paix.
L’Allemagne a salué l’engagement du Gouvernement colombien à poursuivre la mise en œuvre continue des programmes liés à la paix dans le contexte difficile de l’épidémie de COVID-19. Elle a aussi salué la rapidité avec laquelle le Gouvernement et les FARC ont pris des mesures préventives pour les anciennes zones territoriales de formation et de réintégration. Ne doutant pas du fait que la pandémie de COVID-19 aura des conséquences sur la mise en œuvre de ce processus, l’Allemagne estime qu’il est d’autant plus important de faire tout son possible pour maintenir l’élan politique et le dynamiser. Elle a soulevé trois points spécifiques et tout d’abord, le caractère préoccupant de la situation en matière de sécurité en général, en particulier dans les zones rurales.
Les leaders de la société civile et les défenseurs des droits de l’homme qui soutiennent l’Accord de paix, les dirigeants autochtones, les défenseurs des droits de la femme et les anciens combattants continuent d’être particulièrement menacés. Aucun effort ne doit être épargné pour les protéger, a martelé l’Allemagne. Elle a vivement encouragé le Gouvernement à tirer pleinement parti des organes et institutions existants pour assurer la sécurité de ces personnes et de leurs communautés. Il est crucial, a-t-elle insisté, d’étendre la présence des institutions publiques aux zones éloignées et aux zones touchées par les conflits afin de mettre fin à l’impunité et de créer un environnement sûr et stable pour tous les Colombiens.
Le deuxième point, a poursuivi l’Allemagne, c’est la réintégration des anciens membres des FARC. Elle a salué les progrès accomplis dans la recherche d’un consensus entre le Gouvernement et les FARC sur la feuille de route pour la réintégration. Elle a encouragé les parties à continuer de travailler ensemble dans un esprit de dialogue constructif pendant sa mise en œuvre. Maintenant que la transition des anciennes zones territoriales de formation et de réintégration est en cours, l’accent doit être mis sur la viabilité et la nature globale du processus. Dans ce contexte, l’Allemagne a rappelé que plus des deux tiers des anciens combattants vivent en dehors de ces zones, et qu’ils sont donc confrontés à des défis encore plus importants en termes de sécurité, de services de base et d’opportunités économiques.
Enfin, l’Allemagne a parlé du soutien aux institutions de l’Accord de paix. Pour elle, l’impressionnant travail du Système intégré pour la vérité, la justice, la réparation et la non-répétition fait naître l’espoir de voir la Colombie surmonter son lourd héritage de conflit et parvenir à une véritable réconciliation. Cependant, a-t-elle souligné, il ne faut perdre de vue que l’autonomie de ce système est cruciale. L’Allemagne a fait écho à l’appel lancé par le Secrétaire général à tous les acteurs pour qu’ils contribuent pleinement aux travaux de ce système, y compris en contribuant à faire toute la vérité et en reconnaissant les souffrances des victimes dont les voix doivent être au cœur du processus de paix. Confiante que les Colombiens finiront par consolider la paix, l’Allemagne a prévenu que toute paix globale devra, en fin de compte, inclure l’ELN. Elle s’est donc félicitée de ce que ce mouvement ait proclamé un cessez-le-feu unilatéral d’un mois.
La France a jugé essentielle la coopération de la Colombie et de l’ONU dans la lutte contre le trafic de stupéfiants et la criminalité et pour la promotion des droits humains. Elle a souligné l’acuité du défi posé par la pandémie de COVID-19 pour le pays, notamment s’agissant de la mise en œuvre du processus de paix. Elle a félicité les autorités colombiennes pour avoir réaffirmé leur engagement pour la paix dans ce contexte difficile. L’attitude positive des autorités locales et régionales récemment élues à l’égard de la mise en œuvre de l’Accord de paix est également un signal important et positif. La France soutient pleinement l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu mondial. En Colombie également, cela peut contribuer à relancer la dynamique pour une paix durable, a déclaré la délégation. Le cessez-le-feu d’un mois annoncé par l’ELN doit être pleinement appliqué et prolongé, a-t-elle poursuivi, en appelant tous les autres groupes armés de Colombie à en faire de même.
La pleine mise en œuvre de l’Accord est essentielle pour une paix durable. La délégation a salué les mesures positives observées ces derniers mois dans le domaine de la réintégration, notamment l’accord entre les parties autour de la feuille de route pour la réintégration qui définit un cadre sur le long terme. Ces efforts conjoints doivent maintenant se poursuivre, en se concentrant spécifiquement sur les anciens combattants qui résident en dehors des anciennes zones territoriales de formation et de réintégration, a souhaité la France.
Un autre domaine où de nouveaux progrès sont attendus est le programme de remplacement des cultures illicites, a-t-elle dit. Ce programme, qui représente un immense espoir pour des milliers de familles, doit obtenir les ressources nécessaires à son fonctionnement, en particulier pour financer les projets de production alternative.
La France a ensuite dénoncé les meurtres de dirigeants sociaux, de défenseurs des droits humains et d’anciens combattants. Cette tendance reste très préoccupante, a-t-elle dit, en demandant la fin de ces massacres et la poursuite de leurs responsables en justice. « La pleine utilisation des outils prévus dans l’Accord de paix reste le meilleur moyen d’aller de l’avant. » En conclusion, la délégation a fait part de son espoir pour une paix plus pérenne en Colombie et apporté au pays son appui indéfectible.
L’Indonésie a pris note du cessez-le-feu unilatéral annoncé par l’Armée de libération nationale (ELN) en espérant qu’il conduira à une paix durable. Elle s’est félicitée des initiatives prises par les nouvelles administrations régionales et locales pour intégrer à leurs programmes la mise en œuvre de l’Accord de paix. Elle s’est félicitée que les 32 gouverneurs aient salué la proposition du Gouvernement de doter chaque administration départementale d’un bureau de la paix chargé de coordonner dans les territoires l’application des stratégies dans ce domaine. L’Indonésie a mis l’accent sur l’importance des administrations locales pour consolider la paix en se disant encouragée de voir que des anciens combattants des FARC-EP aient été associés à la formulation des plans de développement local. Il est fondamental que l’accent ait été mis sur la paix au niveau territorial, selon la délégation.
L’Indonésie a exhorté tous les acteurs à redoubler d’efforts pour assurer la mise en œuvre du « plan de route pour la réintégration », qui a été convenu par les parties et qui énonce les orientations à long terme en matière de réintégration socioéconomique. En outre, elle a souligné l’importance de s’assurer que les programmes de réintégration bénéficient à toutes les communautés qui ont souffert de décennies de violence. Notant que plus de deux tiers des anciens combattants vivent en dehors des zones de formation et de réintégration, il est, selon la délégation, crucial d’accorder une attention particulière aux inquiétudes et besoins spécifiques de ces derniers.
Jugeant qu’on ne peut s’occuper des besoins socioéconomiques sans garantir la paix et la sécurité de tous, l’Indonésie a salué le lancement d’un plan d’action pour protéger les défenseurs des droits humains et les acteurs des communautés et de la société civile. Elle s’est félicitée de la volonté de la Colombie de protéger les anciens membres des FARC-EP et de traduire en justice les auteurs de crimes. Il faut aussi étendre la présence de l’État pour en faire bénéficier l’ensemble de la population, a ajouté la délégation qui s’est, enfin, inquiétée des défis de l’épidémie de COVID-19 pour la Colombie, tout en se disant persuadée que le pays pourra les relever avec l’aide de la communauté internationale.
L’Estonie a salué l’engagement continu du Gouvernement colombien à assurer la mise en œuvre de l’Accord de paix. Mais la pandémie de COVID-19, qui a également atteint la Colombie, menace de rendre cette mise en œuvre beaucoup plus difficile, a-t-il relevé. L’Estonie appuie les efforts déployés par le Gouvernement de la Colombie pour lutter contre la pandémie de coronavirus et salue l’annonce par l’ELN d’un cessez-le-feu unilatéral qui répond à l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial afin de contribuer à sauver des vies. La délégation a aussi salué les mesures positives prises dans la mise en œuvre de l’Accord de paix, en particulier le Système intégré pour la vérité, la justice, la réparation et la non-répétition. Il est important que les victimes soient au centre des efforts, a réitéré l’Estonie qui a fait part de ses préoccupations face à la poursuite de la violence contre les dirigeants communautaires, les défenseurs des droits de l’homme et les anciens combattants.
La délégation a demandé au Gouvernement colombien de combattre l’impunité en garantissant que toutes les violations des droits de l’homme fassent l’objet d’une enquête et que les auteurs présumés soient poursuivis. Elle a exhorté le Gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin aux massacres tragiques d’acteurs sociaux, de défenseurs des droits de l’homme et d’anciens combattants. La Commission nationale des garanties de sécurité devrait être convoquée plus régulièrement afin de remplir pleinement son rôle conformément à l’Accord de paix, notamment en ce qui concerne le démantèlement des groupes criminels à l’origine de la plupart de ces violences. Les mesures de protection d’anciens combattants en dehors des anciens secteurs territoriaux de formation et de réintégration doivent être étendues, y compris à de nouvelles zones de réintégration collective, a suggéré la délégation.
La République dominicaine a dit réitérer son soutien au processus de paix en Colombie et reconnaître les progrès réalisés et les défis rencontrés, en particulier les mesures prises par le Gouvernement et la Mission de vérification des Nations Unies pour arrêter la propagation du Coronavirus et continuer à mettre en œuvre de nouvelles méthodes de travail dans les zones de réintégration des FARC.
Soulignant que la justice transitionnelle est essentielle à la réconciliation et à la paix durables, la délégation s’est félicitée des progrès accomplis par la Juridiction spéciale pour la paix et exhorté tous ceux qui sont sous sa juridiction à continuer de contribuer aux efforts de recherche de la vérité. La délégation a toutefois regretté les actes de violence enregistrés dans certaines régions du pays en raison de la présence de groupes armés illégaux. Elle a fermement condamné la violence qui continue de viser les défenseurs des droits de l’homme, les dirigeants de la société civile et les anciens combattants des FARC. Des mesures spéciales doivent être mises en place pour prendre en compte de manière significative les besoins de ces personnes en matière de sécurité, a estimé la délégation.
La République dominicaine a par ailleurs souligné la nécessité de poursuivre les efforts dans le domaine de la réintégration socioéconomique et l’importance de renforcer et d’élargir la durée d’application des programmes de réintégration. Pour cela, la délégation encourage toutes les parties à utiliser le Conseil national de réintégration et à prendre des mesures concrètes pour finaliser la feuille de route de réintégration. L’intervention aujourd’hui de David Santiago Cano devant le Conseil, un représentant des jeunes colombiens, atteste, selon la République dominicaine, de l’importance cruciale de la participation des jeunes aux efforts de paix et de sécurité et la mise en œuvre de l’Accord de paix.
Dans le contexte de la pandémie de COVID-19 et après l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial, la délégation s’est dite « prudemment optimiste » quant à la réponse de l’Armée de libération nationale (ELN) qui a déclaré un cessez-le-feu pour le mois d’avril. Elle l’a exhortée à continuer de s’engager dans des actions positives en faveur d’une paix et d’une sécurité durables dans les zones touchées par les conflits.
Mme CLAUDIA BLUM, Ministre des affaires étrangères de la Colombie, a expliqué que le premier trimestre 2020 a été marqué pour son pays par de nouvelles difficultés liées à l’épidémie de COVID-19 et aux besoins humanitaires de 1,8 million de réfugiés vénézuéliens arrivés sur le sol colombien. Elle a exprimé la détermination du Président colombien à promouvoir la paix malgré ces difficultés. « Nous avons fait des progrès dans la consolidation des 16 plans de développement avec une approche territoriale pour les 170 municipalités les plus touchées par le conflit », a-t-elle dit avant de préciser que ces plans sont aujourd’hui soutenus par les nouvelles autorités régionales et locales mises en place en janvier 2020.
La Ministre a souligné le succès du processus de réintégration des anciens combattants, qu’elle a défini comme décisif pour empêcher un nouveau cycle de violence. « Nous avons avancé sur des questions complexes relatives à la situation juridique des anciens secteurs territoriaux de formation et de réintégration et de leur reconversion », a-t-elle dit. Elle a précisé que 4 millions de dollars ont été alloués à l’acquisition de terres accueillant ces secteurs qui sont aujourd’hui revendiqués par des municipalités pour y mener leurs projets de développement. Elle a expliqué que les décisions relatives à ces zones seront prises par le biais d’un processus participatif.
Par ailleurs, la Ministre des affaires étrangères de la Colombie a indiqué que l’alimentation, les factures, les loyers, la couverture médicale, et les frais de garde des enfants continuaient d’être assurés pour 13 000 anciens combattants accrédités. Le Gouvernement, a-t-elle assuré, est déterminé à faciliter à ces anciens combattants l’accès à des projets productifs et à des formations professionnelles ou universitaires. Elle a précisé que le Gouvernement avait adopté un plan de route pour la réintégration, convenu par les parties, qui énonce les orientations de long terme en matière de réintégration. Ce plan s’applique aux combattants installés à l’intérieur comme à l’extérieur des anciens secteurs territoriaux de formation et de réintégration.
Au titre des plus grands défis, la Ministre a mentionné la protection des anciens combattants, des défenseurs des droits humains, des acteurs sociaux et des communautés vulnérables. Elle a cité le lancement d’enquêtes judiciaires expéditives et la lutte contre les organisations criminelles responsables de ces attaques. « Pour le Gouvernement, la sécurité des anciens combattants et de leur famille, ainsi que des membres de l’actuel parti politique des FARC est une priorité », a martelé la Ministre des affaires étrangères de la Colombie, avant de citer l’adoption par l’État de 40 mesures de protection. Elle a aussi précisé que « 3 740 membres de la police et de l’armée assurent la protection des anciens combattants dans les anciens secteurs, pendant que le service de protection national protège 300 autres anciens combattants ».
Parmi les nombreuses mesures de protection prises, elle a parlé des approches sexospécifiques et tenant compte des spécificités ethniques. Elle a cité l’adoption d’un plan d’action pour renforcer la protection des femmes dirigeantes et de celles qui défendent les droits humains, en ligne avec la résolution 1325 du Conseil de sécurité. Elle a également indiqué que le plan de renforcement de la sécurité des personnes participant au Programme national intégral de substitution des cultures illicites avait été finalisé.
Mme Blum a expliqué que la Colombie continue de souffrir des conséquences de la croissance exponentielle, entre 2013 et 2017, des cultures illicites de coca, qui ont atteint 200 000 hectares. Grâce à un engagement du Président Duque, cette tendance a été stoppée en 2018 et 2019, s’est-elle félicitée avant d’assurer que le Gouvernement, conscient des liens entre ces cultures illégales et la violence en Colombie, ne cessera de combattre ce fléau.
Faisant référence à une question qui dépasse le mandat de la Mission de vérification, Mme Blum a fustigé la « partialité » du cessez-le-feu annoncé par le « groupe terroriste » Armée de libération nationale (ELN). À ses yeux, ce cessez-le-feu ne vaut rien puisqu’il a été appelé « actif » par l’ELN qui s’est autorisée à le rompre dans certains cas. Face à cette situation, le Président Duque a exhorté l’ELN à démontrer son engagement en faveur de la paix par le biais de mesures concrètes comme la libération de civils enlevés et la cessation de toute activité criminelle.
Elle a rappelé que le processus de paix, entamé en 2016, exige l’engagement effectif des deux parties, des institutions nationales comme du parti politique des FARC, pour résoudre toutes les questions. Elle a cité à cet égard l’information sur les routes du trafic de stupéfiants, la coopération pour localiser les personnes disparues, la restitution de biens pour le dédommagement des victimes, ainsi que les attentes judiciaires des victimes en relation avec la vérité.
Mme Blum a mis l’accent sur la stratégie gouvernementale « La paix par le droit », ambitieuse stratégie à moyen et long terme qui vise à promouvoir le progrès social des communautés les plus affectées par la violence et la pauvreté, en consolidant le bien-être, la paix et l’état de droit en Colombie.