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ECO/322

D’après l’ONU, les perspectives de croissance économique pour l’année 2020 dépendent de la résorption des différends commerciaux et des incertitudes

Cette année, les revenus par habitant devraient stagner ou baisser dans un pays sur cinq

Minée par des différends commerciaux prolongés, l’économie mondiale a enregistré sa croissance la plus faible en une décennie, baissant à 2,3 pour cent en 2019.  Cependant, d’après le rapport « Situation et perspectives de l’économie mondiale » des Nations Unies pour l’année 2020 publié aujourd’hui, si les risques sont maîtrisés, l’activité économique mondiale pourrait repartir légèrement à la hausse en 2020.

D’après ce rapport, si une croissance de 2,5 pour cent est possible en 2020, une recrudescente des tensions commerciales, de la crise financière, ou une escalade des tensions géopolitiques pourrait saborder la reprise.  Selon des prévisions pessimistes, la croissance mondiale pourrait ralentir pour se situer à seulement 1,8 pour cent cette année.  Un ralentissement prolongé de l’activité économique mondiale pourrait considérablement entraver le développement durable, notamment l’atteinte des objectifs visant à éradiquer la pauvreté et à créer des emplois décents pour tous.  Dans le même temps, la généralisation des inégalités et l’aggravation de la crise climatique alimentent une grogne croissante dans plusieurs parties du monde.

M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, a prévenu que « ces risques pourraient compromettre gravement et durablement les perspectives de développement.  Ils menacent également de favoriser la prolifération des politiques de repli, à un moment où la coopération mondiale s’avère primordiale ».

Aux États-Unis, les récentes baisses des taux d’intérêt ordonnées par la Réserve fédérale américaine pourraient quelque peu soutenir l’activité économique.  Toutefois, la persistance des incertitudes politiques, l’érosion de la confiance des entreprises et le manque de stimulation financière devraient entraîner un ralentissement de la croissance du PIB aux États-Unis, qui passerait de 2,2 pour cent en 2019 à 1,7 pour cent en 2020.  Dans l’Union européenne, le secteur de la production industrielle continuera d’être plombé par l’incertitude qui règne au niveau mondial, une situation qui pourra toutefois être partiellement contrebalancée par la stabilité de la croissance de la consommation privée, entraînant une légère hausse du PIB, qui passera de 1,4 pour cent en 2019 à 1,6 pour cent en 2020.

Malgré des difficultés considérables, l’Afrique de l’Est demeure la région du monde qui enregistre la croissance la plus rapide, et le premier contributeur de la croissance mondiale, souligne le rapport.  En Chine, la croissance du PIB devrait ralentir progressivement, passant de 6,1 pour cent en 2019 à 6,0 pour cent en 2020 et à 5,9 pour cent en 2021, portée par des politiques monétaires et fiscales plus accommodantes.  En 2020, la croissance devrait légèrement s’accélérer dans d’autres grands pays émergents tels que le Brésil, l’Inde, le Mexique, la Fédération de Russie et la Turquie.

L’amélioration des conditions de vie connaît une stagnation dans plusieurs pays

En Afrique, le PIB par habitant a connu une décennie de quasi-stagnation, tandis que plusieurs pays du monde pâtissent encore de la baisse des prix des matières premières enregistrée au cours de la période 2014-2016, qui a entraîné des pertes de production persistantes et un recul de la lutte contre la pauvreté.  Aujourd’hui, dans un tiers des pays en développement dépendant des matières premières (lesquels abritent 870 millions d’individus), les revenus réels moyens sont inférieurs à ceux de 2014.  Il s’agit de plusieurs grands pays tels que l’Angola, l’Argentine, le Brésil, le Nigeria, l’Arabie saoudite et l’Afrique du Sud.

Dans le même temps, le nombre de personnes vivant dans une pauvreté extrême a augmenté dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, ainsi que dans certaines parties de l’Amérique latine et de l’Asie de l’Ouest.  L’accomplissement de progrès durables en matière de lutte contre la pauvreté nécessitera à la fois de stimuler considérablement la croissance de la productivité et de s’engager fermement à réduire les fortes inégalités.  D’après l’ONU, l’éradication de la pauvreté dans la plupart des pays africains nécessiterait une croissance annuelle par habitant de plus 8 pour cent, comparé au taux moyen de seulement 0,5 pour cent au cours de la dernière décennie.

Les aspects de durabilité et de bien-être laissés pour compte dans la croissance du PIB nominal

Au-delà de la croissance du PIB, d’autres critères d’évaluation du bien-être traduisent une réalité bien plus sombre dans plusieurs parties du monde.  Dans plusieurs sociétés, la qualité de vie continue d’être affectée par la crise climatique, la persistance des fortes inégalités, et la hausse de l’insécurité alimentaire et de la sous-alimentation.

« Plutôt que de privilégier une approche restrictive exclusivement axée sur la croissance du PIB, les décideurs devraient viser la promotion du bien-être dans tous les segments de la société.  Pour ce faire, il convient d’investir en priorité dans les projets de développement durable pour promouvoir l’éducation, les énergies renouvelables et des infrastructures résilientes », a souligné M. Elliot Harris, économiste en chef des Nations Unies et Secrétaire général adjoint au développement économique.

Une modification du bouquet énergétique permettrait de favoriser la croissance économique tout en limitant les émissions de carbone.

Pour lutter contre les changements climatiques, les besoins énergétiques croissants du monde doivent être comblés par des sources d’énergie renouvelable ou des sources énergétiques à faibles émissions de carbone.  Cette option nécessiterait des ajustements massifs dans le secteur énergétique, qui, à l’heure actuelle, représente environ les trois quarts des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.  Un rapprochement des valeurs d’émission par habitant des pays en développement de celles des pays développés entraînerait une augmentation des émissions mondiales de carbone de plus de 250 pour cent, à l’opposé de l’objectif zéro émission nette d’ici à 2050 fixé au niveau mondial.

L’urgence de la transition énergétique continue d’être sous-estimée, avec pour conséquence une prise de décisions à courte vue telles que celle relative au développement des investissements dans le domaine de l’exploration pétrolière et gazière et à la production d’énergie à partir du charbon.  Cette situation non seulement expose de nombreux investisseurs et gouvernements à des pertes soudaines, mais retarde aussi fortement l’atteinte des cibles environnementales.  Tout retard dans l’adoption de mesures décisives en faveur de la transition énergétique pourrait ainsi doubler les coûts finaux.  La transition vers un bouquet énergétique plus propre s’avérera non seulement bénéfique pour l’environnement et la santé, mais créera aussi des opportunités économiques pour plusieurs pays.

Nécessité d’un bouquet énergétique plus équilibré

Une trop grande dépendance vis-à-vis de la politique monétaire est non seulement insuffisante pour relancer la croissance, mais engendre aussi des coûts considérables, notamment en exacerbant les risques pesant sur la stabilité financière.  Il convient d’adopter en matière de bouquet énergétique une politique plus équilibrée qui stimule la croissance économique tout en renforçant l’inclusion sociale, l’égalité des genres et une production environnementale durable.

« Le manque d’inclusivité de la croissance suscite un mécontentement de plus en plus croissant qui entraîne une généralisation des appels au changement dans le monde.  Les répercussions des mesures politiques sur la répartition des revenus et sur l’environnement devraient faire l’objet d’une attention bien plus soutenue », a conclu M. Harris.

Pour plus d’informations, merci de bien vouloir visiter le site Internet à l’adresse: www.bit.ly/wespreport.  Contact avec les médias: Dan Shepard, Département de la communication globale des Nations Unies, shepard@un.org, +1 212 963 9495.

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