Première Commission: les directeurs d’organismes de désarmement demandent un financement adapté à l’exécution de leur mandat
La Première Commission (désarmement et questions de sécurité internationale) a tenu, ce matin, sa troisième et dernière séance virtuelle, consacrée à l’audition de plusieurs dirigeants d’organismes constitutifs du mécanisme de désarmement de l’ONU.
Les intervenants ont souligné l’impact de la pandémie de COVID-19 sur la conduite de leurs délibérations et activités et la nécessité, dans un contexte de crise économique attisée par la crise sanitaire, que les États Membres leur apportent le financement nécessaire à l’exécution des mandats que leur a confiés l’Assemblée générale. Par ailleurs, le Président de la Première Commission a annoncé la reprise des séances plénières officielles avec présence physique mardi 3 novembre. Celles-ci avaient été interrompues cette semaine en raison de la découverte d’un foyer de contamination au sein d’une des missions permanentes auprès des Nations Unies à New York.
M. Yury Ambrazevich, Président de la Conférence du désarmement, unique instance multilatérale de négociation des traités de désarmement, a indiqué que si cette année encore les 65 États membres de la Conférence n’avaient pas réussi à se mettre d’accord sur un programme de travail, un segment de haut niveau avait pu avoir lieu en ligne. Il a indiqué qu’à cette occasion, les pays participants avaient soutenu « le principe directeur du multilatéralisme ». D’autres discussions ont eu lieu en 2020, portant notamment sur la prévention de la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique, les assurances négatives de sécurité données aux États non dotés d’armes nucléaires par les États dotés, la non-prolifération des armes de destruction massive ou encore la transparence en matière de vérification de l’application des mesures de désarmement, a-t-il complété.
Le Président de la Conférence du désarmement a, par ailleurs, indiqué que deux projets de résolution soumise pour adoption à la Première Commission, une sur l’interdiction de la production et les transferts de nouvelles armes de destruction massive et l’autre sur la nécessité d’empêcher l’apparition de technologies dangereuses susceptibles de tomber entre les mains d’acteurs non étatiques, montraient combien sont liées les deux instances.
Mme Renata Dwan, Directrice de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), organisme qui célèbre cette année son quarantième anniversaire, a suggéré pour sa part que la pandémie avait sûrement entraîné une augmentation des publications des chercheurs de l’Institut, 37 articles de fond ayant été publiés à ce jour. Elle a ajouté que les restrictions imposées par la crise sanitaire avaient poussé l’UNIDIR à optimiser l’utilisation de ses outils numériques -site Web actualisé, organisation de séminaires en ligne et traduction dans toutes les langues de l’ONU de ses documents- pour toucher un plus large public et adapter ses activités de formation auprès des nouveaux diplomates en dehors des ateliers tenus habituellement à son siège, à Genève.
Mme Dwan a par ailleurs assuré que l’Institut continuait de répondre à la demande du Secrétaire général en s’efforçant, par le dialogue, de faciliter les discussions intergouvernementales sur la réduction du risque nucléaire, le contrôle des armements et la prévention de la militarisation de l’espace, une gageure en ces temps marqués par une indéniable dégradation du mécanisme multilatéral de désarmement. Au plan régional, nous avons continué de soutenir quelque 11 États africains dans l’évaluation de leurs capacités de gestion des flux illicites d’armes légères et de petit calibre et promu le rôle des femmes dans la mise en œuvre des mesures de désarmement, a-t-elle également signalé.
Les rapports du Secrétaire général sont notre boussole, et nous espérons que, malgré la crise économique provoquée par la crise sanitaire, les États Membres, enjoints en ce sens par M. Guterres, verseront des contributions volontaires l’an prochain, a également souhaité la Directrice de l’UNIDIR. Elle a noté que, faute de financement adéquat, il serait difficile pour l’Institut d’ouvrir son bureau de liaison à New York, « une action qui avait déjà été reportée d’une année en 2019 ».
À l’appui de cette intervention, Mme Selma Ashipala-Musavy, Présidente du Conseil consultatif pour les questions de désarmement, organisme garant de la bonne marche et de l’indépendance de l’UNIDIR, a appelé les délégations de la Première Commission à soutenir le projet de résolution sur l’Institut qui leur sera soumis cette année encore pour adoption. Elle a préconisé que les contributions à l’UNIDIR soient relevées de façon proportionnelle aux missions qui lui sont confiées et aux recommandations du Secrétaire général le concernant.
Mme Mary Soliman, Chef du Service régional du désarmement, de l’information et de la sensibilisation, a, elle aussi, souligné l’importance que les bailleurs de fonds continuent de financer les outils virtuels de communication des centres et organismes pour que ces derniers puissent maintenir une activité productive, y compris sans présence physique, dans les mois à venir.
La question du financement nécessaire à l’exécution de leur mandat a également dominé les interventions des Directeurs des Centres régionaux des Nations Unies pour la paix et le désarmement. Les Directeurs de ces centres, qui intervenaient depuis Lomé au Togo (M. Anselme Nahmtante Yabouri), Lima au Pérou (Mme Mélanie Régimbal), Katmandou au Népal (M. Yuriy Kryvonos) ont toutefois déclaré que leurs activités avaient pu se dérouler tant bien que mal en 2020 grâce, en particulier, à une montée en gamme de leurs plateformes virtuelles. Par ce biais, ont-ils expliqué, la diffusion de l’information publique sur les enjeux du désarmement et de la non-prolifération ainsi que d’importantes discussions sur la mise en œuvre du Programme de désarmement du Secrétaire général avec les États de la région et la société civile, dont des associations de femmes, ont pu avoir lieu.
Les intervenants ont toutefois reconnu que la pandémie avait porté un coup préjudiciable à la coopération avec les organisations régionales partenaires des Nations Unies. Ainsi à Lomé, la mise en œuvre coconduite avec l’Union africaine du dispositif « Faire taire les armes » a pris du retard tandis que le centre de Lima n’a pas pu organiser pleinement les opérations d’appui aux capacités des États de la région pour la mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité contre la prolifération des armes de destruction massive.
Enfin, le Président du Groupe d'experts gouvernementaux chargé d'examiner les problèmes découlant de l'accumulation de stocks de munitions classiques en surplus, M. Marcus Bleinroth, a indiqué que les échanges entre les 18 experts du Groupe et les États Membres avait permis, cette année, de dégager des vues convergentes sur les mesures à prendre pour une réduction accrue des risques que les munitions ne soient détournées vers des bénéficiaires non autorisés ou encore d’explosions dans des entrepôts.
Seul pays à intervenir à l’issue des exposés, la Fédération de Russie a rappelé son attachement à un règlement des questions de désarmement dans le cadre des instruments du mécanisme onusien de désarmement, au premier rang desquels la Conférence du désarmement. À ce propos, elle a souligné le lien étroit entre la Conférence du désarmement et la Première Commission, à laquelle la Russie présentera, entre autres projets de résolution, un texte demandant le renforcement de l’application des traités et accords en matière de contrôle des armements, de désarmement et de non-prolifération.
La prochaine réunion de la Première Commission aura lieu mardi 3 novembre à 10 heures. La Commission devrait entamer le processus d’adoption de quelques 73 projets de résolution ou de décision.