Cinquante-deuxième session,
2e et 3e séances – matin & après-midi
POP/1079

La Commission de la population et du développement ouvre sa session 2019 et évalue le Programme d’action de la Conférence du Caire, adopté il y a 25 ans

Au premier jour de sa cinquante-deuxième session, la Commission de la population et du développement a marqué le vingt-cinquième anniversaire de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) en adoptant, par consensus, une déclaration* politique par laquelle elle salue « les progrès accomplis à ce jour » pour réaliser les buts et objectifs du Programme d’action de la CIPD et les objectifs de développement durable tout en s’engageant à prendre d’autres mesures « pour accélérer sa pleine application ».

Réunie pour cinq jours, la Commission a entrepris « l’examen et l’évaluation du Programme d’action de la CPDI et de sa contribution au suivi et à l’examen de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », thème de la présente session, et l’occasion de jeter un regard sur le chemin parcouru depuis son adoption, au Caire, en 1994, par 179 États Membres de l’ONU.

Depuis 25 ans, le Programme d’action a permis de jeter les bases de politiques de développement centrées sur l’humain, reconnaissant que la démographie, la croissance économique et le développement durable sont interdépendants et étroitement liés au respect des droits de l’homme.  Toutefois, la Commission reconnaît que des difficultés et des obstacles continuent d’entraver son application.  La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J Mohammed, a vu dans le Programme d’action « un document vivant », qui nous permet d’atteindre les objectifs du Programme 2030.  Elle s’est cependant inquiétée que des « victoires durement acquises sont aujourd’hui remises en question », invitant les États à faire en sorte que les politiques issues du Programme d’action se reflètent dans leurs politiques nationales.

Pour soutenir ses travaux, la Commission avait sous les yeux trois rapports** du Secrétaire général, qui indiquent qu’à l’échelle mondiale, l’espérance de vie est passée de 64,9 ans en 1994 à 72,3 ans en 2019.  Pendant ce temps, la population mondiale, estimée à 7,7 milliards d’habitants en 2019, devrait connaître une croissance moins soutenue au cours des prochaines années, pour atteindre 9,7 milliards en 2050, et 11 milliards d’ici à la fin du siècle.  

Toutefois, le taux de fécondité est passé de 2,9 naissances par femme en 1994 à 2,5 en 2019, et devrait descendre à 2,1 en 2060.  Si cette tendance s’observe dans toutes les régions, elle demeure inégale, notamment en Afrique subsaharienne.  Par ailleurs, la part de la population mondiale vivant en milieu urbain devrait passer de 56% en 2019 à 68% en 2050, ce qui présente de nombreux avantages pour le développement durable, à condition d’éviter les problèmes sociaux, économiques et environnementaux découlant d’une croissance urbaine non planifiée, a mis en garde la Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, Mme Maria-Fancesca Spatolisano.

Alors que la population mondiale est « plus importante, plus âgée et plus dense que jamais », « l’enjeu primordial », note le Secrétaire général, est donc de répondre aux demandes d’une population croissante et plus prospère, tout en protégeant l’environnement et en luttant contre les changements climatiques.  

« Nous devons garder à l’esprit que des millions de personnes attendent toujours la réalisation des objectifs du Programme d’action, notamment en matière de protection des femmes et des filles », a prévenu Mme Natalia Kanem, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), qui a espéré que le Sommet de Nairobi sur la CIPD25, qui se tiendra au Kenya en novembre prochain, permettra de rester dans la lignée de la Conférence du Caire.  L’Ambassadrice de bonne volonté du FNUAP, l’actrice Ashley Judd, a souligné que cette année, 6,7 millions de filles devront se marier de force, tandis que 214 millions d’entre elles n’ont toujours pas accès à des services de planification familiale et que plus de 300 000 mères mourront en couches.  « Nos droits sont intrinsèques, nous avons droit à ces droits », a-t-elle martelé.

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, l’État de Palestine d’ailleurs dénoncé la lenteur et l’irrégularité des progrès enregistrés dans la réalisation du Programme, aussi bien entre les pays qu’à l’intérieur de leurs frontières.  Pays hôte de la Conférence de 1994, l’Égypte s’est tout de même félicitée que le Programme d’action traite les questions liées aux inégalités et encouragent davantage de soutien économique aux femmes.  De fait, a noté Malte, le Programme d’action a été le premier accord international à faire des droits procréatifs et sexuels des femmes une condition du développement.  À cet égard, l’Union européenne a précisé que l’aide au développement fournie par ses États Membres répond aux priorités consacrées au Caire, citant en exemple la fourniture de 1,5 milliard d’euros au cours des six derniers mois à l’appui des programmes de santé dans 17 pays, dont 30% consacrés à la santé sexuelle et procréative.

L’accent mis sur la santé sexuelle et procréative dans le Programme d’action et le Consensus de Montevideo sur la population et le développement qui en découle sont, par exemple, à l’origine d’importants changements dans la structure démographique d’Haïti, s’est félicité son représentant, qui a noté que le taux fécondité a chuté du tiers depuis 1994, passant de 4,8 à 3 enfants par femme.  Aux Pays-Bas, l’adoption d’une approche globale en matière de santé et de droits relatifs à la sexualité et à la procréation, ciblant de façon particulière les adolescents, les jeunes ainsi que les groupes marginaux, s’est traduite par des indices de grossesse chez les adolescentes, d’avortement et de prévalence du VIH parmi les plus bas dans le monde.  Même son de cloche aux Philippines, où les femmes rurales sont maintenant plus nombreuses que les femmes urbaines à utiliser des méthodes modernes de panification familiale.  En revanche, en Sierra Leone, le taux de fécondité reste de 5,6 enfants par femme.

En début de séance, la Commission a procédé à l’élection de son Bureau, qui sera présidé cette année par M. Courtenay Rattray (Jamaïque), secondé par les Vice-Présidents Mme Yuliana Angelova (Bulgarie), M. René Lauer (Luxembourg), Mme Leila C. Lora-Santos (Philippines) et M. Saidu Nallo (Sierra Leone), qui assumera aussi les fonctions de Rapporteur.  La Commission a également adopté son ordre du jour provisoire*** et l’ organisation de ses travaux****.  La Commission reprendra ses travaux demain avec la poursuite de son débat général et la tenue d’une table ronde de haut niveau sur les principales conclusions et recommandations issues des conférences régionales sur la population et le développement.

*E/CN.9/2019/L.3, **E/CN.9/2019/2; E/CN.9/2019/3; E/CN.9/2019/4***E/CN.9/2019/1 ****E/CN.9/2019/L.1/Rev.1

MESURES POUR LA POURSUITE DE LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT AUX NIVEAUX MONDIAL, RÉGIONAL ET NATIONAL

Déclarations liminaires

Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a déclaré que l’adoption du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), adopté au Caire, en 1994, constitue « un document encore vivant », qui nous permet d’atteindre les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Cependant, malgré son succès, des lacunes subsistent dans la mise en œuvre du Programme d’action et « des victoires durement acquises sont aujourd’hui remises en question », s’est inquiétée la Vice-Secrétaire générale. 

Nous devons mettre l’égalité hommes-femmes au cœur des objectifs de développement durable, en collaboration avec les gouvernements et la société civile, a exhorté la Vice-Secrétaire générale.  « Nous devons également fournir les outils indispensables aux femmes afin qu’elles puissent prendre des décisions éclairées concernant leur corps et leur famille. » 

Mme Mohammed a invité les États Membres à réfléchir aux moyens de prendre les mesures nécessaires pour assurer les services de base, notamment l’éducation des jeunes filles, afin de prévenir les grossesses précoces et de faire en sorte que les enfants restent scolarisés.  Pour ce faire, a-t-elle poursuivi, il faut accroître les investissements dans les écoles secondaires et au-delà.  « Nous sommes dans une course contre le temps pour effectuer des ajustements systémiques requis », a prévenu Mme Mohammed. 

La CIPD a permis de jeter des bases solides pour l’adoption du Programme de développement.  Il faut maintenant s’assurer que les politiques de développement social adoptées se reflètent dans les politiques de développement nationales de chaque pays, a conclu la Vice-Secrétaire générale. 

Mme INGA RHONDA KING, Présidente de l’ECOSOC, s’est dit heureuse de participer à cette cinquante-deuxième session de la Commission de la population et du développement (CIPD)alors que nous célébrons le vingt-cinquième anniversaire de la Conférence internationale sur la population et le développement qui s’est tenue au Caire en 1994.  La Commission, a-t-elle rappelé, se penche désormais sur les questions liées aux aspects de la population en lien avec le développement durable.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reconnaît que l’éradication de la pauvreté, l’un des plus grands défis pour le monde, est un élément indispensable pour garantir le développement durable.  Le Forum de haut niveau de l’ECOSOC prévu en juillet prochain sera axé sur le thème de l’autonomisation des populations et aura pour objectif de fixer le cap pour les quatre prochaines années.

M. King a salué les progrès significatifs accomplis ainsi que les programmes efficaces mis en œuvre au bénéfice de tous.  Elle s’est dit impatiente de recevoir la contribution des examens nationaux pour le Forum de haut niveau en juillet.  De même, elle a souligné le plein engagement de l’ECOSOC à tirer profit de ses organes subsidiaires et à consolider l’action de toutes les commissions techniques, y compris celle sur la population et le développement.  Elle a appelé les 15 pays qui vont présenter leur examen volontaire à faire le lien entre population et développement durable. 

Mme NATALIA KANEM, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a déclaré que la Commission de la population et du développement a joué un rôle essentiel dans les progrès du Programme d’action issu de le Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), fournissant dialogues et conseils sur la base d’éléments probants.  Alors que la date butoir pour la réalisation des objectifs de développement durable, en 2030, se rapproche, elle a estimé que le Programme du Caire garde toute sa pertinence.  Depuis son adoption, le taux de maternité a baissé de 40%, les écoles primaires sont accessibles à la majorité des enfants dans le monde, et l’espérance de vie globale a augmenté de sept ans depuis 1994, autant de succès rendus possibles grâce aux efforts de la société civile et des gouvernements du monde. 

« Nous avons anticipé les éléments nécessaires à la paix et à la prospérité des peuples, en se concentrant sur l’examen de la CPID et du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », s’est félicitée la Directrice du FNUAP.  Toutefois, les résultats demeurent insuffisants, a regretté Mme Kanem, pour qui « nous devons garder à l’esprit que des millions de personnes attendent toujours la réalisation des objectifs du Programme d’action, notamment en matière de protection des femmes et des filles ».  Plusieurs d’entre elles vivent dans des pays dont les infrastructures sont inadéquates, un problème exacerbé par les changements climatiques. 

Nos objectifs sont ambitieux, a assuré Mme Kanem.  « Nous avons besoin de financement, de ressources additionnelles et d’une approche interdisciplinaire. »  Cette Commission doit lancer un appel clair au monde afin de trouver des solutions permettant d’atteindre des résultats transformateurs, notamment en ce qui concerne les droits en matière de sexualité et de procréation.  Il est temps de prendre des engagements financiers sur la base des meilleures données disponibles, a insisté la Directrice.  Alors que le FNUAP célèbre son quinzième anniversaire, elle a estimé que les travaux en cours demeureront pertinents pour les années à venir.  Le vingt-cinquième sommet de la CIPD, en novembre, à Nairobi, permettra de rester dans la lignée de la Conférence du Caire. 

Mme MARIA-FANCESCA SPATOLISANO, Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, s’est félicitée de la connexion entre population, lutte contre la pauvreté, environnement et développement durable.  La Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) du Caire a défini un grand nombre de cibles et objectifs dans son Programme d’action, que l’on retrouve aujourd’hui dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  À cet égard, elle a souligné l’aspect « visionnaire » du Programme d’action. 

Le Forum de développement de haut niveau prévu en juillet prochain sous les auspices de l’ECOSOC, constituera, à ses yeux, une occasion importante pour les États Membres de créer des liens entre population et développement durable.  Depuis la CIPD, beaucoup de réalisations ont été accomplies, a dit Mme Spatolisano, citant à titre d’exemples l’espérance de vie qui a augmenté de 7% et le taux de mortalité infantile qui a chuté de moitié.  Ces tendances sont des processus de transition démographiques qui concernent l’ensemble des populations à travers le globe, a-t-elle fait observer. 

Le taux de fécondité continue de baisser, de même que « nous assistons à un vieillissement des populations.  Si cela constitue un signe de progrès humain, il faut, néanmoins prendre en compte les conséquences de ce vieillissement, a conseillé la Sous-Secrétaire générale. 

S’agissant des migrations et de l’urbanisation, ces tendances ont des incidences sur la répartition des populations.  « Nous devons nous préparer à un monde où la population est plus nombreuse, âgée, mobile et urbanisée », a-t-elle résumé. 

De fait, la part de la population mondiale vivant en milieu urbain devrait passer de 56% en 2019 à 68% en 2050.  Le passage de la vie rurale à la vie urbaine présente de nombreux avantages pour le développement durable mais doit être bien géré, de façon à éviter les problèmes sociaux, économiques et environnementaux découlant d’une croissance urbaine non planifiée.  Mme Spatolisano a appelé les pays à collecter des données démographiques appropriées et à promouvoir des débats publics.  Pour finir, elle a préconisé la nécessité de la mise en œuvre du Programme d’action historique liant population et développement. 

Mme ASHLEY JUDD, Ambassadrice de bonne volonté du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a indiqué que 6,7 millions de filles devront se marier de force cette année, 214 millions n’ont toujours pas accès à des services de planification familiale et plus de 300 000 mères mourront en couches cette année.  En tant que membre du mouvement mondial des femmes, elle a plaidé pour que soit mis en œuvre le monde dont l’ébauche a été réalisée il y a 25 ans lors de l’adoption du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD).  La liberté individuelle est au cœur du développement durable, a fait valoir l’actrice, alors que « les femmes et les filles font valoir leur droit sur leur corps et leurs droits reproductifs ». 

En tant qu’Ambassadrice du FNUAP sur le terrain, Mme Judd a parlé de Tatiana, jeune femme de l’est de l’Ukraine qui lui a offert l’hospitalité, de sa visite dans un camp de réfugiés en Syrie ou encore de jeunes femmes rencontrées au Sri Lanka, ajoutant que nous devons les écouter et remplir les promesses faites il y a 25 ans.  « Nos droits sont intrinsèques, nous avons droit à ces droits », a martelé Mme Judd.  La CIPD stipule que toutes les personnes sont libres dans leur dignité et dans leurs droits, et nous devons faire en sorte que ces conditions soient respectées.  Ces principes, qui sont à la base du développement durable, demeurent bafoués, foulés au pied dans de trop nombreux pays, a-t-elle fustigé. 

« Les données contenues dans le rapport du Secrétaire général ne sont pas des chiffres sans visage, mais bien des personnes réelles », a déclaré l’actrice, avant de rappeler que des millions de personnes demeurent confrontées à des limites involontaires en matière de santé.  « N’essayons pas de nous satisfaire de la situation actuelle alors que perdure la violence sexiste et la mortalité infantile.  « 

« Les jeunes filles devraient être des étudiantes et non des épouses », a insisté Mme Judd.  Nous avons atteint de nombreux objectifs mais nous devons poursuivre nos efforts.  La rage et l’innovation doivent être nos outils.  Alors que le FNUAP a besoin d’un financement de 700 millions pour remplir son mandat, elle a rappelé que son action a permis d’éviter 116 millions de grossesses non désirées. 

Débat général

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme FEDA ABDELHADY-NASSER de l’État de Palestine a salué le thème de cette cinquante-deuxième session de la Commission de la population et du développement: « Examen et évaluation du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement et de sa contribution au suivi et à l’examen du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».  À l’approche du vingt-cinquième anniversaire de la CIPD, ce thème souligne selon lui l’importance du Programme d’action de la Conférence du Caire pour la réalisation des objectifs de développement durable. 

Toutefois, la représentante a pointé du doigt la lenteur et l’irrégularité des progrès de mise en œuvre du Programme, aussi bien entre les pays qu’à l’intérieur de chacun d’entre eux.  Mme Abdelhady-Nasser a, par conséquent, appelé à redoubler d’efforts et à faire preuve de davantage d’ouverture pour réaliser la « vision audacieuse » articulée dans le Programme d’action de la CIPD.

La représentante palestinienne a en outre insisté sur la nécessité d’analyser l’évolution de la structure par âge des populations et de disposer de données démographiques « de haute qualité, accessibles, récentes et fiables » sur la mise en œuvre du Programme d’action de la CIPD et des objectifs de développement durable.  À cette fin, M. Abdelhady-Nasser a appelé les organisations internationales et régionales et la société civile à travailler de concert pour promouvoir le renforcement des capacités et la coopération technique.  Elle a également réaffirmé la détermination du Groupe des 77 et de la Chine à mettre en œuvre le Programme d’action au moyen de la coopération Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire.

Prenant la parole au nom de l’Union européenne, M. ION JINGA (Roumanie) a réaffirmé son engagement en faveur de la promotion, de la protection et de la réalisation du droit de chaque individu à exercer un contrôle total sur sa sexualité et sur sa santé sexuelle et procréative, en l’absence de toute discrimination, coercition ou violence.  Au moment de réaffirmer les réalisations obtenues en 1995 avec la Déclaration et le Programme d’action de Beijing sur les femmes, la communauté internationale a également besoin de renforcer la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), et la déclaration adoptée aujourd’hui par cette Commission, à l’occasion du 25e anniversaire de la CIPD, devrait fournir un élan crucial à cet égard, a dit M. Jinga. 

Les trois rapports du Secrétaire général dont la Commission est saisie fournissent une analyse de qualité des tendances et des développements qui ont marqué la période depuis que le Programme d’action du Caire a été adopté et permettent de visualiser l’évolution de ces tendances pour les années à venir.  « Avec l’urbanisation et la réduction substantielle de la mortalité infantile, les changements dans la pyramide des âges en général et le vieillissement de la population en particulier, les migrations et l’impact du changement climatique, des nouveaux défis et des opportunités se présentent à l’échelle globale », a indiqué le représentant. 

Les droits de l’homme sont au cœur des objectifs de développement durable et des engagements du Caire, a souligné M. Jinga.  L’Union européenne (UE), a-t-il assuré, est engagée en faveur de la réalisation totale du Programme d’action de la CIPD au sein de ses propres frontières et à prêter assistance à ceux qui s’efforcent de parvenir à cet objectif.  La plupart de l’aide au développement fournie par l’UE et par ses États Membres individuellement répond d’ailleurs, directement ou indirectement, aux priorités consacrées au Caire.  « Par exemple, la fourniture de 1,5 milliard d’euros au cours des six derniers mois à l’appui des programmes de santé bilatéraux dans 17 pays; le fait que 30% de la santé de l’aide de l’UE en matière de santé est consacrée à la santé sexuelle et reproductive, mais aussi maternelle, néonatale, infantile et adolescente; la nouvelle initiative ONU-UE « Spotlight », qui met à disposition 500 millions d’euros en faveur de l’élimination de la violence à l’encontre des femmes et des filles », a précisé M. Jinga. 

Pour Mme HALA MOSTAFA ELSAID ZAID, Ministre de la santé de l’Égypte, le Programme d’action du Caire représente une nouvelle dynamique en faveur des objectifs de développement durable en ce qu’il met en exergue les liens entre population et développement durable.  On y souligne les efforts déployés par la communauté internationale en faveur de l’intégration du développement aux plans national et local.  Son pays, qui a accueilli la CIPD en 1994, a toujours œuvré à la mise en œuvre des objectifs de développement durable et entrepris des stratégies liées au développement. 

La Ministre s’est félicitée que tous les documents fondamentaux reprennent les questions liées aux inégalités et défendent un accès égal à la justice, qu’ils se penchent sur les stratégies nécessaires pour mettre fin à la pauvreté et encouragent davantage de soutien économique aux femmes.  D’ailleurs, s’est-elle félicitée, la Déclaration du Caire promeut justement l’égalité hommes-femmes.  Par ailleurs, l’Égypte, qui assure actuellement la présidence de l’Union africaine, accorde une attention particulière au bien-être des Égyptiens et des Africains, notamment en matière de santé et milite pour un meilleur équilibre entre développement économique et répartition des ressources.  Certes, des défis subsistent, a-t-elle indiqué, c’est pourquoi elle a appelé l’ensemble des pays à « retrousser les manches » pour concrétiser les objectifs du développement durable.

M. ISODORO SANTANA, Ministre de l’économie, de la planification et du développement de la République dominicaine, a salué le Programme d’action et le Consensus de Montevideo qui prévoient la mise en œuvre de mesures de politiques publiques relatives à la population et au développement.  Malgré la volatilité de la situation politique qui prévaut en Amérique latine, la République dominicaine présente une grande stabilité politique, économique et institutionnelle, avec un taux de croissance annuel moyen de 6,3% depuis 2013. 

Cette croissance a permis de réduire le taux de pauvreté de 9,3% à 2,9%, alors que le taux de chômage a baissé à 5,9%.  De plus, le Gouvernement a doublé ses investissements dans l’éducation et facilité un accès libre et gratuit à des méthodes de contraception et de planification familiale.  Ces mesures ont pour effet de favoriser l’égalité des sexes et la participation des femmes au monde du travail, a précisé le Ministre, tout en reconnaissant que des problèmes subsistent.  Toutefois, la hausse de l’immigration et de la population urbaine de même que le vieillissement de la population présentent des défis nouveaux.  Le Gouvernement dominicain s’attèle à résoudre les problèmes structurels qui subsistent afin de mettre en œuvre, au cours des prochaines années, le Programme d’action du Caire. 

Mme SLAVICA ĐUKIĆ DEJANOVIĆ, Ministre déléguée à la politique démographique de la Serbie, a parlé des huit objectifs spécifiques de la nouvelle Stratégie pour la promotion des naissances, de la nouvelle loi sur l’appui financier aux familles avec enfants et du Programme national pour la sauvegarde et l’amélioration de la santé sexuelle et procréative.  La Serbie a aussi mené avec le FNUAP une étude pour mieux comprendre les problèmes auxquels sont confrontés les parents et les employeurs pour concilier vie professionnelle et vie familiale.  Les résultats de l’étude viennent d’être traduits en actes dont l’attribution d’un prix aux entreprises qui offrent le meilleur environnement pour les parents et leurs enfants. 

La Serbie, qui subit un déclin démocratique, a aussi appris grâce à une autre étude que le manque d’opportunités, les bas salaires et le faible niveau de vie sont les principales causes de la fuite des cerveaux.  Nous savons, a conclu la Ministre, qu’il n’y a pas de solution simple à ce problème mais, en tant que Présidente du Groupe de travail interministériel sur le Programme 2030, la Serbie s’engage à aligner sa politique en matière de population avec les objectifs de développement durable.  Elle se soumettra d’ailleurs en 2019 à l’examen volontaire de la mise en œuvre de ces objectifs, mené par le Forum politique de haut-niveau en 2019. 

M. TIJJANI MUHAMMAD BANDE (Nigéria), s’exprimant au nom du Groupe des pays d’Afrique, a dit prendre en compte la réalité démographique du continent dans la définition de politiques sociales.  À cet égard, il a estimé que les dispositions du Programme 2063 de l’Union africaine et du Programme d’action du Caire s’efforcent de garantir l’égalité entre tous.  Les pays africains, a poursuivi le représentant, sont conscient des liens qui existent entre démographie, urbanisation, éducation et migration. 

Pour réaliser des progrès et atteindre les objectifs de développement durable, le représentant a souligné l’importance de « libérer l’énergie créative des jeunes », notamment en matière de formation professionnelle, de sciences et d’innovation.  Il a plaidé pour la hausse de l’aide publique au développement afin de soutenir les efforts de l’Afrique et réitéré le rôle essentiel du FNUAP afin de définir des politiques nationales utiles.  Il a assuré le Président de la Commission du soutien du Groupe des pays d’Afrique afin de parvenir à des positions consensuelles permettant la réalisation du Programme d’action. 

M. ERNESTO PERNIA (Philippines) a indiqué que son pays avait franchi des étapes importantes en termes de résultats atteints et de politiques adoptées pour respecter ses engagements du Programme d’action de la CIPD.  Si sa population croît chaque année, de deux millions par an environ, le taux de croissance a baissé pour arriver à 1,76%.  Le taux de fécondité a diminué et est maintenant de 2,7 enfants par femme, ce qui rapproche le pays du but, un taux de 2,4.  Le représentant a ajouté que la fécondité des adolescentes avait baissé.  L’utilisation des contraceptifs, passée de 38% en 2013 à 40% en 2017, n’est pas étrangère au déclin de la fécondité dans le pays, a-t-il précisé en reconnaissant toutefois que ce taux n’avait pas beaucoup augmenté en quatre ans.  Mais ce qui est sans précédent, c’est que les femmes rurales sont maintenant plus nombreuses que les femmes urbaines à utiliser les méthodes modernes de planification familiale.  M. Pernia s’est encore félicité de l’amélioration de l’accès aux soins de santé néonatale et aux services de santé des enfants.

Après avoir donné des détails sur les actions politiques en matière de population et de développement menées par le Président Duterte, le représentant a fait valoir que les Philippines ne sont plus un pays à la traîne dans la région.  Il a cité la croissance économique de 6% et l’investissement qui est fait dans le potentiel du capital humain.  Le Gouvernement vient d’adopter la loi sur la couverture santé universelle, qui rend obligatoire la souscription d’une telle assurance.  Des efforts se poursuivent également pour appliquer les réformes du secteur de l’éducation ainsi que pour offrir des enseignements supérieurs gratuits.

Mme MILA CAROVSKA, Ministre du Travail et de la politique sociale de la Macédoine du Nord a souligné que les caractéristiques de la population de son pays suivent la tendance régionale marquée par un vieillissement de la population.  Elle a mis en avant les progrès remarquables accomplis ces 20dernières années notamment en matière de réduction du taux de mortalité infantile - 8 décès pour 100 000 naissances.  Cependant, elle a reconnu des inégalités et la volonté de la Macédoine du Nord de répondre aux besoins de ceux qui sont à la traîne. 

La Ministre a évoqué le prochain recensement de la population, ce qui va « contribuer à fournir des données nécessaires ».  En matière de santé maternelle, elle a indiqué l’adoption de normes conformes aux normes européennes, notamment en matière obstétrique, et évoqué l’adoption d’une nouvelle législation concernant l’avortement, ainsi que les efforts déployés face aux violences sexistes.  Pour finir, elle a mis en avant la création de partenariats avec la région pour la promotion des meilleures pratiques relatives notamment à l’amélioration de la qualité de vie des personnes âgées. 

Mme GLORIA MONTENEGRO FIGUEROA, Ministre de la femme et des populations vulnérables du Pérou, a mis l’accent sur les avancées réalisées par son pays dans la mise en œuvre du Programme d’action de la CIPD, y compris la réduction de la pauvreté, de la malnutrition chronique et de la mortalité enfantine, ainsi que l’augmentation du niveau général des élèves en deuxième année d’école primaire.

La Ministre a toutefois indiqué que le Pérou était confronté à trois défis majeurs dans la mise en œuvre du Programme d’action du Caire, à savoir la persistance de la violence sexiste, le taux élevé de grossesse chez les adolescentes et la forte prévalence de l’anémie, qui touche environ 34% des enfants du pays.  Le Pérou, a-t-elle assuré est déterminé à faire avancer ces différentes problématiques, notamment dans le cadre du suivi du Consensus de Montevideo sur la population et le développement.

M. HÉCTOR LEONEL AYALA (Honduras) a reconnu que la mise en œuvre du Programme d’action de la CIPD est essentielle pour assurer un développement durable.  Le Honduras a adopté un « Plan pour tous pour une vie meilleure » afin de rétablir la paix, générer de l’emploi, appuyer les familles pauvres et améliorer la transparence des politiques.  Au niveau municipal, le Honduras a lancé des programmes afin d’améliorer les soins en matière de santé procréative, notamment par le biais du programme « Oui à la prévention de la grossesse ».  Enfin, le Honduras s’est doté d’un plan national d’adaptation aux changements climatiques.

Mme SHABANGU (Afrique du Sud) a dénoncé l’augmentation des extrémismes et du populisme à travers le monde, ainsi que la diffusion des idéologies autoritaires.  Le consensus du Caire, a-t-elle noté, s’est fondé sur la santé procréative, l’éducation et les services de santé pour les populations vulnérables.  Pour sa part, le Gouvernement sud-africain s’engage à garantir une couverture de santé universelle par le biais d’un programme national, y compris en matière de santé procréative. 

Alors que l’Afrique du Sud accueille de nombreux migrants de façon sûre et ordonnée, nous reconnaissons le lien entre migration et développement, a continué la représentante.  Elle a dénoncé toutes les formes d’intolérance et de violence commises contre les migrants.  La population jeune d’Afrique du Sud demande des investissements majeurs dans l’éducation et les infrastructures, a-t-elle noté.  Les nombreux programmes de lutte contre la pauvreté visent à puiser dans le capital humain et à venir en aide aux foyers les plus vulnérables.  Elle s’est félicitée, en terminant, du consensus sur la déclaration politique adoptée à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la CIPD.

Mme AMADOU AISSATA ISSA MAIGA, Ministre de la population du Niger, a souligné que son pays a transposé dans ses politiques, stratégies, plans et programmes nationaux ou sectoriels, la quasi-totalité de ses engagements internationaux et régionaux.  Le Niger, a-t-elle précisé, est en train de réviser à la hausse la loi sur les quotas des femmes qui passeront de 25 à 30% pour les fonctions administratives, et de 15 à 20% pour les fonctions électives.  En outre, l’école est gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans. Pour les enfants non scolarisés, des initiatives sont adoptées visant notamment les adolescentes, telle que « ILLIMIN : le savoir pour la dignité », lancée en 2013 par le Gouvernement avec l’appui technique du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), qui vise à retarder le mariage des enfants et prévenir les grossesses précoces en vue de réduire la mortalité maternelle.  D’autres interventions ciblées sur la santé sexuelle et procréative ont pour objectif de développer les connaissances des jeunes garçons et promouvoir des attitudes positives dans les rapports entre les sexes.

La question migratoire constitue également une des « préoccupations » du Niger, importante zone de transit entre les États subsahariens et de l’Afrique du Nord, a expliqué la Ministre.  Son pays est en train d’élaborer un document de politique nationale en la matière, en plus de disposer d’ores et déjà d’une stratégie de lutte contre la migration irrégulière.  Elle a, par ailleurs, évoqué la nouvelle politique de population « ambitieuse » finalisée par son gouvernement en vue de poser les jalons de la « capture du dividende démographique » à l’horizon 2030.

M. SOUPHANH KEOMIXAY, Ministre de la planification et des investissements de la République démocratique populaire lao, a estimé que le Programme d’action du Caire fait du bien-être de tous les segments de la population une condition essentielle à un développement équitable et durable.  Son pays a adopté un plan quinquennal de développement national qui s’appuie sur trois piliers, à savoir la croissance économique, le développement social et la protection environnementale, tout en accordant la priorité à l’humain.  De plus, le Gouvernement a intégré le Programme d’action dans ses mécanismes de planification, ce qui a notamment permis d’améliorer la santé des femmes et des jeunes, la mise en œuvre des objectifs du Millénaire et la formation du personnel de la santé.  Malgré ces succès, le Laos demeure un pays en développement qui fait face à des défis nombreux, notamment en matière de planification familiale et d’abandon scolaire.  Pour faire face à ces problèmes, le Gouvernement a intégré à son plan de développement le « Cadre Noi 2030 », qui prévoit notamment un renforcement des ressources basé sur l’analyse des tendances relatives à la population.

M. MYINT HTWE, Ministre de la santé et du sport du Myanmar, a souligné l’engagement de son pays en faveur de la mise en œuvre du Programme d’action de la CIPD et du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le Myanmar, a-t-il précisé, a adopté une politique de santé procréative liée à la dynamique démographique ainsi qu’à d’autres données.  En effet, a-t-il poursuivi, le développement n’est pas possible ni complet si les questions de santé ne sont pas prises à bras le corps.  Dans ce cadre, il a appelé à un appui complet de la communauté internationale afin d’accélérer la mise en œuvre du Programme d’action du Caire avec pour objectif la réalisation des objectifs de développement durable.

Confronté à une transition démographique rapide, le Myanmar a conduit un recensement en 2014, pour la première fois en 30 ans, avec l’aide du FNUAP, qui a livré des informations ventilées pour établir des stratégies et politiques adaptées.  Le Ministre a souligné, en outre, qu’un tiers de la population du pays est constituée de jeunes de 10 à 24 ans.  C’est un potentiel essentiel de son pays qui prévoit de mettre en œuvre en leur faveur des formations adaptées aux exigences du marché.

Pour M. BOCCHIT EDMOND (Haïti) l’approche systémique, globale et intégrée des questions de population sous l’angle des droits de l’homme, induite par la CIPD, a permis de répondre de façon adéquate aux préoccupations concernant la santé sexuelle et procréative, la planification familiale, la mortalité infantile et maternelle, l’égalité entre les sexes et l’émancipation des femmes, le développement durable et la migration internationale.  Haïti réitère son attachement aux orientations pertinentes du Consensus de Montevideo sur la population et le développement, adopté en août 2013, pour le suivi du Programme d’Action du Caire, dans la région Amérique latine et Caraïbes.  Ce programme est à l’origine d’importants changements qui ont été opérés en Haïti dans la structure par âge de la population, s’est félicité le représentant.  L’indice de fécondité est tombé de plus d’un tiers à 37,5%, passant de 4,8 à 3 enfants par femme entre 1994 et 2017.  En raison de la baisse de la fécondité, le nombre d’enfants de moins de 15 ans a également diminué et se situe à 35% en 2017 alors que le taux d’utilisation de la contraception moderne a plus que doublé, passant de 13% en 1994 à 32% en 2017, « même si l’on reste loin de la cible visée, c’est-à-dire, de l’accès universel à la contraception ».

Haïti, a expliqué son représentant, a formulé une politique nationale de population; mis en place un programme de formation et de recherche en population et développement à l’université d’État; fait avancer ses lois relatives à la violence sexuelle et sexiste, ainsi que la parité entre garçons et filles en matière d’éducation; et les données sur la population sont intégrées dans la stratégie de lutte contre la pauvreté et dans les stratégies globales de développement.  Parmi les défis « sérieux » à relever M. Edmond a cité la réduction de la pauvreté, l’accès universel à la santé procréative, la réduction de la mortalité maternelle, l’amélioration des conditions et droits de la femme, la gestion de l’environnement dans le contexte des changements climatiques ainsi que l’urbanisation et l’aménagement du territoire.  Enfin, il a souhaité qu’une attention accrue soit accordée à l’adéquation des ressources financières allouées aux PEID.

Pour tenir les promesses faites il y a 25 ans au Caire, Mme REINA BUIJS, Vice-Ministre pour le Développement de la Coopération des Pays-Bas, a appelé à investir davantage en matière d’égalité des sexes, de droits des femmes et des filles, ainsi dans la santé sexuelle et procréative.  Aux plans national et de la politique étrangère, les Pays-Bas placent leurs ambitions au-delà de celles adoptées par la CIPD et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, s’est-elle enorgueillie.  Elle en a voulu pour preuve l’approche globale en matière de santé et de droit relatifs à la sexualité et à la procréation et qui cible en particulier les adolescents, les jeunes, les populations clefs, ainsi que certains groupes marginalisés.  Une approche probante illustrée par les taux parmi les plus bas dans le monde s’agissant de la grossesse chez les adolescentes, de l’avortement et de la prévalence du VIH.  La ville d’Amsterdam a déjà réalisé la cible 90-90-90 du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida.

Mais, a-t-elle nuancé, « nous devons aussi améliorer nos résultats » en matière de lutte contre la violence sexiste, de représentativité des femmes dans des postes à responsabilité et d’égalité des salaires.  Une société vieillissante et les coûts des services de santé inhérents sont un autre défi que son pays doit relever.  L’adoption, l’année dernière, d’un cadre de surveillance régionale dans le cadre de la CIPD permettra, selon elle, de réaliser les promesses contenues faites au Caire et les objectifs de développement durable pour tous.

Mme LU CUI (Chine) a vanté les progrès notables réalisés dans la diminution des taux de mortalité maternelle et infantile depuis l’adoption du Programme d’action de la CIPD.  La Chine entend poursuivre dans cette veine en créant des politiques efficaces en matière de santé procréative.  Pour ce faire, elle propose de formuler des stratégies au plus haut niveau, incorporant des politiques de développement social et prenant en compte le contexte national et les données démographiques pertinentes.  Pour la représentante, il faut promouvoir un accès équitable aux services publics, tout en améliorant l’accès aux soins de santé, au sport et à la culture pour tous.  De plus, la chine encourage la communauté internationale à améliorer les mécanismes de dialogue regroupant les pays développés et les pays en développement. 

M. DAPKIUNAS (Bélarus) a souligné que son pays, tout comme les autres pays européens, est confronté au défi du vieillissement de sa population.  Le Bélarus œuvre à trouver une réponse efficace à cette question et cela au plus haut niveau à travers des mesures visant à stabiliser et corriger la situation démographique dans son pays, telles une politique d’aide en faveur des familles nombreuses et des actions pour encourager la natalité.  Il s’est, par ailleurs, félicité de l’augmentation de l’espérance de vie, le résultat entre autres d’une baisse de la mortalité et de services de santé de qualité.  D’ailleurs, en termes de mortalité infantile, le Bélarus figure parmi les 10 pays dans le monde qui affichent les meilleurs résultats.  Le représentant a également évoqué la stratégie nationale en faveur des personnes âgées qui promeut notamment une vie active adaptée.

M. ROBERT M. K. CHAKANDA (Sierre Leone) a précisé qu’en Sierra Leone, 75% de la population a moins de 35 ans.  Une telle réalité a inéluctablement des conséquences socioéconomiques et des implications pour le développement durable du pays, a noté le représentant, en soulignant notamment l’exode rural des jeunes et les difficultés de leur offrir des opportunités d’emplois et les services sociaux requis.  Seuls des investissements adéquats dans la santé, y compris la santé sexuelle et procréative, la planification familiale moderne, l’autonomisation des femmes, l’éducation, mais aussi dans des politiques économiques propices à la création d’emplois pour les jeunes et la bonne gouvernance peuvent permettre d’exploiter le dividende démographique, a-t-il affirmé, aidant ainsi le pays à avancer sur la voie du développement durable.

Avec une croissance démographique annuelle de 3,2% et un taux de fécondité de 5,6 enfants par femme, « il ne reste que très peu d’espace fiscal pour investir dans les services sociaux de base », a regretté M. Chakanda qui a néanmoins indiqué qu’une stratégie nationale de réduction des grossesses précoces et du mariage précoce a été lancée et que des efforts sont en cours pour introduire l’éducation sexuelle à l’école.  De plus, le Président Julius Maada Bio a récemment déclaré que le viol et la violence sexiste représentent une « urgence nationale » alors que la santé procréative et maternelle sont des priorités du plan national intitulé « Éduquer pour le développement ».  Dans le cadre de ce plan, un renforcement des services de santé du pays est prévu, ainsi qu’un meilleur accès aux services de base et à l’information, en collaboration avec les partenaires de développement de la Sierra Léone.

M. CHRIS BARYOMUNSI, Ministre d’État du logement et du développement urbain de l’Ouganda, a déclaré que la pleine mise en œuvre du Programme d’action de la CIPD constitue une priorité pour son pays.  Dans ce cadre, l’Ouganda poursuit également la réalisation des buts et objectifs d’autres instruments internationalement reconnus tels que la Déclaration de Beijing sur les femmes et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  De plus, le pays croit en la coopération Sud-Sud en matière de population et de développement.  Le Ministre a abordé les différentes actions prises par son gouvernement en faveur de l’éducation et qui ont d’ores et déjà porté leurs fruits, comme la parité des sexes à l’école primaire.  En dépit des efforts pour garantir une éducation de qualité, de nombreux défis demeurent, a-t-il cependant reconnu, citant un taux de fécondité élevé à hauteur de 5,4 enfants par femme et les grossesses chez les adolescentes en raison des mariages précoces, des pratiques culturelles et de la pauvreté.  Différents actions clefs ont été entreprises pour relever ces défis, notamment la révision de la politique nationale en matière de population pour réduire le taux de fécondité avec la planification familiale.

M. ECHARRI (Mexique) a dit que son pays s’est engagé à appliquer le Programme d’action de la CIPD, afin de favoriser le développement, tout en assurant le respect des droits de l’homme.  Il est nécessaire d’assurer la coopération entre le gouvernement, les milieux académiques et le monde des affaires afin de parvenir à des progrès substantiels en matière d’accès aux services publics.  Il faut également reconnaître qu’il existe toujours des fossés importants entre les femmes et les hommes, les populations autochtones et autres, a-t-il noté.  Pour sa part, le Mexique entend continuer de placer l’être humain au centre de ses politiques de développement, comme l’ont fait les pays de la région en adoptant l’Accord de Montevideo, feuille de route stratégique tenant compte du caractère hétérogène des États d’Amérique latine.  Pour y parvenir, il faut renforcer les mécanismes de reddition de compte en fonction des défis présents et à venir.  Le Mexique, a poursuivi le représentant, a adopté une approche à long terme pour faire face à ces problèmes.  Il s’est félicité en terminant de l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières et du Nouveau programme pour les villes, projets à grande portée qui font des droits humains un élément central.

M. ALHAJI HASSAN BASHIR, Président par intérim de la Commission nationale de la population du Nigéria, a jugé que l’application complète du Programme d’action de la CIPD revêt une importance fondamentale pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  À cet égard, le Nigéria a récemment mis en place un projet d’intervention spéciale pour consolider le secteur de la santé.  Il a également lancé une feuille de route pour valoriser le dividende démographique à travers l’investissement dans les jeunes et notamment pour mettre fin au mariage précoce.  En effet, 23% des adolescentes nigérianes de 15 à 19 ans ont déjà été enceintes avec les risques de mortalité maternelle que cela comporte, soit 576 décès pour 100 000 naissances.  De plus, si 61% des femmes en âge de procréer ont bénéficié de soins prénataux, seulement 36% d’entre elles ont accouché dans des installations sanitaires.  Pour finir, l’intervenant a annoncé l’organisation d’un recensement en 2020.

M. NEJMI (Maroc) a déclaré que son pays avait réalisé des progrès importants depuis l’adoption du Programme d’action du Caire en 1994.  Ainsi, le Gouvernement a choisi d’investir dans la dignité et le développement de chaque individu.  Le Maroc a lancé cette année la troisième phase de l’Initiative nationale pour le développement humain 2019-2023.  Le processus de transition démographique qu’achève le Maroc a mené à un vieillissement de la population, ce qui aura un impact sur la santé et les retraites.  Le Gouvernement, a noté le représentant, a donc lancé un programme de couverture médicale obligatoire ainsi qu’une stratégie nationale de la jeunesse, qui représente 30% de la population du pays.  De même, le Maroc a adopté une stratégie nationale de lutte contre le VIH/SIDA mettant l’accent sur la prévention.  Le Maroc a par ailleurs inscrit l’autonomisation des femmes au cœur de ses politiques nationales, notamment en les harmonisant avec celles de l’ONU.  Alors que le Maroc devient une destination des migrations, l’année 2018 a été une année charnière, notamment avec la tenue à Marrakech de la conférence intergouvernementale pour l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.

M. UDDIN (Bangladesh) a souligné que la population de son pays a été multipliée par cinq, passant de 29 millions en 1901 à 170 millions en 2018.  Le Bangladesh se trouve à la troisième phase de la transition démographique définie par un faible taux de natalité et de mortalité.  Ayant obtenu de grands succès dans la mise en œuvre des objectifs du millénaire, le pays est en bonne voie pour la réalisation des objectifs de développement durable, a assuré le représentant.  Au cours de la dernière décennie, il a maintenu une croissance économique de 7%, et l’espérance de vie a augmenté pour atteindre 72 ans.  Le Bangladesh espère devenir un pays à revenu intermédiaire en 2021 et un pays développé à l’horizon de 2041.  Dans ce cheminement, a expliqué le représentant, le pays dépend des jeunes qui représentent aujourd’hui 30% de la population.  Le gouvernement, a-t-il souligné, doit pourtant forger des partenariats pour faire face à la nature multidimensionnelle de la pauvreté, investir davantage dans la couverture sanitaire et la santé sexuelle et procréative. 

M. CARMELO INGUANEZ (Malte) a déclaré que seul l’état de droit permet de vivre dans la dignité et de réaliser son plein potentiel.  L’égalité hommes-femmes est une condition essentielle à la pleine mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence du Caire.  Cette égalité, ainsi que les droits LGBT, sont au cœur des lois nationales de Malte, a souligné le représentant.  Le Programme d’action a été le premier texte international à faire des droits reproductifs et sexuels des femmes une condition du développement.  Le manque d’accès à la santé procréative représente le principal frein à l’égalité des femmes, a constaté le représentant, tout en précisant que « l’avortement ne saurait constituer une méthode de contraception ».  Toutefois, il revient aux États Membres de décider si l’avortement devrait faire partie des droits procréatifs et sexuels des femmes au titre du droit national.  Malte est convaincu du droit intrinsèque à la santé, sans pour autant considérer que ces droits incluent le droit à l’avortement, qui va à l’encontre du droit à la vie, a conclu le représentant. 

Mme ANAT FISHER-TSIN (Israël) a souligné que les femmes et les filles représentent plus de la moitié de la population mondiale et que dès lors « nous devons assurer leur protection contre toutes formes de violences ».  Il est prouvé, a-t-elle poursuivi, que le meilleur intérêt pour la femme correspond au meilleur intérêt pour tous.  L’égalité des sexes est un droit fondamental qui n’a besoin d’aucune justification.  Israël a fait d’énormes progrès dans l’égalité des sexes et ce, dans une région où les femmes sont souvent exclues de la vie publique; son pays se distingue comme « un espace de démocratie en matière d’égalité ».  La représentant a ajouté qu’à l’ère de la mondialisation, un manque de vision et de planification dans un pays sera, tôt ou tard, ressenti par ses voisins et au-delà.  Ce n’est qu’en travaillant ensemble que les objectifs ambitieux énoncés par la CIPD seront réalisables.

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