En cours au Siège de l'ONU

Session de 2019, Forum des partenariats,
Matin & après-midi
ECOSOC/6970

ECOSOC: le Forum des partenariats examine des expériences réussies de mise en œuvre d’objectifs de développement durable qui seront au programme du Forum politique

« Nous sommes confrontés à de multiples défis pour atteindre les objectifs de développement durable et le temps presse. »  Fort de ce constat fait à l’ouverture de la session annuelle du Forum des partenariats du Conseil économique et social (ECOSOC), la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed, a lancé un appel aux gouvernements, à l’ONU et aux parties prenantes du secteur privé et de la société civile pour qu’ils s’engagent à travailler ensemble, de manière plus coordonnée et intégrée.

Ces protagonistes étaient réunis aujourd’hui pour débattre sur le thème des partenariats favorisant la mise en œuvre inclusive des objectifs de développement durable.  Ils ont insisté, au cours d’une conversation de haut niveau et de trois dialogues, sur le caractère essentiel des partenariats pour progresser dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et notamment des objectifs qui seront au menu du Forum politique de haut niveau pour le développement durable de juillet prochain, sous les auspices de l’ECOSOC. 

Brossant un tableau mitigé de l’état de la mise en œuvre du Programme 2030, Mme Mohammed a rappelé la situation: les changements climatiques ravagent la planète, un nombre impressionnant d’enfants et de jeunes n’ont toujours pas accès à l’éducation de base et aux services de santé, et la population de nombreux pays manque d’opportunités économiques, de travail décent et de protection sociale.

Elle a ensuite proposé d’investir dans les plateformes qui regroupent des partenaires de tous ordres, allant jusqu’aux petites et moyennes entreprises et aux acteurs locaux.  Elle n’a pas manqué de souligner l’importance de garantir une participation égale de tous, y compris des plus marginalisés, invoquant à ce propos « une éthique fondamentale de l’ère des objectifs de développement durable  ».

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmim, a, de son côté, salué le fait que de plus en plus de pays reconnaissent la nécessité d’établir des partenariats multipartites, notamment avec le secteur privé, en vue d’appuyer ces objectifs.  Diverses formes de partenariats public-privé apparaissent dans de nombreux secteurs comme le logement, l’agriculture et les technologies nouvelles. 

Le Vice-Premier Ministre du Liban, M. Ghassan Hasbani, et le Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, M. Péter Szijjártó, ont présenté des mesures prises par leur gouvernement respectif dans le cadre de la mise en œuvre du Programme 2030, notamment pour susciter des partenariats.  C’est pour renforcer ces initiatives nationales que l’ONU prévoit que toutes les équipes de pays soient désormais dotées d’un responsable chargé des partenariats, a annoncé M. Yuri Afanasiev, du Bureau de la coordination des activités de développement.

Pour sa part, la Directrice exécutive du Pacte mondial des Nations Unies, Mme Lise Kingo, a appelé à des partenariats susceptibles d’apporter de véritables changements.  Elle a mis l’accent sur des financements innovants, tout en invitant le secteur privé à s’engager davantage pour financer les 2 500 milliards de dollars nécessaires chaque année jusqu’en 2030.  Ainsi, le monde des affaires peut profiter du marché émergent des obligations vertes représentant 173 milliards de dollars.  Les entreprises peuvent aussi utiliser leur fonds de pension pour investir dans les projets contribuant au développement durable, a-t-elle suggéré. 

La Présidente de l’ECOSOC, Mme Inga Rhonda King, a plaidé pour que les partenariats impliquant l’ONU soient transparents, conformes à des normes arrêtées et soumis à une exigence de résultats.  Les spécialistes présents à ce forum ont justement présenté des résultats de partenariats relatifs aux objectifs de 2030 qu’examinera en juillet le Forum politique de haut niveau, à savoir l’objectif 4 (éducation de qualité), l’objectif 8 (croissance inclusive et un travail décent pour tous), l’objectif 10 (réduction des inégalités) et l’objectif 13 (lutte contre les changements climatiques).  Des progrès dans l’objectif 4 ont été enregistrés, par exemple, grâce au Partenariat mondial pour l’éducation, lancé en 2002, qui a permis de scolariser 77 millions d’enfants à travers le monde.

L’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, Mme Jayathma Wickramanayake, a estimé qu’il fallait des investissements dans des domaines tels que l’éducation, la santé ou des emplois décents pour juguler les migrations, notamment pour les jeunes qui sont tentés de quitter leur pays pour trouver une vie meilleure.  Dubitative, la défenseuse des objectifs de développement durable, Mme Alaa Murabit, a noté que « nous sommes confrontés à des gouvernements qui parlent beaucoup, mais qui agissent peu », décriant ainsi un manque de volonté politique alors que les dépenses sont orientées vers le secteur de l’armement.

Résumant la troisième et dernière session, sa modératrice a appelé à plus de partenariats qui « représentent ce que les pays souhaitent », tout en demandant que l’ONU simplifie ses systèmes et procédures dans le domaine des partenariats.  La Présidente de l’ECOSOC a promis que le résumé analytique du Forum serait envoyé au Forum politique de juillet prochain.

Lancé en 2008, le Forum des partenariats a été redynamisé avec l’adoption du Programme 2030 dont l’objectif 17 concerne justement la question des partenariats.

L’ECOSOC a par ailleurs tenu une brève séance plénière au cours de laquelle elle a décidé* que le thème de son débat consacré aux affaires humanitaires sera « Promouvoir les actions permettant de sauver des vies, de toucher les populations en ayant besoin et de réduire les risques, les vulnérabilités et les besoins d’ordre humanitaire: à l’horizon du soixante-dixième anniversaire des Conventions de Genève du 12 août 1949 et du Sommet sur le climat convoqué par le Secrétaire général ».

En outre, elle a autorisé** le Secrétaire général à établir, à titre exceptionnel, le projet de budget-programme du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat) pour 2020 en se fondant sur la nouvelle orientation stratégique de l’agence présentée dans le projet de plan stratégique pour la période 2020-2025. 

* E/2019/L.6 
** E/2019/L.5 

FORUM DES PARTENARIATS

« Les partenariats favorisant la mise en œuvre inclusive des objectifs de développement durable »

Déclarations liminaires

La Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme INGA RHONDA KING, a tout d’abord rappelé que le thème du Forum des partenariats de cette année est « Les partenariats favorisant la mise en œuvre inclusive des objectifs de développement durable ».  Passant en revue les plus grands défis de ce début de siècle comme les changements climatiques, les flux migratoires ou encore les inégalités croissantes, Mme King a également souligné la nouvelle donne qu’apportent les nouvelles technologies non seulement en termes d’opportunités mais aussi de changements et de transformations en matière de développement.  La mise en œuvre du Programme 2030 est soumise à de plus en plus de pressions et, pourtant, il y a d’importants succès dont nous pouvons nous enorgueillir, a-t-elle indiqué, en espérant que ce forum serait l’occasion de débattre de ce qui nécessite davantage d’attention.

Les spécialistes présents à ce Forum sur les partenariats mettront l’accent sur les objectifs de développement durable qui feront l’objet d’un examen lors du Forum politique de haut niveau de juillet, à savoir l’objectif 4 (éducation de qualité), l’objectif 8 (croissance inclusive et un travail décent pour tous), l’objectif 10 (réduction des inégalités) et l’objectif 13 (lutte contre les changements climatiques).  Tous ces objectifs sont intimement liés, a-t-elle noté. 

Ce forum sera l’occasion de comprendre comment des plateformes de partenariats multipartites prises en charge par les gouvernements peuvent concrètement favoriser la réalisation du Programme 2030 au plan national.  Finalement, il sera également envisagé comment redoubler d’ambition dans les partenariats qui impliquent l’ONU.

L’ECOSOC a un rôle essentiel à jouer pour mobiliser et conclure les partenariats, a poursuivi Mme King, en observant que le Forum des partenariats de l’ECOSOC dispose d’une position unique lui permettant d’examiner et de revoir si nécessaire les partenariats à l’appui au Programme 2030.  Les partenariats impliquant l’ONU doivent être transparents, a précisé Mme King, ajoutant qu’ils doivent être conformes à des normes et être soumis à une exigence de résultats.  Mme King attend de ce forum des recommandations et idées pour donner un nouveau souffle à une mise en œuvre inclusive des objectifs de développement durable.

Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a salué, notamment, les partenaires du monde des affaires qui se sont engagés depuis 2015 à appuyer la réalisation du Programme 2030.  « Nous sommes confrontés à de multiples défis pour atteindre les objectifs de développement durable et le temps presse », a souligné Mme Mohammed en rappelant que les changements climatiques ravagent la planète, qu’un nombre impressionnant d’enfants et de jeunes -en particulier de filles et de jeunes femmes- n’ont toujours pas accès à l’éducation de base et aux services de santé, et que la population de nombreux pays manque d’opportunités économiques, de travail décent et de mesures de protection sociale.  Partout dans le monde, les inégalités se creusent et fragilisent des sociétés pacifiques.

Relevant l’ampleur de la tâche, Mme Mohammed a néanmoins estimé qu’il était encore possible de réussir.  Le développement durable exige une approche totalement intégrée, impliquant toutes les parties prenantes, a-t-elle dit en insistant sur le caractère essentiel des partenariats pour progresser dans la réalisation du Programme 2030, comme le prévoit d’ailleurs l’objectif 17.  C’est pourquoi la Vice-Secrétaire générale a lancé un appel aux gouvernements, à l’ONU et aux parties prenantes du secteur privé et de la société civile pour qu’ils s’engagent à travailler ensemble, de manière plus coordonnée et intégrée.  Les gouvernements seuls ne peuvent pas atteindre les objectifs de développement durable, a-t-elle rappelé.

Sa deuxième recommandation a été de donner la priorité aux investissements dans les plateformes qui regroupent des partenaires de tout ordre, allant jusqu’aux petites et moyennes entreprises et aux acteurs locaux.  Il faut s’écarter des approches étroites en silos, a-t-elle dit en prônant des investissements dans les priorités transversales à haut rendement.  Ces domaines sont notamment l’éducation de qualité, les services de santé, l’énergie zéro carbone et la protection de l’environnement.

En troisième lieu, Mme Mohammed a souligné que pour réaliser le Programme 2030, on dépend dans une large mesure du leadership, de l’innovation et des collaborations stratégiques au niveau local.  « Nous devons tirer parti des connaissances et de l’expérience des communautés locales et des acteurs sur le terrain pour nous assurer de reproduire et d’amplifier les modèles les plus prometteurs. »

Quatrièmement, pour renforcer l’appropriation des objectifs, il faut veiller à ce que le processus soit « inclusif, transparent et responsable », a ajouté la Vice-Secrétaire générale, car, a-t-elle fait valoir, « toutes les parties prenantes, grandes ou petites, doivent trouver une place pour jouer leur rôle et apporter leur contribution ».

Au cours de ce forum, « nous ne devons pas éviter les conversations difficiles sur la nécessité de combler les déficits de compétence dans les partenariats, de remédier aux manques de financement et de combler les lacunes en matière de données », a lancé Mme Mohammed.  Elle a également mis l’accent sur la nécessité de garantir une participation égale de tous, y compris des plus marginalisés, invoquant « une éthique fondamentale de l’ère des objectifs de développement durable ».  Enfin, elle a plaidé pour le renforcement des capacités des groupes vulnérables, en suivant les règles d’inclusion et de responsabilisation.  « Les jeunes, en particulier les jeunes femmes et les entrepreneurs, sont à la pointe du progrès des objectifs de développement durable », a-t-elle fait remarquer en demandant d’être attentif à leur vision et de s’inspirer de leur détermination et de leur engagement à créer un monde meilleur.

À l’occasion du quatrième anniversaire de l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, M. LIU ZHENMIM, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a souligné que la responsabilité première de son application revient aux gouvernements, ce qui n’est pas possible sans l’appui des partenariats multipartites et de la coopération.  Lors de la session du Forum politique de haut niveau qui se tiendra en juillet 2019, 51 États Membres soumettront leurs rapports d’« examen national volontaire », a indiqué M. Zhenmim, qui y voit une preuve encourageante de l’attachement du monde à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Le Secrétaire général adjoint a également souligné que de plus en plus de pays reconnaissent l’importance de construire des partenariats multipartites, y compris avec le secteur privé, en vue d’appuyer ces objectifs.  Diverses formes de partenariats public-privé apparaissent dans de nombreux secteurs comme le logement, l’agriculture et les technologies nouvelles, a-t-il constaté.  Le forum d’aujourd’hui sera l’occasion, a-t-il espéré, de découvrir ces différentes formes de partenariats à travers des exemples concrets.  Mobiliser les partenariats est essentiel si nous voulons mettre en œuvre les objectifs de développement durable de manière inclusive, a conclu M. Zhenmim.

M. GHASSAN HASBANI, Vice-Premier Ministre du Liban, a expliqué que son pays avait commencé par établir des mécanismes nationaux de mise en œuvre des objectifs de développement durable et de leur suivi.  Un comité des objectifs de développement durable, qui est présidé par le Premier Ministre, coordonne tout ce qui est fait dans le pays en la matière, a-t-il précisé.  Il a expliqué comment la société civile et le secteur privé avaient été impliqués dans le travail de mise en œuvre au Liban, sans oublier les autorités locales.  Il a fait remarquer en effet que beaucoup de choses peuvent être réalisées si toutes les parties prenantes sont impliquées, notamment la société dans son ensemble et pas seulement le gouvernement.

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, pour lequel l’adoption des objectifs de développement durable est l’une des réalisations les plus importantes de l’ONU, a tiré la sonnette d’alarme en affirmant que si on ne les réalise pas, il y aura de graves conséquences pour le monde.  S’agissant de la manière de s’y prendre, il a estimé qu’il fallait faire preuve de souplesse car si quelque chose fonctionne dans le pays A, cela ne fonctionnera pas forcément dans le pays B.

L’un des plus grands défis actuels sont les flux migratoires qui posent de grandes difficultés pour la communauté internationale, a remarqué le Ministre.  Il faut avoir une bonne évaluation du phénomène lui-même pour pouvoir y répondre, a-t-il estimé, plaidant pour une solution qui passe par une aide en amont, pour que les migrants potentiels puissent rester dans leurs pays d’origine.  « Il faut s’attaquer aux causes profondes des problèmes », a-t-il martelé en affirmant que l’entrée massive de migrants en Europe ces dernières années a été une erreur qui a mis à l’épreuve les pays européens.

S’appuyant sur les projections démographiques de l’ONU, le Ministre a estimé que la principale question est de savoir si le continent africain et le Moyen-Orient seront en mesure de prendre en charge leurs populations croissantes à l’horizon 2050.  Il ne fait pas de doute à ses yeux que ces régions doivent pouvoir compter sur l’aide de la communauté internationale.

M. Szijjártó a avancé un certain nombre d’idées pour faire face à ce défi, comme l’impératif d’une éducation de qualité dans ces pays, ce qui peut se traduire par des programmes de bourses éducatives.  La Hongrie offre d’ailleurs 5 400 bourses chaque année à des jeunes africains.  De plus, la Hongrie soutient les communautés chrétiennes au Moyen-Orient pour les aider à rester sur place.  Le Ministre a encouragé, en outre, des programmes d’aide spéciale aux pays frappés par un conflit et aux pays voisins, pour que les réfugiés restent « près de leurs pays d’origine » de manière à pouvoir y revenir plus facilement.  À titre d’exemple, la Hongrie a financé des projets pour aider des réfugiés iraquiens qui vivent en Jordanie.  Le Ministre a saisi cette occasion pour exprimer son respect à l’égard du Liban, pays qui accueille des millions de réfugiés.  Il a également encouragé une aide financière à conditions favorables pour soutenir les efforts de développement dans ces régions.

Conversation de haut niveau: « Le rôle des partenariats dans la mise en œuvre inclusive du Programme de développement durable à l’horizon 2030 »

L’animatrice de la conversation de haut niveau, Mme LAURA TREVELYAN, journaliste à la BBC, a lancé les échanges en rebondissant sur les propos du dernier orateur de la cérémonie d’ouverture.  En effet, le Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie avait encouragé des partenariats entre le Nord et le Sud afin de soutenir les efforts de développement dans les régions d’où proviennent la majorité des réfugiés et migrants qui arrivent en Europe. 

L’immigration n’est en effet pas le problème d’un seul pays et il faut donc des partenariats pour arriver à des solutions collectives, a relevé Mme ALAA MURABIT, Commissaire de haut niveau sur la santé, l’emploi et la croissance économique, et défenseuse des objectifs de développement durable.  Parlant du rôle des entreprises dans ce contexte, elle n’a pas voulu que l’on parle de leur « philanthropie », préférant invoquer la « responsabilité sociale des entreprises ». 

C’est justement dans ce cadre que la Vice-Présidente exécutive de Mastercard, Mme ANN CAIRNS, a présenté une initiative de son entreprise visant à favoriser l’accès des populations défavorisées au système financier formel, notamment pour soutenir les femmes.  De même, un projet a permis à Mastercard de fournir de l’énergie solaire à des populations africaines qui, en retour, payent pour les panneaux solaires selon un échéancier souple. 

Mme JAYATHMA WICKRAMANAYAKE, Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, a estimé qu’il fallait des investissements dans des domaines tels que l’éducation, la santé ou des emplois décents pour juguler les migrations, notamment pour les jeunes qui sont tentés de quitter leur pays pour trouver une vie meilleure.  Les jeunes se servent d’ailleurs des médias sociaux pour établir des partenariats entre eux et demander des comptes aux dirigeants, a-t-elle fait remarquer. 

La Vice-Présidente exécutive de Mastercard a aussi rappelé que c’est depuis 2011 que la compagnie a créé une fondation dédiée au développement durable.  Elle a mentionné un partenariat avec le Programme alimentaire mondial (PAM) pour la prise en charge des réfugiés au Liban.  L’entreprise fournit à ces derniers des cartes de payement qui sont alimentées par des fonds du PAM pour les achats de produits de première nécessité.  Les données collectées par le biais de ces cartes ont permis au PAM de négocier au rabais les prix des produits les plus consommés, notamment le lait en poudre.  De même, dans certaines villes d’Europe, comme Londres, les populations sont sensibilisées sur le fait que l’utilisation des Mastercard pour emprunter le métro permet de fournir des repas chauds aux écoliers de certaines régions défavorisées du monde.  « Et cela marche à merveille », s’est félicitée Mme Cairns, qui a aussi parlé d’un gain en matière d’atténuation des effets des changements climatiques par la réduction de la production du gaz carbonique des voitures. 

À ce propos, l’Envoyée pour la jeunesse a salué le partenariat des jeunes du monde entier qui ont manifesté le 15 mars dernier pour appeler les dirigeants à agir davantage en faveur du climat.  Ces jeunes ont exprimé notamment combien ils étaient fatigués des discours et ils ont appelé à l’action, a-t-elle noté.

« Nous sommes confrontés à des gouvernements qui parlent beaucoup, mais qui agissent peu », a relevé à cet égard la défenseuse des objectifs de développement durable, qui a déploré le manque de volonté politique pour la mise en œuvre les objectifs de développement durable.  Selon elle, « on peut regarder les chiffres des dépenses militaires pour se faire une opinion sur la question ».  Ainsi, les dépenses pour les armes ne cessent de croître, alors que celles dédiées aux questions d’éducation, de santé et d’autonomisation des femmes suivent une courbe différente.  Pourtant, « on n’a point besoin de bombe pour résoudre les problèmes de société », a-t-elle martelé tout en prévenant qu’en privilégiant l’armement, les sociétés se tirent une balle dans le pied.

L’Envoyée pour la jeunesse a en outre déploré le fait que les partenariats pour l’innovation ne profitent pas toujours aux plus vulnérables, notamment les femmes et jeunes des communautés les plus vulnérables.  Un constat qui a fait dire à l’animatrice de la conversation que « si les partenariats sont importants pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, il ne faut pas oublier que l’avenir appartient aux jeunes ». 

Débat interactif: « Les mesures à prendre pour mettre en place des plateformes de partenariats efficaces au niveau des pays »

La réforme de l’architecture du développement de l’ONU, et en particulier ses nouvelles plateformes par pays, cherche, entre autre, à remédier à la fragmentation de l’action des Nations Unies sur le terrain et à faciliter les partenariats à l’appui du développement durable au niveau national, a expliqué ce matin la Coordonnatrice résidente des Nations Unies pour les îles Cook, Nioué, le Samoa et les Tokélaou, Mme SIMONA MARINESCU, qui animait le débat interactif sur les mesures à prendre pour mettre en place des plateformes de partenariats efficaces au niveau des pays. 

Même si les partenariats ont connu une expansion sans précédent, le pari du développement ne sera possible que s’ils sont repensés, élargis et pérennisés.  Tel a été le constat de la tribune d’experts, ce matin, à commencer par la Représentante permanente du Belize, qui est Coprésidente du Comité directeur des partenariats en faveur des petits États insulaires en développement (PEID), Mme LOIS M. YOUNG.  S’appuyant sur l’expérience de son pays, qui s’est porté volontaire en 2013 pour être un des pays pilotes pour la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable des Nations Unies, elle a mis l’accent non seulement sur la pertinence des Orientations de Samoa et du Programme 2030, mais aussi sur la manière d’intégrer ces programmes dans les politiques nationales.  C’est précisément en cela que ladite stratégie est utile, puisqu’elle préconise une approche systématiquement intégrée et met l’accent sur le rôle volontaire et proactif de l’État, tout en soulignant l’importance des politiques sociales novatrices et de la bonne gestion des ressources naturelles.  Preuve de son intégration transversale, la mise en œuvre de cette stratégie est devenue la responsabilité de chaque ministère.  À ce stade, la Stratégie a permis au Belize d’obtenir un soutien pour son développement, de faire face aux défis émergents, et de suivre et adapter les initiatives et partenariats afin qu’ils restent pertinents et alignés sur les priorités nationales.

Il s’agit en fait d’un plan directeur qui donne des directives pour l’alignement des nouveaux partenariats sur les priorités de développement du Belize, a expliqué Mme Young.  Elle a aussi rappelé que le Cadre de partenariats pour les PEID avait développé 10 critères pour des partenariats réussis, les critères SMART (spécifique, mesurable, réalisable, fondé sur les ressources, avec une durée limitée).  Un comité directeur est en train de suivre les résultats obtenus dans le Cadre de partenariats, de manière à en tirer des leçons et à identifier les lacunes.  Ce sont d’ailleurs ces critères que Mme Young a repris lorsque le représentant de la Chambre de commerce internationale a demandé aux experts s’il existait des principes fondamentaux permettant d’assurer le succès des partenariats avec le secteur privé. 

Pour le Secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), M. HONGJOO HAHM, l’un des facteurs de la réussite des partenariats -notamment public-privé- pour le développement, c’est la planification tant au niveau national que sous-régional et régional.  Cette planification permet d’identifier les besoins et de définir clairement les résultats recherchés par les partenaires.  Dans son exposé sur l’approche de la CESAP pour promouvoir ces partenariats, M. Hahm a fait la distinction entre les partenariats avec le secteur privé, la société civile et le système des Nations Unies.  Le principal document pour réaliser les objectifs de développement durable reste, selon lui, la feuille de route régionale que la CESAP promeut et qui prévoit au niveau national les examens nationaux volontaires, au niveau régional, le rôle du Forum Asie-Pacifique pour le développement durable, et au niveau mondial, le Forum politique de haut niveau.  Avançant une enveloppe budgétaire de 1,5 milliard de dollars pour pouvoir réaliser les objectifs de développement durable à l’échelle de sa région, il a expliqué que si pour un pays comme la Chine, ce pari reste de l’ordre du possible, pour d’autres pays il représente une tâche « herculéenne ».  Pour ces pays, le défi 2030 ne sera possible qu’avec le soutien de l’aide au développement, de la coopération et de partenariats efficaces et innovants. 

Comme le secteur privé est de plus en plus souvent appelé à intervenir dans le contexte du développement durable et au nom de la responsabilité sociale, Mme JOSEPHINE SATYONO, la Directrice exécutive du Réseau local du Pacte mondial de l’ONU en Indonésie, a apporté son éclairage sur le rôle essentiel de ces réseaux dans la mobilisation du secteur privé au niveau local.  Pour elle, le secteur privé ne devrait plus être perçu seulement comme une source de financements, mais plutôt comme un partenaire à part entière de la concrétisation du Programme 2030.  Dirigés par des entreprises nationales qui ont signé un mémorandum d’accord avec l’ONU, ces réseaux locaux ont contribué à la mise en place de plateformes de partenariats multipartites.  Ils facilitent leurs contributions concrètes à la réalisation des objectifs de développement durable.  Mme Satyono a parlé des nouvelles normes de qualité du Pacte mondial et a évoqué diverses manières de travailler sur des partenariats avec les équipes de pays de l’ONU.  Notant que le secteur privé ne peut travailler à lui seul sur les objectifs de développement durable, l’intervenante a estimé que les réseaux locaux du Pacte mondial devraient devenir les points focaux de contact entre les membres du système des Nations Unies et les acteurs du secteur privé sur le terrain.

Rebondissant sur cet exposé, la Fédération de Russie a rappelé avoir créé un tel réseau national du Pacte mondial dès 2008.  Ce réseau, qui s’est beaucoup développé, réunit désormais des entreprises de différents secteurs de l’économie nationale pour créer des entreprises responsables.  Constatant que le Programme 2030 et le Programme d’action d’Addis Abeba donnent un rôle important au secteur privé, le représentant a néanmoins insisté sur le fait que les partenariats lancés dans ce cadre, y compris public-privé, doivent respecter les législations nationales. 

De son côté la représentante du Groupe des 77 (G77) et la Chine a réitéré haut et fort que la mise en œuvre du Programme 2030 repose sur la redynamisation du partenariat mondial pour le développement, un point de vue partagé par son homologue de l’Union européenne

L’ampleur et le degré d’ambition du Programme 2030 exigent des partenariats solides, durables et multipartites tout en respectant les priorités nationales, et le G77 et la Chine tiennent à dire à nouveau que la coopération Sud-Sud vient compléter, et non pas se substituer à la coopération Nord-Sud.  La représentante en a profité pour un rappel à l’ordre des pays développés qui, dans ce contrat collectif pour le développement durable, doivent impérativement s’acquitter de leurs engagements en termes d’aide publique au développement.  À ce sujet, le Maroc a indiqué que la coopération Sud-Sud est désormais l’un des piliers de la politique étrangère de son gouvernement.  S’agissant des migrations dans le contexte du développement durable, le Maroc a annoncé la prochaine ouverture dans son pays de l’Observatoire africain des migrations.

Comme l’a souligné l’Union européenne (UE), le développement durable n’est pas la responsabilité de l’État seul mais incombe à l’ensemble de la société, y compris au secteur privé et à la société civile, d’où l’intérêt des partenariats multipartites.  C’est dans cet esprit que l’UE est résolument engagée en faveur d’une approche participative dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Toutefois, elle appelle l’ONU à déployer de toute urgence tout son potentiel de partenariats et à s’éloigner des dons caritatifs.  Afin de créer de nouveaux partenariats innovants, il faut tirer les leçons de nos échecs et être plus ouvert aux risques, a estimé son représentant, pour lequel le strict respect des 10 principes du Pacte mondial pour le choix des partenaires sont des garde-fous et devraient s’appliquer à tous les niveaux.

En vue de rendre l’approche des partenariats à l’appui au développement durable plus cohérente et efficace, les Émirats arabes unis ont créé, l’an dernier, le Conseil mondial pour les objectifs de développement durable qui, à travers son fonds d’affectation spéciale, finance des projets de développement durable notamment dans les PEID.

Répondant à une question de l’Indonésie qui demandait comment on peut renforcer les partenariats avec des pays très reculés ou à faible échelle économique, le Secrétaire exécutif adjoint de la CESAP a expliqué que même si le secteur privé risque de ne pas vouloir s’impliquer dans ces pays faute de gains potentiels suffisants, il fallait insister sur les effets multiplicateurs de ses investissements, citant, à titre d’exemple, les investissements dans les femmes qui ont des répercussions positives sur les familles et leurs communautés locales.  La Coprésidente du Comité directeur des partenariats en faveur des PEID a suggéré d’envisager des partenariats portant sur plusieurs îles, par exemple. 

Débat interactif: « Les partenariats multipartites comme levier pour favoriser l’inclusion et les résultats »

La seconde table ronde de la journée, animée par M. ROBERT LAWRENCE SKINNER, Directeur exécutif du Bureau des Nations Unies pour les partenariats, était l’occasion de débattre des partenariats multi-acteurs innovants et efficaces qui soutiennent la mise en œuvre des objectifs de développement durable et qui seront au menu de la prochaine session du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, sous les auspices de l’ECOSOC, prévu en juillet prochain.

En ce qui concerne l’objectif 4 (éducation de qualité), Mme REBECCA AFFOLDER, Conseillère principale au Partenariat mondial pour l’éducation, a expliqué que depuis son lancement en 2002, ce partenariat multipartite a permis de scolariser 77 millions d’enfants à travers le monde.  Mais malgré ces efforts, de nombreuses filles de pays en développement n’ont toujours pas accès à une éducation de qualité.  Elle a donc plaidé pour que les dirigeants s’engagent à agir, tout en se félicitant du fait que de nombreux chefs d’État et de gouvernement se soient désormais faits champions de l’éducation des filles. 

Pour l’objectif 8 (travail décent et croissance économique), c’est Mme SUSANA PUERTO, spécialiste de l’emploi des jeunes à l’Initiative mondiale pour des emplois décents pour les jeunes, qui a présenté les avancées de ce secteur.  L’Initiative compte aujourd’hui 63 partenaires qui s’impliquent dans les huit domaines identifiés par l’Initiative comme favorables pour l’emploi des jeunes. 

Dans le cadre de la réduction des inégalités (objectif 10), Mme MARI SKÅRE, Représentante permanente adjointe de la Norvège auprès de l’ONU, a parlé de l’initiative « Toutes les femmes, tous les enfants » lancée pour réduire la mortalité maternelle et infantile, qui a permis de créer des partenariats avec pas moins de 400 acteurs et parties prenantes.  Elle a plaidé pour davantage d’investissements dans la santé, « puisqu’une bonne santé signifie un individu et une société pleinement productifs ».  C’est pourquoi la Norvège a investi plus d’un milliard de dollars dans ce secteur à travers le monde.  La représentante a déploré qu’en 2015, les complications de grossesse ou l’accouchement aient causé le décès de 300 000 femmes, alors même que des millions d’enfants continuent de perdre la vie avant d’atteindre l’âge de 5 ans.  C’est fort de ces constats qu’elle a invité à renforcer les partenariats entre États, avec le secteur privé et au niveau mondial pour trouver des solutions durables à ces problèmes. 

Dans le cadre de l’objectif 13 (action pour le climat), M. WASIM AHMED, Directeur à la Banque islamique de développement, a expliqué que le plan quinquennal de la Banque envisage de cibler des projets dits verts qui soient transformateurs dans la lutte contre les changements climatiques.  La Banque a donc engagé un partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour promouvoir des investissements ayant un impact dans ce sens.  La Banque finance en ce moment des projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans certains pays comme l’Indonésie. 

La représentante de l’ONG « Sustainability » a enchaîné en plaidant pour la neutralité carbone, afin de pouvoir stabiliser la température terrestre.  Elle a déploré le fait que depuis l’établissement, en 2015, de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, trois usines fonctionnant au charbon aient été créées dans le monde.

L’évocation de l’objectif 16 (paix, justice et institutions efficaces) a donné l’occasion à Mme KARINA GERLACH, Conseillère principale en programmes au Centre de la coopération internationale de New York University (NYU), de parler de Pathfinders for Just and Inclusive Society, un groupe de plus de 40 membres regroupant les Nations Unies, les États, le secteur privé et la société civile, qui œuvrent à la réalisation de l’objectif de développement durable 16.  Ce sont les Gouvernements du Brésil, de la Sierra Leone et de la Suisse qui ont convoqué les membres de Pathfinders pour répondre à la vision du Programme 2030 qui veut que toutes les populations vivent dans des sociétés pacifiques, justes et inclusives, exemptes de peur et de violence. 

Une feuille de route a donc été établie avec 36 cibles mesurant directement un aspect de la paix, de l’inclusion ou de l’accès à la justice, et favorisant son application dans divers contextes nationaux, permettant à terme la mise en œuvre des objectifs de développement durable, notamment l’objectif 16.  Tous les pays sont invités à en devenir des pionniers, en utilisant la feuille de route pour renforcer leur mise en œuvre des objectifs de développement durable en lien avec l’objectif 16 (les « SDG16+ ») et pour partager leur leadership et leurs expériences dans la construction de sociétés pacifiques, justes et inclusives.

Le Forum des partenariats a ensuite entendu M. OTMANE BENNANI SMIRES, Vice-Président exécutif à l’OCP Group, une entreprise minière marocaine d’exploitation du phosphate fondée en 1920.  Il a expliqué comment son entreprise contribue à la conservation des écosystèmes, tout en favorisant l’entrepreneuriat féminin, car elle soutient les coopératives de femmes qui pratiquent la culture du quinoa dans les sites abandonnés par OCP. 

La République de Corée, s’exprimant également au nom du Mexique, de l’Indonésie, de la Turquie et de l’Australie, a rappelé que les gouvernements seuls ne peuvent parvenir à réaliser les objectifs de développement durable.  Il faut donc faire appel à des partenariats multipartites et entendre la voix de tous, y compris celle des plus vulnérables.  Pour rendre ses partenariats efficaces, cette délégation a proposé de renforcer l’intégration transversale et d’éviter de travailler de manière cloisonnée. 

Le représentant d’INTERPOL a, pour sa part, présenté le partenariat des polices du monde pour assurer la sécurité internationale, un préalable du développement durable, a-t-il noté.

Débat interactif: « Faire preuve d’ambition pour les partenariats associés à l’ONU »

Rappelant que l’une des recommandations de la récente réunion du Groupe d’experts sur les partenariats multipartites était d’établir un mécanisme d’examen plus cohérent, distinguant différents types de partenariats, avec des exigences distinctes pour les partenariats dirigés par l’ONU, la modératrice de ce débat, Mme RIE VEJS-KJELDGAARD, Directrice du Département des partenariats et de l’appui au terrain de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a soulevé la question de savoir si l’ONU était prête pour cette entreprise.

Déjà, il faut savoir que tous les bureaux de pays de l’ONU auront désormais un responsable chargé des partenariats, a annoncé M. YURI AFANASIEV, Conseiller stratégique auprès du Directeur du Bureau de la coordination des activités de développement, et aussi ancien coordonnateur résident dans plusieurs pays.  Il y a vu un moyen pour rendre les partenariats plus efficaces.  La réforme du Système des Nations Unies pour le développement a d’ailleurs été abordée, au cours de la discussion, sous l’angle de ce qu’elle peut apporter pour l’examen éventuel de l’efficacité des partenariats à l’échelle du système.

Il s’agissait aussi, cet après-midi, d’évoquer les moyens dont dispose l’ONU pour promouvoir la cohérence dans le processus interinstitutions dirigé par le Groupe de travail des Nations Unies pour le développement (GNUD), l’objectif étant de créer une approche systémique des partenariats au niveau opérationnel avec des processus de gouvernance à l’échelle du système.

À ce sujet, M. Afanasiev a remarqué qu’avec la réforme en cours, le plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD) allait intégrer les partenariats traditionnels avec ceux de la société civile, des ONG et du secteur privé, mais également avec les partenariats multipartites.  Pour lui, il va falloir éviter d’avoir « 52 procédures de précaution » dans ce domaine, expliquant que c’était là l’une de ses principales sources de frustration lorsqu’il était coordonnateur résident. 

S’appuyant sur les partenariats réussis au niveau international, il a regretté qu’ils soient encore examinés au cas par cas et que l’on n’ait pas encore commencé à les adapter aux contextes nationaux, de même pour les succès de partenariats au niveau national qui ne sont que rarement déployés au niveau régional ou international.  Fort de ce constat, il a appelé les États Membres à encourager l’ONU à élaborer des outils législatifs encadrant les partenariats avec le secteur privé et les partenariats multipartites, un point repris par le représentant du Corps commun d’inspection (CCI).

Sur une note positive, M. Afanasiev s’est félicité des résultats facilement accessibles, dans les cas où l’ONU voulait impliquer les personnes les plus laissées pour compte.  Il a cité le cas du Forum ONU-Inde qui travaille avec le réseau national du Pacte mondial des Nations Unies, notamment avec Unilever India dans le secteur du thé ou encore avec l’Alliance solaire mondiale.

M. Afanasiev a également mis en avant le prix réduit des innovations dans des pays comme l’Inde, le Brésil ou la Chine.  Le rôle de l’ONU, c’est aussi de détecter ces innovations pour les déployer à une autre échelle, notamment sur les plans régional et international.  Là où il perçoit des obstacles, c’est dans la mobilisation des moyens financiers « mixtes », des fonds circulants ou encore dans la création de trusts, qui sont toutes des options auxquelles l’ONU ne peut pas avoir accès sous la règlementation actuelle.  Il a donc recommandé de se pencher sur ces questions. 

M. PETRU DUMITRIU, Inspecteur du Corps commun d’inspection (CCI), qui était chargé de l’évaluation des partenariats public-privé, a expliqué que le CCI avait identifié des problèmes pour ce qui est des directives des partenariats public-privé dans le contexte du Programme 2030.  Ces directives lui semblent obsolètes dans la mesure où elles reposent sur une résolution qui remonte à 1945.  Il a souligné l’inadéquation de certains mécanismes et règlementations qui veulent faire du secteur privé un partenaire à part entière.  L’intervenant a aussi parlé d’une réticence à coopérer avec le secteur privé par « peur du risque », ce qui conduit parfois à l’immobilité de l’ONU.

Par ailleurs, les procédures onusiennes restent lourdes et bureaucratiques, ce qui les rend incompatibles avec le secteur privé, a-t-il remarqué.  C’est pourquoi le CCI recommande un nouveau cadre opérationnel et législatif à l’échelle du système pour que les partenariats soient régis avec plus de souplesse.  Il a également prôné des procédures standard, assorties de mécanismes de vérification.  En outre, les partenariats privés ne doivent en aucun cas être assimilés à un moyen de « mendier des ressources », parce que l’ONU apporte une légitimité à ces investissements, a-t-il estimé. 

Intervenant depuis Dakar, Mme PRIYA GAJRAJ, Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Sénégal, a estimé que la réussite des partenariats se fonde sur une bonne compréhension de la réalité des pays et que l’appropriation nationale est nécessaire.  Parallèlement, il faut reconnaître les tendances régionales qui ont un impact sur les partenariats, notamment les changements climatiques ou les migrations.  Dans le cas du Sénégal, le Gouvernement a misé sur des partenariats en suivant une approche qui décentralise la réalisation des objectifs de développement durable et qui s’appuie sur les communautés locales.  S’agissant du financement du plan de développement national, elle a mis l’accent sur les difficultés de la mobilisation des ressources auprès des petites et moyennes entreprises « qui sont pourtant un moteur du développement durable », à ses yeux. 

Réagissant à ces exposés, M. TAREQ ARIFUL ISLAM, Représentant permanent adjoint du Bangladesh, a souligné que le financement de la réalisation des objectifs de développement durable reste difficile et qu’il faut que l’ONU puisse accéder à des fonds plus souples et impliquer davantage le secteur privé au service du développement durable.  Au niveau mondial, les États Membres devraient envisager de donner des mandats plus robustes à l’ONU pour lui permettre d’avoir accès à des financements innovants et de se lancer au niveau local dans des partenariats nouveaux. 

L’Organisation internationale des employeurs a, de son côté, mis l’accent sur le concept du multilatéralisme inclusif dans le domaine de l’entrepreneuriat.  Pour l’ONU, cela signifie de travailler avec des partenaires publics et privés.  Il faut identifier, selon elle, les partenariats les plus acceptables, créer des règles et assurer le suivi des progrès.  À la lumière des défis considérables liés à la réalisation du Programme 2030, il faut ouvrir les portes au secteur privé en appliquant la pratique du devoir de précaution, qui doit se concentrer sur les mérites des partenaires.

La modératrice a résumé la discussion ainsi: il faut plus de partenariats, que ces partenariats représentent ce que les pays souhaitent, et que l’ONU simplifie ses systèmes et procédures dans le domaine des partenariats.

Remarques de clôture

Mme LISE KINGO, Directrice exécutive du Pacte mondial des Nations Unies, a appelé à des partenariats susceptibles d’apporter des changements dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Elle a mis l’accent sur des financements innovants, tout en invitant le secteur privé à s’engager davantage pour combler le fossé des 2 500 milliards de dollars nécessaires chaque année jusqu’en 2030.  Mme Kingo s’est félicitée de voir que 80% des entreprises du Pacte mondial se sont engagées à mettre en œuvre les objectifs de celui-ci.  Elle a donc invité l’ONU elle-même à respecter ses propres valeurs afin de montrer la voie au secteur privé.

Elle a ensuite invité ces entreprises à adopter une approche fidèle aux objectifs de développement durable dans le contexte des investissements étrangers directs dans les pays en développement.  De même, quand elles veulent contracter des dettes, les entreprises devraient considérer des obligations liées aux objectifs de développement durable, afin de profiter du marché émergent des obligations vertes, qui représentent tout de même 173 milliards de dollars. 

Enfin, les entreprises doivent tenir compte des objectifs de développement durable dans les fonds de pension.  Ceux-ci représentent 19 000 milliards de dollars dans le monde entier et ils peuvent donc contribuer au développement durable s’ils sont investis à bon escient.  Mme Kingo a enfin appelé à des partenariats locaux plus dynamiques, y compris par une plus grande implication des équipes de pays de l’ONU, qui pourraient favoriser les rapports entre secteurs public et privé.

Le cofacilitateur de la déclaration politique du Sommet sur les objectifs de développement durable, qui se tiendra au mois de septembre, M. OLOF SKOOG, a souligné le rôle essentiel des partenariats multipartites dans ce contexte.  Il s’est engagé à tenir compte des contributions de la discussion d’aujourd’hui dans la rédaction de la déclaration politique, qui devra être inclusive et refléter la nature universelle du Programme 2030.  Ce sommet revêtira une signification particulière, aux côtés des autres manifestations de haut niveau qui auront lieu durant la même semaine, a fait remarquer le cofacilitateur en espérant que la déclaration politique puisse être adoptée par consensus. 

Ce sera l’occasion, a-t-il expliqué, de faire le bilan sur l’état d’avancement de la réalisation des objectifs de développement durable.  Même s’il pense que des progrès certains ont été enregistrés, avec notamment plus de 65 examens nationaux volontaires et de nombreux pays qui ont souscrit à l’Accord de Paris sur les changements climatiques, M. Skoog est aussi conscient des retards accusés dans le processus, qui sont liés en partie à l’impact des changements climatiques et aux conflits.  De plus, la croissance mondiale des salaires réels a ralenti, les faiblesses au niveau de la gouvernance persistent et les inégalités se creusent.  M. Skoog a également parlé de la polarisation du monde, du recul de la tolérance et de la remise en question de certains accords internationaux.  Fort de ce bilan mitigé, il a appelé les États Membres à prendre conscience de leur interdépendance et à s’engager dans la réalisation du Programme 2030.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.