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Le Secrétaire général présente au Conseil de sécurité les quatres piliers de la réforme du maintien de la paix, dont la prévention et les partenariats

On trouvera ci-après la déclaration du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, lors du débat du Conseil de sécurité tenu aujourd’hui sur la réforme du secteur du maintien de la paix à l’ONU, sa mise en œuvre et son suivi:

Je remercie l’Éthiopie, qui préside ce mois le Conseil de sécurité, d’être un contributeur si fidèle au maintien de la paix.  Ses contingents sont en première ligne dans certaines de nos missions les plus difficiles, et nous lui sommes extrêmement reconnaissants de cet engagement.

Aujourd’hui, nous sommes réunis pour fortifier cette activité phare des Nations Unies.  Chaque jour, les soldats de la paix créent les conditions d’une paix durable propre à protéger les civils, à l’instar des centaines de milliers de personnes au Soudan du Sud et en République centrafricaine qui ont cherché un refuge.  Au fil des années et dans le monde entier, 55 opérations de maintien de la paix ont mené leurs mandats à bon terme.  Nombre de missions politiques ont fait de même.  Quatre missions sont en train de réduire leurs effectifs ou sur le point d’être closes, leur travail désormais terminé, et les stratégies visant à garantir une transition sans heurt dans de tels contextes sont absolument cruciales.

Le maintien de la paix est toujours un instrument très rentable.  Les Haïtiens et les Ivoiriens pourront avoir un avenir meilleur grâce, en partie, au soutien de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti et de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire.  Je rends hommage aux nombreux soldats de la paix qui ont payé le prix ultime en s’acquittant de ce travail vital.

Malgré les succès évidents, les opérations de paix, parfois, peuvent décevoir, sembler à court de perspective, incapables de mettre un terme à des engagements de plusieurs décennies.  Cela nous pousse à une réflexion sur nos objectifs, les moyens que l’on se donne, notre capacité à mettre en œuvre des mandats complexes et à satisfaire les multiples attentes.  Les opérations de paix sont déployées dans des environnements difficiles, là où les Nations Unies sont parfois les seules à être prêtes et en mesure d’agir.  Les opérations de paix sont soumises à des attentes considérables, peut-être trop lourdes, car elles doivent répondre aux urgences tout en contribuant à des solutions de long terme.  Enfin, les opérations de paix doivent souvent faire face à des situations d’une telle complexité qu’il est illusoire d’espérer y apporter une solution en quelques années.

Le Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, dont les recommandations restent au cœur de nos efforts pour promouvoir la sécurité collective, a appelé à procéder à quatre réformes de fond.  Mes efforts de restructuration visent en partie à les concrétiser.

Premièrement, nous devons prendre acte de la primauté de la politique, de manière que les opérations de paix soient déployées pour appuyer des efforts diplomatiques actifs, et non pour s’y substituer.  Mes propositions concernant l’architecture de paix et de sécurité du Secrétariat visent à renforcer le lien entre les stratégies et les opérations politiques et entre les piliers de notre action, à savoir la paix et la sécurité d’un côté et le développement et les droits de l’homme de l’autre.  Si nous parvenons à mieux faire en matière de prévention, de médiation et de consolidation de la paix, nous pourrons atténuer les exigences irréalistes et dangereuses dont font l’objet nos collègues en uniforme.

Deuxièmement, les opérations de paix doivent être correctement équipées.  Il est temps de combler des lacunes critiques dans les domaines de la technologie, des transports et de l’appréciation de la situation.  Une mobilité accrue, un meilleur équipement et une formation et des renseignements de meilleure qualité nous permettront de faire un meilleur travail et, à terme, avec des effectifs réduits.

Troisièmement, les opérations de paix doivent incarner les valeurs des Nations Unies.  Dès les premiers jours de mon mandat, j’ai envoyé des signes forts de ma détermination à éliminer l’exploitation et les atteintes sexuelles.  Marque indéniable de progrès, les États Membres certifient désormais, en amont de leur déploiement, qu’aucun des membres de leur personnel ne s’est par le passé rendu coupable d’inconduite ou de violations des droits de l’homme, et le Secrétariat procède également au contrôle des antécédents de certains hauts fonctionnaires.  Nous venons de nommer le tout premier Défenseur des droits des victimes, et nous sommes en train de prendre d’autres mesures énergiques pour promouvoir le principe de responsabilisation.  Conformément à un plan mis en œuvre à l’échelle de l’Organisation pour parvenir à la parité des sexes, je suis en train de préconiser l’augmentation du nombre de femmes dans les composantes militaire et de police dans nos opérations.  Davantage de femmes dans le maintien de la paix, c’est un maintien de la paix plus efficace.

Quatrièmement, nous devons nouer des partenariats plus solides.  Le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, signé en avril, est une étape cruciale.  Au-delà des contingents qu’ils fournissent, les États africains assument des responsabilités importantes au service de la paix et de la sécurité sur le continent.  Dans toute l’Afrique, nous travaillons en étroite collaboration avec les partenaires régionaux et sous-régionaux, depuis la Mission de l’Union africaine en Somalie jusqu’au Groupe de cinq pays du Sahel (G5 Sahel), en passant par la Force multinationale mixte dans le bassin du lac Tchad.  J’appelle le Conseil de sécurité à renforcer son appui, notamment par des mandats clairs et un financement prévisible, en particulier au G5 Sahel, pour que la Force conjointe dans la région devienne opérationnelle, ainsi qu’à la Force multinationale mixte qui lutte contre Boko Haram.

Notre partenariat avec l’Union européenne est également crucial, et je me réjouis à la perspective de signer avec elle un accord-cadre et d’étudier la possibilité de mettre en place des mécanismes de collaboration trilatérale.

Ces partenariats revêtent une importance particulière au vu des multiples tâches en cours d’exécution.  Nous sommes à présent confrontés à la nécessité d’imposer la paix et de lutter contre le terrorisme, et la précarité des environnements dans lesquels nous opérons exige des efforts supplémentaires.  Il va sans dire que les forces de maintien de la paix ne sont pas censées se consacrer à l’imposition de la paix ou à la lutte contre le terrorisme.  Nous devons tirer parti de la complémentarité qui doit exister entre l’ONU et les organisations régionales et autres.  J’en appelle de nouveau au Conseil de sécurité pour qu’il veille, à cet égard, à définir des mandats clairs et à assurer un financement adéquat.

Au cours des prochains mois, nous allons progresser dans la mise en œuvre de ces réformes, qui doivent nous permettre d’être meilleurs dans ce que nous faisons.  Dans l’immédiat, j’ai demandé à ce qu’une revue des opérations de paix soit menée, afin de voir comment nos opérations en cours peuvent mieux répondre aux nombreux défis évoqués.

Grâce au partenariat et à l’appui du Conseil de sécurité, nous pouvons adapter les opérations de paix afin qu’elles soient en mesure de surmonter les épreuves aussi bien anciennes que nouvelles, et qu’elles soient plus efficaces pour un coût moins élevé.

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