En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/18618-SC/12916

Le Secrétaire général se dit résolu à institutionaliser le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité

On trouvera, ci-après, l’allocution du Secrétaire général, M. António Guterres, prononcée, aujourd’hui, à l’occasion du débat thématique du Conseil de sécurité consacré au renforcement des capacités de l’Afrique en matière de paix et de sécurité:

Je tiens, pour commencer, à remercier le Gouvernement chinois d’avoir convoqué la présente séance consacrée au renforcement des capacités de l’Afrique en matière de paix et de sécurité.

Dans les premiers jours de mon mandat de Secrétaire général, j’ai assisté au Sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba.  Je voulais inaugurer avec l’Union africaine une nouvelle ère de coopération, fondée sur une certitude fondamentale.  Je suis fermement convaincu que la communauté internationale doit faire évoluer son discours au sujet de l’Afrique et mettre en place une plateforme de coopération renforcée, qui tienne compte de l’énorme potentiel et des immenses promesses que recèle l’Afrique.

En matière de paix et de sécurité, l’Union africaine et l’ONU ont toutes deux intérêt à renforcer les mécanismes conçus pour désamorcer les conflits avant qu’ils s’intensifient, et pour les gérer efficacement quand ils éclatent.  Le renforcement des capacités africaines est essentiel tant dans le contexte de notre réponse collective aux défis à la paix et à la sécurité internationales que pour l’autosuffisance du continent africain.  Voilà pourquoi, le 19 avril, j’ai signé avec le Président de la Commission de l’Union africaine, M. Moussa Faki Mahamat, le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité.  Notre objectif commun est de travailler étroitement sur la base des principes de respect mutuel et d’avantage comparatif dans toutes les phases du cycle d’un conflit et de le faire de façon systématique, prévisible et stratégique.  Nous sommes résolus à institutionnaliser ce partenariat par le biais de consultations officielles annuelles entre les chefs des secrétariats des deux organisations.  Le Cadre inclut quatre domaines d’action clefs.  Le premier est la prévention du confit par la médiation et l’instauration d’une paix durable; le deuxième est la réponse au conflit; le troisième est la lutte contre les causes profondes di conflit; et le quatrième est l’examen et le renforcement permanents de notre partenariat.  Je voudrais aborder tour à tour chacun de ces points.

Premièrement, s’agissant des efforts conjoints visant à prévenir le conflit par la médiation et à instaurer une paix durable, la mise en œuvre efficace du Cadre requiert de l’ONU et de l’Union africaine qu’elles mènent des actions coordonnées et complémentaires.  Il nous faut identifier les causes sous-jacentes du conflit, œuvrer étroitement pour développer des analyses conjointes, partager l’information et nous efforcer de parvenir à une compréhension commune des problèmes permettant une réaction rapide.  Cela inclut des aspects clefs d’une collaboration permanente, comme les bons offices et la médiation, les questions électorales, les droits de l’homme et l’aide humanitaire.

Il est essentiel aussi de veiller à ce que nous fassions fond sur notre travail avec les mécanismes sous-régionaux visant à régler les différends politiques.  En Gambie, par exemple, le solide leadership des pays de l’Afrique de l’Ouest, avec l’appui de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, de l’Union africaine et de l’ONU, a contribué de façon importante à régler par la voie pacifique une crise politique.  Et au Soudan du Sud, l’Autorité intergouvernementale pour le développement, l’Union africaine et l’ONU ont activement coordonné leurs efforts pour parvenir à une paix durable, notamment au travers d’un appel conjoint à la cessation immédiate des hostilités et d’un dialogue politique global et sans exclusive.

Deuxièmement, s’agissant de la réponse au conflit, l’Union africaine et les différentes organisations sous-régionales ont consenti des efforts colossaux pour mettre sur pied et rendre opérationnelle la Force africaine en attente et sa Capacité de déploiement rapide.  Au titre de notre nouveau Cadre, nous espérons appuyer plus avant le renforcement de la Force et créer des synergies avec le Système de préparation des moyens de maintien de la paix.  Il nous faut aussi promouvoir des efforts coordonnés pour faire face aux nouvelles menaces asymétriques à la paix et à la sécurité, comme le terrorisme et l’extrémisme violent.

En Somalie, l’ONU continue de fournir un appui logistique et technique et une formation à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et à l’Armée nationale somalienne.  Malgré de nombreux défis, cette coopération a permis d’obtenir des résultats concrets et de réaliser des progrès essentiels, comme les élections qui se sont tenues avec succès dernièrement.  Je crois fermement que grâce à un financement prévisible et un appui renforcé à l’AMISOM, conjugués à une action coordonnée pour renforcer les capacités de l’Armée et de la Police nationales somaliennes, on pourra vaincre les Chabab, ouvrant la voie à un avenir plus pacifique pour les Somaliens et au-delà.  Il c’est là une occasion que nous ne devons pas laisser passer.

Au Mali, nous devons intensifier notre engagement collectif pour appuyer plus avant le processus de paix, en nous concentrant sur le rétablissement et l’élargissement de l’autorité de l’État.  Je salue l’initiative du Groupe de cinq pays du Sahel de créer une force conjointe et j’espère que le Conseil de sécurité reconnaîtra l’importance que la force dispose d’un mandat solide et bénéficie d’un financement crédible.  Dans le bassin du lac Tchad, nous devons continuer d’appuyer la lutte que mènent l’Union africaine et la Force multinationale mixte contre Boko Haram ainsi que les autres initiatives régionales tendant à contrer le terrorisme et l’extrémisme violent, si possible avec un appui efficace.

Le troisième pilier du Cadre commun ONU-Union africaine porte sur la lutte contre les causes profondes du conflit et souligne notre détermination à accroître la coopération en matière de consolidation de la paix et de l’état de droit.  La durabilité de la paix et la poursuite du développement requièrent de renforcer les institutions nationales pour remédier aux causes profondes du conflit.

Quatrièmement, nous devons insister sur l’importance d’établir un processus d’examen et de renforcement permanents du partenariat à travers des consultations régulières et la coordination.  Cela inclura l’échange de personnels, le déploiement de missions conjointes d’établissement des faits; le renforcement de la coopération s’agissant de promouvoir les infrastructures de paix nationales; la mobilisation de fonds pour les opérations de paix de l’UA autorisées par le Conseil de sécurité; et la prévention de l’extrémisme violent et du flux illicite d’armes et de munitions.  Le Cadre souligne aussi combien il importe de promouvoir plus avant le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.

Le renforcement des capacités africaines en matière de paix et de sécurité nécessite un financement adéquat, en temps voulu et prévisible des opérations de soutien à la paix de l’UA.  En mai, j’ai soumis un rapport (S/2017/454), en application de la résolution 2320 (2016) du Conseil de sécurité, dans laquelle on s’est félicité de la décision des dirigeants africains de financer à hauteur de 25 % les opérations de soutien à la paix de l’UA, ainsi que d’un engagement en phase avec l’objectif de l’UA d’être autonome et de prendre en mains les questions liées à la paix et à la sécurité.  Mon rapport comportait des propositions concernant le financement de ces opérations et insistait sur l’importance du suivi des opérations de soutien à la paix de l’Union africaine par le biais de mécanismes des droits de l’homme robustes et efficaces et d’un cadre de conduite et de discipline.  L’Union africaine s’attache à renforcer ces capacités et l’ONU est prête à lui fournir l’appui dont elle a besoin.

Dans leur ensemble, le Cadre commun ONU-UA, le Fonds pour la paix et l’adoption de la résolution 2320 (2016) représentent des pas importants dans le cadre de nos efforts visant à redynamiser la coopération avec l’Union africaine.  Je m’engage à continuer de travailler avec tous les membres du Conseil pour élever le niveau de notre coopération aux fins d’une paix, d’une stabilité et d’un développement durables dans tout le continent africain, et j’espère que les délibérations sur cet important thème porteront fruit.

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