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SC/13025

Consultations tenues par le Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2048 (2012)

Le 17 juillet 2017, le Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2048 (2012) concernant la Guinée-Bissau a tenu des consultations pendant lesquelles il a entendu un exposé de son président sur la visite qu’il avait effectuée en Guinée-Bissau du 13 au 15 juin, et examiné les mesures proposées sur la voie à suivre.

Un rapport sur la visite et le tableau des recommandations ont été distribués aux membres du Comité le 10 juillet.

L’objet de la visite effectuée par le Président était d’obtenir des témoignages de première main concernant l’application des sanctions imposées par la résolution 2048 (2012) du Conseil de sécurité et d’examiner sur place l’évolution de la situation politique.  C’était la première fois qu’un président du Comité se rendait en Guinée-Bissau. 

Bien que, dans l’ensemble, la situation demeure stable en Guinée-Bissau, l’incertitude quant au règlement de la crise politique actuelle menace de rompre le calme à tout instant.

L’ordre constitutionnel ne semble pas directement en danger jusqu’à présent, mais l’ambiguïté résultant du partage du pouvoir entre le Président et le Premier Ministre continue de nourrir les rivalités politiques.

En outre, l’incertitude de la situation politique affaiblit la confiance des donateurs et des investisseurs et les causes profondes de l’instabilité demeurent.

Les efforts engagés aux niveaux international et régional pour trouver une solution durable à la crise politique semblent n’avoir aucun effet sur le terrain, les dispositions de l’Accord de Conakry n’ayant pas encore été appliquées, essentiellement en raison d’un manque de volonté politique.

Les institutions du pays restent faibles et vulnérables à la corruption dans la lutte qu’elles mènent contre des fléaux tels que le trafic de drogues et la criminalité.

Selon le Président, la situation politique reste incertaine et rien ne laisse entrevoir d’avancée concrète vers une solution dans un avenir proche.  En revanche, les conditions de sécurité sont stables, aucun acte de violence notable n’étant à déplorer, l’armée n’intervient pas dans les différends politiques, il semble que les droits de l’homme soient globalement respectés et aucune menace imminente ne pèse sur l’ordre constitutionnel. 

Pendant la visite, de nombreux interlocuteurs ont fait remarquer que, de manière générale, la crise était perçue comme le résultat d’un défaut de volonté politique de parvenir à une solution, et plus particulièrement d’ambitions et d’intérêts personnels, davantage que de divergences de vues religieuses, idéologiques, ethniques ou philosophiques.

Presque tous les interlocuteurs ont noté que, depuis 2012, l’armée respectait l’ordre constitutionnel et les lois du pays et évitait toute ingérence dans la vie politique.  Ils considèrent qu’il faudrait, compte tenu de leur bon comportement, radier de la liste des personnes y figurant actuellement. 

Il convient de noter que les personnes visées par des sanctions sont toujours actives dans les rangs de l’armée et que certaines d’entre elles ont été promues.  Pour une partie de la population, cela alimente le sentiment qu’il existe un état d’impunité.

La plupart des interlocuteurs ont le sentiment général que les sanctions ont été et demeurent un outil efficace pour dissuader d’éventuels fauteurs de troubles, militaires ou civils.  Toutefois, pour autant qu’ils les considéraient efficaces, de nombreux interlocuteurs ont noté que les mesures ne ciblaient pas les bonnes personnes, et demandé que les sanctions visent des civils, en particulier des personnalités politiques.  Les interlocuteurs extérieurs au Gouvernement ont clairement dit que la classe politique, les partis politiques et, de manière générale, les civils motivés par des intérêts personnels plutôt que par ceux du pays étaient responsables de la crise. 

Dans de nombreuses réunions, les interlocuteurs ont souligné que la Mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en Guinée-Bissau contribuait à prévenir les atteintes à l’ordre constitutionnel, bien que son rôle soit évidemment symbolique et que ses moyens limités ne lui permettraient pas de s’opposer à une intervention militaire armée en règle.

Les membres du Comité ont souligné l’importance de la visite effectuée par le Président et souscrit à son évaluation de la situation en Guinée-Bissau.

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