En cours au Siège de l'ONU

Session de 2017, Débat de haut niveau,
45e séance – après-midi
ECOSOC/6864

ECOSOC et Forum politique: Les ministres s’engagent à mettre en œuvre « en toute efficacité » le Programme 2030 et à prendre des mesures « audacieuses » contre la pauvreté

« Nous, ministres et hauts représentants, nous engageons à continuer de mettre en œuvre, en toute efficacité et sans exclusive, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à prendre des mesures audacieuses et porteuses de transformation pour mettre fin à la pauvreté partout dans le monde, en touchant les plus défavorisés en premier et en veillant à ne pas faire de laissés pour compte. »  C’est par ces mots que se conclut la « Déclaration ministérielle » sanctionnant les débats que le Conseil économique et social (ECOSOC) et son Forum politique de haut niveau pour le développement durable ont tenu ces deux dernières semaines sur l’élimination de la pauvreté.

« Nous soulignons que le Programme 2030 est axé sur l’être humain et est universel et que les objectifs de développement durable qui y sont énoncés sont intégrés et indivisibles, concilient les trois dimensions du développement durable (économique, sociale et environnementale) et visent aussi à réaliser les droits de l’homme pour tous », disent les ministres dans une Déclaration ministérielle dont les paragraphes 4 sur le droit à l’autodétermination, et 21, sur le financement public international, ont fait l’objet d’un vote à la demande d’Israël et des États-Unis.  La Fédération de Russie a regretté que pour la deuxième année consécutive, la Déclaration ministérielle n’ait pu être adoptée sans vote.  Elle a dénoncé la tentative de certaines délégations de réinterpréter les objectifs de développement durable, de prétendre que certains objectifs ou cibles devraient être privilégiés par rapport à d’autres ou pire, d’ajouter de nouveaux éléments.

Dans leur Déclaration, les ministres se disent conscients qu’il faut accélérer les choses au vu de l’urgence.  Les progrès sont certes manifestes mais ils sont inégaux d’un pays ou région à l’autre et insuffisants pour toute une série des 169 cibles liées au 17 objectifs du Programme 2030.  En effet 1,6 milliard de personnes sont encore en situation de pauvreté multidimensionnelle et près de 35% de la population des pays les moins avancés (PMA) seraient encore en situation de pauvreté extrême à l’horizon 2030.  Sept cent quatre-vingt-treize millions de personnes souffrent encore de malnutrition, 108 sont dans l’insécurité alimentaire et 155 millions d’enfants accusent un retard de croissance.

Les défis ne s’arrêtent pas là: 1,1 milliard de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité, 663 millions n’ont pas accès à l’eau salubre, 2,4 milliards ne disposent pas de moyens d’assainissement adéquats et plus de la moitié de la population mondiale demeure exclue de la communication en ligne.

L’ampleur et l’ambition du Programme 2030, 3 000 milliards de dollars selon certains, exigent de consolider des partenariats multipartites efficaces et transparents, notamment les partenariats public-privé, estiment les ministres.  Ils notent qu’un usage important du financement international public, y compris l’aide publique au développement (APD), consiste à susciter la mobilisation de ressources supplémentaires auprès des secteurs public et privé.  Les ministres réaffirment donc que le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement fait partie intégrante du Programme 2030. 

Ils se félicitent du deuxième Forum du Conseil économique et social (ECOSOC) et de ses conclusions convenues sur les ressources publiques nationales, les entreprises et financements privés aux niveaux national et international, la coopération internationale au développement, le commerce international comme moteur du développement, la dette et sa viabilité, le règlement des problèmes systémiques, et la science, la technologie, l’innovation et le renforcement des capacités.

À ce propos, les ministres saluent les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Mécanisme de facilitation des technologies et de la Banque de technologies pour les PMA.  Ils notent l’importance des décisions fondées sur des faits et la nécessité de renforcer la capacité de produire, d’analyser et d’utiliser les données pour atteindre les objectifs de développement durable.  Ils se félicitent donc de l’adoption du Cadre mondial d’indicateurs approuvé par la Commission de statistique de l’ONU.

S’agissant justement de l’Organisation, les ministres se disent conscients du rôle que cette dernière joue pour aider les pays.  Ils prennent note des efforts faits par le Secrétaire général pour remédier aux lacunes et aux chevauchements et améliorer la responsabilisation, la transparence et la coordination d’ensemble des entités du système des Nations Unies pour le développement et leur contrôle par les États Membres.

L’adoption de la Déclaration ministérielle a donné lieu à de nombreuses remarques sur l’insuffisance des progrès dans la parité entre les sexes.  Le Mexique a par exemple regretté que trop de pays aient encore des difficultés avec les objectifs d’égalité et d’autonomisation des femmes.  Le Canada a rappelé que le PIB mondial, estimé à 74 000 milliards de dollars, pourrait être augmenté de 28 000 milliards de dollars si tous les États Membres de l’ONU avaient atteint la parité. 

Les États-Unis se sont pour leur part dissociés du consensus sur le paragraphe mentionnant l’Accord de Paris et les changements climatiques.  Tout en rappelant que le Président américain a indiqué vouloir se retirer de l’Accord de Paris, les États-Unis ont assuré aujourd’hui qu’ils préféreraient renégocier leur participation.    

L’ECOSOC devrait terminer son débat de haut niveau demain, jeudi 20 juillet, à partir de 10 heures.  Son Forum politique de haut niveau qui vient d’achever l’examen de 43 rapports nationaux sur la mise en œuvre du Programme 2030 tiendra une table ronde sur les institutions financières et commerciales internationales.

RÉUNION MINISTÉRIELLE DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL (ECOSOC)

Déclarations

Au nom du Groupe des amis du développement industriel durable et inclusif, M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a souligné le rôle de l’objectif de développement 9 sur l’innovation, l’industrie et l’infrastructure dans la réduction de la pauvreté.  Cet objectif contribue à la lutte contre la famine, la création d’emplois décents et de revenus et la réduction des inégalités.  Au rythme actuel, cet objectif ne sera pas réalisé avant 2030 dans les pays pauvres, ce qui réduit les chances d’éliminer la pauvreté.  Pour être sur la voie de la transformation économique, les pays les moins avancés (PMA) doivent faire face aux défis liés à leur faible capacité industrielle, au manque d’accès aux technologies et aux connaissances, à l’incapacité d’assurer les normes environnementales dans l’industrie et aux difficultés d’attirer des investissements dans une industrie naissante.  La communauté internationale, y compris le système des Nations Unies, devrait jouer un rôle critique en aidant ces pays à surmonter ces défis et en appuyant la promotion de l’investissement pour tous, le développement du secteur privé et le transfert de technologie et de connaissances.  Le représentant a regretté la baisse du nombre des membres de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et a réitéré l’appel du Président du Conseil économique et social (ECOSOC) pour que le Forum politique de haut niveau pour le développement durable examine les méthodes et canaux pour inverser la tendance actuelle et renforcer le soutien politique et financier à une industrialisation inclusive et durable. 

M. NICOS KOUYIALIS, Ministre de l’agriculture, du développement rural et de l’environnement de Chypre, a cité les initiatives de son pays pour atteindre les objectifs de développement durable, en mentionnant un programme national de réforme, en tant qu’instrument horizontal de développement, la stratégie intégrée du tourisme, un plan de développement agricole 2014-2022 et un plan de développement d’une économie verte.  Il a aussi cité la rédaction en cours d’un projet commun avec la Grèce et Israël permettant de juguler la pollution en mer liée à des accidents.  Il a ajouté qu’un projet similaire est étudié avec l’Égypte.  

M. ARDALAN SHEKARABI, Ministre de l’administration publique de la Suède, a insisté sur le fait que la politique étrangère de son pays est basée sur la parité entre les sexes, la défense des droits de l’homme et la participation et l’autonomisation de toutes les filles et de toutes les femmes.  « La Suède est le premier donateur par habitant au Fonds vert pour l’environnement et s’apprête à consacrer 1% de son PIB à l’aide publique au développement (APD) », a-t-il insisté. 

M. ALVARO GARCIA, Ministre du budget et de la planification de l’Uruguay, a rappelé que son pays s’était soumis cette année, pour la première fois, à l’examen volontaire du Forum politique de haut niveau.  Pour nous, a-t-il assuré, les caractéristiques de notre pays, notamment sa petite taille, ne sont en aucun cas un obstacle aux objectifs de développement durable.  Au contraire, l’Uruguay est à même de réaliser tous les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, grâce à un partenariat « essentiel » avec la société civile, le milieu universitaire et le secteur privé.  Il faut, a insisté le Ministre, un secteur privé fort avec qui il faut travailler collectivement, d’autant que la réalisation des objectifs de développement durable nécessite beaucoup d’argent.  D’ailleurs, l’Uruguay compte augmenter sa part d’aide publique au développement.

M. PATRICK A. CHINAMASA, Ministre des finances et du développement économique du Zimbabwe, a également indiqué que son pays s’est soumis cette année à l’examen volontaire du Forum politique de haut niveau.  Le Zimbabwe est conscient, a-t-il dit, que le développement doit se faire dans les limites de l’environnement et des ressources disponibles de chaque pays.  Le plan de développement du Zimbabwe a intégré les objectifs du Programme 2030.  Des structures institutionnelles ont été créées pour le suivi de leur mise en œuvre.  Un calendrier de suivi a été établi.  Mais dans tout cela, les partenariats internationaux seront « essentiels » notamment avec le système de développement de l’ONU et s’agissant en particulier de l’éradication de la pauvreté et de la lutte contre le VIH/sida.  Les priorités nationales du Zimbabwe sont également la lutte contre la faim et la sécurité alimentaire.

M. ADO LÕHMUS, Vice-Ministre de l’environnement de l’Estonie, a dit la nécessité de repenser la façon de produire et de consommer.  Il a appelé à repenser le produit comme partie d’une économie circulaire et jugé indispensable d’innover pour mettre fin au problème des plastiques et autres produits polluants.  Il faut des informations publiques sur tous les produits pour éviter la propagation de produits toxiques et dangereux pour la planète.  Alors que le secteur textile est évalué à 3 000 milliards de dollars, le Vice-Ministre a tenu à rappeler qu’il faut trois kilos de produits chimiques pour produire un kilo de textiles.  Ne manquant l’occasion de parler de l’État numérique qu’est devenue l’Estonie, le Vice-Ministre a affirmé qu’aujourd’hui, chaque Estonien a une identité et une signature qui lui permettent un accès égal et sans barrière physique à la santé et à l’éducation. 

Mme MARIA LUISA NAVARRO, Vice-Ministre des affaires multilatérales et de la coopération internationale du Panama, a souligné que son pays fait partie des 44 pays à s’être soumis à l’examen volontaire du Forum politique de haut niveau.  Elle a attiré l’attention sur le fait que la mise en œuvre du Programme 2030 exerce une pression considérable sur les budgets nationaux.  Il faut donc améliorer la mobilisation des ressources.  Au Panama, a-t-elle affirmé, c’est avec l’aide du secteur privé que l’on est parvenu à améliorer les services publics et nous sommes en voie de devenir un pays donateur, s’est–elle enorgueillie.  

M. JOSE ANTONIO MARCONDES DE CARVALHO, Vice-Ministre à l’environnement, l’énergie, les services et la technologie du Brésil, a dit qu’un cadre national pour les objectifs de développement durable a été créé au Brésil.  Quatre-vingt-six pourcent des cibles et objectifs du Programme 2030 figurent dans le plan national dont l’un des objectifs est de questionner les politiques publiques.  La réflexion a mené à la reconnaissance du partenariat comme « clef » pour avoir des résultats valables.  Le Ministre a annoncé que si le Brésil a traversé des épreuves, son économie se rétablit.  Le Gouvernement travaille désormais à rétablir la confiance dans les finances publiques pour attirer les investissements et poursuivre la lutte contre la pauvreté.

Mme GABRIELA AGOSTO, Secrétaire exécutive du Conseil national de la coordination des politiques sociales de l’Argentine, a aussi indiqué que son gouvernement a adopté son plan national de développement qui intègre les objectifs du Programme 2030.  Un poste de coordonnateur a été créé pour la mise en œuvre et le suivi du plan et l’Argentine est disposée à partager son expérience avec les autres pays du monde.  La Secrétaire exécutive a indiqué que la mise en œuvre du plan exige une bonne organisation avec toutes les parties prenantes.  Il faut, a-t-elle insisté, la participation de tous, les financements et un véritable transfert des technologies. 

M. IBRAHIM ADAM IBRAHIM MOHAMED, Ministre d’État chargé de la protection et de la sécurité sociales du Soudan, a indiqué que le plan de développement durable du Soudan prévoit un mécanisme pour le suivi de la mise en œuvre du Programme 2030.  Une stratégie nationale d’éradication de la famine est également en cours de mise en œuvre dans le pays, même si, a-t-il déploré, les sanctions économiques qui frappent le pays depuis 1997 sapent les efforts nationaux de développement.  Le pays fait également face à des défis parmi lesquels les vagues de déplacements massifs de population et l’avancée du désert, raison pour laquelle il aspire au soutien de la communauté internationale.

Mme NEZHA EL OUAFI, Secrétaire d’État auprès du Ministère de l’énergie, des mines et du développement durable du Maroc, a expliqué que son pays a créé un système de gouvernance ouvert pour faire avancer la démocratie et atteindre le développement durable.  L’ambition est d’arriver à une économie verte à l’horizon 2030 et, ce faisant, les autorités entendent combattre toutes les formes de discrimination, y compris celles à l’égard des femmes.   

M. AMIR MUHAREMI, Vice-Ministre des affaires multilatérales de la Croatie, a dit que l’objectif 14 du Programme 2030 qui est de « conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable » est une priorité pour son pays.  À cela s’ajoutent l’objectif 3 qui est de « permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge » et l’objectif 2 sur l’élimination de la faim et la sécurité alimentaire.  La Croatie, qui a mis en œuvre la Directive européenne sur la préservation de l’aliment, a fait aussi l’une de ses priorités l’objectif 5 sur l’égalité des sexes. 

M. ANDREW DOYLE, Ministre d’État chargé de l’alimentation, de la foresterie et de l’horticulture de l’Irlande, a prévenu qu’il faut relever tous les défis du développement durable si l’on veut atteindre les populations marginalisées et cela nécessite une solution holistique.  Le Gouvernement irlandais s’est fixé un cap pour réaliser le Programme 2030.  Il veut aussi contribuer à la réalisation de ce Programme dans le monde.  L’Irlande jouera un rôle de chef de file dans l’aide au développement pour contribuer à l’appropriation nationale.  Le Programme 2030 est en effet un cadre général pour suivre l’aide au développement et l’orienter.  L’Irlande veut également mettre l’accent sur les causes sous-jacentes de la pauvreté en partenariat notamment avec le système de l’ONU et toutes les autres parties prenantes.  Ne laisser personne de côté signifie combattre les changements climatiques et éradiquer la pauvreté, a insisté le Ministre.

M. FERENC DANCS, Sous-Secrétaire d’État à la coopération internationale de la Hongrie, a expliqué qu’en Hongrie, tous les ministères concernés et les institutions pertinentes travaillent en synergie pour arriver à un développement durable.  L’égalité des sexes est un prérequis pour éradiquer la pauvreté, a-t-il argué, en citant des mesures prises pour permettre aux femmes de concilier vie professionnelle et vie familiale.  Sur le plan international, la Hongrie entend faire don d’un million d’euros au Programme alimentaire mondial (PAM).  La Hongrie a aussi décidé de se soumettre l’année prochaine à l’examen volontaire du Forum politique de haut niveau.

M. WILLIAM AMOS (Canada) a évoqué les 120 milliards de dollars dédiés aux infrastructures que son gouvernement entend débloquer au cours de la prochaine décennie.  Au niveau national, le représentant s’est enorgueilli que le Canada se soit doté d’un cabinet comptant le même nombre d’hommes et de femmes, annonçant que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles seront désormais au cœur des programmes de développement du pays.  Quelque 650 millions de dollars seront ainsi dévolus à la santé sexuelle et reproductive et 150 millions de dollars seront déboursés sur cinq ans pour le soutien aux organisations des femmes dans les pays en développement.  Le Canada entend également œuvrer à la lutte contre les changements climatiques, notamment par le biais de la mise en œuvre de l’Accord de Paris. 

Mme NERISSA COOK, Sous-Secrétaire d’État aux organisations internationales des États-Unis, a souligné l’importance d’identifier les étapes nécessaires à la progression dans la réalisation des objectifs de développement durable.  Les efforts de mise en œuvre exigent du système des Nations Unies qu’il soit efficace.  L’Organisation, s’est-elle expliquée, doit mieux coordonner son travail de développement et de maintien de la paix et de la sécurité.  « Nous avons besoin d’une nouvelle façon de faire les choses », a-t-elle déclaré, ce qui entraînerait une réduction des coûts et plus de résultats.  La représentante a demandé que l’on déclare la guerre aux chevauchements et débats « stériles » pour se concentrer sur ceux qui ont besoin d’aide.  Soutenant la réforme proposée par le Secrétaire général, elle a ajouté qu’il faudrait faire davantage pour rendre les Nations Unies capables d’aider les pays à réaliser les objectifs de développement durable.

M. WILSON IRUNGU NYAKERA, Premier Secrétaire au Département d’État pour la planification et la statistique du Ministère de la décentralisation et de la planification du Kenya, a dit que le Gouvernement a mis en place des objectifs ciblés pour répondre aux besoins des citoyens, en particulier les plus vulnérables.  Pour accompagner les populations marginalisées, un programme de transferts de fonds a été créé.  Le Gouvernement a également lancé une campagne de sensibilisation au Programme 2030 sur les médias sociaux.  Il continue de s’attaquer à la réforme du système de santé pour rapprocher les centres de soins des usagers, notamment les femmes enceintes, et a mis en place un fonds pour le développement des régions isolées.  La téléphonie a d’ailleurs énormément amélioré l’accès à la santé.  Les technologies de l’information et de la communication ont aussi accéléré l’intégration financière qui a atteint 75% en 2017.  Elles ont par exemple aidé les individus et les familles à accroître leur épargne. 

Mme ALENA SABELOVA, Directrice générale du Cabinet de la Slovaquie, a salué les examens nationaux volontaires présentés devant le Forum politique de haut niveau, disant que c’est pour son pays une source d’inspiration.  En Slovaquie, les efforts de mise en œuvre des objectifs de développement durable impliquent tous les acteurs, la société civile jouant même un rôle majeur, a-t-elle expliqué.  Le pays entend accorder une attention particulière aux groupes vulnérables, une expérience qu’elle présentera au Forum politique l’an prochain.

M. JEONG JINKYU, Directeur général du Bureau de la coopération pour le développement du Ministère des affaires étrangères de la République de Corée, a dit que le mécanisme de mise en œuvre des objectifs de développement durable a été revu après les commentaires faits au cours de l’examen volontaire de son pays l’an dernier.  Sur le plan international, la République de Corée tient compte des objectifs de développement durable dans ses 10 domaines prioritaires d’aide publique au développement (APD).  En 2016, 574 millions de dollars ont été débloqués pour les PMA et 626 autres millions pour les « pays fragiles ».  Quelque 50 millions de dollars ont en outre été consacrés à la cause des réfugiés. 

M. DAVIES (Royaume-Uni) a soutenu que son gouvernement consacre 0,7% de son PIB à l’aide publique au développement.  Mais cela ne suffira pas, a-t-il reconnu.  Il faut travailler avec toutes les parties prenantes, en particulier le secteur privé.  « Ne laisser personne de côté » est le cœur même de la stratégie du Royaume-Uni qui met l’accent sur l’égalité des sexes.  Le représentant a insisté, dans ce cadre, sur le droit à la santé pour tous, y compris les femmes, et sur la nécessité de combattre les formes modernes d’esclavage.  Nous devons nous fonder sur des données pour suivre les progrès, a-t-il dit, voyant un lien entre l’autonomisation de la femme et la réalisation du Programme 2030 « car l’égalité est au cœur du développement ». 

Mme NINO TKHILAVA, Chef du Département des politiques environnementales et des relations internationales du Ministère de la protection de l’environnement et des ressources naturelles de la Géorgie, a parlé de la création du Conseil de mise en œuvre des objectifs de développement dont l’un des objectifs est d’assurer la performance des services publics.  Il s’agit aussi d’encourager le développement du secteur privé, ce qui est la priorité du Gouvernement, ainsi que la promotion d’une croissance verte, aux niveaux national et international.  La représentante a également parlé du droit à la santé qui est garanti par un programme gouvernemental.  Le Gouvernement a aussi adopté une stratégie du développement agricole.  Mais, a regretté la représentante, l’Abkhazie ne bénéficie pas de ces politiques « car elle est occupée ». 

Mme MARA SIMANE, Conseillère au Centre de coordination intersectoriel du Cabinet des ministres de la Lettonie, a dit que depuis 2012, ce centre est chargé de la planification des programmes de développement et que c’est donc lui qui coordonne la stratégie nationale de mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Elle a salué les changements d’envergure que propose le Secrétaire général de l’ONU pour adapter le système des Nations Unies aux objectifs de développement durable.  Les résultats du programme de développement international vont dépendre des choix que les dirigeants prendront, a-t-elle averti.

M. BELHIMEUR MERZAK, Directeur général de l’économie internationale et des affaires sociales du Ministère des affaires étrangères de l’Algérie, a déclaré que son pays entend mettre en œuvre des mesures telles que la gratuité de l’éducation et des soins de santé.  La sécurité sociale est universelle en Algérie, s’est-il réjoui tout en précisant que la mise en œuvre des objectifs de développement durable est subordonnée à la mobilisation des fonds par la communauté internationale, notamment en faveur de l’Afrique dont 40% de la population vit encore sous le seuil de pauvreté.

M. HATEM CHAKROUN, Directeur adjoint de la Division du développement du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères de la France, a dit que son pays est déterminé à avancer sur tous les sujets clefs du Programme 2030.  Le Gouvernement a créé un groupement sur les objectifs de développement qui débat à l’heure actuelle de la sélection des indicateurs de développement.  Le Programme 2030 amorce un changement de civilisation dont le cœur est de ne laisser personne de côté, a rappelé le représentant.  La réussite de la transition écologique, économique, sociale, technologique est la condition de la survie de l’humanité, a-t-il prévenu.  Il a réitéré l’appel de son président pour une mobilisation mondiale sur le climat et la conclusion d’un pacte mondial sur l’environnement.  La réussite ne peut être que solidaire.  Il nous faut une action commune pour la réalisation du Programme 2030 et l’Accord de Paris, a conclu le représentant.  

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a voulu que des discussions sortent des résultats concrets.  Pour la Colombie, l’égalité des sexes est décisive pour des progrès dans tous les objectifs et cibles.  Il est important d’assurer l’autonomisation des femmes et leur présence dans des postes de décision.  Sans un climat international propice pour faciliter le financement du développement et le transfert de technologies, a-t-elle tout de même ajouté, il sera difficile d’atteindre les objectifs de développement durable.

M. LIU JIEYI (Chine) a dit que les 44 présentations volontaires montrent l’engagement mondial en faveur du Programme 2030.  Avec le reste du monde, la Chine est disposée à coopérer pour éliminer la pauvreté.  À cet égard, l’ONU devrait insister sur le volet développement de ses activités et prêter une attention particulière aux pays les plus pauvres.  Le représentant a rappelé les pays développés à leur engagement en matière d’aide publique au développement.  Il a plaidé pour approche inclusive du Programme 2030 et prôné la formule gagnant-gagnant.  Il faut changer le système mondial des échanges pour que les pays en développement en profitent davantage.  La Chine, a conclu le représentant, a pris des mesures concrètes pour l’environnement et intégré le Programme 2030 dans son plan quinquennal.  Elle participe à hauteur de 30% à la croissance mondiale, a-t-il souligné. 

Adoption de la Déclaration ministérielle du débat de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) et du Forum politique de haut niveau pour le développement durable (E/2017/L.29–E/HLPF/2017/L.2)

Déclarations

Ce texte reflète notre avis sur l’état de l’application du Programme 2030 depuis le Forum politique de haut niveau de 2016, a déclaré le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), avant qu’un représentant du Secrétariat n’apporte l’amendement selon lequel ce sont 43 et non 44 pays qui se sont soumis à l’examen volontaire du Forum politique de haut niveau. 

La Déclaration a été adoptée après des votes séparés sur le paragraphe 4, à la demande d’Israël et sur le paragraphe 21, à la demande des États-Unis.  Le premier a été adopté par 104 voix pour, 8 voix contre (Australie, Canada, États-Unis, Îles Marshall, Israël, Micronésie, Palaos, Nauru) et 48 abstentions; le second par 112 voix pour, l’opposition des États-Unis et 46 abstentions.

Le paragraphe 4 dit: « redoubler d’efforts pour régler ou prévenir les conflits et aider les pays qui sortent d’un conflit, notamment en veillant à ce que les femmes soient associées aux actions de consolidation de la paix et d’édification de l’État. Nous lançons un appel pour que soient adoptées de nouvelles mesures et engagées de nouvelles actions visant, conformément au droit international, à supprimer les obstacles à la pleine réalisation du droit à l’autodétermination des peuples sous domination coloniale ou sous occupation étrangère, qui continuent de nuire au développement économique et social de ces peuples ainsi qu’à leur environnement ».

Le représentant d’Israël a dénoncé la politisation du texte, appelant les États à s’unir autour de messages clairs et à éviter les divisions sur des questions litigieuses.  Que l’ECOSOC ne se transforme pas en champ de bataille contre Israël, a prié le représentant.

Le paragraphe 21 stipule:« Nous continuerons à promouvoir un système commercial multilatéral universel, fondé sur des règles, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce, ainsi qu’une vraie libéralisation des échanges.  Nous réaffirmons que le Programme d’action d’Addis-Abeba fait partie intégrante du Programme 2030 et appelons à sa mise en œuvre ».

Le représentant du Mexique a regretté les tentatives de modifier le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Ce Programme est indissociable du Programme 2030.    

Son homologue du Canada, qui s’est abstenu, a dit son attachement à l’OMC et à la libéralisation des échanges.  Il a dénoncé le fait que, pour la première fois depuis l’adoption du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba, l’on voit la mise à l’écart de principes fondamentaux. 

Le représentant du Japon, qui s’est aussi abstenu, a regretté un paragraphe « déséquilibré » et « trop concentré » sur des questions financières.  Il a espéré un consensus l’année prochaine. 

Au nom du Groupe des 77 (G77) et de la Chine, le représentant de l’Équateur a insisté sur la nécessité de supprimer les obstacles à la pleine réalisation du droit à l’autodétermination des peuples vivant sous domination coloniale ou sous occupation étrangère, ce qui nuit à leur développement économique et social.  Il a aussi révélé que bon nombre des propositions de son Groupe n’aient pas été prises en compte dans la Déclaration, dont la nécessité d’un meilleur suivi de la mise en œuvre de l’objectif 17 du Programme 2030 sur les partenariats.  Il a mis le doigt sur « la faiblesse » des ambitions, en matière d’établissements humains et de lutte contre les changements climatiques. 

De grands sujets fondamentaux sont absents, a-t-il poursuivi, comme la reconnaissance de la responsabilité première de chaque pays s’agissant de son développement et l’amélioration de la gouvernance économique mondiale.  Le représentant a insisté sur l’avènement d’un système commercial multilatéral universel, fondé sur des règles, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable sous l’égide de l’OMC ainsi que sur une véritable libéralisation des échanges.

Au nom de l’Union européenne, le représentant de l’Estonie a dit que si la Déclaration ministérielle voulait refléter les discussions du Forum politique de haut niveau, il aurait fallu qu’elle insiste davantage sur le rôle des droits de l’homme dans la réalisation du Programme 2030.  Il a regretté l’absence de référence aux causes de la crise des migrations actuellement en cours dans différentes parties du monde. 

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), le représentant de la Barbade s’est dit satisfait de la Déclaration ministérielle en ce sens qu’elle est fidèle aux positions que les États ont exprimées pendant ces deux semaines de débat.  Le temps, a-t-il prévenu, ne joue pas en notre faveur.  Le Programme 2030 montre clairement les défis qui nous attendent. 

Son homologue de l’Australie s’est dite préoccupée que l’un des objectifs du paragraphe 5 de la Déclaration ministérielle sur l’égalité entre les hommes et les femmes et l’autonomisation des femmes et des filles ne corresponde pas à l’ambition du Programme 2030.  Certaines cibles dudit Programme, a-t-elle ajouté, ont été omises comme l’accès aux soins maternels et génésiques et l’accès à la terre. 

Le représentant du Canada a dit craindre à son tour que le libellé du paragraphe 5 de la Déclaration ministérielle ne vienne affaiblir le Programme 2030 et les engagements des chefs d’État sur la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.  Il a rappelé que le PIB mondial estimé à 74 000 milliards de dollars pourrait être augmenté de 28 000 milliards de dollars si tous les États Membres de l’ONU avaient atteint les objectifs de parité entre les sexes.

Le paragraphe 5 dit: « Nous nous engageons en faveur d’un monde où l’égalité des sexes serait une réalité pour chaque femme et chaque fille et où tous les obstacles juridiques, sociaux et économiques à leur autonomisation seraient levés.  La féminisation de la pauvreté persistant, il est indispensable d’éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions, notamment l’extrême pauvreté, si l’on veut parvenir à l’autonomisation économique des femmes et au développement durable.  Nous insistons sur le fait qu’il existe un cercle vertueux entre l’égalité des sexes, l’autonomisation de toutes les femmes et filles et l’élimination de la pauvreté.  Nous sommes conscients que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles apportera une contribution capitale à la réalisation de l’ensemble des objectifs et des cibles.  Nous soulignons qu’il convient d’assurer un niveau de vie approprié aux femmes et aux filles, tout au long de leur vie, notamment en mettant en place des dispositifs de protection sociale ».

La représentante des États-Unis a regretté que certains États Membres aient souhaité politiser le paragraphe 4 aux dépens des objectifs de développement durable.  Elle a réitéré son opposition au paragraphe 21 pour sa référence à l’OMC.  Elle s’est aussi dissociée du consensus sur le paragraphe 7 qui parle de l’Accord de Paris et des changements climatiques.  Tout en rappelant que son président a indiqué la décision de son pays de se retirer de l’Accord de Paris, la représentante a indiqué que les États-Unis préfèreraient renégocier.  Elle a aussi regretté l’absence de la question de la traite des êtres humains.

Le représentant de la Suisse s’est félicité de l’adoption de cette Déclaration ministérielle. 

Revenant sur l’article 4, le représentant du Maroc a rappelé l’importance qu’il y a à respecter l’intégrité territoriale de tous les pays.

Son homologue de la Fédération de Russie a regretté la tentative de certaines délégations de réinterpréter les objectifs de développement durable, de prétendre que certains objectifs ou cibles devraient être privilégiés par rapport à d’autres, ou pire, d’ajouter de nouveaux éléments.  Cette tentative, a-t-il prévenu, risque de saper la crédibilité du Forum.  Le représentant a regretté que pour la deuxième année consécutive, la Déclaration ministérielle n’ait pu être adoptée sans vote.  Cette tendance, a-t-il mis en garde, aura des retombées négatives sur l’image du Forum politique de haut niveau et la promotion du développement durable.  Le représentant a voulu que l’on fasse attention à aligner les décisions sur le Programme 2030 avec celles de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social (ECOSOC).    

Le représentant du Venezuela a mis en exergue des « points importants » comme le droit des pays sur les ressources naturelles, la non-imposition de mesures coercitives unilatérales contre des États et le droit des peuples à l’autodétermination.

Celui de la France a souligné que son pays ne reconnaît aucun groupe de peuples ou un peuple s’il est défini par la croyance, la race, la religion ou la langue.   

Les délégations ont poursuivi leurs déclarations mais sans services d’interprétation.

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