En cours au Siège de l'ONU

Forum sur le suivi du financement du développement,
3e & 4e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6836

Le Forum annuel sur le suivi du financement du développement de l’ECOSOC adopte son document final qui appelle à une coopération « gagnant-gagnant »

Trois tables rondes ministérielles mettent en exergue les succès et défis de l’intégration du financement du développement dans les politiques nationales

La deuxième journée du Forum annuel sur le suivi du financement du développement du Conseil économique et social (ECOSOC) a été marquée par l’adoption de son document final* qui appelle à la recherche d’un développement mondial et d’une coopération « gagnant-gagnant » dont tous les pays et toutes les régions du monde pourront retirer des avantages considérables.

Ce document relève les répercussions considérables que la conjoncture mondiale difficile a eues en 2016 sur les efforts déployés dans les pays pour mettre en œuvre le Programme d’action d’Addis-Abeba, en raison non seulement de facteurs économiques, mais aussi sous l’effet des catastrophes naturelles, des changements climatiques, de la dégradation de l’environnement, des crises humanitaires et des conflits.

Il souligne que la trajectoire mondiale actuelle ne permettra pas d’atteindre l’objectif de l’élimination de l’extrême pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions d’ici à 2030.  Pour inverser cette tendance, la communauté internationale doit prendre des mesures concrètes et immédiates permettant de créer à tous les niveaux les conditions favorables nécessaires à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et d’accélérer les efforts déployés aux niveaux national et international pour mettre en œuvre le Programme d’action d’Addis-Abeba.

Le document final souligne que des investissements et des financements publics et privés supplémentaires seront nécessaires pour faire face aux grands besoins d’investissement liés aux objectifs de développement durable, notamment en matière d’infrastructures dans les pays en développement et en particulier dans les pays d’Afrique, les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement.

Il met en exergue le rôle des banques nationales, régionales et multilatérales de développement et aborde aussi les questions relatives à la mobilisation des ressources publiques intérieures; au rôle des entreprises et des financements privés; à la coopération internationale; au commerce international; à la viabilité de la dette; au règlement des problèmes systémiques notamment une réglementation rationnelle des marchés financiers et, d’autre part, l’impératif d’un filet de sécurité financière mondiale. 

Il souligne aussi que l’investissement dans une infrastructure de qualité est un élément indispensable à la réalisation des objectifs de développement durable, ainsi que l’importance cruciale que revêt, pour les pays en développement, le développement industriel.

Le rôle de la science, de la technologie, de l’innovation et du renforcement des capacités ainsi que le transfert de technologies y sont également abordés, de même que l’importance de l’autonomisation des femmes et des filles à la réalisation d’une croissance économique et d’un développement durables, inclusifs et équitables.

Si les deux cofacilitateurs du document, M. Jerry Matthews de l’Afrique du Sud et M. Marc Pecsteen de la Belgique, ont salué l’esprit de compromis qui a prévalu lors des consultations, la délégation américaine a toutefois formulé des réserves par rapport aux paragraphes 8, 9, 11, 20 et 21 du texte qui portent notamment sur l’Accord de Paris sur le climat, précisant que les États-Unis sont en train d’examiner leur position sur cette question.  Elle a également exprimé de vives inquiétudes sur les questions relatives au commerce et à la propriété intellectuelle, qualifiant d’inacceptable tout effort des Nations Unies de vouloir réinterpréter les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). 

« L’Union européenne, a rétorqué son représentant, reste fermement attachée aux objectifs de cet Accord de Paris et appelle toutes les parties à rapidement le mettre en œuvre et à prendre très au sérieux le problème du réchauffement climatique. »  Ce dernier a aussi regretté que la question de la mobilisation des ressources publiques et privées pour aider les pays en développement en la matière ne paraisse pas plus clairement dans le document final.  « Ce document aurait pu être plus ambitieux à bien des égards mais représente néanmoins un bon compromis », a-t-il commenté.

Avant l’adoption de ce texte, le Forum avait organisé trois tables rondes ministérielles qui ont permis de prendre la mesure des progrès accomplis dans l’application des décisions touchant au financement du développement et à la mobilisation des moyens de mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba.

Ces échanges ont notamment permis d’identifier certains des succès, mais aussi les difficultés rencontrées pour intégrer la question du financement du développement dans les politiques nationales, de même que les attentes des pays en terme de coopération multilatérale. 

De nombreux intervenants ont estimé que les efforts déployés par les pays en développement doivent être appuyés et complétés par des initiatives internationales en vue de renforcer leurs capacités et de les aider à faire face aux problèmes sociaux et environnementaux.  Or, le Ministre des finances et de la planification nationale des Tonga a toutefois constaté que l’accès aux fonds multilatéraux s’avère parfois difficile faisant particulièrement référence au Fonds vert pour le climat. 

La faiblesse des investissements étrangers directs a également été déplorée à plusieurs reprises, notamment par le Ministre de l’industrie du Népal, et de nombreux appels ont aussi été lancés pour renforcer les systèmes fiscaux des pays en développement et combattre les flux financiers illicites. 

Le Forum annuel sur le suivi du financement du développement du Conseil économique et social se poursuivra demain, mercredi 24 mai, à partir de 10 heures.

*     E/FFDF/2017/L.1

 

SUIVI ET EXAMEN DES RÉSULTATS DU FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT ET DES MOYENS DE RÉALISER LE PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DURABLE À L’HORIZON 2030: TABLES RONDES MINISTERIELLES (E/FFDF/2017/2)

Thème « Mesures prises en vue de la mise en œuvre des engagements figurant dans le Programme d’action d’Addis-Abeba et autres résultats du financement du développement »

En vertu de la résolution 69/313 adoptée par l’Assemblée générale le 27 juillet 2015, et portant sur le Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du Développement, l’Assemblée générale avait demandé que le processus de suivi et d’examen de l’après-2015 tienne compte de l’évaluation des progrès accomplis afin d’identifier les obstacles et les problèmes rencontrés dans l’application des décisions touchant au financement du développement et la mobilisation des moyens de mise en œuvre.  C’est dans ce cadre que s’inscrive cette série de trois tables rondes ministérielles de cette journée.

Table ronde ministérielle 1

L’animateur, M. TAO ZHANG, Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), a relevé que dans la perspective du financement des objectifs de développement durable, les recettes fiscales ont considérablement augmenté dans les pays en développement.  Néanmoins, il a souligné que cette embellie ne pourrait pas suffire pour réaliser les 17 objectifs, et a jugé nécessaire de renforcer davantage les recettes fiscales en adoptant des stratégies cohérentes qui s’appuient sur des données factuelles.  C’est aussi l’un des rôles premiers du FMI qui accompagne les États afin qu’ils établissent des systèmes fiscaux cohérents, a-t-il indiqué, précisant que cela passe par le biais de 10 centres régionaux par lesquels le Fonds assure le renforcement des capacités en matière fiscale des pays qui en font la demande.

Mme ISABEL DE SAINT MALO DE ALVARADO, Vice-Présidente et Ministre des affaires étrangères du Panama, a présenté l’expérience de son pays où l’État s’est engagé à investir dans de nombreux projets à caractère social.  Une feuille de route pour le suivi des objectifs de développement durable a ainsi été établie.  Les meilleures pratiques sont partagées avec les pays voisins dans le cadre de la politique de coopération régionale du Panama.

Mme De Alvarado a indiqué qu’il existe d’autres sources de revenus en dehors des impôts, citant notamment les investissements directs étrangers (IED) que le Panama s’évertue à attirer par la mise en place d’un environnement d’affaires attrayant.  Il faut bien « faire la distinction entre des mesures fiscales incitatives et des pratiques honnies par la communauté internationale », a-t-elle précisé, faisant référence au scandale des « Panama papers ».  Elle a ensuite invité la communauté internationale à ne pas transmettre un message négatif aux États qui espèrent seulement sortir les populations de la pauvreté en adoptant des mesures qui attirent les IED.

M. NEVEN MIMICA, Commissaire pour la coopération internationale et le développement de l’Union européenne, a indiqué que les politiques de développement de l’Union européenne (UE) sont en cours de modification afin de les adapter aux recommandations du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il a affirmé que depuis la troisième Conférence internationale sur le financement du développement d’Addis-Abeba, l’Union européenne s’est investie dans l’initiative fiscale d’Addis-Abeba.  Elle a en effet déboursé 12 millions d’euros en 2016 et 17 millions en 2017 en soutien aux initiatives de renforcement des systèmes fiscaux des pays en développement.  L’UE va aussi offrir un appui technique pour améliorer le climat des affaires dans les pays en développement, en mettant notamment l’accent sur des programmes qui favorisent l’autonomisation des femmes et des jeunes, ainsi que la réinsertion des migrants dans leur pays d’origine.  M. Mimica a, par ailleurs, affirmé que l’Union européenne entend respecter ses engagements en matière d’aide publique au développement en atteignant la barre de 0,7% de son produit intérieur brut (PIB).

M. ADMASU NEBEBE, Ministre des finances et de la coopération économique de l’Éthiopie, a salué la croissance soutenue que son pays a connue ces dernières années, même si « la croissance économique ne suffit pas pour améliorer la vie des populations ».  Le Gouvernement a donc lancé de nombreux programmes à caractère social et établi une feuille de route d’investissements sur les cinq prochaines années afin d’initier des activités dans les sept domaines d’action du Programme d’action d’Addis-Abeba. 

Outre les mutations que la Direction nationale des impôts a connues, a enchaîné le Ministre, le pays compte également sur le soutien de partenaires internationaux, notamment les États amis, les organisations financières internationales et le secteur privé.  Avec ce dernier, l’Éthiopie entend notamment promouvoir la création d’emplois avec la création de « parcs industriels », des sortes de zones franches censées créer pas moins de 60 000 emplois chacune dans le secteur industriel.  Trois parcs sont déjà fonctionnels et le Gouvernement entend en créer 15 au total dans le cadre de ce partenariat avec le secteur privé international. 

Mme KAREN SINGSON, Sous-Secrétaire chargée de la privatisation au Ministère des finances des Philippines, a indiqué, de son côté, que les Philippines entendent réduire le taux de pauvreté de 21% à 14% d’ici à 2022 en passant d’une économie de consommation à une économie de production.  Elle a avancé que les Philippines connaîtraient bientôt un « âge d’or » en matière d’infrastructures, précisant qu’au cours des trois prochaines années, de nombreux projets vont être mis en œuvre, notamment dans le secteur des transports.  Pour financer ces investissements, une réforme fiscale a été lancée pour obtenir une plus importante taxation des produits pétroliers et augmenter l’impôt sur la fortune, tout en allégeant les taxes foncières.

M. DMITRY PANKIN, Directeur de la Banque eurasienne de développement, a expliqué que cette institution, basée au Kazakhstan, rassemble six pays dont cinq qui n’ont pas de littoral.  Il a indiqué que les activités commerciales des pays enclavés sont inférieures de 30% de celles des pays ayant une ouverture maritime.  Pour améliorer la situation des pays sans littoral, il a jugé nécessaire de baisser les coûts des transports, mais aussi de renforcer la coopération régionale afin de limiter les coûts liés aux transports des marchandises.  Il a ajouté que la vocation de la Banque eurasienne de développement est de promouvoir l’intégration régionale afin de surmonter les obstacles inhérents à l’enclavement des pays de la région.

Lui emboitant le pas M. SAQIB RASHID, Responsable du groupe Abraaj, un fonds d’investissement basé à Dubaï avec des actifs de 10 milliards de dollars, a expliqué que pour un investisseur comme lui, les objectifs de développement durable représentent une feuille de route cohérente, simple et coordonnée facilitant l’action.  Il a indiqué que cette simplicité aide à la fois les investisseurs et les clients à canaliser les ressources pour appuyer la réalisation des objectifs, rappelant qu’auparavant, les investisseurs évitaient les filières qui n’avaient pas un rendement immédiat.  De nos jours, les investisseurs sont davantage disposés à s’engager dans des domaines où les retombées ne sont pas que monétaires, mais également environnementales, sociales et autres, s’est-il félicité. 

Débat interactif

Suite à ces présentations, un représentant de la société civile a appelé la communauté internationale à ne pas négliger la « question périlleuse » de la dette souveraine qui constitue un véritable frein au développement.  Son homologue de l’Internationale des services publics (ISP) a pour sa part estimé que les partenariats public-privé ne sont pas toujours le meilleur moyen d’investir dans les infrastructures, ceux-ci étant souvent flous et entachés de corruption.

Table ronde ministérielle 2

Animée par M. MAHMOUD MOHIELDIN, Premier Vice-Président pour le Programme de développement durable à l’horizon 2030, les relations avec les organismes des Nations Unies et les partenariats du Groupe de la Banque mondiale, cette deuxième table ronde ministérielle était essentiellement consacrée au financement des infrastructures dans le contexte du financement du développement. M . Mohieldin a notamment voulu axer le débat sur la manière d’intégrer le financement du développement dans les priorités nationale et les  défis rencontrés en la matière.

Citant des chiffres du Groupe de la Banque mondiale, M. Mohieldin a souligné qu’il faudrait lever au moins 1 000 milliards de dollars pour réaliser les objectifs de développement durable, sachant que l’aide publique au développement ne représente au mieux que 142 milliards de dollars par an.  Il a dit attendre une plus forte participation du secteur privé, et notamment des fonds de pension, en proposant des investissements dans les objectifs de développement durable ayant un meilleur retour sur investissement.  Il a estimé nécessaire de mieux communiquer sur ce type d’investissements auprès de la communauté de développement.  Il faut en outre éviter de surcharger le secteur privé, offrir des garanties d’investissement multilatérales, mettre en place des filtres financiers, et lutter contre une bureaucratie trop lourde au risque, a-t-il averti, de compromettre la viabilité des projets. 

Rebondissant sur cette introduction, le Ministre de l’industrie du Népal, M. NABINDRA RAJ JOSHI, a rappelé qu’au lendemain du tremblement de terre meurtrier qui l’avait frappé, le Népal s’était doté d’une Constitution inclusive qui garantit les droits de tous les citoyens.  Il a également indiqué que l’ensemble des partis politiques se sont engagés en faveur du développement économique.  Le pays attire désormais des investisseurs et accède à des fonds à conditions avantageuses provenant notamment de ses voisins, l’Inde et la Chine.  Le Ministre a affirmé que le Népal pourrait être un modèle de développement inclusif à condition de réussir pleinement son unification et de pouvoir bénéficier du soutien de la communauté internationale. 

M. Joshi a notamment indiqué que dans le cadre d’une deuxième série de réformes, le Népal révise de manière systématique toutes ses lois afin de favoriser le développement et les investissements nationaux et étrangers.  En outre, les communautés villageoises ont désormais accès à des formations en matière d’entreprenariat pour éviter l’exode des jeunes vers d’autres pays, tandis que les femmes, à qui on facilite la création d’entreprise, peuvent accéder à des financements. 

Pour réussir son pari, le Népal doit toutefois augmenter ses revenus fiscaux, a reconnu le Ministre qui a également regretté la part très faible des investissements étrangers directs (IED).  Il a indiqué que 4% du PIB est aujourd’hui alloué aux protections sociales, mais qu’un déficit commercial « alarmant » nuit à la croissance économique du pays.  À moyen terme, le Népal vise une croissance durable et une industrie manufacturière forte et compte par ailleurs sur une aide « catalysatrice » pour lancer des travaux de grandes infrastructures.  En attendant, sa politique sur les infrastructures encourage la participation du secteur privé et, à défaut, le Gouvernement les finance.

Lui succédant, M. TEVITA LAVEMAUU, Ministre des finances et de la planification nationale des Tonga , a indiqué que le cadre de développement stratégique des Tonga est en phase avec les moyens de mise en œuvre des objectifs de développement durable, ce qui a débouché sur une économie en bonne santé avec une hausse de 3,8% du PIB cette année.  Il a expliqué qu’une augmentation des envois de fonds, une reprise du secteur agricole et le lancement de grands travaux avaient contribué à cette hausse.  Le Gouvernement s’est aussi fixé sept grands objectifs nationaux qui visent à ne laisser personne de côté à long terme.  À ce titre, il a notamment parlé de la création d’une économie fondée sur les connaissances, le développement humain et l’égalité entre les sexes ainsi que la résilience aux risques climatiques et aux chocs externes.

Le Ministre a ensuite indiqué que pour financer ces objectifs, les Tonga comptent sur leur budget ordinaire (recettes fiscales avec un ratio impôt/PIB de 22%), leur niveau de dette étant soutenable.  Des politiques budgétaires ont également été mise en place pour améliorer la protection sociale ainsi que les mesures d’incitation pour les PME.  Il a ajouté que les revenus nationaux doivent représenter 22% du PIB et que tout emprunt externe doit se faire à des conditions favorables.  M. Lavemauu a en outre signalé que la promotion du commerce et de l’industrialisation avait eu des incidences positives sur le développement du pays.  Pour ce qui est des partenariats de développement, le Ministre a toutefois regretté les difficultés d’accès aux fonds, notamment ceux du Fonds vert pour le climat.  Il a par ailleurs exhorté le FMI à élargir la définition de « fragilité » pour y inclure la « vulnérabilité aux chocs externes ».   Les banques de développement doivent tenir compte de l’indice de vulnérabilité des pays, a martelé le Ministre.

Pour M. VÄINO REINART, Sous-Secrétaire aux affaires économiques et au développement du Ministère des affaires étrangères de l’Estonie, la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 passe par la mobilisation de toutes les ressources disponibles et l’adoption d’une approche innovante en matière de financement du développement.  Il a estimé que les gouvernements nationaux doivent jouer un rôle de premier plan en créant les conditions propices au développement.  Rappelant que son pays était classé comme un pays en transition il y a 26 ans et qu’il figure désormais au rang des pays à revenu élevé, il a expliqué que la coopération de développement de l’Estonie mise notamment sur la promotion de la démocratie, du respect des droits de l’homme, de la paix et la sécurité ainsi que sur la place des nouvelles technologies dans le développement.  Le Ministre a indiqué que son pays avait fait d’énormes progrès en termes de gouvernance électronique, expliquant notamment que la majorité de sa population fait désormais sa déclaration d’impôts en ligne, que le système de santé a été numérisé et que le vote électronique devient de plus en plus populaire.  Ces acquis numériques ont permis de lutter contre la corruption et d’accroître la reddition de comptes, a affirmé le Ministre, dont le Gouvernement a partagé son expérience de gouvernance électronique avec plus de 60 pays et lancé des projets pour une meilleure connectivité dans les zones reculées.  Conscient toutefois des risques liés à la cybersécurité, l’Estonie s’engage activement dans la promotion de la sécurité électronique.

Avant de passer la parole au prochain panéliste, M. Mohieldin a salué la puissance de l’Estonie en matière de technologies nouvelles et ses succès en termes d’e-gouvernance.

Constatant, pour sa part, que l’APD avait atteint son maximum historique en 2015 avec 142 milliards de dollars, le Directeur de l’Agence mexicaine de la coopération internationale pour le développement (AMEXCID), M. AGUSTIN GARCIA-LOPEZ, s’est interrogé sur la manière de bâtir une nouvelle architecture de la coopération qui soit efficace et qui corresponde aux besoins spécifiques des pays.  Il a estimé qu’à l’avenir, la coopération internationale doit permettre aux pays d’accéder aux ressources en fonction de leurs capacités et de leurs besoins.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 envisage le développement en tant que processus universel multidimensionnel et complexe et une coopération internationale adaptée doit prévoir un cadre aussi vaste, a-t-il poursuivi.  Pour cela, il faut trouver un équilibre adéquat entre les différentes sources de financement (public, privé, de connaissances et en espèces).  Il faut également garantir que les engagements en termes d’APD soient tenus; concevoir une méthodologie qui ne se limite pas au revenu par habitant; revoir les critères d’admissibilité aux fonds en y incluant toutes les parties concernées, réfléchir au « mythe » des pays intermédiaires et remettre à l’honneur la coopération Sud-Sud en tant que politique publique transparente et prévisible. 

M. Garcia-Lopez a également encouragé la coopération triangulaire par voie consensuelle ainsi qu’une alliance globale pour appuyer une coopération efficace.  En outre, il est revenu sur les processus de classement des pays et les possibilités de changement de statut, évoquant notamment la situation des pays intermédiaires qui souhaitent accéder à des catégories supérieures.  Ces catégories, a-t-il estimé, doivent devenir des ponts pour les pays en développement au lieu d’être des murs comme c’est le cas actuellement.

Le Président national de l’Association des autorités locales sud-africaines (SALGA), M. MPHO KHUNOU, s’est quant à lui attardé sur la manière de traduire la notion de croissance inclusive au niveau local.  Nos villes et nos municipalités doivent faire face aux impératifs de l’inclusion, a-t-il indiqué, et les défis rencontrés sont souvent liés à la migration intérieure et à l’exode rural, ce qui entraîne une augmentation des logements informels et un manque d’infrastructures et de services adéquats.  S’agissant de la diversification de la mobilisation des ressources, il a expliqué que les municipalités sud-africaines dépendaient souvent d’une source unique, notamment l’électricité,  alors qu’il est impératif de les diversifier en optant, notamment, pour des titres et obligations municipales à défaut de disposer des ressources requises pour les investissements dans les infrastructures publiques. 

Débat interactif

Au cours du débat qui a suivi, le représentant de la Confédération générale du travail de l’Italie a souligné que les personnes qui ont réussi à sortir de la pauvreté grâce au commerce international vivent principalement dans les pays à économie forte.  Il a appelé à tenir compte des résultats de la conférence de l’Organisation internationale du Travail qui mettent en exergue les défaillances dans la chaîne de travail, notamment le travail des enfants et d’autres questions liés aux abus des droits de l’homme. Il a jugé prioritaire de miser sur l’achèvement du programme de Doha au lieu de commencer à discuter du commerce électronique.

La question du financement des infrastructures dans un contexte de raréfaction des ressources financières  a interpellé la représentante du Ghana qui a voulu savoir s’il existait des fonds non utilisés qui avaient été alloués aux infrastructures publiques et dans quelle mesure les gouvernements devaient fixer les priorités dans ce domaine.

Le représentant de l’Organisation mondiale de la Santé a souligné pour sa part que les taxes sur le tabac permettaient de véritablement mobiliser des ressources tout en ayant un effet positif sur la lutte contre le tabagisme. 

Table ronde ministérielle 3

L’animateur de la table ronde, M. YONOV FREDERICK AGAH, Directeur général adjoint de l’organisation mondiale du commerce (OMC), a expliqué que son organisation a pris un certain nombre d’initiatives pour faire du commerce international un atout pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Il s’est notamment félicité de l’entrée en vigueur, le 22 février 2017, de l’Accord sur la facilitation des échanges, précisant que cet accord devrait réduire le coût total du commerce de plus de 14% pour les pays à faible revenu et de plus de 13% pour les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure grâce à une simplification de la circulation des marchandises à travers les frontières.

M. MIGUEL ANGEL ESTUARDO MOIR SANDOVAL, Secrétaire à la planification du Guatemala, a indiqué que son gouvernement a mis en place 29 priorités de développement qui tiennent compte du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le pays a progressé en matière de recouvrement des fonds illicites et le développement national implique la participation de tous les partenaires nationaux, dont le Gouvernement et le secteur privé.  Il a insisté sur l’importance de faire valoir le droit au développement pour certains pays, d’où la nécessité d’une coopération internationale forte pour soutenir les efforts desdits pays.  À ce propos, il a déploré que l’APD ne soit pas à la hauteur des attentes, souhaitant en outre que les pays à revenu intermédiaire ne soient plus exclus parmi les bénéficiaires de cette aide.

M. TEUEA TOATU, Ministre des finances et du développement économique de Kiribati, a expliqué que son pays fait face à des contraintes structurelles qui constituent un obstacle à la réalisation des objectifs de développement durable.  Malgré la volonté politique, les moyens manquent pour assurer le développement, notamment dans un contexte de changements climatiques aux effets dévastateurs pour le pays, a—t-il indiqué.  Il a rappelé que Kiribati dépend largement des ressources halieutiques, et que la situation géographique du pays, qui est constitué de 33 îles éparpillées sur l’océan, n’est pas très avantageuse.  Il faut donc renforcer les capacités nationales et mettre en place les infrastructures nécessaires.  Outre la construction de routes, d’école et d’hôpitaux, il a aussi jugé nécessaire de renforcer la connectivité et d’établir un système d’adduction d’eau moderne.  Garantir un financement adéquat pour les objectifs de développement durable est donc un grand défi pour le pays qui investit ses maigres ressources pour renforcer sa résilience face aux aléas du climat.

M. MODESTE RANDRIANARIVONY, Secrétaire permanent du Ministère des affaires étrangères de Madagascar, a indiqué que Madagascar a intégré les objectifs de développement durable dans ses politiques nationales de développement.  Malgré les efforts nationaux, les obstacles ne manquent pas, en raison, notamment, du manque de moyens financiers ou encore des phénomènes naturels comme les cyclones dont le dernier a provoqué d’énormes dommages, il y a tout juste trois mois. 

Mme CAROLA INIQUEZ ZAMBRANO, Sous-Secrétaire des organisations internationales au Ministère des affaires étrangères de l’Équateur, a affirmé que tant que de véritables décisions ne seront pas prises à l’échelle internationale pour combattre la fraude fiscale, les pays en développement seront toujours à court de moyens.  Elle a déploré que certaines organisations multilatérales se soustraient à l’imposition dans des pays en développement, utilisant divers subterfuges dont celui du principe de la non-double imposition.  Elle a déploré les iniquités du système financier international, expliquant par exemple que tout l’argent caché dans les paradis fiscaux pourrait servir la cause du développement.  Elle a indiqué qu’à l’issue d’un référendum organisé le 19 février dernier en Équateur, le peuple avait décidé qu’aucun fonctionnaire national ne devait posséder des fonds dans des paradis fiscaux.  Elle a aussi plaidé pour la création d’un organe intergouvernemental au sein des Nations Unies, afin de suppléer le Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale qui souffre d’un manque de fonds adéquats.

Mme INGER BUXTON, Chef adjoint du Département de l’agenda mondial au Ministère des affaires étrangères de la Suède, a indiqué que son pays avait établi un rapport qui présente plus de 200 exemples concrets de mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Ce rapport pourrait servir d’outil de référence pour d’autres pays, a-t-elle suggéré, indiquant en outre que des banques privées suédoises se sont dites prêtes à participer au financement de microprojets de développement dans les pays vulnérables.  Elle a aussi fait savoir que les autorités fiscales suédoises organisent en mai prochain un atelier international sur le renforcement des capacités en matière fiscale à l’attention des pays en développement.

M. FANWELL KENALA BOKOSI, Directeur exécutif du Réseau africain pour la dette et le développement (AFRODAD), a invité les gouvernements à choisir les meilleures voies de financement pour leur développement.  Il a affirmé que, sur le plan fiscal, les gouvernements ne doivent pas cibler les populations les plus pauvres et les plus vulnérables, tout en épargnant les plus nantis.  

Débat interactif

Prenant la parole à la suite des panélistes, un représentant de la société civile a justement déploré le fait que dans les pays en développement, la fiscalité des multinationales est souple alors que l’impôt sur la consommation, qui affecte les plus pauvres, est de plus en plus agressif.  Il a lui aussi appelé à la création d’une instance internationale sur les questions fiscales, placée sous l’égide des Nations Unies.  Une autre déléguée d’une organisation agricole a regretté, pour sa part, que les débats de l’ECOSOC ne prennent pas toujours en compte les personnes « sans voix » qui ne peuvent pas souvent y participer, faute d’avoir pu obtenir un visa dans les consulats des États-Unis.

Débat général

Déclarations de ministres et de représentants de haut niveau

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. AJEDRA GABRIEL GADISON ARIDRU, Ministre des finances, de la planification et du développement économique de l’Ouganda, a déclaré que les besoins du continent africain en matière de lutte contre la pauvreté étaient les plus importants au monde.  Cependant, a-t-il constaté, les efforts pour améliorer cette situation se sont heurtés à des tendances économiques mondiales défavorables et à la récente crise économique, en raison desquelles le produit intérieur brut des États africains a eu tendance à diminuer.  Le représentant a estimé que l’Afrique devait désormais, pour inverser cette tendance, lever des ressources financières importantes, tout en évitant de tomber dans le piège de la dette.  Cet équilibre devrait nécessiter une mobilisation dans tous les domaines d’action définis au sein du Programme d’action d’Addis-Abeba, a poursuivi le représentant, ajoutant que les ressources propres à l’Afrique étaient malheureusement drainées par les flux financiers illicites.

Le délégué a déclaré que, pour relancer la croissance économique en Afrique, il était nécessaire de prendre des mesures innovantes, y compris l’utilisation des énergies renouvelables.  De plus, le représentant a estimé qu’une coopération internationale accrue était nécessaire pour répondre aux préoccupations des Etats africains. 

S’agissant du document final adopté aujourd’hui, le délégué a déclaré que les conclusions et les recommandations ne reflétaient pas réellement les actions nécessaires pour mettre l’Afrique sur la voie du développement durable.  Il a espéré que la prochaine réunion du Forum de l’ECOSOC sur le suivi du financement du développement, courant 2018, soit plus fructueuse à cet égard.

M. AJEDRA GABRIEL GADISON ARIDRU, Ministre d’État des finances, de la planification et du développement économique de l’Ouganda, a souligné l’engagement de son pays en faveur de l’intégration financière, y voyant le socle d’un « écosystème financier » où toutes les formes de financement peuvent s’épanouir.  Il a indiqué que c’est dans cette optique que l’Ouganda a renforcé ses cadres juridiques et institutionnels.  S’appuyant sur la révolution numérique, le secteur bancaire ougandais mobilise tous les efforts pour universaliser ses services, et le pays a aussi lancé une série de réformes pour améliorer la gestion des finances publiques.  En la matière, le Ministre a appelé les États à appuyer le  Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale.

Il a poursuivi en se penchant sur le rôle du secteur privé qui, a-t-il souligné, ne saurait être ignoré.  Il s’est attardé sur les lois adoptées par son pays pour mobiliser les ressources de ce secteur et mieux cibler les interventions publiques.  Soucieux d’accélérer son industrialisation, l’Ouganda, a dit le Ministre, attend beaucoup du Mécanisme de facilitation des technologies.  Il a par ailleurs rappelé que son pays accueille désormais plus de 1,2 million de réfugiés et a annoncé qu’il organisera, avec le HCR, les 22 et 23 juin, à Kampala, une « Conférence de solidarité » pour mobiliser l’appui à ces « innocents vulnérables ».

M. REUBEN DARIO MOLINA, Vice-Ministre des Affaires multilatérales et de l’intégration auprès du Ministère du pouvoir populaire et des affaires étrangères du Venezuela, a dénoncé la pratique d’un capitalisme qui concentre la majorité des richesses aux mains d’une minorité.  Il a rappelé que le monde compte plus de 200 millions de chômeurs en 2017.  Il a appelé à venir à bout des inégalités profondes, citant notamment la responsabilité des pays développés de venir en aide aux pays en développement qui leur ont fournis des matières premières à bon marché pour assurer leur croissance.  « Le Venezuela est un ardent défenseur de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire au bénéfice des peuples » a insisté le Vice-Ministre des Affaires multilatérales et de l’intégration du Venezuela.  Il a précisé que le Venezuela a lancé les initiatives ALBA et PetroCaribe pour faciliter l’accès à l’énergie entre les pays de la sous-région des Caraïbes. « Les décisions doivent être prises au niveau intergouvernemental et non par les multinationales », a insisté M. Molina.   

M. ATO ADMASU NEBEBE, Ministre des finances et de la coopération économique de l’Éthiopie, a estimé que le rapport 2017 du Groupe de réflexion interinstitutions sur le financement du développement constitue un excellent examen des efforts nationaux et internationaux de mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il a toutefois noté que le rapport souligne que malgré les progrès constatés, la trajectoire actuelle ne permettra pas d’atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030.  Il a donc appelé à une action urgente concertée et coordonnée au niveau mondial pour accélérer les progrès et créer un environnement international propice à la pleine réalisation des objectifs de développement durable.  Il faut, a-t-il affirmé, un partenariat renouvelé et une réelle solidarité pour ne pas rater cette opportunité historique de mettre fin à la pauvreté dans toutes ses dimensions d’ici à 2030. 

Le Ministre éthiopien a ensuite parlé des efforts déployés par son pays pour intégrer les objectifs de développement durable au plan national de développement.  Il a aussi souligné les efforts lancés pour créer un environnement propice à la création d’entreprise et à l’investissement étranger direct, afin que le secteur privé devienne un moteur de croissance économique et de création d’emplois.  Il a aussi insisté sur l’importance de l’industrialisation durable.  Bien que les pays portent la première responsabilité en matière de mis en œuvre des objectifs de développement durable, le Ministre éthiopien a souligné le caractère décisif de l’aide publique au développement (APD) pour les pays en développement.

Mme GRACE KAREN G. SINSON, Sous-Secrétaire des finances des Philippines, a indiqué que l’économie des Philippines connaissait une des plus fortes croissances au monde.  Dotée d’une population jeune et bénéficiant de 50 milliards de dollars d’envois de fonds annuels depuis l’étranger, le développement des Philippines s’appuie aussi sur un plan infrastructurel de 160 milliards de dollars, a-t-elle expliqué.  Soulignant que la croissance n’avait pas de sens si elle excluait les pauvres, la représentante des Philippines a en outre fait savoir que l’objectif de son pays était de réduire le taux de pauvreté de 21 à 14% au cours des six prochaines années.  « Cela permettra de libérer 6 millions de Philippins de la pauvreté », a-t-elle précisé.

Poursuivant, Mme Sinson a reconnu  la nécessité, pour son pays, de diminuer ses taux d’imposition pour s’aligner sur ceux des autres pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Elle a indiqué que le Congrès philippin a été saisi d’un premier paquet de réformes fiscales - sur les cinq prévues – qui devra notamment bénéficier à la classe moyenne.  Elle a expliqué que la question des infrastructures représente un défi majeur pour les Philippines, ajoutant que le développement des infrastructures permettra de créer des centaines de milliers d’emplois et renforcer ainsi l’économie.  « Rattraper notre retard en matière d’infrastructures nécessitera une posture fiscale adaptée et des emprunts –donc un déficit- à long terme », a-t-elle encore fait savoir.

M. AUGUSTÍN GARCÍA-LÓPEZ, Directeur de l’Agence mexicaine de la coopération internationale pour le développement (AMEXCID), a déclaré que, 15 ans après l’adoption du Consensus de Monterrey, l’humanité se trouvait à un moment crucial de son histoire.  « Nous disposons pour la première fois des connaissances et des moyens nécessaires pour mettre un terme au fléau de la pauvreté, mais paradoxalement, les inégalités dans et entre les pays ne cessent de se creuser », a-t-il constaté.

Le délégué a appelé à adopter des mesures pour changer les modes de production et de consommation actuels, notamment afin de lutter contre les changements climatiques, sous peine de remettre en cause la survie de l’espèce humaine.  La solution à ces problèmes, a déclaré le représentant mexicain, est la mise en œuvre de politiques nationales responsables visant à atteindre le développement durable dans toutes ses dimensions.  « Mais ces politiques ne pourront pas être couronnées de succès si elles ne sont pas accompagnées de réponses efficaces de la part de la communauté internationale », a-t-il mis en garde. 

M. García-López a, par conséquent, appelé à renforcer le multilatéralisme, à savoir la promotion du libre-échange, et la mobilisation efficace de ressources nationales, d’investissements étrangers, ainsi que la coopération pour le développement.

L’adoption, le 25 septembre 2015, du Programme de développement durable à l’horizon 2030 a représenté une étape majeure dans la construction d’un monde « plus prospère, plus juste et plus durable », a ensuite souligné le représentant, tout en mettant en garde contre les vieilles « logiques verticales », qui doivent selon lui s’effacer derrière les concepts d’« intégration », de « coopération », d’« efforts en commun » et de « synergies ».

M. EFRAIN COREA, Président Directeur de la planification stratégique, du budget et de l’investissement public du Honduras, a déclaré que la promotion du développement durable était le principal moyen de lutter contre la pauvreté extrême.  Toutefois, le délégué a constaté que les inégalités entre pays persistaient et que la productivité demeurait limitée pour les pays en développement.  Il a appelé la communauté internationale à prendre davantage en compte les besoins des pays à revenu intermédiaire, dont les réalités doivent, selon lui, être davantage prises en comptes.

Le délégué a en outre appelé à consolider les systèmes de mesure de la réalisation du développement durable, ainsi qu’à accroitre l’engagement des acteurs privés et la coopération Sud-Sud.  Toutefois, a-t-il dit, ces différents éléments ne sauraient se substituer à l’aide publique au développement et à la coopération traditionnelle.  Le représentant a enfin invité le secteur privé à jouer un rôle plus prépondérant dans le financement du développement durable.

M. MODESTE RANDRIANARIVONY, Secrétaire permanent au Ministère des affaires étrangères de Madagascar, a indiqué que son pays s’est doté d’une stratégie de mobilisation des ressources intérieures construite autour d’un état de droit fort, fédérateur et développementaliste, un espace budgétaire performant, un système financier solide et inclusif et un partenariat public-privé de relais de même que des fonds de proximité souverains.  Le capital naturel est bien exploité et utilisé de façon rationnelle, le pays dispose en outre d’un service public d’excellente qualité, d’un système social de proximité performant et efficient; ainsi que d’un système d’information et de surveillance permanent au service de la mobilisation des ressources intérieures. 

Madagascar, a rappelé l’intervenant, dispose depuis 2012, d’une structure opérationnelle de coordination de l’aide.  Mais ses efforts, a déploré l’intervenant, se heurte à des points d’embûches comme le passage du cyclone Enawo.  Dans ce contexte, il est crucial que les partenaires soient exemplaires dans la concrétisation de leurs engagements car les pays en développement ne sont pas des fardeaux, bien au contraire.  « La promesse est de faciliter le développement commun et solidaire dans ce monde interdépendant », a conclu l’orateur. 

M. MICHAEL GERBER, Envoyé spécial pour le développement durable mondial du Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse, a noté une évolution et des progrès inégaux au niveau mondial en matière de mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Face à la stagnation de l’aide publique au développement, il a dit la nécessité de garantir une utilisation plus efficace de cette source de financement en se concentrant sur des secteurs et domaines précis.  Le financement des objectifs de développement durable est autant une question de politique que de moyens, a-t-il insisté avant de souligner l’importance de l’appropriation au niveau national.      

M. VALENTION RYBAKOV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus, s’est inquiété des conséquences du ralentissement des échanges commerciaux et de certaines crises humanitaires sur les efforts nationaux consacrés à la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a appelé à respecter les principes du Programme d’action d’Addis-Abeba en mettant l’accent sur les objectifs relatifs à l’aide publique au développement.  Notant que le volume de l’APD destiné aux PMA a diminué, il a jugé important que les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) respectent leur engagement en matière d’APD.  Il a appelé à définir un plan d’action spécifique aux pays à revenu intermédiaire qui soit similaire à ceux qui existent pour les autres catégories de pays en développement.  

Au nom du MIKTA –Mexique, Indonésie, République de Corée, Turquie et Australie-, M. Agustín García-López, Directeur de l’Agence mexicaine de la coopération internationale pour le développement (AMEXCID), a souligné la nature « multisectorielle » du financement du développement qui exige un certain degré de cohérence entre les niveaux local, national, régional et international.  Des partenariats et une coopération internationale renforcés sont essentiels pour appuyer les politiques visant à faire augmenter les investissements publics et privés dans le développement durable, à créer des emplois et à renforcer les capacités de production.  Il a ajouté que l’augmentation des investissements publics et privés dans les infrastructures est essentielle pour réaliser les objectifs de développement durable, et a estimé que ces investissements devraient être complétés par des mesures vigoureuses de lutte contre les changements climatiques et de réduction des risques de catastrophe. 

M. García-López a ensuite attiré l’attention sur les liens entre sciences, technologie et innovation et croissance inclusive.  Il a aussi insisté sur la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire qui, a-t-il averti, ne sauraient se substituer à la coopération Nord-Sud.  Dans ce contexte, les principes partagés du « Partenariat mondial pour une coopération au développement efficace » peuvent contribuer au travail actuel et futur, a-t-il estimé.  S’agissant de la mobilisation des ressources domestiques, le Directeur d’AMEXCID a appelé au renforcement de la coopération internationale en matière fiscale et à une lutte acharnée contre les flux financiers illicites.  Il a conclu sur l’importance de l’intégration financière au niveau des pays. 

Au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), Mme SULTANA AFROZ, Secrétaire de la Division des relations économiques du Ministère des finances du Bangladesh, a indiqué que le Programme d’action d’Addis-Abeba reconnait que les PMA ont un potentiel colossal en terme de croissance économique à condition, pour eux, de surmonter leurs défis en matière d’infrastructures.  Elle a prévenu que les PMA ne pourront pas atteindre leurs objectifs en matière de développement durable sans une aide conséquente des pays développés.  Elle a mis l’accent sur les difficultés rencontrées par les PMA face au fardeau de la dette, ainsi qu’aux mesures protectionnistes imposées par les pays développés.  Elle a expliqué qu’un accès facilité aux marchés mondiaux pour les produits des PMA permettrait de stimuler la diversification des économies de ces pays.  Elle a exhorté les pays en développement à respecter les objectifs agréés en matière d’APD destinés aux PMA, à savoir 0,2% du PIB.

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. HECTOR ENRIQUE JAIME CALDERON (El Salvador) a appelé à continuer à travailler pour relever les défis qui se dressent sur la voie du développement durable.  Il a notamment exhorté les pays développés à tenir leurs engagements en matière d’aide publique au développement.  En dépit des efforts déployés par les pays de la CELAC, qui sont en majorité des pays à revenu intermédiaire, ces derniers ont en effet toujours besoin de l’aide publique au développement, a-t-il déploré.

Le représentant a par conséquent appelé à améliorer les mécanismes et les méthodologies permettant de mesurer les besoins de développement, et ce afin de parvenir à une allocation plus équitable de l’aide publique au développement.  Il a par ailleurs appelé à renforcer la coopération Sud-Sud, « qui doit compléter et non remplacer » les mécanismes de coopération traditionnels.

Le délégué a, par ailleurs, insisté sur la nécessité de continuer le transfert de technologies vers les pays en développement à des conditions préférentielles.  Il a affirmé que les pays à revenu intermédiaire faisaient malheureusement les frais du système actuel d’allocation des ressources pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, car ces pays ne sont pas prioritaires.  Il a appelé à remédier à cette situation. 

Enfin le délégué a insisté sur les efforts déployés par les pays de la CELAC pour lutter contre la corruption et les flux financiers illicites.

M. GONÇALO NUNO GAMITO BEIJA DE TELES GOMES, Vice-Président de l’Institut pour la coopération et le langage du Ministère des affaires étrangères du Portugal, a appelé les pays à définir leurs propres stratégies de financement des objectifs de développement durable.  Il a dit les efforts du Portugal pour favoriser l’intervention du secteur privé dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a précisé que le Portugal utilise les fonds et mécanismes européens pour réaliser des programmes ambitieux en matière  de développement durable.  

M. ANOUPARB VONGNORKEO, Directeur général du Département des organisations internationales au Ministère des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao, a appelé à accorder une plus grande importance aux besoins des pays en situation particulière.  Les Laos ont intégré le Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans son plan national de développement socioéconomique, ce qui a conduit à la réforme de plusieurs politiques nationales.  La politique fiscale a ainsi été modernisée, et le pays compte également sur le soutien des partenaires bilatéraux et multilatéraux.  Il a plaidé pour que l’APD soit maintenue et orientée spécifiquement vers l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes.  Il a également appelé au renforcement de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire, les deux, a-t-il précisé, devant rester complémentaires à la coopération Nord-Sud

M. LEE KYOO HO, Directeur de la Division des politiques de développement du Ministère des affaires étrangères de la République de Corée, a estimé que la réalisation des objectifs de développement durable devait s’accompagner d’un niveau approprié d’aide publique au développement.  Il a également appelé les pays en développement à augmenter leurs revenus fiscaux en créant des systèmes de captation fiscale plus fiables et en luttant contre les flux financiers illicites.

Le délégué a en outre indiqué que son pays avait augmenté sa contribution à l’aide publique au développement ces dernières années.  Il a appelé à inciter davantage le secteur privé à appuyer la réalisation des objectifs de développement durable, jugeant par ailleurs nécessaire d’améliorer l’accès abordable des pays en développement au crédit et à d’autres services financiers.

Mme KATHARINA PETER, Chef de la Division du financement du développement du Ministère fédéral de de la coopération économique et du développement de l’Allemagne, a indiqué que deux aspects sont essentiels pour la mise en œuvre du  Programme d’action d’Addis-Abeba.  « D’abord, a-t-elle insisté, il faut des partenariats de mise en œuvre puis une appropriation de la mise en œuvre au niveau national. »  « Toutes les ressources financières et non financières seront nécessaires pour réaliser les objectifs de développement durable », a insisté la représentante de l’Allemagne en soulignant en particulier l’importance de l’aide publique au développement.  Elle a précisé que l’Allemagne a atteint l’objectif de 0,7% du PIB consacré à l’APD en 2016, ce qui correspond à un investissement de 22 milliards de dollars. 

M. RAWLE LUCAS, Directeur exécutif du Département de la coopération économique globale du Ministère des affaires étrangères de Guyana, a appelé la communauté internationale à prendre des mesures plus significatives pour réaliser les objectifs de développement durable, engageant notamment les pays en développement à améliorer leur comptabilité nationale.

Soulignant la dépendance de son pays au commerce international, sans lequel les entreprises du Guyana, a-t-il dit, ne pourraient pas fonctionner, le délégué a déclaré que l’absence de compétitivité dans l’environnement économique mondial actuel mettait son pays en difficulté.

Le délégué a par ailleurs appelé à améliorer l’évaluation des besoins de développement de chaque pays, pointant du doigt les limites de l’utilisation du PIB par habitant comme principale critère de développement.  Le PIB par habitant du Guyana a augmenté, a-t-il indiqué, soulignant que cela s’était traduit par une diminution de l’aide publique au développement allouée à son pays.

M. PAGNATHUN THENG, Directeur général du Ministère de la planification du Cambodge, a indiqué que son pays a renforcé sa coopération avec les pays de la région au cours des deux dernières décennies.  Il a expliqué que cette démarche a permis de renforcer la paix et la stabilité du Cambodge et atteindre un taux de croissance de 7,7% par an.  Grace à ces efforts nous avons pu réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement avant la date butoir de 2015, a-t-il insisté avant de citer la période de transition que vit son pays sur la route de la mise en œuvre des objectifs de développement durable à l’horizon 2030.  Il a expliqué que les objectifs de développement durable seront insérés au plan de développement national 2016-2030 du Cambodge. 

Mme ANA VAERIA CIUTI, Directrice générale de la coopération internationale du Ministère des affaires étrangères de l’Argentine, a dit que l’avènement d’une nouvelle tendance au protectionnisme et un affaiblissement du multilatéralisme doit pousser les États à renforcer la coopération internationale aux fins de la réalisation des objectifs de développement durable.  Il faut promouvoir un nouvel environnement mondial en tenant compte de la contribution des pays en développement à l’économie mondiale, a insisté la représentante de l’Argentine.  Elle a précisé que son pays marquait, cette année, le 25e anniversaire du Fonds argentin de coopération Sud-Sud et de coopération triangulaire qui a permis de réaliser des projets novateurs dans la région d’Amérique latine et des Caraïbes. 

M. BOUBACAR ADAMOU, Directeur général des relations multilatérales au Ministère des affaires étrangères du Niger, a rappelé que 2015 avait été une année charnière pour les efforts de la communauté internationale visant à atteindre un développement durable et inclusif, citant notamment l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.

Mais force est de constater qu’après deux années de mise en œuvre, a-t-il regretté, les résultats obtenus ne sont pas suffisants.  Il a ajouté que ces résultats décevants étaient d’autant plus réels chez les pays en développement sans littoral, dont la situation, a-t-il souligné, est particulièrement vulnérable.

Le délégué a de plus déclaré que la situation du Niger avait été compliquée par la sécheresse, une forte croissance démographique et une faible valorisation des activités économiques, ainsi que par la crise sécuritaire dans le bassin du Lac Tchad.  Il a expliqué que cette dernière a contraint son pays à allouer davantage de ressources à la sauvegarde de son intégrité territoriale, au détriment des investissements dans les secteurs sociaux de base.

Le délégué a, par conséquent, appelé à respecter les engagements pris dans le cadre de l’aide publique au développement et à appuyer les pays en développement pour les aider à mieux mobiliser leurs propres ressources.

M. LAIRD HINDLE, Directeur adjoint pour la politique de planification du développement du Canada, a appelé à repenser le financement du développement pour réaliser le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Le délégué a indiqué que son pays appuyait pleinement l’adoption de politiques et de programmes encourageant la création de ressources, en particulier celles incluant les femmes.

Le représentant a en effet constaté que les pertes liées au fossé entre hommes et femmes dans certains pays allaient de 5 à 30% du PIB, selon les cas.  Il a appelé à réduire ce fossé, ainsi qu’à renforcer la coopération internationale en matière scientifique et technologique et à mieux utiliser les flux d’aide publique au développement pour investir davantage dans le secteur privé.

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires, M AHMED SAREER (Maldives) a salué l’importance du Programme d’action d’Addis-Abeba qui reconnait les difficultés, les vulnérabilités et les besoins particuliers des petits États insulaires en développement.  Il a dit que les petits États insulaires n’ont pas les moyens financiers de faire face aux changements climatiques.  Ce ne sont pas de simples difficultés mais de réelles menaces à leur existence, a-t-il souligné, citant notamment la montée du niveau des océans et les menaces sur les ressources marines.

Au nom de la Communauté des Caraïbes, M. COSMOS RICHARDSON (Sainte-Lucie) a appelé les États Membres à se pencher sur les moyens de financer chacun des objectifs de développement durable.  Il a mis l’accent sur la fréquence particulière des catastrophes naturelles qui viennent aggraver les difficultés macroéconomiques des pays des Caraïbes.  Nous devons veiller à ce que les mécanismes et politiques de financement gardent à l’esprit la nature multilatérale de ces efforts.

Au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), Mme CHRISTINE KALAMWINA (Zambie) a déclaré que le Programme d’Action d’Addis-Abeba est déterminant pour accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, ainsi que les autres cadres de développement tels que le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et le Programme d’action de Vienne.  La représentante du Groupe des PMA a appelé à appuyer le développement des infrastructures des PMA, notamment dans le domaine des transports, de l’énergie et des technologies de l’information et de la communication. 

Mme Kalamwina a signalé que l’aide publique au développement (APD) restait une source importante de financement pour les PMA qui, a-t-elle estimé, devait être augmentée dans le contexte de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Elle a aussi souligné l’importance de l’investissement direct étranger pour financer les infrastructures et renforcer les capacités.  La représentante des PMA a, par ailleurs, exhorté l’Instance mondiale dédiée aux infrastructures à répondre aux besoins en infrastructures de transport et de transit des PMA et de leurs voisins.  Enfin, elle a appelé à simplifier et harmoniser les procédures et formalités de douanes et de transit pour faciliter le commerce et augmenter la compétitivité des produits des PMA.  Elle a aussi salué l’entrée en vigueur de l’Accord sur la facilitation des échanges de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). 

 

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