ECOSOC: Le débat sur les questions d’intégration doit orienter les gouvernements sur les objectifs de développement durable
Le Conseil économique et social (ECOSOC) a entamé, aujourd’hui, son débat annuel consacré aux questions d’intégration, prévu sur trois jours, en présence de la Vice-Secrétaire générale de l’ONU et de l’ancienne Présidente de la République du Malawi.
D’accord sur la nécessité d’adopter des politiques et programmes intégrés pour réaliser les objectifs de développement durable dans tous les pays, les intervenants ont examiné les différents aspects de cette intégration, dans le but ultime d’éradiquer la pauvreté, le thème majeur de la session et le premier des 17 objectifs de développement durable.
Le Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Nabeel Munir, a expliqué que le thème choisi cette année, « Faire de l’éradication de la pauvreté un objectif faisant partie intégrante de toutes les politiques: quelles mesures prendre? », contribuait au thème principal de la session 2017 du Conseil qui est « Éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes et dimensions en favorisant le développement durable, en élargissant les opportunités et en abordant les défis connexes ».
Le débat sur l’intégration, a-t-il expliqué, vise à donner une orientation pour l’élaboration de politiques nationales, afin de promouvoir une intégration équilibrée de tous les objectifs de développement durable dans les politiques nationales. En d’autres termes, il s’agit d’encourager les gouvernements à adopter des politiques intégrées, c’est-à-dire des politiques qui mettent en œuvre les programmes sectoriels de manière cohérente, en visant l’objectif commun de développement durable.
La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed, a abordé la question sous l’angle du système des Nations Unies, invitant la communauté internationale à faire de l’élimination de la pauvreté un objectif intégré dans l’ensemble du système. Elle a, pour cela, plaidé en faveur d’une synergie dans tous les secteurs.
L’ancienne Présidente de la République du Malawi, Mme Joyce Banda, a appelé les dirigeants des pays à prendre leurs responsabilités. Afin de lutter efficacement contre la pauvreté en Afrique, elle a recommandé, entre autres mesures, d’« investir dans le développement du capital humain, grâce à l’éducation et la santé ».
Ce continent abrite en effet une bonne part des 836 millions de personnes vivant avec moins de 1,9 dollar par jour. C’est fort de ce constat que le Président par intérim de l’Assemblée générale, M. Masud Bin Momen, du Bangladesh, a souhaité que l’objectif d’élimination de la pauvreté se retrouve « partout, dans toutes les activités de l’ONU ». Les fonds, programmes et agences de l’ONU doivent continuer de placer cet objectif au cœur de leurs activités, a—t-il insisté en appelant à une démarche transversale dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Par ailleurs, pour éradiquer la pauvreté de manière durable et intégrée, les inégalités structurelles qui découlent de la conception actuelle du système économique mondial devraient être discutées et déconstruites, a suggéré de son côté M. Chernor Bah, représentant de la jeunesse auprès du Comité directeur de haut niveau de l’Initiative mondiale du Secrétaire général pour l’éducation avant tout, qui est aussi Président du Groupe de mobilisation de la jeunesse (Sierra Leone).
Cette première journée a également été marquée par la tenue de deux tables rondes. La première portant sur un « Programme intégré en vue d’atteindre l’objectif de développement durable numéro 1 » a permis aux intervenants, là encore, de souligner l’importance d’approches coordonnées et intégrées.
La Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), Mme Shamshad Akhtar, s’exprimant au nom de toutes les commissions régionales de l’ONU, a ainsi indiqué que celles-ci entendent créer un forum régional pour coordonner, au niveau des régions, les activités de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.
Se penchant sur l’objectif de plein emploi productif et de travail décent pour tous, Mme Azita Berar-Awad, Directrice du Département des politiques d’emploi à l’Organisation internationale du Travail (OIT), a indiqué que l’OIT avait conçu de nouveaux outils qui permettent d’intégrer la variable emploi dans l’élaboration des budgets des ministères.
Au niveau national, le Mexique a expliqué comment il intègre les objectifs de développement durable dans ses politiques. Il travaille notamment avec la Banque mondiale pour établir une base de données intégrée qui permettra de centraliser le système d’assistance sociale du pays.
La journée s’est terminée par un débat général au cours duquel d’autres États Membres ont fait part de leurs initiatives nationales visant à éradiquer la pauvreté grâce à de nouvelles politiques inspirées par les objectifs de développement durable. Avant cela, les participants à la seconde table ronde du jour avaient discuté de l’intégration des politiques entre les pays.
L’ECOSOC poursuivra demain, mardi 9 mai, son segment d’intégration, dès 10 heures.
FAIRE DE L’ÉRADICATION DE LA PAUVRETÉ UN OBJECTIF FAISANT PARTIE INTÉGRANTE DE TOUTES LES POLITIQUES: QUELLES MESURES PRENDRE?
Déclarations
M. NABEEL MUNIR, Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a déclaré que le segment de cette année, sur le thème « faire de l’éradication de la pauvreté un objectif faisant partie intégrante de toutes les politiques: quelles mesures prendre », contribuait au thème principal de la session 2017 du Conseil « éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes et dimensions en favorisant le développement durable, en élargissant les opportunités et en abordant les défis connexes ».
M. Munir a ajouté que depuis 2005, le produit intérieur brut mondial avait augmenté de presque 30%, la technologie avait progressé à un rythme toujours croissant et le commerce mondial et l’investissement direct étranger avaient presque doublé de volume. Plus d’un milliard d’individus sont sortis de la pauvreté extrême. Le nombre de personnes situées dans la classe moyenne a presque triplé dans les pays en développement.
Dans le domaine de l’éducation, les taux d’inscription à l’école primaire ont dépassé les 90%, tandis que des progrès significatifs ont été réalisés pour réduire les disparités de genre et accroître l’autonomisation des femmes.
Mais, a-t-il indiqué, ces résultats dissimulent des différences importantes sur les plans régional, national et même sous-régional. Aujourd’hui, 800 millions de personnes vivent avec moins de 1,9 dollar par jour. Dix pour cent des travailleurs dans le monde et leurs familles sont pauvres. Ce qui est un signe que l’accès au travail rémunéré dans les pays en développement et développés n’est pas nécessairement suffisant pour échapper à la pauvreté. D’importantes lacunes existent, y compris celles relatives au genre, à la race, aux handicaps et à l’emploi informel.
Ainsi, « nous continuons de chercher des résultats meilleurs pour tout le monde pour éradiquer la pauvreté », a poursuivi M. Munir, qui a souligné l’importance du débat consacré aux questions d’intégration et de ceux qui auront lieu dans le contexte de la session 2017 de l’ECOSOC.
Ce segment, a-t-il dit, s’inscrit dans le cœur du Programme de développement durable à l’horizon 2030. En tant que plateforme multiparties prenantes de dialogue et d’échange de vue sur les défis, les opportunités et les leçons apprises, il vise à donner une orientation pour l’élaboration de politiques afin de promouvoir une intégration équilibrée de tous les aspects du développement durable.
Des efforts coordonnés doivent être entrepris sur les réalisations effectuées jusqu’ici, et il convient de faire en sorte que les défis actuels et futurs ne compromettront pas les progrès. Les discussions se focaliseront aussi sur les expériences nationales et les instruments politiques afin de permettre une approche intégrée pendant les délibérations.
Transformer les engagements du Programme 2030 en politiques et stratégies nationales seront les clefs pour obtenir des impacts réels. Étant donné que les politiques ont des effets directs ou indirects sur les résultats de la lutte contre la pauvreté, les objectifs d’éradication de la pauvreté doivent être inclus dans la conception des politiques publiques de manière transversale.
« Nous accorderons une attention spéciale aux opportunités et défis particuliers de l’Afrique où se trouve la majorité des pays les moins avancés. Nos écouterons aussi les vues que certains représentants du système de l’ECOSOC apporteront. Nous aborderons également les rôles et les responsabilités des différentes parties prenantes et examinerons comment les partenariats innovants peuvent contribuer à des politiques innovantes », a déclaré M. Munir.
M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh), Président par intérim de l’Assemblée générale, qui s’exprimait au nom du Président de l’Assemblée générale, a constaté que si des progrès ont été réalisés pour lutter contre la pauvreté et l’extrême pauvreté, le succès de ces initiatives n’a pas été partagé à travers le monde. Plus de la moitié des 700 millions de personnes vivant dans l’extrême pauvreté se trouvent ainsi en Afrique subsaharienne.
M. Bin Momen a jugé essentiel que les politiques et les stratégies de l’ONU soient mieux en mesure d’appuyer les initiatives en matière d’élimination de la pauvreté. Pour cela, a-t-il souligné, il faut avoir une démarche transversale de réalisation des objectifs de développement durable. Il faut donc faire de l’élimination de la pauvreté « un objectif partout dans toutes les activités de l’ONU ». Les fonds, programmes et agences de l’ONU doivent continuer de placer l’élimination de la pauvreté au cœur de leurs activités.
Il faut également reconnaître l’importance de la pérennisation de la paix pour créer des conditions propices à l’élimination de la pauvreté, a poursuivi le Président par intérim. Il a insisté sur l’importance de nouer des partenariats participatifs qui rassemblent les acteurs à tous les niveaux de la société civile, du secteur privé, des communautés, des institutions financières, et fassent participer, en particulier, les jeunes, les filles, les personnes âgées et les minorités.
M. Bin Momen a recommandé de veiller à ce que le système de développement de l’ONU puisse atteindre ses objectifs. À cet égard, a-t-il conclu, « la réforme du Secrétaire général est une occasion sans pareil de relever tous les défis de façon intégrée ».
Il faut faire de l’élimination de la pauvreté un objectif intégré dans l’ensemble du système des Nations Unies, a déclaré Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU. D’après elle, éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout reste le grand défi actuel, car une personne sur huit vit dans le monde avec moins de deux dollars par jour. De plus en plus, la pauvreté se concentre dans certaines régions.
Pour ce faire, a poursuivi Mme Mohammed, il faut reconnaître la nature multidimensionnelle de la pauvreté. « Lutter contre la pauvreté, les inégalités, les changements climatiques, l’insécurité alimentaire et une économie imprévisible exige des approches intégrées. »
Les objectifs de développement durable seront mieux mis en œuvre lorsqu’ils seront appuyés par une approche politique intégrée et la création de synergies dans tous les secteurs, a-t-elle précisé, en recommandant de donner la priorité aux personnes vulnérables et marginalisées.
Il faut s’attaquer aux causes premières de la pauvreté avec des investissements sur une grande échelle, a plaidé la Vice-Secrétaire générale. « Nos discussions nous donnent la possibilité d’élargir la base pour lutter contre la pauvreté dans un contexte convenu par les États », s’est-elle félicitée.
« Notre ambition doit être à la hauteur des ambitions du Programme à l’horizon 2030 », a-t-elle ajouté, si l’on veut parvenir à des changements dans la vie quotidienne des populations et ne laisser personne de côté. Elle a préconisé de mettre l’accent sur des directives spécifiques et techniques au Forum politique de haut niveau et à l’ECOSOC.
Défendant une approche orientée et intégrée vers les résultats, Mme Mohammed a souhaité que les décideurs politiques encouragent des actions concertées pour l’élimination de la pauvreté « avec un sentiment d’urgence à l’esprit ». « Nous devons prendre nos responsabilités communes », a-t-elle conclu.
Mme JOYCE BANDA, ancienne Présidente de la République du Malawi, a considéré qu’il était essentiel de maintenir l’inclusion et l’élimination de la pauvreté comme « boussoles ».
Frappée par les déséquilibres existant entre ceux qui arrivent à échapper à la pauvreté et ceux qui restent piégés dans un cycle de pauvreté, elle a noté que la majorité des personnes pauvres vivaient en Afrique; 80% d’entre elles, dont la moitié sont des femmes, se trouvent dans des zones rurales.
Selon elle, il est essentiel de parvenir à l’égalité des sexes et d’autonomiser les jeunes. À cette fin, il faut remédier aux barrières structurelles qui privent les femmes de leur autonomie. Ce sont les femmes qui produisent, stockent et cuisinent la nourriture, or ce sont elles « les moins écoutées ».
On sait pourtant que les femmes qui disposent d’un appui nécessaire et sont incluses dans le processus de prise de décisions ont une incidence bien plus grande sur le bien-être des ménages et des sociétés en général, a poursuivi Mme Banda. Au Malawi, a-t-elle expliqué, elle a été en mesure de réduire de 30% la mortalité maternelle.
D’ici à 2045, la majorité des Africains auront moins de 35 ans. Si les tendances actuelles se poursuivent, beaucoup de jeunes seront au chômage et se sentiront frustrés, a-t-elle averti. Lors de son mandat de Chef d’État, a-t-elle rappelé, elle a lancé plusieurs initiatives pour l’autonomisation et l’emploi des jeunes et des femmes. Elle a tenté de résoudre certains problèmes parmi les communautés les plus désavantagées, pour donner aux jeunes une chance réelle de prospérer.
En tant que militante, a poursuivi Mme Banda, elle est arrivée à la conclusion que la volonté politique prime. « Les dirigeants doivent prendre leurs responsabilités. »
Aujourd’hui, les deux tiers de la population africaine ont moins de 25 ans, a-t-elle souligné. Le continent connaît le taux le plus élevé de pauvres qui travaillent mais restent en-dessous du seuil de pauvreté. L’Afrique subsaharienne, en particulier, détient le pourcentage le plus élevé des jeunes qui veulent se rendre dans d’autres pays de façon permanente, et les pires niveaux de malnutrition et de mortalité infantile et maternelle.
« Investir dans le développement du capital humain, grâce à l’éducation et la santé, est essentiel pour lutter contre la pauvreté sur le continent », a fait valoir l’ancienne Présidente.
Tout en bas du groupe sur lequel nous devons cibler nos efforts il y a les enfants de zéro à 10 ans, a-t-elle insisté. Or nous n’avons pas assez de ressources, et « parfois il est trop tard », a-t-elle déploré en blâmant la discrimination en matière d’éducation, le travail des enfants, ou les « traditions toxiques ».
Elle a proposé d’inclure l’éducation citoyenne dans les programmes scolaires pour que les jeunes connaissent leurs droits et leurs responsabilités. À son avis, « le leadership doit être transparent et inclusif ».
Les Africains ne doivent pas rester désavantagés, a insisté Mme Banda, en demandant que les dirigeants fassent en sorte que les citoyens se sentent prêts à participer. « La société civile ne doit pas être traitée avec méfiance », a-t-elle ajouté.
M. MUHAMMAD AMJAD SAQIB, fondateur de l’organisation pakistanaise Akhuwat, a affirmé que celle-ci, créée en 2001, avait pour but de fournir des microfinancements sans intérêts aux pauvres afin d’améliorer leur niveau de vie. Il a expliqué que la pauvreté était un poison, un phénomène multidimensionnel qui ne pouvait se réduire au seul revenu. Il faut donc, a-t-il suggéré, mettre en place une démarche intégrée, afin que l’éradication de la pauvreté soit présente dans tous les programmes de développement.
Pour éliminer la pauvreté, il a insisté sur l’adoption de nouvelles approches, à la fois innovantes et basées sur les technologies modernes. C’est ainsi que depuis sa création, son organisation a offert à des familles démunies des prêts sans intérêts pour près de 400 millions de dollars. Ces microfinancements d’environ 200 dollars par famille permettent aux parents d’envoyer les enfants à l’école, de les nourrir tout en leur offrant une couverture sanitaire.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, le taux de remboursement dépasse 99%. Ce programme, qui couvre désormais plus de 400 villes pakistanaises, est en cours d’expansion en Afrique, notamment en Ouganda et au Kenya. Il a estimé que l’éducation était essentielle en vue de sortir les populations de la pauvreté.
M. CHERNOR BAH, représentant de la jeunesse auprès du Comité directeur de haut niveau de l’Initiative mondiale du Secrétaire général pour l’éducation avant tout et Président du Groupe de mobilisation de la jeunesse (Sierra Leone), a rappelé les questions qu’une jeune haïtienne lui avait posées après le tremblement de terre de 2010 qui avait frappé son pays: « Pourquoi sommes-nous pauvres? » et « pourquoi devons-nous souffrir tout le temps? ».
Beaucoup de ceux qui sont dans cette salle, les gouvernements et les institutions ont ce qu'il faut pour mettre un terme à la pauvreté au cours de cette génération, a commencé à répondre M. Bah. Il a estimé que la pauvreté n’était pas un accident. Pour l’éradiquer de manière durable et intégrée, les inégalités structurelles et la conception actuelle du système économique mondial qui profitent aux entreprises par rapport au travail devraient être discutées et déconstruites.
Mettre fin à la pauvreté ne viendra pas uniquement des changements de politique en Sierra Leone, même avec les meilleurs gouvernements possibles. La structure du pouvoir au niveau mondial doit être réexaminée à partir de sa construction actuelle qui accorde la primauté à la race, à la nationalité, à l’appartenance ethnique et à d’autres considérations de clocher sur la plus essentielle à savoir « notre humanité commune ».
« Nous avons besoin d’une révolution en matière d’éducation. Près d’un milliard d’individus sont entrés dans le XXIe siècle sans savoir ni lire ni écrire. Bien qu’il y ait des gains majeurs, il reste encore beaucoup à faire pour que nous puissions être la première génération qui finit par l’analphabétisme », a expliqué M. Bah, qui a jugé qu’il s’agissait-là d’un but raisonnable et atteignable.
La révolution en matière d’éducation devrait donner la priorité à la citoyenneté mondiale et profiter des progrès de la technologie pour animer une société civile mondiale qui s’engage dans les valeurs qui définissent l’ONU, un engagement en faveur de l’égalité, de la justice et des droits de l’homme de tous.
Session 1: Programme intégré en vue d’atteindre l’objectif de développement durable numéro 1
Table ronde interactive
M. ALEJANDRO CRUZ SANCHEZ, Chef de l’unité de la planification et des relations internationales au Secrétariat du développement social du Mexique, a indiqué que les gouvernements successifs de son pays avaient pris des mesures pour renforcer les institutions chargées de la lutte contre la pauvreté. Le Mexique, a-t-il assuré, met en œuvre une politique intégrée de lutte contre la pauvreté en impliquant tous les pans de la société.
Le Gouvernement mexicain travaille également avec la Banque mondiale pour établir une base de données qui sera prête l’an prochain, en vue de centraliser le système d’assistance sociale dans le pays. Pour l’instant, les 40 millions de bénéficiaires reçoivent une carte qui permet une traçabilité des avantages sociaux auxquels ils ont droit.
Mme SHAMSHAD AKHTAR, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), s’exprimant au nom de toutes les commissions régionales de l’ONU, a indiqué que celles-ci entendent créer un forum régional pour coordonner, au niveau des régions, les activités de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.
En ce qui concerne la région de la CESAP, elle ne compte pas moins de 400 millions de pauvres, malgré les avancées de la lutte contre ce phénomène dans la région, a-t-elle noté. Elle a insisté sur la nécessité d’une bonne coordination entre les administrations publiques afin de tenir dûment compte des trois dimensions du développement durable (économie, social et environnement), tout en créant des synergies et des interdépendances.
Mme Akhtar a conseillé de suivre des approches participatives pour lutter contre la pauvreté, en recommandant aussi de promouvoir une politique intersectorielle. Souhaitant que l’intégration soit promue au niveau régional, elle a estimé que les commissions régionales devraient jouer un rôle de premier plan à cet égard.
Se penchant sur l’objectif de plein emploi productif et de travail décent pour tous, Mme AZITA BERAR-AWAD, Directrice du Département des politiques d’emploi à l’Organisation internationale du Travail (OIT) a souligné que le développement durable n’est tout simplement pas possible sans la création d’emplois décents qui permettent de trouver des solutions durables aux inégalités. De nombreux pays ont engagé des mesures intégrées pour avoir une politique de l’emploi complète, a-t-elle relevé, en insistant pour que les emplois créés soient décents.
Mme Berar-Awad a plaidé en faveur de politiques publiques qui favorisent la création d’emplois décents. Cela passe par l’intégration de politiques et la coordination entre les institutions, a-t-elle précisé. Elle a signalé que plusieurs pays avaient mis en place une telle politique intégrée en matière d’emplois, en faisant travailler ensemble les institutions publiques, les banques, les organisations syndicales et le secteur privé. Elle a proposé de renforcer le rôle des acteurs impliqués dans ces politiques d’intégration. Elle a aussi souligné que l’OIT avait conçu de nouveaux outils qui permettent d’intégrer la variable emploi dans l’élaboration des budgets des ministères.
Intéressé par l’objectif numéro 2 relatif à la faim, la sécurité alimentaire et la nutrition, M. SCOTT VAUGHAN, Président-directeur général de l’Institut international du développement durable, a souligné que la pauvreté est intimement liée à l’insécurité alimentaire. Il en a déduit qu’il fallait investir davantage dans les systèmes d’alimentation, indiquant que 11 milliards de dollars supplémentaires chaque année seraient suffisants pour réaliser l’objectif de développement durable 2.
Il a aussi noté qu’une bonne gestion des ressources d’eau douce permettrait de mieux soutenir l’agriculture et de la rendre plus productive, ce qui pourrait in fine combler le déficit alimentaire dans le monde. M. Vaughan a par ailleurs souhaité que la communauté internationale aille au-delà du produit intérieur brut (PIB) comme indicateur de classement des pays, arguant que le PIB ne rend pas fidèlement compte de la réalité de la pauvreté.
M. ANDREW SHEPHERD, Directeur du Réseau consultatif Chronic Poverty, a constaté que les personnes enlisées dans la pauvreté sont souvent piégées par les inégalités dont elles sont victimes. Pour y remédier, il a prôné des réformes constitutionnelles qui tiennent compte des besoins nationaux. Il a ensuite expliqué que des investissements dans le secteur éducatif ne sont pas toujours gage de succès dans la lutte contre la pauvreté. Le plus important, selon lui, serait de s’assurer que tous les enfants, riches ou pauvres, aient accès à l’éducation primaire, celle-ci étant la base d’un bon départ dans la vie. Il faut aussi lier la protection sociale à différents programmes économiques, a-t-il suggéré, en insistant sur le fait que l’efficacité de l’action gouvernementale est cruciale pour établir ces liens.
Après ces exposés, le représentant du Honduras a fait observer que l’on ne pouvait pas appliquer la même méthodologie à tous les pays pour mesurer la pauvreté, du fait des contextes distincts selon les États. Il a expliqué que son pays avait entrepris de mener une étude pour faire le lien entre tous les objectifs de développement durable au niveau national, en vue de proposer une réponse nationale intégrée à ces défis.
De l’avis de la déléguée du Viet Nam, il faudrait peut-être intégrer d’autres facteurs lorsque l’on mesure la pauvreté au sein du système de développement des Nations Unies, par exemple en appliquant l’indice de pauvreté multidimensionnelle (IPH) qui semble plus complet.
Les objectifs de développement durable étant déjà en cours de mise en œuvre, il faudra faire attention à ne pas chambouler les méthodes de mesure de la pauvreté en cours de route, a averti la Secrétaire exécutive de la CESAP. En outre, l’IPH es un nouvel outil qui n’est pas définitif, a-t-elle averti. En clôturant les échanges, le modérateur, M. COURTENAY RATTRAY, de la Jamaïque, a rappelé qu’en 2030, quand viendra l’heure de faire le bilan des objectifs de développement durable, la communauté internationale devra rendre compte des efforts consentis en vue d’éradiquer la pauvreté.
Session 2: Intégration des politiques entre les pays
Table ronde interactive
Le Vice-Président de l’ECOSOC, M. NABEEL MUNIR (Pakistan), a introduit le modérateur du débat, M. Andrew Revkin, journaliste spécialiste des questions climatiques à ProPublica, ancien journaliste au New York Times, et ancien chercheur pour la compréhension de l’environnement à l’Université Pace, puis les panélistes appelés à discuter de l’intégration des politiques entre les pays.
M. JUAN SOMAVIA, Directeur de l’Académie diplomatique du Chili, ancien Président de l’ECOSOC et ancien Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a estimé que la question de l’intégration est le plus grand défi à relever pour « faire bouger les choses ». Elle figure dans tous les documents stratégiques concernant le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Pendant très longtemps à l’ONU, on a parlé de « coordination », puis on a parlé de « cohérence » après les conférences des années 90, et ensuite de « coopération », s’est-il rappelé. La question n’a cessé d’évoluer. Aujourd’hui on parle de « convergence des politiques » vers des objectifs communs, donc on se rapproche de l’intégration. Les 17 objectifs de développement durable sont des objectifs multidimensionnels interdépendants. Si nous voulons avancer vers le développement durable, il faut les traiter de façon égale, a-t-il expliqué.
La crédibilité du Programme 2030 dépend de l’intégration des politiques et des volets économique, social et environnemental, a résumé M. Somavia. Il a reconnu qu’il fallait surmonter « une difficulté conceptuelle », car la notion de pensée intégrée, « d’un esprit capable d’absorber les différentes dimensions d’un problème rencontré », tend à s’effacer avec la tendance à la spécialisation. Il a recommandé de repérer des liens entres les cibles, de définir des priorités par pays et de penser sur le long terme. Il a proposé que l’ECOSOC crée « une équipe spéciale » pour préparer le prochain débat sur l’intégration. Avec l’appui des commissions régionales, on pourrait aussi demander aux pays d’analyser les pratiques grâce auxquelles ils tentent de résoudre les problèmes. Enfin, il a conseillé de faire participer les différentes entités de statistiques de l’ONU pour suivre les progrès engrangés.
Rebondissant sur les propose de M. Somavia, Mme KARIN FERNANDO, chercheuse au Centre de l’analyse de la pauvreté, a salué le fait que l’on avait décloisonné les objectifs dans le Programme 2030. Comment va-t-on gérer tous les aspects liés à la pauvreté et le suivi? La politique centrale de l’ONU doit être équilibrée entre les trois piliers économique, social et environnemental, a-t-elle fait valoir. Pour « assurer la cohérence du contenu », les États doivent aligner leurs politiques nationales sur les politiques internationales et garder à l’esprit que les ressources naturelles ne sont pas inépuisables.
La stabilité des écosystèmes est essentielle pour éliminer la pauvreté. Les possibilités d’expérimentation sont très nombreuses, a expliqué Mme Fernando, qui a tenté d’établir une cartographie des politiques énergétiques de Sri Lanka visant à accroître sa couverture en énergies renouvelables d’ici à 2030. Dans tous les pays, l’ensemble des secteurs doivent s’approprier le processus de mise en œuvre des objectifs de développement durable. « Des objectifs pivots peuvent vraiment faire la différence », a-t-elle dit.
La pauvreté exerce des pressions considérables sur les ressources naturelles comme l’eau et les forêts, a renchéri M. MARIO MARROQUIN, spécialiste de la gestion transfrontalière à la Commission trinationale du Plan Trifinio « Eaux sans frontières ». Le Plan Trifinio est un accord qui associe El Salvador, le Guatemala et le Honduras depuis 1997 et un bon exemple de politique conjointe et d’intégration pour orienter le développement durable à l’échelle de la région. Même si la pauvreté est très présente, le caractère transfrontalier est parfois ignoré dans les politiques. Or « la pauvreté ne connait pas de frontières », a-t-il souligné.
Pour augmenter les possibilités offertes aux populations de sortir de la pauvreté, et prévenir une crise hydrique en amont, un dialogue a été engagé avec toutes les parties prenantes. La société civile a été associée à la réflexion sur l’eau et un cadre juridique a permis d’intégrer la demande des entités locales au niveau national, a expliqué M. Marroquin. Un partenariat des torréfacteurs de la région a été constitué, notamment pour faire face aux effets des changements climatiques, comme la rouille du caféier. Un comité spécialisé dans les aires protégées pour l’écotourisme a également été créé. « C’est l’appropriation par les acteurs locaux qui pérennise cette approche intégrée », a-t-il conclu.
Ouvrant un court débat, le représentant du Honduras a souhaité mettre en avant le rapport sur le développement humain préparé chaque année par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et insisté sur l’importance des commissions régionales en termes d’intégration. Il a salué le Plan Trifinio comme un mécanisme intégré qui fonctionne sans interruption depuis 30 ans. De plus, l’UNESCO a récompensé la première réserve de biosphère transfrontalière du continent. C’est un exemple de développement qui va promouvoir la capacité productive de la population et l’utilisation rationnelle des écosystèmes des trois pays, se sont ensuite félicités le Guatemala et El Salvador.
Assurer la sécurité alimentaire dans le contexte de la raréfaction de l’eau est une priorité, a assuré à son tour la représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Selon elle, il est indispensable de mener une évaluation des liens entre tous les aspects du développement durable en tenant compte des contextes. Ainsi faut-il identifier les interactions entre eau, énergie, alimentation et climat, évaluer les résultats des interventions techniques et gérer les synergies entre les secteurs.
Depuis 25 ans un milliard de personnes sont sorties de la pauvreté, a rappelé le représentant de l’Éthiopie. Mais malheureusement, près de 800 millions vivent encore dans l’extrême pauvreté. La mise en œuvre du Programme 2030 exige un partenariat entre toutes les parties prenantes
Débat général
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. HORACIO SEVILLA BORJA (Équateur), a déclaré que pour réaliser l’objectif de ne laisser personne de côté, l’éradication de la pauvreté a besoin d’être un objectif intégré à toutes les politiques et doit être abordée comme un phénomène multidimensionnel. Le Groupe, a-t-il poursuivi, est préoccupé par la trajectoire actuelle de la croissance qui met au défi la réalisation de l’objectif d’éradiquer la pauvreté avant 2030. À son avis, la crise financière et économique mondiale sape clairement le développement durable de tous les pays en développement et fait reculer les modestes gains de développement, en particulier chez les pays les moins avancés, en poussant un grand nombre de populations vers l’extrême pauvreté.
Pour que la croissance économique contribue positivement à la réduction de la pauvreté, il est essentiel que les politiques macroéconomiques et sociales se focalisent sur la création d’emplois et l’inclusion sociale, a dit M. Sevilla Borja, arguant que cela permettrait de réduire les inégalités et de donner à tous une protection sociale. Il a souhaité une mobilisation importante des ressources en précisant que les pays en développement avaient besoin de moyens adéquats et prévisibles pour mettre en œuvre leurs politiques et programmes visant à mettre fin à la pauvreté dans toutes ses dimensions.
Il a par ailleurs plaidé pour que les pays développés respectent leurs engagements en termes d’aide publique au développement (APD), en renforçant leurs efforts pour jouer un rôle significatif dans l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes. Le représentant a aussi encouragé les pays en développement à intensifier la coopération Sud-Sud. Les gouvernements de ces pays doivent en outre élaborer efficacement leurs propres stratégies et outils politiques de développement, dans la droite ligne de leurs priorités et en tenant compte des circonstances nationales.
Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. PABLO JOSÉ SORIANO MENA (El Salvador) a déclaré qu’il était conscient de l’importance de la coopération internationale, dont l’aide publique au développement (APD). Il a souligné la nécessité de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire dans la mise en œuvre du Programme 2030, mais comme complément de la coopération Nord-Sud et non comme palliatif.
Il a reconnu que, sur le chemin du développement durable, chaque pays fait face à des défis spécifiques. Pour renforcer les capacités au niveau du pays, il a recommandé d’examiner les différentes réalités et d’élever le niveau de financement international, y compris les financements concessionnels et nonconcessionnels, en plus des ressources nationales.
Il a demandé que la décision d’allouer l’APD soit faite sur la base de méthodologies multidimensionnelles transparentes qui vont au-delà du revenu par tête, et ce, pour prendre en compte la nature multidimensionnelle du développement. L’APD est nécessaire non seulement pour réduire les inégalités structurelles, mais aussi pour renforcer les capacités à réaliser le développement durable. Il faut, a-t-il ajouté, que les pays développés respectent l’engagement d’allouer 0,7% du revenu national brut à l’APD.
M. Soriano Mena a aussi appelé le système de développement des Nations Unies, les institutions financières internationales, les organisations régionales et les autres parties prenantes, à faire face aux besoins divers et spécifiques de développement des pays, dans leurs stratégies et politiques, avec pour objectif de promouvoir une approche cohérente et large. Il a reconnu la nécessité de maintenir la question de l’égalité homme-femme dans le débat sur le développement, afin d’éliminer les inégalités structurelles liées au genre. La mise en œuvre du Programme 2030 doit être centrée sur le peuple et basée sur les droits de l’homme, a-t-il conclu.
M. GÜVEN BEGEҪ (Turquie), a pris la parole au nom du Mexique, de l’Indonésie, de la République de Corée, de la Turquie et de l’Australie. Il a indiqué que la meilleure façon de lutter contre la pauvreté et les inégalités est d’intégrer les objectifs de développement durable dans les politiques nationales. L’appropriation nationale est cruciale à cet effet, a-t-il souligné tout en avertissant qu’il ne faudrait pas mettre de côté les engagements et processus internationaux, notamment l’aide publique au développement (APD), la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire.
M. Begeҫ a ensuite déclaré que la pauvreté est un phénomène multidimensionnel qui ne se résume pas au revenu national par habitant. Il a plaidé pour qu’une attention particulière soit accordée aux groupes vulnérables, soulignant aussi que des données fiables sont importantes pour prendre les décisions politiques idoines. Il a par ailleurs invité à reconnaitre les lacunes structurelles qui constituent un obstacle à l’essor des pays à revenu intermédiaire. Enfin, il a suggéré au système des Nations Unies d’utiliser son expertise pour mobiliser les fonds nécessaires à l’éradication de la pauvreté.
Mme KEISHA A. MCGUIRE (Grenade), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a souligné que l’approche intégrée de l’élimination de la pauvreté revêt une importance particulière pour une sous-région dans laquelle les difficultés sociales et économiques sont exacerbées par les problèmes environnementaux. Les petits États insulaires en développement de la CARICOM font en effet face aux conséquences de plus en plus graves de sécheresses, d’ouragans, de tempêtes tropicales, d’inondations côtières, d’érosion des côtes, et de perturbation de l’approvisionnement en eau.
La CARICOM a pris des mesures d’atténuation pour combattre les conséquences des changements climatiques, a assuré Mme McGuire, notamment à travers le renforcement des capacités de ses membres. Elle a toutefois souhaité « une gouvernance plus transparente », ainsi qu’une « amélioration dans la collecte des données », en vue de la mise en œuvre du Programme 2030. Les pays s’efforcent d’intégrer les objectifs de développement durable dans leurs politiques nationales, a-t-elle indiqué en citant des projets qui abordent la pauvreté dans toutes ses dimensions en tenant compte de variables tels que l’accès à la protection sociale et le marché du travail. Cela est d’autant plus important que la sous-région est devenue une plaque tournante du trafic de drogues et que la violence et la criminalité ont augmenté chez les jeunes hommes, a-t-elle relevé.
M. TEODORO L. LOCSIN JR. (Philippines) a dit que l’objectif de son gouvernement était de réduire le taux de pauvreté en le faisant passer de 21,6% à 14% avant 2022. Cela devrait permettre à six millions de personnes de sortir de la pauvreté. Son gouvernement envisage pour cela la création d’emplois plus nombreux et mieux rémunérés dans les villes et à la campagne, ainsi que l’innovation et la création d’entreprises. Il faut aussi rassembler les gens derrière des gouvernements librement élus plutôt que de les abandonner dans les rues, a-t-il dit.
La réduction de la pauvreté passera également par l’investissement dans le capital humain, grâce à une meilleure éducation, ce qui rendra les gens plus adaptables aux différents moyens de créer de la richesse et aux changements rapides de technologies. Le représentant a aussi considéré que la réduction de la pauvreté se ferait grâce à des investissements dans un développement urbain sain, car cela permettra de faire des économies de grande échelle. À cela s’ajoute le développement de la campagne, qui est désormais envisageable maintenant que le milieu de travail va au-delà des usines et des bureaux.
Enfin, M. Locsin a rappelé la nécessité de disposer d’un financement inclusif. « Tant d’entrepreneurs pourraient être prospères, grâce à leur travail acharné et leurs compétences », a-t-il remarqué, espérant que chacun puisse vivre et travailler avec un sentiment d’accomplissement personnel.
M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a plaidé en faveur d’une action concertée pour réaliser l’objectif de développement durable 1, qui prévoit l’élimination de la pauvreté, notamment en faveur des pays les moins avancés (PMA). Cet objectif revêt une importance majeure pour le Gouvernement du Tadjikistan qui a mis en place des stratégies appropriées, a-t-il indiqué en signalant les réformes qui ont permis de réduire progressivement le taux de pauvreté dans le pays. De même, le salaire moyen a considérablement augmenté et le bien-être de la population s’est amélioré.
Le représentant tadjik a prévenu que la réalisation des objectifs de développement durable ne sera pas facile pour les pays en situation particulière. Le Tadjikistan, par exemple, fait face à une pénurie énergétique. Mais, a-t-il assuré, ses dirigeants entendent en faire un pays prospère en s’attelant à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.
M. JERRY MARJILA (Afrique du Sud) a expliqué que l’objectif de son pays est de parvenir à une vie décente pour tous ses habitants en s’alignant sur l’« Agenda 2063 » intitulé « L’Afrique que nous voulons ». Il a expliqué que l’Afrique du Sud a mis en place une Stratégie à moyen terme pour la période 2014-2019 qui sert de cadre aux actions que le Gouvernement et ses partenaires mettent en œuvre pour réaliser le plan national de développement quinquennal.
L’Afrique du Sud, a-t-il ajouté, met l’accent sur l’éducation, la santé, la sureté et la sécurité, la croissance économique et l’emploi, la formation et le développement de compétences, les infrastructures, le développement rural, l’habitat, l’environnement et la protection et la cohésion sociale.
Le représentant s’est félicité des données statistiques démontrant le succès du système fiscal sud-africain qui permet de financer l’éducation et la santé des plus défavorisés. Il a précisé en effet que, selon les données de 2014 de la Banque mondiale, la politique fiscale de son pays a permis de sortir 3,6 millions de personnes de la pauvreté en réduisant aussi de moitié la pauvreté extrême.
Selon M. CARLOS DUARTE (Brésil), l’élimination de la pauvreté est le principal défi à relever à l’échelle de la planète, « un prérequis au développement durable ». Les caractères multidimensionnel et transversal de la pauvreté se reflètent dans le caractère universel du Programme 2030, a-t-il remarqué, notant que des actions efficaces et des changements structurels sont nécessaires pour la combattre. Il a indiqué que 2017 serait une année charnière pour le Brésil, car le pays doit présenter son examen volontaire dans le cadre du prochain Forum politique de haut niveau.
En mars dernier, a rappelé M. Duarte, la Commission de la statistique adoptait sous présidence brésilienne un ensemble d’indicateurs mondiaux qui doivent maintenant être officiellement adoptés par l’Assemblée générale et l’ECOSOC. Il a exhorté la communauté internationale à envoyer « un signal fort » en faveur du développement durable en adoptant ces indicateurs avant la tenue du prochain Forum politique de haut niveau. Il a également plaidé pour une participation plus active des partenariats multiples et pour une mobilisation suffisante des ressources pour lutter contre la pauvreté. Dans cet esprit, il a appuyé l’établissement d’une troisième décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté qui débuterait en 2018.
Considérant la pauvreté comme une menace existentielle et une question d’intérêt vital, le Gouvernement éthiopien a ancré à la base de toutes ses politiques publiques la réduction de la pauvreté et la réalisation d’une croissance économique rapide, soutenue et inclusive, a indiqué M. GEBEYEHU GANGA (Éthiopie). L’intégration des politiques agricole, industrielle et environnementale, en particulier au cours de ces 15 dernières années, a permis de diviser par deux le taux de pauvreté, de faire progresser substantiellement le revenu par habitant, d’améliorer considérablement l’indice du développement humain, d’augmenter l’investissement étranger direct (IED) et de lancer la transformation structurelle de l’économie nationale.
Avec un taux de croissance qui a atteint une moyenne annuelle de 10,9%, l’Éthiopie a ainsi l’économie dont la croissance est la plus rapide au monde. C’est le résultat d’une marche accélérée vers le développement et d’une volonté commune de voir émerger d’ici à 2025, un pays à revenu intermédiaire et résilient aux changements climatiques, a expliqué M. Ganga.
Poursuivant son explication, le représentant a indiqué que le principal moteur de la transformation structurelle est la stratégie d’industrialisation fondée sur le développement agricole, qui promeut à la fois la productivité agricole et une industrialisation durable. Le Gouvernement a en outre investi massivement dans les infrastructures sociales et physiques, la diversification de l’économie, ainsi que dans le renforcement des capacités productives et de la compétitivité. Le Gouvernement s’est aussi engagé dans des joint ventures public-privé et a naturellement pris le soin de mettre en place des filets de sécurité pour les groupes vulnérables. Misant également sur la coopération Nord-Sud et Sud-Sud, l’Éthiopie fait tout de même partie des pays les moins avancés avec tous les défis que cela suppose. Mais elle est déterminée à réaliser tous les objectifs du Programme 2030, a assuré le représentant.
Mme SYLVIA PAOLA MENDOZA ELGUEA (Mexique) a insisté sur l’intégration des objectifs de développement durable dans les plans nationaux de développement. Elle a indiqué qu’un conseil national avait été créé à cet effet au Mexique, ce qui fait que la politique sociale du pays est désormais alignée sur les pratiques optimales prônées par les objectifs de développement durable.
La représentante a, en outre, souhaité que les politiques publiques tiennent compte des groupes les plus vulnérables tels que les femmes, les migrants, ou encore les personnes âgées. Elle a rappelé que plus de 73% des pauvres du monde vivent dans les pays à revenu intermédiaire, invitant la communauté internationale à tenir compte de cette réalité dans le contexte international de la lutte contre la pauvreté.
M. VINICIUS CARVALHO PINHEIRO, représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a souligné que la pauvreté est délétère dans de nombreux pays. Si trois personnes actives sur 10 dans les pays émergeants pourront faire sortir leur famille de la pauvreté, six travailleurs sur 10 vivront encore dans la pauvreté en Afrique subsaharienne d’ici à 2018, a-t-il expliqué, après avoir noté que la pauvreté diminue moins vite aujourd’hui qu’il y a 30 ans.
Le nombre de personnes vivant avec moins de deux dollars par jour augmente en Afrique et en Asie du sud-est, a poursuivi M. Carvalho Pinheiro. « Trouver un emploi décent pour tous est la meilleure façon de sortir de la pauvreté », a-t-il expliqué tout en soulignant que la dignité et la prospérité dans le travail représentent un grand défi pour beaucoup de pays. Il a aussi recommandé de renforcer les systèmes de protection sociale pour soutenir les ménages, notamment les familles avec des enfants, les personnes âgées, handicapées ou au chômage. De plus, il faut assurer le développement durable en milieu rural et passer de l’économie officieuse à l’économie officielle, des étapes qui sont essentielles pour ne laisser personne de côté.