L’ECOSOC retient sept messages clefs à l’issue du débat consacré aux activités opérationnelles de développement des Nations Unies
À l’issue, ce soir, du débat consacré aux activités opérationnelles de développement, qui se tenait sur trois jours au Conseil économique et social (ECOSOC), son Vice-Président, M. Cristián Barros Melet, a résumé les délibérations en en tirant sept messages clefs. Les discussions ont en effet abordé les questions à résoudre pour améliorer le soutien qu’apporte le système des Nations Unies pour le développement, pour que tous les pays, et notamment les plus vulnérables, parviennent à atteindre, d’ici à 2030, les objectifs de développement durable.
« Le Programme 2030 exige des États Membres de forger une vision commune du travail du système des Nations Unies pour le développement », a rappelé M. Barros Melet en citant le premier message à retenir. Le Programme 2030 et la résolution sur l’examen quadriennal complet appellent aussi à un engagement fort du système sur les principes d’intégration, de coordination, de responsabilité et de transparence.
Cette exigence d’« intégration » répond à l’appel du Secrétaire général de « repositionner » le travail de développement de l’ONU au cœur du système onusien. Cela signifie que la mise en application du Programme 2030 doit se faire en intégrant les efforts menés par l’ONU en matière de développement dans le travail accompli en termes d’aide humanitaire et de consolidation de la paix.
Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo, a jugé particulièrement important que le système des Nations Unies pour le développement renforce les liens entre la paix, le développement et l’action humanitaire, afin que les activités soient mises en œuvre de manière complémentaire et synergique.
Certaines délégations se sont pourtant montrées plus prudentes vis-à-vis de ce concept d’intégration. Le délégué de la Fédération de Russie, par exemple, a mis en garde contre la tentative de certains États de promouvoir des activités liées à la recherche de la paix, alors que celles-ci ne font pas partie des activités de développement des Nations Unies. Son homologue de l’Égypte a tenu à préciser que la résolution sur l’examen quadriennal ne donne pas pour mandat au système de développement de l’ONU de s’engager dans des activités politiques, de sécurité ou de paix.
Le deuxième message à retenir est que le Programme 2030 demande au système des Nations Unies pour le développement « d’être plus fort que la somme de ses parties », comme l’a souligné le représentant du Royaume-Uni au cours du débat général. L’objectif devrait être de transformer le système onusien de développement en un chef de file mondial.
En énonçant le troisième message, le Vice-Président de l’ECOSOC a souligné la nécessité de repenser l’architecture de financement du système des Nations Unies pour le développement. Il faudra mettre l’accent sur les ressources non préaffectées, en commun et thématiques, pour garantir un financement à long terme et prévisible du Programme 2030.
À ce propos, répondant aux inquiétudes des États Membres sur le déclin du financement des activités opérationnelles de développement, M. Wu a fait part d’une augmentation lorsque ces flux de financement ont été ajustés pour tenir compte des fluctuations des taux de change.
Le quatrième message du débat est la nécessité de renforcer les capacités des organes directeurs à participer aux discussions de fond sur les questions politiques majeures, y compris les documents clefs tels que les plans stratégiques. M. Barros Melet a rappelé que le Secrétaire général devait, dans son rapport attendu en juin, présenter des options concrètes pour améliorer la reddition des comptes et la coordination de ces organes.
L’objectif de simplification et d’harmonisation des services communs devrait permettre au système de développement de l’ONU d’améliorer les résultats des programmes au niveau des pays, a dit M. Barros Melet en notant le cinquième message. On s’attend à des progrès considérables dans ce domaine, tant au niveau de l’entité que du système, a-t-il expliqué.
Le sixième message à noter est que le système des Nations Unies doit avoir les capacités nécessaires à différents niveaux pour fournir simultanément une aide humanitaire et développer les institutions, la résilience et les capacités, de manière complémentaire et synergique, dans le contexte de la vulnérabilité chronique dans les pays en situation de conflit et sortant de conflit.
Pour le dernier message, on note que la diversité croissante des capacités et des besoins des pays exige l’adoption, par le système des Nations Unies pour le développement, de modèles d’organisation souples et rentables adaptés au contexte national. En outre, les pays à revenu intermédiaire ont besoin d’une politique et d’un soutien technique plus intégrés du système de développement de l'ONU dans cette nouvelle ère.
Cette dernière et troisième journée de débat a vu se dérouler trois tables rondes qui ont abordé tour à tour les questions de l’intégration de la mise en application du Programme 2030, du rôle du système des Nations Unies pour le développement dans les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral, les petits États insulaires en développement et les pays sortant d’un conflit, et du rôle de ce système pour répondre aux besoins des pays à revenu intermédiaire.
Le Conseil économique et social a par ailleurs pris note du rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de la résolution* de l’Assemblée générale sur l’examen quadriennal complet** des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies, et du rapport*** du Conseil d’administration du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF).
* 67/226
** E/2017/4
*** E/2016/34/Rev.1
DÉBAT CONSACRÉ AUX ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DE DÉVELOPPEMENT
Activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement: suite donnée aux recommandations de politique générale de l’Assemblée générale et du Conseil (A/72/61–E/2017/4)
Table ronde interactive sur le thème « Le passage de la coordination à l’intégration de la mise en application du Programme 2030: le développement, l’aide humanitaire et la consolidation de la paix »
M. PETER THOMSON, Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, a déclaré que dans un monde complexe et en évolution rapide, la communauté internationale devait répondre aux défis de la mise en œuvre du Programme de développement à l’horizon 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. Plus de 700 millions de personnes continuent de vivre dans l’extrême pauvreté, alors que les conflits et les crises humanitaires infligent des souffrances indicibles, a-t-il dit. Il a plaidé pour de nouvelles façons de penser, de nouer des partenariats, de financer et de travailler sur le terrain afin de réaliser les objectifs de développement durable. Une compréhension du lien entre la paix, le développement et les activités humanitaires est fondamentale, afin que les opportunités que ces domaines présentent puissent se renforcer mutuellement, a-t-il déclaré.
Le Président a insisté sur le nouveau concept de pérennisation de la paix des Nations Unies, qui constitue l’occasion d’adopter une nouvelle approche intégrée, cohérente et coordonnée des efforts de paix, de développement durable et humanitaires. Il a invité le système onusien à améliorer la coordination entre les acteurs du maintien de la paix, humanitaires et du développement. « Nous devons nous rassembler derrière les efforts du Secrétaire général visant à renforcer la coordination entre agences de l’ONU et à prôner une approche coordonnée et cohérente, par le prisme du règlement des conflits, aux activités opérationnelles de l’ONU. »
Le Président de l’Assemblée générale a, en premier lieu, proposé d’intensifier les efforts à l’échelle du système onusien pour appuyer la mise en œuvre des objectifs de développement durable en identifiant notamment les lacunes. En second lieu, il a demandé que la mise en œuvre de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies favorise les synergies entre acteurs du développement, du maintien de la paix et humanitaires. Troisièmement, nous devons encourager les fonds et programmes onusiens à placer l’éradication de la pauvreté au centre de leurs efforts et à intégrer la perspective de pérennisation de la paix dans leurs travaux, a-t-il déclaré.
En quatrième lieu, aux fins d’une meilleure reddition des comptes et planification stratégique, il a plaidé pour une coopération renforcée entre missions de maintien de la paix et missions politiques spéciales et les équipes pays, afin de préserver les gains acquis. Enfin, le Président a souligné la nécessité d’appuyer les efforts nationaux visant à bâtir les partenariats modèles rassemblant les acteurs du Gouvernement, des Nations Unies, de la société civile, des institutions financières internationales et du secteur privé. « Les programmes du développement durable et de la pérennisation de la paix sont deux programmes qui réussiront ou échoueront de concert », a-t-il conclu.
M. JÁN KUBIŠ, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq, a rappelé les propos de la Vice-Secrétaire générale à l’ouverture du débat consacré aux activités opérationnelles de développement du Conseil économique et social selon lesquels « les méthodes traditionnelles de coordination ne suffiraient plus » pour espérer ensuite qu’une « nouvelle approche de coordination serait approuvée par l’ensemble du système des Nations Unies ». M. Kubiš a enchaîné en soulignant l’insistance du Secrétaire général pour une action transversale devant stimuler le système des Nations Unies pour le développement, mais constaté qu’on n’en était pas encore là. Il a plutôt observé une situation dans laquelle « chacun défend son mandat et défend les intérêts institutionnels de sa mission ». « Parfois, sur le terrain, nous nous marchons sur les pieds », a-t-il ajouté.
Saluant la détermination du Secrétaire général à repositionner la paix durable et le développement inclusif au cœur de l’action des Nations Unies, M. Kubiš a suggéré qu’il serait utile, dans ce cas, d’examiner l’ensemble du système, et surtout le Siège. Il a estimé que le Secrétaire général devait traiter en priorité les problèmes de manque de confiance et de coordination à tous les niveaux. La façon d’y parvenir est, selon le Représentant spécial, de donner plus de pouvoir au Secrétaire général sur l’ensemble du système, afin qu’il puisse établir des passerelles entre paix, développement et droits de l’homme.
Faire comme avant ne suffit plus, a-t-il affirmé en exprimant son désaccord avec la Vice-Secrétaire générale quand elle dit que l’examen quadriennal complet est clair et ambitieux. « Ce que je vois, c’est qu’on travaille comme on l’a toujours fait avant », a-t-il noté. Il a prévenu que le système des Nations Unies pour le développement et les autres missions de l’ONU se trouvent actuellement dans un contexte d’urgence exigeant une gestion de crise permanente. Concernant les équipes de pays, M. Kubiš a dit qu’elles devaient mettre en œuvre les directives qui permettent de progresser. Reconnaissant la complexité de la tâche, il a suggéré « d’abattre les murs qui nous divisent ». « C’est ce qu’on a fait en Iraq, avec l’équipe de pays », a-t-il témoigné en montrant que cette démarche a la possibilité d’aboutir si l’on met de côté les intérêts institutionnels particuliers.
Mme MBARANGA GASARABWE, Représentante spéciale adjointe et Coordonnatrice humanitaire pour la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et Représentante résidente du PNUD au Mali, a rappelé la genèse de la crise au Mali et le contexte de la mise en place de la MINUSMA. L’objectif de la Mission est de renforcer les liens entre les volets développement durable, paix et action humanitaire. Elle a indiqué que pas moins de 15 000 personnes travaillent pour le système de l’ONU au Mali, ce qui comprend les Casques bleus, du fait de la complexité sur le terrain.
Si le Programme 2030 est notre « feuille de route », comme l’a dit le Secrétaire général, la question qui se pose est de savoir comment renforcer la résilience dans un contexte sans sécurité, a-t-elle posé. Sans une stabilité minimale, on court le risque de saper l’action humanitaire, a-t-elle relevé en avertissant aussi des problèmes que pose la concurrence entre les agences de développement sur le terrain. Elle a expliqué que sa fonction de représentante spéciale est d’encourager tous les acteurs à travailler ensemble. C’est essentiel pour le travail à court et moyen terme, a-t-elle précisé, avant de prôner une complémentarité entre la MINUSMA et l’équipe de pays. Enfin, elle a rappelé que les plans de chaque mission devaient être intégrés pour bénéficier au mieux à la population, car le but final est de répondre aux besoins de la population.
M. NAWAF SALAM (Liban) a remarqué que, depuis 2011, la dimension humaine de l’intervention de l’ONU dans son pays était devenue particulièrement importante, étant donné qu’il faut répondre à la fois aux besoins des réfugiés et à ceux de leurs communautés d’accueil. C’est dans ce contexte qu’est né le Cadre stratégique de coopération entre l’ONU et le Liban pour la période 2017-2020. Ce cadre prévoit que l’ONU suive une approche à l’échelle du Liban pour aider le Gouvernement à réaliser ses priorités, à savoir la stabilité, le développement socioéconomique et la sécurité. M. Salam a précisé les priorités suivies dans le cadre de la réalisation du Programme 2030: la paix et la sécurité; la stabilité intérieure et une gouvernance efficace; et la réduction de la pauvreté, la promotion du développement durable et des droits de l’homme. Dans une situation de conflit prolongée, il est impossible de faire la distinction entre les activités de développement et l’action humanitaire qui doivent être prises comme un tout, a indiqué le représentant.
Mme BERIT FLADBY, Directrice générale chargée des politiques du Département des affaires humanitaires du Ministère des affaires étrangères de la Norvège, a souligné que, concernant le rôle et les mandats des différentes agences de l’ONU, la question est de savoir si les arrangements fonctionnent bien. Il faut également examiner si les responsabilités sont définies par le jeu de la collaboration et si elles sont bien réparties. L’autre question est de savoir si les entités du système des Nations Unies pour le développement accomplissent des progrès pour les pays, en se concentrant non seulement sur les efforts à court terme de consolidation de la paix, mais aussi sur le développement à long terme.
Afin d’améliorer l’approche intégrée des trois piliers des Nations Unies, elle a suggéré d’harmoniser le système de collaboration à travers un partenariat renforcé et une responsabilité mutuelle au sein de l’ONU, d’harmoniser les politiques et les procédures administratives entre le Secrétariat et le Groupe des Nations Unies pour le développement, d’accroître l’autorité des représentants spéciaux adjoints du Secrétaire général, des coordonnateurs résidents et des coordonnateurs des opérations humanitaires, et de remédier aux modes de financement morcelés.
Le représentant du Royaume-Uni a lancé le débat interactif en posant la question suivante: « que peut faire le système pour vous aider? ». La Représentante spéciale adjointe pour le Mali a répondu qu’on avait besoin d’une autorité pour coordonner tout ce qui est fait, en soulignant les difficultés que cela implique. Les équipes de pays peuvent contribuer à cette coordination, a-t-elle précisé.
De son côté, le Représentant spécial pour l’Iraq a regretté que même dans la discussion d’aujourd’hui, le degré d’ambition affiché n’est pas celui qu’il aurait aimé voir. Pour répondre aux représentants de la Belgique et du Pérou qui lui demandaient de préciser son point de vue, M. Kubiš a expliqué qu’on ne pouvait pas isoler la question du développement dans le processus de l’examen quadriennal complet. « Ce n’est pas un exercice théorique. Les populations sur le terrain ont besoin d’autres choses. » Il a réitéré que « le degré d’ambition n’est pas à la hauteur », tout en reconnaissent par la suite que « c’est un bon début ». Il a réclamé que l’on donne plus de pouvoir au Secrétaire général qui, selon lui, aura des idées pour faire avancer les choses. Il faut le soutenir dans cette tâche, a-t-il lancé. Le Représentant spécial a également recommandé d’aligner autorité et coordination, en se concentrant sur les pays individuellement.
Pour l’experte norvégienne, le fait que l’examen quadriennal complet n’ait pas retenu une approche linéaire est une bonne chose. Elle a averti que ce document ne pouvait pas régler toutes les lacunes à lui tout seul. Le rôle de chef de file du Secrétaire général est indispensable pour combler ces lacunes.
L’Observateur de la Palestine a demandé au Président de l’Assemblée générale ce qu’il faudrait faire pour que les enfants syriens réfugiés au Moyen-Orient reprennent le chemin de l’école. Mais c’est le représentant du Liban qui a répondu en disant que son pays ne pouvait pas scolariser tous les enfants réfugiés syriens sans l’aide de la communauté internationale. De même pour les enfants palestiniens, a-t-il ajouté. C’est la raison pour laquelle il faut financer l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a-t-il demandé en soulignant que « c’est une question politique » et que « l’ONU doit aider à résoudre le conflit en Syrie ».
Table ronde interactive sur le thème « Mise en application intégrée du Programme 2030: le rôle du système des Nations Unies pour le développement dans les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral, les petits États insulaires en développement et les pays sortant d’un conflit »
Dans l’optique de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, des délégations ont invité le système de développement des Nations Unies à tenir compte des spécificités et priorités des groupes de pays en situation particulière, dont les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral, les petits États insulaires en développement (PEID), tout comme les pays sortant de conflit.
M. MUHAMMAD ABDUL MANNAN, Ministre d’État chargé de la planification du Bangladesh, a rappelé que la dernière résolution de l’Assemblée générale sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies avait souligné que les 48 pays les moins avancés (PMA) étaient les plus vulnérables du monde. Le système onusien de développement a été mandaté pour aider ces pays à sortir de cette catégorie, a—t-il souligné, en précisant qu’ils devaient recevoir de l’aide même après ce passage. Il a aussi émis le vœu de voir l’ONU soutenir les efforts des PMA en vue de l’amélioration de leur système statistique.
Le Ministre a rappelé l’importance, pour les PMA, de bénéficier des avantages de la Banque de technologies, une innovation contenue dans le Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 (Programme d’action d’Istanbul). Il a donc invité l’ONU à mobiliser les ressources nécessaires à la mise en œuvre de ce programme d’action. Le système onusien, a-t-il ajouté, doit contribuer au renforcement des capacités nationales afin de permettre aux PMA de surmonter les obstacles structurels de cette catégorie.
Mme AMINA SHAABAN, Secrétaire permanente adjointe au Ministère des finances et de la planification de la Tanzanie, a dit que son pays avait établi un document national de développement durable qui est inspiré de celui adopté par l’ONU. Elle a estimé que la coordination entre les agences onusiennes et les gouvernements devait être renforcée, appelant également au soutien des pays en développement, notamment les PMA, dans le domaine des données. L’absence de données de qualité est un obstacle majeur pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-elle fait observer. Mme Shaaban a également plaidé pour davantage de partenariats dans les secteurs clefs, afin de promouvoir le développement.
M. RAÚL MARTÍNEZ VILLALBA, Directeur des organisations internationales au Ministère des affaires étrangères du Paraguay, a souligné l’importance du système de développement des Nations Unies dans le soutien apporté aux pays en développement sans littoral. Si ces 32 pays s’appuient sur le Programme d’action de Vienne pour les pays en développement sans littoral 2014-2024, il est important que l’ONU fasse le lien entre ce programme et les objectifs de développement durable dans le cadre de son appui aux pays de cette catégorie. Il a aussi indiqué que le Paraguay avait lancé, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), un programme visant à centraliser les données nationales et à fournir une banque de données unique devant guider la mise en œuvre des projets de développement.
M. AHMED SAREER (Maldives) s’est félicité de voir que les Orientations de Samoa étaient intégrées dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Les PEID ont déjà lancé des partenariats avec certaines agences onusiennes afin de renforcer les capacités nationales et soutenir les efforts d’adaptation aux changements climatiques, a-t-il dit. Il a prévenu que ces pays avaient néanmoins besoin, au vu de leur double vulnérabilité économique et environnementale, d’un soutien fort pour bénéficier de financements internationaux dont l’accès est souvent pavé d’obstacles divers.
Le système de développement des Nations Unies pourrait aussi aider au renforcement des capacités nationales dans les PEID, a-t-il souhaité. Ces pays ont également besoin d’un appui dans le cadre de la collecte et l’analyse des données, surtout que leurs territoires sont constitués de petites îles isolées et parfois très éloignées les unes des autres. Cette particularité géographique fait courir le risque de voir leur population laissée de côté, a-t-il expliqué tout en demandant que l’ONU affecte un fonctionnaire dans chacune des grandes îles, au lieu d’y envoyer, de manière ponctuelle, des missions coûteuses et peu efficaces.
Après ces exposés, le délégué de l’Irlande s’est demandé si les pays vulnérables jugeaient utile, comme l’a mentionné l’examen quadriennal complet, que le Secrétaire général organise tous les deux ans un sondage sur les pays bénéficiant de l’appui de l’ONU pour leur développement. La plupart des panélistes ont salué cette initiative tout en précisant certains points à faire figurer dans ce sondage, comme la mobilisation des ressources et l’appropriation nationale.
Passant à la question de la mobilisation des fonds en faveur de ces pays en situation particulière, la déléguée de l’Australie a cité en exemple le Fonds vert pour le climat. Justement, a noté M. Villalba du Paraguay, ce Fonds vert peut être un atout dans le cadre des changements climatiques qui affectent nos pays. C’est au vu de l’importance de ce Fonds que la Tanzanie, a ajouté Mme Shaaban, entend établir un fonds national vert.
Au-delà de ces financements internationaux, il faut de bonnes politiques nationales pour aider les pays vulnérables à se prendre en main, a argué M. Mannan, du Bangladesh.
Le représentant de l’Équateur, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a précisé que les activités de développement doivent s’adapter aux priorités nationales des pays en situation particulière. Lui emboitant le pas, le délégué du Bangladesh a salué la décision du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et du PNUD d’allouer au moins 60% de leur budget ordinaire aux PMA.
L’Observateur de la Palestine a plaidé pour une reconnaissance officielle du groupe des pays sous occupation étrangère dans la terminologie de l’ONU. La table ronde était animée par M. MANUEL MONTES, Conseiller principal en finance et développement au Centre Sud de Genève.
Table ronde interactive sur le thème « Mise en application intégrée du Programme 2030: le rôle du système des Nations Unies pour le développement afin de répondre aux besoins et différents défis des pays à revenu intermédiaire »
Mme OLGA MARTA SÁNCHEZ OVIEDO, Ministre de la planification nationale et des politiques économiques du Costa Rica, après avoir attiré l’attention sur les besoins spécifiques des pays membres du groupe des pays à revenu intermédiaire, a regretté l’absence de stratégies et de mesures propres à aider ces pays à progresser. Il nous faut avant tout une approche multidimensionnelle pour que le système de l’ONU puisse détecter les lacunes des pays et pour les combler, a-t-elle préconisé. Elle a aussi recommandé de s’appuyer sur les avancées institutionnelles des pays à revenu intermédiaire et de les doter d’un plan de travail réaliste. Cela implique d’avoir une stratégie de financement avec un mécanisme plus novateur, ainsi qu’un transfert de technologie vers ces pays. Elle a en outre suggéré d’établir une nouvelle classification au vu des caractéristiques diverses de ces pays. Le plan de développement et la stratégie de financement doivent contenir un lien avec les objectifs de développement durable, a-t-elle précisé.
M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) a axé son intervention sur l’aspect logistique. Sans intégration et sans stratégie pour les pays à revenu intermédiaire, il existe un risque réel d’aggraver la pauvreté et l’exclusion, s’est-il alarmé. Par conséquent, il a conseillé d’élaborer une stratégie pour que les pays à revenu intermédiaire se fassent entendre aux Nations Unies pour défendre leur cause. Le Secrétariat, a-t-il précisé, doit superviser le travail concernant ces pays, notamment lors de la formulation de stratégies qui doivent être des feuilles de route réalistes. Pour répondre à leurs besoins, il faut des indices multidimensionnels et une contribution plus audacieuse du Département des affaires économiques et sociales sur la coopération en matière de développement avec les pays à revenu intermédiaire, a conseillé le délégué.
M. RENÉ MAURICIO VALDÉS, Coordonnateur résident des Nations Unies et Représentant résident du PNUD en Argentine, a présenté différentes options envisageables pour aider les pays à revenu intermédiaire. Selon lui, le revenu par habitant ne suffit plus à classifier les pays. D’autres options existent, dont l’indice de développement humain, le taux de pauvreté, et les indices multidimensionnels. Il y a maintenant un autre outil, l’indice de développement durable, qui prend en compte notamment l’environnement et plus précisément l’émission de gaz à effet de serre des pays. En outre, M. Jeffrey Sachs a élaboré une nouvelle méthode pour classifier les pays suivant les 17 objectifs de développement durable, s’est réjoui M. Valdés. Pour sa part, le PNUD veut aussi mettre en place un indice de développement durable pour chaque pays et pour ses provinces. Il a souligné l’importance de faire des comparaisons fiables entre les pays, ce qui oblige à utiliser des indicateurs communs pour faciliter la classification. Enfin, il a plaidé en faveur d’une collecte de données efficace.
Au cours du dialogue qui a suivi, les représentants du Honduras et d’El Salvador ont rappelé que le Programme 2030 avait déjà prévu un mandat pour lancer le travail en faveur des pays à revenu intermédiaire. La vraie question est de savoir à quel moment on va débattre sérieusement de ce qu’il faut faire pour aider ces pays et commencer réellement ce travail. Le représentant du Pérou et de la Belgique ont demandé des précisions sur les façons d’aider ces pays et éviter qu’ils ne retombent dans la catégorie des PMA.
La Ministre du Costa Rica a reconnu qu’il était urgent d’inverser la tendance dans les pays à revenu intermédiaire, y compris parmi la tranche supérieure des pays à revenu intermédiaire. Il faut s’attaquer aux inégalités dans chaque pays, a-t-elle dit en voulant que les pays identifient les lacunes du système. Un ensemble d’outils sont nécessaires pour bien interpréter la situation et établir les bonnes pratiques, a-t-elle estimé.
Le représentant d’El Salvador, qui a rappelé que 73% des pauvres du monde vivent dans les pays à revenu intermédiaire, n’a pas dit autre chose en prônant l’adoption d’un instrument de mesure plus fidèle qui prenne en compte les spécificités de chaque pays. En écho, le représentant de la Colombie a souhaité éviter l’uniformisation des pays à revenu intermédiaire, voulant plutôt qu’on prenne ces pays au cas par cas. Il s’est dit favorable à une synergie d’action entre l’ONU et les institutions financières internationales pour un meilleur accès à des taux acceptables pour ces pays. Il faut aussi des synergies entre les pays à revenu intermédiaire et les pays capables de les aider, a fait valoir le représentant du Bélarus.
Le Représentant résident du PNUD en Argentine a indiqué que le PNUD travaille sur des stratégies pour éviter que les pays à revenu intermédiaire ne retombent dans la catégorie des pays les moins avancés, en se concentrant sur le renforcement de la résilience des pays. « C’est maintenant qu’il faut agir. Tous les éléments et tous les outils sont réunis pour prendre la décision », a-t-il affirmé. Dans un même sentiment d’urgence, le représentant de l’Équateur, au nom du Groupe de 77 et de la Chine, a déclaré que cette question devait rester la priorité absolue des Nations Unies.
Le représentant de l’Argentine a renchéri qu’il est urgent d’agir, avant de révéler qu’une résolution sur les pays à revenu intermédiaire sera adoptée à la soixante-douzième session de l’Assemblée générale. Ces pays font face à deux difficultés communes, a-t-il observé en citant les inégalités et les lacunes dans les capacités des États.
La Ministre des politiques économiques du Costa Rica a tenu à rappeler que chaque pays de ce groupe a la responsabilité de répondre aux besoins de sa population et de combler les lacunes existantes. Pour cela, l’ONU doit aider les États à avoir les instruments adéquats dont ils ont besoin, a-t-elle fait remarquer.
Suite et fin du débat général
Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a souligné la nécessité d’intégrer le Programme 2030 dans tous les autres outils de développement. Elle a mis en exergue l’importance de l’intégration qui ne doit pas être interprétée comme la volonté d’imposer des modèles uniformes ou des formules préétablies. Le système des Nations Unies pour le développement doit rester axé sur l’éradication de la pauvreté, a-t-elle recommandé. Il doit aussi respecter la souveraineté nationale des États Membres. Avant de terminer son intervention, elle a souhaité que les mécanismes de financement novateurs respectent le caractère intergouvernemental de l’Organisation.
Tout en reconnaissant le mérite de la valeur ajoutée de toutes les fonctions listées dans l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies, M. VLAD LUPAN (République de Moldova) a souligné deux aspects d’une importance capitale pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030: renforcer les capacités statistiques des institutions nationales et prêter assistance aux États Membres pour nouer des partenariats. Le représentant a également attiré l’attention sur l’importance d’une responsabilité et d’une transparence accrues, ainsi que sur la nécessité de parvenir à un maximum d’efficacité dans l’utilisation des ressources existantes, ce qui permet entre autres de susciter davantage de contributions de la part des bailleurs de fonds.
M. OH YOUNGJU (République de Corée) a estimé qu’une coordination et une collaboration renforcées au sein du Groupe de développement des Nations Unies est déterminante pour mieux permettre aux agences, fonds et programmes de s’acquitter de leurs mandats respectifs sur le terrain. En outre, le représentant a souligné la nécessité d’aligner les efforts de paix durable sur le Programme à l’horizon 2030. Il a appelé de ses vœux la mise en œuvre de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies, un mécanisme qui reconnaît pleinement la complémentarité entre développement, action humanitaire et paix durable.
Étant donné que 73% des pauvres du monde entier se trouvent dans des pays à revenu intermédiaire, Mme MARIA ANGELA PONCE (Philippines) a considéré que les défis spécifiques qui se posent à cette catégorie de pays doivent continuer d’être pris en compte dans les plans stratégiques du système des Nations Unies pour le développement. Pour leur part, les Philippines ont coopéré avec ce système en vue de mettre en œuvre la feuille de route pour la paix et le développement, « ancrée » dans les principes d’inclusion, de participation et de convergence, et dans l’idée que les stratégies et le financement du développement par l’ONU doivent être alignés sur les priorités nationales des États Membres
M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) s’est félicité des éléments de langage de la résolution sur l’examen quadriennal complet, dans la mesure où elle met l’accent sur les réformes susceptibles d’améliorer le fonctionnement du système de développement des Nations Unies dans son ensemble. « Les partenariats, en particulier avec les institutions financières internationales et le secteur privé, sont également cruciaux pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », a déclaré M. Jürgenson. De plus, a-t-il ajouté, réaliser les objectifs de développement durable exige un système adéquatement financé, fondé sur des partenariats.
M. MARTIN SHEARMAN (Royaume-Uni) a dit souscrire aux propos de la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed, qui affirmait, il y a deux jours devant l’ECOSOC, qu’il faut que les Nations Unies soient plus fortes que la somme de ses parties. Nous sommes le deuxième fournisseur de fonds consacrés aux activités opérationnelles de développement et nous appelons à plus de transparence et de coordination entre les agences onusiennes, a-t-il déclaré. Il a appelé à faire désormais le lien entre activités de développement et action humanitaire, notamment dans le contexte actuel de risque de famine dans certains pays tels que le Soudan du Sud ou la Somalie. Il a invité le système onusien à travailler davantage avec des acteurs externes, insistant en outre sur le renforcement du rôle du coordonnateur résident.
M. MOHAMED OMAR GAD (Égypte) a estimé que la résolution relative à l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies reflète le consensus sur la nécessité de ces activités d’être en phase avec les priorités des États Membres s’agissant de la mise en œuvre de leurs plans de développement nationaux. Après avoir déploré le déclin des ressources de base affectées à ces activités, le représentant a indiqué qu’il fallait éclaircir ce que l’on entend par « stratégie de financement intégrée ». Il est tout aussi nécessaire, selon lui, de clarifier le fait que la résolution ne donne pas pour mandat au système de développement des Nations Unies de s’engager dans des activités politiques, de sécurité ou de paix.
M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a déclaré que l’examen quadriennal complet était la meilleure feuille de route à disposition de l’ONU pour réformer le système des Nations Unies pour le développement afin qu’il soit en mesure de mettre en œuvre le Programme de développement à l’horizon 2030 et d’éradiquer la pauvreté. Le système doit appuyer les efforts des pays à revenu intermédiaire et œuvrer au renforcement de leurs capacités, ce qui facilitera les échanges de technologie et la coopération Sud-Sud et triangulaire, a-t-il affirmé. Soulignant que son pays émergeait d’un conflit, il a invité à approfondir le lien entre développement et paix. Enfin, le délégué a exprimé sa préoccupation devant le fossé qui se creuse entre les ressources ordinaires et les autres ressources, appelant à une augmentation des ressources ordinaires.
M. ANNE POORTA (Pays-Bas) a appelé à des financements durables des activités opérationnelles de développement des Nations Unies. Nous ne pouvons espérer avoir des résultats probants avec 26 milliards de dollars octroyés par 10 donateurs, a-t-il déploré en invitant l’ONU à cibler les plus pauvres tout en mettant en place le modèle de gestion axée sur les résultats. Il a également souhaité que l’ONU agisse de manière coordonnée et cohérente sur le terrain, en plaidant pour des actions concertées entre acteurs de développement humanitaires et missions de maintien de la paix.
M. ASHISH KUMAR SINHA (Inde) a appelé à une adaptation du système des Nations Unies pour le développement, dans le droit fil de l’examen quadriennal complet. Il a souligné la nécessité d’une bonne mise en œuvre du Programme de développement à l’horizon 2030 afin de porter secours aux personnes les plus démunies. L’éradication de la pauvreté est le plus grand chantier de notre siècle, a-t-il affirmé. Le délégué de l’Inde a plaidé pour des mécanismes de financement plus souples et un meilleur équilibre entre ressources ordinaires et autres ressources. En matière d’appui aux activités humanitaires, le représentant a invité à la prudence, afin de ne pas saper les stratégies de développement économique. Enfin, il a insisté sur la pertinence du système des coordonnateurs résidents.
Le représentant de la Fédération de Russie, a rappelé qu’il revient à chaque gouvernement d’élaborer sa politique de développement. Il a appelé à mettre en œuvre toutes les recommandations de l’examen quadriennal complet dans leur ensemble, et non pas de manière séparée pour éviter de créer des déséquilibres. Il a mis en garde contre la tentative de certains États de promouvoir des activités liées à la recherche de la paix, alors que celles-ci ne font pas partie des activités de développement des Nations Unies. Il a aussi appelé à plus de transparence dans le processus de planification et de mise en œuvre des activités de développement de l’ONU en faveur des grands groupes de pays.
M. CHULAMANEE CHARTSUWAN (Thaïlande) a jugé crucial que les activités opérationnelles de développement soient planifiées et exécutées dans le respect du leadership et de l’appropriation nationale. Le délégué a suggéré que les agences placées sous l’autorité de l’Équipe de pays des Nations Unies renforcent leur coordination. Il a souligné l’importance d’une approche inclusive et holistique dans la réalisation du développement durable, ainsi que la nécessité d’établir des partenariats avec les parties prenantes. Le représentant a, par ailleurs, indiqué que la coopération Sud-Sud et triangulaire occupait une place particulière dans les efforts déployés par son gouvernement.
M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a rappelé que les gouvernements avaient la responsabilité principale s’agissant des efforts de développement et de la coordination de l’aide, y compris l’aide octroyée par les organisations multilatérales. Les efforts visant à renforcer le système des coordonnateurs résidents doivent respecter la souveraineté des États, a-t-il affirmé. Le délégué a demandé un renforcement des capacités des pays en développement, avant d’appeler à une plus grande transparence du système des Nations Unies pour le développement pour garantir une bonne allocation des ressources. Ce système doit, en priorité, renforcer la coopération Sud-Sud et triangulaire, a-t-il dit, en rappelant que son pays garantissait, par le programme Petrocaribe, la sécurité énergétique de 18 pays des Caraïbes. Enfin, M. Ramírez Carreño a souligné la pertinence du concept de pérennisation de la paix.
M. MOHAMMAD YAMA AINI (Afghanistan) a souligné la nécessité, alors que l’Afghanistan appartient au groupe des pays les moins avancés, que le système des Nations Unies pour le développement apporte un appui coordonné, cohérent et intégré aux pays les plus vulnérables. Il est de la plus haute importance pour l’Afghanistan que le système des Nations Unies pour le développement renforce le lien entre le développement et la paix par le biais d’efforts accrus au niveau national, a-t-il dit. Le délégué a réitéré l’engagement de son pays en faveur de la mise en œuvre des objectifs de développement durable et de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies. Pour voir ses efforts couronnés de succès, mon pays a besoin d’un système onusien pour le développement efficace, sur lequel il puisse compter pour préserver les gains enregistrés, a conclu le représentant afghan.
Mme LAURA ELENA FLORES HERRERA (Panama) a appelé à un nouveau paradigme au sein du système de développement des Nations Unies, afin que ce dernier soit plus souple et réponde mieux aux besoins des pays en développement et aux objectifs agréés par la communauté internationale. Il est fondamental, a-t-elle déclaré, que les plans stratégiques des agences onusiennes soient en phase avec le programme international de développement. Elle a aussi invité à se départir de la fragmentation des activités et à améliorer les échanges de meilleures pratiques au sein du système. Elle a enfin souhaité que l’ONU accorde du prix au soutien des pays à revenu intermédiaire.
M. JÜRG LAUBER (Suisse) a invité le système des Nations Unies pour le développement à repenser son rôle, afin de gagner en pertinence, et à privilégier la collaboration plutôt que la concurrence. Alors que ce système doit se concentrer sur ce qu’il fait de mieux dans chaque contexte spécifique, il faut mettre un terme à la course à l’ouverture de nouvelles représentations à laquelle se livrent les différentes entités, a-t-il affirmé. Le délégué a préconisé de mieux intégrer les services d’appui et de progresser encore dans l’application des stratégies opérationnelles communes. Il a plaidé pour un système de coordination solide et indépendant sur le terrain, avant de demander la mise en œuvre des réformes concrètes réclamées au Siège par les équipes de pays aux fins d’une plus grande efficacité. Enfin, le délégué de la Suisse a encouragé le Secrétaire général à signaler aux entités du système des Nations Unies pour le développement que le maintien du statu quo n’est plus une option viable. « Nous avons besoin de propositions de réformes ambitieuses bénéficiant de soutiens au plus haut niveau politique, le dialogue entre experts ayant assez duré », a-t-il conclu.
M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a estimé qu’il ne fallait pas adapter le Programme de développement durable à l’horizon 2030 aux « inerties » du système, mais plutôt changer le système afin qu’il concoure à la mise en œuvre de ce programme. Il a relevé que le caractère universel, intégré et indivisible du programme de développement international ne saurait être remis en cause. Il a souhaité que les activités de promotion des droits de l’homme et de la paix soient articulées autour de l’impératif de développement. Il a aussi plaidé pour une ONU qui pense et agisse de manière coordonnée et qui soit, en outre, ouverte au changement. Il a terminé son propos en émettant le vœu que le vent de démocratisation, qui a marqué l’élection du nouveau Secrétaire général de l’ONU, aille également souffler sur l’ensemble du Secrétariat.
Mme INA HAGNININGTYAS KRISNAMURTHI (Indonésie) a affirmé que l’éradication de la pauvreté devait être au cœur des efforts du système des Nations Unies pour le développement, dont elle a loué la neutralité, la fiabilité et l’objectivité. Elle a souhaité une amélioration de la coopération entre les diverses entités de ce système intervenant sur le terrain, afin de tirer le meilleur profit possible des avantages comparatifs de chacune d’entre elles. La déléguée a également invité à s’assurer d’une représentation géographique équitable au moment de pourvoir les postes les plus importants, y compris s’agissant des coordonnateurs résidents, sans pour autant remettre en question le système basé sur les mérites. Enfin, la représentante a souligné la pertinence du Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud.
Mme EI EI KHIN AYE (Myanmar) a invité le système des Nations Unies pour le développement à se montrer pragmatique dans sa réponse visant à remédier aux vulnérabilités des pays et à renforcer leurs avantages. Jugeant qu’il ne saurait y avoir une seule approche valable pour tous dans la promotion du développement durable, la déléguée a invité ledit système à mettre en cohérence ses activités opérationnelles au niveau des pays avec les plans nationaux de développement. Elle a également souhaité que ce système se montre plus actif dans son soutien à la coopération triangulaire et Sud-Sud et dans l’accès à la technologie. Le système des Nations Unies pour le développement devrait encourager les contributions volontaires à la Banque de technologies pour les pays les moins avancés, afin qu’elle puisse fonctionner efficacement, a conclu la déléguée du Myanmar.
Mme VALENTINA MARINČIĆ (Bosnie-Herzégovine) a estimé qu’un ordre du jour aussi ambitieux que le Programme 2030 ne pourrait être mis en œuvre sans des partenariats vigoureux entre gouvernements, organisations de la société civile et secteur privé. Elle a tenu à souligner que le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement doit être orienté par le principe d’appropriation nationale, et tenir compte des besoins spécifiques de chaque pays. Dès lors, une attention particulière devrait être accordée aux pays les moins avancés, aux pays en développement sans littoral et aux petits États insulaires en développement, a estimé la représentante. Elle a ajouté que son propre pays est, en coopération avec l’équipe de pays des Nations Unies, en train d’élaborer un programme de développement durable biennal pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a insisté sur l’importance d’éradiquer la pauvreté qui représente l’un des plus graves défis mondiaux. Un autre enjeu vital consiste à mettre fin à la famine, a-t-il dit, en rappelant que 20 millions de personnes dans le monde en courent le risque. Il a estimé, à la suite du Secrétaire général, que si rien n’est fait pour inverser la tendance actuelle, la cible de l’élimination de la famine d’ici à 2030 ne sera pas atteinte. Le délégué a appuyé la vision du Secrétaire général consistant à mettre l’accent sur la résolution et la prévention des conflits. « Il ne peut y avoir de développement durable sans paix », a-t-il déclaré. Enfin, le délégué a demandé un alignement des priorités du système des Nations Unies pour le développement avec les stratégies des États Membres, ainsi qu’une réponse appropriée aux vulnérabilités des pays les moins développés et des petits États insulaires en développement.
M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a appelé à plus d’efficience et de cohérence au sein du système de développement de l’ONU, tout en plaidant pour l’augmentation des ressources qui lui sont affectées. Il a encouragé le système de développement à continuer d’intégrer le renforcement de la coopération Sud-Sud parmi ses priorités. Il a aussi invité le système à adapter ses structures afin qu’elles soient capables de se conformer aux priorités nationales des pays où l’ONU intervient, tout en renforçant le rôle de coordonnateur résident.
Mme AMINA SHAABAN, Secrétaire permanente adjointe au Ministère des finances et de la planification de la République-Unie de Tanzanie, a indiqué que son gouvernement avait élaboré deux plans de développement national pour les périodes 2016-2017 et 2020-2021, en veillant à y introduire un certain nombre d’objectifs de développement durable. Ces plans ont pour ambition notamment de renforcer l’industrie nationale en vue du développement de ce pays. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 va continuer à être intégré, de manière transversale, dans tous les secteurs et à tous les niveaux, à court, moyen et long terme, a-t-elle assuré.
La représentante a affirmé que le succès des objectifs de développement durable dépendrait de sa mise en œuvre dans les PMA, soulignant à cet égard l’importance du soutien du système de développement des Nations Unies. La mise en œuvre efficiente de ces objectifs dépendra également de la disponibilité de données de qualité et désagrégées, a-t-elle argué. Elle a invité l’ONU à soutenir les institutions tanzaniennes en charge des statistiques, avant d’appeler à un renforcement de la mobilisation des fonds internationaux en vue de financer le développement, souhaitant aussi plus de partenariats à cet effet.
Mme SOFYA SIMONYAN (Arménie) a recommandé d’adapter le système de développement des Nations Unies afin qu’il puisse être plus performant, dans un contexte où les ressources s’amenuisent. La représentante a aussi invité à mettre l’accent sur la prévention des conflits, prêchant pour que des missions de bons offices agissent avant le déclenchement des conflits. Elle a en outre souhaité que le système onusien accorde plus d’attention aux pays à revenu intermédiaire. L’ONU doit également renforcer les capacités nationales des pays pour qu’ils soient davantage en mesure de mobiliser des ressources, a-t-elle ajouté.
M. MOURAD MEBARKI (Algérie) a appelé de ses vœux la mise en place de mécanismes efficaces pour la mobilisation des ressources, sur les plans national et international, afin d’être en mesure d’éradiquer la pauvreté. Améliorer le recouvrement des recettes fiscales passe par un renforcement effectif des moyens administratifs, a-t-il dit. Il a, à ce titre, souligné l’importance d’un engagement solidaire des pays ayant une expérience en la matière. La mobilisation s’entend aussi par la mise en œuvre d’instruments de levée de ressources financières domestiques, tels que les emprunts obligataires, a-t-il déclaré. « Mais ce serait un leurre de croire que ces instruments peuvent fonctionner dans des pays où il n’y a pas de ressources disponibles, ce qui revient à dire que mettre cette option au premier rang des ressources innovantes serait une démarche contestable ». En conclusion, le délégué de l’Algérie a jugé primordial de doter le système des Nations Unies pour le développement des capacités requises.
M. MARIANGELA BAGNARDI, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a déclaré que le nouveau cadre stratégique de la FAO tient compte des prescriptions de la résolution sur l’examen quadriennal complet, notamment en accordant la priorité à 40 cibles de 15 des objectifs de développement durable et des 53 indicateurs y relatifs. Il a appelé à plus de partenariats, se félicitant, dans ce contexte, des succès engrangés par le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) qui veille à la sécurité alimentaire partout dans le monde. La diversité et la spécialisation sont des atouts du système onusien, a-t-il relevé, précisant que la FAO s’engageait à jouer le rôle qui lui est dévolu dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, en collaboration avec les agences sœurs que sont le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM).