Discussions à l’ECOSOC pour remédier au manque de fonds prévisibles et à la fragmentation des activités opérationnelles de développement de l’ONU
Ce matin, devant le Conseil économique et social (ECOSOC), le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo, a appelé à l’amélioration des pratiques et de la qualité du financement des activités opérationnelles de développement menées par le système des Nations Unies, une vision partagée par de nombreuses délégations.
En cette deuxième journée de débat, à l’ECOSOC, sur ces activités opérationnelles, des avis ont aussi été exprimés pour préciser les contours de la réforme d’un système dont le fonctionnement doit être revu afin d’accompagner au mieux la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
En présentant le rapport du Secrétaire général sur le financement de ces activités en 2015, M. Wu a constaté que les 34 fonds, programmes et institutions des Nations Unies avaient reçu un financement total de 26,7 milliards de dollars, soit une baisse de 7% en valeur nominale par rapport à l’année précédente. Il a cependant relevé une augmentation du volume de ce financement qui a plus que doublé au cours des 15 dernières années, période encadrée par l’adoption des objectifs du Millénaire pour le développement et celle des objectifs de développement durable.
Cette hausse s’explique par un financement accru pour les activités humanitaires, qui a plus que triplé en termes réels entre 2000 et 2015, du fait des conflits qui essaiment à travers le monde. L’an dernier, 59% du financement des activités opérationnelles a été consacré à des activités de développement et 41% à l’action humanitaire.
Sur le plan qualitatif, le Secrétaire général adjoint s’est inquiété d’un déséquilibre entre le financement provenant des ressources de base et celui lié à d’autres ressources. Alors que les Nations Unies privilégient les premières, plus prévisibles et plus fiables, les autres ressources, qui sont « ciblées » ou « préaffectées » à une cause particulière, ont augmenté d’environ six fois plus, ces 15 dernières années, par rapport aux ressources de base.
M. Wu a souligné combien ce déséquilibre était préjudiciable à la planification des activités de développement, comme l’a exprimé l’Assemblée générale dans sa dernière résolution sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies.
Cette tendance au déséquilibre entre ressources de base et ressources ciblées continue de prévaloir en dépit des appels répétés des États Membres, a déploré M. Wu, ouvrant ainsi le débat pour explorer les remèdes possibles. La déléguée de la Chine a ainsi prescrit aux pays développés de respecter leur promesse de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut à l’aide publique au développement, ce qui permet en effet de disposer de ressources prévisibles.
Ne voulant cependant pas dénigrer les ressources autres, celles qui sont ciblées sur un domaine d’action particulier, la représentante de la Norvège a préconisé de mieux les utiliser en étant méthodique.
Les discussions d’aujourd’hui se sont aussi focalisées sur la réforme du système des activités opérationnelles de l’ONU en matière de développement. C’est un exercice en cours cette année, qui fera l’objet de propositions de la part du Secrétaire général en juin. Le but est de rendre ce système plus efficace pour accompagner au mieux les pays dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
À l’instar d’autres intervenants, une représentante de la société civile, de l’organisation « Social Policy Watch », a attiré l’attention sur la fragmentation des activités menées par les agences sur le terrain, ainsi que sur les incohérences du système de développement onusien. Elle a souligné, par exemple, que le coordonnateur résident est bien souvent concurrencé par une pléiade de hauts fonctionnaires, tels que les envoyés spéciaux et autres coordonnateurs humanitaires.
Cette constatation a trouvé écho parmi de nombreuses délégations qui ont appelé à moderniser et à simplifier les processus onusiens sur le terrain, tout en réduisant le coût des opérations. Il a été noté que le système était déjà parvenu à faire des économies au niveau local dans le cadre des transactions bancaires, en négociant des taux de change immuables.
Le délégué de la Belgique a cependant mis en doute la possibilité d’harmoniser les procédures de terrain lorsque les diverses agences reçoivent des financements fragmentés et parfois orientés pour des actions particulières. De son côté, M. Sanaka Samarasinha, Coordonnateur résident de l’ONU au Bélarus, a remarqué que « tout le monde parle de la coordination mais personne ne veut être coordonné ». Il a affirmé que les équipes de pays les plus volontaristes ne pourront pas faire avancer les choses sans un engagement et une volonté politique claire venant du Secrétariat.
Des voix se sont également élevées pour appeler à plus de transparence et de reddition des comptes de la part de l’ONU dans le cadre de ses activités opérationnelles de développement. Les donateurs et autres bailleurs de fonds auraient plus confiance, par exemple, si des données harmonisées et vérifiables sur les flux de financement étaient publiées régulièrement.
Le délégué du Honduras a, en outre, appelé le système de développement onusien à mettre en œuvre des cadres souples afin de travailler avec les pays à revenu intermédiaire, « le plus grand groupe aux Nations Unies », a—t-il justifié. Son homologue de l’Équateur, qui parlait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a recommandé d’aligner les activités opérationnelles de l’ONU sur les stratégies nationales de développement, en gardant à l’esprit qu’un objectif ne s’applique pas à tous de la même manière.
La journée a été rythmée par trois tables rondes, suivies d’un débat général qui se poursuivra demain, jeudi 2 mars, dans l’après-midi, juste avant la clôture de la session. Avant cela, les délégations se retrouveront, à partir de 10 heures, pour d’autres discussions interactives.
DÉBAT CONSACRÉ AUX ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DE DÉVELOPPEMENT
Activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement: suite donnée aux recommandations de politique générale de l’Assemblée générale et du Conseil (A/72/61–E/2017/4)
Présentation du rapport
M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a présenté le rapport du Secrétaire général sur le financement des activités opérationnelles pour le développement en 2015 (A/72/61–E/2017/4), qui porte sur les 34 fonds, programmes et institutions des Nations Unies ayant reçu un financement pour ces activités, pour un total de 26,7 milliards de dollars. Ce chiffre représente une baisse de 7% en valeur nominale par rapport à l’année précédente, a-t-il signalé, expliquant que cela peut toutefois être imputé à l’affaiblissement de plusieurs grandes monnaies par rapport au dollar des États-Unis. En valeur réelle, compte tenu de l’inflation et des fluctuations monétaires, le montant total du financement a progressé de 4% en 2015 par rapport à 2014. M. Wu a précisé que 59% de ce financement avait été consacré à des activités liées au développement et 41% à l’action humanitaire.
Comme tendance à long terme pour ce financement, M. Wu a relevé une croissance quantitative et un changement qualitatif. Il a souligné que, au cours des 15 années qui se sont écoulées entre les objectifs du Millénaire pour le développement adoptés en 2000 et les objectifs de développement fixés à la fin de 2015, le volume de ce financement avait plus que doublé, compte tenu de l’inflation et des différences de taux de change. Cela signifie que le financement a augmenté à un rythme encore plus rapide que l’aide publique au développent (APD) globale. Le financement des activités humanitaires, en particulier, a contribué à cette croissance rapide, ayant plus que triplé en termes réels entre 2000 et 2015.
Sur le plan qualitatif, a-t-il poursuivi, le financement sous forme de ressources non essentielles a augmenté environ de six fois par rapport au financement de base pendant ces 15 dernières années. Il a ainsi noté la part croissante des ressources non essentielles dans le financement total des activités opérationnelles de l’ONU pour le développement, dont la plus grande partie est réservée à des projets et activités spécifiques. Cette tendance continue de prévaloir en dépit des appels répétés, dans les résolutions de l’examen quadriennal complet pour les organismes des Nations Unies et les donateurs, à remédier au déséquilibre croissant entre les ressources de base et les autres ressources.
Au vu de cette analyse, il y a peu de preuves pour avancer que la base de donateurs des entités des Nations Unies s’élargit, a noté le Secrétaire général adjoint en constatant que, en 2015, environ 80% du financement total provenait directement des gouvernements, des ONG, des partenariats public-privé et d’autres institutions multilatérales représentant les 20% restants.
En ce qui concerne l’application du principe du recouvrement intégral des coûts, le rapport fait état de quelques améliorations récentes, mais il reste encore beaucoup de travail à faire pour la plupart des entités des Nations Unies. Le recouvrement intégral des coûts consiste à cesser d’utiliser les ressources de base pour subventionner les activités financées par des ressources non essentielles.
M. Wu a continué sa présentation en parlant de la transparence et de la responsabilité des flux de financement. Le rapport souligne, à cet égard, que plusieurs entités des Nations Unies ont développé ou amélioré de manière significative des systèmes en ligne, accessibles au public, qui recensent les données sur les contributions des donateurs et sur les dépenses. Comme le Secrétaire général estime qu’on peut améliorer encore la transparence et la responsabilité, il recommande aux entités d’élargir ces systèmes en ligne et d’inclure des informations claires et facilement accessibles sur le personnel et la présence de bureaux aux niveaux national, régional et mondial. Il souligne également l’importance de renforcer les approches harmonisées, telles que le cadre commun budgétaire dans tous les pays du programme, ainsi que les cadres budgétaires intégrés au niveau des entités.
En ce qui concerne le fonctionnement et l’efficacité des dialogues en cours sur le financement structuré, le rapport note que ces dialogues se déroulent dans environ deux tiers des entités du système de développement des Nations Unies et visent généralement à clarifier les résultats escomptés et les effets prévus dans les plans stratégiques des entités.
Le rapport analyse également la quantité et l’efficacité des mécanismes de financement communs, thématiques et conjoints, qui représentaient environ 11% du financement non fondamental global en 2015. Il démontre que des fonds communs interinstitutions bien conçus peuvent résoudre bon nombre des effets négatifs des contributions non affectées à caractère strictement réservé.
Sur la répartition géographique des dépenses, M. Wu a indiqué que l’Afrique avait bénéficié de 46% des dépenses faites au niveau des pays. Ce sont l’Afghanistan, le Soudan du Sud et le Liban qui concentrent le plus de ressources pour les activités opérationnelles de développement de l’ONU. Le rapport note également que les dépenses dans les pays les moins avancés ont atteint la somme de 10,2 milliards de dollars en 2015, ce qui marque une baisse de 47% à cause principalement du financement des réponses humanitaires en Iraq et en Syrie l’an dernier. Enfin, M. Wu a souligné, comme le fait le rapport, la nécessité d’explorer des mécanismes de financement innovants pour l’APD.
Table ronde interactive sur le thème « Repenser les stratégies de fonds et de modalités de financement du système des Nations Unies pour le développement pour répondre aux objectifs du Programme 2030 »
Dans la dernière résolution de l’Assemblée générale relative à l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies, les États Membres avaient souligné « la nécessité de mettre en place une stratégie de financement plus durable ». Dans ce contexte, ce premier débat de la journée à l’ECOSOC a été l’occasion de faire des propositions afin d’améliorer la mobilisation des ressources dévolues aux activités opérationnelles de développement.
M. ADMASU FEISA, Directeur par intérim des agences onusiennes et de la coopération économique régionale au Ministère des finances et du développement économique de l’Éthiopie, a d’emblée souligné l’importance des partenariats multipartites pour mobiliser des fonds devant servir à financer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Pour cela, il ne faut pas que l’ONU se contente d’interpeler les États pour qu’ils mobilisent davantage de ressources nationales. L’ONU doit d’abord renforcer les capacités des pays en la matière. Elle doit aussi, du reste, renforcer ses propres capacités en matière de mobilisation des ressources, en veillant à rétablir un équilibre entre les ressources de base et les autres ressources.
M. Feisa a également proposé la création d’un fonds thématique qui bénéficierait à toutes les entités onusiennes, ce qui permettrait aux bailleurs de fonds qui le souhaitent de verser des contributions pour financer des activités spécifiques. Il a en outre plaidé en faveur d’un système qui serait plus transparent et qui tiendrait davantage compte de la vulnérabilité des pays les moins avancés (PMA).
Pour M. DAOVY VONGXAY, Directeur général adjoint au Ministère des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao, il serait opportun que les stratégies de financement des activités opérationnelles de développement des Nations Unies tiennent dûment compte du contexte propre à chaque pays. Il a, par exemple, expliqué que son pays était classé dans la catégorie des PMA, alors que ses voisins sont pour la plupart des pays à revenu intermédiaire. Une stratégie de financement régionale ne siérait donc pas au Laos, à son avis. Il ne suffit pas d’avoir un bon programme de développement, a-t-il argué en précisant que le plus important est que l’ONU assure la disponibilité des fonds pour les États en développement.
M. GAUDENZ SILBERSCHMIDT, Directeur par intérim de la Coordination de la mobilisation des ressources à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a déclaré que la crise financière de 2008 avait entraîné une baisse des fonds versés à l’OMS. Cependant, le financement mobilisable en début d’exercice biennal est passé de 63% en 2012 à 83% en 2015, grâce aux méthodes de planification plus appropriées adoptées par l’organisation. Mais quel que soit le modèle de planification adopté, le manque de ressources demeure le plus grand obstacle dans la mise en œuvre des activités, a-t-il déploré.
M. BJORN GILLSATER, Représentant du groupe de la Banque mondiale à New York, a rappelé que celle-ci mettait à disposition environ 50 milliards de dollars par an pour des investissements publics et privés. Bien qu’elle ne soit pas directement concernée par l’examen quadriennal complet, elle est tout de même engagée dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 par le biais du fonds « IDA 18 » (Association internationale de développement) qui est consacré à la lutte contre l’extrême pauvreté avec un engagement record de 75 milliards de dollars pour la période qui s’étend du 1er juillet 2017 au 30 juin 2020.
Après les interventions des experts, le débat s’est ouvert avec la mise en garde du délégué de l’Équateur, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, qui a rappelé que l’examen quadriennal complet n’avait pas demandé une modification de l’architecture de financement des activités opérationnelles de développement. Il a appelé à mobiliser des ressources de base suffisantes, souhaitant aussi des financements plus souples afin d’éviter un effondrement des activités opérationnelles de développement.
Pour avoir des ressources prévisibles, a renchéri la déléguée de la Chine, il faudrait que les pays développés respectent leur promesse de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’aide publique au développement (APD). Des ressources limitées pourraient tout de même être mieux utilisées si on est méthodique, a fait observer la représentante de la Norvège.
Il faut un modèle de financement intégré qui prenne en compte les activités de développement autant que celles liées à l’humanitaire, a souligné pour sa part le délégué de l’Égypte en invitant les délégations à ne point sortir des cadres tracés par l’examen quadriennal complet.
Pour le représentant de l’Algérie, l’invitation faite aux pays en développement de mobiliser des ressources nationales doit tenir compte des capacités réelles de leur économie. Il a expliqué que même si la volonté y est, le vrai problème est le manque de fonds.
Une représentante de la société civile (Social Policy Watch) a attiré l’attention sur ce qu’elle juge incohérent dans le système. Elle a en effet souligné que le coordonnateur résident voit ses prérogatives être concurrencées par une pléiade de haut fonctionnaires, tels que les envoyés spéciaux et autres coordonnateurs humanitaires, dont les actions créent une dichotomie et une fragmentation dans les activités de terrain de l’ONU.
Ce débat était animé par M. BRUCE JENKS, Professeur à l’Université Columbia de New York, Conseiller principal à la Fondation Dag Hammarskjöld et ancien Sous-Secrétaire général au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Table ronde interactive sur le thème « Améliorer la gouvernance et la coordination du système des Nations Unies pour le développement »
M. IB PETERSEN, du Danemark, Président du Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS), a dit que si les conseils d’administration des agences spécialisées des Nations Unies peuvent apporter des conseils aux États Membres en matière de développement, il faut examiner leurs fonctions et garantir l’existence d’un vrai dialogue en leur sein. Les États Membres, a-t-il ajouté, doivent de leur côté respecter les experts qui donnent des orientations politiques. Ils doivent aussi participer activement aux travaux de ces Conseils et se concentrer sur les grandes questions concernant la gestion des fonds. « Nous avons l’occasion, cette année, d’aligner l’aide au développement sur le Programme 2030 », a-t-il fait remarquer en souhaitant que les conseils exercent leur fonction de gouvernance.
M. WALTON ALFONSO WEBSON, d’Antigua et Barbuda, Président du Conseil d’administration de l’UNICEF, a souligné la nécessité d’améliorer le fonctionnement des conseils d’administration des agences de développement. Lorsque ces conseils assurent la planification stratégique et les processus budgétaires, il a recommandé qu’ils visent des résultats concrets pour les pays. L’efficacité des conseils d’administration repose également sur les nouveaux membres qui arrivent chaque année, a poursuivi le délégué en soulignant qu’ils doivent bien comprendre le rôle et les politiques des conseils. Il a préconisé l’équilibre de représentation, au sein des conseils d’administration, entre les donateurs, les États Membres et le personnel. Il faut en outre, à son avis, que les Conseils se rendent sur le terrain.
Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH, des Émirats arabes unis, Présidente du Conseil d’administration d’ONU-Femmes, a voulu qu’on se concentre plus sur les résultats que sur les processus. Pour elle, l’autonomisation des femmes doit être au cœur de toutes les activités de développement entreprises à l’ONU. Elle a, pour cela, proposé à l’ensemble du système d’utiliser l’expérience d’ONU-Femmes en tant que processus d’apprentissage. Elle a aussi suggéré d’accroître le rôle et le nombre des femmes dans les Conseils d’administration des agences spécialisées. Elle a en outre souligné l’importance de la stabilité financière et du financement prévisible des activités de développement, en précisant que c’est « une condition préalable à tout ce que nous faisons ».
Mme HELEN CLARK, Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement (GNUD), a réitéré que la gouvernance et la coordination qu’offrent les conseils d’administration servent à accompagner les États Membres dans la réalisation du Programme 2030. « Pour cela, il nous faut une gouvernance du XXIe siècle, une gouvernance décentralisée et non une gouvernance hypercentralisée », a-t-elle dit. Soulignant l’importance des dialogues stratégiques de l’ECOSOC, elle a souhaité qu’ils soient interactifs. Il faut donc bannir les déclarations officielles pour laisser la place à de véritables échanges interactifs et pour écouter les échos du terrain, a-t-elle estimé. Pour ce qui est de la gouvernance des agences spécialisées, elle a conseillé de soutenir les nouveaux membres pour leur permettre de faire un meilleur travail. « Nous devons réfléchir à la façon d’espacer les sessions des conseils d’administration afin d’aider les États Membres à mieux se préparer et à avancer dans leurs réflexions notamment sur les directives fixées en matière de financements », a-t-elle ajouté.
Mme ALICIA BARCENA, Secrétaire exécutive de la Commission économique de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a indiqué que la question de gouvernance concerne plutôt les États Membres. Pour elle, les agences spécialisées devraient chercher à savoir comment améliorer leurs relations avec les pays. Elle a estimé que le système de développement des Nations Unies pouvait soutenir les États Membres dans la réalisation du Programme 2030, en les aidant à élaborer des plans nationaux reflétant les objectifs de développement durable. L’une des façons d’aider est de soutenir les bureaux nationaux chargés des statistiques, la lutte contre les inégalités entre les sexes, la lutte contre l’évasion fiscale, ainsi que le dialogue État-société civile sur les objectifs de développement durable. Elle a notamment proposé que l’ECOSOC réunisse toutes les parties travaillant sur la question de développement, et qu’il ait un seul mécanisme pour la présentation des résultats.
« Êtes-vous favorable à une gouvernance hypercentralisée des agences spécialisées ou à une gouvernance décentralisée? » a demandé M. Douglas Lindores, modérateur de la table ronde, pour lancer la discussion.
En matière de gouvernance, qu’elle soit centralisée ou décentralisée, la cohérence est l’élément clef, a répondu le représentant du Honduras. Son homologue de la Colombie a estimé que la coordination fonctionnait mieux sur le terrain qu’aux sièges, notamment dans un pays sortant de conflit comme la Colombie.
La représentante des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement, a argué que la gouvernance du système des Nations Unies pour le développement devait prévoir la participation des femmes et préserver l’équilibre régional pour garantir une bonne représentation. Pour la représentante du Brésil, c’est la flexibilité de l’ECOSOC dans la gestion et le calendrier de ses réunions qui est importante, pour ne pas défavoriser les pays du Sud.
Pour améliorer la coordination et la cohérence, qui sont des éléments très importants sur le terrain, il faut instaurer une culture de coopération, a estimé la représentante de la Chine, en suggérant que certaines agences devraient se compléter mutuellement, comme l’UNICEF et le FNUAP. Elle a également demandé l’amélioration des capacités de direction des coordonnateurs résidents, qui doivent avoir le soutien de l’équipe de pays. Il faut en outre alléger la bureaucratie aux sièges, a-t-elle plaidé, arguant que « le système de gestion centralisé risque d’alourdir le travail ».
Le représentant de la Suisse a dit que l’EOCOSC devait jouer son rôle de gouvernance horizontale à l’échelle du système. En ce qui concerne les réunions conjointes, qui de l’avis de la délégation de la Chine ne sont pas toujours nécessaires, elles devraient permettre de débattre et de se concerter, a estimé son homologue de la Suisse qui a souhaité y voir des occasions de prendre des décisions à même de susciter des changements. Le représentant d’Antigua-et-Barbuda a ajouté une recommandation pour ces séances conjointes: que les agents de terrain y participent pour que l’on ait une meilleure compréhension de ce qui se fait concrètement.
Cependant, a averti le Président du Conseil d’administration du PNUD, personne ne veut créer de nouvelles structures de gestion. La Secrétaire exécutive de la Commission économique de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) a conclu ce débat en recentrant le sujet sur le besoin de gouvernance qui doit être aussi proche que possible des États Membres. Elle a expliqué que, sur le plan fiscal et financier, par exemple, ni le Fonds monétaire international ni la Banque mondiale ne servent les États Membres. « L’ECOSOC doit faire ce travail », a-t-elle exhorté.
Table ronde interactive sur le thème « Faire progresser l’examen quadriennal complet sur le terrain: créer un service d’appui commun permettant le fonctionnement du système »
Il faut changer la façon dont les agences exécutent leur programme sur le terrain, a lancé, à l’ouverture du débat, M. PATRICK EGLI, Chef adjoint de la Division des institutions internationales à la Direction du développement et de la coopération de la Suisse. Il a plaidé en faveur d’un plan commun d’opérations entre les agences, estimant que cela devrait être la norme et non pas l’exception. Il a également appelé à une plus grande reddition des comptes et au renforcement de la communication à tous les niveaux. Il a expliqué que la Direction du développement et de la coopération suisse compte plusieurs bureaux sur le terrain, qui ont chacun des tâches qui leur sont assignées, mais qu’au niveau fédéral, toutes les décisions sont prises en synergie.
Mme JAN BEAGLE, Vice‐Présidente du comité de haut niveau sur la gestion et Directrice exécutive adjointe d’ONUSIDA, a appelé à moderniser et à simplifier les processus sur le terrain, tout en réduisant le coût des opérations. Elle a apprécié que le système onusien parvienne désormais à faire des économies au niveau local dans le cadre des transactions bancaires, cela en négociant des taux de change immuables. Elle a souligné l’importance d’avoir un financement d’activités favorisant des approches intégrées, en s’appuyant par exemple sur le système de coordonnateur résident.
M. JEREMIAH KRAMER, Président du Corps commun d’inspection, a indiqué que, selon une étude menée par cet organe, les organisations des Nations Unies ne devraient pas forcément adopter, comme prescrit par le Secrétariat, un système unique de prestations de services. Il a relevé que l’accent est désormais mis sur les économies à faire, mais il a mis en garde contre des économies temporaires, insistant davantage sur des retombées à plus long terme. Il a suggéré également que les procédures administratives des agences soient harmonisées par échelons, aux niveaux mondial, local et intermédiaire.
M. SANAKA SAMARASINHA, Coordonnateur résident de l’ONU au Bélarus, a fait valoir que si les choses s’améliorent sur le terrain, on est encore loin de l’efficacité nécessaire à la réalisation efficiente des objectifs de développement durable. Tout le monde parle de la coordination mais personne ne veut être coordonné, a-t-il ironisé en proposant le renforcement des fonds thématiques. Il a affirmé que les équipes de pays les plus volontaristes ne pourront pas faire avancer les choses sans un engagement et une volonté politique claire venant du Secrétariat. Il a aussi avancé que pour que les coordonnateurs résidents soient de véritables agents de changement, il faudrait leur donner les ressources nécessaires. Il s’est aussi étonné de certains dysfonctionnements sur le terrain, donnant l’exemple des agences onusiennes qui partagent les mêmes bureaux et qui ont pourtant des fournisseurs d’Internet différents.
Abondant dans le même sens au cours du bref échange qui a suivi les exposés des panélistes, le représentant de l’Équateur, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné que l’examen quadriennal complet avait prescrit d’améliorer le système de coordonnateur résident afin de faire des économies au niveau des pays. Il a aussi souhaité que les activités opérationnelles soient alignées sur les priorités nationales.
La représentante de Cuba a estimé, pour sa part, que l’unité dans l’action devait être volontaire et que les procédures opératoires ne doivent pas être vulgarisées partout dans le monde, d’autant plus que cela ne résulte pas de la résolution de l’examen quadriennal complet.
Le délégué de la Belgique a mis en doute la possibilité d’harmoniser les procédures de terrain quand les diverses agences reçoivent des financements fragmentés et parfois orientés. Quels rôles pourraient donc jouer les États Membres pour favoriser cette collaboration entre agences sur le terrain? a demandé la représentante de l’Allemagne.
Les panélistes ont été unanimes sur le fait qu’il faille renforcer le travail en synergie des agences sur le terrain afin d’éviter des doublons. De plus, les États Membres apprécieraient probablement de voir que les économies ainsi réalisées soient réinvesties dans le même pays, a justifié le Coordonnateur résident de l’ONU au Bélarus.
Le débat était animé par M. THOMAS GASS, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, Département des affaires économiques et sociales (DAES).
Suite donnée aux recommandations de politique générale de l’Assemblée générale et du Conseil (A/72/61–E/2017/4)
Rapports des conseils d’administration (E/2016/34/Rev.1, E/2016/35) et E/2017/36
Débat général
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. HORACIO SEVILLA BORJA (Équateur) a rappelé que, selon l’Assemblée générale, l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies devait être le principal instrument permettant aux Nations Unies de coopérer avec les États Membres pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable. Il a appelé à aligner ces activités opérationnelles sur les stratégies nationales de développement, afin de renforcer le leadership national à toutes les étapes du développement, en gardant à l’esprit qu’un objectif ne s’applique pas à tous de la même manière. L’éradication de la pauvreté extrême, a-t-il ajouté, doit rester la priorité de la mise en œuvre des objectifs de développement durable. Il a exhorté l’ONU à soutenir la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire conformément à la Conférence de Nairobi.
Au nom de l’Union européenne, M. DAVID IAN MANSFIELD (Malte) a encouragé le Secrétaire général à se montrer audacieux dans sa vision du système des Nations Unies pour le développement et à envoyer un signal fort pour que ce système se concentre sur la mise en œuvre du Programme de développement à l’horizon 2030. Les partenariats seront cruciaux pour ladite mise en œuvre et l’amélioration de l’efficacité du système des Nations Unies pour le développement, a-t-il dit. Abordant la question cruciale du financement dudit système, le délégué a insisté sur les responsabilités des États et du système lui-même, avant d’appeler à une plus grande transparence et une meilleure reddition des comptes. Il a insisté sur l’importance d’un « véritable changement » dans le domaine vital du système des coordonnateurs résidents.
Apportant son soutien au partage des coûts existants pour le financement du système des coordonnateurs résidents, le représentant a profondément regretté l’échec de la Cinquième Commission à approuver la contribution agréée du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU. Cette contribution est essentielle pour que le système des coordonnateurs résidents puisse s’acquitter de ses tâches, bénéficiant ce faisant à toutes les entités onusiennes, y compris au Département précité, a-t-il dit. Le représentant a souhaité une meilleure synergie entre le développement durable et la pérennisation de la paix, lesquels se renforcent mutuellement. Le système des Nations Unies pour le développement doit aussi renforcer sa capacité à reconnaître et à régler les causes profondes des conflits, en coopération avec d’autres entités onusiennes, a conclu le représentant de l’Union européenne.
M. AHMED SAREER (Maldives), au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement(PEID), a estimé qu’il ne fallait pas renégocier l’équilibre délicat de l’examen quadriennal complet, mais trouver des moyens pour s’assurer que les mandats et les directives soient intégrés dans les activités opérationnelles du système onusien de développement à tous les niveaux. Il a jugé très important que le système de développement de l’ONU prenne en compte les défis spécifiques de ces États. Il a également souhaité que ce système renforce les synergies avec les institutions financières internationales, le secteur privé et les autres parties prenantes, afin d’identifier des options de financements novateurs et ainsi aider les pays à accéder à des ressources pour réaliser le développement durable.
Ce système, a-t-il poursuivi, doit s’engager avec ces institutions pour assurer un alignement des efforts de chacun, en recherchant une bonne intégration dans les différents processus multilatéraux. Ils doivent aussi chercher d’autres critères de financement, au-delà du critère de revenu des pays. Pour le représentant, le système doit arriver à renforcer les directives et les politiques actuelles, en vue de répondre aux exigences du Programme 2030. Ces politiques doivent s’enraciner dans le respect mutuel, la transparence et la responsabilité, tout en maintenant une approche inclusive, cohérente et équilibrée, a-t-il prôné. Il a enfin appelé à poursuivre la réévaluation du système pour garantir la pertinence et la mise à jour des mécanismes, des directives et des politiques.
M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a dit que le système des Nations Unies pour le développement devait s’aligner sur les priorités nationales et le Programme 2030. Il a demandé à ce système d’adopter des méthodes souples et efficaces en termes de coût, pour garantir son efficacité. Il a insisté sur la nécessité d’allouer des ressources suffisantes aux pays en développement, en s’adressant notamment aux agences de développement qui doivent aussi diriger les ressources vers les commissions économiques régionales. Le délégué a mis l’accent sur le renforcement des capacités nationales des pays en développement qui est un volet très important pour les pays à revenu intermédiaire. Il a en outre demandé aux institutions financières internationales de tenir compte, dans leurs politiques et programmes de développement, des spécificités des pays membres des organisations et commissions régionales.
Mme PENNELOPE ALTHEA BECKLES (Trinité-et-Tobago), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a réitéré la nécessité de prendre en compte les vulnérabilités des pays de la CARICOM et des défis auxquels font face les petits États insulaires en développement (PEID) sur la voie du développement. Dans cette optique, le système des Nations Unies pour le développement devrait suivre une approche multidimensionnelle du développement, une approche fondée sur les priorités nationales et les besoins spécifiques, en laissant la place à l’appropriation nationale et au leadership national. La CARICOM estime que les activités opérationnelles de développement doivent encourager le renforcement de capacités nationales en assurant la promotion et le transfert de nouvelles technologies vers les pays en développement. Il faut également faciliter l’accès des pays en développement à un large éventail de services offerts par le système des Nations Unies pour le développement, y compris les bureaux et les commissions régionales.
La représentante a rappelé l’importance de la collecte des données dans le suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable. Elle a souligné l’importance de la coopération Sud-Sud, avant de prôner aussi un financement prévisible et adéquat pour les activités du système des Nations Unies pour le développement. Elle s’est dite préoccupée par le ralentissement de la croissance des ressources de base, constatant de plus en plus souvent un financement par des ressources préaffectées à des projets spécifiques et une dépendance à des petits groupes de donateurs, ce qui rend les activités opérationnelles vulnérables aux chocs politiques et économiques.
Au nom du Groupe de pays favorables à la promotion des pays à revenu intermédiaire, M. HECTOR ALEJANDRO PALMA CERNA (Honduras) a souligné l’importance des paragraphes 71 et 72 du Plan d’action d’Addis-Abeba et du paragraphe 65 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui concernent spécialement les pays à revenu intermédiaire. Il a souhaité l’adoption d’un plan d’action pour coordonner la mise en œuvre des objectifs de développement durable dans les pays à revenu intermédiaire. « Le système de développement des Nations Unies doit mettre en œuvre des cadres souples afin de travailler avec les pays à revenu intermédiaire », a dit le représentant avant de rappeler que le groupe de ces pays est le plus grand groupe aux Nations Unies.
Au nom des 12 petits États insulaires en développement du Pacifique, Mme MARLENE MOSES (Nauru) a relevé que 10 des 12 membres de son groupe dépendent d’un bureau multipays. Elle a estimé que cette situation était loin d’être optimale. À son avis, l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies a besoin d’un personnel compétent pour pouvoir répondre aux attentes d’un programme de développement aux ambitions sans précédent. Elle a précisé qu’une des conséquences intrinsèques de cet examen quadriennal sera le renforcement de tous les mandats de toutes les activités de développement, ce qui permettra au système de développement de l’ONU d’opérer de la manière la plus cohérente possible sous la direction d’un coordonnateur résident aux pouvoirs renforcés.
Mme GILLIAN BIRD (Australie) a souhaité que la réforme du système de développement onusien soit basée sur le respect fondamental de la vie humaine et la reconnaissance de l’importance de donner à chaque personne l’occasion et les capacités à mener sa vie. Le dernier mètre à franchir est très important, a-t-elle expliqué en soulignant notamment la nécessité de parvenir à l’égalité des sexes et à l’inclusion des personnes handicapées. Les petits États insulaires en développement, les pays les moins avancés et les pays en développement sans littoral sont importants pour que le Programme touche tout le monde, a-t-elle ajouté.
Dans cette réforme, « nous devons nous rappeler l’ambition dans nos objectifs », a-t-elle poursuivi en écartant toute mentalité de mendiant. Il s’agit de transformer les économies, offrir des filets de sécurité sociale, exploiter la finance, l’innovation, la technologie et les partenariats. Il s’agit de voir au-delà des frontières et des conversations au sein de l’ONU et de réfléchir sur la manière de trouver des solutions. Cette réforme, a-t-elle ajouté, doit rendre optimale la contribution des Nations Unies dans la réalisation du Programme 2030. Il a prévenu que l’ONU ne pouvait pas réaliser toute seule ses mandats, ayant besoin de partenaires pour réaliser ses programmes. En réformant ses systèmes et opérations, a-t-elle avancé, « nous avons besoin d’assurer que l’ONU exploite les énormes capacités des gouvernements, du secteur privé, des banques internationales et nationales de développement, des organisations caritatives, de la société civile, des parlementaires et des citoyens ».
M. MARCOS BARRAZA GÓMEZ (Chili) a estimé que la mise en œuvre du Programme 2030 repose principalement sur les gouvernements. Pour cela, ils ont besoin d’une situation économique internationale favorable et du soutien du système des Nations Unies pour le développement. Cet appui devrait être déployé de trois manières, a-t-il dit en prônant d’abord de tenir compte des priorités nationales des PMA. L’ONU doit en effet s’adapter à ces priorités et à chaque cas. Le représentant est allé plus loin en préconisant que les différentes structures du système de l’ONU s’alignent sur les priorités nationales et se coordonnent avec elles. Enfin, il a recommandé au système des Nations Unies pour le développement d’aligner son cycle de travail avec les cycles budgétaires nationaux.
Mme SHANCHITA HAQUE (Bangladesh), au nom des pays les moins avancés (PMA), a dit que ce sont les PMA qui ont le plus besoin du soutien du système des Nations Unies pour le développement. Elle a réclamé un « soutien ciblé » pour les pays qui sortent de cette catégorie, en raison de la fragilité de leur situation. Elle a réitéré que les priorités des PMA doivent être intégrées dans les stratégies et les programmes de l’ensemble du système des Nations Unies pour le développement. S’agissant du financement, elle a demandé d’inverser les tendances actuelles qui caractérisent le financement du développement. En outre, l’aide humanitaire ne doit pas se faire au détriment de l’aide au développement, a-t-elle affirmé.
M. MAURO VIEIRA (Brésil) a souligné que les objectifs de développement durable sont intégrés et indivisibles. Il a mis l’accent sur l’importance de la bonne gouvernance et sur la nécessité d’améliorer le système de coordonnateur résident. Il a souhaité que l’esquisse qui sera proposée en juin permettra d’identifier les lacunes de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement et de proposer des recommandations pour y remédier. Il a appelé à une meilleure coordination entre les volets de l’humanitaire, du maintien de la paix et du développement. La neutralité dans la coopération aux fins du développement est très importante, a-t-il ajouté.
M. EPHRAIM LESHALA MMINELE (Afrique du Sud) a appelé à mener des efforts supplémentaires pour traiter de la pauvreté, du chômage et des inégalités dans les pays en développement. « Nous nous heurtons aux difficultés de financement par des ressources de base », a-t-il ajouté. Il a appelé au maintien du mandat traditionnel de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles en demandant cependant à accomplir des efforts pour éviter les lacunes des examens quadriennaux précédents. Le représentant s’est dit préoccupé par la hiérarchisation des priorités pour le financement en faveur des activités humanitaires, au détriment du financement des activités de développement. Il a rappelé que le renforcement des activités de développement était de nature à renforcer la stabilité des pays et donc de diminuer les risques humanitaires. Il a jugé indispensable de renforcer le système de coordonnateur résident dans le souci de renforcer la cohérence au niveau des pays.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a souhaité que le système des Nations Unies pour le développement se positionne pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable sur le court terme. Le représentant a remarqué que le développement dépendait des capacités à combler les écarts existants entre les pays. Il est donc important que le système de développement mette en œuvre rapidement les recommandations du rapport de l’examen quadriennal complet, a-t-il recommandé.
Mme JIN LUO (Chine) a estimé que le système des Nations Unies pour le développement devrait poursuivre sa mission et renforcer ses activités en vue principalement d’aider à éliminer la pauvreté, notamment la pauvreté extrême, et ce, grâce à des mesures claires. Le système des Nations Unies pour le développement est aussi appelé à promouvoir la protection de l’environnement et à préserver la paix, a indiqué la représentante de la Chine pour qui l’urgence doit être accordée aux pays sortant de conflit. Avant de terminer, la déléguée a déclaré que le système de développement devait aider à renforcer les capacités des PMA et accorder une attention particulière aux pays avec des situations spécifiques comme les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement.
Mme MARIANE FOFANA (Burkina Faso) s’est inquiétée de la diminution de la part des ressources de base dans le financement des activités opérationnelles de développement de l’ONU, qui sont passées de 47% à 29% en 15 ans. À son avis, ce déséquilibre en matière de financement du développement est le signe d’une crise de confiance entre les différents contributeurs et acteurs du système. Elle a estimé que ce déséquilibre affectait négativement l’important rôle du système des Nations Unies et sa capacité à appuyer la réalisation des objectifs de développement durable. Dans ce contexte, elle a appelé le système de l’ONU pour le développement à instaurer rapidement un climat de confiance avec les États Membres. « Pour ce faire il faut que la responsabilité, la transparence l’efficacité et l’efficience du financement des activités opérationnelles de développement des Nations Unies soient renforcées, afin d’inciter les pays donateurs et les autres bailleurs de fonds à continuer à faire des contributions » a-t-elle insisté.
Mme NGUYEN THI PHUONG NGA (Viet Nam) a souhaité que les entités du système des Nations Unies pour le développement tirent le meilleur parti de leur expérience et de leur savoir-faire pour aider les programmes nationaux à mettre en œuvre les objectifs de développement durable. Elle a demandé de renforcer les efforts visant à aider les pays à intégrer ces objectifs dans les plans nationaux de manière conforme à leurs politiques et à leurs priorités. Elle a également appelé au renforcement du système de coordonnateur résident.
M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a indiqué que son pays présenterait cette année un rapport volontaire sur la mise en œuvre du Programme 2030. Il a estimé que les objectifs de développement durable devaient être alignés sur les priorités nationales. Le représentant a souligné l’importance de l’aide publique au développement qui devrait être complétée par d’autres sources venant notamment du secteur privé. Si de nombreux pays ont pu faire baisser le taux de pauvreté, la pauvreté extrême reste palpable dans beaucoup de régions du monde, a-t-il constaté avant d’appeler le système des Nations Unies pour le développement à aider les États Membres à éliminer la pauvreté. Cela passera notamment par une croissance durable et par la protection de l’environnement, a-t-il fait valoir.
M. NAWAF SALAM (Liban) a invité à préserver le caractère universel du système des Nations Unies pour le développement en insistant sur la nécessité de l’aligner sur les priorités nationales. Il s’est dit préoccupé par le déséquilibre du financement des activités de ce système. À cet égard, il a indiqué qu’il fallait déployer davantage d’efforts pour convaincre les donateurs privés à contribuer aux ressources de base et aux autres ressources. Il a appelé le système onusien de développement à accorder une attention particulière aux pays sortant de conflit. Rappelant que le Liban et l’ONU avaient signé, l’an dernier, un nouveau cadre stratégique de partenariat, le représentant a demandé à l’ONU d’adopter une approche globale à l’égard de son pays, pour que le Gouvernement libanais puisse garantir la stabilité et le développement durable.
M. BERIT FLADBY (Norvège) a estimé que l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement était une bonne base de réforme. Il s’agit de soutenir au mieux les efforts des pays qui souhaitent mettre en œuvre les objectifs de développement durable de manière intégrée. Une gestion axée sur les résultats est la clef pour que le système onusien puisse mettre en œuvre les objectifs de développement durable de manière efficace, efficiente et équilibrée, a-t-il remarqué. Il a exprimé la nécessité de renforcer le système des coordonnateurs résidents et de revoir le partage de coûts au sein de ce système. Dans ce contexte, il a exhorté la Cinquième Commission à avaliser un nouveau partage des coûts prenant en compte les responsabilités du Secrétariat. Il a souhaité qu’à partir de l’année prochaine, ce débat opérationnel soit l’occasion d’assurer le suivi des trois rapports du Secrétaire général demandés par l’examen quadriennal complet.
Mme MARIE CHATARDOVÁ (République tchèque) a souhaité que le système de développement des Nations Unies favorise des programmes de développement qui présentent de réelles valeurs ajoutées et des avantages comparatifs. « L’ONU devrait continuer à élargir sa base de bailleurs de fonds », a-t-elle aussi recommandé avant d’appeler les fonds et programmes des Nations Unies à privilégier les synergies plutôt que de se faire concurrence.
Mme SIGRUN RAWET (Suède) a souligné que le FNUAP pourrait constituer un modèle sur lequel s’inspirent les autres agences spécialisées. La représentante a estimé que le système des Nations Unies pour le développement devait accroitre ses capacités d’analyse politique. S’agissant du financement du développement, elle a préconisé le renforcement des partenariats et recommandé de donner la priorité aux ressources de base et aux financements de qualité. L’intégration du Programme 2030 dans les priorités nationales exige des financements novateurs et une cohérence accrue, a-t-elle affirmé. Elle a aussi plaidé pour que les coordonnateurs résidents disposent de ressources suffisantes pour pouvoir s’acquitter de leurs missions.
Mme STEFANIE AMADEO (États-Unis) a dit que son pays était favorable aux réformes nécessaires dans le système de développement des Nations Unies. Ses arguments ont été que l’ONU doit faire preuve d’efficacité dans ce qu’elle fait et que les agences spécialisées doivent faire un meilleur usage de ressources dont elles disposent. Pour cela, ces agences doivent travailler avec le secteur privé dans le cadre de partenariats renforcés, a-t-elle précisé.
M. SEHON MARSHALL (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a appelé le système des Nations Unies à continuer d’aider les pays en développement, notamment les petits États insulaires en développement (PEID), à mettre en œuvre les objectifs de développement durable. Il a souligné les difficultés particulières que rencontrent ces petits États insulaires pour faire face aux dommages causés par les catastrophes naturelles. Il a également accordé une grande importance au transfert des technologies vers les pays qui n’y ont pas suffisamment accès.