Commission de la condition de la femme: multiplication des appels pour la pleine participation des femmes aux affaires publiques
De nombreux appels vibrants ont été lancés aujourd’hui, au troisième jour de la soixantième session de la Commission de la condition de la femme, en faveur de la pleine participation des femmes aux affaires publiques, prélude à l’égalité parfaite entre les sexes que la communauté internationale entend établir d’ici à 2030, date butoir de réalisation des 17 objectifs de développement durable.
Outre le débat général, qui s’est poursuivi aujourd’hui, la journée a été marquée par la tenue, le matin, d’un dialogue interactif sur le thème « Forger des alliances en faveur de l’égalité des sexes dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », et d’une table ronde interactive d’experts, dans l’après-midi, sur le thème « Stratégies clefs en faveur de l’égalité des sexes dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».
Au cours du débat général, de nombreux orateurs ont relevé que le développement durable devait se faire avec la participation active des femmes, en droite ligne de l’objectif numéro 5 du Programme de développement durable qui appelle à « Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles » d’ici à 2030.
Présentant les acquis de son pays en matière de participation, la représentante du Nicaragua a indiqué que son gouvernement avait fait adopter, en 2012, une loi dite de « 50-50 », promouvant l’égalité des genres. Fort de cette avancée législative, le Nicaragua peut se targuer d’avoir des femmes occupant la moitié des postes gouvernementaux, a-t-elle souligné.
Au Burkina Faso, le quota de 30% de femmes sur les listes électorales a également été institutionnalisé, tandis qu’en Bolivie, le Gouvernement œuvre à la promotion de la participation des femmes autochtones, ces dernières vivant une double discrimination du fait de leur condition de femme et de leur statut de membre de communauté autochtone.
S’exprimant au nom du Groupe des amis des personnes âgées, la déléguée d’El Salvador s’est, de son côté, livrée à un plaidoyer en faveur des femmes âgées, plus nombreuses que leurs homologues masculins, mais qui sont davantage l’objet de discriminations. Elle a appelé les entités du système des Nations Unies, en particulier ONU-Femmes, à incorporer la situation des femmes âgées dans tous leurs travaux.
En Palestine, les femmes ne participent pas aux affaires publiques, puisqu’elles ploient sous le poids des violences instituées par Israël, a argué sa déléguée. Il s’agit d’accusations fausses et sans fondement, a rétorqué la représentante israélienne, se félicitant en outre du fait que l’égalité des sexes était une réalité dans son pays où la violence contre les femmes est réduite et où les femmes sont pleinement actives dans la vie publique.
Au cours du dialogue interactif, les délégations ont prôné des alliances entre les gouvernements, la société civile et les organismes des Nations Unies afin d’intégrer la parité à tous les niveaux de la vie sociale, notamment dans les pays en développement.
Lors de la table ronde de l’après-midi, les experts ont fait état de progrès réalisés à tous les niveaux et dans de nombreux pays, relevant néanmoins que de nombreux obstacles, notamment culturels, restaient encore à surmonter.
La prochaine séance de la Commission de la condition de la femme aura lieu demain à 10 heures.
SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »
Dialogue interactif avec les ministres sur le thème « Forger des alliances en faveur de l’égalité des sexes dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 »
Les participants à ce dialogue interactif, animé par M. Antonio de Aguiar Patriota, du Brésil, ont été notamment invités à identifier le type d’alliances et le genre de partenariats qui devraient être mis en place pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à examiner les besoins de la part de la société civile.
La Ministre de la parité, de l’enfance et du bien-être social du Soudan du Sud a dit que son gouvernement avait mis en place des mécanismes de consultation avec la société civile et les organismes des Nations Unies afin d’intégrer la parité à tous les niveaux de l’administration, y compris les États fédérés. Elle a demandé un appui particulier dans ce sens pour les pays qui sortent de conflit.
La Ministre de l’égalité des sexes et de la famille de la République de Corée a dit que son gouvernement militait pour une parité effective afin d’éliminer les incohérences dans tous les secteurs de la vie politique, sociale, économique et culturelle. Il a été donné une base juridique et administrative solide à la parité. Un consensus social doit être atteint pour parvenir à plus de parité, en consultation avec la société civile, y compris les organisations de femmes. Elle a parlé des projets de « villes conviviales » pour les femmes qui les aident à faire partie des processus de prise de décisions.
La Présidente de l’Institut national de la femme du Mexique a mis l’accent sur l’importance de la parité dans les domaines politique et administratif et au sein de l’armée. Le secteur privé est encouragé à refléter la parité dans les conseils d’administration des entreprises.
La Ministre du développement social de l’Équateur a fait part du défi auquel fait face la politique d’institutionnalisation de la parité.
Le Ministre de l’égalité des sexes et de la société civile de la Pologne a déclaré que les partenaires sociaux devaient surveiller la mise en œuvre des programmes visant à réaliser les objectifs de développement durable. Les plans d’action nationaux devraient aider à galvaniser la participation de la société civile, a-t-il préconisé.
La Ministre de l’autonomisation des femmes de l’Indonésie a dit que le Gouvernement devait forger des alliances avec toutes les parties prenantes afin d’élaborer ensemble une stratégie pour éliminer la violence sexiste et la discrimination des femmes. Elle a annoncé que 34 agences gouvernementales avaient mis en place la parité.
Le Ministre de la parité, du travail et du développement social de l’Ouganda a dit qu’il était impossible de mettre en œuvre les objectifs de développement durable sans tenir compte des réalités culturelles et religieuses. C’est pourquoi, il est très important de dialoguer avec les dirigeants communautaires et religieux.
La Ministre de l’enfance, de l’égalité et de l’inclusion sociale de Norvège a affirmé que dès l’élaboration des projets de lois, le Gouvernement faisait toujours en sorte que l’autonomisation des femmes fût intégrée dans les dispositifs de ces lois. Elle a fait part de l’appui du Gouvernement aux bénévoles dont le travail est nécessaire pour atteindre les objectifs de développement durable à l’horizon 2030.
La Ministre du développement social de la Jordanie a dit que son ministère avait été chargé de mettre en œuvre les objectifs de développement durable, dont le numéro 5 sur l’autonomisation des femmes pour lequel le Ministère a créé un mécanisme spécifique, en partenariat avec la société civile. La feuille de route adoptée la semaine dernière a été élaborée avec des participants de la société civile.
La Conseillère présidentielle pour l’égalité des sexes de la Colombie a insisté sur l’importance de l’ouverture des mécanismes de mise en œuvre des objectifs de développement durable à toutes les parties prenantes, en particulier les organisations des femmes. Elles doivent prendre part à la formulation et à l’élaboration des stratégies et à la surveillance de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.
La Ministre des affaires étrangères, de l’éducation et de la culture du Liechtenstein a déploré le fait que le débat politique dans son pays était dominé par les hommes qui utilisent des termes masculins qui n’ont rien à voir avec les besoins des femmes. Il faut dès lors entendre la voix des femmes et celle de la société civile pour tenir compte des besoins des femmes. La voix des femmes a permis de faire reconnaître les droits des femmes divorcées à la garde des enfants, a indiqué la Ministre. La société civile est le moteur du changement dans le pays, a-t-elle soutenu.
La Ministre des femmes de la République dominicaine a dit que son gouvernement disposait d’un plan national de développement qui comporte une stratégie transversale recommandant l’autonomisation des femmes dans tous les programmes ministériels. Douze ministères clefs ont déjà intégré l’autonomisation des femmes dans leurs plans sectoriels de développement.
La Secrétaire générale de la Fédération des femmes de Cuba a énuméré les « bonnes pratiques » instituées par son gouvernement en faveur de l’autonomisation des femmes dans le cadre notamment de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.
La Ministre de la famille, de l’enfance et des droits des femmes de la France a dit en particulier, en ce qui concerne les droits des femmes, que la participation et l’implication de la société civile étaient essentielles à l’avancée des programmes. La société civile joue un rôle crucial dans le suivi et la mise en œuvre des accords sur le terrain, tout particulièrement en ce qui concerne le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Elle a préconisé de travailler au niveau international avec la société civile afin que celle-ci nourrisse les négociations avec son expertise et son expérience, et de développer des alliances sous différentes formes avec la société civile qui suit et met en œuvre sur le terrain les orientations définies au niveau international.
La Présidente du Conseil national de la femme de l’Argentine a dit que pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, des liens avaient été mis en place avec tous les acteurs de la société civile qui peuvent aider à réaliser l’autonomisation des femmes.
La Secrétaire d’État à la citoyenneté et l’égalité du Portugal a mis l’accent sur la nécessité de mettre en place une culture de partenariat avec la société civile et les organisations des femmes. Il faut assurer un statut légal qui reconnaît le rôle central des organisations de la société civile.
La Ministre des femmes de l’Afrique du Sud a insisté sur l’importance de mettre en œuvre l’objectif de développement durable numéro 5 sur l’autonomisation des femmes. Le secteur privé et la société civile doivent participer à cette tâche. Un dialogue avec toutes les parties prenantes sera organisé cette année à cet effet.
Des représentants des organisations non gouvernementales ont participé à ce dialogue notamment des organisations de femmes autochtones. Elles ont fait part de leur disponibilité à participer à la réalisation des objectifs de développement durable tout en soulignant les spécificités et les singularités de chaque organisation non gouvernementale.
Suite du débat général
Au nom du Groupe des amis des personnes âgées, Mme YANIRA ARGUETA, Ministre des femmes d’El Salvador, a indiqué que le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans devrait croître de 56% entre 2015 et 2030, passant de 901 millions de personnes à 1,4 milliard. Cette tendance démographique sera plus marquée et plus rapide dans le monde en développement. En outre, a souligné la Ministre, les femmes âgées étant plus nombreuses que les hommes âgés, leur situation revêt un caractère prioritaire.
Selon Mme Argueta, les stratégies de lutte contre la pauvreté doivent répondre aux besoins particuliers des personnes âgées. Les femmes âgées dans les zones rurales sont particulièrement vulnérables d’un point de vue économique, surtout si leur rôle se limite à des tâches domestiques non rémunérées. De plus, les femmes âgées sont confrontées à de multiples formes de discrimination et à la violence. Elles sont particulièrement affectées par des stéréotypes négatifs. À ce sujet, la Ministre a rappelé l’importance de la recommandation générale 27 du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes sur l’aspect sexiste du vieillissement.
Le Groupe des amis des personnes âgées reconnaît la contribution sociale essentielle de ces personnes pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il encourage les États Membres à prendre des mesures pour permettre la participation pleine et égale des personnes âgées, en particulier des femmes, au processus de prise de décisions à tous les niveaux. Il appelle également les entités du système des Nations Unies, en particulier ONU-Femmes, à incorporer la situation des femmes âgées dans tous leurs travaux.
Mme ANA MARIA NUNEZ (Bolivie) a relevé qu’en Bolivie, les plans nationaux de développement, notamment ceux en rapport avec l’autonomisation des femmes, étaient très proches du Programme de développement durable à l’horizon 2030 en ce qui concerne les objectifs à atteindre. Elle a plaidé en faveur d’une pleine égalité entre les sexes dans le cadre de la mise en œuvre de ce programme de développement international, expliquant que la voie vers l’égalité passe par l’intégration transversale de l’approche genre dans toutes les politiques. Elle a également dit que son gouvernement attachait du prix à la promotion des femmes autochtones, et elle a émis le vœu de voir l’avènement d’une pleine égalité des sexes d’ici à 2030.
Mme LAURE ZONGO, Ministre de la femme, de la solidarité et de la famille du Burkina Faso, a évoqué les progrès remarquables réalisés dans son pays, dont l’institutionnalisation d’un quota de 30% en faveur des femmes sur les listes électorales; l’adoption de la loi sur l’accès des femmes au foncier rural; l’adoption de la loi portant prévention, répression et réparation des violences à l’égard des femmes et des filles; l’incitation à la scolarisation des filles; l’appui à l’entreprenariat féminin.
L’engagement du Burkina Faso se traduira au cours des 15 années à venir par l’intégration de l’objectif 5 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sur l’égalité des sexes à sa « politique nationale genre », notamment à travers la formation professionnelle et l’accès à l’emploi décent des femmes et des filles et la modernisation des métiers traditionnels. La Ministre a également évoqué la mise en place d’un programme intégré d’autonomisation économique, d’une stratégie de promotion des droits fonciers ruraux et d’une politique nationale de promotion et de protection des jeunes filles.
Mme LATEEFAH F. AL SABAH, Ministre et Présidente de la Commission des femmes du Koweït, a déclaré que de nombreuses lois avaient été adoptées dans le pays pour améliorer la condition des femmes et de leur autonomisation. Le Koweït est parvenu à la parité dans l’enseignement, a-t-elle indiqué, en parlant des différentes avancées dans l’autonomisation des Koweïtiennes.
Elle a appelé la Commission à trouver des solutions pour réduire la souffrance des femmes vivant dans les pays en conflit. L’Émir du Koweït a reçu le titre de dirigeant humanitaire des Nations Unies, s’est réjouie la Ministre, qui a exhorté la communauté internationale à tout faire pour assécher les sources du terrorisme afin que les femmes puissent s’épanouir.
Mme RUTHMILDA LARMONIE-CECILIA, Ministre du développement social, du travail et du bien-être des Pays-Bas, a dit que le monde devait être conscient des préjugés négatifs sur les femmes. L’égalité des sexes ne va pas d’elle-même, il faut toujours la défendre et la promouvoir. À cet effet, il faut recourir à la Déclaration et au Programme d’action de Beijing afin de faire avancer dans l’égalité des sexes. Elle a mis l’accent également sur la nécessité de renforcer la coopération internationale afin d’améliorer le sort des femmes au niveau international. Les Pays-Bas continueront d’être un partenaire pour la paix, la justice et le développement, a-t-elle dit.
Mme HAIFA AL-AGHA, Ministre de la condition féminine de l’État de Palestine, a fait observer qu’alors que les avancées en matière d’autonomisation des femmes étaient visibles partout ailleurs dans le monde, les femmes de Palestine évoluaient dans un contexte de violence et de discrimination du fait des politiques israéliennes. Elle a ainsi accusé Israël d’autoriser son armée à utiliser la force contre les femmes et les filles palestiniennes, notamment dans la bande de Gaza. L’accession de la Palestine à différentes instances internationales a pour but de faire respecter nos droits, a-t-elle assuré.
Elle a ainsi salué la ratification de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes par le Président de l’Autorité palestinienne. Est-il possible de parler d’autonomisation des Palestiniennes quand il existe des politiques israéliennes qui les discriminent, a-t-elle demandé. Elle a ensuite relevé que malgré l’adversité, les femmes palestiniennes profitaient de certaines avancées législatives promues par l’Autorité palestinienne. Elle s’est enfin félicitée du fait que le premier prix du meilleur enseignant au monde avait été décerné cette année par la Fondation « Global Teacher Prize » à une Palestinienne.
Mme MARIA RUBIALES DE CHAMORRO, Vice-Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, a souligné la nécessité pour les femmes de travailler avec leurs frères pour faire face aux discriminations dont elles sont victimes. Elle a indiqué que son gouvernement entendait continuer à œuvrer pour que les femmes puissent participer à tous les processus de prise de décisions, saluant à ce propos l’adoption, en 2012, d’une loi dite de « 50-50 », et qui promeut l’égalité des genres.
Fort de cette avancée législative, le Nicaragua peut se targuer d’avoir des femmes occupant la moitié des postes gouvernementaux, a-t-elle souligné. Elle a aussi fait état d’une étude récente d’universitaires japonais soulignant que le Nicaragua était le premier pays du monde en matière de participation des femmes à la gestion de la chose publique.
Mme ELKE FERNER, Secrétaire d’État parlementaire auprès du Ministère fédéral des affaires familiales, des personnes âgées, de la femme et de la jeunesse de l’Allemagne, a souligné que le développement durable était nécessaire pour améliorer la condition de la femme. Après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, la prochaine étape est la mise en œuvre des Objectifs, a poursuivi Mme Ferner qui a souligné l’importance de la participation de la société civile à ce sujet. Le Cadre normatif des délibérations doit être la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, le Programme de développement durable à l’horizon 2030, la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité et les autres documents pertinents sur les droits des femmes, a-t-elle dit.
Mme Ferner a ajouté que la priorité de son département était de lutter contre la violence contre les femmes et les filles. « Nous essayons de combler les lacunes en la matière en coopération avec les États fédérés. Nous avons adopté des lois sur la traite des femmes et le trafic d’êtres humains dont les femmes », a encore dit la représentante, qui a mis l’accent sur l’importance de la communication et du partage d’information, de l’égalité des salaires, de la participation des femmes dans l’économie sur la question de l’autonomisation des femmes.
M. JARI PARTANEN, Vice-Ministre des affaires familiales et des services sociaux de Finlande, a dit que la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 serait difficile tant que les femmes en seraient exclues. Il a ajouté que parce que les objectifs de développement durable sont tous importants, y compris pour les femmes, il faut une approche globale et veiller à ce que personne ne soit laissée de côté. Tous les pays peuvent atteindre les objectifs de développement durable, a assuré le Ministre qui a plaidé pour un changement d’attitude. À cet égard, il faut mettre en place des services publics, des infrastructures et la protection sociale répondant aux besoins spécifiques des femmes.
En outre, il a appelé les hommes et les garçons à participer aux travaux domestiques afin de donner du temps aux femmes pour qu’elles puissent participer à la vie sociale et économique et améliorer ainsi leur situation. La pleine jouissance des droits sexuels des femmes est de la plus haute importance pour l’égalité des sexes, a continué M. Partanen. Concernant précisément la violence contre les femmes, « il faut que les hommes soient concernés en premier lieu et il faut les impliquer dans des campagnes comme « HeforShe », à l’instar du Président de la Finlande, a dit le Ministre.
Droit de réponse
Prenant la parole en fin de séance pour exercer son droit de réponse au discours de la délégation palestinienne, Mme MICHAL SARIG-KADURI (Israël) a dit que les Palestiniens avait confondu l’ordre du jour de la Commission en proposant un discours politique à charge contre Israël, au lieu de parler des solutions pour l’amélioration de la condition des femmes palestiniennes.
Elle a estimé que les accusations proférées par la déléguée palestinienne étaient sans fondement, se félicitant en outre du fait que l’égalité des sexes était une réalité en Israël où la violence contre les femmes est réduite. Elle a en outre dépeint une société palestinienne où les femmes étaient victimes de violence, ajoutant que lorsque l’autonomisation des femmes deviendra une réalité en Palestine, alors les Palestiniennes trouveront en Israël un partenaire de choix.
Table ronde d’experts interactive sur le thème « Stratégies clefs en faveur de l’égalité des sexes dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 »
Les stratégies pour l’égalité des sexes dans la mise en œuvre du Programme à l’horizon 2030 devraient aborder de façon intégrée les trois dimensions du développement durable: économique, sociale et environnementale, a estimé la modératrice de la séance, Mme ŠEJLA ĐURBUZOVIĆ (Bosnie Herzégovine). Elle a notamment invité les experts à se demander comment les cadres politiques macroéconomiques appuient la réalisation de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles, et quelles sont les mesures à prendre pour garantir la collecte de données ventilées de qualité.
Mme ALEJANDRA CORCHUELO, Directrice du développement social au Département de la planification nationale de la Colombie, a expliqué que le Gouvernement colombien avait créé une commission de haut niveau pour mettre en œuvre le Programme de développement durable dans laquelle est notamment représenté le Ministère des finances. Le plan de développement national, à l’élaboration duquel ont participé plus de 7 000 personnes, tient compte de la problématique hommes-femmes de manière transversale.
« L’égalité des sexes a des ramifications pour la viabilité de nos sociétés qui vont au-delà de l’objectif 5 du Programme à l’horizon 2030 », a affirmé M. JAMES HEINTZ, Professeur d’économie à l’Université du Massachusetts. Il a insisté sur le fait que « la croissance n’est pas une fin en soi » et que « l’égalité sur le marché du travail améliore la réalisation d’autres objectifs de développement durable ». En bref, a-t-il dit, il faut mobiliser les ressources économiques pour réaliser les investissements dans l’égalité et repenser la politique macroéconomique de façon générale.
Le Gouvernement ghanéen est en train d’élaborer un plan de développement conforme aux objectifs de développement durable et mettant l’accent sur l’égalité des sexes, les droits de femmes, l’accès à la justice, les moyens de subsistance et la modification des rôles au sein de la société, a indiqué Mme PHILOMENA EFUA NYARKO, Directrice exécutive du Service statistique du Ghana. Le défi est d’améliorer l’analyse et la collecte de données ventilées par sexe fiables et claires, avec une bonne couverture géographique. À cette fin, il faut aider les pays en développement à mettre au point des systèmes modernes pour analyser les indicateurs.
Mme ANITA NAYAR, Directrice de l’initiative « Regions Refocus » de la Fondation Dag Hammarskjöld, a mis l’accent sur la sécurité alimentaire, l’énergie et les changements climatiques. Elle a salué l’initiative de l’Union africaine qui a entrepris un processus de création d’une zone de libre échange pour permettre aux pays africains d’accroître le commerce intercontinental. Par contre, elle a regretté le manque de références à l’élimination progressive des combustibles fossiles et aux grands projets d’exploitation des ressources naturelles, alors que de nombreuses organisations féminines les combattent. D’après elle, il faut créer des espaces permettant à celles-ci de travailler avec les décideurs. Les Caraïbes, en particulier, ont besoin d’une stratégie cohérente sur l’accès au financement climatique.
Mme SALLY MOYLE, Spécialiste de l’égalité des sexes du Département des affaires étrangères et du commerce de l’Australie, a indiqué que le bureau de la femme avait intégré le Cabinet du Premier Ministre qui met en œuvre des politiques tenant compte de l’égalité des sexes. Pour lutter contre la violence à l’égard des femmes, il a accru en septembre 2015 le financement pour leur sécurité. Par ailleurs l’accent est mis sur la réduction des écarts salariaux et la participation des femmes à la vie active, notamment à travers les petites entreprises. Il existe également un programme pour le bien-être des femmes autochtones.
La Suisse a récemment adopté sa stratégie développement durable 2016-2019 qui cible les mesures à prendre dans le domaine de l’autonomisation économique des femmes et de la lutte contre la violence. D’après la représentante, une mise en œuvre du Programme à l’horizon 2030 tenant compte de l’égalité des sexes passera par une intégration systématique des questions de genre. En Suisse, par exemple, un nouveau projet de loi oblige les entreprises de plus de 50 salariés à corriger les discriminations, dont l’écart salarial.
En Ouganda, « nous souhaitons renforcer les mécanismes institutionnels et accélérer la mise en œuvre de cadres politiques que les plans de développement nationaux correspondent aux objectifs de développement durable », a déclaré le représentant. Il a insisté sur la mobilisation efficace des ressources à l’échelon national avec tous les acteurs publics et privés.
La Chine a tracé sa voie propre pour protéger les droits des femmes, notamment à travers un comité consultatif et la participation de la société civile, s’est félicitée sa représentante.
La République islamique d’Iran croit en l’égalité entre les hommes et les femmes, a assuré sa représentante. Afin de promouvoir le bien-être des femmes et l’autonomisation des jeunes générations, des centres de formation professionnelle ont été créés. « Le bonheur que les femmes tirent de la vie de famille est particulièrement important », a-t-elle ajouté.
La représentante de la Fondation Nehru pour le développement a expliqué que son organisation avait organisé une conférence internationale pour débattre des stratégies éducatives qui permettent de changer la donne pour réaliser les objectifs de développement durable. « Les familles ne doivent pas être complices dans le maintien de certaines pratiques patriarcales », a-t-elle averti, en insistant sur « la dignité pour chaque individu ».
La spécialiste de l’égalité des sexes du Département des affaires étrangères et du commerce de l’Australie a ajouté qu’il fallait éviter que les questions de parité soient examinées de façon isolée et elle a proposé d’« associer les hommes et les garçons à ce discours ».
« Il faut changer de culture institutionnelle », a renchéri la représentante de l’Union européenne. « Notre leitmotiv doit être d’éviter d’avoir des laissés-pour-compte », a-t-elle dit. Il faut absolument que les cadres nationaux d’examen se fondent sur les indicateurs mondiaux en améliorant le traitement des données, notamment en matière de violence.
Pour sa part, l’Italie a décidé de consacrer de nouvelles ressources à hauteur de 50 millions d’euros dans les deux années à venir pour promouvoir le rôle des femmes dans les pays partenaires du développement, en préconisant un changement structurel de l’organisation du travail.
Par ailleurs, en Indonésie, les traités internationaux pertinents sont directement appliqués dans les cadres juridiques nationaux.
La représentante de l’organisation non gouvernementale « Soroptimist International » a jugé impératif de « mobiliser aujourd’hui les ressources nécessaires pour assurer l’égalité demain ». Elle a souhaité en savoir plus sur le type de données récoltées pour garantir la participation des femmes à tous les niveaux.
Le professeur d’économie à l’Université du Massachusetts a proposé de « regarder plus loin que les indicateurs » pour parvenir à l’égalité entre les sexes, notamment en améliorant l’éducation secondaire.
À son tour, la Directrice exécutive du Service statistique du Ghana a souligné l’importance de stratégies nationales pour la conception de statistiques et le suivi des progrès pour réduire les discriminations. Selon elle, les données doivent être collectées dans tous les secteurs.
Au Nigéria, une stratégie nationale en matière d’emploi des femmes a été révisée dans le contexte des objectifs de développement durable et des objectifs proposés par ONU-Femmes. En outre, la violence et les pratiques néfastes contre les femmes et les filles, telles les mutilations génitales féminines, sont pénalisées.
Au Japon, la Commission nationale de statistiques va utiliser un ensemble d’indicateurs pour mesurer la réalisation de l’objectif 5 du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
« L’égalité des sexes est indispensable dans le domaine de l’emploi », a défendu la représentante de la Confédération syndicale internationale. Malheureusement, les écarts salariaux restent prononcés et les prestations insuffisantes, d’où l’importance du droit à s’organiser et à se syndiquer.
Un conseil national de la femme, la société civile et le secteur privé sont mobilisés sur ces questions au Rwanda. « Mais quel que soit le niveau de formation donné aux femmes et quelles que soient les ressources consacrées, il y a toujours un maillon manquant, une échelle sociale non écrite sur laquelle les femmes sont mesurées », a déploré la représentante de ce pays. « Les normes sociales pèsent lourdement sur nous », a-t-elle insisté, en contestant la structure patriarcale de la société africaine en général.
La Directrice du développement social au Département de la planification nationale de la Colombie a relevé un point commun: la violence faite aux femmes dans tous les domaines. Sans information et sans intervention, on ne peut rien concevoir, a-t-elle conclu. Pour la Directrice de l’initiative « Regions Refocus » de la Fondation Dag Hammarskjöld, une des solutions consiste à promouvoir un dialogue interministériel sur la mobilisation des ressources.