Soixantième session de la Commission de la condition de la femme,
2e & 3e séances – matin & après-midi
FEM/2067

Ouverture de la 60e session de la Commission de la condition de la femme: le Secrétaire général appelle à intensifier l’égalité entre les sexes

La soixantième session de la Commission de la condition de la femme s’est ouverte aujourd’hui, à New York, par un appel du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à intensifier l’égalité entre les sexes laquelle exige le « plein respect des droits des femmes et des filles partout dans le monde ».

« Aussi longtemps qu’un des droits des femmes est bafoué, notre lutte n’est pas terminée », a déclaré M. Ban, qui a en particulier exhorté les dirigeants des quatre derniers pays où pas une seule femme ne figure au parlement et des huit derniers pays n’ayant aucune femme au gouvernement à agir pour mettre fin à cette injustice. 

Le Secrétaire général a également dressé son bilan à la tête de l’Organisation sur la question de l’autonomisation des femmes, rappelant que lors de son premier discours à l’Assemblée générale, en octobre 2006, il s’était engagé à faire avancer l’égalité des sexes dans le monde et au sein des Nations Unies. 

Il a ainsi relevé qu’au cours des neuf dernières années, il avait nommé plus de 150 femmes comme sous-secrétaire générale ou secrétaire générale adjointe.  De même, alors qu’il n’y avait aucune femme représentante spéciale au moment où il prit ses fonctions, « aujourd’hui, près d’un quart des missions de l’ONU sont dirigées par des femmes ».

Le Secrétaire général a indiqué qu’en neuf ans, s’il a visité des nombreux endroits difficiles pour les femmes, il y a aussi rencontré de vraies héroïnes, comme ces grands-mères qui réclament justice pour leurs petits-enfants disparus ou comme ces mères séropositives qui ont remplacé les préjugés par l’espoir.

Présidée par le Représentant permanent du Brésil auprès des Nations Unies, M. Antonio de Aguiar Patriota, la Commission, qui se tient jusqu’au 24 mars, et dont le thème prioritaire est « Autonomisation des femmes et lien avec le développement durable », doit en outre évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre des conclusions auxquelles est parvenue la cinquante-septième session (2013) à propos de « l’élimination et la prévention de toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles ». 

« Nous pouvons nous appuyer sur 20 ans de mise en œuvre du Programme d’action de Beijing », a assuré M. de Aguiar Patriota, pour qui l’égalité hommes-femmes doit rester au cœur de toutes les actions de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

« En tant qu’organe intergouvernemental phare pour l’autonomisation de la femme, la Commission de la condition de la femme doit s’assurer que personne ne soit laissé de côté, ni femme ni fille », a-t-il observé.

C’est aussi l’avis de la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Phumzile Mlambo-Ncguka, qui a déploré que le changement n’arrivait pas assez rapidement pour les femmes.  Comme de nombreuses délégations, elle a mis l’accent sur l’importance de l’objectif de développement durable numéro 5 qui constitue un « cadre visant à mettre fin à toutes les discrimination à l’égard des femmes ».  Pour que les réformes se réalisent, il faut réfléchir au rôle économique des femmes, mettre fin aux inégalités salariales entre les hommes et les femmes, réduire la fracture numérique, souligner le rôle des médias traditionnels et lutter contre les impacts des changements climatiques sur les femmes, a-t-elle expliqué.

Chaque mois de mars, des représentants des États Membres, des entités des Nations Unies et des organisations non gouvernementales se réunissent au Siège de l’ONU, à New York, pour la session annuelle de la Commission de la condition de la femme afin d’examiner les progrès accomplis en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes, de cerner les difficultés, d’établir des normes mondiales et de définir des politiques visant à promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans le monde.

Commission technique du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), la Commission de la condition de la femme est un organe de décision politique mondial consacré exclusivement à la promotion de l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes. 

Elle est également chargée de suivre, d’examiner et d’évaluer les progrès réalisés et les problèmes rencontrés dans la mise en œuvre des dispositions de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing de 1995, ainsi que dans l’application des décisions prises lors de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale en 2000, à tous les niveaux.  La session comprend un segment ministériel avec des tables rondes et d’autres débats de haut niveau, une discussion générale, des dialogues interactifs, ainsi que des discussions d’experts.

Les quatre premières tables rondes ont ainsi eu lieu dans l’après-midi, ayant pour thème « Perfectionner les mécanismes institutionnels nationaux qui promeuvent l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes »; « Renforcer les cadres normatifs, juridiques et stratégiques en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes »; « Financer la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 »; et « Favoriser l’établissement, la collecte et l’analyse de données tenant compte de la problématique hommes-femmes et enrichir la base de connaissances ». 

La prochaine séance de la Commission de la condition de la femme aura lieu demain à 10 heures.

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXISIÈCLE »

a) Réalisation des objectifs stratégiques, mesures à prendre dans les domaines critiques et autres mesures et initiatives (E/CN.6/2016/3 et E/CN.6/2016/4)

i) Thème prioritaire: autonomisation des femmes et lien avec le développement durable

ii) Thème de l’évaluation: élimination et prévention de toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles

b) Questions nouvelles, tendances et approches novatrices des problèmes ayant des répercussions négatives sur la situation des femmes ou sur l’égalité entre les sexes

c) Transversalisation de la problématique hommes-femmes, situations et questions de programme (A/70/38, E/CN.6/2016/6, E/CN.6/2016/7, E/CN.6/2016/8–A/HRC/32/3, E/CN.6/2016/9, E/CN.6/2016/10 et E/CN.6/2016/13)

Déclarations liminaires

Le Président de la soixantième session de la Commission de la condition de la femme, M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil), a rappelé que tous les États s’étaient engagés à veiller à la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing.  Leur militantisme a réussi à modifier la réalité des femmes dans le monde, s’est-il félicité.  Aujourd’hui, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 offre un ensemble d’objectifs, dont l’éradication de la pauvreté, qui doit être réalisée au cours des 15 années à venir.

« Nous pouvons nous appuyer sur 20 ans de mise en œuvre du Programme d’action de Beijing », a assuré M. de Aguiar Patriota.  Il faudra veiller à ce que l’aspect égalité hommes-femmes reste au cœur de toutes les actions de mise en œuvre du Programme à l’horizon 2030.  À cette fin, « les organisations de la société civile ont besoin d’une cadre sûr et habilitant pour être chef de file » de la lutte contre la discrimination.

« Cette session est bien placée pour adopter des conclusions solides », a poursuivi son Président.  « Il est temps de passer de l’engagement à l’action et de décider de la voie à suivre », a-t-il insisté.  « En tant qu’organe intergouvernemental phare pour l’autonomisation de la femme, la Commission de la condition de la femme doit s’assurer que personne ne soit laissé de côté, ni femme ni fille », a-t-il conclu.

Le Président de la soixantième session de l’Assemblée générale, M. MOGENS LYKKETOFT, a considéré que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 était un excellent point de départ pour cette nouvelle session de la Commission de la condition de la femme.  La lutte pour l’égalité remonte avant l’adoption des objectifs de développement durable, a-t-il souligné.

Les femmes de tous âges, de toute religion, dans tous les pays, continuent d’être victimes de la discrimination et d’être confrontées à la violence et au manque de débouchés.  Les lois restent favorables aux hommes, a-t-il regretté.

« Même aux Nations Unies, nous n’avons pas encore eu de Secrétaire général femme », s’est-il ainsi exclamé.

D’après M. Lykketoft, la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 accroît les chances de réalisation des engagements pris à Beijing en 1995 et peut faire de la Commission un instrument clef de cette lutte.

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a dit aux nombreuses femmes leaders venues de tous les pays du monde qu’elles sont ici pour changer le monde.  « Quand je vous vois toutes, avec vos expériences et engagements, je sais que nous pouvons parvenir à la pleine égalité pour toutes les femmes partout dans le monde », a-t-il déclaré.

Le Secrétaire général a indiqué que lorsqu’il avait été nommé à ses fonctions en octobre 2006, il avait promis de soutenir l’égalité entre les sexes au niveau mondial et au sein des Nations Unies.  Eleanor Roosevelt avait dit que « les droits de l’homme commencent à la maison », a-t-il rappelé.

M. Ban a dit avoir nommé, au cours de ses neuf dernières années en tant que Secrétaire général, plus de 150 femmes comme sous-secrétaire générale ou secrétaire générale adjointe.  « Quand j’ai pris mes fonctions, il n’y avait pas de femmes représentantes spéciales sur le terrain.  Aujourd’hui, près du quart des missions des Nations Unies sont dirigées par des femmes.  Ce n’est pas assez mais c’est un grand pas dans la réalisation historique de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.  Nous avons maintenant brisé les plafonds de verre, et cet engagement continuera », a-t-il affirmé, ajoutant: « Le préjugé selon lequel les femmes ne sont pas en mesure de traiter des questions de sécurité est erroné ».

Le Secrétaire général a dit avoir fait de son mieux pour promouvoir les femmes aux Nations Unies.  Il a appelé les gouvernements, le monde des affaires et d’autres à intensifier l’égalité entre les sexes qui demande le plein respect des droits des femmes et des filles partout dans le monde.

« En 2010, nous avons consolidé quatre entités différentes des Nations Unies sous la bannière d’ONU-Femmes », s’est félicité M. Ban, louant le travail de sa première Directrice exécutive, l’actuelle Présidente du Chili, Mme Michelle Bachelet, et de son successeur, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka. 

La campagne « UNiTE » pour mettre fin à la violence contre les femmes a été lancée, a-t-il également expliqué.  « Je suis fier d’être le premier homme inscrit à la campagne « HeforShe » pour mobiliser les hommes et les garçons qui s’appuyait sur mon « Réseau d’hommes influents » luttant pour la pleine égalité dans le monde », a—t-il ajouté.

Les extrémistes violents ont frappé au cœur des valeurs des Nations Unies en faisant des femmes et des filles un champ de bataille, a-t-il par ailleurs dit.  Le nouveau plan d’action des Nations Unies pour prévenir l’extrémisme violent a mis en avant des propositions spécifiques pour donner aux femmes plus d’influence dans la réponse mondiale, en appelant à ce que les efforts de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent ne violent pas les droits de l’homme.

Le Secrétaire général a ajouté qu’en neuf ans, il avait visité des endroits les plus difficiles pour les femmes.  « Il y a des victimes mais c’est dans les pires conditions que l’on rencontre les vraies héroïnes », a-t-il observé.  « Dans les pays où les enfants ont disparu, les grands-mères réclament justice.  Dans les zones ravagées par le VIH/sida, les mères séropositives ont remplacé le préjugé par l’espoir.  Dans les sociétés homophobes, les lesbiennes qui sont victimes de viol ont survécu et se sont organisées.  Dans les communautés pratiquant les mutilations génitales féminines, les militantes ont dit qu’il faudrait focaliser sur la formation intellectuelle des filles. »

De même, selon M. Ban, « là où les extrémistes violents ont menacé les jeunes étudiantes, les jeunes filles vont courageusement à l’école ».  « Dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, le personnel de police féminin joue un rôle de modèle pour l’égalité.  Dans les parlements et les gouvernements, les femmes responsables ont montré que le leadership n’a pas de sexe. »

Avant de terminer, le Secrétaire général a appelé les dirigeants des quatre pays dont les gouvernements ne comportent aucune femme, à prendre des mesures pour mettre un terme à cette injustice.  « Aussi longtemps qu’un des droits des femmes est bafoué, notre lutte n’est pas terminée », a conclu le Secrétaire général.

Au nom du Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. JÜRG LAUBER, Vice-Président de l’ECOSOC, a salué l’adoption d’engagements internationaux importants en 2015 qui tiennent compte des droits égaux des femmes.  L’ECOSOC continue de compter sur la Commission de la condition de la femme pour susciter un grand soutien politique et garantir des progrès en la matière.  En particulier, elle doit donner des directives claires pour parvenir aux objectifs de développement durable à l’horizon 2030. 

Il s’est félicité des thèmes prioritaires de la Commission et des corrélations qu’elle établit avec le Programme de développement durable, pour « passer de l’engagement aux résultats ».  Il y a encore des progrès à faire, car les comités techniques ne reflètent pas encore les perspectives d’égalité des sexes dans tous les aspects de leurs travaux.  Enfin, il a encouragé la Commission à agir dans les jours qui viennent comme une plateforme de dialogue avec les différents acteurs.

Mme PHUMZILE MLAMBO-NCGUKA, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a déclaré que le combat des femmes pour l’égalité avait permis d’inclure l’autonomisation des femmes parmi les 17 objectifs de développement durable.  Cette session doit être le début du compte à rebours de la réalisation de ces objectifs.  Il ne faut pas négocier ce qui a été convenu.  Nous devons trouver pendant cette session le plan de mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

La Directrice exécutive a constaté que le changement n’arrivait pas assez rapidement pour les femmes.  Cinquante ans pour la parité et 100 ans pour l’égalité des salaires.  Il nous faut trouver des solutions spectaculaires pour y remédier, a-t-elle déclaré. 

Elle a ajouté que les jeunes avaient un regard clair sur l’avenir.  Il est nécessaire de faire participer les jeunes à nos travaux.  À cet égard, a été lancée la stratégie d’égalité des sexes des jeunes qui représentent plus d’un milliard de personnes de moins de 20 ans aujourd’hui.  La Commission de la condition de la femme pour la jeunesse défend l’égalité des sexes dès le plus jeune âge, a fait savoir la Directrice exécutive qui a aussi exigé d’intégrer les plus défavorisés.

Elle a expliqué que cela nécessitait la participation de la société civile et la contribution du secteur privé. 

Cette soixantième session doit être positive dans l’intérêt des femmes et des filles, a exhorté la Directrice exécutive qui a appelé à reconnaître les droits des exclus.  Redoublons d’efforts, accélérons la cadence, a-t-elle clamé.

Nous voulons un programme souple qui permet de transformer la vie des femmes aux niveaux régional et local, a indiqué Mme Mlambo-Ncguka, pour qui l’objectif de développement durable numéro 5 sur l’égalité entre les sexes est un cadre visant à mettre un terme à toutes les discriminations à l’égard des femmes, notamment les mutilations génitales féminines. 

Elle a estimé que pour que les réformes se réalisent, il faut réfléchir au rôle économique des femmes, mettre un terme aux inégalités salariales entre les hommes et les femmes, réduire la fracture numérique et souligner le rôle des médias traditionnels, et lutter contre les impacts des changements climatiques sur les femmes.

Nous devons mettre en œuvre l’objectif de développement durable numéro 5 et inclure les institutions nationales, les organisations de femmes, le secteur privé, collecter des données sur les femmes qui sont essentielles, augmenter les investissements pour réduire les écarts financiers entre hommes et femmes et renforcer l’accès à la justice, a continué la Directrice exécutive.

Cette session est la première épreuve de notre volonté de réaliser les ODD.  Il faut à cet égard faire participer les hommes et les garçons, et même ceux qui ne sont pas d’accord avec nous, a-t-elle exhorté. 

Ensuite, Mme Mlambo-Ncguka a donné la parole à la Représentante des jeunes femmes du monde, VANESSA ANYOTI, qui a présenté à la Commission des recommandations sur les droits des jeunes filles et garçons.  Elle a demandé aux États Membres d’intégrer les aspirations des jeunes dans les documents finaux de la session, d’appuyer les jeunes femmes dans leur lutte contre les inégalités, de faciliter l’accès aux ressources, de condamner la violence contre les jeunes femmes. 

Elle a demandé aux garçons d’être des partenaires dans la réalisation des droits des femmes et des jeunes filles.  Elle a enfin appelé à ce que le Forum des jeunes soit « institutionnalisé ».

Mme YOKO HAYASHI, Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, a rappelé que, depuis l’adoption historique de la recommandation 19 du Comité sur la violence contre les femmes, en 1992, le Comité avait abordé cette question dans le cadre de ses dialogues avec les États parties, pour inciter ceux-ci à adopter des mesures fermes visant à éliminer, prévenir et remédier à toutes les formes de violence contre les femmes. 

L’an dernier, le Comité a tenu des dialogues avec 27 États parties et évalué le suivi de rapports de 26 États parties, a-t-elle indiqué en saluant le niveau d’expertise des rapports.  Elle a demandé aux États Membres de continuer à soutenir le Comité au moment où sa charge de travail s’accroît en conséquence du renforcement du processus de cet organe de traité. 

Mme Hayashi a également indiqué que, conformément au Protocole facultatif de la Convention, le Comité avait réussi, malgré ses contraintes budgétaires, à prendre des mesures pour répondre à 10 plaintes individuelles l’an dernier.  Le 4 mars dernier, à la fin de sa soixante-troisième session, le Comité a enregistré sa centième plainte dans ce cadre.  Il a aussi continué à examiner des demandes d’enquêtes confidentielles sur des violations graves ou systématiques par des États parties.

En outre, le Comité a créé des groupes de travail informels pour établir des nouvelles recommandations générales sur la violence contre les femmes basée sur le sexe.  Un projet sera bientôt publié sur le site du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, a précisé Mme Hayashi avant de saluer la bonne coopération entre le Comité et le Rapporteur spécial sur la violence contre les femmes. 

Venant à la question de la violence contre les femmes migrantes, elle a rappelé que le Comité avait adopté, en novembre 2015, une déclaration sur la crise des réfugiés et la protection des femmes et des filles.  Cette déclaration a exhorté la communauté internationale à garantir aux personnes dans le besoin, en particulier les femmes et les filles, la protection nécessaire. 

Le Comité a également appelé les dirigeants politiques à s’abstenir de faire des commentaires méprisants et incendiaires qui accentuent les stéréotypes négatifs.  Le Comité a en outre organisé une discussion entre experts sur les façons de faire le lien entre le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et le programme relatif à la question « femmes, paix et sécurité », le 19 novembre 2015.  Mme Haysashi a aussi mentionné la recommandation 33 du Comité relative à l’accès des femmes à la justice, adoptée en juillet 2015, qui vise notamment une harmonisation des systèmes judiciaires avec les dispositions de la Convention.

Les droits des femmes doivent être placés au cœur du processus de développement durable, a-t-elle poursuivi en passant en revue tout ce que le Comité a fait pour intégrer la Convention dans le suivi des objectifs de développement durable.  Il a notamment intégré un paragraphe standard sur le Programme de développement à l’horizon 2030 dans toutes ses recommandations.  Un développement durable inclusif doit protéger les droits des femmes rurales, a-t-elle remarqué en citant la recommandation 34 du Comité à cet égard.  Elle a aussi mentionné l’importance de la dimension genre dans les stratégies de réduction des risques de catastrophe et de lutte contre les changements climatiques, signalant qu’un projet de recommandation générale était en cours de préparation à ce sujet. 

Mme DUBRAVKA ŠIMONOVIĆ, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences, qui s’adressait à la Commission pour la première fois en cette qualité, a souligné que le Programme de développement à l’horizon 2030 avait adopté des objectifs porteurs de transformation en ce qui concerne la question du genre.  Elle a rappelé que son mandat de Rapporteuse avait été l’une des premières procédures spéciales des droits de l’homme créées en 1994 par la Commission des droits de l’homme, celle-ci ayant ensuite été remplacée par le Conseil des droits de l’homme.  Depuis 2007, le Rapporteur spécial sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences, fait rapport à la Commission de la condition de la femme, ce qui établit un lien important entre les deux organes.

Mme Šimonović a remarqué que, malgré le nombre important d’instruments juridiques, de politiques et mécanismes visant à combattre la violence contre les femmes, aux niveaux mondial et régional, une approche holistique et complète faisait encore défaut dans ce domaine.  Son objectif, a-t-elle expliqué, est de faire en sorte que cet écart se réduise et que l’on cesse d’accepter la violence comme style de vie. 

Elle a aussi fait part de son intention de créer des synergies entre les instruments et les systèmes internationaux et régionaux de lutte contre cette violence, ainsi que pour renforcer les liens entre son mandat et la Commission de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes dont elle a elle-même été membre par le passé.  Elle a mentionné à cet égard les réunions qu’elle a déjà organisées avec la Commission.

Passant à la résolution historique 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, Mme Šimonović s’est basée sur l’étude mondiale menée l’an dernier qui souligne l’importance de la prévention de la violence contre les femmes en temps de paix.  Elle a exprimé son intention de développer une solide coopération avec son homologue le Représentant spécial sur les violences sexuelles dans les conflits/ pour la violence sexuelle dans les conflits armés. 

Elle a cité l’affaire Sepur Zarco qui a été jugée le mois dernier au Guatemala pour punir les crimes commis par des membres de l’armée contre des femmes autochtones lors d’un conflit interne: deux officiers ont ainsi été jugés coupables de crimes contre l’humanité sous la forme de violence sexuelle, d’esclavage sexuel et d’esclavage domestique contre 11 femmes Q’eqchi, dans le cadre d’un plan de domination de l’armée guatémaltèque.

L’UNICEF, a poursuivi la Rapporteuse spéciale, a signalé que, pour la première fois depuis le début de la crise des réfugiés et migrants en Europe, il y avait plus d’enfants et de femmes que d’hommes adultes.  Elle a souligné la vulnérabilité des femmes à toutes les étapes de leur voyage, c’est-à-dire dans les pays d’origine, de transit et de destination.  Elles courent le risque de subir des violences sexuelles par des trafiquants, des groupes criminels ou des individus tout au long de leur chemin, ainsi que dans les camps et abris, les installations sanitaires.  Comme elles n’osent pas dénoncer les auteurs, on manque de données sur ces crimes et de mesures de prévention.

Mme Šimonović a enchaîné en soulignant la responsabilité première des États de traiter du problème de la violence contre les femmes, par des lois et des politiques, ainsi que des services destinés aux femmes et aux survivantes de cette violence.  Les efforts de prévention, a-t-elle estimé, doivent être assortis de plans de réponse aux niveaux de la police et de la justice pénale.  Elle a aussi invité à combattre les féminicides et les meurtres sexistes. 

À cet égard, elle a appelé les États à créer une « veille féminicide » et à publier les données sur ces crimes.  Enfin, elle a aussi indiqué que la Déclaration de l’Assemblée générale de la cinquième Conférence internationale de Kigali, signée la semaine dernière, avait notamment pour objectif de faire recruter davantage de femmes officiers dans les organes de sécurité, et ce à tous les échelons.

Débat général

M. ADUL SANGSINGKEO, Ministre du développement social et de la sécurité humaine de la Thaïlande, parlant au nom du Groupe des 77 et la Chine, a souhaité que la volonté politique qui a prévalu lors de l’adoption du Programme de développement à l’horizon 2030 se poursuive pour garantir une mise en œuvre de ce Programme axée sur le genre.  Il a souligné que ce Programme n’avait pas seulement étendu les objectifs d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes, mais aussi les avait approfondis et liés à d’autres objectifs de manière inextricable et sans précédent. 

Il a estimé que l’autonomisation des femmes était fondamentalement liée au développement durable et que, tout simplement, le développement inclusif n’était pas possible si la moitié de la population continuait de subir des discriminations et des inégalités.  Malgré les progrès dans ce domaine, il s’est inquiété de la lenteur des améliorations pour les femmes et les filles.  Il a notamment déploré les conditions dans lesquelles vivent les femmes et les filles des pays affectés par un conflit et vivant sous occupation étrangère ou encore dans un pays soumis à des mesures coercitives et contraires au droit international, faisant en particulier référence aux femmes palestiniennes. 

Les femmes sont toujours vulnérables en termes d’accès aux soins de santé de base et à l’éducation.  Elles n’ont souvent pas de protection sociale suffisante ni les moyens de maintenir un niveau de vie suffisant.  Le Ministre a invité à soutenir les femmes vivant en milieu rural qui sont, a-t-il remarqué, des agents importants du développement. 

Il a aussi demandé de s’attaquer à toutes les formes de violence et de discrimination contre les femmes, telles que les mutilations génitales féminines.  Pour parvenir à une vraie transformation, il a invité à faire preuve de volonté politique et à adopter des politiques qui permettent une croissance inclusive.  Il faut, a-t-il insisté, mobiliser des ressources qui soutiennent les capacités de leadership des femmes.  Il a appelé à établir des partenariats mondiaux en faveur de l’autonomisation des femmes, afin de partager les bonnes expériences. 

Mme UMMY MWALIMU, Ministre de la santé, du développement communautaire, du genre, des personnes âgées et des enfants de la République-Unie de Tanzanie, au nom du Groupe des États d’Afrique, soulignant que les changements climatiques affectaient de façon disproportionnée les pauvres, en majorité des femmes, a souhaité que celles-ci puissent participer à la conception des programmes de résilience.  Même si l’Afrique n’est pas responsable de la pollution, elle en souffre.  Du fait de sa faible capacité d’adaptation et de réponse, la région est particulièrement vulnérable. 

Malheureusement, la désertification, la dégradation des terres, l’érosion des sols, les inondations et les sécheresses sont des défis qui entravent le développement durable, a-t-elle insisté.  Elle a appelé les partenaires de l’Afrique à honorer leurs engagements financiers pour l’aider à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, conformément à l’Accord de Paris.

L’agriculture continue d’offrir des emplois aux femmes africaines, a poursuivi Mme Mwalimu.  Toutefois, elles se trouvent souvent privées d’accès à la propriété de la terre, ainsi qu’aux ressources et techniques nécessaires pour pleinement exploiter et diversifier leurs produits.  À cet égard, le Groupe des États d’Afrique juge impératif de renforcer la coopération internationale pour conclure le Cycle de négociations de Doha pour le développement de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), et d’appuyer le projet phare de développement agricole de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  En outre, l’appui au secteur privé et à l’entrepreneuriat stimulera la croissance économique, l’égalité sociale, la protection de l’environnement et l’autonomisation des femmes.      

Les effets négatifs des changements climatiques sont exacerbés par les conflits, les sanctions, l’instabilité politique et les difficultés économiques, a insisté la Ministre.  Quand les femmes doivent fuir leur foyer, elles ont parfois recours aux mariages précoces ou à la prostitution pour survivre.  Elle a applaudi l’engagement pris dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour garantir un accès universel aux services de santé sexuelle et reproductive, et combattre le paludisme, le VIH/sida, la tuberculose et d’autres maladies. 

Mme JET BUSSEMAKER (Pays-Bas), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a estimé que la violence à l’encontre les femmes était la pire des discriminations à caractère sexiste.  La déléguée a ajouté que l’élimination de cette violence était une condition préalable au développement durable.  Elle a ensuite souligné l’engagement de l’Union européenne en faveur de la protection et du respect des droits de l’homme, y compris, a-t-elle précisé, le droit de chaque individu à contrôler et décider des questions relatives à sa sexualité et à sa santé sexuelle et reproductive, sans aucune discrimination, ni coercition et encore moins violence.  Elle a aussi plaidé pour un accès universel aux services de la santé reproductive et sexuelle. 

La déléguée a ensuite indiqué que l’égalité des genres devait être au cœur de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 si l’on veut que ce dernier soit couronné de succès.  Elle a aussi plaidé pour la pleine mise en œuvre de l’objectif de développement durable 5 relatif à l’égalité entre les sexes, ajoutant même que la perspective genre doit être mise en œuvre de manière transversale dans tous les objectifs, cibles et indicateurs du programme de développement international. 

Elle a par ailleurs assuré que le Programme d’action de Beijing devait être au centre de la mise en œuvre de ce Programme de développement, appelant la Commission à établir des synergies entre les deux textes.

La déléguée a en outre souligné qu’aucune croyance religieuse ou traditionnelle ne saurait justifier la persistance de lois discriminatoires à l’encontre des filles et des femmes.  Elle a dit que la communauté internationale devait améliorer les textes de lois nationaux et internationaux en rapport avec l’essor des femmes. 

Mme Bussemaker a aussi plaidé pour un environnement favorable au financement de l’égalité des genres et à l’autonomisation de la femme.  Elle a notamment appelé à la création des conditions idoines afin que les hommes partagent les tâches domestiques de manière équitable avec les femmes.  Il faut renforcer la collecte des données sexospécifiques, a-t-elle encore déclaré.

M. ALEJANDRINA GERMÁN (République dominicaine), s’exprimant au nom de la Communauté des États de l’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a réaffirmé l’importance de la pleine application du Programme d’action et de la Déclaration de Beijing, ainsi que du Document final de la vingt-troisième session spéciale de l’Assemblée générale.  Elle a rappelé aux États leur devoir de protéger et de promouvoir tous les droits de l’homme et les libertés fondamentales, quels que soient leurs systèmes politiques, économiques et culturels. 

L’accomplissement de ces droits doit être une priorité pour les gouvernements et les Nations Unies, a-t-elle dit.  Elle a réaffirmé l’importance de l’éradication de la pauvreté dans toutes ses formes, afin de garantir aux femmes un accès égal aux droits économiques, sociaux et politiques, en leur garantissant une participation égale aux prises de décisions.  Toutes les femmes et les filles doivent être considérées comme bénéficiaires du développement durable, sans aucune discrimination, a insisté la représentante.

Nous réitérons notre engagement à joindre nos forces pour combattre toutes les formes de violence contre les femmes et des filles, en promouvant les droits de l’homme et en créant les conditions nécessaires pour le développement.  La CELAC reconnait la vulnérabilité des femmes qui souffrent de discriminations multiples, telles que les femmes migrantes, autochtones, handicapées, âgées, ainsi que les femmes d’ascendance africaine.  Elle a indiqué que les pays de la CELAC avaient décidé d’intensifier leurs efforts pour développer le plein potentiel des femmes et des filles, ainsi que pour résoudre le problème de la violence et de la discrimination à leur encontre. 

La représentante a réaffirmé la nécessité de renforcer l’accès des femmes à une éducation de qualité, à des soins de santé, y compris à la santé reproductive, à un emploi productif et un travail décent, et à la protection sociale.  Il faut, a-t-elle ajouté, leur donner des droits pour accéder aux ressources économiques et productives, notamment un accès à la propriété des terres et autres formes de propriété, des droits d’héritage, aux ressources naturelles, et notamment au crédit.

Elle a indiqué que les gouvernements de la région avaient créé un groupe de travail sur la promotion de la femme, qui comporte des représentants de la région et de la société civile.  En octobre 2013, les pays de la région ont adopté le Consensus de Saint-Domingue qui constitue le programme régional en matière de droits des femmes.

La CELAC se félicite de l’inclusion d’un objectif visant l’égalité des sexes dans les objectifs de développement durable.  La mise en œuvre efficace du Programme de développement durable 2030 sera renforcée par la participation des femmes et des filles, a estimé la représentante.  Elle a aussi espéré que l’adoption de ce programme donnerait la possibilité de continuer à faire progresser la mise en œuvre des engagements pour parvenir à l’égalité des sexes.  Elle a aussi souligné la nécessité de promouvoir la participation des femmes au niveau le plus élevé de direction dans le secteur privé.

Mme DAWN HASTINGS WILLIAMS, Ministre des communautés de Guyana, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déclaré que la région continuait de faire d’énormes progrès dans les domaines de l’intégration de l’égalité entre les sexes dans les politiques et programmes de développement, du renforcement de l’éducation et des occasions de formations des femmes et des filles, de l’augmentation de la participation des femmes dans les positions de leadership et du processus de prise de décisions, de la réduction de la mortalité maternelle et infantile et de la propagation du VIH/sida, ainsi que de l’accès à la santé sexuelle et de reproduction.

Mais la région connaît un taux élevé de chômage et de sous-emploi, a reconnu la Ministre, qui a noté la pénurie de main-d’œuvre formée dans les secteurs clefs de l’économie.  Elle a également pointé du doigt le manque d’accès aux technologies qui approfondit l’écart en matière de travail et de pauvreté.  La région souffre aussi de la violence fondée sur le sexe. 

En outre, la montée de la prévalence des maladies non contagieuses ainsi que des taux élevés de grossesse des adolescentes, la lutte contre le VIH/sida et les changements en cours dans les dynamiques de la population continuent de poser un défi à la région.  Qui plus est, les taux de participation des femmes dans les postes élus et les nominations des femmes dans les postes à responsabilité sont de l’ordre de 19,46%. 

Avant de terminer, Mme Williams a réitéré l’engagement de la région à assurer qu’au niveau régional, tous les domaines clefs qui requièrent l’attention pour renforcer l’égalité et l’équité entre les hommes et les femmes ainsi que l’autonomisation des femmes et des filles soient pris en compte.

Mme PHAM THI HAI CHUYEN, Ministre du travail, des invalides et des affaires sociales du Viet Nam, au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a rappelé qu’en décembre dernier tous les pays de l’Asie du Sud-Est avaient proclamé leur appartenance à la Communauté de l’ASEAN et s’étaient engagés à contribuer au bien-être de leurs populations.  Ainsi l’objectif de la parité des sexes et de l’autonomisation des femmes, de même que la lutte contre la violence contre les femmes, sont-ils au centre des trois piliers de l’ASEAN, politico-sécuritaire, économique et socioculturel.  La Ministre a estimé que l’agenda de l’ASEAN à l’horizon 2025, adopté en novembre 2015 en Malaisie, allait de pair avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Lors d’une réunion ministérielle sur les femmes en octobre 2015, aux Philippines, les pays de l’ASEAN ont articulé les mesures concrètes qu’ils entendent adopter pour généraliser une démarche soucieuse de la problématique hommes-femmes, s’est félicitée Mme Chuyen.  Un certain nombre d’entre eux ont déjà promulgué des lois pour combattre la violence contre les femmes et les enfants, et des acteurs gouvernementaux et de la société civile ont amélioré l’assistance aux victimes. 

L’approche « tolérance zéro » de l’ASEAN en la matière se reflète dans deux nouveaux plans d’action régionaux.  En outre, les dirigeants ont adopté la Convention contre la traite des êtres humains, en particulier les femmes et les enfants, un instrument juridiquement contraignant.  Divers organes de l’ASEAN promeuvent l’autonomisation des femmes, tels la Commission intergouvernementale sur les droits de l’homme, l’Institut pour la paix et la réconciliation ou le Réseau des femmes entrepreneurs, a-t-elle expliqué.        

Mme ANA AMINTA MADRID, Ministre de l’Institut national de la femme du Honduras, a parlé en sa qualité de Présidente par intérim du Conseil des ministres de la femme de l’Amérique centrale et de la République dominicaine (COMMCA), du système d’intégration d’Amérique centrale.  Elle a fait part des efforts accomplis dans le cadre de la politique régionale d’égalité des sexes du système d’intégration d’Amérique centrale, notamment en termes d’autonomisation des femmes.  « Nous avons aussi, a-t-elle dit, pris les mesures pour établir un modèle régional de budgétisation axé sur le genre. »

En ce qui concerne la prévention de la violence contre les femmes, elle a mentionné l’institutionnalisation du dialogue mené sur ce sujet par la Commission de sécurité de l’Amérique centrale.  Cela a permis de mettre en œuvre un projet régional de prévention de la violence contre les femmes, a indiqué la représentante. 

Malgré la volonté politique des mécanismes nationaux et régionaux mis en place, il reste des défis aux niveaux national et régional, a-t-elle reconnu.  Elle a estimé que le Programme de développement à l’horizon 2030 offrait de nouvelles opportunités pour traduire l’objectif 5 visant l’égalité des genres dans les 16 autres objectifs de développement durable.  Cette égalité doit être intégrée dans tout le Programme de développement, a-t-elle exigé en invitant à reprendre la stratégie de transversalisation du Programme d’action de Beijing.

Mme ANJA KOPAČ MRAK, Ministre du travail, de la famille, des affaires sociales et de l’égalité des chances de la Slovénie, s’est exprimée au nom des membres du Réseau sécurité humaine (Autriche, Chili, Costa Rica, Grèce, Irlande, Jordanie, Mali, Norvège, Panama, Suisse, Thaïlande, Slovénie et de l’Afrique du Sud qui en fait partie à titre d’observateur).

Elle a appelé à la mise en œuvre d’un ensemble de recommandations pertinentes adoptées par la communauté internationale en rapport avec l’autonomisation des femmes.  Elle a expliqué que tous ces textes avaient un lien avec la sécurité des femmes et filles et leurs droits, y compris celui de bénéficier d’une vie sans peur et dans la dignité.  Elle a également prôné le respect de l’approche genre dans les soins de santé, appelant à ce propos au respect des besoins spécifiques des filles et femmes, notamment en matière de santé reproductive et sexuelle. 

La Ministre a en outre estimé que l’approche de la sécurité humaine se concentrait à la fois sur la protection et l’autonomisation des femmes, constituant ainsi un outil important pour faire face aux défis qui interpellent les femmes.  Elle a par ailleurs plaidé pour la mise en place d’un environnement sûr pour les activistes du genre et les organisations de la société civile, afin de leur permettre, a-t-elle dit, de pleinement participer à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Mme CHARMAINE SCOTTY, Ministre de l’intérieur, de l’éducation, des jeunes et de l’aménagement du territoire de Nauru, s’exprimant au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, a déclaré que l’autonomisation de la femme passait par des améliorations dans divers secteurs allant de la santé à l’éducation en passant par le sport.  À ce propos, elle a plaidé pour une approche intégrée dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, appelant dans le même temps à une ONU adaptée à la tâche. 

Elle a ensuite parlé des femmes du Pacifique vulnérables aux chocs économiques, aux effets des changements climatiques, et souffrant d’un accès réduit à des milieux marins sains.  Au vu de cette réalité, elle a appelé à la nomination d’un représentant spécial du Secrétaire général sur les changements climatiques et la sécurité, afin de ne laisser personne à la traine, a-t-elle justifié.

« Sans les femmes, aucun objectif de développement durable ne peut être atteint », a averti Mme AJA ISATOU NJIE-SAIDY, Vice-Présidente et Ministre des affaires des femmes de la Gambie.  Selon elle, il faut renforcer les efforts collectifs en faveur du respect des droits des femmes, « dans l’intérêt de l’humanité tout entière ».

La Gambie a fait montre de son engagement pour la réduction des inégalités entre les sexes dans tous les domaines du développement, car « la parité joue un rôle catalyseur », a assuré la Vice-Présidente.  La Constitution garantit l’égalité entre les sexes, ce qui est perceptible dans la vie politique et juridique, dans la fonction publique et le secteur privé.  « Très souvent, la pauvreté a le visage d’une femme ou d’une fille », a-t-elle déploré, en mettant l’accent sur la réduction de la pauvreté rurale et de la malnutrition, notamment via le projet « Faites pousser ce que vous mangez », et sur l’augmentation des revenus des foyers.  De plus, s’est-elle félicitée, le taux de scolarisation a augmenté de façon considérable en 2015.

M. CHANDRA PRAKASH MAINALI, Vice-Premier Ministre et Ministre pour les femmes, les enfants et le bien-être social du Népal, a dit que la nouvelle Constitution du pays avait rendu obligatoire le fait que les postes de président et de vice-président soient occupés par une femme et par un homme.  De même, la présidence et la vice-présidence du Parlement doivent aussi être occupées par un homme et une femme. 

La Constitution garantit que le tiers des membres de la Chambre des représentants et de l’Assemblée et au moins 40% des élus au niveau local, doivent être des femmes.  La Constitution assure les droits de femmes à hériter et à être protégées contre toutes les formes d’exploitation et de la pauvreté.  Le Gouvernement est engagé à construire une société égalitaire et à renforcer la justice sociale pour les femmes, les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées et les marginalisées. 

Le Népal est partie à 24 conventions des Nations Unies relatives aux droits de l’homme et a mis en œuvre la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.  Le Népal a commencé à mettre en œuvre depuis 2007 un budget tenant compte de l’égalité entre hommes et femmes pour faire face aux besoins et préoccupations des femmes.  Près de 22% du budget national est consacré à cette question. 

Avant de terminer, M. Mainali a énuméré les actions du Gouvernement pour l’autonomisation de la femme, notamment la mise en œuvre de la politique de tolérance zéro contre la violence à l’égard des femmes et des filles ainsi que l’amélioration et le renforcement de l’accès à la justice par les survivantes.

Mme GULSHARA ABDYKALIKOVA, Secrétaire d’État et Présidente de la Commission nationale pour les femmes, la famille et la politique démographique du Kazakhstan, a rappelé que le Président de son pays avait présenté à l’Assemblée générale une initiative visant à ce que chaque État Membre verse chaque année 1% de son budget défense au Fonds pour la réalisation des objectifs de développement durable (F-ODD).  Au Kazakhstan, a-t-elle expliqué, l’un des grands axes de la démocratisation a été l’égalité entre les sexes, régie par deux lois sur la parité et la prévention de la violence domestique.  Les femmes représentent 26% des membres du Parlement et plus de 42% des dirigeants de petites et moyennes entreprises.  En outre, la mortalité maternelle et infantile a été divisée par 2.  

La Secrétaire d’État a proposé d’élaborer « un code moral international du migrant » pour protéger les femmes.  Par ailleurs, elle a invité les pays à participer à un forum en 2017 sur « Les femmes et l’énergie de l’avenir ».  Enfin, à partir du Bureau multi-pays d’ONU-Femmes, basé à Almaty, un centre régional de l’ONU pour la promotion de la femme a été créé. 

Mme ELLEN TRANE NØRBY, Ministre de l’enfance, de l’éducation et de l’égalité des genres du Danemark, a souligné que dans son pays l’égalité des genres et l’égalité des chances étaient des droits fondamentaux dont bénéficiaient tous les citoyens.  Elle a ensuite parlé de la situation de vulnérabilité des femmes refugiées en Europe et a appelé à agir pour leur venir en aide et à les protéger de la violence et de la discrimination. 

Elle a estimé que les femmes et hommes réfugiés devaient être informés sur leurs droits fondamentaux en Europe et partout ailleurs, notamment en ce qui concerne les droits des femmes.  Elle a aussi appelé à éradiquer la pauvreté dans le monde, tout comme des pratiques traditionnelles néfastes telles que le mariage précoce et forcé et les mutilations génitales féminines.  Elle a terminé en invitant les délégués à la quatrième édition de la Conférence sur le thème « Les femmes donnent la vie » qui aura lieu en mai prochain à Copenhague.

Mme EYDGUNN SAMUELSEN, Ministre des affaires sociales des îles Féroé, a salué le fait que ce petit État de 50 000 habitants était l’un des plus égalitaires du monde.  Elle a tout de même déploré les inégalités salariales entre hommes et femmes, un fait qui distingue ce pays des autres États nordiques, a-t-elle noté.  Elle a aussi indiqué que les femmes de son pays recevaient 40% des salaires alors qu’elles représentent 83% des salariés.  Elle a dit que son pays faisait face au phénomène de perte de sa gente féminine qui s’expatrie, créant ainsi un déficit de jeunes femmes, et mettant à risque la durabilité même de la société. 

Table ronde A: « Perfectionner les mécanismes institutionnels nationaux qui promeuvent l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes »

Les participants à cette première table ronde, animée par Mme GERALDINE FRASER-MOLEKETI, Envoyée spéciale pour l’égalité des sexes de la Banque africaine de développement, ont été invités, notamment, à identifier les mesures à mettre en œuvre pour renforcer les mécanismes institutionnels et financiers en faveur des femmes ou à s’interroger sur le niveau de participation des femmes à la réalisation des 17 objectifs de développement durable.

Le Président de la table ronde, M. YOJI MUTO, Ministre d’État des affaires étrangères du Japon, a reconnu que son pays était confronté au problème du vieillissement de la population, y compris celui des femmes.  Cette situation requiert une approche transversale et le Gouvernement a pris des mesures au niveau de chaque ministère.  Le Japon est aussi actif au niveau international, a-t-il dit, rappelant que son pays avait notamment accueilli une conférence internationale sur l’autonomisation des femmes.

La représentante de la Suède a affirmé que son gouvernement avait pris des mesures pour tenir compte des besoins spécifiques des femmes dans le budget national.  La représentante de la République de Corée a dit que le sien a mis en place le concept de « budget responsable », une politique agricole inclusive et l’amélioration de la participation des femmes dans les processus de prise de décisions les concernant.

La représentante de la Jordanie a annoncé que son gouvernement élaborait actuellement une feuille de route pour l’intégration des femmes d’ici à 2025 dans les processus de prise de décisions.  La représentante du Pérou a déclaré qu’un ministère spécifique avait été créé pour traiter des questions relatives aux femmes.  Près de 62% des collectivités locales ont une instance chargée de l’intégration des femmes dans la vie des collectivités.

La représentante de la République tchèque a fait état de la nomination de points focaux dans les ministères chargés d’intégrer des questions spécifiques sur les femmes dans les programmes de travail de chacun d’eux. 

La représentante du Sri Lanka a évoqué le plan d’action gouvernemental sur la parité et la lutte contre la violence sexuelle.  Elle a annoncé que 25% des postes électifs seraient réservés aux femmes au niveau des gouvernements locaux. 

La représentante du Maroc a indiqué que son gouvernement avait lancé la politique de l’égalité hommes-femmes qui réunit toutes les initiatives gouvernementales et de la société civile dans ce domaine.  La représentante de l’Argentine a dit que son gouvernement disposait de programmes visant notamment à prévenir et lutter contre la violence sexuelle.  Des unités spéciales qui fournissent une assistance aux victimes de ce type de violence ont été créées.

Le représentant du Népal a expliqué que 33% des sièges au sein du Parlement étaient occupés par les femmes.  Une commission des droits des femmes et un centre de réinsertion des victimes de la violence ont été créés. 

Le représentant de l’Estonie a souligné qu’en 2004, le Gouvernement avait adopté une loi sur l’autonomisation des femmes.  En 2013, un organe sur la parité hommes-femmes a été créé.  En 2016, le Gouvernement prévoit de créer un plan sur l’autonomisation des femmes avant 2030.

La représentante du Ghana a déclaré que son gouvernement avait établi depuis 45 ans un mécanisme sur la parité hommes-femmes qui dispose d’une place à part au sein du conseil des ministres.  En outre, une protection sociale des femmes a été créée. 

La représentante de la République dominicaine a dit que la Constitution prévoyait l’égalité des sexes.  Le budget 2016 est le premier qui prend en compte les besoins spécifiques des femmes.

La représentante des Émirats arabes unis a indiqué que le Gouvernement comptait huit ministres femmes.  En outre, il a adopté la première loi sur la participation des femmes dans les conseils d’administration des sociétés dans la région. 

Le représentant du Qatar a déclaré que la Constitution du pays prévoyait l’égalité de tous.  Les lois ne font aucune différence entre les hommes et les femmes, notamment en ce qui concerne l’éducation.  Les femmes qataries sont présentes au sein du Gouvernement, dans les ambassades, dans les institutions politiques et privées.

La représentante de la Côte d’Ivoire a parlé de la mise en place de la commission nationale de la femme et de l’observatoire national chargé de surveiller la mise en œuvre des engagements en faveur de l’autonomisation et de l’intégration des femmes dans son pays. 

L’observatrice de l’État de Palestine a souligné que le Gouvernement comptait trois ministres femmes.  Si l’illettrisme ne touche que 3% de la population, c’est en grande partie grâce au travail d’innombrables enseignants dont la plupart sont des femmes, a-t-elle dit. 

Table ronde B : Renforcer les cadres normatifs, juridiques et stratégiques en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes

Comment peut-on renforcer les cadres normatifs, juridiques et stratégiques afin d’instaurer des conditions propices à la réalisation de l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030?  Et quelles mesures faut-il prendre pour faire en sorte que les stratégies et plans nationaux de développement durable tiennent pleinement compte de la problématique hommes-femmes?  Telles sont quelques-unes des questions posées lors de cette table ronde présidée par la Secrétaire aux politiques pour le travail des femmes du Brésil, Mme MARIA DO CARMO GODINHO DELGADO.

Le modérateur, M. DAVID NABARRO, qui est notamment le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Programme à l’horizon 2030, a expliqué que les cadres normatifs, juridiques et stratégiques devaient se fonder sur les engagements déjà pris en faveur de l’égalité des sexes et des droits fondamentaux de la femme dans le cadre des lois et politiques nationales, ainsi que dans celui des normes et principes internationaux, comme la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et la Déclaration et le Programme d’action de Beijing. 

La Commissaire de l’Union européenne pour la justice, les consommateurs et l’égalité entre les sexes, a attiré l’attention des États Membres sur les instruments régionaux pertinents, en particulier la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, dite Convention d’Istanbul. 

Le Ministre des travaux publics, de la santé, de l’action sociale et du patrimoine de la Belgique a d’ailleurs annoncé que son propre pays avait ratifié aujourd’hui cet instrument juridique, auquel peuvent adhérer, a-t-il rappelé, les États qui ne font pas partie du Conseil de l’Europe.

Bien que la plupart des pays aient inclus dans leur constitution et leurs lois des dispositions en faveur de l’égalité des sexes, il subsiste cependant dans différents secteurs des mesures juridiques discriminatoires qui font obstacle à l’autonomisation des femmes et à leur exercice de leurs droits fondamentaux et devraient être éliminées, a souligné M. Navarro.  « Les États devraient donc veiller à mettre en place des lois, des politiques et des processus de planification et de budgétisation non discriminatoires et tenant compte de la problématique hommes-femmes », a-t-il estimé. 

Tandis que la Ministre de l’éducation et des femmes de l’Autriche faisait valoir l’adoption par son pays d’un amendement au droit pénal renforçant la protection des femmes contre les violences, la Ministre de la population, de la promotion de la femme et de la protection de l’enfance du Niger a rappelé que son pays s’était doté d’une loi sur les mutilations génitales féminines et d’une autre ayant permis de renforcer la participation des femmes à la vie politique. 

Sous les applaudissements de la salle, la Vice-Ministre des affaires du Chili a ainsi annoncé qu’une loi destinée à renforcer la représentation des femmes au sein du Congrès de son pays serait mise aux voix demain.

Toujours à ce sujet, la Ministre pour l’égalité des opportunités du Luxembourg a fait part de « l’introduction d’un quota légal de candidats de chaque sexe, à savoir 40% pour les élections législatives et de 50% pour les élections européennes, et un plan d’égalité entre hommes et femmes contraignant les entreprises à atteindre des objectifs concrets ». 

Le Ministre des affaires étrangères du Japon a d’ailleurs souligné l’importance de promouvoir l’arrivée des femmes aux postes à responsabilité dans le secteur privé.  « Soyons clairs: fixer des objectifs ne servira à rien en l’absence de mise en œuvre », a observé quant à lui le Ministre d’État des droits de l’homme au Pakistan, soulignant l’importance des paradigmes de la « volonté politique » et des « ressources ». 

Rappelant l’attachement de son pays à la problématique de la parité, « inscrite dans sa Constitution depuis 15 ans », la Ministre des droits de la famille, des enfants et des femmes de la France a évoqué l’existence du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes.  Créé en 2013, il s’agit d’une instance consultative placée auprès du Premier Ministre, qui contribue à l’évaluation des politiques publiques concernant l’égalité entre les femmes et les hommes et formule des recommandations, a-t-elle précisé.

Table ronde C: Financer la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030

Il faut débourser davantage de ressources pour honorer les engagements pris en matière d’égalité des sexes, a indiqué en substance la Présidente du Conseil national des femmes de l’Égypte, Mme MYA MORSY, en introduisant le débat.

La modératrice, Mme Rebeca Grynspan (Costa Rica), Secrétaire générale de la Conférence ibéro-américaine, a fait remarquer que 4% seulement de l’aide publique au développement (ADP) étaient alloué à des projets dont l’objectif prioritaire porte sur des femmes.

Pour améliorer l’indice du développement humain, le Gouvernement indonésien favorise le financement des agences du Gouvernement pour intégrer partout l’égalité des sexes et mobilise des ressources supplémentaires pour financer des programmes s’adressant aux femmes dans le cadre du plan quinquennal national, a affirmé la Ministre de l’autonomisation des femmes et de la protection des enfants de l’Indonésie.

Le Canada a inscrit l’égalité au cœur de ses valeurs, a assuré la vice-Ministre du Québec.  Une démarche intitulée « Ensemble pour l’égalité entre les femmes et les hommes » a récemment été lancée pour entendre les préoccupations du grand public et « pour que l’égalité de droit devienne une égalité de fait ».  Elle a souligné l’importance de soutenir l’entreprenariat féminin pour aider les sociétés à mieux préparer leur avenir.

L’Italie a engagé 50 millions d’euros pour l’égalité entre les sexes, a précisé la représentante de ce pays, déplorant la diminution des budgets dans le monde entier.  Elle a proposé de promouvoir une budgétisation sexuée.

Le programme quinquennal du Burkina Faso accorde une place de choix à l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes et une série de mesures ont été prises.  « Le pays a pris conscience qu’il faut d’abord engager ses propres moyens avant d’aller rechercher des moyens ailleurs », a dit la représentante.  L’accent est mis sur la création de banques pour les petites et moyennes entreprises au profit de la femme, et sur le partenariat public/privé une source de financement.

Le financement n’intéresse pas que les gouvernements; il doit impliquer les organisations internationales, comme ONU-Femmes.  « Il faut une coopération active entre les bailleurs de fonds ».  Par ailleurs, « le renforcement de la famille traditionnelle reste une question d’actualité » dans le cadre du développement durable et de l’égalité des sexes, a insisté la Ministre adjointe des affaires étrangères du Bélarus.

L’égalité des sexes doit rester au cœur du débat, a estimé la Secrétaire d’État pour le développement international du Royaume-Uni.  Ce pays a honoré son engagement de consacrer 0,7% de son PIB à l’APD.  « Il faut toujours se demander dans quelle mesure notre argent œuvre dans l’intérêt des femmes et des filles » et réunir les secteurs public et privé et les organisations internationales qui ont tous un rôle à jouer pour porter les objectifs de développement durable, a-t-elle dit.

L’Ukraine combat les inégalités et renforce l’accès des femmes aux ressources à travers un programme financé par l’État et des budgets locaux, a indiqué la Ministre adjointe de l’intégration européenne et Ministre de la politique sociale de l’Ukraine.  Malheureusement, « suite à l’annexion de la Crimée, les fonds sont limités », en évoquant la reconstruction de l’est du pays.

« Nous nous sommes fixés un objectif ambitieux pour parvenir à l’égalité des sexes et des chances », a assuré la Ministre des femmes du Paraguay.  À cette fin, elle prévoit de renforcer les mécanismes tant au niveau des administrations centrales que locales. 

« Aucun pays n’a pleinement atteint l’égalité entre les sexes », a constaté la Ministre du service public, de la jeunesse et des questions liées à la parité du Kenya.  D’après elle, les objectifs de développement durable sont « une aubaine » pour accélérer la réalisation de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.  À cet égard, « le budget est un instrument politique important pour garantir des programmes inclusifs, consultatifs et participatifs ».

Il existe deux plans financés par le Gouvernement et l’APD, a expliqué la Secrétaire du Département du travail et de l’emploi des Philippines, mais le budget national doit encore définir des priorités claires à des fins de suivi et d’évaluation.  Il existe aussi un programme 2015-2020 pour l’autonomisation des femmes, parrainé par le Gouvernement canadien.  « Mobiliser rapidement les ressources, veiller à leur utilisation à bon escient, à la transparence et la reddition de comptes », sont à son avis des défis importants.

La Ministre du genre, des enfants et de la protection sociale du Libéria a jugé indispensable que les gouvernements instituent des politiques budgétaires et des plans de développement nationaux en matière d’égalité des sexes.  Au Libéria, où « la majorité des femmes sont analphabètes », la discrimination doit être combattue à tous les niveaux.

La Ministre de l’action sociale de la Guinée a plaidé pour le renforcement des capacités productives des femmes et de leur accès aux revenus et aux services sociaux de base.  Le Gouvernement a construit et équipé plus de 20 « centres d’autonomisation des femmes », notamment pour scolariser les filles-mères et former les femmes dans diverses filières professionnelles.  La Guinée dispose d’une loi sur la santé reproductive des femmes, y compris la mutilation génitale féminine et un quota de 30% a été adopté dans le domaine de la prise de décisions.

Engagée dans une nouvelle phase de sa transition démocratique, l’Afrique du Sud œuvre pour la parité et pour « un salaire égal pour un travail égal », et veille à ce que les femmes soient mises à contribution dans tous les secteurs de l’économie du pays.  « Nous militons pour le changement d’attitude et de comportement afin de faire respecter les femmes », a ainsi déclaré la Ministre des femmes de l’Afrique du Sud.

La Ministre du genre, de l’enfant et du bien-être social du Soudan du Sud a indiqué que son pays allouait une part de son budget national à la protection de la femme et qu’il avait accru les investissements dans les infrastructures comme les établissements de santé et les écoles en zone rurale.

La Ministre des femmes, de la famille et des enfants de la Tunisie s’est félicitée de constater que la femme avait été placée au cœur des dynamiques de développement en 2015.  Pour sa part, la Tunisie mobilise toutes les ressources au niveau national et veille à l’intégration des femmes par le biais d’un « processus d’institutionnalisation du genre ».  Elle a un programme de partenariat avec l’Union européenne pour améliorer la participation de la femme dans la vie économique et publique et un conseil nation pour la parité et l’égalité a été créé par décret.  

« L’investissement dans l’égalité entre les sexes est l’une des voies les plus sûres pour l’élimination de la pauvreté », a insisté le Ministre du travail du Botswana en proposant d’adopter des stratégies transformatrices et des politiques macroéconomiques tenant compte des besoins des femmes vivant dans la pauvreté.

La représentante du Malawi, mettant l’accent sur le problème de la paupérisation, a dit qu’il fallait mettre en place des directives budgétaires pour faire le suivi des résultats obtenus pour aider les femmes et les foyers vulnérables et accompagner de façon systématique les cibles avec « des indicateurs idoines » pour ne laisser personne de côté.

Pour la première fois de son histoire, la Namibie demande une budgétisation sexuée dans chaque institution nationale, s’est félicitée la représentante de ce pays.

L’adoption de la « politique nationale genre » reconnait notamment la contribution des femmes à la vie économique du pays, a expliqué la Ministre de la promotion des femmes, des enfants et de la famille du Mali.  L’insécurité dans les régions du nord a aggravé les violences contre les femmes et la pauvreté des femmes.

L’Iraq connaît l’extrémisme et le terrorisme, a insisté la Secrétaire générale du Haut Conseil des affaires pour les femmes de l’Iraq, en plaidant pour davantage de ressources alors que son pays connaît une crise financière avec la baisse du cours du pétrole. 

« Les femmes sont une ressource non utilisée faute de financement », a déploré la Ministres des affaires des femmes, du genre et du développement communautaire du Zimbabwe, en prêtant une attention particulière aux projets agricoles et d’extraction minière.

Le représentant du Soudan, après avoir indiqué que la Ministre de la santé de son pays n’avait pas obtenu de visa pour assister aux réunions, a souligné l’importance de promouvoir la coopération régionale pour garantir l’égalité entre les sexes.  

Table ronde D: Favoriser l’établissement, la collecte et l’analyse de données tenant compte de la problématique hommes-femmes et enrichir la base de connaissances

L’objectif 5 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 prescrit la promotion de l’égalité des sexes, malheureusement, le manque de statistiques ventilées par sexe a servi de prétexte, pendant des années, à ne pas prendre des mesures plus ambitieuses au niveau de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes.  Le besoin de mesurer les efforts consentis à cette fin rend aujourd’hui nécessaire de collecter et diffuser des données statistiques dites « sexospécifiques », afin d’adopter des politiques éclairées et de mesurer les avancées.

Mme ELKE FERNER, Secrétaire d’État aux questions relatives à la famille, aux citoyens du troisième âge, aux femmes et aux enfants de l’Allemagne, qui assurait la présidence de la table ronde, a relevé d’emblée que les discriminations à l’encontre des femmes ne pouvaient être éradiquées sans la disponibilité de données y afférentes.

Pour pallier ce manquement, a fait observer la modératrice, Mme LISA GRACE BERSALES, de l’Institut national de la statistique des Philippines, 230 indicateurs ont d’ores et déjà été arrêtés pour mesurer globalement le suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Elle a précisé que la plupart de ces indicateurs devraient être ventilés par sexe.

Le constat actuel, ont relevé les intervenants, fait voir que les systèmes statistiques nationaux, notamment ceux des pays en développement, manquent de capacités et de moyens financiers pour collecter et divulguer des données sexospécifiques.

Dans les pays développés où ces données existent, elles ont encore besoin d’être simplifiées et être divulguées de manière claire et simple afin que le public et les décideurs puissent la comprendre, a expliqué le représentant de la Suisse

Sa collègue de la Finlande a renchéri en soulignant que dans son pays, le défi des données sexospécifiques se posait en termes d’analyse afin de pouvoir en tirer les informations utiles et pertinentes pour conduire à la formulation de politiques adéquates.  

En effet, lorsque les informations sexospécifiques sont disponibles, les politiques ont la possibilité de s’en servir pour prendre les décisions idoines, ont expliqué plusieurs délégations dont l’Uruguay et l’Ouganda.  Dans ce dernier pays, le Gouvernement a par exemple pris des décisions pour faciliter l’accès aux crédits en faveur des femmes, conscient du fait que ces dernières représentent 64% de la population active.

Pour combler cette absence de données sexospécifiques, les délégués ont fait des propositions, comme le renforcement des capacités statistiques nationales des pays en développement.  À cette fin, le soutien des institutions onusiennes a été souligné. 

La Ministre de la promotion de la femme du Congo a également appelé au renforcement des capacités humaines des instituts nationaux de statistiques, tandis que sa collègue d’Afrique du Sud a appelé à sortir des sentiers battus, indiquant que les personnes qui collectent les données à la base doivent être accompagnées de femmes compétentes.

Pour le délégué de l’Égypte, il est important que les pays en développement établissent leurs propres méthodologies de collecte et d’analyse des données sexospécifiques, afin, a-t-il jugé, de ne pas entièrement dépendre des modèles venus du Nord. 

En conclusion, les participants à cette table ronde ont estimé qu’étant donné que le développement durable ne se fera pas sans l’apport des femmes, il est important qu’elles puissent participer à la mise en œuvre des objectifs de développement durable au même titre que les hommes.  Et, pour ce faire, il est important de mesurer la contribution des femmes à travers des données qui les ciblent spécifiquement.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.