En cours au Siège de l'ONU

Session de 2017
1ère séance – matin
ECOSOC/6796

L’ECOSOC ouvre sa session 2016-2017 avec « un cri de ralliement »: guérir le monde des inégalités économiques, sociales et environnementales croissantes

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a ouvert aujourd’hui sa session 2016-2917*, en élisant à sa Présidence, M. Frederick Makamure Shava du Zimbabwe qui a choisi comme « cri de ralliement »: guérir le monde des inégalités économiques, sociales et environnementales croissantes, grâce au Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le Président de la précédente session qui s’est achevée hier, M. Oh Joon, et le Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, M. Thomas Gass, ont également fait des déclarations.

Je viens d’une région, a déclaré le nouveau Président de l’ECOSOC, où les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) sont « une œuvre inachevée » et où a été salué le Programme 2030 grâce auquel le monde pourra se guérir de l’instabilité et des conflits armés, des crises humanitaires et des droits de l’homme, du terrorisme et de l’extrémisme violent, et des inégalités économiques, sociales et environnementales croissantes.  La mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) sera un défi qui exigera une action concertée à tous les niveaux. Mais l’espoir est là, a estimé M. Frederick Shava: jamais dans son histoire, le monde n’a été autant en position de concrétiser les aspirations du développement.  La chance d’éliminer la pauvreté et d’émanciper les gens par l’investissement, le commerce, la production durable et des services sociaux qui n’oublient personne est « sans précédent ».  L’esprit de coopération et les valeurs partagées nous permettent aujourd’hui d’envisager un monde où les défis, si complexes et onéreux soient-ils, peuvent être relevés avec succès. 

Le Président a fixé deux priorités à l’ECOSOC et d’abord la question des infrastructures de développement et d’industrialisation –objectif 9 du Programme 2030-, dans un monde où, selon la Banque africaine de développement (BAD), l’Afrique génère à peu près la même quantité d’électricité que l’Espagne.  Le Plan d’action prioritaire du Programme pour le développement des infrastructures en Afrique nécessitera un investissement de 68 milliards de dollars entre 2012 et 2020. La deuxième priorité est le lien entre développement, droits de l’homme, paix et sécurité –objectif 14 du Programme 2030-. Le Président a exprimé son intention d’explorer des options pour renforcer le partenariat entre l’ECOSOC et les organes pertinents des Nations Unies comme la Commission de consolidation de la paix. 

M. Frederic Makamure Shava n’a pas oublié les questions qui ont émergé au cours de la session précédente: les inégalités croissantes et le renforcement du multilatéralisme face aux tendances de la mondialisation.  Au cours de cette session qui s’ouvre, l’ECOSOC, a-t-il estimé, pourrait promouvoir une direction « stratégique et cohérente » pour le système de développement de l’ONU « dans cette nouvelle ère ».

Le monde change en effet, à cause d’une confluence de facteurs nés de la mondialisation, comme les biens et services mobiles, les vastes mouvements de migration ou les innovations apparemment sans limite de la science et de la technologie, a renchéri le Président sortant de l’ECOSOC, M. Oh Joon.  « La mondialisation n’est pas un processus neutre »: certains y gagnent plus que d’autres.  Pour trop de gens, les bénéfices de la mondialisation sont trop lents voire inexistants.  Les inégalités s’aggravent et les modes de production et de consommation ont conduit à un changement climatique qui menace désormais l’avenir même de la planète.  En conséquence, le défi central du Programme 2030 est de faire en sorte que la mondialisation devienne la « force positive » d’un développement pour tous.  Pour réussir, il nous faut des Nations Unies, et en particulier un ECOSOC, à la hauteur de la tâche.

Il est temps, a dit le Président sortant, de réfléchir sérieusement à la façon de développer la structure de l’ECOSOC pour le hisser à la hauteur des défis.  Les mandats et le pouvoir des 54 membres élus font-ils de l’ECOSOC, l’organe du développement qu’il nous faut aujourd’hui?  Maintenant que le travail de l’ECOSOC porte principalement sur la tenue de Fora ouverts à tous les membres, ne serait-il pas judicieux que l’ECOSOC opère dans la structure de l’Assemblée générale?  Le nouveau Président a attiré l’attention sur les propositions « concrètes » de l’équipe d’experts indépendants qui a contribué au Dialogue sur le positionnement à long terme du système de développement des Nations Unies. 

Parmi les propositions figurent l’idée d’un Président de l’ESOCOC à plein temps, d’un conseil d’administration sur le développement durable et d’organes de gouvernance à la composition et aux méthodes de travail modifiées.  Nous devons, a insisté le Président sortant, admettre le manque de coordination actuel et travailler ensemble pour trouver les moyens de renforcer cette coordination au sein du système.  Nous devons, a-t-il poursuivi, réexaminer le programme de travail de l’ECOSOC de manière plus systématique et s’attaquer aux points qui ne doivent leur maintien qu’à "l'inertie".  Le Président sortant a aussi appelé à un nouvel état d’esprit et à une nouvelle attitude, en particulier un esprit renouvelé de coopération, pour dépasser les divisions démodées entre pays développés et pays en développement. 

Le développement, s’est-il expliqué, est un domaine « unique et exceptionnel » dans le travail de l'ONU, où l'approche gagnant-gagnant n’est pas seulement possible mais presqu’inévitable.  Les pays développés et en développement ont besoin les uns des autres pour le succès de la coopération au développement.  Les pays développés ne peuvent faire un usage efficace de leur aide publique au développement (APD) sans la coopération active de leurs partenaires du monde en développement.  De même, les pays en développement ont tout intérêt à travailler avec leurs partenaires du monde développé pour réussir la coopération au développement.  L’ECOSOC doit à tout prix rester « la plateforme centrale » de la collaboration entre le nord et le sud, a insisté le Président sortant.

L’ECOSOC a en effet un large éventail de « plateformes » pour aider les pays et leurs partenaires à avancer, a renchéri le Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, M. Thomas Gass, qui a parlé au nom du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales.  Maintenant que le monde entre dans « l’An 2 de son périple de 15 ans sur le chemin des objectifs de développement durable», le Département des affaires économiques et sociales (DESA) est en train de mettre place un système d’appui orienté vers la demande, à impact élevé et intégré.  Il s’agira de fournir des normes et des outils pour la mise en œuvre du Programme 2030, de soutenir les capacités des pays dans les domaines clefs comme les données et les statistiques, l'intégration des politiques et l'administration et la gestion publiques; de sensibiliser tous les secteurs de la société aux objectifs de développement durable, et d’encourager les partenariats et les réseaux pour faire avancer les ODD, grâce à la coopération multipartite, la faculté d’apprendre les uns des autres et l’appui aux niveaux national et international, a indiqué M. Gass.

Outre son Président, l’ECOSOC a élu à ses vice-présidences Mme Marie Chatardova de la République tchèque et MM. Cristian Barros Melet du Chili et Heiko Thoms de l’Allemagne.  Le siège du Groupe des États d’Asie et du Pacifique sera pourvu à une date ultérieure. 

La session 2017 a été ouverte par une vidéo sur les faits marquants de la session précédente.  Au nom de l’Union européenne, le représentant du Royaume-Uni a suggéré de fusionner le Débat de haut-niveau et le Forum politique de haut niveau sur le développement durable « pour éviter les dualités artificielles des déclarations ministérielles. »  L’Union européenne est prête à discuter plus avant de cette proposition.

*E/2017/1 et E/2017/L.1 

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