Conseil économique et social - Session de 2016,
38e séance – matin & après-midi      
ECOSOC/6787

Forum politique: les premiers rapports nationaux de mise en œuvre du Programme 2030 font ressortir des disparités entre pays, malgré un bon départ

La présentation des premiers rapports de mise en œuvre nationale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 a mis en lumière des disparités entre pays, même si le Secrétaire général de l’ONU y a vu aujourd’hui un « un bon départ ».

Soucieux de répondre de leur action devant leurs citoyens, les États se sont engagés à assurer un suivi et un examen systématiques de la mise en œuvre du Programme 2030, aux plans national, régional et mondial, en vertu de la résolution 70/1 de l’Assemblée générale. 

Le Forum politique de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) sur le développement durable a ainsi entendu 13 des 22 délégations qui se sont portées volontaires pour présenter leur rapport sur la mise en œuvre des 17 objectifs et 169 cibles agréés dans le Programme 2030 de septembre 2015, la mise en œuvre étant jugée à l’aune des 241 critères du Cadre mondial d’indicateurs élaboré par la Commission de statistiques de l’ONU.  Les rapports ont montré des défis différents.

Par exemple, comme tous les petits États insulaires en développement (PEID), le Samoa est caractérisé par sa petite taille, son extrême isolement, ses ressources limitées, sa dispersion géographique, son éloignement des marchés, son absence d’économie d’échelle, ses faibles capacités et sa vulnérabilité aux changements climatiques, aux catastrophes naturelles et aux crises mondiales.  

De cette première évaluation, le Samoa a appris que la correspondance entre les indicateurs mondiaux et nationaux contribue à renforcer les capacités statistiques.  Le pays a aussi appris l’importance qu’il y à développer des feuilles de route nationales et régionales de mise en œuvre.  Il a travaillé à une mise en œuvre contextualisée mais a décelé la nécessité de renforcer ses capacités et d’élaborer un plan plus facile à comprendre avec des processus simplifiés et une faculté de collecter, d’analyser et d’exploiter les données. 

De l’autre côté du spectre, en Finlande, la lutte contre les changements climatiques, l’exploitation des ressources naturelles, le développement économique et le plein emploi sont les principaux défis, a expliqué le Ministre finlandais de l’agriculture et de l’environnement. 

Le Secrétaire général a félicité les pays qui ont présenté volontairement leur rapport de mise en œuvre du Programme 2030 à l’issue de la première année.  Il a demandé aux États d’intensifier leurs efforts et de faire participer pleinement le secteur privé et la société civile à la mise en œuvre et au suivi des objectifs de développement durable.

En dépit des différences et des inégalités entre et au sein des nations, il a estimé que « nous avons pris un bon départ », et qu’il s’agissait maintenant de s’engager à ne pas se reposer avant d’avoir atteint un monde de paix, de dignité et de chances offertes à tous.

Pour y arriver, il est essentiel de mener des actions ciblées en faveur de ceux qui sont les plus à la traîne, ce qui ne sera possible que si l’on dispose d’indicateurs pour tous les groupes, a souligné le Secrétaire général, tout en appelant à une mobilisation dans la collecte et l’analyse des données statistiques.

Il faut surtout que cette collecte des données soit plus transparente, a plaidé la représentante des États-Unis.  Trop souvent, s’est-elle expliquée, les gouvernements sont tentés de cacher leurs lacunes derrière des données erronées.  Les États-Unis ont la ferme intention de mettre en place un système de suivi transparent en ligne.  Tous les États devraient faire pareil.    

Le Secrétaire général a en outre annoncé qu’il envisage la tenue, le 21 septembre, au début du Débat général de la soixante-onzième session de l’Assemblée générale, d’une cérémonie de dépôt des instruments de ratification de l’Accord de Paris sur le climat.  Le Président de la Commission des politiques de développement a quant à lui annoncé pour ce jeudi 21 juillet, une table ronde de haut niveau avec l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

L’argent étant le nerf de la guerre pour la mise en œuvre des accords internationaux, il s’est livré à un vibrant plaidoyer en faveur de l’aide publique au développement (APD).  Pour lui, les donateurs doivent respecter leurs engagements et dissocier cette aide des autres apports financiers dont ceux pour le climat et le commerce.  L’APD, qui est par nature une transaction transfrontière, ne devrait pas inclure les dépenses faites chez les donateurs comme la réinstallation des réfugiés ou les coûts administratifs de la coopération.  Le Président a aussi demandé une distinction claire entre les flux privés et l’APD et réclamer pour les pays en développement et les donateurs émergents une place à la table des négociations sur tout nouveau cadre de financement du développement. 

Demain mercredi 20 juillet, le Forum politique de haut niveau sur le développement de l’ECOSOC entendra neuf autres rapports de mise en œuvre nationale avant d’adopter une déclaration ministérielle.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Présentation, à titre volontaire, des rapports sur la mise en œuvre, au niveau national, du Programme de développement durable à l’horizon 2030

Mexique, Maroc, Sierra Leone, Suisse et Monténégro

M. FRANCISCO GUZMÁN ORTIZ, Chef de Cabinet du Président du Mexique, a indiqué que son pays a créé des mécanismes institutionnels pour assurer le suivi des objectifs de développement durable.  Pour faciliter l’accès des populations à l’information et garantir ainsi le respect du principe de redevabilité, une plate-forme virtuelle a été mise en place laquelle fournit aux citoyens toutes les informations actualisées sur les projets relatifs au Programme 2030.  Pour M. Ortiz, l’ONU devrait créer une plate-forme semblable afin de faciliter le partage des expériences entre États Membres.  Le Gouvernement mexicain a également mis en place un Conseil de haut niveau pour la réalisation des objectifs de développement durable, à la Présidence de la République, pour centraliser toutes les initiatives de développement durable. 

M. MOHAMED EL OUAFA, Ministre délégué chargé des affaires générales et de la gouvernance du Maroc, a cité un ensemble d’investissements dans le développement durable.  Des initiatives ont été engagées pour accélérer le développement industriel et promouvoir les pratiques écologiquement viables, y compris grâce à un programme sur les énergies renouvelables.  Le Maroc se positionne également comme l’un des leaders en matière de lutte contre les changements climatiques, ce qui justifie le choix du pays pour abriter la vingt-deuxième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP22).  M. El Ouafa a souligné que certains des objectifs de développement durable étaient déjà inclus dans les stratégies sectorielles du pays, et que maintenant les autorités entendent renforcer les capacités humaines, améliorer la gouvernance et assurer la mobilisation des financements nécessaires.

M. MANUEL SAGER, Secrétaire d’État et Chef de l’Agence de coopération au développement de la Suisse, a indiqué que les mesures concrètes pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable ont été fixées par le Gouvernement suisse en 2015.  Il s’est enorgueilli du fait que le partenariat national en vue de la mise en œuvre de ces objectifs est au beau fixe, comme en témoigne la composition variée de la délégation suisse au Forum politique de haut-niveau.  En Suisse, les objectifs de développement durable ne partent pas de zéro, puisque le Gouvernement a établi des plans dès 1997.  La collecte de données fiables étant primordiale pour des politiques efficaces, la Suisse a dès 2003 mis en place un système statistique qui mesure la qualité de vie de ses citoyens, fournissant ainsi des données désagrégées.  Parlant du financement, le représentant a confirmé l’engagement de la Suisse de poursuivre la restitution aux pays concernés des avoirs détournés.  

Une représentante du secteur privé, Mme SABINE DÖBELI, Présidente du Conseil d’administration de « Sustainable finance », a salué le partenariat établi avec les autorités helvétiques.  Elle a insisté sur la durabilité dans toutes les initiatives de développement, y compris dans le secteur de la finance avec les banques suisses qui s’y sont déjà engagées.    

M. MILORAD ŠĆEPANOVIĆ, Directeur général des affaires multilatérales au Ministère des affaires étrangères du Monténégro, a déclaré que la nouvelle stratégie nationale de développement durable, adoptée en juillet dernier, a en son cœur des buts et des mesures visant la gestion viable des ressources nationales réparties en quatre groupes: le capital humain, le capital économique, le capital social et les valeurs, sans oublier la bonne gouvernance et le financement prévisible.  Cette nouvelle stratégie contient naturellement les dispositions du Programme 2030 et celles du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Quelque 241 indicateurs proposés pour le suivi international des objectifs de développement durable ont été intégrés à la stratégie.  

Cette stratégie a été élaborée avec la participation de tous les acteurs de la société, a souligné la responsable des questions du développement durable du Ministère du développement durable et du tourisme du Monténégro.  Mme JELENA KNEŽEVIĆ a précisé que les priorités nationales ayant été identifiées, le suivi des indicateurs se fera de manière progressive, avec notamment une évaluation portant sur 41% des indicateurs en 2018 et 75% d’ici à 2024.  Les autorités ont procédé à une réforme institutionnelle en créant notamment un Bureau du développement durable qui sera intégré à l’organigramme du Cabinet du Premier Ministre.  Le système de redevabilité va également être réformé afin de permettre au public de suivre l’évolution de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.    

Pour M. VANDI CHIDI MINAH (Sierra Leone), malgré l’engagement rapide des autorités nationales à mettre en œuvre les objectifs de développement durable, le pays reste fragilisé par les conséquences de l’épidémie d’Ebola et par la chute des prix des produits de base, notamment les minerais.  L’une des priorités est d’établir un système de santé résilient et prêt à réagir promptement à toute nouvelle épidémie.  Le pays a déjà établi un ensemble d’indicateurs inspirés par ceux de la Commission de statistiques de l’ONU.  Un service spécial de suivi a été installé au Ministère des affaires étrangères.  Parmi les faiblesses, le représentant a cité l’absence de données fiables pour identifier les domaines prioritaires et les couches les plus vulnérables, sans oublier le manque de fonds prévisibles.

L’animateur des débats, M. ROBERT GLASSER, Représentant spécial du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, a estimé qu’en matière de mise en œuvre des objectifs de développement durable, il faut éviter les cloisonnements, impliquer tous les acteurs sociaux et tenir compte de l’impact des catastrophes dans la planification.

L’importance de l’ouverture à toutes les parties prenantes a aussi été soulignée par Mme RACHEL KYTE, Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’initiative Énergie durable pour tous.  Elle a insisté sur la solidarité intergénérationnelle, arguant que le Programme 2030 est l’occasion de renforcer ces liens, pour « ne laisser personne sur le côté », a renchéri Mme SANDRA ADOVSKA, Conseillère pour le développement durable de l’ex-République yougoslave de Macédoine.

Un représentant des personnes handicapées s’est interrogé sur la nature d’un mécanisme qui permettrait que la voix des groupes les plus vulnérables soit entendue.  En impliquant tous les acteurs, a répondu le délégué de la Suisse, on obligera les gouvernements à être comptables de leurs actes devant tout le monde.  La participation de tous exige des « moyens conséquents », a souligné, le représentant du Maroc qui a invité les institutions de Bretton Woods et les principales banques internationales à s’impliquer.

Norvège, Madagascar, Géorgie et Turquie

Mme ERNA SOLBERG, Premier Ministre de la Norvège, a jugé bon que de nombreux pays se soient présentés pour leur premier examen national.  En Norvège, l’exercice a été très utile, a-t-elle déclaré, car il a permis de renforcer le système initial de suivi et de préparer l’avenir.  Chaque ministère a identifié ses cibles et responsabilités, a–t-elle expliqué.  Certains ont déjà été réalisés mais d’autres seront délicats, notamment dans les domaines de la protection de l’environnement et des modes de production et de consommation durable.  Il y a clairement un problème quand on sait que 30% de la production alimentaire mondiale est perdue d’une façon ou d’une autre alors que des centaines de millions de personnes souffrent de la faim.

Des objectifs ont été assignés à un ministère particulier qui devra rendre compte chaque année au Parlement des progrès réalisés lors de la présentation de leur budget.  C’est très important pour le suivi et par ailleurs, le Ministère des finances présentera un résumé consolidé des activités des différents ministères dans le projet de budget national, une manière efficace et bien établie de reddition de comptes.  La participation démocratique est encouragée, afin d’assurer l’appropriation nationale et de faciliter le suivi, a ajouté le Premier Ministre.

Le Parlement norvégien a été impliqué activement dans le processus et a débattu dès l’automne dernier de la manière dont la Norvège devrait contribuer à la réalisation des ODD et renforcer la participation démocratique.  Il existe un large consensus sur le fait que le Programme 2030 doit orienter les efforts nationaux et internationaux du pays, avec pour objectif d’éradiquer la pauvreté extrême, de protéger la planète et de promouvoir la prospérité, la paix et la justice partout dans le monde.

Le processus doit impliquer chacun: l’Assemblée des populations autochtones participe également au dialogue avec les différents ministères via un mécanisme formel qui existe depuis plusieurs années.  Mme Solberg a reconnu que le débat sur l’inclusivité pourrait apparaître aux yeux de certains comme « un luxe ».  Ce serait une erreur car il faut dans tous les pays, intégrer tout le monde, car tous ont des défis à relever.  Le Premier Ministre a, dans ce cadre, souligné la nécessité d’une meilleure coopération économique ne serait-ce que pour éliminer ou réduire les flux financiers illégaux.  Mme Solberg a précisé plusieurs des engagements internationaux de son pays dont l’APD représente environ 1% du PIB.  La Norvège a déjà ratifié l’Accord de Paris sur le climat et s’est engagée à réduire ses émissions de carbone de 40% d’ici à 2030 par rapport au niveau de 1990, a promis Mme Solberg, qui a ensuite cédé la place à un jeune représentant de la société civile norvégienne.

M. MARTIN ULVESTAD ØSTERDAL, Secrétaire général des enfants norvégiens et du Conseil de la jeunesse, a insisté sur la nécessité d’inclure tout le monde pour réaliser les ODD, même les plus marginalisés.  Les défenseurs des droits de l’homme, syndicalistes et autres subissent des violations de leurs droits un peu partout dans le monde.  Or les ODD ne seront réalisables que si les gouvernements deviennent les gardiens de la société et non leur oppresseur.  En même temps, les membres de la société civile ne peuvent se limiter à un rôle de « chiens de garde », ils doivent participer activement.

M. HERILANTO RAVELOHARISON, Ministre de l'économie et de la planification stratégique de Madagascar, a déclaré que le concept de développement durable n’était pas nouveau dans son pays, puisque la Constitution nationale de 2010 le mentionne déjà et que le pays dispose notamment d’une charte de l’environnement et d’un plan quinquennal pour le développement durable.  Madagascar s’est constituée tout un cadre institutionnel de mise en œuvre des ODD, piloté par un comité d’orientation et de suivi doté d’un comité technique, le tout étant placé sous la direction du Ministère de l’économie et du plan.  Tous les acteurs du développement et les forces vices de la nation sont représentés dans ces organes.

Pour assurer une meilleure appropriation nationale, deux consultations nationales ont déjà été réalisées en un an: la première était consacrée à une ébauche d’analyse de l’alignement des ODD sur les priorités nationales existantes et la seconde a permis aux différents acteurs de se familiariser avec les outils de priorisation des cibles, lesquels ont été fournis par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui reste actuellement l’unique partenaire financier du Ministère s’agissant du Programme 2030.

Le Gouvernement de Madagascar adhère totalement à l’objectif de ne pas faire de laissés-pour-compte, d’autant que trois régions du sud du pays subissent de manière périodique et fréquente les effets de la sécheresse et bénéficient de mesures structurantes dans le cadre des « 21 engagements pour le Sud », un plan national.  Dans le même ordre d’idées, une politique de protection sociale vient d’être élaborée et est en cours de mise en œuvre, s’adressant surtout aux plus vulnérables: personnes âgées, jeunes, femmes et pauvres.  Par ailleurs, la plate-forme des handicapés a activement participé à la préparation du présent examen volontaire et sa déclaration relative au Programme 2030 figure en annexe du rapport national.

Madagascar prévoit également d’intégrer le capital naturel dans la planification, grâce au projet WAVES (Wealth Accounting and Valuation of Ecosystem) pour lequel il est un pays pilote.  Les comptes de trois ressources sont actuellement disponibles: mines, eau et forêts.  Les résultats des analyses faites dans ce cadre doivent aider à l’élaborer des politiques publiques tenant compte du stock de patrimoine et de l’usage qu’on devrait en faire pour la viabilité et le développement.

Pour le Ministre, l’intégration des ODD dans les politiques et stratégies de développement du pays est acquise et les acteurs sectoriels y sont déjà sensibles.  Toutefois, pour être efficace, cette opérationnalisation doit être plus poussée.  En particulier, l’alignement des stratégies de mise en œuvre des secteurs et la priorisation des objectifs sont prioritaires dans les secteurs de l’agriculture et de l’environnement.  Les progrès déjà accomplis pour la protection de l’environnement et la préservation de la biodiversité doivent être soutenus pour assurer que la valorisation des ressources naturelles du pays constitue réellement la base d’un développement durable et soutenu.  Le pays devra également faire un effort particulier en matière d’indicateurs.

Le financement étant le clou de la mise en œuvre des ODD, la mobilisation des ressources est cruciale pour Madagascar.  Si l’efficacité de l’aide au développement s’améliore, il faudra encore renforcer le « Mécanisme de Busan ».  Le Ministère du plan élabore en outre une stratégie de mobilisation des ressources intérieures et une loi vient de fixer les modalités d’un partenariat avec le secteur privé.  En conclusion, le Ministre a expliqué que Madagascar a besoin de renforcement de ses capacités dans de multiples domaines, ce qui se concrétisera prochainement à l’occasion d’une conférence des bailleurs et des investisseurs.  Le pays doit se doter d’une institution forte capable de canaliser les efforts de développement autour des ODD et de traduire les documents cadres en actions cohérentes ayant des impacts en faveur des plus vulnérables.  Madagascar sait, pour en avoir fait l’expérience, qu’une croissance si elle n’est pas suffisamment inclusive, peut être source de crise.

M. DAVID ZALKALIANI, Premier Vice-Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, a expliqué que le processus d’intégration nationale des ODD en Géorgie a été fait en tenant compte des difficultés et possibilités nationales.  Des groupes de travail techniques et des groupes d’experts ont été mis en place pour analyser les enjeux.  Quatorze des 17 ODD ont été identifiés comme des priorités nationales.  Des indicateurs vérifiables ont été mis en place et le tout sera révisé dans cinq ans.  Les priorités politiques du Gouvernement portent essentiellement sur l’égalité des droits, a expliqué M. Zalkaliani, qui a mis l’accent sur la protection des minorités et des personnes déplacées, et sur la lutte contre la corruption, la pauvreté et le chômage.  À cette fin, un plan prévoit une réforme économique pour mieux intégrer le pays dans le marché mondial, tout en garantissant une intégration régionale.  Le pays compte aussi sur les compétences de sa jeunesse et veut garantir une éducation pour tous, tout en accordant une importance capitale à la liberté de mouvement des étudiants. 

La Géorgie accorde une grande importance à la construction d’infrastructures résilientes, conformément à l’objectif 9.  Elle considère l’objectif 16 d’une société plus inclusive comme un pilier des ODD et a décidé une réforme visant une plus grande transparence.  Une réforme du secteur de la santé est aussi en cours, avec le lancement d’un grand programme de santé universelle en 2013.  La Géorgie dispose d’un bon secteur énergétique mais cherche à trouver des sources supplémentaires d’énergie, par le biais des centrales thermiques.

M. Zalkaliani a rappelé que le pays est affecté par un conflit et une occupation qui sapent les efforts de réconciliation et le développement d’une société inclusive.  La Géorgie reste toutefois engagée en faveur d’une politique de dialogue avec les populations des régions occupées.  Le Gouvernement prévoit la création d’un conseil de coordination avec la société civile, le secteur privé et le milieu universitaire pour assurer leur participation à la réalisation des ODD.

Plusieurs difficultés ont été décelées en ce qui concerne la collecte et l’analyse de données ventilées.  Pour la période à venir, la Géorgie va demander à la communauté internationale une assistance à la mise en place d’un système performant de collectes de données ventilées.  M. Zalkaliani a souligné à plusieurs reprises l’importance du Bureau d’information des Nations Unies en Géorgie, qui participe activement aux côté du Gouvernement à la mise en œuvre des ODD.

M. Y. HALIT ÇEVIK (Turquie) a rappelé que le Programme 2030 constitue un cadre ambitieux qui nécessite un leadership fort de la part des gouvernements.  La Turquie est déterminée à prendre toutes les mesures nécessaires pour réaliser les ODD en 2030 et a préparé son rapport volontaire avec la contribution de tous les acteurs de la société, et le Bureau des Nations Unies dans le pays.

M. Çevik a d’abord rappelé que la Turquie avait accompli beaucoup de progrès pour réaliser les OMD, étant l’un des 10 pays qui ont obtenu les meilleurs résultats en moyenne annuelle pendant les 15 ans de l’exercice.  En outre, les efforts réalisés à cette occasion ont permis aux dirigeants politiques et praticiens d’adopter une vision holistique du développement qui sera utile pour la réalisation des ODD.  Lors de la décennie écoulée, la Turquie a lancé un modèle de développement qui tient compte du développement humain.

Le concept de développement durable existe depuis longtemps dans le pays, a poursuivi M. Çevik. Le pays l’intègre dans des plans nationaux depuis le Sommet de Rio de 1992 et leur analyse montre une grande cohérence avec les ODD.  De ce fait, la Turquie entend mettre en œuvre le Programme 2030 en fonction de ses priorités nationales et intégrera les ODD comme un élément essentiel de son nouveau plan national cette année.  Par ailleurs, ses institutions travaillent à intégrer les ODD dans différents plans d’actions et programmes sectoriels.

La Turquie considère la bonne gouvernance comme le quatrième pilier du développement durable.  En Turquie, c’est le Ministère du développement qui est chargé de la programmation et il existe depuis 2004 une Commission nationale du développement durable chargée de la coordination des différentes structures compétentes.  Le Gouvernement examine actuellement la possibilité de monter au plus haut niveau possible le processus de prise de décisions relatif aux ODD, mais les institutions existantes sont considérées comme pratiques et utiles.  Le pays compte aussi mettre en place un système qui assure la participation des autres acteurs: secteur privé, société civile, milieu universitaire.

La Turquie a l’intention de mettre en place un cadre conforme à celui des Nations Unies pour assurer le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre des ODD.  Des rapports nationaux seront préparés sur une base périodique et l’Institut central de la statistique jouera un rôle clef.  Le pays dispose depuis 2000 d’un ensemble de 132 indicateurs de développement durable, qui couvre déjà 45% des indicateurs des ODD.  L’institut lancera prochainement une étude sur la manière de combler le fossé actuel.

Les moyens de mise en œuvre des ODD exigent des finances, le transfert de compétences et de technologies et un accès au marché.  Le financement international doit jouer un rôle important mais il est clair que les ODD ne pourront être financés simplement par une hausse de l’APD.  D’autre part, les crises humanitaires à travers le monde sont fortement connectées au niveau de développement des pays concernés, ce qui signifie que l’assistance humanitaire doit marcher main dans la main avec l’aide au développement et non être mise en concurrence avec elle.

Pays à développement relativement rapide, la Turquie est très consciente de la nécessité de ne pas faire de laissé-pour-compte, a encore déclaré M. Çevik.  La Turquie est un pays donateur émergent, qui a versé quelque 3,9 milliards de dollars au titre de l’APD en 2015, soit 0,54% de son PIB, approchant ainsi l’objectif de 0,7%, et ce, malgré la crise humanitaire persistante dans la région.  Le représentant a rappelé à cet égard que son pays accueille 2,7 millions de réfugiés syriens et ressent, en tant que voisin, les multiples effets de cette tragédie.  La Turquie espère que la communauté internationale fera preuve de la solidarité nécessaire et acceptera de porter sa part du fardeau.

Remerciant les quatre intervenants, M. THORIQ IBRAHIM, Ministre de l'environnement et de l’énergie des Maldives, s’est félicité des diverses innovations et a noté l’accent mis sur les priorités nationales.  Il a insisté sur les partenariats lesquels ne doivent pas se faire au détriment des obligations au titre de l’APD et encore moins la remplacer.  Les bailleurs de fonds devraient éviter de fixer des limites étroites aux partenariats et tenir compte des priorités des pays bénéficiaires.  À combien estimez-vous le coût de la mise en œuvre du Programme 2030? a demandé la représentante de l’Argentine aux quatre intervenants.  Le financement est la clef de toute la réalisation des ODD, a souligné le Premier Ministre norvégien.  Les pays qui sont en situation de coopérer avec d’autres, comme la Norvège, doivent continuer de le faire et donner en même temps l’exemple au plan national.  Que fait la Norvège pour changer les modes de consommation? a demandé le représentant du grand groupe des jeunes.  La Norvège, comme tous les pays industrialisés n’a pas de système de consommation durable, a avoué Mme Solberg, qui a précisé, à titre d’exemple, que le pays prend des mesures pour réduire les déchets alimentaires, ramenés à 25% pour une moyenne mondiale de 30%. 

Que fait Madagascar pour créer des emplois décents en faveur des jeunes?  Le sous-emploi représente plus de 70% des personnes actives, a indiqué le Ministre malgache de la planification économique.  La Turquie s’étant vue demander ce qu’elle comptait faire pour les femmes, M. Çevik a déclaré que la priorité consistait à lutter contre les violences qui leur sont faites, à assurer leur accès égal à l’éducation et à les autonomiser.  Il a fait observer que, depuis l’année dernière, l’égalité entre les sexes est acquise au Ministère des affaires étrangères.  Face à la même question, le Ministre géorgien a fait observer que la Géorgie avait fait l’objet d’une évaluation « très positive ».  Le représentant de l’Union interparlementaire s’est pour sa part félicité que le rôle des parlements dans la mise en œuvre et le suivi des ODD ait été reconnu, tout en estimant qu’il reste beaucoup à faire.

Finlande, Samoa, Ouganda et Allemagne

M. KIMMO TIILIKAINEN, Ministre de l’agriculture et de l’environnement de la Finlande, a insisté sur le fait que les droits de l’homme et l’égalité des sexes sont au centre de la mise en œuvre du Programme 2030.  « Ne laisser personne sur le côté » est la pierre angulaire de la société finlandaise.  Des décisions ont été prises pour l’égalité des chances, grâce au système de sécurité sociale.  Mais des inégalités dans l’accès à la santé et au travail décent persistent tout comme l’accès universel à une éducation de qualité. 

La Finlande a une longue tradition de promotion de l’égalité des sexes.  42% des membres du Parlement sont des femmes.  Cette lutte a été gagnée grâce à la réalisation des droits sexuels et reproductifs et à une lutte acharnée contre la violence faite aux femmes et pour l’égalité salariale.  Dès 2016, un mécanisme de coordination a été créé pour la mise en œuvre nationale du Programme 2030 qui regroupe, entre autres, tous les ministères.  Il faudra encore renforcer la sensibilisation des autres parties prenantes, y compris les jeunes et les enfants, les migrants et les personnes handicapées.  La lutte contre les changements climatiques, l’exploitation des ressources naturelles, le développement économique et le plein emploi sont les principaux défis de la Finlande. 

La Finlande s’engage à faire un suivi et un examen systématiques, transparents et participatifs de la mise en œuvre du Programme 2030.  Le rôle du Parlement national est fondamental à cet égard et les indicateurs nationaux seront révisés cette année.  En février dernier, le Gouvernement a renouvelé sa politique de développement guidée par le Programme 2030 dont le centre est l’éradication de l’extrême pauvreté, la réduction des inégalités et les droits de l’homme.  Quatre domaines prioritaires ont été choisis: les droits des femmes et des filles, l’amélioration des économies des pays en développement, l’appui à la création de sociétés démocratiques et la bonne gouvernance, et la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau et à l’énergie et la durabilité des ressources naturelles. 

M. SILI EPA, Ministre des finances de Samoa, a mis en exergue les quatre messages clefs du processus d’examen: l’importance d’utiliser les ressources, les systèmes et les institutions existantes pour appuyer la « contextualisation » du Programme 2030; la centralité des données et des statistiques pour le suivi de la mise en œuvre; l’intégration des trois piliers du développement durable dans la stratégie nationale de développement; et les investissements dans les capacités humaines et institutionnelles. 

Comme tous les petits États insulaires en développement, le Samoa est caractérisé par sa petite taille, son extrême isolement, ses ressources limitées, sa dispersion géographique, son éloignement des marchés, son absence d’économie d’échelle, ses faibles capacités, sa vulnérabilité aux changements climatiques, aux catastrophes naturelles et aux crises mondiales. 

Au regard des 230 indicateurs du Cadre mondial, le Samoa s’est rendu compte que 52 indicateurs font déjà partie des données de son Bureau des statistiques et que 94 indicateurs développés au niveau sectoriel s’alignent sur ceux du Cadre mondial.  Ces 146 indicateurs seront utilisés pour mesurer les progrès et les 80 restants seront classés dans le dernier tiers. 

De cette première évaluation, le Samoa a appris que la correspondance entre les indicateurs mondiaux et nationaux contribue à renforcer les capacités statistiques.  Le pays a aussi appris l’importance qu’il y à développer des feuilles de route nationales et régionales de mise en œuvre.  Il s’est rendu compte de son leadership politique et technique capable d’articuler des plans stratégiques clairs.  Le pays a aussi travaillé à une mise en œuvre contextualisée mais a besoin de renforcer ses capacités et d’élaborer un plan plus facile à comprendre avec des processus simplifiés et une faculté de collecte, d’analyser et d’exploiter les données. 

M. MATIA KASIJA, Ministre de finances, du plan et du développement économique de l’Ouganda, a d’abord souligné que le Programme 2030 complète l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Le Gouvernement vient de lancer son deuxième Plan national de développement qui consacre la part belle au développement des secteurs agricole, pétrolier et gazier.  La mise en œuvre du Programme 2030 exige des ressources et c’est la raison pour laquelle, la loi des finances 2015 a été simplifiée et le partenariat public-privé a été renforcé.  S’agissant de la gestion des effets des changements climatiques, l’Accord de Paris est en voie de ratification.  En outre, le Gouvernement a créé un groupe de travail sur les changements climatiques et une autorité nationale sur le climat.  De nouveaux indicateurs ont été mis au point afin de mesurer les progrès et, à moyen terme, le Gouvernement a pour objectif d’accélérer l’industrialisation en vue d’une croissance inclusive. 

M. THOMAS SILBERHORN, Secrétaire d’État chargé de la coopération économique et Mme RITA SCWARZELÜHR-SUTTER, Secrétaire d’État chargé de l’environnement, de la conservation de la nature, de la construction et de la sûreté nucléaire du Gouvernement fédéral de l’Allemagne, ont dit que l’Allemagne s’est engagée à suivre le Programme 2030.  Tous les quatre ans, des rapports de mise en œuvre seront élaborés.  Deux aspects sont très importants: le développement socioéconomique et la protection de l’environnement.  Les questions qui se posent à l’Allemagne sont: comment contribuer au bien-être dans le monde et comment aider les autres?

La priorité reste la lutte contre la faim dans le monde.  Pour y parvenir, l’Allemagne encourage une agriculture saine et un mode de consommation viable.  Au niveau mondial, il est nécessaire de limiter les spéculations sur les produits alimentaires et de créer des initiatives multipartites comme notamment le partenariat sur le textile durable, et améliorer les conditions de vie des producteurs.  D’ici à 2020, l’importation allemande de textile sera dictée par la nécessité de protéger l’environnement et la viabilité.  L’Allemagne a également pris 100 mesures pour la réduction de l’émission des gaz à effet de serre, militant pour la « décarbonisation » de l’économie mondiale.  Défendre le climat, c’est protéger ceux qui sont les moins capables de résister aux changements climatiques et l’Allemagne a développé un programme en leur faveur.  Les deux Ministres ont reconnu que beaucoup reste à faire pour réaliser le Programme 2030.  Il faut pour cela une nouvelle culture de la viabilité.  Ils ont annoncé que l’Allemagne participera en 2021 aux examens nationaux. 

La représentante du grand groupe des jeunes a dénoncé la baisse de budget de la lutte contre les inégalités en Finlande et en Allemagne.  Les gouvernements ont en effet besoin de la société civile pour leur rappeler ce qu’il faut corriger, a commenté le Ministre finlandais.  Le fait que l’on n’obtienne pas toujours les résultats escomptés ne veut pas dire qu’il faut baisser les bras.  Le Secrétaire d’État allemand a, s’agissant de l’égalité des sexes, appelé le secteur privé à faire sa part.  Il a tout de même souligné que selon une récente étude de l’OCDE, les inégalités salariales entre les hommes et les femmes en Allemagne sont parmi les plus faibles au monde.

Comment faites-vous pour faire le lien entre le Programme 2030, les « Orientations de Samoa » et l’Accord de Paris sur le climat? a demandé la Ministre des femmes du Paraguay.  Son homologue des finances de Samoa a répondu que les « Orientations de Samoa » constituent l’outil principal pour le développement des pays comme le sien.  Interrogé par la Chargée de recherche principale sur les questions internationales à l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité, sur le rôle de la société civile en Ouganda, le Ministre ougandais des finances a répondu qu’un mécanisme a été créé afin de consulter la société civile et le secteur privé sur l’élaboration du budget national.  

Le modérateur, M. BABATUNDE OSOTIMEHIN, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), s’est réjoui que le débat ait parlé des droits de l’homme, de l’équité et des données.  Il a ajouté que parvenir à l’égalité des sexes signifie libérer des fonds pour tout ce qui concerne les femmes et les filles.  Pour ce faire, il faut faire participer le secteur privé et la société civile.  « 2030, c’est déjà demain », a-t-il prévenu.

Débat de haut niveau

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que Le Forum politique de haut niveau tient sa première réunion depuis l’adoption du Programme 2030.  En tant que plate-forme mondiale d’examen et de suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, le Forum compte sur la participation de tous.  Le Programme 2030 représente l’espoir pour les gens, la planète, la paix et la prospérité, a ajouté le Secrétaire général.

M. Ban a ensuite présenté son premier rapport d’étape sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable, en précisant qu’il se fonde sur les chiffres officiels fournis par le Groupe d’experts des Nations Unies et de l’extérieur chargé des indicateurs relatifs aux objectifs de développement durable.  Le rapport, qui sera publié chaque année, sera un véritable repère jusqu’en 2030, a estimé M. Ban, puisqu’il fournira des données précises sur la situation du monde au regard des 17 ODD.

Les données montrent qu’une personne sur huit continue de vivre dans la pauvreté extrême, que près de 800 millions de personnes souffrent de la faim, que la naissance de près d’un enfant sur quatre âgés aujourd’hui de moins de 5 ans n’a pas été enregistrée, que 1,1 milliard d’êtres humains vivent sans électricité ou encore que le manque d’eau en affecte plus de deux milliards, a relevé le Secrétaire général.

Les données du rapport montrent qu’il est essentiel de mener des actions ciblées en faveur de ceux qui sont les plus à la traîne, ce qui ne sera possible que si l’on dispose d’indicateurs pour tous les groupes, y compris sur ceux qui, souvent, ne sont pas pris en compte.  Le Secrétaire général a donc appelé à une mobilisation dans la collecte et l’analyse des données statistiques.

M. Ban s’est ensuite attaché à l’un des défis de notre temps qui exige une action immédiate: les changements climatiques, dont l’actualité nous montre chaque jour ses effets néfastes.  Le Secrétaire général a rappelé qu’en avril, la majorité des États avait signé l’Accord de Paris conclu le 12 décembre 2015, avant d’ajouter qu’il fallait désormais le faire entrer en vigueur, ce qui suppose la ratification par 55 pays responsables ensemble d’au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre.  Or, on ne compte actuellement que 19 ratifications, ce que le Secrétaire général a jugé « absolument pas suffisant », même s’il s’est félicité de ce que 40 États se soient engagés à ratifier l’Accord, avant la fin de l’année 2016.  M. Ban a donc annoncé la tenue, le 21 septembre au matin, au début du Débat général de la soixante-onzième session de l’Assemblée générale, d’une cérémonie de dépôt des instruments de ratification aux Nations Unies.  Pour M. Ban, il serait « merveilleux » de voir entrer en vigueur l’Accord de Paris avant la prochaine réunion des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques –COP22- qui se tiendra à Marrakech au Maroc du 7 au 18 novembre prochain.  Il a en tout cas demandé à tous les États de passer par un processus accéléré de ratification.

Le Secrétaire général a aussi félicité les 22 pays qui ont présenté volontairement leur rapport de mise en œuvre du Programme 2030 à l’issue de la première année.  Il a demandé aux États d’intensifier leurs efforts et de faire participer pleinement le secteur privé et la société civile à la mise en œuvre et au suivi des objectifs de développement durable.

M. Ban a encore rappelé que le Programme 2030 avait besoin d’un système de développement des Nations Unies plus vigoureux, avant de rappeler qu’un Groupe indépendant d’experts avait présenté récemment à l’ECOSOC la vision d’un tel système travaillant à l’unisson.

Nous devons apprendre à réfléchir de manière différente, a poursuivi le Secrétaire général.  Il faut pour cela des politiques ciblées, des données ventilées et des politiques actives.  Il faut briser les cloisons entre les aspects sociaux, économiques et environnementaux du développement durable, mais aussi au sein des gouvernements, entre les gouvernements et la société civile et entre le secteur public et le secteur privé.

Le Secrétaire général a rappelé plusieurs initiatives déjà prises, comme le Mécanisme de facilitation des technologies, la tenue en juin du premier Forum sur la science, la technologie et de l’innovation, le Forum de l’ECOSOC sur le financement du développement ou la publication du rapport mondial sur le développement durable.  Il a rappelé que la quatorzième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XIV) réunie actuellement à Nairobi se concentre sur la concrétisation des engagements dans le Programme 2030.

Rappelant que pour réaliser les objectifs de développement durable, il faudra des financements innovants et des partenariats inclusifs, le Secrétaire général a dit attendre beaucoup du Forum de l’ECOSOC sur la coopération pour le développement qui commencera ses travaux jeudi, avant de rappeler que le Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement avait donné un cadre d’ensemble.  Il a aussi demandé que les engagements en matière d’aide publique au développement (APD) soient respectés et que la qualité de cette aide soit améliorée, avant d’ajouter que la coopération Sud-Sud devrait aussi jouer un rôle complémentaire. 

À la fin de son allocution, le Secrétaire général a dressé un bilan de son action personnelle, expliquant qu’au cours de ses neufs ans et demi de mandat, il avait donné la priorité absolue à l’établissement des fondations pour un avenir viable de la planète et de sa population.  « Nous avons pris un bon départ, engageons-nous à ne pas nous reposer avant d’avoir atteint un monde de paix, de dignité et d’égalité des chances », a-t-il conclu.

M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales (DAES) a présenté le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015 « Concrétiser les engagements » qui relève que le Programme 2030 constitue un changement fondamental de la façon d’envisager le développement et la coopération internationale.  Le rapport expose notamment les mesures qui pourraient être prises pour donner le coup d’envoi décisif de la mise en œuvre du Programme 2030.  Il souligne le rôle central de l’appropriation nationale et la nécessité de faire concorder les politiques et les plans de développement durable existants avec le Programme 2030.

Le rapport précise que l’ONU devra montrer l’exemple en améliorant la cohérence du système et en intégrant les principes et les objectifs du Programme 2030 aux politiques et programmes à tous les niveaux.  En particulier, le système du Conseil économique et social devra renforcer sa contribution aux progrès effectués en matière de développement durable, en favorisant l’établissement de normes mondiales, la constitution d’un socle commun de connaissances et l’élaboration de recommandations pratiques, et en apportant un appui au suivi et à l’examen de la mise en œuvre du Programme 2030, qui devront se faire de manière cohérente et inclusive.

Le Secrétaire général adjoint a également présenté une note du Secrétaire général consacrée aux infrastructures au service du développement durable pour tous, destinée à éclairer les États Membres sur les tâches qui attendent l’Instance mondiale dédiée aux infrastructures.  Le rapport affirme que les infrastructures sont essentielles au développement durable car elles stimulent la croissance économique, le développement social et la protection de l’environnement.  Il faut retenir des approches intégrées et axées sur l’être humain si l’on veut que les infrastructures contribuent à concrétiser la conception du développement exposée dans le Programme 2030. 

Concevoir et bâtir des infrastructures résilientes, durables et accessibles à tous est un enjeu de portée universelle qui doit, à tous les niveaux, constituer une priorité et servir à cristalliser le développement durable.  Combler les lacunes qui existent en matière d’infrastructures à l’échelle mondiale est aussi un défi de taille.  L’action menée doit cibler les pays où les infrastructures sont le plus déficientes, en particulier les pays qui ont des situations particulières.  Le Programme d’action d’Addis-Abeba appelle à épauler davantage les pays qui ont besoin d’aide, notamment sur le plan financier et en matière de renforcement des capacités.  Les organismes des Nations Unies doivent intensifier l’action qu’ils mènent, tout en donnant suite à la recommandation formulée dans le Programme 2030, selon laquelle il faut recourir à des moyens novateurs et dynamiser la volonté et l’action politiques.

M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Président du Comité des politiques de développement, s’est attardé sur la capacité de production qui apparaît dans plusieurs objectifs du Programme 2030.  Pour la renforcer, le Président a appelé à un appui international, en particulier pour les pays les moins avancés (PMA) car malgré leur croissance économique, ces pays, s’est-il expliqué, ont du mal à transformer et à diversifier leur économie.  Sans transformations structurelles, ils ne pourront pas réaliser les objectifs de développement durable et comme il n’y a pas de solution à taille unique, le risque de donner ou pas la priorité au détriment ou au profit des autres ODD doit être atténué par des politiques nationales et internationales « sur mesure ». 

Dans sa longue déclaration, le Président a recommandé à l’ECOSOC d’appeler les gouvernements des PMA à élaborer et mettre en œuvre des stratégies visant à accélérer la croissance économique et à promouvoir la transformation de leur économie.  Ces stratégies ne doivent en aucun cas aggraver la situation des défavorisés et abîmer l’environnement.  La communauté internationale devrait de son côté renforcer son appui aux PMA par un accès préférentiel aux marchés et des subsides « aide pour le commerce » pour renforcer les capacités d’innovation et contribuer plus largement aux ODD.  La communauté internationale devrait aussi renforcer la coopération internationale en matière fiscale pour faire en sorte que les investisseurs étrangers payent leur dû au fisc, surtout dans les secteurs des mines et autres ressources naturelles.  Il faut aussi accorder l’attention requise à la lutte contre les flux financiers illicites associés à l’évasion fiscale. 

L’ECOSOC, a poursuivi le Président, devrait également demander aux donateurs de respecter leurs engagements en matière d’APD et de la dissocier des autres apports financiers dont ceux pour le climat et le commerce.  L’APD, qui est par nature une transaction transfrontière, ne devrait pas inclure les dépenses faites chez les donateurs comme la réinstallation des réfugiés ou les coûts administratifs de la coopération.  Les flux privés doivent être distincts de l’APD et les pays en développement comme les donateurs émergents doivent pouvoir participer aux discussions sur tout nouveau cadre de financement du développement, et en toute transparence.  Ce jeudi 21 juillet, a annoncé le Président, la Commission des politiques de développement et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) organisent une table ronde de haut niveau sur ces questions.

Dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a plaidé Mme SAMANTHA POWER (États-Unis), il faut que la collecte des données soit plus transparente.  Trop souvent, s’est-elle expliquée, les gouvernements sont tentés de cacher leurs lacunes derrière des données erronées.  Les États-Unis ont la ferme intention de mettre en place un système de suivi transparent en ligne.  Tous les États devraient faire pareil.

Mme Power a invité la communauté internationale à puiser dans l’innovation et la créativité de la société civile, du secteur privé et du monde universitaire.  Il est surprenant de voir, a-t-elle regretté, que malgré le rôle positif qu’elle joue, la société civile soit toujours vue, dans de nombreux États, comme un ennemi.  Elle a, à titre d’exemple, cité le fait que des pays aient bloqué l’octroi du statut consultatif auprès de l’ECOSOC à une organisation de défense des journalistes.  Elle a aussi déploré les obstacles à la participation de la société civile aux travaux de l’Assemblée générale dont viennent d’être victimes certaines organisations LGBT qui œuvrent pourtant activement dans la lutte contre le VIH/sida.

M. LUBOMIR ZAORALEK, Ministre des affaires étrangères de la République Tchèque, a indiqué qu’un nouveau cadre stratégique de développement national est en cours d’élaboration.  Tous les acteurs sociaux y sont associés, et ce cadre qui entrera en vigueur en 2018 mettra l’accent sur les politiques sociales.  Des domaines prioritaires y sont également identifiés, notamment la bonne gouvernance, la gestion durable des ressources naturelles, l’agriculture, ainsi que l’emploi productif, un domaine de première importance dans l’optique de l’éradication de la pauvreté, a-t-il précisé.  Il a aussi souligné l’importance de l’égalité des sexes, arguant que cela aurait un effet multiplicateur sur la réalisation des autres objectifs de développement durable.  Il a affirmé que la République tchèque entend jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, et c’est pour cette raison que son pays a présenté sa candidature à la vice-présidence de l’ECOSOC.

M. LI BAODONG, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Chine, a mis l’accent sur la nécessité de créer un sentiment fort de « communauté de destin » et de bâtir un environnement international favorable à la mise en œuvre du Programme 2030.  Sans paix ni stabilité, il y a peu de chance d’aboutir au développement et à la prospérité, a-t-il dit. 

Les États, a-t-il ajouté, devraient suivre les aspirations de leurs peuples, rechercher la coexistence pacifique, respecter les buts et principes de la Charte des Nations Unies, élaborer un nouveau modèle de relations internationales basé sur une coopération « gagnant-gagnant » et créer un environnement pacifique, stable et harmonieux aux niveaux régional et international.

Le représentant a en outre défendu le principe d’une approche centrée sur les personnes, ainsi que la participation de tous au développement durable.  « La tâche principale de gouvernance est d’enrichir les gens », a-t-il ainsi déclaré.  Il convient, selon lui, d’adopter une approche intégrée dans la planification et la mise en œuvre en vue de faciliter des progrès coordonnés dans les différentes instances économiques, sociales et environnementales. 

De même, le délégué chinois a plaidé en faveur d’une amélioration des partenariats mondiaux afin d’aider les pays dans le processus de mise en œuvre.  Le rôle central des Nations Unies doit être appuyé pour renforcer la structure de la coopération internationale au développement, a ajouté M. Li. 

La Chine, plus important pays en développement du monde, et qui assure en 2016 la présidence du G20, a œuvré activement au sein de cette plate-forme macroéconomique mondiale en vue d’y accorder la priorité, pour la première fois, à la question du développement.  Le représentant a ainsi fait état de la formulation d’un Plan d’action du G20 sur la mise en œuvre du Programme 2030.

Pour M. KIMMO TIILIKAINEN, Ministre de l’agriculture et de l’environnement de la Finlande, il n’est pas encore possible d’évaluer les progrès réalisés dans la mise en œuvre des ODD mais beaucoup de pays se sont déjà dotés de plans et de procédures.  Ainsi, la Finlande est l’un des 22 États à avoir présenté volontairement un rapport de mise en œuvre.  Le rapport du Secrétaire général a pour sa part donné un bon aperçu de la situation mondiale et les différents groupes ont présenté des contributions importantes.  Le Ministre a insisté sur l’urgence à agir collectivement pour contrer les effets des changements climatiques, tout en assurant le développement durable qui façonne la coopération au développement de la Finlande, laquelle met l’accent sur la promotion des droits de la femme et des filles, la démocratie, l’accès à l’alimentation, à l’eau et à l’énergie, ainsi qu’à l’utilisation durable des ressources naturelles.  Le Forum doit envoyer un message fort aux parties prenantes et au système des Nations Unies sur ce qui doit être fait pour réaliser les ODD.  Une déclaration ministérielle en ce sens pourrait jouer un rôle important.  Il faut aussi des données statistiques efficaces et ventilées pour veiller à ce que personne ne soit laissé à la traîne. 

M. ARDALAN SHEKARABI, Ministre de l’administration publique de la Suède, a rappelé que le Premier Ministre de son pays avait lancé l’an dernier, avec d’autres, un Groupe de haut niveau à l’appui de la mise en œuvre du Programme 2030.  « Action 21 » adopté en 2000 avait déjà montré l’importance de l’action locale, a poursuivi le Ministre.  C’est pourquoi les différents niveaux locaux en Suède sont aussi responsables de la mise en œuvre des ODD.  La Suède s’est fixée par ailleurs des objectifs ambitieux dans certains domaines, par exemple devenir une nation sans combustibles fossiles d’ici à 2040.  Elle a aussi lancé un pacte mondial en faveur du travail décent et reste résolument attachée à l’égalité hommes-femmes.

Mme ANA MARIA BAIARDI, Ministre de la condition féminine du Paraguay, a appelé à des mécanismes adéquats pour assurer le suivi des politiques publiques.  Elle a également plaidé pour l’égalité entre les sexes et l’éradication de toutes les formes de violence à l’encontre des femmes.  La parité doit être assurée au niveau de la représentation dans les structures de prise de décisions, a-t-elle insisté, soulignant que sans la participation active des femmes à la mise en œuvre du Programme 2030, le développement ne saurait être durable.  La Ministre a également appelé à aider les pays vulnérables, notamment les pays en développement sans littoral.

M. ABDUL SATTAR MURAD, Ministre de l’économie de l’Afghanistan, a indiqué que son pays avait adopté une feuille de route nationale pour mettre en œuvre le Programme 2030.  Mon pays est entré dans la troisième étape de son processus de transformation, a-t-il dit.  Il a précisé qu’après la transformation sécuritaire et politique, son gouvernement s’attelait à promouvoir une économie qui soit moins dépendante de l’aide étrangère.  « Nous travaillons à de nouvelles réformes pour combler nos déficits budgétaire et extérieur et faire en sorte que chaque dollar soit dépensé de manière efficace », a affirmé le Ministre, ajoutant que plusieurs mesures de lutte contre la corruption ont été prises.  Il a rappelé que la Conférence sur l’Afghanistan qui doit se tenir à Bruxelles début octobre s’appuiera sur une série d’engagements réciproques pris par le Gouvernement afghan et ses partenaires au développement.  C’est un signal fort sur le caractère « irréversible » des gains enregistrés ces 15 dernières années, a-t-il dit.

Le Ministre a ensuite insisté sur les vulnérabilités particulières des PMA.  La bonne mise en œuvre du Programme 2030 exigera qu’une attention spéciale soit portée à ces pays, dont l’Afghanistan, a-t-il dit.  « Dans un tel contexte, remédier au décalage de cinq ans entre les OMD et les ODD est crucial pour mon pays. »  Il a insisté sur l’importance de la transition entre la phase de relèvement et la phase de développement.  Les efforts de l’Afghanistan pour promouvoir la croissance économique et le développement durable sont entravés par un conflit qui s’enracine dans le terrorisme international et l’extrémisme violent, a-t-il prévenu, soulignant à cet égard la pertinence de l’objectif 16 sur les sociétés pacifiques et saluant l’inclusion dans le projet de déclaration ministérielle de la nouvelle donne du G7+.

Mme SAHAR NASR, Ministre de la coopération internationale de l’Égypte, a déclaré que le principal défi de son pays est l’éradication de la pauvreté.  Elle a appelé la communauté internationale à favoriser l’accès des pays en développement au commerce international.  Elle a également indiqué que le terrorisme international est devenu un obstacle majeur au développement, et que de ce fait, des efforts concertés doivent être engagés pour éradiquer ce fléau.  Elle a estimé que les défis du développement durable ne peuvent être surmontés que par l’entremise d’un partenariat mondial, appelant notamment les pays développés à respecter leur promesse en matière d’aide au développement.

M. BOIMA S. KAMARA, Ministre des finances et du développement du Libéria, a expliqué que son pays, dont la fragilité vient d’être aggravée par l’épidémie à virus Ebola, faisait face à des défis conséquents dans la mise en œuvre des ODD.  Ces objectifs ont été promus au niveau national par la Présidente libérienne en janvier dernier, a-t-il dit, soulignant ce faisant la volonté politique de son pays.  M. Kamara a ensuite affirmé que son gouvernement prenait des mesures en vue d’une transformation structurelle de l’économie pour réduire la dépendance aux ressources naturelles et promouvoir une croissance économique inclusive.  Le Libéria va également renforcer ses programmes de protection sociale afin de réduire le taux de pauvreté, remédier aux inégalités et aider les ménages les plus pauvres à gérer les risques de manière plus efficace.

Conscient de l’importance de mesurer les progrès dans la mise en œuvre de ces ODD, le Ministre a affirmé que son pays avait mis en place à cette fin une structure institutionnelle réunissant toutes les parties prenantes.  « Notre expérience s’agissant de la mise en œuvre des OMD nous a appris à nous méfier des cibles trop ambitieuses qui ont de l’attrait sur le papier mais qui ne sont pas réalistes. »  En conclusion, M. Kamara a souhaité que les travaux autour des indicateurs tiennent compte de la marge de manœuvre politique des pays qui doivent pouvoir élaborer leurs propres indicateurs de performance.  Cela demandera une amélioration de la collecte de données, a-t-il affirmé.

M. ALAIN WONG, Ministre de l’environnement, du développement durable et de la gestion des catastrophes naturelles et des plages de Maurice, s’est dit fier que son gouvernement ait placé l’homme au centre du développement économique dès l’indépendance en 1968.  Maurice a utilisé toute l’APD possible pour se transformer.  Le pays est toutefois victime de son succès, étant privé de certaines facilités depuis qu’il n’est plus un PMA.  Maurice a donc élaboré une Vision 2030 basée sur les ODD pour atteindre un autre niveau de développement.  Toutefois, elle fait face à de nombreux défis: les risques d’une stagnation économique, de la hausse du chômage chez les jeunes et de l’augmentation des maladies non transmissibles.  Le pays est aussi exposé aux conséquences des changements climatiques, dont des ouragans très violents qui ont le potentiel de ruiner les efforts réalisés à ce jour. 

Maurice demande donc une assistance internationale, tout en mobilisant ses ressources intérieures, y compris par une collecte plus efficace des impôts.  Elle a aussi besoin de bonnes capacités pour attirer les investissements et développer les cadres réglementaires du secteur privé.  Vision 2030 se fonde notamment sur l’économie bleue, qui représente un potentiel considérable mais qui exige de gros investissements.  Maurice est prête à faire le lien entre le système des Nations Unies et les autres partenaires au développement.  

Mme ROSALIE MATONDO, Ministre de l’économie forestière, du développement durable et de l’environnement du Congo, a déclaré que le Programme 2030 représentait une opportunité indéniable pour répondre aux défis multiples auxquels la planète est confrontée.  La Ministre a rappelé que l’Afrique avait produit son propre document régional de planification pour le développement, l’Agenda 2063.  Le Congo prépare pour sa part son nouveau programme de développement 2017-2021, qui épouse parfaitement les objectifs du Programme 2030.  Il remercie les Nations Unies pour leur assistance, qui lui a permis d’atteindre certaines cibles du développement, en particulier en matière de santé, comme la prise en charge totale du traitement antipaludéen des femmes enceintes et des enfants ou la gratuité depuis 2007 des médicaments antirétroviraux contre le VIH/sida.  Le taux de pauvreté est passé à 36%, contre 50% dans les années 2000 mais reste encore trop élevé, a déploré Mme Matondo. 

La Ministre a ensuite présenté toute une série de mesures de gestion durable des systèmes forestiers, mises en œuvre depuis 2000.  Elle a cité parmi les nombreux défis à relever l’emploi des jeunes, la lutte contre la faim et la pauvreté, l’approvisionnement en eau potable et en électricité.  Elle a estimé que la stratégie nationale de développement durable constituera une avancée majeure en termes de cadre de travail.

M. EDGAR GUTIÉRREZ ESPELETA, Ministre de l’environnement et de l’énergie du Costa Rica, a fait observer que son pays a procédé à un diagnostic de la situation nationale en vue d’établir un plan de développement qui tienne compte des objectifs de développement durable.  Ces derniers ont été du reste classifiés en fonction des priorités nationales.  Le Costa Rica entend continuer à proposer des solutions innovantes pour redonner espoir aux générations futures, a-t-il promis. 

Il s’est ensuite exprimé en qualité de deuxième Président de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (UNEA), dont la dernière session, tenue en mai dernier à Nairobi, a permis aux ministres de l’environnement d’adopter des résolutions sur divers sujets relatifs au développement durable.  Il a conclu en soulignant l’importance de l’intégration des politiques et la nécessité de renforcer les liens entre les trois piliers du développement durable, à savoir le pilier économique, le pilier social et le pilier environnemental.  

M. GEORGES WEMBI LOAMBO, Ministre du plan et du suivi de la révolution de la modernité de la République démocratique du Congo (RDC), a parlé du Plan stratégique national de développement visant à faire de la RDC un pays à revenu intermédiaire à l’horizon 2021 et un pays émergent en 2030 et un pays développé en 2050.  Le Plan, qui tient compte des questions relatives aux changements climatiques vu l’implication de la RDC dans l’Accord de Paris, sera opérationnalisé à travers des plans quinquennaux dont le premier concerne la période 2017-2021.  Dans cette perspective, le Gouvernement a lancé la mise en œuvre des ODD dès l’année 2016 et mené des actions de sensibilisation et de vulgarisation.  Il a aussi élaboré un guide de suivi et évaluation qui comprend un dispositif politique et un dispositif technique à deux niveaux: national et provincial.  Pour renforcer le suivi de la mise en œuvre des ODD, un « Observatoire congolais du développement durable » a été créé. 

S’agissant de la contextualisation des ODD, une formation sur l’analyse rapide intégrée (RIA) a été organisée en faveur des cadres nationaux, de la société civile, du monde scientifique et du secteur privé.  Avant de conclure, le Ministre a attiré l’attention sur les questions particulières suivantes: l’assouplissement des conditionnalités des bailleurs de fonds, le renforcement du système statistique national et la diversification des sources de financement.

M. JONG-MOON CHOI, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, a d’abord parlé des inégalités croissantes, soulignant qu’1% des gens les plus riches détiennent aujourd’hui la moitié des richesses mondiales.  Le Vice-Ministre a ensuite parlé des crises humanitaires, avec un record de 65,3 millions de déplacés dans le monde.  Après les réunions de Paris, de Bruxelles et d’Istanbul qui ont apporté des solutions novatrices et de nouveaux paradigmes depuis l’adoption du Programme 2030, le Vice-Ministre a attiré l’attention sur la réunion sur les vastes mouvements de réfugiés et de migrants prévue à la prochaine session de l’Assemblée générale et sur le Sommet des dirigeants sur les réfugiés, qu’organise le Gouvernement américain. 

De son côté, le Gouvernement coréen ne cesse de renforcer son appui aux pays fragiles et touchés par les conflits.  Il a mis en place, ce faisant, un programme novateur qui prélève 1 dollar sur chaque billet d’avion vendu en République de Corée au profit du Fonds mondial pour l’élimination de la pauvreté.  Près de 25 millions de dollars sont ainsi collectés par an pour promouvoir la santé et la sécurité des populations marginalisées dans les pays confrontés à des défis extrêmes.  En mobilisant l’opinion publique, l’initiative améliore aussi sa sensibilisation à l’importance de l’aide publique au développement (PAD).  Quant aux crises humanitaires, la République de Corée a lancé l’initiative « Better Life for Girls » qui appuie l’éducation, la santé et la formation des filles dans les endroits désavantagés.  Le pays a également, au cours de ces cinq dernières années, multiplié par 5 sa contribution à l’aide humanitaire.  « Ne laisser personne sur le côté » est un principe non négociable, c’est « l’impératif » qui doit être pris en compte dans toutes les politiques, a conclu le Vice-Ministre.

M. NGUYEN THE PHUONG, Vice-Ministre de la planification et des investissements du Viet Nam, a relevé qu’un plan d’action national a été élaboré dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  En tant que pays à revenu intermédiaire durement touché par les changements climatiques, le Viet Nam est préoccupé par la préservation des acquis dans un contexte d’incertitude climatique.  Cette situation renforce la vulnérabilité du pays, a dit le Vice-Ministre avant de plaider pour une résolution des Nations Unies relative aux indicateurs des objectifs de développement durable, afin de permettre aux États de s’appuyer sur une base claire pour le suivi. 

M. JESÚS MANUEL GRACIA ALDAZ, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Espagne, a estimé que le Programme 2030 était évidemment politique et qu’il fallait en faire une politique d’État par un dialogue constant avec les différents acteurs, ce qu’a fait le Gouvernement espagnol.  Celui-ci travaille aussi avec l’Institut national de la statistique pour assurer le suivi du Programme et a lancé un mécanisme de cartographie des politiques actuellement en œuvre afin d’articuler le Programme 2030 avec le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Plus de 50% des indicateurs recensés par la Commission de statistique des Nations Unies sont déjà couverts par les statistiques espagnoles.  Il reste encore à renforcer la mobilisation des ressources nationales et il ne fait pas de doute que les technologies joueront un rôle important.  L’Espagne restera engagée en tant qu’acteur national et international fiable.  Le nouveau contexte mondial est synonyme de défis mais aussi de débouchés, a conclu le Ministre. 

M. MOHAMMAD AL TUWAIJRI, Vice-Ministre de l’économie et de la planification de l’Arabie saoudite, a exprimé l’intérêt de son pays à prendre part à tous les efforts déployés aux plans mondial, régional et national pour mettre en œuvre le Programme 2030, qui est dans la ligne de ce qui a déjà été fait pour les OMD.  L’Arabie saoudite a lancé son programme Vision 2030 et un programme de transition connexe visant à réaliser les ODD sans « laisser personne sur le côté ».  L’Arabie saoudite a publié un décret royal pour désigner un organe chargé de suivre le dossier du développement durable et elle met en place les indicateurs de suivi nécessaires au plan national.  Le Ministre a insisté sur la nécessité de respecter la souveraineté nationale, les valeurs culturelles et sociales des États et la morale religieuse face à la montée en puissance de l’extrémisme violent et du terrorisme.  La communauté internationale doit être solidaire pour assurer la paix et la stabilité, prérequis du développement durable.  Il faut également reconnaitre le principe de la responsabilité commune mais différenciée dans la réalisation des ODD, a conclu le Ministre.

M. VASSILY NEBENZIA, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, s’est félicité de l’augmentation du volume de l’aide de son pays en faveur du développement international, précisant que cette aide a crû de 30% rien qu’au cours de l’année écoulée.  En Fédération de Russie, un groupe de travail interministériel a été mis en place afin d’assurer la coordination de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le suivi sera quant à lui effectué par les services fédéraux des statistiques.  Les entreprises russes, la société civile et d’autres acteurs sont également invités à apporter leur contribution, a dit le Vice-Ministre qui a insisté sur le rôle que devrait jouer les régions dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, soulignant également le rôle que pourraient jouer les commissions économiques régionales des Nations Unies.

M. MASAKAZU HAMACHI, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a relevé que le Japon a lancé un programme de promotion des objectifs de développement durable au niveau national.  Il a également rappelé qu’à la réunion du G7 de mai dernier que son pays a abritée, les dirigeants avaient pris l’engagement de soutenir ces objectifs.  Il a présenté un certain nombre d’initiatives que le Japon a mises en place dans le cadre de sa politique de coopération internationale, notamment en direction de l’Afrique.  Il a assuré que le Japon entend investir dans la diversification de l’économie du continent, son industrialisation et la mise en place de systèmes de santé plus résilients.  Son pays est aussi engagé dans la construction d’infrastructures de qualité, c’est pourquoi de grosses sommes ont été prévues pour les cinq prochaines années. 

M. ARVIND PANAGARIA, Vice-Président du Gouvernement NITI Aayog de l’Inde, a rappelé l’attachement de son pays aux ODD, du fait d’une corrélation très forte entre les ODD et la vision du développement du Gouvernement indien, notamment en matière environnementale.  Le Gouvernement prend les mesures initiales nécessaires pour établir un cadre de mise en œuvre des ODD dans un esprit de fédéralisme qui a conduit à l’augmentation des allocations aux différents États.  L’Inde présentera son premier rapport de mise en œuvre l’année prochaine, lequel montrera sans doute que le pays est sur la bonne voie.  Les pays développés doivent prendre la tête du mouvement en réduisant leurs émissions de carbone, en modifiant leur mode de vie et en aidant davantage les pays en développement.

M. MAJID BIZMARK, Directeur général des affaires environnementales et du développement durable du Ministère des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, a estimé qu’il fallait passer des vœux à l’action, ce qui suppose la solidarité internationale.  Le principe de responsabilité commune mais différenciée doit rester la pierre angulaire de cette action commune.  Malgré les sanctions injustes et illégales dont elle est victime, la République islamique d’Iran a déjà fait des pas vers la réalisation des ODD.  Le Gouvernement a en outre adopté deux lois pour renforcer la résilience de l’économie aux chocs extérieurs et pour renforcer la protection de l’environnement en mettant l’accent sur la promotion d’une économique verte.  Un véritable partenariat permettra de transformer les engagements pris en actes, a conclu le représentant.

M. HAMISH COOPER, Ministère des affaires étrangères et du commerce de la Nouvelle-Zélande, a fait état de la mise en place d’un mécanisme interagences transgouvernemental visant à appuyer les efforts de son pays susceptibles d’avoir le plus grand impact.  La Nouvelle-Zélande, a-t-il dit, reconnaît que les objectifs de développement durable sont indivisibles.  Toutefois, a-t-il ajouté, et ainsi qu’il l’est constamment rappelé dans le rapport du Secrétaire général, les pays ont besoin d’accorder la priorité au Programme 2030 en fonction de leur propre situation et de leurs besoins.

Au niveau mondial, a-t-il expliqué, la Nouvelle-Zélande continuera d’assurer son leadership sur un certain nombre de questions telles que l’élimination des subventions aux pêcheries qui contribuent à des activités de pêche illégale et des subventions inefficaces dans le domaine des combustibles fossiles, de pair avec l’amélioration de l’accès à l’énergie renouvelable dans le Pacifique et au-delà, la promotion d’un système commercial ouvert et régi par les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le plaidoyer en faveur des petits États insulaires en développement.

M. ATO AHMED SHIDE, Ministre des finances et de la coopération économique de l’Éthiopie, a indiqué que son pays a dûment intégré les objectifs de développement durable dans son Plan quinquennal de croissance et de transformation 2015-2020.  Après avoir donné un aperçu des efforts déployés dans la lutte contre la pauvreté, la protection sociale, la création d’emplois, le développement du secteur privé et l’économie verte, le Ministre a parlé de la mise en place d’un cadre cohérent et intégré pour le suivi de ces efforts.  La matrice actuelle du sous-développement a intégré les cibles du Programme 2030, ce qui permettra d’élaborer un rapport annuel sur les progrès.  Le Gouvernement s’attache en effet à mettre en place les cadres politiques et institutionnels nécessaires à une mise en œuvre cohérente qui « ne laisserait personne sur le côté ».  Grâce un partenariat revitalisé, au partage des expériences et à la création d’un environnement international favorable, l’Éthiopie est sûre que le monde pourra réaliser la vision d’une élimination « irréversible » de la pauvreté et d’une prospérité planétaire d’ici à 2030.

M. BERNARD KAMPHASA (Zambie) a dit que dans 15 ans, la mise en œuvre du Programme 2030 sera jugée à l’aune de la situation des groupes vulnérables.  Aujourd’hui, chaque pays doit avoir le droit de définir et de choisir ses propres priorités nationales.  Depuis 10 ans, la Zambie a connu un développement économique rapide et le Gouvernement se fonde sur ce succès pour élaborer son plan de développement 2017-2021 qui vise notamment à réglementer l’utilisation des richesses naturelles et accélérer l’industrialisation.  Le Plan a été élaboré dans le cadre d’un processus consultatif et intégré avec pour objectif fondamental la réduction de la pauvreté, le développement rural et la promotion de l’égalité des sexes.  Il vise aussi à augmenter la part des femmes dans les PME et à renforcer la productivité des PME zambiennes.  Les moyens pour y parvenir sont notamment les transferts de technologies et les partenariats, sans oublier les mécanismes nationaux de suivi.

M. DRAGAN ZUPANJEVAC (Serbie) a déclaré qu’en décembre 2015, son gouvernement a créé un groupe de travail interministériel chargé de surveiller et de coordonner la mise en œuvre du Programme 2030.  La prochaine étape est de commencer la « nationalisation » et la priorisation des 17 ODD et des 169 cibles et leur adaptation aux réalités et aux circonstances nationales.  Le développement d’indicateurs pour surveiller la réalisation des objectifs et des cibles est aussi perçu comme une condition essentielle.  Le Rapport mondial sur le développement durable de 2019 sera un indicateur important pour mesurer les progrès, avant 2020.  

Le Gouvernement de la Serbie a conclu avec l’équipe pays des Nations Unies un Cadre de partenariat pour le développement pour la période 2016-2020 qui contient cinq piliers et neuf résultats et couvre les domaines de la bonne gouvernance, l’état de droit, la santé, l’éducation, la croissance économique, l’amélioration de l’emploi, la protection de l’environnement, la culture et le développement. 

Mme ADEJOKE ORELOPE-ADEFULIRE, Assistante spéciale principale du Président du Nigéria chargée des objectifs du développement durable, a renouvelé l’engagement de son pays à opérer tous les changements nécessaires pour parvenir au développement durable.  Les engagements ne sont pas que financiers, a-t-elle fait observer.  En outre, les mesures devront être tant publiques que privées, nationales qu’internationales.  La mise en œuvre du Programme 2030 doit mettre l’accent sur la nécessité pour la communauté mondiale d’appuyer réellement les pays en développement dans la mobilisation de leurs ressources nationales.  Le Nigéria met pour sa part l’accent sur la lutte contre l’évasion fiscale, la diversification des recettes à l’exportation et la lutte contre les flux financiers illégaux.  Le Nigéria met aussi l’accent sur l’intégration et la cohésion des politiques.  Le Programme 2030 et les ODD ont l’avantage de fixer des objectifs clairs en matière de coopération, ce qui n’était pas le cas des OMD.  Il prévoit ainsi le renforcement de la coopération Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire.  Pour que les pays en développement deviennent autonomes, il faudra aussi améliorer les régimes commerciaux et intensifier le transfert des technologies.

M. NII MOI THOMPSON, Directeur général de la Commission de planification du développement national du Ghana, a expliqué que l’adoption du Programme 2030 avait coïncidé avec le milieu du Plan national 2014-2017.  Cette année, le Ghana a lancé un nouveau plan de développement à moyen terme 2018-2021.  Le Ghana doit aussi intégrer les 10 premières années de l’Agenda 2063 de l’Union africaine dans son cadre de développement national.  Il a adopté une triple stratégie d’alignement, d’adaptation et d’adoption-appropriation des différents programmes de développement en collaboration avec le secteur privé et la société civile.  La première étape du Programme 2030 fixe un horizon à 10 ans, a rappelé le représentant, qui a expliqué que le Ghana allait notamment améliorer ses infrastructures et mener des réformes structurelles -législatives, juridiques et institutionnelles- essentielles, afin d’améliorer la réactivité du Gouvernement aux besoins et aux revendications du peuple ghanéen.

M. BELKACEM BELKAID (Algérie) a indiqué que c’est à la faveur des résultats enregistrés ces 15 dernières années, que son pays a opté, dans la perspective de la mise en œuvre du Programme 2030, pour une approche de continuité et de consolidation des acquis en mettant en place des politiques et stratégies qui ont toutes pour dénominateur commun: le développement humain et social et la garantie d’une vie décente pour tous les citoyens.  Le pays a mis en place le plan d’action 2015-2019 et un rapport national final sur les OMD sera mis incessamment à la disposition du système des Nations Unies et des autres partenaires bilatéraux et multilatéraux.  Il s’agit d’un document de transition des OMD vers les ODD retraçant les progrès réalisés de 2000 à 2015.  Pour ce qui est des ODD, l’Algérie a déjà mis en place une structure nationale de coordination intersectorielle sous l’égide du Ministère des affaires étrangères.  La société civile est pleinement associée à ce processus.

Le représentant a prévenu que la mise en œuvre du Programme 2030 ne pourra se concevoir sans une véritable mobilisation politique et financière de la communauté internationale, en particulier au bénéficie de l’Afrique.  L’Algérie compte poursuivre son effort de solidarité et plaide pour une coopération renforcée et rénovée avec tous les partenaires en vue d’orienter aides et investissements vers les pays en développement.  Le représentant a réitéré son appel aux pays nantis pour qu’ils honorent leurs engagements en matière d’APD, en prévenant que la crise économique et financière mondiale ne saurait servir d’alibi.  Il a souligné que le transfert de technologies constitue un levier fondamental et accentué la nécessité d’une véritable réforme de la gouvernance économique mondiale. 

Mme BUSHRA AL-NUSSAIRY (Iraq) a dit que les priorités de son gouvernement sont notamment la réforme économique, l’amélioration du niveau de vie, la réforme institutionnelle contre les lourdeurs administratives et la lutte contre la corruption.  Pour ce faire, un programme de bonne gestion du développement a été créé.  Grâce à un partenariat avec les États-Unis, un programme de gestion saine du budget national a été établi.  Un plan national stratégique pour l’autonomisation des femmes a aussi vu le jour et, s’agissant de la protection de l’environnement, des efforts ont été fournis afin notamment d’inscrire des villes et des zones iraquiennes dans la liste du Patrimoine mondial de l’humanité.  Les défis de l’Iraq sont le terrorisme et la guerre contre l’extrémisme violent.  Or le conflit entrave les plans de développement.  L’autre défi est la chute du prix du pétrole qui a obligé le Gouvernement à adopter une politique d’austérité.  De même, le retour de réfugiés pose des problèmes en attendant la reconstruction des villes ravagées par la guerre.  La représentante a souligné l’importance de l’appui international « qui doit être à la hauteur des sacrifices de l’Iraq ».

Mme LAURENCE MONNOYER-SMITH, Commissaire générale pour le développement durable de la France, a déclaré que la mise en œuvre du Programme 2030 devrait être une occasion de renforcer la confiance entre les parties prenantes.  L’année 2015 a vu l’émergence d’une gouvernance internationale définie par le partenariat et la subsidiarité.  Cette nouvelle situation exige la confiance et la redevabilité.  La mise en œuvre du Programme 2030 est aussi une occasion de conforter les engagements pris par les gouvernements, les collectivités et les entreprises.  Cet engagement devrait se traduire par la ratification de l’Accord de Paris sur le climat que la France a ratifié en avril 2016.  La représentante a dit que son message aujourd’hui est un appel à l’action dans le cadre du Programme 2030 afin de ne pas oublier les plus vulnérables, un appel à la ratification de l’Accord de Paris et un appel à l’augmentation des contributions nationales pour le climat.  Mme Monnoyer-Smith a affirmé que les États Membres peuvent trouver des solutions aux défis qui se posent au cours de la mise en œuvre.  

Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) a souligné quatre lignes directrices pour ne pas faire de laissés-pour-compte dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Il faut d’abord atteindre les plus vulnérables, et la Belgique s’appuie ici sur une approche centrée sur les droits de l’homme et la dignité des personnes.  Il faut ensuite prêter main forte en premier lieu aux PMA et aux pays fragiles, qui, pour atteindre les ODD, devront consacrer une proportion de leur PIB trois fois plus grande par rapport à celle des autres États.  C’est pourquoi la Belgique a décidé de consacrer la moitié de son APD aux PMA.  Il faut aussi qu’aucun des ODD ne soit mis de côté, qu’il s’agisse de la préservation de la richesse des océans ou de la paix internationale, par exemple.  Il faut construire un large partenariat pour le développement durable.  En Belgique, cela se fait aussi par la coopération entre le Gouvernement central, les gouvernements régionaux, les communautés et les communes.  Il ne faut pas non plus oublier les autres acteurs non gouvernementaux et la Belgique travaille actuellement à la rédaction d’une charte à cette fin.  Elle assure également la sensibilisation de l’opinion publique pour susciter son appropriation des ODD.  

Mme MARIE-LOUISE POTTER (Seychelles) a rappelé que, en tant que petit Éat insulaire en développement, son pays avait pratiquement réalisé tous les OMD, ce qui l’a mis en bonne position pour se lancer dans la réalisation des ODD.  Les Seychelles, qui auront de nombreux défis spécifiques à relever, se sont engagées une nouvelle fois à mettre les individus au centre des politiques, tout en plaçant l’accent sur de nouvelles sources de développement, dont l’économie bleue, dont elles se font le champion.  Mais le pays a besoin de l’appui de la communauté internationale, alors que l’APD tend à baisser du fait même des succès du pays.  Les Seychelles demandent que l’indice de vulnérabilité soit pris en compte pour l’accès à l’APD.  Le pays a mis en place un comité directeur pour assurer la mise en œuvre du Programme 2030 et fait en outre tout son possible pour assurer le lien entre l’Agenda 2063 de l’Union africaine et ce Programme.

L’engagement d’Israël à « ne laisser personne sur le côté » a façonné les politiques nationales du Gouvernement à tous les niveaux, a indiqué M. MORDEHAI AMIHAI-BIVAS qui a ajouté qu’un Ministère spécifique chargé de l’égalité sociale a été créé afin de réduire les inégalités entre les segments de la société israélienne et autonomiser les groupes vulnérables, y compris les femmes, les jeunes, les personnes âgées, les personnes handicapées et les minorités.  En 2015, le Gouvernement a introduit dans le budget de l’État la « perspective genre » qui a pour objectif d’intégrer le genre dans tous les aspects de la société.  De plus, chaque ministère est prié de favoriser l’égalité des sexes à travers l’accès des femmes à des rôles de décideurs et des programmes spéciaux d’autonomisation adaptés aux besoins spécifiques des femmes arabes et ultra-orthodoxes ainsi qu’aux mères célibataires.

En Israël, l’éducation à l’innovation commence dès le plus jeune âge.  Faire participer les jeunes de tous les segments de la société leur donne les outils et les chances de générer le changement social et économique de leurs communautés.  S’agissant de la coopération internationale, MASHAV, l’Agence israélienne de la coopération internationale au développement, a démontré l’importance des partenariats efficaces pour le développement.

M. CALEB OTTO (Palaos) a indiqué qu’en octobre 2015, son pays a créé un sanctuaire marin protégeant non pas 10% des eaux comme le demande l’objectif 14 du Programme 2030 mais bien 80% de la Zone économique exclusive.  C’est le « point d’entrée » qu’a choisi le pays pour la mise en œuvre des ODD, s’est enorgueilli le représentant, présentant aussi la décision comme une contribution à l’Initiative mondiale 10x20 menée par le Gouvernement italien et l’Alliance des sanctuaires océaniques.  L’expérience nationale en la matière se fonde sur une pratique traditionnelle nommée « bul » qui remonte à l’antiquité.  Mais, a prévenu le représentant, pour tirer pleinement parti des sanctuaires marins, il faut aussi s’attaquer simultanément à la protection des forêts et des terres, objectifs 13, 14 et 15 du Programme 2030. 

« Notre environnement est notre économie, et notre économie, notre environnement », telle est la philosophie de Palaos.  Dans ce contexte, les nouvelles technologies pourraient faire avancer les choses, en multipliant les options énergétiques basées sur l’océan.  Les partenariats prévus dans le Programme 2030 et dans les « Orientations de Samao » seront aussi déterminants.  Même s’ils servent les objectifs liés à la pauvreté, à la faim, à la santé, à l’éducation, à l’emploi, à l’innovation et aux inégalités du Programme 2030, les sanctuaires marins ne servent pas tous les objectifs, a reconnu le représentant, en promettant le lancement d’autres initiatives très prochainement. 

Tout le monde dans cette salle tapote sur son ordinateur mais dans le monde, 3,5 milliards de personnes n’ont pas accès à l’Internet, a souligné M. KADIATOU SALL-BEYE, Union internationale des télécommunications (UIT).  Le Programme 2030, a-t-il rappelé, appelle à l’élargissement de l’accès aux nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC) et à l’accès universel à l’Internet d’ici à 2020.  Or au rythme actuel, on n’arrivera à peine à changer le statut de 20% des gens dans les PMA, « pas 100, 20% ».  Pourtant l’accès aux TIC est essentiel pour régler le problème des 60 millions d’enfants non scolarisés, pour éviter les 38 millions de morts de maladies évitables, pour aider les 950 millions de personnes qui n’ont pas accès à l’assainissement, et pour régulariser la situation de la moitié des enfants africains de moins de 5 ans dont les naissances ne pas enregistrées.  Il faut faire plus pour connecter le monde.  Il faut faire plus, a insisté l’orateur, pour connecter les hôpitaux avec les cliniques isolées, les cliniques avec les patients, les universités avec les écoles, les écoles avec les élèves et les gouvernements avec les gens.  Si nous réussissons, alors nous n’aurions laissé personne sur le côté.

M. DANIEL FANGBEDJI, Association des conseils économiques et sociaux et institutions similaires, a dit que la réussite des ODD dépend des pays qui doivent repenser leur vision, leurs politiques, leurs approches et leurs stratégies de mise en œuvre du développement.  La société civile est appelée à jouer son rôle dans les domaines de la lutte contre la corruption, la bonne gouvernance, la mutualisation des ressources, la promotion du dialogue interinstitutionnel et le renforcement des instituts nationaux de statistiques pour régler la question des données sans lesquelles on ne peut avoir de politique efficace de développement durable. 

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