En cours au Siège de l'ONU

Comité des Organisations non gouvernementales, Reprise de la session 2016,
19e & 20e séances - Matin & après-midi 
ECOSOC/6760-ONG/830

Accusé par 230 ONG d’écarter les défenseurs des droits de l’homme, le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial pour 34 Organisations

Le Comité des ONG, qui a recommandé aujourd’hui au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à 34 Organisations, a été accusé par la Directrice d’« International service For Human Rights », au nom de 230 ONG, d’user de « tactiques procédurières » pour retarder, voire empêcher l’octroi d’un statut aux organisations des droits de l’homme.  Aujourd’hui encore, le Comité a reporté sa décision sur les dossiers de 43 ONG, y compris la Britannique « Restored » dont la « vision chrétienne » a donné lieu à une passe d’armes.

Pendant plus d’une heure, le Comité des ONG a débattu de l’opportunité ou pas de laisser les ONG critiquer son travail.  Au nom de 230 organisations issues de 45 pays différents, la Directrice d’« International service For Human Rights », Mme Eleanor Openshaw, a en effet dénoncé la tendance de certains membres du Comité à recourir à des « tactiques procédurières », comme la multiplication des questions, pour retarder voire empêcher l’octroi d’un statut consultatif auprès du Conseil économique et social (ECOSOC) aux ONG des droits de l’homme.

Invoquant le rapport du Rapporteur spécial sur le droit de réunion pacifique et la liberté d’association, la résolution 1996/31 de l’ECOSOC sur le mandat du Comité des ONG et la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme laquelle consacre le droit de ces défenseurs à s’adresser à l’ONU et à communiquer avec elle, Mme Openshaw a demandé au Comité de travailler de manière « apolitique, juste, transparente, non discriminatoire, cohérente et rapide ».  Elle a regretté que le Comité se fasse trop souvent l’écho des restrictions imposées de plus en plus à la société civile, au niveau national, alors qu’elles rendent justement plus « cruciales encore » leur accès à l’ONU. 

Ces « insinuations » ont été jugées « inacceptables » par le représentant de l’Afrique du Sud dont l’homologue russe a vu là une tendance « très inquiétante » de certains pays à utiliser les ressources et les moyens des ONG pour servir leurs intérêts politiques lorsqu’ils n’y arrivent pas par la force.  « Ne vous vendez pas au plus offrant.  Faites votre travail honnêtement et vous obtiendrez rapidement un statut consultatif », a interpelé le représentant.  « Tout le monde travaille ici pour un monde meilleur et personne, à savoir aucun État, ne devrait être accusé », a insisté le délégué de l’Inde.

Donner la parole à toutes les ONG qui le demandent reviendrait à compromettre la bonne marche du Comité, a commenté son homologue de la Chine avant que celui de la Syrie ne reproche au Président du Comité d’avoir permis un débat qui empêche l’examen serein des dossiers, se montrant ainsi très peu sensible aux arguments de l’Union européenne, des États-Unis, de la Grèce et du Royaume-Uni selon lesquels la contradiction et les critiques sont une occasion de faire progresser le Comité.

À ce propos, faut-il entendre les ONG dès qu’elles sont dans la salle ou attendre le dialogue de fin de journée?  Voilà une question qui a aussi suscité des débats pendant plus d’une demi-heure.  Soutenue par les délégations de la Grèce et de l’Australie, la proposition de donner tout de suite la parole aux ONG présentes s’est heurtée au désaccord d’autres membres du Comité, dont l’Inde et l’Afrique du Sud.  La délégation américaine a jugé regrettable qu’on « intime ainsi le silence à la société civile », mais le Président du Comité s’en est défendu en rappelant l’obligation du Comité de respecter les règles de procédure, ce que les délégations de Cuba et du Pakistan ont appuyé.

Leur homologue sud-africain a dénoncé « une tendance perturbante » chez les délégations qui ne cessent de commenter les questions des autres.  Il avait demandé à la Britannique « Restored » d’expliquer la pertinence de sa profession de foi chrétienne, avant de se voir interdire par ses collègues des États-Unis et du Royaume-Uni de juger du prisme par lequel une ONG mène son travail.  La décision sur le dossier de l’ONG a été reportée.

Le Comité des ONG peut recommander trois statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.  Le statut consultatif général est réservé aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont autorisées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour.

Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et qui ne sont concernées que par certaines activités de l’ECOSOC.  Elles peuvent également soumettre des communications écrites et des pétitions.  La Liste va aux ONG qui ne rentrent dans aucune de ces deux catégories et qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil économique et social que des communications écrites.

La prochaine réunion du Comité des ONG se tiendra demain mercredi 25 mai à partir de 10 heures.  

NOUVELLES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF ET NOUVELLES DEMANDES DE RECLASSEMENT

Octroi du statut consultatif spécial

1. ERGO - Európai Regionális Szervezet (Hongrie)

2. Forum des Organisations de Solidarité Internationale Issues des Migrations – FORIM (France)

3. Global Autism Project (États-Unis)

4. Global Energy Initiative, Inc. (États-Unis)

5. Global Sourcing Council Inc. (États-Unis)

6. GlobalPartnersUnited, LLC (États-Unis)

7. HELPEOPLE Foundation ONLUS (Italie)

8. Imvrian Association (Grèce)

9. International Authors Forum (Royaume-Uni)

10. Japan Association for Refugees (Japon)

11. Juristes pour l'enfance (France)

12. La Manif Pour Tous (France)

13. Lumos Foundation (Royaume-Uni)

14. Meezaan Center for Human Rights (Israël)

15. Municipal Art Society of New York (États-Unis)

16. My Chosen Vessels Inc. (États-Unis),

17. Naija Worldwide Charities Inc. (États-Unis)

18. New Generation in Action (États-Unis)

19. Open Data Watch, Inc. (États-Unis)

20. Promotion du Développement Economique et Social – PDES (Suisse)

21. Réseau Européen pour l'Égalité des Langues (France);

22. Seventh-day Adventist Church in Canada (Canada);

23. Sino-American Cultural Council, Inc (États-Unis);

24. Studium Generale Ambrosianum (Italie);

25. TaiWha Methodist Social Welfare Foundation (République de Corée) ;

26. The Heart Fund to Fight Cardio-Vascular Diseases (France);

27. The National YWCA of Korea (République de Corée);

28. Transatlantic Christian Council (Pays Bas)

29. ESIB - The National Union of Students in Europe (Belgique)

30. Youth of European Nationalities (Allemagne)

31. UCT Int'l Culture Development, Inc. (États-Unis)

32. Universalis Matter (France)

33. Universities Allied for Essential Medicines, Corp. (États-Unis)

Report de la décision dans l’attente des réponses aux questions posées par le Comité

En examinant la demande de Crisis Management Initiative ry (Finlande), le représentant de l’Afrique du Sud a rappelé que les questions relatives à la paix et à la sécurité internationale relèvent du Conseil de sécurité.  Son homologue de la Fédération de Russie a en outre demandé à cette ONG des informations détaillées sur les projets qu’elle mène sur les territoires de l’Ukraine et de la Moldavie en matière de consolidation de la paix.  Le représentant de l’Afrique du Sud a remarqué une incohérence, dans la demande de Database Center for North Korean Human Rights (NKDB) (République de Corée): les fonds provenant d’un ministère sont listés au titre des sources de financement privés.  Son homologue de la Chine s’est interrogé sur le déséquilibre budgétaire de cette organisation.

La représentante de l’Afrique du Sud a remarqué que l’organisation Differenza Donna - Associazione di donne contro la violenza alle Donne – ONLUS (Italie) se veut nationale alors que certaines de ses activités ont lieu au Maroc et dans les territoires palestiniens occupés.  Elle a aussi invité cette ONG à verser au dossier ses derniers états financiers, avant de demander des explications sur une ligne budgétaire de Dreikönigsaktion - Hilfswerk der Katholischen Jungschar (Autriche).  La représentante de Cuba a voulu connaitre les activités de cette organisation en Amérique latine.

La représentante de la République islamique d’Iran s’est interrogée sur l’indépendance d’Euro-Mediterranean Human Rights Network (Danemark) qui est financée à environ 70% par des gouvernements.  La représentante de Cuba a pour sa part interrogé Fon Foundation.Org (États-Unis) sur les moyens qu’elle utilise pour mener autant d’activités.

Quelle est la portée européenne des travaux menés par Forum Droghe Associazione Movimento per il Contenimento dei Danni (Italie), a demandé la représentante de la Turquie?  Son homologue de l’Afrique du Sud a voulu examiner des états financiers mis à jour concernant Geo Expertise Association (Suisse) étant donné l’énorme déficit qu’elle affiche.  Que fait Global Federation of Competitiveness Councils (États-Unis) à Taïwan, a demandé la représentante de la Chine.

Celle de Cuba a demandé des précisions sur le projet mené en Amérique latine par Global Forum for Media Development (Belgique), tandis que le représentant de la Fédération de Russie a rappelé que les droits des journalistes qui se sont élevés contre le régime en Ukraine avaient été violés.  Cette organisation se conforme-t-elle aux dispositions relatives aux droits de l’homme, notamment celles relatives à la liberté d’expression? a voulu savoir la délégation de l’Afrique du Sud, avant de demander des précisions à Global Initiative for Inclusive Information and Communication Technologies (États-Unis) sur le projet mené dans son pays.

Global Zero (États-Unis) devrait fournir des informations sur la réalité de son site Internet et sur ce qu’elle fait avec le Tibet, a souhaité la représentante de la Chine.  Un site Internet n’est pas une condition préalable à l’obtention d’un statut consultatif lui a rappelé la représentante des États-Unis avant de donner l’adresse exacte du site de cette organisation.  La délégation de l’Afrique du Sud a fait remarquer que l’ONG œuvre dans le domaine du désarmement nucléaire, ce qui ne tombe pas vraiment sous la compétence de l’ECOSOC.  Elle a aussi demandé des informations sur les activités menées en Afrique par HackerNest (Canada).

Le représentant de la Fédération de Russie a souhaité des informations sur les projets menés en 2014 et 2015 par Hazar Strateji Enstitüsü Derneği (Turquie).  Celle de l’Afrique du Sud a demandé des précisions à HealthBridge Foundation of Canada (Canada) sur ce qu’elle accomplit sous le chapitre « Health Equity » et sur les projets qu’elle mène en Afrique.  En ce qui concerne l’ONG Human Appeal International [UK] (Royaume-Uni), la même délégation et celle de l’Inde ont demandé respectivement des précisions sur ses activités et sur les dons reçus.

Nous félicitons Institute for International Women's Rights - Manitoba Inc. (Canada) pour sa demande impeccable, a déclaré la représentante de l’Afrique du Sud.  Une question a toutefois été posée à cette ONG par le représentant de la Fédération de Russie: avez-vous des projets relatifs aux femmes en Ukraine?  Le représentant de la Chine a relevé que des articles publiés sur le site d’Intercontinental Network for the Promotion of the Social Solidarity Economy (Canada) n’utilisaient pas la terminologie des Nations Unies sur Taïwan.  Il lui a donc demandé de procéder aux corrections nécessaires.  Son homologue de l’Afrique du Sud a, pour sa part, voulu savoir si l’ONG menait des projets en Afrique.

La représentante du Venezuela a invité International Child Rights Center (République de Corée) à produire ses états financiers pour les deux dernières années et s’est interrogée sur sa nature nationale ou internationale.  Avez-vous des projets en Afrique, a demandé la représentante de l’Afrique du Sud à l’organisation requérante Jubilee USA Network Inc. (États-Unis)?  Cette délégation a aussi voulu savoir si l’organisation Jus Cogens (États-Unis) travaillait en partenariat avec l’Union africaine, avant de demander à Kadın ve Demokrasi Derneği (Turquie) de fournir des états financiers actualisés.

En ce qui concerne la demande de Kehitysyhteistyöjärjestöjen EU-yhdistys KEHYS ry, EU-plattformen för finländska biständsorganisationer KEHYS rf (Finlande), le représentant de l’Afrique du Sud a voulu des éclaircissements sur le déficit considérable de son budget.  Cette délégation a aussi questionné l’indépendance de Kepa Ry, Kepa Rf (Finlande) par rapport au Gouvernement finlandais, étant donné qu’il est sa principale source de financement.  Qu’en-est-il des projets en Afrique?  La même question a été posée à Landsrådet for Norges barne- og ungdomsorganisasjoner (Norvège).

S’agissant de Le Monde des Possibles (Belgique), la représentante de Cuba s’est étonnée de certaines incohérences entre ses projets et sa situation financière, avant de demander des comptes actualisés.  Le représentant de l’Azerbaïdjan a posé des questions sur les « autres sources » budgétaires mentionnées par Mangfoldhuset (Norvège).  À NK Watch (République de Corée), la représentante de Cuba a demandé des détails sur les activités menées dans certains pays.

Celui de la Chine a voulu que Novant Health, Inc. (États-Unis) corrige la mention sur la province de Taïwan.  Des explications sur son déficit budgétaire ont été demandées à P3 Foundation (Nouvelle-Zélande) par le représentant de l’Inde qui a aussi voulu obtenir une ventilation des dons reçus.  Son homologue de la Chine a demandé à Presbyterian Women in the Presbyterian Church (U.S.A.), Inc. (États-Unis) plus d’informations sur les projets menés.  Le représentant de l’Inde a ensuite demandé la liste des organisations indiennes avec laquelle travaille Profugo (États-Unis).

Le Comité a décidé de reporter sa décision concernant la demande de Promundo-US (États-Unis) dans l’attente de renseignements sollicités par le représentant de l’Inde qui a voulu savoir comment cette ONG travaille dans les pays où elle n’a pas de bureau.  L’examen de la demande de Red Iberoamericana de Organizaciones No Gubernamentales que Trabajan en Drogodependencias – RIOD (Espagne) a aussi été reporté, le représentant du Nicaragua s’interrogeant sur les projets de l’ONG. 

Restored (Royaume Uni) a été priée d’expliquer au représentant de l’Afrique du Sud la pertinence de sa profession de foi chrétienne.  Ce dernier a d’ailleurs perçu « une tendance perturbante » chez certaines délégations à commenter les questions des autres.  Il répondait ainsi à des interventions de délégations qui, étonnées de la question, ont argué que la religion est un prisme à travers lequel on perçoit la société et qu’il n’appartient pas au Comité de porter un jugement.  « L’idée est que les Nations Unies entendent la diversité des voix qu’il s’agisse des voix culturelles ou religieuses », a insisté la représentante des États-Unis, en ajoutant qu’une vision ne saurait être stigmatisée parce qu’elle se définit chrétienne ou musulmane.  « La foi chrétienne est un prisme par lequel l’ONG voit et mène son travail et il ne revient pas au Comité de le juger », a insisté l’observatrice du Royaume-Uni, en sa qualité de pays hôte de l’ONG, à la grande satisfaction du représentant de la Grèce qui lui a reconnu le droit d’intervenir.  

Le Comité a aussi reporté sa décision sur la demande de Stichting Child and Youth Finance International (Pays-Bas) dans l’attente de précisions financières sollicitées par la représentante de l’Afrique du Sud.  Également reportée a été la demande de Syrian American Medical Society Foundation (États-Unis), le représentant de la Fédération de Russie ayant demandé si l’ONG mène ses activités en collaboration avec le Gouvernement légitime en Syrie ou dans un autre cadre.  Les représentants du Venezuela et de l’Iran ont souhaité plus de détails sur les activités de cette ONG au Liban et au Qatar.  Celui de l’Afrique du Sud a voulu savoir pourquoi aucun syrien ne siège au Conseil d’administration.

Il a reporté aussi l’examen des demandes de The World Information Technology and Services Alliance (États-Unis) et The Zahra Trust (Royaume Uni) et de Truth Foundation (République de Corée) dans l’attente de précisions sollicitées par l’Afrique du Sud sur les activités de ces ONG, notamment en Afrique.  La représentante de l’Iran a aussi demandé des précisions sur ce que The Zahra Trust entend par réaliser le droit à l’autodétermination de certaines communautés.   

Le représentant de la Chine a demandé à United States Pharmacopeial Convention, Inc. (États-Unis) d’utiliser la nomenclature officielle de l’ONU sur les provinces chinoises.  Le représentant de l’Inde a souhaité des précisions sur la formation dispensée par cette organisation.

Déclarations

Donnant lecture d’une lettre adressée au Conseil économique et social (ECOSOC) par 230 ONG issues de 45 pays différents, Mme Eleanor Openshaw, Directrice d’« International service For Human Rights » a exprimé la préoccupation des ONG de voir certains membres du Comité user de « tactiques procédurières » pour retarder voire empêcher l’octroi du statut consultatif à certaines ONG.  Elle a rappelé que le Rapporteur spécial sur le droit de réunion pacifique et la liberté d’association avait déjà critiqué en 2014, dans son rapport à l’Assemblée générale, les multiples reports et les perpétuelles questions sur certains dossiers, notant que les États Membres et l’ONU ont l’obligation juridique de renforcer la participation de la société civile aux travaux de l’ONU.  La valeur de cette participation est largement reconnue, y compris par le Secrétaire général qui a souligné que la société civile est un partenaire indispensable des Nations Unies.

La résolution 1996/31 de l’ECOSOC, qui fixe le mandat du Comité, reconnaît l’ampleur de l’expertise des ONG et leur capacité d’appuyer le travail de l’ONU.  Il est clair que l’engagement des ONG auprès des Nations Unies est « précieuse » et elle constitue aussi un droit, a insisté la représentante.  En effet, la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme stipule que chaque défenseur a le droit, individuellement et en association avec d’autres, « de s’adresser sans restriction aux organisations non gouvernementales et intergouvernementales, et de communiquer avec elles ». 

Les 230 signatures demandent donc que les pratiques et les procédures du Comité soient conformes aux principes, à l’esprit et aux buts de la résolution 1999/31 de l’ECOSOC et aux normes internationales des droits de l’homme.  Ils demandent que les pratiques du Comité soient toujours appliquées, apolitiques, justes, transparentes, non discriminatoires, cohérentes et rapides.  Ils demandent aussi que l’action du Comité n’entrave pas le droit des ONG à s’adresser aux Nations Unies et à communiquer avec elles.  Pour eux, l’ECOSOC doit tenir compte de la recommandation que le Chili, le Mexique et l’Uruguay ont faite à la session de fond de l’année dernière, d’instituer la diffusion sur Internet des réunions de Comité pour que les ONG dont les dossiers sont examinés et qui n’ont pas le moyens de venir à New York puissent suivre les débats. 

Malheureusement, a conclu la représentante, le Comité se fait trop souvent l’écho des restrictions imposées de plus en plus, sur le plan national, à la société civile alors qu’elles rendent plus « cruciales encore » leur accès à l’ONU.  Nous demandons au Comité de redoubler d’efforts pour promouvoir un environnement sain, transparent et favorable à la société civile au sein de l’ONU.  Avec un tel environnement, l’ONU pourrait tirer pleinement parti de l’expertise et des points de vue uniques des ONG et renforcer la légitimité et la crédibilité de son travail, a conclu la représentante.

Si les représentants de l’Union européenne, des États-Unis, de la Grèce et du Royaume-Uni, en sa qualité d’observateur, ont appuyé cette déclaration et accueilli la contradiction et les critiques comme une chance de faire progresser le Comité, ceux de l’Inde, de l’Afrique du Sud, de Cuba, de l’Iran, du Pakistan, de la Mauritanie ont rappelé qu’il appartient à l’ECOSOC de débattre de la manière dont le Comité doit améliorer son travail et non aux membres du Comité.    

Après que le représentant de l’Afrique du Sud a jugé « inacceptables » les « insinuations » de la représentante d’« International service For Human Rights, son homologue des États-Unis a rétorqué que toute la raison d’être du Comité est précisément de donner la parole à la société civile.  Son homologue de la Fédération de Russie a vu une tendance « très inquiétante » qui montre que des pays sont prêts à exploiter les ressources et les moyens des ONG pour servir leurs intérêts politiques quand ils n’y n’arrivent pas par la force.  « Ne vous vendez pas au plus offrant.  Faites votre travail honnêtement avec vos moyens et vous obtiendrez rapidement un statut consultatif », a conseillé le représentant russe, en s’étonnant que certaines ONG obtiennent 90% de leur financement du seul Gouvernement américain.

« Tout le monde travaille ici pour un monde meilleur et personne, à savoir aucun État, ne devrait être soupçonné », a insisté le représentant de l’Inde.  Restons-en au règlement intérieur, a préconisé son homologue de la Chine pour lequel donner la parole dès qu’une ONG le souhaite pourrait compliquer le travail du Comité.  Le représentant de la Syrie a diagnostiqué chez les ONG une volonté de « politiser de plus en plus » les travaux du Comité.  Il n’a pas hésité à reprocher au Président du Comité de s’être engagé dans un débat qui empêche l’examen serein des demandes de statut consultatif.  

Dialogue avec les ONG

ESIB - The National Union of Students in Europe, organisation basée en Belgique qui s’est vue accorder le statut consultatif spécial, a indiqué représenter plus de 15 millions d’étudiants en Europe.  Pour répondre à une question de la Chine, il a précisé qu’un groupe d’étudiants travaille à une éducation gratuite et de dualité en collaborant avec l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), dans la droite ligne du quatrième objectif de développement durable.  En réponse à une question de la délégation de l’Inde, l’ONG a dit avoir participé au Forum mondial de l’éducation pour préparer la Convention mondiale sur l’équivalence des diplômes.  Au représentant du Soudan, elle a précisé qu’elle rassemble des étudiants du cycle supérieur.  Ses Sources de financement sont essentiellement les cotisations de ses membres, a-t-elle dit avant d’indiquer aussi que ses activités couvrent toute l’Europe.

À son tour, Hazar Strateji Enstitüsü Derneği (Turquie) a présenté ses activités dans trois centres, l’un énergétique, l’autre économique, tandis que le troisième s’occupe des questions de sécurité et de politique.  L’ONG s’intéresse notamment à la sécurité énergétique entre l’Europe et la Turquie, au rapprochement de l’Iran et de l’est de l’Europe en matière énergétique, à la coopération Chine-Turquie et à la coopération Fédération de Russie-Turquie également dans ce domaine.  L’organisation mène aussi des activités de sensibilisation sur les menaces cybernétiques.  Nous avons lancé une plateforme sur la compétitivité, a ajouté l’ONG et répondant à une question de l’Inde, elle a précisé qu’elle compte parmi ses membres 10 entreprises et 100 individus.  L’examen de la demande de cette organisation a été reporté dans l’attente de réponses écrites aux questions de la République islamique d’Iran, notamment sur ses sources de financement.

En se présentant, Committee to Protect Journalists (États-Unis), qui défend depuis 35 ans la liberté de cette profession, qu’elle soit privée ou gouvernementale, a assuré qu’elle ne reçoit pas de financement public.  À la Chine qui demandait des précisions sur ses activités dans la région Asie-Pacifique au cours des deux dernières années, elle a dit travailler dans toutes les régions du monde.  Nous suivons les incidents, communiquons des informations sur les journalistes blessés, tués ou emprisonnés, et en général défendons la liberté de la presse.  À Cuba, l’ONG a expliqué avoir été très active dans ce pays, en suivant les changements qui se produisent dans les médias.  Aucun journaliste n’est emprisonné à Cuba, a-t-elle signalé.  À la République islamique d’Iran, elle a assuré s’occuper aussi de la presse américaine et être très critique à son égard.  Nous avons dénoncé un manque de transparence et signalé les problèmes que rencontrent des journalistes iraniens pour se faire accréditer aux États-Unis.  L’Inde ayant relevé les critiques sur la situation des journalistes chez elle, l’ONG a rappelé avoir souligné des incidents isolés d’actes commis contre des journalistes à différents endroits.

D’autres questions ont été posées par l’Afrique du Sud, sur l’interdiction de l’incitation à la violence -Article 20 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques-, et la Chine, sur la source des informations que véhicule cette ONG.  Après avoir attiré l’attention sur l’article 19 du Pacte relatif au pluralisme de la presse et à la liberté d’expression, l’ONG a affirmé que des journalistes du monde entier contribuent à ses activités.  La Fédération de Russie s’est demandée pourquoi l’ONG ne publie pas toutes les listes de journalistes décédés dans l’exercice de leurs fonctions, comme ceux qui sont tombés en Ukraine.  L’Inde a demandé les états financiers pour 2015.  De quels pays obtenez-vous les financements, a demandé pour sa part le Soudan.  L’examen de la demande a été reporté dans l’attente des réponses.

Women Enabled, organisation basée aux États-Unis œuvrant en faveur des femmes handicapées qui souffrent d’une double discrimination, a indiqué notamment travailler avec la Commission de la condition de la femme.  Comment contribuez-vous au travail de cette Commission? a demandé l’Afrique du Sud avant d’inviter l’ONG à expliquer comment fonctionnera la « boite à outils » qu’elle propose.  Un de nos représentants est intervenu à la Commission de la condition de la femme, a assuré l’ONG, en espérant pouvoir mettre en œuvre la boite à outils si les fonds nécessaires sont reçus.

Quel travail effectuez-vous dans mon pays, a demandé l’Inde?  Notre Directrice est une experte dans ce domaine et elle a passé plusieurs mois en Inde pour partager son expertise et renforcer l’accès à la justice pour les filles et les femmes handicapées, a répondu l’ONG.  À l’Afrique du Sud, elle a assuré avoir des projets en cours pour 2017 mais reconnu que leur mise en œuvre dépendrait des fonds reçus.  Quels projets avez-vous dans les pays qui sortent d’un conflit?  L’ONG a parlé des activités de sensibilisation, avant que le Nicaragua ne demande si elle travaille dans sa région.  L’examen de la demande de cette organisation a également été reporté dans l’attente des réponses à toutes ces questions.

Youth of European Nationalities, organisation basée en Allemagne, a reçu le statut consultatif, sans qu’un membre du Comité ne pose de questions.  L’ONG a expliqué qu’elle est un réseau de 42 organisations de défense des minorités qui se base sur l’échange d’informations. 

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