Conseil économique et social - Session de 2016,
19e & 20e séances - matin & après-midi
ECOSOC/6754

Ecosoc: un débat sur les questions d’intégration pour des échanges d’expériences innovantes et efficaces en termes de développement

Les 54 membres du Conseil économique et social (ECOSOC) ont entamé, aujourd’hui, leur session annuelle consacrée aux questions d’intégration, qui se tient sur trois jours, pour faire avancer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 par le biais de politiques innovantes et de politiques d’intégration.  Après l’adoption de ce programme, en septembre dernier, les projecteurs sont désormais braqués sur les différents moyens qui permettront de réaliser ces objectifs dont le but ultime est de ne laisser personne de côté sur la voie du développement. 

L’intégration signifie qu’il faut « briser les cloisonnements et éviter les solutions uniques », a expliqué le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, en appelant à poursuivre les objectifs de développement durable en tenant compte de leur complémentarité et de leurs liens.  « Il faut s’assurer que les actions à chaque niveau soient concertées et cohérentes », a-t-il recommandé. 

En ouvrant la session, le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Sven Jürgenson, de l’Estonie, a expliqué que « l’intégration » politique permet aux pays d’atteindre un équilibre et idéalement des résultats gagnants dans les trois dimensions du développement durable.  Il s’agit, selon lui, d’une boîte à outils pour créer les synergies entre les différents objectifs et pour casser les barrières qui empêchent le progrès en termes de développement durable.

Il a donc espéré que cette session d’intégration apporterait l’orientation nécessaire à la formulation de nouvelles politiques et stratégies dans ce sens, en soulignant le rôle que doit jouer l’ECOSOC en tant que plateforme de dialogue et d’échanges sur les leçons apprises des innovations et de l’intégration  politiques à tous les niveaux.

Un tel échange a eu lieu dès le matin, avec une table ronde relayée par l’émission radiophonique de la BBC « Mon monde parfait » qui a permis de partager des expériences réussies en termes d’accès au droit et à la justice en Ouganda, d’énergies alternatives et renouvelables au Costa Rica, et d’assainissement novateur en Inde.

Auparavant, le Premier Ministre de l’Estonie avait apporté le témoignage du passage au numérique de son pays pour la quasi-totalité des formalités administratives et démarches usuelles, y compris pour les élections et l’enregistrement en ligne des nouvelles entreprises.  Ce gain de temps a des conséquences indéniables sur la transparence de la gouvernance et sur la croissance économique, a-t-il expliqué, en souhaitant que tous les gouvernements incitent le secteur privé à plus d’innovation. 

« Nous avons des preuves de l’efficacité des technologies sur le développement durable », a affirmé le Chef économiste et Codirecteur du Rapport sur le développement du monde 2016 de la Banque mondiale, au cours d’une autre table ronde sur le « changement de paradigme dans le développement ».  Il a fait remarquer, par exemple, qu’Internet permettait de réduire énormément les coûts de transaction.  En même temps, il a reconnu que ce n’est pas la panacée, du fait du nombre réduit d’utilisateurs dans le monde en développement. 

L’intégration suppose aussi un meilleur accès à l’information, aux connaissances et aux compétences.  C’est ce qui manque au secteur informel pour être un véritable facteur de développement durable, a fait remarquer la responsable de l’initiative « MAMA-LIGHT », un programme mondial destiné à fournir de l’énergie durable aux femmes et aux petites entreprises.  Selon elle, le secteur informel est « un moteur sous-estimé et insuffisamment reconnu de la croissance économique locale ». 

Les intervenants se sont accordés pour dire que l’appropriation des objectifs de développement durable était une condition indispensable à leur réalisation.  Ils ont voulu insuffler l’esprit d’appropriation à chaque acteur du développement, en les invitant à tenir compte des spécificités de chaque pays dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Cela signifie des « politiques conçues en fonction des priorités nationales », a expliqué le Vice-Président de l’ECOSOC, pour lequel le seul moyen d’y parvenir est l’intégration. 

Les intervenants se sont donc montrés prêts à s’éloigner de la fragmentation académique, de l’intellectualisme et de l’excès de spécialisation, comme l’a conseillé le Représentant permanent d’El Salvador.  Une représentante de la Fondation des Nations Unies (FNU) a invité à réfléchir aux moyens d’établir davantage de connections avec les citoyens. 

À l’ère du numérique et de l’audiovisuel, certains ont proposé d’organiser la sensibilisation du grand public comme si c’était un scénario de film.  Cette idée a d’ailleurs été mise en œuvre en République dominicaine où les sujets traités dans une série « telenovela » ont permis d’augmenter nettement le nombre de femmes détentrices d’un compte d’épargne.  C’est ce qu’a signalé la Présidente-Directrice générale de Women’s World Banking en plaidant en faveur de méthodes alternatives de financement qui sont particulièrement utiles aux femmes rurales.

L’ECOSOC poursuivra demain, mardi 3 mai, son segment d’intégration par deux tables rondes sur les perspectives nationales dans la formulation de politiques.

OUVERTURE DU DÉBAT CONSACRÉ AUX QUESTIONS D’INTÉGRATION

Pour M. SVEN JÜRGENSON, Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), cette réunion du segment d’intégration du Conseil vient à point nommé au moment où l’on doit s’apprêter à traduire les engagements pris dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030 en actions concrètes.  « Ce processus va nous permettre de passer des promesses à l’action puisque 2016 est l’année du début de mise en œuvre du Programme pour l’après-2015 et il faut passer des engagements aux résultats. »

Selon M. Jürgenson, parvenir à atteindre les objectifs de développement durable exigera des solutions innovatrices et des efforts concertés dans toutes les dimensions du développement durable: économique, sociale et environnementale.

Ce segment d’intégration peut apporter l’orientation nécessaire à la formulation de nouvelles politiques et stratégies.  Pour le Vice-Président de l’ECOSOC, ce segment a trois objectifs principaux qui sont de fournir une opportunité pour toutes les parties prenantes, d’identifier et de discuter des opportunités et défis à relever par des politiques intégrées. 

Il conviendra également de faire des recommandations concrètes pour guider la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Enfin, ce segment est l’occasion de réaffirmer le rôle de l’ECOSOC en tant que plateforme de dialogue et d’échanges de vues sur les leçons apprises des innovations et de l’intégration politiques à tous les niveaux.

M. Jürgenson a mis l’accent sur le fait que pour avoir un impact réel au niveau national, il faut traduire les engagements pris en politiques et stratégies nationales, ce qui suppose de l’innovation politique et des approches intégrées.  Pour engager cette discussion, l’ECOSOC propose une table ronde sur le programme radiophonique de la BBC « Mon monde parfait », au cours de laquelle des citoyens partagent leurs points de vue sur la façon dont leurs pays pourraient s’engager sur la voie du développement durable et créer une société qui tienne compte des besoins et des aspirations du peuple. 

Pour M. Jürgenson c’est précisément la vocation du Le Programme de développement durable à l’horizon 203: créer un monde meilleur, plus durable et équitable.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 fournit la feuille de route, « il nous appartient maintenant de trouver les instruments pour sa mise en œuvre », a-t-il déclaré.  Il ne s’agit pas d’une tâche facile, et il faut tenir compte des spécificités de chaque pays dans la mise en œuvre de ce Programme, ce qui suppose des politiques contextualisées conformément aux priorités nationales, a expliqué M. Jürgenson, pour lequel le seul moyen d’y parvenir est l’intégration. 

L’intégration politique permet aux pays d’atteindre un équilibre et idéalement des résultats gagnants dans les trois dimensions du développement durable.  Il s’agit, selon lui, d’une boîte à outils pour créer les synergies entre les différents objectifs et pour casser les barrières qui empêchent le progrès en termes de développement durable.

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a noté que ce segment sur les questions d’intégration suivait l’adoption, l’année dernière, du Programme de développement durable à l’horizon 2030, les conférences et les accords sur la réduction du risque de catastrophe, le financement du développement et le changement climatique. 

Cet ensemble d’objectifs et de cibles forment les bases d’une approche cohérente, intégrée et indivisible pour éliminer la pauvreté et réaliser le développement durable.  « Nous devons poursuivre ces objectifs avec leur complémentarité et leurs liens en tête, et avec pour but de briser les cloisonnements et éviter les solutions uniques. » 

Le temps est à la mise en œuvre, a déclaré le Secrétaire général.  Le Forum inaugural du Conseil économique et social sur le financement du développement, tenu il y a deux semaines, était un premier suivi majeur des engagements historiques de l’année dernière.

Le financement requis pour réaliser les objectifs de développement durable est énorme et la mobilisation des ressources sera un défi important, en particulier en ce moment d’incertitude économique et de contraintes financières.  Le Forum a envoyé un message clair selon lequel la pleine réalisation du Plan d’action d’Addis-Abeba reste une question d’urgence.

Le Secrétaire général a ajouté que ce segment consacré aux questions d’intégration mettait l’accent sur l’importance de la mise en œuvre par l’innovation politique et l’intégration.  Il rappelle que « nous devrions être créatifs en faisant le lien entre les trois dimensions du développement durable ».

« Nous devons nous efforcer d’évaluer continuellement les défis de l’intégration même s’ils relèvent de questions politiques et institutionnelles ou de manque de capacité ou de fossés technologiques, ou des questions de programmation ou de financement. »

Le Secrétaire général a assuré que le système des Nations Unies ferait tout son possible pour aider les États Membres dans leur transition vers le développement durable en établissement les priorités, la planification, l’exécution et l’évaluation des progrès.  Il faut s’assurer que les actions à chaque niveau soient concertées et cohérentes. 

Ce faisant, il faut travailler avec tous les partenaires pour le soutien aux pays vers leurs objectifs communs.  « Notre objectif d’unité dans l’action trouve sa pleine signification dans la manière dont nous travaillons avec nos partenaires », a indiqué le Secrétaire général, qui a exhorté le système des Nations Unies à se repositionner dans ce nouveau contexte du développement.  Il a terminé en disant que les objectifs de développement durable ne pouvaient être atteints que par l’appropriation nationale et l’initiative locale. 

Déclarations

Relevant l’ambition du Programme de développement durable à l’horizon 2030, M. TAAVI RÕIVAS, Premier Ministre de l’Estonie, a estimé que la première étape était de s’approprier les objectifs de développement durable en rendant opérationnelle la vision du Programme 2030.  En Estonie, a-t-il indiqué, « nous sommes en train de mettre en place les programmes et stratégies nécessaires, tout en essayant d’identifier les incohérences actuelles ».  « Nous serons un des premiers pays à présenter un plan de mise en œuvre des objectifs de développement durable lors du Forum politique de haut niveau, en juillet prochain.  Nous avons besoin de cadres politiques complexes qui prennent en compte tous les éléments du Programme 2030 », a-t-il dit.  Il a ainsi demandé de sortir des modèles actuels et du statu quo, espérant que les trois jours de cette session donneraient des idées et des exemples à suivre.

Il y a 16 ans, l’Estonie, était un pays en transition, alors que c’est maintenant un pays à haut revenu grâce à la croissance numérique, a témoigné le Premier Ministre.  Il a vanté le gouvernement numérique adopté par son pays, qui a d’ailleurs été le lieu de naissance de Skype, ce qui a permis un niveau élevé d’innovation.  Ainsi, la numérisation au niveau du service d’appui et dans les services ont amélioré grandement l’efficacité du secteur public.  Pour monter une entreprise, par exemple, tout peut être fait en ligne.  Cela réduit la bureaucratie et fait gagner du temps pour faire croître l’entreprise, a-t-il expliqué.  « Nous offrons aussi des élections en ligne », a-t-il ajouté en signalant que 32% des votants utilisaient Internet pour participer à un scrutin. 

« Grâce à la numérisation et à l’informatique, nous sommes un des pays les moins corrompus de l’Union européenne », a-t-il aussi fait valoir.  Le Premier Ministre a aussi parlé du système de traitement informatique des ordonnances médicales par les pharmacies.

Pour encourager les autres pays à s’engager dans cette voie, il a expliqué que le rôle d’un gouvernement est de créer un environnement adéquat pour l’utilisation des technologies.  En 2001, un Code d’identité a été adopté en Estonie pour s’identifier plus facilement, tandis qu’une loi a établi la possibilité d’utiliser une signature numérique.  Le Premier Ministre a assuré que lui-même utilisait la signature numérique dans 95% des cas. 

Il a fait remarquer que ces systèmes permettent d’accroître le niveau de confiance, grâce à la transparence.  Il a expliqué que le système d’enregistrement des données sur la santé disponibles pour les médecins était cependant contrôlé par les patients.  « Finalement, c’est chaque individu qui est le Big Brother du Gouvernement », a-t-il résumé.

Il a aussi estimé que le Gouvernement devait encourager la prise de risques, parfois en adaptant les pratiques d’autres pays.  Par exemple, c’est la Finlande qui nous a donné l’idée du Code d’identité.  Inversement, des pays comme la Moldova se sont inspirés de notre utilisation des technologies, a-t-il ajouté en lançant un appel en faveur du partage des expériences.  L’Estonie a ainsi augmenté son aide au développement, a-t-il dit. 

Enfin, il a estimé que l’innovation dans le secteur privé devait être incitée par les plans nationaux de développement, en accélérant les cycles de planification.  En Estonie, « nous avons lancé la démarche appelée « e-residency » qui intègre les usagers dans les services publics sans qu’ils aient à vivre sur le territoire estonien ».  Il y a déjà plus de 10 000 « e-résidents », a-t-il indiqué.  L’innovation doit devenir une pratique au quotidien pour toutes les organisations, a-t-il recommandé, en souhaitant que les technologies soient intégrées à tous les objectifs de développement durable.

Mme ABZE DJIGMA, Fondatrice et Présidente-Directrice générale d’AbzeSolar S.A., et responsable de l’initiative « MAMA-LIGHT », un programme mondial destiné à fournir de l’énergie durable aux femmes et aux petites entreprises, a expliqué que ce programme avait été choisi par les Nations Unies comme l’une des 14 solutions innovatrices pour réaliser les objectifs de développement durable lors du Sommet des solutions.

Elle a axé son intervention sur le secteur informel qui est « un moteur sous-estimé et insuffisamment reconnu de la croissance économique locale ».  Insistant sur l’importance et le poids de ce secteur, en se basant sur l’expérience de MAMA Light, Mme Djigma a soulevé la question des moyens à mettre en œuvre pour permettre à ce secteur de réaliser pleinement son potentiel en tant qu’agent du développement durable.  

Sur la base des recommandations des Plans d’action d’Addis-Abeba et de Vienne pour « la stimulation du secteur informel », son organisation a mis en place un centre d’expertise facilitant l’action des mises en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour toutes les parties prenantes.  Ce centre travaille au nom du secteur informel et a opté pour une approche en amont et en aval visant à mettre l’information à la portée de tout le monde et à orienter les activités en vue de transformer les défis en opportunités, a expliqué Mme Djigma, pour laquelle il existe des bonnes idées partout dans le monde et qu’il faut savoir partager. 

Selon elle, il existe trois défis majeurs pour le secteur informel et les petites et moyennes entreprises, à commencer par l’accès à l’information et aux connaissances et compétences.  « Pour nous aider à devenir des citoyens du monde, il faut non seulement éduquer mais aussi traduire les politiques et mesures de développement durable dans nos langues. » 

Elle insiste sur le rôle essentiel de la formation professionnelle pour relever ce défi ainsi que sur le respect des valeurs locales pour pouvoir réussir le pari de l’économie verte et durable.  Mme Djigma a également mis l’accent sur l’importance de l’accès au financement, dénonçant les taux d’intérêt trop élevés qui existent dans la microfinance locale.  Par conséquent elle exige, notamment de la part des banques centrales, d’adapter les outils financiers et d’offrir des produits financiers qui stimulent les entreprises locales.

« Nous, au bas de la pyramide, recommandons d’accélérer la distribution des budgets ainsi que le processus de décentralisation, d’allouer au moins 30% des ressources au financement d’entreprises locales et de faciliter la mobilisation des ressources nationales y compris par la collecte des impôts.  En outre, elle encourage les autorités à profiter des bas prix du pétrole pour transférer au moins 10% des subsides vers les investissements dans les énergies alternatives et renouvelables.

Pour elle, les solutions existent.  Elles seront débloquées dès l’instant où on permettra à la plus grande force économique de pleinement jouer son rôle à savoir le secteur informel.

Table ronde organisée dans le cadre de l’émission de la BBC intitulée « My Perfect Country »

Cette émission, produite par la BBC World Service en collaboration avec l’Institute for Global Prosperity of the University College London, a commencé par une vidéo qui présentait les réponses d’auditeurs de la BBC à la question suivante: qu’est-ce qui ferait un monde parfait selon vous?  Parmi les réponses, très variées, l’un a émis le vœu de voir le recyclage adopté par tout le monde, l’autre souhaitait l’égalité hommes-femmes dans les postes de direction ou un accès universel aux soins de santé.

C’est la première fois qu’un programme de la BBC est enregistré lors d’une séance des Nations Unies, a précisé Mme FI GLOVER, Journaliste de la BBC World Service, qui animait la discussion en duo avec Mme HENRIETTA MOORE, Professeur et Directrice de l’Institute for Global Prosperity, à University College London.  Celle-ci a expliqué que l’ensemble des mesures économiques ne suffisent pas à établir la prospérité, d’où l’objet des études qu’elle mène pour explorer les voies permettant d’accélérer le partage des connaissances entre pays et entre régions.  C’est précisément l’exercice auquel se sont livrés les participants à la table ronde en examinant des exemples provenant de l’Ouganda, l’Estonie, le Costa Rica et l’Inde.

Après une vidéo sur Barefoot Law, une organisation qui facilite l’accès au droit et à la justice des Ougandais, son fondateur, M. GERALD ABILA, a expliqué qu’il avait eu l’idée de créer cette organisation en réalisant qu’en fusionnant les technologies avec les systèmes existants d’aide judiciaire, on pouvait fournir un meilleur accès au droit et à la justice. 

« Nous traitons actuellement entre 200 à 250 questions par jour », a-t-il dit, en espérant étendre ses services à 5 millions de citoyens dans les années à venir, aspirant à traiter entre 60 et 70 000 affaires.  L’organisation fonctionne avec 40 bénévoles et 25 avocats qui donnent du temps gratuitement, ainsi que la participation de nombreuses organisations.  L’aide fournie va de l’assistance à l’enregistrement d’une nouvelle entreprise au soutien apporté à une femme qui veut faire valoir son droit de garde sur un enfant.

Rappelant que 50% de la population ougandaise est en attente de procès, ce chiffre étant de 66% en Inde, l’animatrice de la BBC a demandé des précisions sur les liens entre l’organisation et les autorités judiciaires ougandaises.  Le Ministre de la justice est très réceptif à l’innovation, a répondu le fondateur de Barefoot Law en expliquant qu’il ne pouvait pas travailler dans le vide. 

La modératrice d’University College a souligné la nécessité d’améliorer l’accès au droit en expliquant que la plupart des avocats ougandais étaient concentrés à Kampala, la capitale.  Le fondateur de Barefoot Law a mentionné à cet égard le partenariat mis en place avec l’UNICEF qui permet aux citoyens d’utiliser des SMS pour avoir accès au droit.  Interrogé sur ses ambitions internationales pour son organisation, il s’est dit prêt à exporter ses idées.

Pour répondre à un représentant de l’Italie, il a expliqué que tout citoyen ougandais doit pouvoir avoir accès à l’information nécessaire en consultant les lois et la Constitution.  Pour améliorer la compréhension de ces textes par tous, il a reconnu qu’il fallait les traduire dans les langues locales et proposé d’utiliser les chansons pour simplifier le langage juridique.  Le délégué de la Belgique a également exprimé son souci de traduction pour un meilleur accès à la justice et aux services en général.

Passant au cas de l’Estonie, une autre vidéo a expliqué les étapes suivies pour instaurer un État basé sur le numérique et une véritable « E-Société » qui bénéficie notamment d’une couverture Wi-Fi gratuite sur tout le territoire. 

M. HANNES ASTOK, ancien membre du Parlement, Chef du domaine « Local e-Government » de la e-Governance Academy, a donné quelques exemples du niveau de la numérisation de son pays: 97% des transactions bancaires se font en ligne, on peut créer une entreprise en 20 minutes et 32% des votes se font en ligne.  On enregistre aussi 100 millions de signatures numériques par an, ce qui économise du temps de démarche et donc des journées de travail, a-t-il fait remarquer.

Comment cela a-t-il commencé?  Après l’indépendance, au début des années 1990, nous avons entrepris de connecter les écoles à l’Internet, ce qui fait que les enfants et les étudiants actuels sont maintenant des moteurs pour connecter leurs familles au numérique.  Interrogé sur les risques de piratage informatique, il a expliqué que le Gouvernement estonien avait 30 bases de données, ce qui rend difficile le piratage.  Il a insisté plutôt sur les risques d’atteinte à l’intégrité des données qui peuvent être modifiées.  Quant au programme d’« e-resident », il découle de la constatation que les affaires ont besoin de rapidité et de simplicité dans leurs démarches.  Le Premier Ministre du Japon est devenu « e-resident », a-t-il signalé pour illustrer l’intérêt qui est manifesté pour ce statut.

Ce fut ensuite au tour de Mme MONICA ARAYA, fondatrice et Directrice exécutive de Nivela, de donner un exemple de mesures concrètes prises dans son pays, le Costa Rica, pour parvenir à un avenir durable.  Elle a ainsi brossé le tableau des politiques mises en œuvre au Costa Rica pour passer aux énergies alternatives et renouvelables, notamment l’électricité hydroélectrique.  En 2015 le pays a réussi à se passer de carburants fossiles pendant 255 jours et 99% de l’énergie a été produite à partir d’énergies renouvelables, a-t-elle fait valoir.  Le Costa Rica, qui vise 0 émission de carbone d’ici à 2020, est d’ores et déjà l’un des trois seuls pays, avec le Bhoutan et le Maroc, en passe de descendre à moins de 2% de dépendance à l’énergie fossile.

Mme Araya a expliqué que son organisation, Nivela, travaille sur ces politiques vertes au Costa Rica.  Le succès de ces politique dépend du fait que « les gens en voient l’intérêt et en vivent l’impact », ce qui les encourage à y adhérer « bien plus que de beaux discours sur des objectifs de développement durable ».  Le succès des objectifs de développement durable passe par l’appropriation nationale, ce qui exige leur traduction en langage local, a-t-elle d’ailleurs noté en invitant à en être « des interprètes » pour être plus proche des préoccupations des gens.  Qui va faire ce travail au niveau de chaque pays? s’est-elle demandé.

Après avoir rappelé que le Costa Rica avait opté pour l’écotourisme et luttait contre la déforestation, Mme Araya a affirmé que l’Accord de Paris avait été un moment historique.  Elle a imputé ce succès en grande partie au travail fait en amont par une alliance en dehors des gouvernements.  Pour elle, il ne fait pas de doute que, dans les années à venir, les parlements auront un rôle essentiel à jouer dans la mise en œuvre efficace de l’Accord sur le climat sur le plan national. 

Pour y veiller, l’initiative LIMPIA, une plateforme citoyenne, a été créée au Costa Rica pour suivre et relayer les travaux du Parlement sur ces questions notamment.  Pour réussir le pari du développement durable, plutôt que de commencer par le/les problèmes, Mme Araya a proposé une vision.  Pourquoi faudrait-il continuer à utiliser le pétrole dans le domaine du transport?  Qu’attendons-nous pour passer aux moyens de transport propre, à commencer par les voitures électriques?

Le débat s’est déplacé sur le terrain de l’assainissement, après la vidéo qui présentait Svadha Sanitation Social Business.  Son cofondateur, M. K.C. MISHRA, a expliqué que ce système d’assainissement novateur en Inde permettait de transformer les excréments humains en produits tels que des engrais ou des matériaux de combustion.  Il a été bien utilisé dans le secteur de l’agriculture, a-t-il précisé.  Si l’assainissement relève du pouvoir public, il a regretté que le rôle du secteur privé reste limité dans ce domaine, plaidant en faveur du principe d’engagement auprès de la population.  Il a conseillé de revoir tout le langage et l’éthique dans la façon de travailler avec le consommateur de ces services. 

Si le service fourni donne accès à des technologies, la société civile doit de son côté jouer son rôle pour que les pauvres utilisent ces toilettes.  Cette démarche se base en effet sur l’appropriation, a-t-il souligné en expliquant que les personnes qui installent ces toilettes en choisissent la couleur et la forme.  C’est un investissement pour elles. 

Interrogé sur les moyens d’aller plus loin, avec la collaboration de tous les secteurs, il a imaginé que si un médecin pouvait prescrire l’installation de toilettes, ce mouvement s’accélérerait.  Car les défis que pose l’assainissement ne sont pas résolus uniquement par l’argent, a noté la modératrice d’University College.

Table ronde sur le thème « Changement de paradigme dans le développement »

Comment faire pour que les objectifs de développement durable soient pertinents pour la société civile dans le contexte actuel?  C’est la question qu’a posée l’animateur de la discussion pour lancer le débat sur le changement de paradigme en matière de développement.  M. MICHAEL SHANK, Chef des communications du Réseau des solutions des Nations Unies pour le développement durable et Professeur à New York University School of Professional Studies’ Center for Global Affairs, a demandé aux intervenants de donner des pistes pour faire « exploser les cloisons » et réaliser ainsi l’intégration recherchée.

Le développement des sciences sociales a amené une fragmentation académique, a remarqué M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) en voyant cela comme une erreur.  Il a appelé à aller au-delà de l’intellectualisme, qui touchait d’ailleurs également les Nations Unies atteintes d’un excès de spécialisation.  Cela oblige à impliquer largement la société civile, comme cela a été le cas dans son pays qui a consulté la population sur de nombreux sujets. 

Au niveau international, il a constaté qu’on était passé des « grandes déclarations » à un ensemble de documents beaucoup plus proches de la vie des citoyens de la planète, l’Accord de Paris étant le plus concret selon lui.  Sans souhaiter un cadre politique unique pour l’humanité, il a proposé de réfléchir à inclure dans tous ces processus communs des engagements politiques pour consolider les piliers économique, social et environnemental du développement.

M. DAVID NABARRO, Conseiller spécial du Secrétaire général sur le Programme de développement à l’horizon 2030, a rappelé les 5 P en anglais (Personnes, Partenariats, Planète, Prospérité et Paix) qui résument les grands axes du développement durable.  Il a prôné 10 moyens pour mettre en pratique l’innovation: dans la manière de penser, la façon de se connecter (en utilisant notamment les technologies mobiles), le secteur du travail, la coordination des activités transsectorielles, l’organisation, la reddition de comptes, la soumission de rapports (avec ventilation par sexe et groupe social), le financement, dans la gouvernance, dans la façon dont nous nous considérons nous-mêmes.

« Nous devons décloisonner les mesures prises dans les différents secteurs », a reconnu Mme MINH-THI PHAM, Directrice exécutive pour les politiques à la Fondation des Nations Unies (FNU), en commençant par relier climat et développement.  Elle a aussi mis l’accent sur l’inclusion et le caractère universel des objectifs de développement durable.  Pour résoudre le problème de l’inégalité, elle a conseillé d’insuffler le sens de l’appropriation, de baser les mesures sur les données et d’adopter une démarche qui va de la base au sommet. 

Notant les obstacles opérationnels, elle a prévenu des difficultés auxquelles les gouvernements doivent faire face sur la voie de l’intégration.  Elle a aussi appelé à réfléchir aux moyens d’établir des connections avec les citoyens.  Le système des Nations Unies a été innovant en mettant en route des projets pilotes, a-t-elle noté. 

Dans le Réseau des solutions des Nations Unies, « nous aidons à créer l’appropriation au niveau local », a indiqué à ce propos l’animateur avant de donner la parole à M. UWE DEICHMANN, Chef économiste et Codirecteur du Rapport sur le développement du monde 2016 de la Banque mondiale.  Il faut bien communiquer le message au grand public, a-t-il remarqué, en invitant à faire comme si on suivait un scénario de film.  Le Rapport sur le fossé numérique de la Banque mondiale s’est fondé sur l’influence des technologies numériques et de l’Internet sur le développement.  Est-ce que cela crée plus d’opportunités pour les citoyens?  Est-ce que les entreprises sont plus efficaces?  Est-ce que les gouvernements fournissent de meilleurs services publics?  « Oui », a-t-il dit.

« Nous avons des preuves de l’efficacité de ces technologies sur le développement durable. »  Il a fait remarquer, par exemple, qu’Internet permet de réduire énormément les coûts de transactions.  En même temps, il a reconnu que ce n’est pas la panacée, du fait du nombre réduit d’utilisateurs dans le monde en développement.  Ces technologies entraînent en outre une polarisation du marché du travail et elles finissent par être la cause des inégalités.  Si les technologies ont permis des avancées dans le développement de l’Estonie, nous avons des exemples de pays où cela n’a pas marché, a-t-il souligné.

Mme MARY ELLEN ISKENDERIAN, Présidente-Directrice générale de Women’s World Banking, organisation basée aux États-Unis qui vise l’autonomisation des femmes, a quant à elle abordé la question de l’inclusion financière.  Elle a présenté les conclusions d’un rapport selon lequel il y aurait 700 millions de personnes de plus dans le monde ayant accès à un compte formel.  Mais, a-t-elle tempéré, les inégalités homme-femme dans ce domaine sont toujours les mêmes, car elles sont dues à des problèmes structurels.  Cela se traduit par des femmes qui contrôlent moins de biens, qui sont plutôt employées dans le secteur informel, qui font face à des limites culturelles, qui n’ont parfois pas le droit à la propriété de biens immobiliers. 

Elle a vanté les mérites des méthodes alternatives de financement de prêts qui sont très utiles aux agricultrices, tout en avertissant que les femmes sont souvent difficiles à atteindre car elles vivent en zone rurale et ont des responsabilités domestiques qui les empêchent de voyager.  En outre, elles n’ont pas un téléphone mobile personnel et sont donc réticentes à passer des transactions financières sur le téléphone d’une autre personne.  Pour encourager leur autonomisation financière, elle a conseillé d’utiliser les séries télévisuelles de type « telenovelas ».  En République dominicaine, par exemple, une série de ce genre a entraîné une hausse de 39% du nombre de comptes d’épargne des femmes.

Les premiers fruits récoltés des efforts d’appropriation du Programme 2030 ont été constatés par les intervenants.  Le représentant d’El Salvador a donné le témoignage d’une vieille dame de son pays qui était au courant des objectifs de développement durable parce que quelqu’un, dans son village, l’avait invitée à une conversation sur ce sujet. 

La représentante de la Fondation des Nations Unies a toutefois rappelé que même les pays développés n’ont pas les outils nécessaires pour mesurer le degré de réalisation des objectifs de développement durable, ce qui influence leur manière d’interagir avec les pays en développement.  Il faut repenser le système de mesure des progrès, a reconnu l’animateur, en mettant l’accent sur les grandes différences entre les pays.  Pour conclure sur le décloisonnement, l’Ambassadeur d’El Salvador a invité l’ONU à pratiquer ce qu’elle prêche, ce qui ne peut que contribuer à l’appropriation nationale.

Débat général

Pour M. NONTAWAT CHANDRTRI (Thaïlande), qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et la Chine, l’intégration politique est un élément essentiel pour la réalisation des objectifs de développement durable et, pour cela, le segment d’intégration de l’ECOSOC représente une plateforme importante de dialogue et d’échange de vues sur les leçons apprises et les recommandations pour aller de l’avant dans l’intégration et l’innovation politique. 

Avec l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, un changement de paradigme s’est opéré du fait de la nature transformatrice et universelle de ce Programme qui met l’accent sur une approche intégrée en vue de réaliser des progrès dans les trois domaines du développement durable qui sont l’économique, le social et l’environnemental.  Le Groupe des 77 encourage l’ECOSOC à redoubler d’efforts pour associer les pays aux délibérations de ce segment et leur permettre d’échanger des informations sur leurs expériences nationales dans ce domaine.

Le Groupe plaide aussi en faveur d’une approche centrée sur la personne et équilibrée dans la définition des politiques et stratégies nationales, l’objectif étant de « nous renforcer en interne et de nous rendre plus résistants aux chocs externes ».  Le représentant du Groupe redoute la possibilité de voir les politiques d’intégration être perçues comme « le train-train habituel ». 

En effet, la traduction du Programme de développement durable à l’horizon 2030 au niveau national sera une véritable épreuve.  Comment traduire les exigences du Programme tout en les alignant sur les intérêts et actions à la fois des secteurs privé et public?  Le Groupe appelle les Nations Unies à venir soutenir les pays en développement dans ce processus de manière à leur permettre de dépasser leurs limites et défis associés aux politiques d’intégration, notamment par le biais du renforcement de leurs capacités à la fois institutionnelles et opérationnelles.  Le rôle des Nations Unies doit également porter sur les transferts de technologies et l’assistance technique, a poursuivi le représentant.

Revenant à la mise en œuvre des objectifs de développement durable sur le plan national, le Groupe des 77 insiste sur la notion de responsabilité partagée mais différenciée.  Il souhaite une meilleure gouvernance économique mondiale et une participation sur un pied d’égalité des pays en développement ainsi qu’une meilleure représentation de ces derniers pour garantir que leur voix soit entendue. 

Par ailleurs, le Groupe estime que les politiques d’intégration seront d’autant plus efficaces qu’elles sauront intégrer des solutions basées sur la culture, les connaissances et pratiques traditionnelles.  Avec 134 États Membres, « le Groupe des 77 et la Chine a beaucoup à offrir en termes de modèles de développement alternatifs et de stratégies pour définir les politiques d’intégration pour promouvoir le développement durable ».  Avant de conclure, le représentant a mis en garde contre les doubles emplois sur le plan international, ce qui suppose une meilleure coordination lorsqu’on parle de politiques d’innovation et d’intégration.

M. DANG HUY DONG, Vice-Ministre du plan et de l’investissement, qui a parlé au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a dit que l’année 2016 marquait le début de la « Communauté de l’ASEAN » dont la vision est « une Communauté qui participe et qui profite à ses populations et qui est inclusive, durable, résiliente et dynamique ».  Elle coïncide aussi avec la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  L’ASEAN souligne l’importance de l’intégration horizontale et verticale qui renforce la capacité nationale à travers le processus de coordination amélioré du travail de l’ASEAN, l’efficacité accrue des travaux des organes de l’ASEAN, le renforcement du secrétariat de l’ASEAN et l’amélioration de la présence institutionnelle de l’ASEAN aux niveaux national, régional et international.

Une politique d’intégration au niveau régional implique la mise en place d’objectifs, la mise en œuvre et l’examen basés sur un leadership fort et une vision partagée.  Pour intégrer le Programme de développement durable à l’horizon 2030 sur le plan régional de l’ASEAN, les États membres se sont engagés pour un Plan d’action quinquennal 2016-2020 en vue de mettre en œuvre un large partenariat entre l’ASEAN et l’ONU.  « Le Plan d’action prend en compte les éléments clefs de notre vision », a-t-il précisé, ajoutant que l’ASEAN conduirait également des examens de suivi et des évaluations régulières des progrès et des résultats obtenus dans la mise en œuvre des deux programmes.  

M. MOHANAD ALI OMRAN AL-MUSAWI (Iraq) a déclaré que la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 exigeait de tous un travail de groupe.  Le représentant a ajouté que les objectifs de développement durable étaient intégrés les uns aux autres et leur réalisation nécessitait une vision commune, une mise en œuvre effective et une évaluation.  S’agissant des politiques d’intégration et d’innovation, il faut créer de nouvelles méthodes pour travailler ensemble et se consacrer aux liens et aux synergies entre les objectifs, a suggéré le représentant qui a pris comme exemple l’objectif numéro 1 sur l’élimination de l’extrême pauvreté qui a des liens avec l’objectif numéro 4 sur l’accès à une éducation de qualité dans des conditions d’équité et la promotion des opportunités d’apprentissage tout au long de la vie. 

Il a aussi parlé des liens entre l’objectif numéro 7 sur les énergies renouvelables et l’objectif numéro 14 sur la protection de la faune et de la flore aquatiques.  Il faut également savoir utiliser les ressources humaines de façon innovante afin de ne pas dépenser trop d’argent et de temps.  Avant de terminer, le représentant a dit que les objectifs de développement durable ne s’adressaient pas uniquement à une région ou à une population, ou à une situation particulière, ils s’adressent à chacun d’entre nous.  Dès lors, il faut prendre en compte les caractéristiques de chaque société au moment de l’évaluation, a-t-il dit.

2015 a été l’année de la diplomatie multilatérale, a déclaré Mme VERONIKA BAJGAROVA (République tchèque), qui salue les différents accords internationaux auxquels on a pu parvenir que ce soit en termes d’objectifs de développement durable, de climat, de financement du développement ou de commerce international.  Les années à venir seront celles de la mise en œuvre de ces accords, puisqu’il s’agit maintenant de donner suite aux engagements pris, a poursuivi la représentante. 

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a, pour sa délégation, un statut particulier dans la mesure où c’est un plan d’action holistique sur les fronts économique, social et environnemental.  « Pour faire court, le Programme 2030 concerne tout et tout le monde », a estimé la représentante, et, pour cette raison, le segment d’intégration de l’ECOSOC représente une plateforme essentielle pour sa mise en œuvre puisqu’il est chargé de veiller à l’intégration de ces trois dimensions à la fois au sein du système des Nations Unies et au-delà.

Pour sa délégation les clefs du succès du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sont trois: un changement de mentalité; l’intégration de ce Programme dans nos politiques et actions quotidiennes; et le maintien de sa cohérence à la fois sur les plans national et international.

Mme HUA YE (Chine) a estimé que la mise en œuvre complète du Programme de développement durable à l’horizon 2030 supposait le renforcement de la coopération internationale et la traduction des engagements pris en actions concrètes.  Selon la Chine, il faut adhérer au principe de l’appropriation par les pays de ce Programme et tenir compte de la souveraineté des pays sur leur propre développement.  Les principales priorités sont d’une part l’élimination de la pauvreté et, d’autre part, la mise en œuvre du concept de développement durable s’appuyant sur le principe de responsabilité commune mais différenciée. 

La Chine plaide aussi en faveur de partenariats pour le développement, où la coopération Nord-Sud reste le principal canal, tout en renforçant la coopération Sud-Sud.  Il faut, selon la représentante, appuyer le système de l’ONU afin qu’il démultiplie les avantages respectifs de ses différents organes et institutions dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Par ailleurs, la Chine demande un mécanisme de suivi de la mise en œuvre de ce Programme en vue de renforcer la surveillance et le contrôle sur le plan international.  La Chine insiste aussi sur la nécessité pour chaque pays de garder une grande marge de manœuvre nationale dans la traduction des objectifs de développement durable dans ses politiques et stratégies nationales. 

S’agissant des orientations politiques du Gouvernement chinois, la représentante a expliqué qu’il intégrait les objectifs de développement durable dans son plan national de développement à moyen et à long termes.  La Chine a notamment diversifié ses priorités nationales, avec un accent particulier mis sur l’élimination de la pauvreté dans les zones rurales d’ici à cinq ans.  La Chine s’engage à faciliter la coopération Sud-Sud dans le cadre de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

M. HASSAN ABBAS (Liban) a axé son intervention sur les efforts menés par le Liban en vue d’adopter son plan national de développement durable.  Ces efforts remontent à 2014 et visent à développer un modèle économique national durable qui permette au Liban de faire face aux multiples défis qu’il rencontre dans une région marquée par l’instabilité politique.  Depuis l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, les efforts ont porté sur l’alignement du plan national sur les objectifs de développement durable, a expliqué le représentant. 

Le Plan est divisé en secteurs et couvre les services publics comme l’électricité, le traitement des eaux usées, les énergies renouvelables, le transport en plus des secteurs économiques vitaux comme l’agriculture, l’industrie, le secteur financier et d’autres.  La dernière partie du Plan consistera en un ensemble de projets de lois et de décrets qui devront être soumis au cabinet et au Parlement pour approbation pour que les réformes puissent devenir effectives. 

Les 17 objectifs de développement durable seront couverts par le plan national de développement durable, a assuré le représentant, qui accorde toutefois la priorité à ceux d’entre eux qui sont les plus urgents sur le plan national.  S’agissant du financement de ce plan, il a précisé qu’une structure originale de partenariats public-privé était envisagée, ainsi que des privatisations, des investissements domestiques et internationaux et des financements concessionnels d’institutions de développement multilatérales et des dépenses publiques nationales.

Mme JUDITH MARCIA ARRIETA MUNGUIA (Mexique) a souhaité que ce débat contribue à l’intégration des travaux de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social (ECOSOC).  Dans le cas particulier de l’ECOSOC, a ajouté la représentante, il est important de faire en sorte que les bureaux de pays et les bureaux régionaux du Conseil travaillent de manière cohérente et coordonnée afin notamment de réduire les dépenses et de mettre en œuvre le Programme 2030. 

Elle a aussi suggéré de reprendre en compte les formules qui ont eu du succès.  Elle a enfin mis l’accent sur la nécessité pour l’ECOSOC de renforcer la coopération triangulaire.

M. AHMAD FATHALLA, Observateur permanent de la Ligue des États arabes, a fait état des efforts de la Ligue pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans les pays arabes.  L’une des priorités reste, selon lui, l’élimination de la pauvreté, ce qui suppose une mobilisation de ressources nationales, régionales et internationales. 

Rappelant que le monde arabe connaissait des défis politiques et sécuritaires importants qui entravent l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a affirmé que « ces nations ont besoin d’un soutien pour la réalisation de ce Programme ».  Une synergie et un renforcement de la coopération sont essentiels pour combattre le terrorisme et ses racines qui entravent le développement durable, a poursuivi l’observateur.

Il faudrait, selon lui, faciliter le transfert de technologies et renforcer le partenariat mondial pour permettre à tous les pays d’avancer sur la voie des objectifs de développement durable.  La réussite du Programme 2030 dépend en large partie du combat contre le terrorisme dans cette partie du monde, et de la nécessité de sauver sa jeunesse en lui offrant de véritables opportunités, a encore expliqué l’observateur.  Pour la Ligue arabe il faut toutefois veiller à ce que chaque État puisse assumer en premier lieu la responsabilité de son développement et définir ses priorités nationales, tout en gardant à l’esprit la feuille de route définie par le Programme 2030.

M. SIMON PONI MAROBE (Afrique du Sud) a dit que le plan national de développement de son gouvernement était conforme au Programme 2030 et au Programme de l’Union africaine de 2063 pour l’unité, la prospérité et la paix.  Les efforts nationaux visent maintenant à autonomiser toutes les parties prenantes de la société pour qu’elles puissent appuyer l’effort collectif de développement.  Le représentant a ajouté que son pays se consacre plutôt sur les résultats et veut ainsi améliorer la qualité du rapport national. 

Il va aussi mettre l’accent sur le travail des cadres locaux et sur la démocratie locale.  Le représentant a poursuivi que la réalisation des objectifs de développement durable dans les pays en développement nécessitait l’aide des pays développés, notamment dans la lutte contre les changements climatiques, la collecte de données et les transferts de technologies.  En outre, ils ont besoin d’un partenariat multipartite qui est essentiel pour répondre aux besoins nationaux et régionaux.  Pour que l’Afrique ne soit laissée sur le côté, les organes des Nations Unies doivent aider à la mise en œuvre du Programme 2063 de l’Union africaine et à abattre les cloisonnements entre les différents programmes, a—t-il conclu.  

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