L’ECOSOC débat de la manière de mobiliser des partenariats intersectoriels pour le Programme de développement durable à l’horizon 2030
Le Forum des partenariats du Conseil économique et social (ECOSOC) a réfléchi aujourd’hui à la manière de mobiliser les partenariats pour la mise en œuvre des 17 objectifs et 169 cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Parmi ces objectifs adoptés le 25 septembre dernier par l’Assemblée générale, le dernier souligne que des partenariats efficaces entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile sont nécessaires pour un programme de développement durable réussi.
Les partenariats multipartites sont la clef de la mise en œuvre du Programme 2030, a souligné le Président de l’ECOSOC. Les gouvernements, le système des Nations Unies, la société civile, le secteur privé, les fondations et les universités doivent briser les silos traditionnels pour permettre des solutions multisectoriels. Il nous faut, a insisté le Président, des partenariats multipartites « transparents, comptables de leurs actes et respectueux des valeurs, mandats et principes de l’ONU » qui complètent les efforts nationaux et le travail du système des Nations Unies.
Comment mobiliser ces partenariats derrière la mission de l’ONU? s’est demandé le Président de l’Assemblée générale. Comment accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable, en y impliquant le secteur privé et la société civile? Comment mieux coordonner les efforts en évitant d’étouffer l’innovation et de faire taire les conversations pointues? Ces questions ne sont pas nouvelles, a reconnu le Président, mais cette année est une bonne occasion d’y répondre, car c’est le moment d’aligner les efforts individuels et collectifs avec le Programme 2030 et d’y inclure les partenariats multipartites.
Les questions ne sont en effet pas nouvelles: l’ONU a lancé dès 1999, le « Pacte mondial » qui réunit aujourd’hui 8 000 entreprises de 160 pays différents autour de 10 valeurs fondamentales portant sur les droits de l’homme, les normes du travail, l’environnement et la lutte contre la corruption, devenant ainsi des « entreprises citoyennes ».
Le Conseiller spécial du Secrétaire général sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a d’ailleurs salué le « Pacte mondial » qui fait « un travail remarquable » en faisant appel à la créativité des entreprises. Mais cela ne suffit pas, a semblé dire la Messagère de la paix de l’ONU et Présidente de la Ville humanitaire internationale qui a regretté qu’alors que « les forces du mal » -les terroristes- s’organisent de mieux en mieux, les forces de l’humanité restent désorganisées et fragmentées.
Elle a, par exemple, dénoncer la bureaucratie et la concurrence entre les ONG et la réticence des agences de l’ONU et des donateurs à écouter les conseils, d’où la difficulté de coopérer et de coordonner les actions. Elle a aussi dénoncé l’absence d’un système global pour tracer les flux d’argent publics et privés. Il faut, a-t-elle préconisé, renforcer la confiance entre les partenaires et assigner à chacun son rôle sur la base de ses avantages comparatifs, car à ce jour, 37% des partenariats multipartites enregistrés sur le site Internet des Nations Unies n’ont produit aucun résultat, a précisé la Conseillère principale du Global Policy Forum, ajoutant que « l’ONU a du mal à gérer les partenariats qui existent déjà ».
Le rôle rassembleur de l’ONU a tout de même été salué mais l’échec des partenariats dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), prédécesseurs du Programme 2030, a été rappelé. Il ne s’agit pas d’être trop directif depuis New York, a plaidé le représentant du Danemark. Il s’agit plutôt d’encourager les partenariats dans un esprit de confiance et dans le souci du rapport coût-efficacité, et de tirer parti des modèles existants.
Le Programme 2030 offre un cadre dans lequel les différents groupes peuvent trouver la place qui leur revient, a estimé le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Programme 2030. La création d’un partenariat solide, a-t-il rappelé, prend du temps, des ressources et des relations de confiance. Certains partenariats n’ont pas fonctionné parce qu’ils n’ont pas bénéficié aux populations cibles, d’autres parce qu’ils ont brûlé les étapes. Or l’engagement de tous doit être constant, a plaidé le Conseiller spécial.
DE L’ENGAGEMENT AUX RÉSULTATS: MOBILISER DES PARTENARIATS POUR LE PROGRAMME 2030
Déclarations d’ouverture
Les partenariats multipartites sont la clef de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a d’emblée souligné M. OH JOON, Président du Conseil économique et social (ECOSOC). Les gouvernements, le système des Nations Unies, la société civile, le secteur privé, les fondations et les universités doivent briser les silos traditionnels pour permettre un processus de prise de décisions et des solutions multisectoriels. Les partenariats doivent renforcer les liens entre les objectifs et les cibles pour plus d’efficacité et d’impact. Il nous faut, a insisté le Président, des partenariats multipartites qui complètent les efforts nationaux et le travail du système des Nations Unies.
Ces partenariats, notamment ceux menés par l’ONU, doivent être transparents, comptables de leurs actes et respectueux des valeurs, mandats et principes de l’Organisation. Leurs mécanismes de suivi et d’examen sont importants pour veiller à ce qu’ils produisent les résultats escomptés, et l’ECOSOC, qui a pour mandat de servir de plateforme à l’examen des partenariats mondiaux, est particulièrement bien outillé pour guider les initiatives et les engagements liés aux partenariats en appui à la mise en œuvre des mandats de l’ONU. Les discussions vont explorer ces questions et il faut espérer, a conclu le Président, qu’elles nous aident à mieux comprendre ce qu’il faut pour améliorer la transparence et la redevabilité des partenariats.
Les discussions doivent porter non pas sur la raison pour laquelle il faut renforcer les partenariats mais sur la manière de le faire, a renchéri le Président de l’Assemblée générale, M. MOGENS LYKKETOFT. Comment mobiliser les coalitions de partenariats de toutes les parties de la société derrière la mission de l’ONU et en particulier celle liée aux objectifs de développement durable, y compris la lutte contre les changements climatiques? Comment accélérer et élargir la mise en œuvre des objectifs de développement durable en y impliquant le secteur privé et la société civile pour qu’ils créent de nouveaux marchés pour les solutions durables?
Comment faire en sorte que les partenariats appuient le mandat universel du Programme 2030 tout en assurant un soutien aux pays les moins avancés? Comment partager les enseignements tirés de l’expérience pour apprendre des échecs et célébrer les champions? Comme assurer redevabilité et transparence? Comment mieux coordonner en évitant d’étouffer l’innovation et de faire taire les conversations pointues?
Ces questions ne sont pas nouvelles, a reconnu le Président, mais cette année est une bonne occasion d’y répondre, car c’est le moment d’aligner les efforts individuels et collectifs avec le Programme 2030 et d’y inclure les partenariats multipartites. Le Président a rappelé qu’il entend organiser un débat thématique de haut niveau le 21 avril prochain sur la réalisation des objectifs de développement durable, en marge de la cérémonie de signature de l’Accord de Paris sur le climat. Le débat prévoit aussi quatre segments sur le financement, la technologie et les données, les changements climatiques et les partenariats.
Il faut rapidement passer des engagements à l’action avec des partenariats forts, inclusifs et intégrés à tous les niveaux, a encouragé à son tour, M. DAVID NABARRO, Conseiller spécial du Secrétaire général sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Pour accélérer l’exécution du Programme 2030, il faut des partenariats souples qui permettront de mobiliser rapidement des ressources et des capacités, et combler les lacunes qui surviendront lors de la mise en œuvre. Nous devons nous laisser guider par les principes de transparence et de redevabilité, a-t-il insisté, à son tour, comptant sur des partenariats qui défendent les valeurs et les principes des Nations Unies. « Des partenariats innovants et créatifs contribueront à transformer notre monde pour toutes les générations à venir », a-t-il conclu.
Pour la Princesse HAYA BINT AL HUSSEIN, Messagère de la paix de l’ONU et Présidente de la Ville humanitaire internationale, les défis auxquels le monde fait face aujourd’hui, en particulier le terrorisme, les déplacements forcés et l’instabilité économique, exigent des actions concertées. Après avoir condamné les attentats récents de Bruxelles et de Lahore, la Princesse, « en tant qu’hachémite et musulmane », a tenu à dire clairement que « les personnes qui commettent de tels actes ne les commettent pas au nom de l’Islam. Ils ne font qu’emprunter le nom de l’Islam ».
« L’heure est venue de nous battre pour la paix en donnant aux citoyens du monde un espoir pour lequel vivre », a-t-elle déclaré. Selon elle, « les forces du mal » s’organisent de mieux en mieux, alors que les forces de l’humanité restent désorganisées et fragmentées. Il est « tragique et impardonnable » de laisser ces phénomènes se perpétrer sans trouver de solutions. Il faut, a dit la Princesse, tirer les enseignements du génocide, des croisades, de l’oppression des Palestiniens, du nettoyage ethnique contre les Musulmans dans les Balkans, des Khmers rouges, et de bien d’autres horreurs encore.
L’action humanitaire et l’aide au développement sont la meilleure façon de combattre le terrorisme et la radicalisation. « Les forces du mal ont réussi à rallier les populations grâce à une idéologie néfaste » et aujourd’hui le monde a besoin d’un « point de ralliement »: l’ONU représente l’autorité morale sur la planète. L’Organisation, a estimé la Princesse, se trouve dans une période de transition. Elle est à la veille de l’élection d’un nouveau Secrétaire général, après être passée des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) aux objectifs de développement durable. « Lorsque nous unissons nos forces, nous pouvons faire la différence », a-t-elle encouragé.
Cette année, a-t-elle rappelé, pour faire face aux crises humanitaires, il a fallu débourser 25 milliards de dollars, soit 10 fois plus que les fonds d’urgence dont avait besoin l’ONU en 2000. En tant que Messagère de la paix, a-t-elle ajouté, « j’ai compris que les besoins de base sont essentiels ». Se référant aux deux premiers objectifs de développement durable relatifs à l’élimination de la pauvreté et de la faim, elle a dit: « Lorsque l’on meurt de faim, on ne pense pas aux autres objectifs ». La Princesse a voulu que les partenariats créés pour atteindre les objectifs de développement durable l’emportent sur tous les autres intérêts conflictuels.
Elle n’a pas manqué de dénoncer la bureaucratie et la concurrence entre les ONG qui posent la question de la création de partenariats viables dans un secteur « aussi peuplé » que l’humanitaire? Aucune agence, aucun donateur n’aime se faire dicter sa conduite, et la coopération et la coordination ne viennent que lorsqu’il y a des histoires négatives racontées par les médias, des plaintes ou des rapports d’audit accablants, a-t-elle regretté. La Princesse a aussi dénoncé l’absence d’un système global pour tracer tous les flux d’aide publics et privés. Elle a recommandé de renforcer la confiance entre les partenaires et d’« assigner les rôles sur la base des avantages comparatifs des uns et des autres et sur la base de leur talent ».
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant a insisté sur l’importance égale de chaque objectif de développement durable et sur celle de la coopération Nord-Sud, laquelle peut être soutenue par la coopération Sud-Sud. Il a aussi insisté sur la coordination et la cohérence des partenariats, appelant l’ECOSOC à jouer un rôle de chef de file à cette fin. Il a, à son tour, souligné la nécessité d’un haut degré de transparence, invitant les entités de l’ONU en partenariats avec le secteur privé, à présenter des rapports périodiques à leur Conseil d’administration. Il a également mis en garde contre le risque que les partenariats accentuent le déséquilibre entre les ressources de base et les ressources liées à des programmes spécifiques que les donateurs mettent à la disposition des entités de l’ONU.
Table ronde sur le thème « Éliminer le cloisonnement: partenariats intersectoriels pour l’avancement des objectifs de développement durable »
Cette table ronde, animée par M. RICHARD LUI, Journaliste à MSNBC aux États-Unis, a permis de souligner l’importance de partir de ce qui marche déjà en matière de partenariat afin d’explorer des pistes innovantes pour une mise en œuvre efficace du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Ainsi, Mme PEGGY DULANY, Présidente de l’ONG Synergos a parlé d’un projet de son organisation en Inde réunissant le Gouvernement, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le secteur privé et les communautés locales contre la malnutrition infantile. Quelle est la clef du succès d’une telle initiative? La patience et la confiance, a-t-elle argué, soulignant qu’il a fallu sept 7 ans pour réunir les différents acteurs. Le secteur privé a en effet besoin d’un environnement stable pour pouvoir prendre des risques, a expliqué M. MICHAEL LANDAU, Président de CTI Global, une fondation de consulting qui travaille sur l’innovation. Pour briser les barrières, il faut que l’administration publique allège ses lourdeurs bureaucratiques. Tous les fonctionnaires ne sont pas des bureaucrates, a tempéré Mme ALICE ALBRIGHT, la Présidente-Directrice générale du Partenariat mondial pour l’éducation.
Au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement, le représentant des Maldives s’est félicité des avancées dans la mise en place des infrastructures durables que ces États ont connues grâce à un partenariat avec le Gouvernement italien. Son homologue du Pérou a parlé d’un partenariat gagnant-gagnant entre son gouvernement et le secteur privé, dans un programme visant à faire entrer les couches défavorisées dans le système bancaire et aux personnes sans compte en banque d’effectuer des transactions grâce à leur téléphone portable.
Comment répéter ces succès ailleurs? Les meilleures pratiques mais aussi les mauvaises initiatives doivent être largement diffusées, a suggéré le représentant des Pays-Bas. Le Président de CTI Global a proposé la création d’un groupe d’experts du secteur privé qui coordonnerait l’échange mondial des meilleures pratiques. Le secteur privé est appelé à jouer un grand rôle dans les partenariats, mais il faut également qu’il soit prêt à être comptable de ses actes, a mis en garde le représentant de l’Afrique du Sud.
La bonne stratégie serait de trouver les points d’intérêts communs entre le secteur privé et les gouvernements, a souligné la Présidente-Directrice générale du Partenariat mondial pour l’éducation qui a jugé que les gouvernements devraient piloter ces partenariats, car ils sont les mieux placés pour défendre les intérêts des populations vulnérables face aux objectifs commerciaux du secteur privé. Il faut que la confiance règne entre secteur privé et gouvernements, a admis Mme MARY CHEGE, Directrice de l’ONG Development Finance International. « On ne peut dissocier le développement durable du monde des affaires », et, a ajouté le représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT), tous les partenaires doivent être impliqués sur un pied d’égalité. Les partenariats intersectoriels doivent commencer au niveau national avant d’être étendus aux régions et au monde entier, a souligné la représentante de Trinité-et-Tobago, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM). N’oublions pas, a averti un membre de la société civile, que l’objectif de ces partenariats est de s’assurer que personne ne soit laissé de côté.
Table ronde sur le thème « Les ressources en vue de catalyser les partenariats intersectoriels au service des objectifs de développement durable »
Cette table ronde a été modérée par Mme LISE KINGO, Directrice exécutive du Pacte mondial des Nations Unies, le Pacte pour l’émergence de l’entreprise citoyenne. Investir dans le « business » des objectifs de développement durable est un risque viable pour les entreprises, a confirmé M. SCOTT MITCHELL, Président-Directeur général de Sumitomo Chemical America. Il a prévenu que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est tellement vaste qu’il faut briser les barrières.
M. Mitchell a présenté le projet mené par son entreprise qui fabrique et vend des millions de moustiquaires imprégnées contre le paludisme, créant 8 000 emplois en Tanzanie, notamment pour les femmes, après l’installation d’une usine de moustiquaires. Les moyens financiers et les investissements dans la recherche et l’innovation sont au rendez-vous quand le secteur privé peut opérer dans un environnement stable.
Un appel à des investissements dans les infrastructures de transport, a été lancé par M. IGOR RUNOV, Secrétaire général adjoint de l’Union internationale des transports routiers, car sans mobilité, pas de développement durable. Il s’est félicité du lancement, l’an dernier, du Partenariat mondial pour un transport durable, dans le cadre du Pacte mondial. Les partenariats fonctionnent toujours quand les motivations des acteurs sont claires pour tous, a souligné Mme JOY MARINI, Directrice exécutive de Johnson and Johnson. Le succès n’est pas toujours au rendez-vous mais cela ne doit pas décourager les partenaires.
Nos États attendent des investissements durables depuis longtemps, a rappelé le représentant de Nauru, au nom des petits États insulaires du Pacifique. Nous avons besoin de ressources prévisibles et en quantité suffisante pour mettre en place les vraies conditions de développement durable, a-t-il ajouté. Le représentant de l’Alliance des entreprises pour le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a parlé du fonctionnement du secteur privé qui cible des objectifs précis. Même quand l’argent vient des privés, il est primordial d’associer les gouvernements à sa gestion, a estimé la représentante de l’Allemagne. Il est en effet important que l’argent dépensé ait un réel impact sur les populations, a reconnu une participante du secteur privé.
Table ronde sur le thème « Promotion de la responsabilité et de la transparence des partenariats multipartites pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 »
M. NILS SIMON, de l’Institut allemand pour la politique internationale et la sécurité, a fait un exposé sur le thème « Nouvelles frontières sur la responsabilité des partenariats multipartites ». Il s’agit de renforcer les synergies en mettant en commun les ressources, a-t-il expliqué. Les données montrent que des difficultés peuvent émerger dans plusieurs pays et être allégées grâce à la transparence et à la redevabilité. Il a encouragé tous les partenariats à s’enregistrer, via une base de données complètes, et recommandé de s’inspirer des directives existantes. Il a aussi proposé la tenue d’une réunion annuelle sur l’apprentissage et le partage des connaissances, et la rédaction de rapports d’étape et de synthèse pour orienter l’examen du Forum politique de haut niveau de l’ECOSOC.
« Trente-sept pour cent des partenariats multipartites enregistrés sur le site Internet des Nations Unies n’ont produit aucun résultat au regard des critères appliqués », a critiqué Mme Barbara Adams, Conseillère principale au Global Policy Forum. D’après elle, il faut travailler en amont avant de mettre en ligne des partenariats approuvés passivement. « L’ONU a du mal à gérer les partenariats qui existent déjà », a-t-elle relevé, en notant que dans certaines situations, on détourne des ressources qui pourraient être allouées à d’autres projets. Afin de voir clairement la contribution des partenaires et leur impact sur l’ensemble du système, elle a recommandé « une approche plus systémique quand on parle d’initiatives mutuellement bénéfiques ».
La transparence améliore les partenariats et les résultats, a acquiescé M. RAJESH MIRCHANDANI, Vice-Président chargé de la communication et de la sensibilisation au Centre for Global Development, et animateur du débat. Il faudra créer un cadre propice et « des freins et contrepoids » pour veiller à ce que les partenariats soient équitables.
Lorsque différents groupes travaillent ensemble, pouvoirs publics, société civile, universités, entreprises et organisations internationales, ils s’efforcent de trouver des solutions, a dit M. DAVID NABARRO, Conseiller spécial du Secrétaire général sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Fort de son expérience au sein de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il a pris pour exemple le succès de l’initiative « Faire reculer le paludisme » qui a vu un dialogue transformateur entre plusieurs protagonistes. L’ONU peut mobiliser différents acteurs contre un problème, comme la réduction des gaspillages alimentaires, a-t-il assuré.
Le rôle rassembleur de l’ONU a été salué par M. SHANKAR VENKATESWARAN, Chef de Tata Sustainability Group. « Le partenariat fait partie de notre ADN », a-t-il affirmé, avouant que l’expérience des partenariats avec les entreprises a été mitigée mais qu’elle s’améliore. Le secteur privé travaille activement avec les gouvernements et continuera de le faire, mais pour éviter la confusion, ce secteur doit être compris dans son rôle complémentaire. C’est le gouvernement qui doit être le chef de file.
Un changement de mentalité et de perception s’amorce, a dit avoir constaté Mme KATHY CALVIN, Présidente et Directrice générale de la Fondation des Nations Unies. « Le secteur privé commence à comprendre le langage du développement et il revient désormais à la société civile de comprendre celui des entreprises », a-t-elle dit. Il faut mettre à contribution la société civile dont les médias pour voir quels atouts investir dans les partenariats. La société civile est aussi une importante source de données, a-t-elle ajouté. « Quant à l’ONU, c’est un environnement plus riche, plus sophistiqué, plus nuancé », qui a une excellente démarche en matière de collecte de données, a-t-elle précisé.
Dans le système multilatéral, il existe déjà une démarche fondée sur l’expertise des États Membres, a rappelé le Conseiller spécial du Secrétaire général sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Récemment, il y a eu davantage d’efforts délibérés pour mettre à contribution des groupes de la société civile. Par exemple, le Comité sur la sécurité alimentaire mondiale, qui mène ses travaux à Rome, a créé une structure qui permet l’engagement de diverses communautés.
Le représentant de la République dominicaine, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a jugé important de promouvoir des partenariats multipartites respectueux de la Charte des Nations Unies et des priorités de chaque pays. Il faut faire en sorte que les partenariats soient plus transparents, plus responsables et plus alignés avec les objectifs de développement consacrés par les Nations Unies et les besoins nationaux, a renchéri le représentant de la Roumanie. Des résultats chiffrés et clairs étant indispensables ainsi que des cadres pour que la prise en main des objectifs soit garantie.
Pour la représentante des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement, « les objectifs de développement durable et les orientations de Samoa constituent les éléments de liaison qui vont permettre aux partenariats de réussir ». En la matière, le représentant de Global Eco Visions a regretté que le rôle de la société civile n’ait pas été suffisamment souligné aujourd’hui. Son organisation, a-t-il précisé, adopte une approche intégrée sur plus de la moitié des objectifs de développement durable. Par exemple, la gestion intégrée de la forêt et du paysage requiert une approche multisectorielle, a fait valoir la représentante d’Eco Agriculture Partners. Il faut garantir un environnement juridique stable pour la participation de la société civile, a estimé le représentant de CIVICUS. La société civile a le pouvoir d’attirer l’attention voulue sur les thèmes communs des objectifs de développement durable, a plaidé la Présidente-Directrice générale de la Fondation des Nations Unies, Mme Kathy Calvin. Le Conseiller spécial du Secrétaire général sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a proposé de s’inspirer des principes énoncés par le Pacte mondial qui est, selon lui, « un travail formidable ».
« Les partenariats multipartites ne doivent pas être traités de façon isolée et il faut éviter les cloisonnements », a mis en garde le représentant de l’Afrique du Sud. Ainsi, l’ONU doit-elle rester au cœur des efforts mondiaux. Avec son homologue du Guatemala, il a estimé qu’il faut retenir la leçon des partenariats pour les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et éviter un échec. Les partenariats doivent viser le transfert des technologies et le renforcement des capacités nationales. Le représentant d’USAID a ajouté le secteur public de la santé.
Pour le représentant de la Chine, il faut voir comment les États Membres peuvent examiner et suivre les partenariats. Ils doivent pouvoir superviser l’allocation des ressources, notamment pour éviter les détournements de fonds. Il ne s’agit pas d’être trop directif depuis New York, a mis en garde son homologue du Danemark. Il s’agit plutôt, a-t-il dit, d’encourager les partenariats dans un esprit de confiance et dans le souci du rapport coût-efficacité, et de tirer parti des modèles existants.
Le Forum politique de haut niveau devrait se pencher sur cette question, a considéré le Conseiller spécial du Secrétaire général sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Ce Programme, a-t-il estimé, fournit un contexte dans lequel les différents groupes peuvent trouver la place qui leur revient. La création d’un partenariat solide prend du temps, des ressources et des relations de confiance, a-t-il insisté. Certains partenariats n’ont pas fonctionné parce qu’ils n’ont pas bénéficié aux populations défavorisées et d’autres parce qu’ils ont brûlé les étapes. Or, l’investissement de tous doit être constant, a-t-il dit, avouant tout de même l’absence d’instruments financiers susceptibles de produire de bons résultats. Il existe une mine d’expériences dans le monde qui pourrait améliorer le suivi et le partage des informations entre tous les protagonistes, a rappelé le représentant de Trinité-et-Tobago, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM). Il a proposé de mettre régulièrement à jour « un répertoire des partenariats ». S’interrogeant sur la précision des lignes directrices pour les partenariats, le représentant de la Suisse a plaidé pour que l’on accorde plus de souplesse aux agences de l’ONU dans le choix de leurs partenaires.
Le délégué de l’Union européenne est revenu sur le Pacte mondial de l’ONU qui, selon lui, fait appel à la créativité des entreprises. Le Forum des partenariats de l’ECOSOC, a estimé, pour sa part, le Président de l’ECOSOC, est devenu une plateforme véritablement inclusive. « Notre force est dans les partenariats », s’est-il résumé, appelant à un équilibre entre la promotion des partenariats et leur contrôle. Nos efforts unifiés et fondés sur les valeurs et les principes des Nations Unies peuvent accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il conclu.