République centrafricaine: le Secrétaire général déclare « souscrire globalement » aux conclusions du rapport du Groupe d’enquête
Ban Ki-moon annonce qu’il va « agir rapidement pour déterminer les mesures nécessaires » contre les fonctionnaires qui ont abusé de leur autorité
On trouvera ci-après la déclaration du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, suite à l’enquête externe indépendante sur la réaction de l’Organisation des Nations Unies aux allégations d’exploitation et d’atteintes sexuelles et d’autres infractions graves qui auraient été commises par des membres de forces militaires armées qui ne sont pas placées sous le commandement de l’ONU en République centrafricaine:
J’ai reçu, aujourd’hui, le rapport du Groupe d’enquête externe indépendant chargé d’examiner la réaction de l’ONU aux allégations d’exploitation et d’atteintes sexuelles et d’autres infractions graves qui auraient été commises en République centrafricaine. Je tiens à remercier la Présidente du Groupe, Mme Marie Deschamps, ancienne Juge à la Cour suprême du Canada, ainsi que les autres membres, Mme Yasmin Sooka, Directrice exécutive de la Fondation pour les droits de l’homme en Afrique du Sud, et M. Hassan Jiallo, Procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda, d’avoir accompli ce travail important. Je souscris globalement aux conclusions du rapport du Groupe d’enquête.
Le rapport dépeint une Organisation des Nations Unies qui n’a pas su se montrer à la hauteur de la situation lorsqu’elle a eu connaissance d’informations faisant état de ces actes criminels répréhensibles commis sur des enfants vulnérables. Je déplore profondément que ces enfants aient été trahis par ceux-là mêmes qui ont été envoyés pour les protéger. Bien que les soldats ayant commis ces exactions n’eussent pas été placés sous le commandement de l’ONU, le rapport montre que l’Organisation des Nations Unies, qui a rendu ces faits publics, n’a pas traité l’affaire avec la diligence, l’attention et la délicatesse requises.
D’après le rapport, trois fonctionnaires de l’Organisation ont abusé de leur autorité. Compte tenu de la gravité de ces conclusions, je vais agir rapidement pour déterminer quelles mesures pourraient être nécessaires. Dans le souci de respecter le principe fondamental de responsabilité, et étant donné que les allégations actuelles de sévices sexuels commis par des membres de contingents déployés en République centrafricaine ne sont pas les premières, j’avais déjà demandé à un des fonctionnaires en question, mon Représentant spécial pour la République centrafricaine, de remettre sa démission.
Le rapport indique également que plusieurs autres fonctionnaires et bureaux de l’Organisation n’ont pas abusé de leur autorité, bien que leur performance ait laissé à désirer. Je pense que ces manquements résultent dans une large mesure de systèmes défaillants. Je me propose d’étudier ces cas de façon plus approfondie afin de veiller à ce que les personnes et les bureaux concernés tirent des enseignements de cette enquête.
Les observations et déclarations faites par les fonctionnaires en question figurent dans un appendice au présent rapport.
Je compte examiner d’urgence les recommandations du Groupe et prendre immédiatement des mesures qui s’imposent pour remédier aux problèmes structurels, au cloisonnement et à tous autres problèmes. Je fais toutefois observer que certaines de ces recommandations nécessiteront la participation et l’approbation des États Membres.
Au fil des ans, l’ONU a mis en place toute une série de mesures visant à prévenir l’exploitation et les atteintes sexuelles commises par des membres du personnel de maintien de la paix des Nations Unies et prévoyant une réaction ferme en cas d’infraction. Cette année, j’ai continué de renforcer la politique de tolérance zéro. J’ai rencontré tous mes représentants spéciaux et les commandants de la force et chefs de la police afin de leur rappeler l’importance de la politique de tolérance zéro adoptée par l’Organisation concernant l’exploitation et les atteintes sexuelles. J’ai également eu des entretiens avec les membres du Conseil de sécurité et les pays qui fournissent des contingents et du personnel de police pour leur rappeler que les États Membres avaient un rôle déterminant à jouer pour ce qui était de prendre des mesures de prévention et de répression énergiques.
Reste qu’il faut, de toute évidence, faire beaucoup plus, notamment pour mieux mettre en cohérence le système du maintien de la paix et celui des droits de l’homme. Ainsi que l’indique le rapport, il est particulièrement compliqué de traiter les problèmes d’exploitation et d’atteintes sexuelles lorsque, comme en l’espèce, les contingents ne sont pas placés sous le commandement de l’ONU. L’Organisation n’exerce pas son autorité sur les contingents qui ne font pas partie de ses missions de maintien de la paix. Cela ne l’exonère en rien de dénoncer les exactions commises par d’autres forces. Or, les pays concernés réagissent trop souvent aux accusations avec lenteur ou tiédeur, quand ils ne restent pas complètement silencieux. Cette situation grave appelle une action de notre part. Pour les victimes, peu importe la couleur du casque ou de l’uniforme porté par ceux qui viennent les protéger. Notre devoir est de maintenir la confiance qui doit sous-tendre toutes les interventions internationales.
Le personnel des Nations Unies s’emploie à lutter contre l’exploitation et les atteintes sexuelles au nom des valeurs humaines fondamentales, mais aussi parce qu’il est conscient que les actes effroyables de quelques-uns peuvent saboter le travail de milliers de fonctionnaires dévoués. En ce qui me concerne, bien que n’adhérant pas à toutes les affirmations figurant dans le rapport, j’en accepte globalement les conclusions. L’exploitation sexuelle et les abus de pouvoir n’ont pas de place à l’ONU ou dans le monde de dignité pour tous que nous nous efforçons d’édifier.