En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/17032-ENV/DEV/1548

Le Secrétaire général considère les Chefs des missions diplomatiques de la France comme des « Ambassadeurs des Nations Unies pour le climat »

Vous trouverez ci-après l’allocution que le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a prononcée à Paris, à la Semaine des Ambassadeurs, sur le thème « Vers l’Alliance de Paris pour le climat »:

Bonjour.  C’est un grand honneur pour moi de m’adresser à un si grand nombre d’ambassadeurs de France. Je suis ravi que Son Excellence, M. Manuel Pulgar-Vidal ait pu se joindre à nous pour cette occasion importante.

Les étrangers ont certaines idées reçues concernant les Français.

Vous aimez les arts, la musique, la bonne chair, le vin… et les vacances.

À New York, pas moyen de trouver M. Delattre.

Je me disais qu’il devait être en train de profiter de ses congés.

À présent que je suis ici avec vous pour la Semaine des ambassadeurs, je me rends compte que je me faisais une fausse idée des Français.

En fait, même l’été, vous ne prenez pas de vacances!

Je sais qu’en tant que membres du corps diplomatique français, vous contribuez énormément à promouvoir les intérêts de la France partout dans le monde.

Mais à l’ère de l’interdépendance et de l’interconnexion, vous concourez aussi beaucoup à la recherche de solutions mondiales à des problèmes mondiaux.

Je tiens à vous remercier pour l’appui que la France apporte, de longue date, au multilatéralisme et à l’Organisation des Nations Unies.

Je salue votre travail inlassable en faveur de la paix, des droits de l’homme et du développement durable partout dans le monde.

La France est le quatrième plus gros contributeur au budget ordinaire de l’ONU, et le troisième pour les opérations de maintien de la paix.

Et bien entendu, la France a donné à l’humanité un nombre incalculable de mets, de films et d’œuvres d’arts, sans compter la langue française elle-même, la langue originale de la diplomatie internationale.

Je suis particulièrement heureux d’avoir été invité à participer à cette rencontre cette année, car des efforts historiques sont en train d’être déployés pour que l’humanité s’engage sur une nouvelle voie de développement.

La France est très impliquée dans cette entreprise.

Et bien sûr, la conférence sur le climat qui se tiendra à Paris cette année est une des grandes priorités de la communauté internationale.

Je parle au nom de beaucoup en disant que la France, par ses initiatives, joue un rôle exemplaire dans l’action mondiale menée pour contrer la menace grave que les changements climatiques font peser sur notre planète.  Je souhaiterais également rendre hommage au leadership dont fait preuve le Pérou.  Nous avons continué à bien progresser depuis la conférence sur le climat qui s’est tenu à Lima en décembre 2014.

Les derniers éléments de l’accord sur le climat sont en train d’être négociés.

Je compte que la Conférence des Parties qui se tiendra ici en décembre débouchera sur un texte ambitieux d’une réelle utilité.

Et je suis convaincu que François Hollande et le Ministre Laurent Fabius font tout ce qui est en leur pouvoir pour assurer le succès de cette conférence.

Les négociations sur le climat clôturent une année de progrès et de transformation.

En mars, à la troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe, qui s’est tenue à Sendai, au Japon, des mesures importantes ont été décidées pour l’édification de sociétés plus résilientes.

En juillet, la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, qui s’est tenue à Addis-Abeba, a revitalisé le partenariat mondial en faveur du développement.

Et ce mois-ci, à New York, les États Membres se sont mis d’accord sur la version définitive d’un nouveau programme de développement mobilisateur qui nous guidera jusqu’à l’an 2030.

Les dirigeants des pays du monde adopteront officiellement le mois prochain le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Je me réjouis de la participation du Président Hollande à cette occasion.

Cet ensemble de 17 objectifs de développement durable constitue un programme détaillé et intégré qui ouvrira les portes du développement durable à tous les habitants de tous les pays du monde.

Ce programme doit permettre d’éliminer la pauvreté sous toutes ses formes, sans que quiconque soit laissé pour compte.

Il tient compte des liens fondamentaux qui existent entre, d’une part, la promotion de la prospérité et, d’autre part, l’édification de sociétés pacifiques et la garantie du respect des droits de l’homme.

Il vise à améliorer la qualité de vie des populations et, en même temps, à protéger la planète.

L’action relative aux changements climatiques constitue un objectif à part entière, pleinement intégré avec les autres objectifs de développement durable.

C’est indispensable, car si nous n’agissons pas immédiatement dans ce domaine, le développement durable restera hors de notre portée.

Tous les pays et tous les secteurs de la société ont un rôle à jouer.

Aujourd’hui, je suis prudemment optimiste.

Des plans d’action climatique ont été soumis par des pays comptant pour plus de 60 % du total des émissions.

Trois des plus grandes puissances économiques du monde –la Chine, l’Union européenne et les États-Unis– sont déterminés à rechercher une croissance fondée sur des activités à faible émission de carbone et résistantes aux changements climatiques.

Je salue la décision qu’a récemment prise le Conseil constitutionnel de la France au sujet d’une loi ambitieuse sur la transition énergétique.

Des collectivités locales prennent également des mesures vigoureuses en matière climatique.

Au cours de l’année écoulée, 17 villes se sont engagées à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80% d’ici à 2050.

Le Pacte des maires, lancé l’an dernier au Sommet sur le climat, compte à présent une centaine de villes.

Et des partenariats entre villes, entreprises et organisations de la société civile ont beaucoup aidé à faire avancer certains volets clefs des travaux sur les changements climatiques, comme l’énergie, les transports, l’agriculture et les forêts.

Partout dans le monde, des particuliers et des chefs d’entreprise visionnaires réclament une action forte dans le domaine des changements climatiques.

Cette action doit consister à réduire les émissions et à renforcer la résilience.

À tous les niveaux, dans tous les secteurs et dans toutes les régions, il est de plus en plus largement admis que la croissance économique et l’action climatique ne sont pas incompatibles.

Ces deux objectifs peuvent être complémentaires et synergiques.

D’immenses possibilités s’ouvrent aux pays et aux entreprises qui innovent dans la conception et la commercialisation de technologies énergétiques propres.

Juste avant le Sommet sur le climat qui s’est tenu l’an dernier à New York, quelque 400 000 personnes sont descendues dans les rues de New York.

Il y a également eu des manifestations dans plus de 160 pays.

Je sais qu’il en est prévu d’autres avant la conférence de 2015 sur les changements climatiques, y compris ici à Paris.

Les chefs religieux usent également de leur influence pour encourager l’action climatique.

Au Sommet des consciences, qui s’est tenu en juin à l’initiative du Gouvernement français, des personnalités représentant diverses religions et traditions se sont dites déterminées à mobiliser leurs adeptes.

Dans une récente encyclique, S. S. le pape François a parlé de façon touchante de l’impératif moral que représentent la protection des plus vulnérables et la préservation de la planète qui nous abrite.

Lors d’une récente réunion, des théologiens musulmans et des personnalités de la société civile de 20 pays ont adopté une déclaration énergique dans laquelle ils ont exhorté toutes les communautés musulmanes du monde à faire de l’action climatique une priorité.

Durant les mois qui nous séparent de la conférence de Paris, je demande à chacun de continuer d’exiger que les dirigeants politiques agissent et parviennent à un accord ambitieux et universel sur le climat.

Dans mes échanges avec les dirigeants, j’ai bien précisé quelles sont, à mon sens, les conditions à remplir pour que cet accord ait de réels effets.

Premièrement, il ne doit laisser aucun doute que l’engagement en faveur de faibles émissions de carbone est pris, et de façon irréversible.

Deuxièmement, il doit s’inscrire dans le long terme pour que le secteur privé puisse compter sur des conditions prévisibles et sur les politiques qui lui permettront d’investir dans les énergies propres et des solutions résistantes aux changements climatiques.

Troisièmement, il doit être souple pour que des mesures d’incitation et des cibles ambitieuses, fixées par les pays eux-mêmes en fonction des données scientifiques, puissent être incorporées au fur et à mesure.

Quatrièmement, il doit reposer sur le principe de l’équité, aider les pays en développement à s’adapter et prévoir des mesures de solidarité avec les pays les plus pauvres et les plus vulnérables.

Cinquièmement, il doit prévoir des mécanismes crédibles et bien définis permettant de mesurer les progrès accomplis sur toute une série de fronts, d’en assurer le suivi et de communiquer des informations transparentes sur ce qui a été fait.

Et sixièmement, des moyens de financement crédibles doivent être mis en place.

Il est impératif que les pays développés donnent, avant la conférence de Paris, des éclaircissements concernant la part des 100 millions de dollars qui proviendra de fonds publics, et ce qu’ils feront pour mobiliser des fonds privés.

Je travaille avec les dirigeants des pays du Nord et du Sud pour être sûr que cet objectif sera atteint d’une façon que tous jugent crédible.

L’accord devra aussi tenir compte du fait que des ressources très considérables seront nécessaires à long terme, bien au-delà de 2020.

Le Fonds vert pour le climat doit être opérationnel et des ressources doivent pouvoir être déboursées avant la conférence de Paris.

Tous ces éléments doivent sous-tendre l’Alliance de Paris.

L’appareil diplomatique de la France est très au point.  Je sais que vous faites tous votre part, dans les pays où vous êtes en poste, dans le cadre de vos échanges avec les dirigeants et le grand public, pour contribuer à ce que nous arrivions au résultat recherché.

Je vous en remercie.  D’ici à la conférence de décembre, je compte que vous poursuivrez votre travail de sensibilisation et de mobilisation en faveur de l’action climatique, et n’épargnerez aucun effort pour assurer le succès de la conférence.

C’est une de mes priorités absolues, et votre appui sera crucial.  Disons qu’à partir de maintenant, je vous considère tous comme des ambassadeurs des Nations Unies pour le climat!

Félicitations!

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