En cours au Siège de l'ONU

Quarante-huitième session
4e séance – matin
POP/1038

La Commission de la population et du développement poursuit son débat général sur l’intégration des dynamiques de population dans le développement durable

La Commission de la population et du développement a poursuivi ce matin son débat général au niveau ministériel consacré à l’expérience des pays dans le domaine de la population sur le thème « Réaliser l’avenir que nous voulons: prendre en compte les questions de population dans le développement durable, y compris dans le programme de développement pour l’après-2015.

Mme Lakshami Puri, Sous-Secrétaire générale et Directrice exécutive adjointe d’ONU-Femmes, a ensuite présidé un dialogue interactif avec le professeur Suzana Cavenaghi, de l’École nationale des sciences statistiques de l’Institut brésilien de géographie et de statistique, qui a fait un exposé sur le thème « Santé procréative, problématique hommes-femmes et développement durable ».

Mme Cavenaghi s’est félicitée de voir la santé et les droits sexuels et procréatifs de plus en plus reconnus comme étant des droits de l’homme fondamentaux.  Elle a souligné que les questions d’égalité des sexes concernaient autant les hommes que les femmes et les filles, en dépit des barrières culturelles et économiques.  D’après elle, le développement durable et l’élimination des inégalités et de la pauvreté requièrent un « changement complet de comportement ».

Une quinzaine de délégations se sont préoccupées des suites à donner au Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire (CIPD) adopté en septembre 1994.  À cet égard, elles ont affirmé que les objectifs envisagés dans le programme de développement pour l’après-2015 concernaient les jeunes au premier chef.

Le délégué de l’Inde a ainsi indiqué que son pays, dont 54% de la population a moins de 25 ans, était en passe d’empocher « ce fameux dividende démographique » dans un contexte de rapide croissance économique, et souligné l’engagement de son pays en faveur de l’autonomisation des femmes.

Dans le cadre de son nouveau document d’orientation stratégique en matière d’enjeux de population et de santé sexuelle et reproductive pour la période 2015-2020, la France « place les droits et la santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes comme un objectif prioritaire, en particulier en Afrique de l’Ouest et du centre et au Sahel », a expliqué à son tour la représentante de ce pays.

Dans le même ordre d’idées, la représentante des États-Unis, soulignant que le Président Obama avait « toujours défendu les droits sexuels et procréatifs des filles », a appelé à un objectif distinct sur l’égalité des hommes et des femmes et sur l’autonomisation des femmes dans le programme de développement pour l’après-2015.

Pour le représentant de la Fédération de Russie, qui a affirmé que la situation démographique s’était stabilisée dans son pays, la population doit être le principal bénéficiaire et le moteur du progrès dans le cadre d’un tel programme.

Enfin, la représentante de l’Afrique du Sud a préconisé une approche centrée sur la « justice reproductive », permettant aux femmes et aux adolescentes de bénéficier d’un programme de protection sociale complet.

Après avoir tenu des consultations officieuses pour examiner les projets de proposition dont elle est saisie, la Commission poursuivra demain son débat général à partir de 10 heures en salle 4.

DÉBAT GÉNÉRAL CONSACRÉ À L’EXPÉRIENCE DES PAYS DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION SUR LE THÈME « RÉALISER L’AVENIR QUE NOUS VOULONS: PRENDRE EN COMPTE LES QUESTIONS DE POPULATION DANS LE DÉVELOPPEMENT DURABLE, Y COMPRIS DANS LE PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT POUR L’APRÈS-2015 »

Suite du débat général

Mme ROSY SENANAYAKE, Ministre d’État chargée des affaires de l’enfance du Sri Lanka, a affirmé que son pays avait fait des progrès significatifs en matière d’indicateurs socioéconomiques.  Toutefois, a-t-elle constaté, les femmes sont encore à la traîne.  Les travailleurs migrants et les femmes sont nombreux dans le secteur des récoltes saisonnières et les femmes travaillent souvent dans le secteur de l’économie informelle, ce qui les rend plus vulnérables.

Le Sri Lanka reconnaît qu’« un développement inclusif dépend de l’égalité des chances sur le marché du travail », a ajouté la Ministre.  Elle a également estimé que l’accès des femmes à la justice est critique.  En matière de planning familial, le pays a réalisé des avancées remarquables pour réduire « la stigmatisation liée à la contraception ».  Il reste toutefois des défis à relever en ce qui concerne les avortements à risque et les grossesses non désirées chez les adolescentes, notamment dans les régions qui ont été touchées par le conflit.

Mme BATHABILE DLAMINI, Ministre du développement social de l’Afrique du Sud, a estimé que la communauté internationale et les États doivent s’engager en faveur d’un processus pour le développement fondé sur les droits civils, politiques, économiques et culturels.  Dans le contexte de la CIPD, une telle approche doit se concentrer sur la « justice reproductive », en offrant aux femmes et aux adolescentes un programme de protection sociale complet.

La transition de l’apartheid à la démocratie a été un succès pour faire reculer la pauvreté en Afrique du Sud, s’est félicitée la Ministre; la pauvreté est passée de 57% en 2006 à 44% en 2011.  Cependant, trop de citoyens sud-africains, notamment les femmes noires, sont encore touchés de manière disproportionnée par la pauvreté.  Le Gouvernement s’est engagé à fournir des services pour que les femmes puissent pleinement exercer leurs droits, y compris sexuels et procréatifs.  Il utilisera la Constitution pour appuyer la promotion de ces droits, a-t-elle assuré.   

M. RON PROSOR (Israël) a estimé qu’il ne pouvait y avoir de paix sans respect pour tous.  Il a critiqué le phénomène des mariages forcés et plaidé pour un accès universel à la santé procréative.  Les sociétés en entier souffrent des entraves opposées au développement des femmes, a-t-il poursuivi, détaillant les efforts de son pays pour diminuer la mortalité infantile, notamment au Ghana, via le financement de cliniques.  Il a souhaité que le futur programme de développement durable soit axé sur la personne.  « Une famille est comme une forêt, elle paraît dense, mais à l’intérieur chacun doit avoir sa place », a-t-il dit, citant un proverbe africain.  « Chacun doit recevoir le respect qu’il mérite », a-t-il conclu.

M. ZAHID MALEQUE (Bangladesh) a rappelé que la population de son pays s’élevait à 150 millions d’habitants.  Il a indiqué que son pays était vu comme un modèle de développement, notamment dans sa lutte contre les discriminations.  Notre pays compte 13 000 cliniques communautaires, a-t-il dit, indiquant que le taux de mortalité infantile a drastiquement diminué ces dernières années.  Il a aussi affirmé que le VIH/Sida était sous contrôle dans son pays.  Il a néanmoins

indiqué que son pays manquait encore de sages-femmes.  Le délégué a ensuite affirmé que l’égalité hommes femmes était l’une des priorités de son pays, le taux de scolarisation des garçons et des filles étant désormais le même.  Enfin, il a détaillé les politiques de son gouvernement en faveur des plus vulnérables, notamment celles favorisant l’accès à l’emploi des jeunes.

Mme MARGARET POLLACK (États-Unis) a souligné que, lorsque les droits humains des femmes et des filles sont respectés et promus, la situation s’améliore dans le monde entier.  Le Président Obama a toujours défendu les droits sexuels et procréatifs des filles, a-t-elle indiqué, estimant qu’il fallait veiller à ce que celles-ci puissent participer à la construction de la société.  La représentante a appelé à « un objectif distinct sur l’égalité des hommes et des femmes et sur l’autonomisation des femmes » dans le programme de développement pour l’après-2015.  En outre, les États-Unis ont toujours appuyé un objectif sur la santé en vue d’éliminer le VIH/sida et pour prévenir les décès évitables de mères et d’enfants.

« Des milliers de femmes n’ont toujours pas accès aux services de planning familial », a-t-elle déploré.  Elle a recommandé de renforcer la capacité des gouvernements et de la société civile dans la collecte et la ventilation des données sur la base du sexe, en vue de mettre en place un programme correspondant aux besoins des générations.  « Des décisions éclairées en matière de santé reproductive constituent souvent une question de vie et de mort pour les femmes et les filles », a-t-elle conclu.

M. MICHAEL GERBER (Suisse) a jugé indispensable d’investir dans le renforcement à long terme des systèmes de santé, d’autant qu’il manque globalement plus de sept millions de professionnels de la santé.  Il a par ailleurs indiqué que la migration et le développement faisaient partie intégrante de la politique étrangère de la Suisse.  « Dans nos partenariats migratoires, nous adoptons avec nos pays partenaires une approche globale de la migration », a-t-il affirmé.  Il a ensuite affirmé que le cadre mondial et régional de suivi et d’examen pour l’après-2015 doit s’inspirer des mécanismes existants de surveillance et d’examen.  En conclusion, M. Gerber a souligné la nécessité de combler les lacunes en matière de données en renforçant notamment les capacités nationales de collecte des statistiques.

Mme MARIELA CASTRO ESPIN (Cuba) a estimé que le programme de développement pour l’après-2015 devrait être cohérent avec le Programme d’action du Caire et les mesures prises pour son application.  Ce programme pour l’après-2015 doit remédier aux difficultés structurelles, aggravées par un ordre mondial injuste, que connaissent nos économies, a-t-elle affirmé.  La déléguée a également souhaité que les objectifs de développement durable incluent les questions de population.

Rappelant que deux tiers des analphabètes adultes du monde sont des femmes et qu’en moyenne le revenu des femmes est inférieur de 10 à 30% à celui des hommes, elle a demandé que la promotion de l’autonomisation des femmes soit au cœur du futur programme de développement.  « Depuis le triomphe de la révolution cubaine en 1959, une égale rémunération des hommes et des femmes a été instaurée dans mon pays », a-t-elle assuré, avant de préciser que 46,8% des parlementaires cubains étaient des femmes.

La déléguée a enfin souligné que son pays apportait une assistance médicale à des millions de personnes dans le monde et formait des professionnels de santé dans 157 pays.  « Ces résultats récompensent les efforts de la révolution cubaine pour améliorer le système économique et représenter une alternative à un modèle hégémonique qui n’a non seulement pas réussi à relever les défis mondiaux mais les a aggravés », a-t-elle conclu.

M. YURIY SERGEYEV (Ukraine) a regretté les atteintes portées à l’intégrité territoriale de son pays qui posent une grave menace pour son développement durable.  Il a indiqué que le grand nombre de personnes déplacées, plus d’un million, en raison de l’ingérence politique et militaire à l’est du pays, posait un défi de taille pour son pays.  Il a également demandé que le phénomène complexe du déplacement des populations soit inclus dans le programme de développement pour l’après-2015.

M. Sergeyev a par ailleurs indiqué que son pays mobilisait toutes les ressources à sa disposition pour faciliter l’intégration des personnes déplacées, l’accès à l’emploi étant la clef de cette intégration.  « Plus de 83 000 personnes ayant fui les zones connaissant des opérations antiterroristes, ainsi que le territoire annexé de Crimée, ont contacté nos agences de l’emploi », a-t-il indiqué, précisant que l’État ukrainien assurait des sessions de formation professionnelle et d’assistance à la recherche d’emplois pour les personnes déplacées.  « La stabilisation de la situation et la résolution de la crise humanitaire permettront à l’Ukraine de s’engager résolument dans la voie de la transition des Objectifs du Millénaire pour le développement aux objectifs de développement durable », a-t-il conclu.

Mme DANIELLE BOUSQUET, Présidente du Haut Conseil à l’égalité de la France, a déclaré que l’engagement de son pays pour la mise en œuvre du Programme d’action de la CIPD au-delà de 2014 « a établi un lien clair entre développement durable et droits de l’homme ».  Selon elle, le droit des individus et en particulier des femmes, adolescentes et jeunes, de décider librement et en toute connaissance de cause des questions liées à leur sexualité, y compris leur santé sexuelle et reproductive, s’inscrit dans des mouvements parallèles de la société française: l’accès à l’égalité de droit, puis l’adoption de mesures pour l’égalité réelle, y compris politique.

À travers son nouveau document d’orientation stratégique en matière d’enjeux de population et de santé sexuelle et reproductive pour la période 2015-2020, la France « place les droits et la santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes comme un objectif prioritaire, en particulier en Afrique de l’Ouest et du centre et au Sahel, c’est-à-dire la zone prioritaire de l’aide au développement de la France », a expliqué Mme Bousquet.  En outre, la France a fait de la jeunesse un axe essentiel de son action.

« Nous devons faire diminuer la prévalence des grossesses adolescentes », a-t-elle ajouté.  « Nous devons mettre en œuvre les stratégies en faveur de l’abandon des pratiques traditionnelles néfastes, dont les mariages précoces et forcés et les mutilations sexuelles féminines. »  Enfin, a poursuivi la représentante, « nous devons améliorer d’urgence la prise en charge des grossesses non désirées en levant les barrières d’accès à un avortement sûr et légal » et « concentrer davantage notre aide sur les interventions dont le rapport coût-efficacité est le meilleur ».  

Mme KARLA VANESSA LEMUS DE VASQUEZ, Directrice du développement social au Ministère des affaires étrangères d’El Salvador, a déclaré que le plan quinquennal national de développement 2014-2019 vise à faire d’El Salvador un pays prospère, et pour cela, a-t-elle dit, les besoins de différentes couches de la population doivent être identifiés et abordés.  Elle a souligné que des réformes structurelles ont permis d’améliorer la qualité de vie dans le pays, notamment grâce à l’efficacité des services de santé reproductive et sexuelle.  Ces services, a-t-elle précisé, permettent d’autonomiser davantage les jeunes et les femmes, en leur donnant la possibilité d’être libres de faire leurs choix de vie, ainsi que ceux de leurs enfants.  La représentante a aussi relevé qu’El Salvador vit en ce moment une période de transition qui se caractérise par un vieillissement global de sa population.  Elle a enfin appelé aux respects des droits de tous les segments de la population, y compris les populations autochtones et les personnes migrantes.

Mme ALINA POTRYKOWSKA, Secrétaire générale du Conseil gouvernemental pour la population de la Pologne, a affirmé que son pays connaît en ce moment un faible taux de natalité, ajoutant que les prévisions démographiques laissent prévoir que la population du pays devrait commencer à décroître à l’horizon 2030, ce qui pourrait créer, à son avis, une instabilité accrue du système de sécurité sociale du pays.  Elle a ensuite noté que 2,1 millions de Polonais vivaient à l’étranger selon des chiffres datant de l’an dernier, soit 6% de la population.  Elle a par ailleurs plaidé pour l’amélioration du taux de fécondité en Pologne, un objectif qui a justifié, a-t-elle indiqué, la mise en place d’un éventail de mesures telles que l’accès gratuit aux services de santé reproductive, l’amélioration de la fertilisation in vitro et la prolongation de la durée des congés parentaux payés, entre autres.

M. MANUEL CANELAS, Sénateur de la Bolivie, a indiqué que le Gouvernement de son pays avait « rompu avec la tradition du court-terme » et édifié un pacte social, « après avoir démis de ses fonctions une classe politique incapable d’assumer ses responsabilités ».  Un des moteurs de ce succès, a-t-il précisé, est l’interculturalité.  La Bolivie a mis en valeur le savoir des peuples autochtones « pour oxygéner le pouvoir constitué ».

Quant à la situation des femmes, le pays s’attache à la parité, a-t-il affirmé.  Aujourd’hui, 50% des sièges à l’Assemblée législative sont occupés par des femmes.  « Le monopole des hommes a été remis en question », a assuré M. Canelas, mais il faut davantage de lois pour lutter contre les cas de violences machistes.  L’émancipation des femmes doit être envisagée, à son avis, dans tous les pays du monde pour relever les défis plus rapidement.

M. CHRISTOPHER GRIMA (Malte) a souhaité que l’éradication de la pauvreté et le développement durable soient au centre du programme de développement international, avec pour but ultime l’amélioration de la qualité de la vie des populations de la planète. Il a aussi insisté sur la nécessité de tenir compte des besoins des couches plus vulnérables, notamment les personnes victimes de handicaps, précisant que le Gouvernement de Malte avait élaboré des mesures sociales et économiques telles que la couverture santé universelle et la sécurité sociale.

Il a également indiqué que Malte encourageait une éducation de qualité et des formations qui s’inscrivent dans une culture inclusive et une perspective d’apprentissage permanent Le représentant a par ailleurs souligné que les autorités de son pays promouvait la santé reproductive et sexuelle, affirmant que le droit à la vie s’étendait également au fœtus, rendant l’avortement hors la loi. Il a indiqué à ce propos que Malte s’opposerait à toute recommandation qui tendrait à obliger des parties à considérer l’avortement comme faisant partie des droits de la santé reproductive.

M. IGOR KHARITONOV (Fédération de Russie) a affirmé que la population devait être le principal bénéficiaire et le moteur du progrès dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015.  La Russie met en œuvre des mesures intersectorielles pour surmonter la crise démographique des années 90 et stabiliser la situation, afin notamment de réduire la mortalité, et renforcer l’état de santé générale et reproductive et la famille traditionnelle.  Le taux de natalité a ainsi augmenté de 34% et l’espérance de vie à la naissance est passée à 71 ans, a-t-il indiqué.  « La situation démographique en Russie et ses perspectives ne sont pas aussi sombres que cela a été présenté », a résumé le représentant, en se référant notamment à l’intervention du Professeur Dyson hier.

En outre, a-t-il poursuivi, le Gouvernement cherche à réduire la mortalité due aux maladies cardio-vasculaires, qui sont la principale cause de décès en Russie.  Il s’efforce également de créer un environnement propice aux familles avec des enfants.  Les questions démographiques seront évoquées lors d’un séminaire que la Fédération de Russie organisera à Moscou en novembre prochain avec les pays du groupe BRICS, a précisé le représentant, notant la nécessité d’avoir des indicateurs démographiques mondiaux précis.

Mme LAURA ELENA FLORES HERRERA (Panama) a plaidé pour une approche multidimensionnelle du développement.  « Le Programme d’action du Caire ayant été le précurseur du programme de développement pour l’après-2015, nous devons continuer à l’appliquer », a-t-elle estimé, déplorant que les pays en développement connaissaient encore des taux de mortalité inacceptables.  S’agissant de la petite enfance, elle a indiqué que les enfants devaient bénéficier de stimuli pour développer leur potentiel cérébral, comme cela est d’ailleurs fait dans son pays.  Elle a ensuite estimé indispensable que la voix des jeunes se fasse entendre dans le dialogue social.  L’État doit garantir aux jeunes hommes et femmes des emplois de qualité, a-t-elle aussi affirmé, soulignant que deux diplômés universitaires sur trois dans son pays étaient des femmes.  « Nous devons faire en sorte que la société puisse bénéficier de l’énergie des jeunes gens », a-t-elle conclu.

M. BHAGWANT S. BISHNOI (Inde) a indiqué que la réduction de la pauvreté était un élément clef de la stratégie de développement suivie par son pays.  « Avec une augmentation de près de 400% des fonds fédéraux et des investissements en faveur de notre système de santé, nos efforts commencent à produire des résultats », a-t-il dit.  Il a ainsi expliqué que l’espérance de vie avait augmenté et que les taux de mortalité infantile et maternelle avaient considérablement baissé entre 1990 et 2013.  « Au vu de ces résultats, l’Inde devrait atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement 4 et 5 », a-t-il affirmé.

Le délégué a ensuite indiqué que son pays, dont 54% de la population a moins de 25 ans, était en passe d’empocher « ce fameux dividende démographique » dans un contexte de rapide croissance économique et a souligné l’engagement de l’Inde en faveur de la promotion de l’autonomisation des femmes et de la lutte contre les discriminations qui frappent ces dernières.  Une loi contre le harcèlement sexuel des femmes sur le lieu de travail a été récemment promulguée, a-t-il précisé en conclusion.

Exposé

Mme SUZANA CAVENAGHI, Professeur de l’École nationale des sciences statistiques de l’Institut brésilien de géographie et de statistique, a fait un exposé sur le thème « Santé procréative, problématique hommes-femmes et développement durable ».

Elle a noté avec satisfaction que la santé et les droits sexuels et procréatifs étaient de plus en plus reconnus comme étant des droits de l’homme fondamentaux pour les hommes et les femmes et a souligné que les questions d’égalité des sexes concernaient autant les hommes que les femmes et les filles, en dépit des barrières culturelles et économiques.  D’après elle, le développement durable et l’élimination des inégalités et de la pauvreté requièrent un « changement complet de comportement ».

Mme Cavenaghi a estimé que le programme d’action de la CIPD ne devait pas être réduit à la réalisation des objectifs de développement durables (ODD), même s’il doit participer au débat sur l’environnement.  Elle a par ailleurs déploré que les questions relatives à la santé sexuelle et reproductive et aux droits dans ce domaine n’aient pas été complètement intégrées dans les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et souhaité que les objectifs de développement durable définissent des cibles spécifiques pour ce qui concerne le genre, et en particulier les hommes.

Mme Cavenaghi a par ailleurs cité certaines questions qui méritent d’être étudiées de plus près: les différences d’accès aux services de santé procréative en fonction du niveau de développement socioéconomique des pays; les taux élevés de grossesses adolescentes; le nombre important de femmes ayant une fertilité non désirée; la pratique à risque des avortements là où ils sont interdits; les niveaux élevés de mortalité maternelle et les pratiques allant à l’encontre de la libre expression de la sexualité.

Passant en revue les taux de fertilité qui varient d’une région et d’un pays à l’autre, Mme Cavenaghi a fait remarquer que les femmes n’ont pas vraiment le nombre d’enfants qu’elles désirent, même dans les pays à faible fertilité.  C’est en Afrique subsaharienne que les taux sont les plus élevés chez les adolescentes, avec des taux relativement élevés en Amérique latine et dans les Caraïbes.  En Europe en revanche, le taux de fertilité est nettement inférieur au seuil de remplacement, a-t-elle observé, affirmant que toutes les politiques démographiques devaient impérativement respecter les droits fondamentaux des femmes et ne pas être imposées.

Dialogue interactif

Évoquant les indicateurs relatifs aux OMD puis aux ODD, et notant que les objectifs ne sont pas toujours bien définis et qu’ils ressemblent plus à « des vœux pieux », le représentant de Cuba a demandé « comment trouver un fil conducteur » pour des objectifs durables et pour le suivi des problématiques importantes en matière de population et de développement.

À l’instar du représentant du Brésil, Mme Cavenaghi a souligné la nécessité d’améliorer la collecte de données et les indicateurs relatifs aux ODD.  L’Union pour les études démographiques dans le monde souscrit à l’idée d’une véritable révolution des données, a-t-elle indiqué.  Ayant compté 210 indicateurs à ce jour, elle a proposé de « considérer sérieusement la question du calendrier » après 2015.

Le représentant du Tchad a souhaité savoir dans quelle mesure le concept de développement durable prend-t-il en compte les générations actuelles et futures.  Mme Cavenaghi a reconnu qu’il y a des politiques qui n’ont toujours pas été mises en place pour avoir un développement économique et social réel et que beaucoup d’inégalités subsistent.

Elle a néanmoins souscris à l’affirmation du représentant du Nigéria, qui s’est félicité de constater une diminution des écarts entre les femmes et les hommes.

La représentante de la Zambie a estimé notamment que les indicateurs relatifs aux taux de mortalité infantile et maternelle devaient être améliorés dans le contexte des ODD.  Quand on parle de taux de fécondité non désirée on aborde des questions de politique, a-t-elle affirmé, en soulignant l’importance des indicateurs relatifs à la contraception.

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