L’ECOSOC conclut l’examen des progrès accomplis dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement
Ban Ki-moon souligne le rôle clef que joueront le Forum politique de haut niveau et l’ECOSOC dans la mise en œuvre du futur programme de développement
Le Conseil économique et social (ECOSOC) a conclu, aujourd’hui, le débat de haut niveau de sa session 2015 en entendant la présentation des derniers rapports nationaux sur les progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
Cette étape importante avant l’adoption, en septembre prochain, d’un nouveau programme de développement pour l’après-2015, qui comprendra 17 objectifs de développement durable, a été marquée par de nombreux appels « à ne laisser, à l’avenir, personne de côté ».
« Les progrès accomplis dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement ont exigé un appui financier important, une direction politique forte et d’énormes efforts consentis par les populations – aussi bien de la part des gouvernements que des villageois les plus pauvres », a rappelé le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, dans ses remarques de clôture.
« Toutefois, la grande majorité des progrès réalisés a largement exclu les femmes, ceux qui figurent tout en bas de l’échelle économique, ceux qui souffrent de discriminations en raison de leur âge, de leurs capacités ou encore de leur appartenance ethnique », a-t-il ajouté.
Au cours de sa séance du matin, l’ECOSOC a entendu les Ministres du Kirghizistan, de la Mongolie, des Philippines et de la Zambie, qui ont présenté successivement leur rapport national sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre des OMD. Conformément aux décisions prises à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable en juin 2012 à Rio de Janeiro, au Brésil, le Forum politique de haut niveau sur le développement durable sera à présent chargé du suivi et de l’examen de la mise en œuvre du nouveau programme de développement pour l’après-2015, sous les auspices de l’ECOSOC et de l’Assemblée générale .
Malgré d’importantes différences entre les quatre rapports nationaux présentés aujourd’hui, plusieurs enseignements communs ont pu être tirés des politiques ou des programmes mis en œuvre pour atteindre les huit Objectifs du Millénaire pour le développement.
Les pays qui n’ont pas adopté une stratégie multidimensionnelle et intersectorielle, par exemple, c’est-à-dire sans résoudre les problèmes à divers degrés institutionnels et en impliquant plusieurs secteurs, ont rencontré davantage de difficultés ou n’ont pas atteint les objectifs escomptés à la date butoir.
Par ailleurs, lorsqu’un pays n’est pas en mesure de mettre à jour, de collecter ou de diffuser de manière transparente les données et les indicateurs, cela a un effet considérable sur la mise en œuvre et la réussite des programmes, à la fois tant au niveau national qu’au niveau local. Ce fut particulièrement le cas pour les Philippines, a reconnu son Secrétaire de la planification économique et sociale.
Pour réaliser de nombreux OMD avant l’échéance de 2015, certains pays ont en outre misé sur des politiques de développement « vertes », à l’instar de la Mongolie, où le développement durable constitue la pierre angulaire des politiques nationales de développement depuis 1998. Ces politiques portent, entre autres, sur la protection de l’environnement et une utilisation viable des ressources naturelles.
Prendre en compte l’environnement, cela nécessite aussi de limiter les conséquences des changements climatiques et de mettre en place des filets de sécurité efficaces, a expliqué le Secrétaire de la planification économique et sociale des Philippines. Les pays qui restent très vulnérables à une catastrophe naturelle risquent de voir leurs efforts en faveur du développement anéantis s’ils ne prévoient pas ces « filets de sécurité ». Aux Philippines, par exemple, la pauvreté a diminué entre 2009 et 2013 mais elle a augmenté de nouveau en 2014 en raison des conséquences du typhon Haiyan et de la hausse des prix de produits de consommation.
La coopération régionale sera également un autre facteur de succès dans la mise en œuvre des programmes de développement. C’est notamment grâce à l’appui de ses partenaires, dont la Fédération de Russie et la Turquie, que le Kirghizistan a été en mesure d’enregistrer d’importants progrès et d’atteindre, à ce jour, 5 des 8 OMD, a assuré sa Vice-Premier Ministre.
Mais le principal enseignement de cette journée de présentation est que des objectifs de développement, en particulier la réduction de la pauvreté, ne peuvent être atteints que si tout le monde y est impliqué, y compris les plus pauvres, les plus vulnérables et les populations vivant dans les zones les plus reculées. La Zambie, par exemple, qui est pourtant passée d’un pays fortement endetté à un pays avec un revenu intermédiaire, enregistre encore un taux de pauvreté élevé, en particulier dans les zones rurales où les populations sont exclues des activités économiques du pays en raison de stratégies nationales qui ne les ont pas suffisamment prises en compte.
Dans l’après-midi, les discussions ont été axées sur la création d’institutions fortes, sur le renforcement des institutions qui existent déjà et sur la bonne gouvernance en vue de l’intégration des politiques après 2015. Plusieurs intervenants ont souligné combien la mise en œuvre des 17 nouveaux objectifs exigera une vision cohérente et globale, ainsi que la participation des acteurs traditionnels et non conventionnels.
Ici aussi, le caractère global et complet du programme de développement pour l’après-2015, ainsi que son ambition sans précédent – qui vise à ne laisser personne de côté – ont été rappelés avec force.
DÉBAT DE HAUT NIVEAU
Examen ministériel annuel (E/2015/68)
Les exposés nationaux volontaires ont démontré l’utilité de l’ECOSOC en tant que plateforme de mobilisation de la communauté internationale pour la mise en œuvre des objectifs de développement internationalement convenus, a souligné le Vice-Président de l’ECOSOC, M. OH JOON (République de Corée), en présentant cet exercice annuel. Les expériences partagées par le biais de ce processus permettent de tirer des enseignements en matière de développement. Ce sera à nouveau un atout au moment où l’on s’embarque dans un nouveau programme complet et universel pour le développement.
« C’est le dernier examen national volontaire avant l’adoption de l’ensemble des objectifs de développement durable », a expliqué le modérateur de la discussion, M. MICHAEL SHANK, Directeur des stratégies d’information à Climate Nexus. Il a mis l’accent sur le fait que le développement durable est « la réponse » indispensable pour assurer la survie du monde. Il faut donc faire connaître aux électeurs les conséquences des changements climatiques et les bénéfices d’un développement durable, a-t-il recommandé, en attirant l’attention sur le chevauchement des deux domaines. L’intégration est la nouvelle norme, a-t-il aussi affirmé. M. Shank s’est félicité, à cet égard, que le Vatican intègre ces sujets et ait prévu de réunir, les 21 et 22 juillet prochains, une réunion de maires du monde entier pour parler de ces questions. Il a également indiqué que Climate Nexus travaille sur l’intégration de trois villes aux États-Unis qui ont choisi de lancer des projets pilotes de développement durable. « Je suis sûr que l’ECOSOC sera au centre de ces efforts », a-t-il lancé.
Exposés nationaux volontaires
Kirghizistan (E/2015/62)
Mme DAMIRA NIYAZALIEVA, Vice-Première Ministre du Kirghizistan, a indiqué que les principaux progrès accomplis par son pays en termes de développement durable sont la réduction de la pauvreté extrême et la protection de l’environnement. Elle s’est félicitée, en particulier, de l’amélioration du taux de scolarisation, de la réduction de la mortalité infantile et des progrès en matière de droits des femmes, tout en signalant les progrès insuffisants en ce qui concerne les taux de mortalité maternelle et d’infection au VIH/sida, ainsi que pour la qualité de l’eau potable. Le Gouvernement a augmenté les allocations aux familles les plus pauvres, a-t-elle indiqué en expliquant comment son pays était parvenu à réduire le taux de pauvreté dans le pays. Le Kirghizistan, a-t-elle rappelé, occupait la cent et unième place en 2012 selon les indicateurs de protection de l’environnement.
Expliquant la lenteur de certains progrès, la Vice-Première Ministre a indiqué qu’il avait fallu six ans pour intégrer les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans les programmes nationaux. Le Gouvernement n’a pas adopté une approche intersectorielle, a-t-elle ajouté, avant de parler aussi des insuffisances en termes de financement. Les trois examens menés sur la réalisation des OMD ont cependant permis de comprendre les lacunes. Dès 2012, nous avons procédé à des consultations nationales, a-t-elle précisé. Le Gouvernement a ensuite analysé les politiques suivies et identifié 50 programmes spécifiques qui ont des cycles différents de mise en œuvre. Les programmes adoptés après 2013, qui vont jusqu’à 2030, tiennent compte de l’expérience des programmes précédents, a assuré la Vice-Première Ministre. Elle a parlé des efforts dorénavant déployés pour faire travailler de concert les conseils intersectoriels et un comité de coordination.
Il a jeté les bases pour la transition entre les OMD et les objectifs de développement durable, a-t-elle indiqué. Les efforts sont surtout axés sur la coordination aux niveaux local, national et régional. Il faudrait encore renforcer les capacités nationales en matière de statistiques, a-t-elle reconnu. La Vice-Première Ministre a aussi attiré l’attention sur la particularité du Kirghizistan, qui est un pays montagneux, enclavé et pauvre en ressources. Les cibles prévues dans le programme de développement pour l’après-2015 sur les écosystèmes marins et les pêches durables pourront ainsi se traduire en objectif d’utilisation rationnelle des lacs et des espaces montagneux.
Il faudrait pouvoir assurer la coordination entre les institutions à tous les niveaux, a souligné le modérateur, en tirant les leçons de cette expérience nationale.
Engageant la discussion avec la délégation du Kirghizistan, le représentant de la Turquie a salué les efforts déployés par le Gouvernement de ce pays en faveur de la démocratie et du développement durable, en saluant la tenue des élections présidentielles en 2017. Il a souligné qu’il était important pour les instances régionales de contribuer à la mise en œuvre du développement durable. Saluant les progrès accomplis en matière d’environnement et de nutrition, il a encouragé le Kirghizistan à développer des solutions durables afin de relever les défis qui persistent notamment en matière de santé maternelle. La Turquie coopère avec le Kirghizistan dans ce domaine et appuie également ses efforts dans les domaines de la justice et des droits de l’homme, a-t-il assuré.
Se félicitant des succès du Kirghizistan qui a réalisé à ce jour 5 des 8 OMD, le représentant de la Fédération de Russie a fait remarquer que cela avait été possible grâce à une bonne approche stratégique. La Russie est prête à fournir une aide au Kirghizistan pour qu’il poursuive ses efforts, a-t-il indiqué. La Russie, a-t-il ajouté, consacre 200 millions de dollars à la coopération pour le développement au Kirghizistan pour la période 2015-2017, et fournit, entre autres, une aide alimentaire et des livres scolaires en langue russe.
La Vice-Première Ministre du Kirghizistan a remercié la Russie pour l’aide inestimable qu’elle fournit, en particulier par le biais de l’Union économique eurasiatique. Pour accélérer les progrès, elle a indiqué avoir adopté un Plan de réduction des risques de catastrophe ainsi qu’un programme « Santé 2020 ».
Mongolie (E/2015/61)
M. GANTSOGT KHURELBAATAR, Secrétaire d’État au Ministère des finances de la Mongolie, a énuméré les différentes politiques menées depuis 20 ans pour garantir le développement durable de son pays, citant notamment l’adoption d’une politique de développement verte en 2014, à la suite de l’adoption, en 1998, d’un programme de développement durable qui constitue la pierre angulaire des politiques nationales de développement. Celles-ci reposent sur la protection de l’environnement et l’utilisation viables des ressources naturelles, a-t-il indiqué. En 2005, le Parlement mongolien avait approuvé les OMD en identifiant les besoins précis du pays, avant d’adopter, en 2008, une stratégie à deux volets pour la mise en œuvre. La Mongolie a aussi renforcé sa coopération avec des organisations internationales pour qu’elles soutiennent ces efforts. La Mongolie a reçu des subventions et des prêts concessionnels qui ont permis la mise en œuvre du plan de développement, a précisé le Secrétaire d’État.
C’est ainsi que des progrès tangibles ont été accomplis, a-t-il indiqué, en signalant notamment la forte croissance économique que connaît le pays depuis 14 ans. Le pays a réussi à réduire la mortalité infantile, a amélioré la santé maternelle et réalisé des progrès concernant l’égalité entre les hommes et les femmes, a-t-il ajouté. M. Khurelbaatar a rappelé que la Mongolie est un des rares pays à avoir réussi à mettre en œuvre le neuvième OMD, relatif à la gouvernance et la démocratie, grâce à des mesures visant à promouvoir la transparence et la participation citoyenne, ainsi que la lutte contre la corruption. Le taux de pauvreté a également beaucoup diminué, a-t-il ajouté. La lutte contre la pollution et contre le chômage des jeunes constitue des domaines où des efforts continuent d’être déployés.
Pour poursuivre les efforts sur la voie du développement durable, il faudrait privilégier une politique de développement basée sur les méthodes modernes, a estimé le représentant. Son gouvernement doit également améliorer les ressources humaines chargées de l’application et du suivi des politiques publiques de développement. La Mongolie produit des produits biologiques conformes aux normes internationales, ainsi que de l’énergie éolienne et solaire, a-t-il ajouté, en passant en revue les moyens dont dispose son pays. La Mongolie poursuit également des politiques visant une industrialisation viable. En outre, le secteur minier -charbon et cuivre- s’est considérablement étendu. À l’avenir, la Mongolie veut renforcer les mécanismes de suivi et d’évaluation, pour garantir le succès des politiques et renforcer la gouvernance, a dit le Secrétaire d’État avant de conclure.
Saluant les progrès accomplis par la Mongolie au cours des 10 dernières années, le représentant de la Suisse a en même temps noté les difficultés qu’il reste à résoudre. Si des progrès ont été réalisés grâce à l’adoption du Programme de développement durable en 1998, il a conseillé à la Mongolie de se doter de politiques à moyen et à court termes pour continuer à le mettre en œuvre. Il s’est félicité des efforts qui ont permis de renforcer la gouvernance démocratique et le respect des droits des citoyens, tout en souhaitant que des progrès soient davantage entrepris en faveur de la participation des femmes aux processus décisionnels. En outre, il a noté que les prix des matières premières minérales représentaient 80% des recettes d’exportation du pays. Cette dépendance par rapport à ce secteur expose le pays à des risques de fluctuation extérieurs, a-t-il prévenu. Le représentant a ensuite salué la transition prévue par la Mongolie entre les OMD et les objectifs de développement durable. La Suisse est prête à partager avec la Mongolie son expérience en termes de planification du développement, a-t-il assuré.
À son tour, le représentant du Japon a salué la réalisation précoce de certains OMD en Mongolie. Il a conseillé à ce pays de diversifier les industries, d’améliorer les services sociaux pour les pauvres et de trouver les moyens de palier le chômage des jeunes. Le Japon contribue aux efforts visant à améliorer les infrastructures de la Mongolie, notamment pour réduire les risques de catastrophe, a-t-il dit. Le Japon est le principal donateur de la Mongolie depuis sa démocratisation, a rappelé son représentant, avant de demander à la délégation de la Mongolie de préciser les mesures prises pour lutter contre la pollution atmosphérique liée à la combustion des énergies fossiles.
Le représentant de l’Allemagne a dit apprécier la démarche prospective adoptée par le Gouvernement de la Mongolie en faveur du développement. Il a noté que ce pays était l’un des plus affectés par les changements climatiques, un pays qui souffre aussi d’un manque de sources de revenus pour les habitants. La croissance urbaine non planifiée est un autre problème à résoudre, a-t-il constaté. Le délégué a souhaité que les revenus miniers bénéficient à tous les secteurs de la population. Estimant que la Mongolie avait mis en œuvre les OMD « sérieusement », il a fait remarquer que c’était le seul pays à avoir fixé un objectif national axé sur le renforcement des droits de l’homme et la gouvernance démocratique. Il a encouragé la Mongolie à servir de modèle pour les autres pays dans les efforts de développement. En vue de mettre en œuvre les objectifs de développement durable, l’Allemagne prône l’adoption d’une approche multipartite à tous les niveaux, a-t-il dit en insistant sur l’intégration de tous les objectifs. Il a notamment recommandé de faire un lien avec les politiques fiscales et le suivi par les statistiques.
Reconnaissant la forte dépendance de l’économie de son pays par rapport au secteur minier, le Secrétaire d’État au Ministère des finances de la Mongolie a souligné que cela constituait un défi majeur pour les efforts de son pays en faveur du développement durable. C’est pourquoi, a-t-il expliqué, la Mongolie se montre active pour promouvoir le tourisme, l’agriculture biologique et la recherche de nouveaux secteurs pour l’industrie. En matière de planification, il a espéré que les objectifs de développement durable permettraient d’améliorer ce processus. Le Gouvernement espère également que des progrès seront réalisés en matière d’égalité entre les hommes et les femmes. Pour répondre à la question sur le problème de l’urbanisation et de la pollution, il a indiqué que son gouvernement fournissait à la population du charbon qui pollue moins l’environnement et qu’il construit des infrastructures ne dépendant pas du charbon pour le chauffage. Quant à l’inflation, qui est « importée de l’extérieur », il a dit que son pays s’était fixé pour objectif de la réduire cette année afin de passer de 14% à 9%. M. Khurelbaatar a par ailleurs indiqué que son gouvernement allait mettre en place une nouvelle équipe pour mieux se préparer à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.
Rapport national des Philippines sur les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs arrêtés sur le plan international, notamment les Objectifs du Millénaire pour le développement (E/2015/60)
M. ARSENIO BALISACAN, Secrétaire de la planification économique et sociale des Philippines, a expliqué que le contexte politique dans lequel les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ont été mis en œuvre dans son pays avait été marqué par d’importantes incertitudes et plusieurs obstacles majeurs, notamment l’absence de données mises à jour ou la survenue de catastrophes naturelles.
La Déclaration du Millénaire avait été signée, en septembre 2000, par le Président de l’époque, M. Joseph Estrada, dont l’administration avait alors fait de la réduction de la pauvreté l’une de ses priorités. Toutefois, après le départ du Président Estrada, en janvier 2001, plusieurs programmes, en particulier ceux ciblant l’objectif 1, ont été interrompus. Ils ont ensuite repris sous le mandat de la Présidente Gloria Arroyo qui, à son tour, avait mis l’emphase sur la « prospérité pour tous ». Cependant, a-t-il précisé, les Philippines n’ont pas été en mesure d’atteindre certains des objectifs, en raison d’un manque de données à jour pour alimenter certains indicateurs.
S’agissant de l’objectif 1, par exemple, qui visait à réduire l’extrême pauvreté et la faim, M. Balisacan a souligné que le taux d’incidence de la pauvreté aux Philippines était de 34,4% en 1991. Pour atteindre cet OMD, ce taux aurait dû baisser de 0,72 point par an. En utilisant les estimations pour le premier semestre, on constate que la pauvreté a diminué en 2009 (28.6%), en 2012 (27.9%) et en 2013 (24.9%) mais qu’elle a ensuite connu une nouvelle augmentation en 2014 (25.8%), notamment en raison de la hausse des prix à la consommation et des conséquences du typhon Haiyan, a-t-il expliqué.
Au titre des enseignements tirés, M. Balisacan a estimé que la réussite ou l’échec des Objectifs du Millénaire pour le développement dépendait beaucoup des interventions et de la volonté politique de toutes les parties prenantes, notamment des administrations locales. Leur engagement doit notamment se traduire par une volonté de contribuer à la réalisation des objectifs en œuvrant à la planification financière, à la budgétisation et à l’exécution des programmes. Il faut également mettre en place un mécanisme qui apportera une bonne base de données sur les avancées réalisées. Le manque de données à jour pour alimenter certains indicateurs demeure, a fait remarquer M. Balisacan, un obstacle à l’efficacité des mesures et des programmes.
Par ailleurs, les Philippines restent très vulnérables à une catastrophe naturelle, ce qui freine la réalisation des OMD, a-t-il dit. Dès lors, il faut limiter les conséquences de changements climatiques et mettre en place des filets de sécurité efficaces, a-t-il estimé.
Le représentant des États-Unis a estimé que cette présentation avait été pertinente en matière d’enseignements à tirer dans le domaine de la bonne gouvernance. Il a pris note des différents progrès réalisés, en particulier ceux enregistrés en matière de réduction de la mortalité maternelle. Il a ensuite voulu savoir comment les Philippines abordaient la question de la réduction des risques de catastrophe et de la résilience. Il a aussi souhaité recevoir davantage d’explications sur les partenariats entre le secteur public et le secteur privé mis en place dans ce pays.
Le représentant de la Malaisie a reconnu que les catastrophes naturelles avaient eu un impact considérable sur la réalisation des OMD aux Philippines et a également souhaité plus d’éclaircissements sur les partenariats entre le secteur public et le secteur privé.
Répondant à ces questions et observations, M. Balisacan a expliqué que le secteur privé représentait le principal facteur du développement national aux Philippines. C’est donc dans ce contexte que le Gouvernement philippin a fait des partenariats entre les secteurs public et privé un élément fondamental de la stratégie visant à accélérer le développement des infrastructures d’éducation, de santé, en vue de soutenir la croissance économique. Les Philippines ont, en outre, créé un programme national de transfert de fonds qui facilite ces partenariats.
Rapport national de la Zambie sur les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs convenus sur le plan international, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement (E/2015/63)
M. Christopher Mvunga, Vice-Ministre des finances de la Zambie, a d’abord rappelé que son pays, dont 60% de la population vivent en zone rurale, avait mis en place un certain nombre de plans de développement nationaux et qu’il poursuivait sa trajectoire, inspirée par son « Plan Horizon 2030 », visant à faire de la Zambie un pays prospère à revenu intermédiaire.
Ainsi, la Zambie a réussi à stabiliser certains de ses principaux indicateurs macroéconomiques; l’inflation qui était de 109% en 1991 a été ramenée à un chiffre inférieur à 10 % (en dessous de 8%) et l’investissement étranger direct (IED) entre 2004 et 2014 est passé de 357 millions de dollars à 2 231 millions de dollars. Par ailleurs, la croissance du produit intérieur brut (PIB) a été en moyenne de 6,0% par an.
La Zambie est donc passée d’un pays fortement endetté à un pays avec revenu intermédiaire, s’est félicité son Vice-Ministre des finances. Toutefois, en dépit de cette ferme croissance économique, les niveaux de pauvreté n’ont pas sensiblement diminué pour permettre au pays d’atteindre l’OMD 1. En 2010, par exemple, le nombre de pauvres représentait 77,9% de la population rurale, contre 27,5% de la population urbaine.
S’agissant de l’OMD 4, le Vice-Ministre a indiqué que la mortalité des moins de 5 ans avait baissé, passant de 191 pour 1 000 naissances vivantes en 1992 à 75 pour 1 000 naissances vivantes en 2013-2014. Toutefois, a-t-il tempéré, elle reste encore très grave dans les zones rurales. Plusieurs succès ont cependant été obtenus. Il a notamment cité les indicateurs relatifs au sida et au VIH, à l’enseignement primaire et à l’égalité des sexes dans l’enseignement primaire.
S’agissant des enseignements tirés des OMD, le Vice-Ministre a reconnu qu’une mauvaise coopération entre différents niveaux institutionnels et politiques, ainsi qu’une approche strictement sectorielle, avaient une incidence négative sur la réalisation des OMD, compte tenu du fait que les différents secteurs avaient fonctionné de manière cloisonnée.
À l’avenir, l’un des principaux objectifs de développement, pour la Zambie, est d’assurer une réponse nationale aux problèmes de la justice sociale et de l’égalité, a-t-il poursuivi. Il s’agit notamment, en matière de développement, de transformer des normes et coutumes socioculturelles négatives mais profondément enracinées, comme les mariages précoces, qui empêchent la participation de tous aux processus nationaux, l’égalité des sexes et l’inclusion sociale.
Le représentant des États-Unis a estimé que la Zambie pouvait être fière des succès enregistrés en fonction de ses principaux indicateurs économiques et que le pays avait réussi à créer un environnement positif, qui permettra d’attirer les investissements étrangers. Il a alors demandé de préciser les enseignements que le pays a tirés en ce qui concerne la collecte de données, dans la mesure où le rapport national précise que la Zambie avait défini 39 indicateurs de mesure des résultats obtenus à partir des cibles retenues pour 2015.
Très attaché aux questions d’égalité, en particulier à l’égalité entre les hommes et les femmes, le représentant de la Suède a ensuite demandé au Vice-Ministre zambien des finances de préciser les mesures qui seraient mise en œuvre dans ce domaine lors de la transition des OMD aux ODD.
Rappelant d’abord que son pays était composé de 73 groupes ethniques, M. Mvunga a détaillé une série de mesures visant à renforcer la participation de tous aux comités locaux chargés de la mise en œuvre des ODD. Par ailleurs, en ciblant plus particulièrement les populations qui vivent en zones rurales, la Zambie s’est engagée à réduire la pauvreté et à renforcer la participation de populations jusqu’ici exclues de l’activité économique du pays. Des efforts vont être consentis en faveur de l’égalité des sexes, notamment à travers une stratégie nationale ciblant l’éducation des femmes et des filles. La Zambie a décidé, en outre, de créer une « banque pour les femmes » qui devrait être opérationnelle d’ici à la fin de l’année 2015.
À l’issue de cette présentation, la représentante des Bahamas a tenu à rappeler qu’il était nécessaire de mettre en relation différents secteurs afin qu’ils puissent partager leurs expériences et progrès en matière de développement. Elle a aussi mis l’accent sur l’importance d’associer la communauté scientifique à ces efforts.
Avant de conclure, le modérateur, M. Michael Shank, a tenu à poser trois questions simples aux Ministres et Secrétaires d’État qui sont intervenus ce matin. Qu’est-ce qui vous inquiète à l’idée de quitter les OMD pour vous engager sur la voie des ODD? Quelle erreur espérez-vous ne pas répéter? Qu’est-ce qui vous enthousiasme le plus sur le chemin des ODD?
La Vice-Première Ministre du Kirghizistan a expliqué que son pays axait déjà ses efforts sur la nécessité d’inclure des indicateurs plus globaux dans les programmes nationaux de développement, ce qui n’avait pas forcément été le cas dans le cadre des OMD. Pour sa part, le Secrétaire d’État au Ministère des finances de la Mongolie a mis l’accent sur la lutte contre la pollution et la nécessité de mieux répartir les investissements entre les différents objectifs.
Ensuite, le Secrétaire de la planification socioéconomique des Philippines a expliqué que la création d’emplois de qualité continuerait de préoccuper les décideurs politiques de son pays dans leurs efforts visant à réduire l’extrême pauvreté. Enfin, le Vice-Ministre des finances de la Zambie a souligné l’importance d’une planification, tant au niveau régional ou national qu’au niveau local.
Débat thématique (E/2015/69) sur le thème: « Création d’institutions et renforcement de celles qui existent en vue de l’intégration des politiques après 2015 »
M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie), Vice-Président de l’ECOSOC, qui présidait cette table ronde, a souligné le rôle crucial que jouent les institutions pour traduire en pratique les objectifs de développement, grâce à l’adoption de politiques, à la coordination des activités et à la mobilisation des personnes et des ressources. Il a plaidé en faveur d’approches cohérentes et intégrées, qui se renforcent mutuellement. Les institutions devront s’adapter à la réalité post-2015, a-t-il prévenu, en espérant qu’elles seraient multidisciplinaires et participatives.
L’ancien Premier Ministre par intérim de la Libye, M. ABDURRAHIM EL-KEIB, qui est membre du Club de Madrid, a présenté ce réseau de chefs de gouvernement qui ont pris leurs fonctions grâce à un processus démocratique. Il a rappelé que la levée démocratique intervenue après 40 ans de dictature en Libye ne laissait pas d’autre solution que de tenir des élections qui soient couronnées de succès. Rappelant la période sombre qui avait été marquée par la dictature, la corruption, un système de justice quasi-inexistant et des forces armées déficientes, il a expliqué que la Libye n’avait eu que sept mois pour organiser des élections pour le congrès national en préservant l’unité de la nation. Un organe de réconciliation nationale et un organe de réintégration des anciens combattants ont ensuite été créés, mais la sécurité en Libye reste un vrai problème, a-t-il assuré.
Si la légitimité résulte de la confiance du peuple, la confiance ne peut s’instaurer qu’à travers la transparence, a-t-il expliqué. M. El-Keib a aussi fait remarquer que l’influence de la communauté internationale n’était pas toujours positive, car certains poursuivent leurs intérêts. Pour garantir une bonne gouvernance, il a recommandé que les dirigeants soient tenus de faire rendre des comptes. Pour lui, la solution du développement se trouve au croisement des processus politiques et économiques, en poursuivant en même temps les objectifs de réconciliation nationale et d’édification de sociétés inclusives. Il a aussi attiré l’attention sur l’importance de la disponibilité des ressources consacrées au développement, plaçant beaucoup d’espoir dans la conférence qui se tiendra à ce sujet à Addis-Abeba la semaine prochaine.
M. SABER CHOWDHURY, Président de l’Union interparlementaire (UIP), a rappelé que l’objectifº16 de développement durable prévoit la mise en place d’institutions fortes pour mettre en œuvre les projets de développement. Il faudrait, a-t-il dit, que ces institutions se transforment pour être les mieux armées possibles. Il a aussi averti que, parfois, ce sont les intérêts de certains groupes qui dominent. À ce propos, il a imaginé tout ce qui pourrait être accompli en termes de développement si les centaines de milliards de subventions ciblées étaient consacrés à l’énergie renouvelable. Parmi ses recommandations, M. Chowdhury a conseillé d’éviter d’adopter des approches fragmentaires, en regrettant que les organes gouvernementaux travaillent parfois sans aucune coordination. C’est pour cela que l’UIP demande aux parlements d’examiner leurs procédures en vue d’être mieux à même de mettre en œuvre les futurs objectifs. Il faut aussi que les parlementaires participent plus systématiquement à l’évaluation de ces objectifs, a-t-il ajouté.
Mme ROWENA BETHEL, Directrice et Administratrice de la Caisse nationale d’assurance des Bahamas et Vice-Présidente du Comité d’experts de l’Administration publique des Nations Unies, a recommandé d’adopter des stratégies qui reprennent les trois dimensions du développement durable, en tenant compte de leur interdépendance. Le cadre des objectifs de développement durable est transversal par nature, a-t-elle en effet remarqué, en soulignant que cela exigeait une coopération à tous les niveaux. La prise de décisions politiques est essentielle, a-t-elle aussi estimé, en précisant que c’était un moyen de rassembler tous les acteurs. Pour Mme Bethel, les efforts d’intégration des politiques seront couronnés de succès si les objectifs sont clairs et soutenus par la base, à savoir la société. Elle a également prôné une discipline fiscale, une bonne collecte de données et une participation des organes locaux aux prises de décisions. Il faut, a-t-elle ajouté, tenir compte des circonstances particulières de pays en développement.
Pour M. THOMAS GASS, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations du Département des affaires économiques et sociales (DAES), la mise en œuvre des nouveaux objectifs exigera une vision cohérente et globale avec la participation des acteurs traditionnels et non conventionnels. Si les institutions efficaces favorisent les processus, elles peuvent être des obstacles majeurs dans le cas contraire, a-t-il prévenu pour expliquer l’importance de cette question. Il a relevé que le caractère global et complet du programme de développement pour l’après-2015, ainsi que son ambition sans précédent -de ne laisser personne de côté-, avaient modifié les enjeux à tous les niveaux. Il faudrait, a demandé le Sous-Secrétaire général, rassembler les compétences de toutes les institutions. La « gouvernance réinventée », a-t-il soutenu, sera essentielle pour arriver à un changement d’attitude et pour appuyer l’innovation sur le long terme. Les changements institutionnels devraient aussi avoir lieu au niveau international, a-t-il estimé, en se félicitant du rôle de chef de file qu’entend jouer l’UIP à cet égard. À l’ONU, nous allons revoir le rôle de l’examen quadriennal complet, a-t-il assuré.
Au cours de la discussion interactive, la représentante de l’Afrique du Sud a estimé que les objectifs de développement durable devraient être en accord avec les plans nationaux, en rappelant aux législateurs qu’ils devraient rendre des comptes. Elle a aussi fait remarquer que l’Afrique disposait de ses propres systèmes de coordination régionale qui ont un rôle important à jouer dans la mise en œuvre.
« Nous devons nous entraider », a résumé l’ancien Premier Ministre de la Libye en soulignant les avantages qu’il y a à travailler de concert. La panéliste des Bahamas a, quant à elle, plaidé en faveur de la collecte des données en utilisant les bons indicateurs de résultats. De son côté, le Sous-Secrétaire général a reconnu la nécessité de bien communiquer auprès du grand public sur le contenu des objectifs, afin qu’ils fassent partie du dialogue national. Il faudrait, par ailleurs, que l’administration publique soit un centre de résilience et de direction politique, a-t-il répondu à la représentante de l’Allemagne, qui demandait comment garantir la pérennité entre les différents acteurs, y compris d’un gouvernement à l’autre. L’administration publique est en pleine évolution, a conclu Mme Bethel, en mettant l’accent sur l’importance des efforts d’adaptation pour les fonctionnaires.
Clôture du débat de haut niveau
Dans ses observations finales, le Secrétaire général de l’ONU, M. BAN KI-MOON, a déclaré que la communauté internationale avait fait d’importants progrès depuis l’adoption des OMD en 2000, en soulignant une réduction de 50% de la pauvreté et de la mortalité infantile. Il a précisé que ces succès avaient exigé un appui financier important et une direction politique forte. « Nous savons qu’il y a encore un long chemin à faire car trop de personnes continuent de souffrir de malnutrition et de la pauvreté », a fait remarquer le Secrétaire général, en notant que les progrès excluent trop souvent les femmes et ceux qui sont discriminés en raison de leur âge, de leur handicap ou leurs origines. « Les OMD ont montré ce qu’il est possible de faire lorsque nous travaillons de concert autour d’objectifs communs en établissant des liens aux niveaux national, régional et international », a expliqué le Secrétaire général. Cette année marque la fin de l’examen des OMD, traçant ainsi la voie vers l’adoption des objectifs de développement durable (ODD), a-t-il souligné.
Le Secrétaire général a indiqué que la semaine prochaine, à l’occasion de l’ouverture de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement à Addis-Abeba, il soulignera l’importance de parvenir à un cadre de financement ambitieux à l’aune de l’adoption des ODD au Siège de l’ONU à New York, en septembre prochain. Ces ODD doivent prendre le relai des OMD. Il a ensuite souligné l’importance du Forum politique de haut niveau qui, sous les auspices de l’ECOSOC et de l’Assemblée générale, jouera un rôle essentiel pour examiner la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015. « Nous devons faire en sorte que le système de développement de l’ONU soit adapté pour répondre à vos besoins », a encore lancé le Secrétaire général aux délégations.
De son côté, le Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. OH JOON (République de Corée), a déclaré que la transition des OMD vers les ODD représentait une occasion historique pour faire avancer la prospérité pour tous et protéger la planète. Il a rappelé que les discussions de cette semaine avaient souligné la nécessité de coordonner les actions, de renforcer le multilatéralisme, de gérer l’intégration des politiques au niveau mondial. Il a salué les travaux de l’ECOSOC qui, cette semaine, ont réaffirmé la position du Forum politique de haut niveau comme plate-forme de dialogue et permis de réfléchir aux enseignements tirés de la mise en œuvre des OMD et d’identifier les défis particuliers de l’économie mondiale, ainsi que ce que nous pourrions faire au niveau régional pour avancer. M. Oh s’est dit heureux que l’ECOSOC se soit affirmé, dans le contexte des objectifs pour l’après-2015, comme cadre de liaison entre le Forum politique de haut niveau, les commissions régionales, les experts et les institutions spécialisées.