Le Débat de haut niveau de l’ECOSOC se poursuit en mettant l’accent sur le caractère intersectoriel du nouveau programme post-2015 qui exige une vue d’ensemble
On estime que 10 à 20 millions de personnes sont aujourd’hui en vie grâce aux efforts de mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), fixés lors du Sommet mondial, au Siège de l’ONU en 2000. C’est à partir de ce constat que les membres du Conseil économique et social (ECOSOC) ont envisagé les efforts à faire pour obtenir davantage de résultats et parvenir, d’ici à 2030, à l’éradication complète de la pauvreté et au développement durable, en particulier dans les pays les moins avancés (PMA).
En poursuivant aujourd’hui son débat de haut niveau et son examen ministériel annuel, l’ECOSOC a entendu des intervenants s’appuyer sur les progrès réalisés au cours des 15 dernières années, en particulier en matière d’éducation primaire, d’agriculture et de sécurité alimentaire pour aborder la suite à donner, c’est-à-dire l’application du programme de développement pour l’après-2015.
Les efforts à venir devront se faire dans le cadre d’une « entreprise collective » et à tous les niveaux -national, régional et international-, a averti la Présidente du Libéria, Mme Ellen Johnson Sirleaf, venue participer au débat sur les PMA.
L’expérience tirée des OMD a permis de comprendre la nécessité de couvrir tous les domaines d’action possibles, sans oublier tout effort utile à la réalisation du développement durable car chaque domaine est intrinsèquement lié. C’est pourquoi, ont fait remarquer des panélistes, les 17 objectifs de développement durable sont plus nombreux que les huit OMD, afin d’englober des principes plus larges, comme le principe de justice.
Cette question d’intégration a été développée dans l’après-midi par la Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) qui a expliqué la nécessité de réaliser simultanément les 17 objectifs. Il faut une vue d’ensemble et non pas sectorielle, a renchéri l’ancien Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), M. Juan Somavía.
Une fois adopté, le programme pour l’après-2015 doit être mis en œuvre par des États « solides, robustes et compétents », a insisté la représentante de l’Afrique du Sud, en rappelant que ce sont eux qui allouent les budgets et définissent les politiques. Pour entreprendre cette tâche importante, les pays en développement auront besoin d’une aide pour renforcer leurs capacités nationales, ont rappelé de nombreux intervenants.
Cette aide devrait être fournie tant par des partenaires internationaux que par des acteurs de la société civile. À cet égard, la jeune dirigeante de Women Deliver a appelé tous les gouvernements à dialoguer avec les jeunes, à tous les niveaux, afin qu’ils soient de véritables partenaires de la mise en œuvre du futur programme de développement.
Au cours de la deuxième table ronde, les délégations ont examiné les obstacles de l’économie mondiale qui entravent les efforts de développement, en particulier pour les PMA qui sont souvent laissés de côté en période d’essor économique. C’est l’observation qu’a faite le Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui a encouragé ces États à mettre davantage l’accent sur la science, la technologie et l’innovation, afin de pouvoir suivre le rythme de la croissance mondiale.
Les PMA ont aussi été au centre de la quatrième discussion de la journée, au cours de laquelle les intervenants ont rappelé le rôle de l’ECOSOC dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul qui couvre la décennie 2011-2020. Des appels ont été lancés pour que le système de développement des Nations Unies soit bien préparé à appuyer la mise en œuvre du nouveau programme dans les PMA. Un des moyens possible serait de créer une banque de technologies pour les PMA, a proposé le Président de l’Institut international de la propriété intellectuelle, qui est membre du Groupe de haut niveau du Secrétaire général chargé de cette question.
Dès 2016, viendra la phase de suivi de la mise en application du nouveau programme, une question qui a été à nouveau abordée aujourd’hui par les délégations avec un intérêt soutenu. De ce suivi dépendra en effet la réussite du futur programme. Ce suivi reposera en partie sur les rapports nationaux qui seront présentés volontairement par les pays.
Là encore, l’expérience des OMD sera utile car l’on a constaté que les rapports nationaux d’examen présentés jusqu’à présent à l’ECOSOC avaient encouragé la transparence et une appropriation nationale. Le PNUD fait partie de ceux qui ont aidé les pays en développement à élaborer de tels rapports dans le cadre du suivi des OMD, a indiqué son représentant.
C’est d’ailleurs demain, vendredi 10 juillet, que l’ECOSOC, qui a aujourd’hui achevé son débat général, parallèlement aux tables rondes, entendra les présentations nationales volontaires de quatre pays: Kirghizistan, Mongolie, Philippines et Zambie. Il se réunira à partir de 9 h 30. Dans l’après-midi, il tiendra sa dernière table ronde avant de clôturer son segment de haut niveau.
DÉBAT DE HAUT NIVEAU
Examen ministériel annuel (E/2015/68)
Table ronde I: « Enseignements tirés des Objectifs du Millénaire pour le développement pour le futur »
Dans une allocution liminaire, M. Zlatko Lagumdžija, ancien Premier Ministre de la Bosnie-Herzégovine et Membre du Club de Madrid, a estimé que les enseignements tirés des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avaient montré que des questions spécifiques, comme l’éducation ou la santé, ne pouvaient pas être abordées sans traiter d’autres causes plus profondes comme la pauvreté ou les inégalités. Avec l’adoption de nouveaux objectifs, la communauté internationale devrait également adopter un nouveau paradigme, sur la base d’un ensemble de principes et de valeurs fondamentales, a-t-il souligné. « Nous devons travailler ensemble, riches et pauvres, afin de mobiliser les efforts et de fonder ces nouveaux objectifs sur un ensemble de valeurs communes », a-t-il dit.
L’ancien Premier Ministre a ensuite souligné que les objectifs de développement durable (ODD) englobent aussi le principe de justice afin de prévenir que des crimes odieux soient à nouveau commis. Dans ce contexte, il a insisté sur la nécessité de reconnaître le génocide de Srebrenica comme un tel crime. Il a aussi expliqué que le Club de Madrid œuvrait à promouvoir un ensemble de valeurs communes en vue de promouvoir la paix. Pour lui, l’extrémisme est une menace à la paix et c’est pourquoi, de nouveaux objectifs de développement sont un outil essentiel pour enrayer la propagation de telles idéologies.
La table ronde, qui était animée par M. Oh Joon, Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a ensuite abordé les quatre questions clefs suivantes: quels ont été les réussites et les échecs de la mise en œuvre des OMD? Compte tenu de la complexité accrue du programme de développement pour l’après-2015, quelles seront les difficultés auxquelles nous serions confrontés? Quels enseignements peuvent être tirés des OMD en matière d’intégration des politiques? Comment impliquer les différents groupes et l’ensemble des parties prenantes dans ce nouveau programme de développement?
M. Magdy Martínez-Solimán, Administrateur assistant et Directeur du Bureau des politiques et de l’appui aux programmes du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a invité les États à prendre davantage en compte les chocs ou les risques, tels que les risques de conflits ou les risques de catastrophes. « Un grand nombre de tragédies que nous connaissons, aujourd’hui, auraient pu être évitées avec une meilleure prévention », a-t-il souligné, en invitant à inclure ces efforts de prévention dans les stratégies de développement. Il a ensuite mis l’accent sur le principe de transparence des mécanismes d’examen et de suivi. Le PNUD a aidé de nombreux pays dans le cadre de la réalisation de leurs rapports nationaux d’examen et de suivi des OMD, a-t-il expliqué. Ces rapports sont très importants, a-t-il dit, en précisant que leur large diffusion encourageait la transparence et facilitait ainsi une appropriation nationale.
M. JOHN W. MCARTHUR, Associé principal de recherche dans le domaine de l’économie mondiale et du développement à l’Institut Brookings et Associé principal de recherche à la Fondation des Nations Unies, a rappelé que l’adoption et la mise en œuvre des OMD avait été une discussion d’une décennie. « Il a fallu un certain temps et des efforts diplomatiques énormes pour que tout le monde se mette d’accord sur la voie à suivre », a-t-il dit. Aujourd’hui, on estime que 10 à 20 millions de personnes sont aujourd’hui en vie grâce à ces efforts et à la mise en œuvre des OMD. Il a particulièrement insisté sur les progrès réalisés en matière d’éducation primaire, d’agriculture et de sécurité alimentaire. Il a reconnu que la communauté internationale devrait s’acquitter pleinement de ses engagements en faveur des OMD mais, a-t-il expliqué, si l’on compare les deux discussions –celle sur les OMD et celle sur les ODD–, la communauté internationale a déjà, aujourd’hui, cinq années d’avance en matière d’examen et de suivi.
Mme Vivian Onano, jeune dirigeante pour Women Deliver, Porte-parole en matière d’éducation pour Moremi Africa et membre du Groupe consultatif pour la société civile mondiale, a expliqué qu’elle était âgée de 9 ans lorsque les OMD avaient été établis et qu’elle avait donc dû s’informer davantage sur les questions qu’ils englobait afin d’en discuter avec d’autres jeunes. Axant sur intervention sur les questions de la jeunesse, de l’égalité entre les hommes et les femmes et de la communication, elle a particulièrement souligné qu’il était nécessaire de permettre aux jeunes gens et jeunes femmes d’occuper un emploi décent. Elle a aussi appelé tous les gouvernements à dialoguer avec les jeunes, à tous les niveaux, afin qu’ils soient de véritables partenaires de la mise en œuvre du nouveau programme de développement.
Lors de la discussion interactive, la représentante de l’Afrique du Sud a invité les États à voir le développement comme un continuum et à bâtir sur ce qui existe déjà. Elle a mis en exergue le rôle que jouent les États dans la mise en œuvre du programme de développement. « Il faut notamment que l’État soit solide, robuste et compétent car, a-t-elle dit, c’est lui qui alloue les budgets, définit les politiques et les stratégies. ». Réagissant à son intervention, un responsable de l’Union interparlementaire (UIP) a précisé que le principe d’appropriation s’appliquait tant aux États et gouvernements qu’aux parlements.
Abondant dans ce sens, M. Magdy Martínez-Solimán a précisé qu’il était nécessaire de bénéficier d’institutions robustes et légitimes afin que les décisions soient prises et mises en œuvre.
De son côté, le représentant des Palaos a, au contraire, estimé, qu’il faudrait établir des objectifs forts en matière de climat. « Tout le monde s’accorde sur l’importance que revêt la vingt et unième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Paris en décembre prochain, mais que se passera-t-il si la Conférence de Paris échoue? » s’est-il interrogé.
M. John W. McArthur et la jeune dirigeante Vivian Onano sont intervenus, une nouvelle fois, pour mettre l’accent sur le principe d’inclusion et de transparence dans l’examen de la mise en œuvre des ODD. « Nous devons distribuer 17 médailles d’or en 2030 », a dit le premier. Pour sa part, la jeune dirigeante a invité les États à concentrer les efforts d’abord au niveau local et en faveur des plus pauvres pour faire en sorte que tous aient accès aux ressources.
Concertation de haut niveau avec les institutions financières et commerciales internationales (E/2015/50 et E/2015/73
Table ronde II: « Les obstacles de l’économie mondiale »
À quelques semaines de l’adoption d’un nouveau programme de développement pour les 15 prochaines années, quelles sont les grandes tendances de l’économie mondiale? Quelles sont les conditions économiques et financières dans lesquelles va s’inscrire ce nouveau programme de développement? Quelles seront, par exemple, les incidences du commerce international et des échanges commerciaux sur le développement?
Cette table ronde était animée par M. Lenni Montiel, Sous-Secrétaire général au développement économique du Département des affaires économiques et sociales, qui a assuré que la Conférence sur le financement du développement, qui se tiendra du 13 au 16 juillet à Addis-Abeba, en Éthiopie, aurait une incidence directe sur les politiques en matière de développement. S’agissant des grandes tendances, le Département des affaires économiques et sociales, a-t-il dit, observe une croissance modeste parmi l’ensemble des pays. Si une amélioration est attendue pour l’année prochaine, elle restera bien inférieure aux niveaux précédant la crise économique et financière de 2009. Par ailleurs, M. Montiel s’est dit préoccupé par la fragmentation des systèmes des échanges commerciaux, en raison notamment des progrès lents enregistrés dans les négociations à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Dans ce contexte, il a demandé aux différents panélistes si les échanges commerciaux pouvaient devenir à nouveau des moteurs de la croissance mondiale.
M. Mukhisa Kituyi, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a mis en évidence le fait que de nombreux pays, en particulier les pays les moins avancés (PMA), étaient souvent laissés de côté en période d’essor économique. Une croissance économique en pleine progression a une incidence directe sur la population, a-t-il expliqué, en citant, à cet égard, l’exemple de la Chine dont le taux de croissance exceptionnellement élevé a permis à une part plus grande de sa population de sortir de la pauvreté extrême dans les années 1990. Malheureusement, depuis 2009, le commerce mondial a suivi le même déclin que la croissance mondiale. Pour contrer ce rythme, il a encouragé les États à mettre davantage l’accent sur la science, la technologie et l’innovation.
Pour le Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), M. Min Zhu, « la crise économique et financière a laissé une cicatrice bien plus profonde que ce qui était prévu ». On constate en effet que le PIB à travers le monde peine à augmenter. L’ensemble du monde travaille en dessous de son potentiel et la croissance demeure faible en termes d’investissements, a-t-il expliqué. Le commerce mondial est, lui aussi, trop faible, de même que les investissements étrangers directs. Dans ce contexte, il a estimé que les décisions politiques des États devraient se concentrer sur le maintien de la stabilité économique en stimulant la demande. M. Min Zhu a souligné qu’il était nécessaire de renforcer la productivité, d’initier des réformes du marché du travail et d’améliorer les investissements dans le domaine des infrastructures, de l’éducation et des soins de santé.
Intervenant à son tour, le Directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), M. Yonov Frederick Agah, a estimé que « le tableau mondial est loin d’être rose » à cause, notamment, de tensions géopolitiques mondiales plus importantes, une fluctuation des taux de change et un faible taux de croissance dans les pays émergents. En dépit de ce tableau pessimiste, il a cependant assuré que le commerce demeurait toujours un puissant instrument de croissance et que la croissance était un important levier pour réduire la pauvreté dans les pays en développement. Il a ensuite expliqué plusieurs initiatives et régimes d’accès aux marchés pour les pays les moins avancés (PMA), notamment l’accès du marché au coton, tout en rappelant que la mise en œuvre des accords de facilitation du commerce aiderait ces pays. Avant de conclure, il a tenu à tirer la sonnette d’alarme en mettant en garde contre la tendance actuelle qui consiste à conclure de grands accords entre partenaires régionaux. « Ces accords doivent veiller à ce qu’il n’y ait pas d’interruption des flux commerciaux des PMA même si ces pays parviennent à changer de statut et de catégorie », a-t-il prévenu.
M. John Panzer, Directeur de la Pratique mondiale pour les politiques macroéconomiques et fiscales du Groupe de la Banque mondiale, a dressé un constat plus modéré sur l’environnement économique mondial. Il existe, en effet, des divergences entre les pays les plus développés, a-t-il fait remarquer. Ainsi, la reprise est plus rapide en Europe et au Japon. S’il est trop tôt pour anticiper si elle va être accompagnée d’une augmentation des taux d’intérêt, on constate déjà de plus faibles risques de déflation en Europe, a-t-il précisé. Par ailleurs, M. Panzer a aussi souligné qu’une reprise fiscale avait lieu actuellement en Asie, et qu’elle reflétait les ajustements constants de l’économie chinoise. Enfin, il s’est rallié aux autres panélistes pour plaider en faveur de la mise en œuvre, au niveau politique, de réformes structurelles qui favorisent la croissance économique.
M. Raymond Torres, Directeur du Département de la recherche de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a mis l’accent sur le ralentissement de l’emploi dans le monde et les conséquences liées à cette « crise de l’emploi » à la fois sur les économies développées et les pays en développement. Les jeunes et les femmes, en particulier, ne trouvent pas de travail décent alors que nous sommes peut-être à la veille d’une révolution technologique majeure dans le domaine des technologies de l’information et des communications (TIC), associée à la montée en puissance d’une économie verte et du secteur informel. « La crise de l’emploi a un effet extrêmement négatif sur les différentes opportunités à saisir », a-t-il fait observer. Créer des économies plus viables et résilientes permettrait ainsi d’enregistrer des gains en matière de productivité, de création d’emplois et des demandes au sein des pays.
Suite du débat général
M. SHIN DONG-IK, Vice-Ministre des questions mondiales et multilatérales au Ministère des affaires étrangères de la République de Corée, a déclaré que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avaient amélioré la vie des millions d’individus dans le monde sans pour autant mettre fin aux inégalités sociales et à la pauvreté extrême. Le programme de développement pour l’après-2015, qui prendra le relais des OMD, sera beaucoup plus ambitieux et plus vaste et nous aidera à réaliser le monde que nous voulons. Pour cela, le programme doit être inclusif et centré sur l’homme, a-t-il estimé. La République de Corée, a-t-il dit, mettra l’accent sur les droits de l’homme, la parité entre les hommes et les femmes, les groupes marginalisés, la croissance économique inclusive et stable, une gouvernance stable, la compréhension et l’entente mutuelle entre les pays et tous les acteurs pour réaliser les objectifs de développement durable. Le Ministre a aussi souligné qu’il était nécessaire de continuer à œuvrer en faveur de ce qui constitue les trois piliers du développement et de la création d’un environnement propice au développement et à la réalisation des ODD au niveau national. S’agissant des moyens de mise en œuvre, il a indiqué que la troisième Conférence sur le financement du développement qui aura lieu à Addis-Abeba la semaine prochaine devrait aider à mobiliser les ressources financières nécessaires à la mise en œuvre du nouveau programme de développement. Il faut garantir l’inclusion des recommandations de cette Conférence dans le mandat du Forum politique de haut niveau. Le Ministre a également souligné qu’un véritable partenariat mondial pour la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015 était important, en rappelant qu’un suivi solide et transparent était nécessaire pour en assurer le succès.
M. CHRISTOPHER M. MVUNGA, Vice-Ministre des finances de la Zambie, a mis l’accent sur l’importance de réaliser une croissance économique stable qui a été nécessaire à son pays pour atteindre les OMD. Le programme de développement pour l’après-2015 devrait poursuivre sur cet élan, notamment dans le domaine des réformes institutionnelles, a ajouté le Ministre. Il a indiqué que la réalisation des 17 objectifs de développement durable aidera son pays à atteindre un développement plus inclusif et centré sur l’humain. Pour ce faire, il a souligné la nécessité d’engager une réforme des institutions afin de réaliser les ODD. Il faudrait en outre créer un mécanisme de suivi des différentes étapes que chaque pays a franchies dans la réalisation de cet ensemble d’objectifs. Le Ministre a évoqué les domaines prioritaires définis par son gouvernement, en citant notamment la justice sociale et la participation multisectorielle. Il a terminé en indiquant que le Plan national de développement de la Zambie pour la période 2017-2021 prendra en compte les ODD.
M. MARIO NÉSTOR OPORTO (Argentine) a souhaité que le suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable(ODD) ne soit pas seulement assuré par des institutions privées. Il a souligné que le Forum politique de haut niveau devrait être le pilier de ce suivi. Il a appelé à l’avènement d’un système où « l’on ne montre pas les uns du doigt et l’on ne célèbre pas les autres ». Il a appelé à reconnaître qu’il existe divers modèles et approches pouvant être adoptés pour assurer ce suivi et à tenir compte des spécificités nationales des uns et des autres. Le développement durable international ne pourra être réalisé que par le biais d’une approche collective qui respecte la diversité, a insisté le parlementaire argentin avant de rappeler le rôle crucial et irremplaçable de l’aide publique au développement (APD) pour atteindre les objectifs de développement durable. Malgré les insuffisances, le processus de mise en œuvre des OMD est un succès dans le sens où les capacités créées resteront également utiles pour la mise en œuvre des ODD.
M. ARSENIO M. BALISACAN, Secrétaire d’État à la planification socioéconomique des Philippines, a jugé essentiel que les futurs objectifs de développement durable répondent aux besoins particuliers des pays en développement et des gens les plus vulnérables. Faisant référence aux vulnérabilités liées au climat, le Secrétaire d’État philippin a demandé que soit relancé un cadre politique pour la préparation aux catastrophes naturelles et pour faire face à leurs conséquences dévastatrices. Il est nécessaire, a-t-il souligné, de formuler des indicateurs clairs, mesurables et cohérents avec les objectifs de Rio+20. Avant de conclure, il a jugé essentiel que le Forum politique de haut niveau s’affirme comme l’instance de contrôle par excellence de la mise en œuvre des ODD.
M. YURIY SERGEYEV (Ukraine) a souligné l’importance du renforcement de la confiance entre les gouvernements, les institutions et les peuples dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015. Il faudrait aligner les plans d’action nationaux avec les besoins des communautés. Le représentant a également mis l’accent sur l’importance du partenariat dans la réalisation les ODD. Il a ensuite souligné qu’il était nécessaire de répondre aux besoins des personnes déplacées dans de nombreux pays, dont 1,3 million sont dans cette situation en Ukraine depuis la crise qui déchire le pays. Aucun État ne devrait être laissé seul pour faire face à ces défis, a-t-il dit. C’est pourquoi, il est important que le nouveau programme de développement reflète pleinement la nécessité d’assister les pays touchés par les crises humanitaires et environnementales.
M. TAREK EL-NABULSI, Directeur du développement et des politiques sociales de la Ligue des États arabes, a déclaré que malgré la situation qui prévaut au Moyen-Orient et, en particulier, l’occupation dans les territoires palestiniens et les conflits en Syrie et au Yémen, les États membres de la Ligue avaient progressé sur le plan du développement. Il a assuré que ces États étaient disposés à participer activement aux travaux du Forum politique de haut niveau pour prendre les décisions nécessaires dans l’achèvement du programme de développement. Le représentant a ensuite évoqué le rôle du Conseil économique social de la Ligue des États arabes qui constitue l’organe chargé d’aider les dirigeants des pays membres à prendre des décisions en matière de développement.
Mme DOREEN BOGDAN-MARTIN, Union internationale des télécommunications, a appelé à comprendre tout le potentiel et la capacité des technologies de l’information et des communications (TIC) pour favoriser et accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD). Elle a appelé à s’appuyer sur le développement exponentiel des TIC en précisant que le monde disposait aujourd’hui de 7,1 milliards de téléphones portables et que 43% de la population mondiale était connectée à l’Internet. Elle a précisé que grâce à l’Internet, les enfants peuvent faire leurs devoirs, les agriculteurs mieux organiser leurs activités, et les victimes du paludisme mieux se soigner. Elle s’est félicitée que l’ODD 17 reconnaisse les TIC comme un moyen essentiel de mise en œuvre des objectifs de développement durable. Elle a précisé que cette contribution des TIC dépendrait aussi de notre capacité de bien comprendre les défis liés à la sécurité et la confidentialité informatiques.
M. STAN KWAIN, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a souligné l’importance d’aller au-delà d’une approche cloisonnée de la mise en œuvre des objectifs de développement durable. Il a appelé à se concentrer sur les mesures qui vont nous permettre d’accélérer la mise en œuvre des objectifs interconnectés. « Il est plus difficile d’éliminer la pauvreté que de la réduire », a-t-il expliqué en ajoutant que l’élimination de la pauvreté revenait à éliminer les causes profondes de l’exclusion qui sont profondément enracinées dans les systèmes économiques. Il faudrait traiter les causes profondes des causes des inégalités économiques et sociales, a-t-il dit avant de souligner que la communauté internationale n’avait jamais été obligée « de faire autant aussi vite ». Il a rappelé que le PNUD avait appuyé la production de près de 400 rapports nationaux sur la mise en œuvre des OMD depuis 2000.
M. GETACHEW ENGIDA, Directeur général adjoint de l’UNESCO, a rappelé que les objectifs de l’UNESCO établis pour contribuer au nouveau programme de développement visaient à déterminer le potentiel de l’éducation, des sciences, de la culture et de la communication, de l’information comme moteurs de la durabilité, de l’appropriation et de l’autonomisation. Pour cela, nous devons renforcer les capacités de tous les pays à collecter des données fiables et assurer un niveau élevé de transparence. En outre, l’implication de toutes les parties prenantes dans le suivi doit être le fil rouge du nouveau programme. La liberté d’expression, y compris l’accès à l’information, est aussi importante pour que le nouveau programme contribue à renforcer la bonne gouvernance, renforcer l’état de droit et promouvoir le respect de tous les droits de l’homme.
Mme EMILIA SAIZ, représentante d’United Cities And Local Governments, qui a parlé au nom du grand groupe des autorités locales, a souhaité que le Forum politique de haut niveau devienne une plateforme de suivi et de transfert de connaissances vers les autorités locales qui sont les plus proches des populations. Elle a également parlé de la responsabilité commune dans la création des conditions propices à la mise en œuvre du programme de développement durable.
Mme TENIN TOURÉ, Présidente de l’association « Action aux familles démunies du Mali », a souligné la nécessité d’améliorer l’autonomisation économique des femmes en souhaitant que les ODD pour l’après-2015 tiennent compte des objectifs de la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine (2015-2025).
M. JEFFREY HUFFINES, représentant de l’ONG CIVICUS « Alliance mondiale pour la participation citoyenne », a appelé à améliorer la structure de gouvernance entre les neuf grands groupes pour promouvoir une participation équitable et une meilleure reddition de comptes.
M. NEERAJ MISTRY, Directeur de l’Institut de vaccins Albert B. Sabin, a jugé indispensable que la transition des OMD vers les ODD soit l’occasion de prendre en compte les 17 maladies tropicales négligées qui renforcent la pauvreté en entraînant cécité et anémie. Il a rappelé que 1,8 milliard de personnes couraient un risque d’être touchées par ces maladies et que 400 000 personnes en décèdent chaque année.
Mme GERTRUDE KENYANGI, représentante du grand groupe des femmes, a dit que le Forum politique de haut niveau devrait tenir compte, notamment, des résultats de la Conférence de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe et de la Conférence de Beijing et de son Plan d’action en faveur des femmes. Pour assurer le suivi de la réalisation du programme de développement pour l’après-2015, elle a déclaré que le Forum devrait prévoir la reddition de comptes et la responsabilisation des autorités gouvernementales. Le Forum devrait également fournir des orientations claires de la participation de la société civile et en matière de mobilisation de ressources.
M. PHILIP BAILY, Président de CLIPSAS, a déclaré que le développement durable ne pouvait se réaliser que si l’on remettait en question le mode actuel de distribution des richesses dans le monde. Il a dénoncé qu’un cinquième de la population mondiale bénéficiait du système économique actuel et que le reste vivait dans des conditions difficiles.
M. VLADIMIR VLADIMIR ĆUK, représentant d’European Disability Forum, a déploré le fait que les personnes handicapées n’aient pas participé à l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015. Ainsi, un milliard de personnes dans le monde ont été largement écartées des ODD. Pour rétablir cette situation, il a recommandé que les plans nationaux de développement prévoient l’inclusion des personnes handicapées. Ces plans devraient aussi se conformer aux normes nationales existantes pour le respect des droits des personnes handicapées. En outre, les stratégies doivent s’inscrire dans le registre des normes internationales pour les personnes handicapées. Il a estimé que le coût des réalisations de transformation des bâtiments publics en faveur des personnes handicapées ne représentait qu’1 à 2% du coût total.
Mme HARRIET LAMB, Organisation internationale du commerce équitable (Fairtrade Labelling), a souligné qu’il était nécessaire de modifier la chaîne mondiale d’approvisionnement pour qu’elle profite aux pauvres. La chaîne d’approvisionnement nous amène à l’ODD 8, a-t-elle dit avant de souligner la nécessité de prix abordables. S’agissant de l’ODD 12.6, pour lequel le PNUE a recommandé un indicateur, elle a estimé qu’il faudrait lancer un processus de certification « commerce équitable » qui prenne en compte la pauvreté. Réaliser les ODD c’est aussi « entendre et écouter les petits exploitants agricoles au plus haut niveau », a-t-elle conclu.
M. CHARLES BADENOCH, de l’organisation Beyond 2015, s’est félicité que le processus de mise en œuvre des ODD ait vu une participation sans précédent. Il a salué les efforts du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU (DAES) pour permettre un processus transparent et inclusif avec la participation de la société civile dans une architecture qui n’était pas prête à cela initialement.
Mme CEMRE ULKER, représentante de Gazeteciler ve Yazarlar Vakfi (Fondation de journalistes et d’écrivains), a jugé insuffisante l’inclusion de l’égalité des sexes dans les ODD pour l’après-2015. Il faudrait institutionnaliser la parité entre les sexes et remettre en cause les stéréotypes, a-t-elle dit, avant d’estimer que les ODD ne pourront pas être atteints tant que les compétences des femmes ne seront pas pleinement intégrées.
M. MARC JOURDAN, Global Foundation for Democracy and Development, Inc., a défendu l’importance de l’économie verte pour l’inclusion de toutes les personnes dans le développement. Il a mis l’accent sur l’importance du renforcement des capacités locales et de la participation de la société, ainsi que l’augmentation de la productivité locale dans la réalisation des ODD.
M. S.B. KARMAKAR, Président d’International Committee For Peace and Reconciliation, a dit qu’il faudrait tout faire pour parvenir à une société où la dignité de la personne humaine soit respectée, en particulier des plus pauvres.
Mme KAY FERREL, représentante d’International Council for Education of People with Visual Impairment, a estimé que les enfants mal voyants devraient bénéficier de services et d’une éducation adaptés à leur état, notamment des outils adaptés et un personnel enseignant bien formé pour tenir compte de leurs besoins particuliers. Elle s’est dite préoccupée par l’ODD 4 qui, a-t-elle fait remarquer, ne peut être réalisé sans les autres ODD. La représentante a recommandé une formation adéquate aux enseignants des enfants handicapés, l’accès des enfants mal voyants aux technologies de l’information et des communications, et l’accès à l’éducation pour permettre à tous les enfants mal voyants et handicapés de participer à la réalisation des ODD.
Mme MERCEDES RICHARDS, Fédération internationale de l’épanouissement de la famille, a souligné que la famille constituait le pilier pour l’édification d’une société. Elle a rappelé le rôle essentiel de la famille pour appuyer l’éducation des enfants et au soutien des personnes âgées. Elle a estimé que la famille était essentielle pour favoriser la mise en œuvre des ODD 1, 3, 4, 5 et 8. Elle a ensuite souligné les activités de son organisation pour évaluer l’impact et la contribution des familles en matière de mise en œuvre des OMD.
Mme MARGARET MINARD, Fédération internationale de femmes universitaires, s’est dite préoccupée par la lenteur des progrès en matière d’alphabétisation en Afrique subsaharienne. Elle a jugé inadmissible que 700 millions de personnes ne savent toujours pas lire et que deux tiers d’entre elles sont des filles et des femmes. Il est nécessaire, a-t-elle souligné, de changer les normes économiques qui relèguent les femmes à des tâches domestiques et de mener des campagnes d’éducation dans le cadre des ODD.
M. DANILO PARMIGIANI, Legiao da Boa Vontade, a estimé qu’il était important de favoriser l’éducation en tant que facteur clef de la promotion d’un développement durable pour assurer la prospérité. Il a souligné également la nécessité d’assurer une éducation qui s’appuie sur la réalité et permette à nos enfants de combattre la pauvreté. Il a estimé que l’altruisme était une révolution que chaque citoyen doit mener pour pouvoir réaliser les ODD.
M. DARREL WEBBER, Secrétaire général de Roundtable on Sustainable Palm Oil, a salué l’ODD 12 sur l’instauration des modes de consommation et de production durables. Pour sa mise en œuvre, il a invité les institutions du système des Nations Unies et les gouvernements pour assurer la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015 en général et de l’ODD 12 en particulier.
Mme RITA LUTHRA, Présidente de Women’s Health and Education Center, a demandé la création d’un fonds mondial pour la sélection des ONG afin qu’elles puissent participer efficacement à la réalisation des ODD.
Mme BETTE LEVY, Soroptimist International, a estimé qu’il faudrait améliorer et renforcer l’égalité entre les hommes et les femmes afin d’encourager la participation des femmes aux ODD. Elle a revendiqué des ressources spécifiques pour parvenir à la parité. La représentante a rappelé que les ONG étaient des partenaires et non parties prenantes dans la réalisation des ODD. Elle a défendu l’aptitude des ONG à collecter des données car, a-t-elle rappelé, elles sont proches des populations.
Mme NANCY WALLACE, Fédération mondiale pour la santé mentale, a rappelé que 80% des personnes qui souffrent de troubles mentaux avaient peu ou pas accès à des soins appropriés. Elle a souhaité que les ODD reconnaissent les troubles mentaux en tant que questions transversales et intersectorielles. Tout en se félicitant que l’ODD 3 aborde la question des troubles mentaux, elle a demandé que l’ONU envisage d’adopter deux indicateurs supplémentaires relatifs à ces troubles.
M. CORRADO FACCO, Confédération mondiale de la bijouterie, a mis l’accent sur les opportunités de partenariats dans les pays en développement où la bijouterie constitue une véritable opportunité d’emploi en contribuant à assurer la sécurité alimentaire ou encore la promotion de l’éducation. « Nous travaillons aussi à ce que les membres de notre organisation respectent les meilleures normes de déontologie. Parce que l’extraction minière peut avoir des effets dévastateurs, nous appelons aussi à l’adoption de normes environnementales, notamment en ce qui concerne l’élimination des déchets et la gestion de l’eau », a-t-il indiqué.
M. FAVID PEREZ, Corporativa de Fundaciones, a déclaré que les ODD offraient une opportunité unique pour que nous concentrions nos efforts sur de nouveaux partenariats, en rappelant que les organisations internationales ne peuvent, à elles seules, réaliser ces objectifs de développement. Il faudrait garantir une représentation de la société civile en matière de mise en œuvre et de suivi aux niveaux national, régional et international, a-t-il insisté.
Droit de réponse
Le représentant d’Israël a conseillé à son homologue de Bahreïn de se consacrer à la parité entre les hommes et les femmes, aux droits des travailleurs migrants et aux droits de l’homme au Bahreïn et à s’abstenir de critiquer Israël dans cette réunion qui, a-t-il rappelé, se concentre essentiellement au développement durable.
Table ronde III: Dialogue avec les Secrétaires exécutifs des commissions régionales sur le thème « Assurer la transition vers les objectifs du développement durable: ce qui sera nécessaire au niveau régional »
Cette table ronde était présidée par M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie), Vice-Président de l’ECOSOC, et animée par M. JUAN SOMAVÍA, Directeur de l’Académie diplomatique du Chili et ancien Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), qui a souligné l’appui et le savoir-faire qu’offrent les commissions régionales des Nations Unies aux États pour renforcer leurs capacités nationales. Les trois thèmes retenus pour cette discussion étaient l’intégration équilibrée des trois dimensions du développement durable, la mobilisation des moyens de mise en œuvre, et le suivi efficace de cette mise en œuvre.
Abordant en particulier la question de l’intégration, Mme RIMA KHALAF, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a expliqué qu’il s’agit de la capacité à intégrer les trois dimensions du développement et à réaliser les 17 objectifs simultanément. Elle a donc invité à faire le lien entre les différents secteurs économiques et entre les régions géographiques. La CESAO a adopté l’approche NEXUS pour progresser sur les questions de développement, ainsi qu’un cadre de développement pour les pays et une approche régionale. L’eau, l’énergie et l’alimentation sont des domaines sur lesquels elle travaille, ainsi que l’emploi et la protection sociale. Mme Khalaf a parlé du Programme national de reconstruction en Syrie mené par la CESAO, qui tient compte de toutes les dimensions. Des programmes similaires seront lancés pour la Libye et le Yémen, a-t-elle annoncé. La Commission a aussi travaillé avec la Ligue des États arabes pour bâtir un cadre régional de développement, a-t-elle ajouté. En outre, elle a cité le Projet 2030 pour le monde arabe qui vise à atteindre les objectifs de développement durable.
Mme SHAMSHAD AKHTAR, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a regretté que les efforts ne se soient concentrés jusqu’à présent que sur les indicateurs purement économiques. Il faudrait maintenant passer de politiques à court terme à des politiques à long terme. Il faudrait utiliser des indicateurs qui prennent en compte les trois dimensions du développement durable, a-t-elle aussi conseillé. L’être humain, a-t-elle estimé, doit être au cœur du développement durable. Elle a aussi recommandé de mettre en œuvre le développement durable en même temps que des stratégies de croissance verte, comme le fait l’Asie qui est à la pointe de la technologie verte. Cela exige des programmes nationaux bien articulés qui reposent sur une réelle volonté politique, a-t-elle cependant prévenu. Elle a cité, à cet égard, les exemples du Kazakhstan, qui a lancé sa Stratégie 2050 pour mettre en place une économie durable, et du Pakistan qui a adopté une feuille de route 2025. En Chine, une loi de 2012 encourage une meilleure gestion des déchets et davantage de recyclage, a-t-elle aussi indiqué.
Il faudrait avoir une vue d’ensemble et non pas sectorielle, a résumé le modérateur, avant de donner la parole à Mme ALICIA BÁRCENA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CELAC). Celle-ci a appelé à faire un effort particulièrement important pour parvenir à cette intégration, en recommandant de mieux combiner les politiques et de procéder aux ajustements structurels nécessaires. Il faudrait passer d’une culture des privilèges à celle de l’égalité, a-t-elle souhaité. Elle a ainsi préconisé de s’engager vers une gouvernance naturelle des ressources pour arriver à la solidarité et l’égalité. « Nous avons besoin d’établir des plans nationaux de développement et des systèmes nationaux de statistiques », a-t-elle ajouté. À cette fin, les pays devraient s’appuyer sur les capacités et l’expérience des organes régionaux et internationaux chargés de ces questions. Mme Bárcena a aussi souligné les avantages que présentent les forums du développement durable créés au sein des commissions régionales pour contribuer aux efforts. Il faudrait ainsi établir un programme intersectoriel, a-t-elle conclu en soulignant la part que doivent jouer ces commissions dans la mise en œuvre post-2015.
Beaucoup a déjà été fait au niveau de l’Europe, a assuré M. CHRISTIAN FRIIS BACH, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Europe (CEE), en citant des initiatives lancées comme le Mécanisme de réduction de la pollution atmosphérique et le Comité des transports. La santé et l’environnement sont d’autres domaines dans lesquels travaillent les pays de la région, avec notamment la mise en place de normes de construction de bâtiments et l’adoption de mesures en faveur de l’eau et des écosystèmes. Il a fait valoir l’importance des données dans le suivi de ces mesures, ainsi que des mécanismes d’examen par les pairs. Ces mécanismes sont très appréciés de nos États membres, a-t-il assuré. M. Friis Bach a invité à consulter la Déclaration sur le programme de développement pour l’après-2015 et les objectifs de développement durable qui a été faite au nom de la région.
En ce qui concerne le continent africain, M. ABDALLA HAMDOK, Secrétaire exécutif adjoint pour la création de connaissances de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a mis l’accent sur les mécanismes de suivi qui seront adoptés. Il a expliqué, à cet égard, que l’établissement de statistiques demeurait une des difficultés pour les pays de la région. Certains pays n’ont pas procédé au recensement de leur population depuis 10 ou 20 ans, a-t-il notamment expliqué. Il a ensuite parlé du mécanisme de coordination régionale qui est basé sur les priorités de l’Union africaine. Par ailleurs, l’Afrique s’est dotée d’un mécanisme d’examen par les pairs, volontaire et mutuellement accepté par les pays africains, qui prévoit des normes claires. Ce mécanisme permet un examen de haut niveau, c’est-à-dire par les chefs d’État et de gouvernement, a-t-il précisé. Enfin, M. Hamdok a mentionné ce que fait le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) qui, a-t-il dit, sera utile à la mise en œuvre du nouveau programme.
Au cours de la discussion interactive, les délégations ont salué le rôle important des commissions régionales pour appuyer les efforts de développement menés par les pays, notamment la délégation du Kirghizistan qui fera demain sa présentation nationale volontaire dans le cadre de l’examen ministériel annuel. « Sans étape régionale, il sera très difficile de passer à l’échelon mondial, a en effet fait remarquer la représentante du Mexique.
La représentante de la Fédération de Russie a salué, en particulier, la contribution des commissions régionales à la recherche de solutions collectives à des problèmes communs. Elle a cependant souhaité que leur aide aux pays se cantonne aux aspects techniques. Les présentations volontaires pourraient être faites devant les comités de ces commissions, avant d’être renvoyées au Forum politique de haut niveau, a-t-elle aussi suggéré. Ceci a amené le représentant du Guatemala à dire qu’il faudrait sans doute augmenter les ressources mises à la disposition de ces commissions. Cette question, a-t-il rappelé, intéresse en particulier la Cinquième Commission.
Table ronde IV: « Mettre en œuvre un programme de développement pour l’après-2015 favorable aux pays les moins avancés »
En introduction à la discussion, la Présidente de la séance, Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie), Vice-Présidente de l’ECOSOC, a rappelé que l’ECOSOC avait été chargé par l’Assemblée générale d’examiner la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul sur les pays les moins avancés (PMA) qui couvre la décennie 2011-2020. Elle a fait remarquer que ces pays sont ceux qui sont moins équipés pour réagir aux chocs externes, en citant notamment le cas de l’épidémie d’Ebola. Elle a souhaité que le système de développement des Nations Unies soit bien préparé à appuyer la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015 dans les PMA.
Oratrice principale au cours de cette discussion, Mme ELLEN JOHNSON SIRLEAF, Présidente du Libéria, a fait remarquer que la réalisation des objectifs de développement durable sera une entreprise collective. Indépendamment de la qualité du texte, la mise en œuvre sera la garantie du succès, a-t-elle prévenu. Notant les difficultés qui se sont posées dans la poursuite des OMD, notamment en raison d’un manque d’indicateurs adéquats, elle a appelé à bien se préparer à cette mise en œuvre. En 2000, le Libéria était toujours en proie à un conflit et n’avait pas participé à l’élaboration des OMD, a-t-elle rappelé, avant de faire part des progrès accomplis dans la mise en œuvre de quatre de ces objectifs, en particulier celui concernant l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes. Le Libéria a, par exemple, adopté une loi sur la transparence de l’industrie extractive et une autre sur la liberté de la presse.
La Présidente du Libéria a ensuite parlé de l’épidémie d’Ebola qui a mis un frein à ces efforts, en signalant que, selon la Banque mondiale, l’impact financier avait dépassé 1 milliard de dollars pour 2014. Pour cette année, on s’attend à une réduction de moitié de la croissance économique, a-t-elle regretté. Notant que les PMA étaient particulièrement vulnérables aux catastrophes liées à la santé publique, elle a demandé d’aider ces pays à relever les défis. Mme Johnson Sirleaf a conseillé aux partenaires des PMA de mettre l’accent en particulier sur le développement des capacités et des infrastructures, sur l’accès aux énergies modernes, ainsi que sur les capacités de gestion publique. Il faudrait aussi appuyer les institutions financières et de statistiques, a-t-elle ajouté. En ce qui concerne les politiques à adopter par les pays, elle a recommandé de mettre en place un meilleur système de collecte des impôts et de libéraliser le commerce pour faciliter les investissements. Enfin, Mme Johnson Sirleaf a misé sur les résultats de la Conférence sur le financement du développement qui s’ouvrira lundi, 13 juillet, à Addis-Abeba.
L’animatrice de la discussion, Mme MICHÈLE MONTAS, Journaliste indépendante du secteur audiovisuel, ancienne Porte-parole du Secrétaire général, Ban Ki-moon, et ancienne Directrice générale de Radio Haïti Inter, a invité à faire le bilan des 15 dernières années, en examinant les résultats inégaux atteints dans la poursuite des OMD, pour mieux se préparer à atteindre les objectifs de développement durable.
S’il y a eu des progrès à l’échelle mondiale et dans certains PMA, a fait remarquer M. GYAN CHANDRA ACHARYA, Secrétaire général adjoint et Haut-Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), les PMA restent toujours à la traine. Les intérêts de ces pays doivent donc être au cœur des préoccupations, a-t-il demandé, en faisant le lien entre le Programme d’action d’Istanbul, adopté en 2011, et les objectifs de développement durable. Il a invité à passer à la phase suivante en renforçant les capacités de ces pays, notamment en matière de statistiques. Ceux-ci devront, de leur côté, intégrer les objectifs dans leurs stratégies nationales. Il faudrait aussi, a-t-il ajouté, renforcer les mécanismes de suivi dans les PMA. Il a en outre recommandé de quantifier les investissements à faire dans les différents secteurs pour optimiser la mise en œuvre. Après avoir parlé des moyens à mettre en œuvre pour renforcer la résilience face aux catastrophes, notamment sanitaires comme l’épidémie d’Ebola, M. Acharya a souhaité que les pays développés augmentent l’aide publique au développement (APD).
M. BRUCE LEHMAN, Président de l’Institut international de la propriété intellectuelle et membre du Groupe de haut niveau du Secrétaire général sur la banque de technologies pour les PMA, a illustré l’importance du transfert de compétences en citant le cas de la transmission du virus d’Ebola à deux infirmières aux États-Unis: si l’hôpital texan avait suivi le protocole suivi au Libéria, cela ne se serait pas produit, a-t-il expliqué en faisant remarquer que le transfert de compétences doit se faire aussi des pays en développement vers les pays développés. Il a ensuite parlé du projet de création d’une banque de technologies pour les PMA qui aurait trois composantes, dont une banque de brevets. Celle-ci existe déjà en quelque sorte puisque tous les brevets déposés dans le monde sont disponibles en ligne. Mais cette banque de brevets aurait l’avantage de rendre les brevets disponibles pour les pays en développement.
Répondant à une question de la représentante du Royaume-Uni au cours de l’échange interactif, M. Lehman a indiqué que le rapport du Groupe de haut niveau sur la banque de technologies pour les PMA serait prêt à la mi-août. Au représentant de la Colombie qui s’interrogeait sur le rôle du système de développement des Nations Unies pour accélérer les progrès dans les PMA, il a précisé que la banque des technologies pourrait avoir des branches régionales. Le Haut-Représentant pour les PMA a aussi souligné le rôle important des commissions régionales.
Quels seraient les coûts d’accès aux technologies par le biais de la future banque? a demandé pour sa part le représentant de la CESAP. M. Lehman a précisé que si les technologies sont gratuites, leur accès nécessite la participation de ceux qui en ont les droits, ce que la banque permettrait de faciliter.