Conseil économique et social - Débat de haut niveau,
43e séance - matin et après-midi
ECOSOC/6711

les États Membres et leurs populations devront s’approprier le programme de développement pour l’après-2015

Comment assurer la transition des Objectifs du Millénaire pour le développement vers le programme de développement pour l’après-2015, dans lequel seront inscrits les objectifs de développement durable?  Cette question a dominé, aujourd’hui, tant le débat de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) que la Réunion ministérielle du Forum politique de haut niveau sur le développement durable.

En adoptant, en septembre 2015, un programme de développement unifié et universel pour l’après-2015, dans lequel seront inscrits 17 objectifs et 169 cibles proposés par le Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable, la communauté internationale « réinventera le modèle selon lequel nous concevons le développement mondial », souligne le Secrétaire général dans son rapport* sur cette question, qui a été présenté cet après-midi par le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo. 

La transition des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) vers les objectifs de développement durable (ODD) entraînera d’importants changements dans quatre domaines prioritaires, a expliqué M. Wu Hongbo.  Il faudrait ainsi miser sur l’intégration des politiques, procéder à des adaptations à tous les niveaux institutionnels pour mettre en œuvre le nouveau programme de développement, revitaliser le partenariat international et mettre en place un mécanisme de suivi et d’examen de la mise en œuvre qui soit à la fois global et à différents niveaux.  Pour ce faire, il a été souligné aujourd’hui que les pays et leurs populations devront s’approprier le programme de développement pour l’après-2015 afin de garantir, d’ici à 2030, ses deux objectifs essentiels et étroitement liés, à savoir l’élimination de la pauvreté et la réalisation du développement durable. 

Dans ce contexte, les engagements qui seront pris par les États Membres, en septembre prochain, auront des conséquences importantes, a rappelé le Président du Comité des politiques de développement, M. José Antonio Ocampo, qui a présenté le rapport des travaux de la dix-septième session du Comité, axés particulièrement sur la définition des responsabilités pour la mise en œuvre de ce nouveau programme pour le développement.  « Les gouvernements seront responsables devant leurs populations pour les engagements qu’ils prendront.  Ils seront également responsables devant les autres partenaires qui travaillent ensemble pour la réalisation de ces objectifs communs », a souligné M. Ocampo.

Dans la foulée, plusieurs délégations ont insisté, au cours du débat général, sur le rôle de chef de file du Forum politique de haut niveau sur le développement durable, en particulier dans la formulation de recommandations et dans le suivi et l’examen de sa mise en œuvre.  Le représentant de la Fédération de Russie, par exemple, a mis en garde contre toute politisation inutile des discussions du Forum et contre l’imposition de normes qui n’auraient pas été approuvées dans le cadre du processus intergouvernemental sous l’égide de l’ONU.  Le programme de développement pour l’après-2015 devra, en outre, mettre l’accent sur les défis spécifiques auxquels sont confrontés certains États, notamment les petits États insulaires en développement (PEID), a estimé le représentant des Maldives au nom de l’Alliance des petits États insulaires.

Au cours d’une table ronde, organisée ce matin par le Forum, de nombreux intervenants se sont dits convaincus que la communication serait un élément essentiel du succès de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.  S’appuyant sur des expériences nationales, panélistes et délégations d’États Membres ont assuré qu’il était important, à travers des stratégies de communication bien ciblées et claires, de mieux faire comprendre la notion de développement durable et d’encourager chacun à jouer un rôle actif dans la réalisation des objectifs définis dans ce cadre.

Une deuxième table ronde, qui s’est tenue dans l’après-midi, a surtout mis l’accent sur le fonctionnement du Forum d’ici à 2030.  Panélistes et États Membres ont ainsi souligné que le Forum devrait créer des synergies avec d’autres organes intergouvernementaux, ou fonds et programmes, comme l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, ONU-Femmes, le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes ou encore les parlements nationaux.

Le Forum politique de haut niveau et l’ECOSOC poursuivront parallèlement leur réunion respective ministérielle demain, mercredi 8 juillet à partir de 10 heures.

RÉUNION MINISTÉRIELLE DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Table ronde I: « Communiquer et appliquer un programme universel chez soi » (A/70/75–E/2015/55 et E/HLPF/2015/2)

« Le programme en faveur du développement durable que les pays adopteront en septembre prochain sera universel mais il devra être adapté à la situation propre à chaque pays », a fait remarquer le Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie), en lançant la discussion.  Il a ainsi invité les délégations à examiner comment ce programme universel pourrait être « traduit en politiques nationales tout en restant ambitieux, mondial et intégré ».  Il faudrait trouver le juste équilibre entre une « mise en œuvre différenciée » et la préservation des « éléments communs essentiels ».  De cet impératif découle l’importance des efforts de communication, afin de motiver les populations, ce qui a constitué le deuxième angle de la discussion.

L’animatrice de la table ronde, Mme LAURA TREVELYAN, Présentatrice et Correspondante à la British BroadcastingCorporation (BBC), a noté que les huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), dont la portée a été jugée trop étroite, ont été transformés en 17 objectifs de développement durable assortis de 169 cibles et plus de 200 indicateurs.  Elle a invité les participants à réfléchir à la transposition de ces objectifs sur le terrain.

M. CARLOS ALVARADO QUESADA, Ministre du développement social du Costa Rica, a regretté que le discours sur la pauvreté et le développement soit limité.  Personne ne sait vraiment de quoi il s’agit, a-t-il fait remarquer en soulignant l’absence de référence culturelle et l’opacité des données.  Aussi-, a-t-il recommandé d’utiliser plusieurs indicateurs afin de connaitre les causes profondes du sous-développement.  Au Costa Rica, a-t-il expliqué, nous avons utilisé des indicateurs élaborés par l’Université d’Oxford pour mesurer dans chaque communauté cinq dimensions du développement (éducation, santé, logement, travail et protection sociale).  Il a cependant prévenu du risque d’opacité que représentent les données « moyennes ».  Il a cité l’exemple, au Costa Rica, de deux communautés éloignées de seulement un kilomètre qui ont pourtant des niveaux de développement très différents.  Il faudrait, a-t-il estimé, autonomiser les différents acteurs, en partageant les données, les objectifs et les résultats. 

M. THOMAS SILBERHORN, Secrétaire d’État parlementaire auprès du Ministre fédéral de la coopération économique et du développement de l’Allemagne, a parlé d’une « Charte pour l’avenir » élaborée par son ministère en vue d’impliquer les autorités fédérales, municipales et locales pour la mise en œuvre du futur programme de développement.  Il faut à la fois que chacun assume ses responsabilités et que nous nous entendions sur nos responsabilités communes, a-t-il expliqué.  En Allemagne, les objectifs de développement durable seront un point de référence pour la révision de notre stratégie de développement durable, a-t-il assuré, en mettant notamment l’accent sur la promotion d’une économie à faible carbone en suivant le « virage énergétique » pris par son pays.  Reconnaissant que le « programme post-2015 » est un concept difficile à comprendre, il a prôné un discours plus compréhensible par le grand public.  M. Silberhorn a aussi parlé d’un partenariat pour les textiles durables mis en place en Allemagne, qui comprend plus de 120 membres.

Il n’y a pas de contradiction entre le programme de développement pour l’après-2015 et les politiques nationales de développement, a rassuré M. PIOTR OTAWSKI, Vice-Ministre de l’environnement de la Pologne, en soulignant le caractère universel du futur programme.  En même temps, il a reconnu qu’il faudrait faire des efforts pour faire comprendre les enjeux à la population et pour que soient prises des mesures d’application.  Il a notamment recommandé une bonne éducation sur les questions relatives aux changements climatiques, par le biais de consultations au niveau national comme l’a fait son pays.  M. Otawski a également souligné l’importance de la protection de la nature en se félicitant, en particulier, de la mise en place du réseau d’aires protégées dans les pays de l’Union européenne.  Des mesures ont été prises en Pologne pour se prémunir contre les inondations, a-t-il ensuite indiqué.  Concernant le discours à développer sur les objectifs, il a estimé que même si les mesures à prendre étaient difficiles, il faudrait en être fier.

Pour M. JIM CLARKEN, Directeur exécutif d’Oxfam (Irlande), il faudrait que les pays intègrent les futurs objectifs de manière uniforme et en mesurent leur réalisation avec des indicateurs significatifs car, a-t-il rappelé, il faudrait tenir compte de tous les problèmes nationaux.  Concernant le discours à tenir, il a estimé que les 15 prochaines années pourraient être les plus transformatives que le monde ait connues et c’est ce qu’il faut faire comprendre en investissant dans la communication à tous les niveaux.  Combattre l’inégalité extrême est l’objectif d’Oxfam, a-t-il indiqué en dénonçant la richesse disproportionnée d’une partie de la population mondiale par rapport à la situation des pauvres.  Dans la lutte contre la pauvreté, il est important de répondre efficacement aux changements climatiques qui affectent davantage les pauvres.  « Nous devons créer un monde plus juste », a-t-il rappelé, avant de miser sur la capacité des groupes de la société civile à mobiliser les personnes. 

Comme exemple de communication, M. JOŠKO KLISOVIĆ, Vice-Ministre des affaires étrangères et européennes de la Croatie, a parlé de la stratégie adoptée par son pays pour expliquer aux citoyens les intérêts de l’adhésion à l’Union européenne.  « Il faut parler aux cœurs et aux esprits », a-t-il dit en recommandant d’éviter les messages bureaucratiques.  Il a conseillé d’utiliser la créativité et de traduire les messages dans les différentes langues des communautés.  Le référendum pour l’adhésion de la Croatie à l’Union européenne a recueilli 60% de oui, a-t-il indiqué pour expliquer le succès de la stratégie de communication.  Chacun doit se sentir partie intégrante au processus, a-t-il dit. 

M. PETER DAVIES, Commissaire du Pays de Galles pour un avenir durable, a présenté la « loi sur les générations futures », adoptée en avril dernier, qui prévoit sept objectifs nationaux pour le Pays de Galles alignés sur les objectifs de développement durable.  Cette loi crée notamment un poste de commissaire aux générations futures, qui sera chargé de présenter un rapport sur cette question tous les cinq ans afin d’animer le débat électoral.  La loi en elle-même n’est pas suffisante et ne remplace pas la prise de décision, a-t-il précisé.  Comme exemple de mesure concrète, a-t-il indiqué,  un arbre est planté à chaque naissance au Pays de Galles.  Ainsi, les petits pas faits par des individus s’inscrivent dans un tableau plus vaste.  Il a assuré que la population locale comprend les enjeux mondiaux qui touchent l’avenir des générations, comme l’a révélé un sondage récent.

L’importance de la société civile dans la mise en œuvre du futur programme a été soulignée en particulier par Mme BRIGITTE JOHANNE TRAUERNICHT-JORDAN, Vice-Présidente de SOS Villages d’Enfants International (Autriche).  Elle a apprécié tout effort visant à garantir que les enfants connaissent et s’approprient ce programme.  C’est dans cet esprit que son organisation a organisé un sondage des enfants sur les nouveaux objectifs de la communauté internationale, en proposant une version en langage adaptée à leur âge.  Les enfants ont été emmenés à New York où ils ont été sondés, a-t-elle dit, en saluant cette expérience très riche en leçons.  Faites participer les enfants, a-t-elle lancé, en conseillant de leur passer la torche.

Au cours de la discussion interactive, les participants ont présenté leurs efforts visant, d’une part, à opérationnaliser les objectifs de développement durable au plan local et, d’autre part, à communiquer sur ce programme auprès du grand public pour qu’il se l’approprie.

Depuis la Conférence Rio+20 en 2012, de nombreux États ont développé des stratégies de développement durable, a remarqué la représentante de la Belgique.  Elle a apprécié le caractère transversal de ces stratégies, ainsi que le souci des pays concernés d’intégrer les défis locaux.  En Belgique, un travail de transposition des futurs objectifs de développement durable est en cours, a-t-elle signalé, en proposant de partager l’expérience de son pays en la matière.

Le Maroc a aussi commencé l’expérience de l’application des objectifs du développement durable, a indiqué sa représentante, en mentionnant la Charte nationale du développement durable de 2008 et la constitutionnalisation des objectifs en 2011.  Une loi a ensuite été adoptée pour lancer une stratégie en la matière, assortie de 56 indicateurs, dont le coût de mise en œuvre représente 2%& du PIB.

Le succès des efforts de mise en œuvre dépendra aussi de la bonne compréhension qu’en auront les populations, ont reconnu les participants.  Le représentant de l’Irlande a prôné, à cet égard une communication « concrète, compréhensible et pertinente ».  Les hommes politiques parlent parfois trop aux enfants et aux jeunes, a prévenu le représentant de ce grand groupe en les invitant aussi à écouter cette tranche de la population.

Le représentant des Palaos a interrogé les panélistes sur l’éventuel changement d’appellation de l’expression « l’après-2015 », comme le suggérait le panéliste allemand dont le pays a opté pour la formule « Charte pour l’avenir ».  Le Vice-Ministre de l’environnement de la Pologne a prévenu que parler des « 17 objectifs et 169 cibles » n’évoquerait rien à personne.  « Post-2015 », c’est en réalité « 2016 », soit l’an prochain, a fait remarquer, pour sa part, le Directeur exécutif d’Oxfam (Irlande) avant de conseiller aux différents groupes de participer à la communication pour choisir les messages qui toucheront mieux les communautés. 

Les participants à la discussion ont aussi exprimé leurs attentes pour que les progrès touchent tous les groupes vulnérables, comme les migrants, les personnes handicapées, les jeunes ou les femmes.  Le grand groupe de femmes, a déclaré sa représentante, est particulièrement intéressé par les objectifs relatifs aux femmes, à la société civile, à la communication et à l’intégration des questions sexospécifiques dans l’éducation.

« C’est dur de se rendre compte que nos pays restent encore à la traîne », malgré tous les efforts déjà déployés, a dit la représentante du Burkina Faso en écoutant tous ces groupes vulnérables exprimer leurs attentes.  C’est pour cela que tous les ministères de son pays sont impliqués dans le développement durable, a-t-elle assuré, avant de se réjouir du thème retenu pour le futur programme, à savoir « veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte ».

Mais on ne peut pas suivre des idées charitables si l’on reste toute sa vie au même endroit, a rappelé le représentant de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), en vantant les mérites du tourisme durable. 

DÉBAT DE HAUT NIVEAU

M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a présenté les deux rapports du Secrétaire général intitulés « Comment assurer la transition des objectifs du Millénaire pour le développement à ceux du développement durable » (E/2015/68) et « Création d’institutions et renforcement de celles qui existent en vue de l’intégration des politiques après 2015 » (E/2015/69).  La communauté internationale a fait des progrès importants en élaborant le programme de développement pour l’après-2015 et le temps est venu de comprendre comment ces objectifs seront mis en œuvre, a dit le Secrétaire général adjoint.

Le premier rapport concerne quatre secteurs: la réalisation de l’intégration des politiques pour un programme de développement unifié, des institutions adaptées à la transition des Objectifs du Millénaire pour le développement aux ODD, des partenariats mondiaux revitalisés pour le développement durable, et un mécanisme de suivi et d’examen.  Au niveau politique, l’augmentation des défis de plus en plus complexes devrait nécessiter une politique d’intégration et de coordination à tous les niveaux appuyée par la cohérence entre les différents secteurs et acteurs.  Le renouvellement du partenariat mondial à cet égard doit être fondé sur une forte volonté politique, a expliqué le Secrétaire général adjoint.  

Le deuxième rapport, a-t-il déclaré, souligne que la réalisation du programme de développement pour l’après-2015 dépendra d’institutions fortes, robustes et compétentes qui peuvent apporter des approches plus intégrées du développement durable.  Les écarts de développement devraient d’être réduits pour faire marcher la politique d’intégration dans la pratique.  Le rapport souligne notamment que l’innovation à tous les niveaux du gouvernement et l’appropriation nationale seront essentielles.  La communication et le renforcement des capacités devraient aider à assurer la mise en œuvre effective du programme post-2015.

M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Président du Comité des politiques de développement, a présenté le point de vue de son Comité (E/2015/33) sur la transition des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à ceux sur le développement durable.  Nous devons savoir, avant toute chose, a-t-il dit, que les engagements que prendront les États en septembre prochain sont « volontaires par nature mais moralement contraignants » parce que les gouvernements sont comptables de leurs actes devant leur peuple et responsables les uns vis-à-vis des autres.  En conséquence, un mécanisme de suivi et de responsabilisation est nécessaire pour suivre la mise en œuvre, évaluer les progrès et tenir les États, les organisations multilatérales, la société civile, le secteur privé et les fondations privées, comptables de leurs actes.

Il faut aussi une responsabilité différente qui va au-delà de l’évaluation mécanique.  Non, a dit M. Ocampo, il faut un mécanisme de responsabilisation qui suive les progrès vers les objectifs agréés, analyse les obstacles à la mise en œuvre, identifie les approches réussies et serve de guide pour les changements nécessaires à la correction des politiques inefficaces.

Si les objectifs de développement durable sont universels, les pays doivent néanmoins pouvoir les adapter à leurs contextes nationaux.  Le Comité recommande d’ailleurs à l’ECOSOC d’inviter les États à préparer et rendre publics leurs engagements nationaux, à adapter les cibles à leur contexte national et élaborer des politiques appropriées pour atteindre les objectifs nationaux et contribuer à leur réalisation au niveau mondial. 

Le Comité ne cache pas sa préoccupation, a confié son Président, face à l’accent mis sur les objectifs « quantifiables » pour suivre la mise en œuvre.  Le suivi ne devrait pas être réduit à ce qui peut être mesuré.  Certaines des aspirations du programme de développement pour l’après-2015 ne peuvent pas être exprimées en chiffres, et une analyse qualitative des progrès, des obstacles et des défis peut aussi être nécessaire.  Sans une analyse qualitative, certaines questions cruciales, comme la gouvernance et la correction des injustices du système économique mondial seraient marginalisées dans le débat sur le développement. 

Comment créer des mécanismes de responsabilisation pour avoir des résultats et un changement constructif?  Le Comité estime, a répondu M. Ocampo, que le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre du nouveau programme doivent être un processus du bas vers le haut.  Ils doivent s’appuyer sur les mécanismes nationaux existants qui devraient inclure les autorités régionales et locales.  Le cadre national devrait néanmoins être pleinement intégré dans le cadre international de responsabilité.  Ceci est particulièrement important dans les cas où les systèmes de responsabilisation nationaux ne sont pas encore pleinement développés ou opérationnels. 

Au niveau international, la « couche régionale » du suivi et de reddition de comptes constituerait le meilleur contexte pour l’examen par les pairs et d’autres formes de responsabilisation horizontale.  Cette « couche » devrait être facilitée par les commissions régionales de l’ONU et par l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE).  L’examen par les pairs ne devrait pas refléter les relations déséquilibrées entre donateurs et récipiendaires mais doit être un processus où les partenaires se voient comme « des égaux ».  Les processus nationaux et régionaux convergeraient alors vers le Forum politique de haut niveau. 

Débat général

M. JEREMIAH NYAMANE KINGSLEY MAMABOLO (Afrique du Sud) au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a voulu que l’éradication de la pauvreté soit la priorité des priorités du programme de développement durable pour l’après-2015.  Le Forum doit présenter des recommandations et assurer la cohérence des politiques.  Le représentant a également jugé crucial de renforcer les capacités des pays en développement, et ce, conformément à leurs priorités nationales.  Ces pays doivent être étroitement associés aux délibérations du Forum qui devra tenir compte, s’agissant du suivi des progrès accomplis dans la mise en œuvre des politiques de développement durable, des capacités limitées des pays en développement.  Le succès du Forum s’évaluera à l’aune de l’appui qu’il fournira à ces pays, a-t-il prévenu.

Mme LISEL ALAMILLA, Ministre de la foresterie, de la pêche et du développement durable du Belize, au nom de la Communauté des Caraïbes(CARICOM), a réitéré l’importance pour le Forum de travailler de manière « flexible, dynamique et axée sur les solutions ».  Le Forum doit être celui qui imprime un élan à la mise en œuvre du programme de développement durable pour l’après-2015.  Mme Alamilla a aussi réitéré l’importance du Forum pour l’évaluation et le suivi des Orientations de Samoa adoptées à la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement.  Ces États, a-t-elle rappelé, ont des défis spécifiques à relever dont celui d’accéder aux financements concessionnels et aux dons, ce qu’empêche le critère du produit national brut par habitant pour définir le niveau de développement d’un pays.  Elle a aussi insisté sur le défi lié au renforcement des capacités, dont celles d’assurer le suivi et l’évaluation, au niveau national, et de collecter des statistiques pour pouvoir prendre des décisions fondées sur les faits. 

M. KARMENU VELLA, Commissaire européen chargé de l’environnement, des affaires maritimes et de la pêche, au nom de l’Union européenne, a estimé que les objectifs du suivi, de la redevabilité et de l’évaluation sont de mesurer les progrès accomplis, l’efficacité de la mise en œuvre et la pertinence du programme de développement pour l’après-2015, en restant ambitieux face aux défis émergents.  Il s’agit aussi d’assurer un engagement politique durable, la participation des différentes parties prenantes et la crédibilité de nos engagements.  Le Forum doit aussi assurer le suivi des résultats de la Conférence sur le financement du développement.  Cette réunion est l’occasion de fixer un ordre du jour clair pour le Forum politique, de clarifier son rôle.

M. SANA MABONEZA (Rwanda) au nom du Groupe des États d’Afrique, a estimé que le suivi et l’évaluation, au niveau international, doivent être universels et appartenir à chaque pays, conformément à ses conditions, ses besoins et ses priorités.  Le Forum doit être un processus volontaire conduit par les gouvernements, impliquant les ministres et autres participants de haut niveau.  L’évaluation doit avoir pour objectif d’évaluer les activités du système des Nations Unies et des parties prenantes.  Le suivi et l’évaluation doivent porter sur les 17 objectifs de développement durable et 169 cibles de manière équilibrée et intégrée, y compris l’objectif 17 et les cibles sur les moyens de mise en œuvre au niveau international.  Le suivi doit évaluer les résultats du mécanisme de facilitation du transfert des technologies.  Il doit être mené dans un esprit constructif et l’approche différenciée doit prévaloir.  Au niveau national, le suivi et la mise en œuvre doivent être déterminés par les gouvernements nationaux eux-mêmes.  En toutes choses, il faudra assurer la cohérence entre les niveaux national, régional et international.

M. AHMED SAREER (Maldives) a, à son tour, insisté sur l’importance qu’il y a à ce que le programme de développement pour l’après-2015 parle des défis spécifiques des petits États insulaires en développement (PEID).  Que le Forum, a-t-il poursuivi, ne devienne pas un « salon de discussion » ou « un tribunal » mais un organe qui offre un leadership, des directives et des recommandations politiques, qui assure le suivi et l’examen des progrès, qui renforce l’intégration des trois piliers du développement durable et qui traite des défis nouveaux et émergents.  Le Forum doit être l’endroit où les États apprennent les uns des autres, où les discussions sont traduites en actes, où les données sont mises à disposition et où le renforcement des capacités est au cœur des préoccupations, en particulier dans la collecte et l’analyse des données.

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka), au nom du Groupe des 15, a rappelé que les Objectifs du Millénaire du développement (OMD) étaient encore sur le métier et qu’il fallait en tenir compte dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.  Nous devrons porter une attention particulière à nos échecs pour ne pas les répéter.  Le représentant a insisté sur le succès remarquable de son pays dans la réalisation des OMD.  La lutte contre la pauvreté, a-t-il dit, à son tour, doit être au cœur du futur programme.  Il a souligné le rôle essentiel que joueront les envois de fonds et le transfert des technologies.  Il a appelé les pays développés à honorer leurs engagements s’agissant de l’aide publique au développement (APD) et souhaité que les défis particuliers des pays à revenu intermédiaire, en particulier leur accès aux financements concessionnelles, soient dûment pris en compte.  Il a souhaité un suivi efficace, rigoureux et dirigé par les États, du futur programme de développement.

M. MAHE’ULI’ULI SANDHURST TUPOUNIUA (Tonga), au nom des petits États insulaires en développement, a jugé nécessaire que le Forum consacre suffisamment de temps aux questions liées aux petits États insulaires en développement dont les résultats des dernières Conférences.  Le Forum est l’endroit idoine pour assurer le suivi des partenariats qu’ont noués ces États mais pour aussi en créer d’autres.  Le Forum, a-t-il poursuivi, doit certes assurer le suivi de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015 mais il doit surtout évaluer les progrès et les défis et rechercher des solutions concrètes pour aller de l’avant.  Il doit servir de lieu de convergence des différents processus pour garantir cohérence et synergie.  Le « cas spécial » que sont les petits États insulaires en développement s’applique aussi à leurs capacités limitées dans la collecte et l’analyse des données et tout effort de renforcement de leurs capacités doit tenir compte de cet aspect de choses.

M. ALAN KELLY, TD, Ministre de l’environnement, de la collectivité et de l’administration locale de l’Irlande, a estimé que le Forum doit assurer le suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable en se servant des indicateurs fournis par les pays eux-mêmes.  Ce processus devra se fonder sur des données fiables.  À cet égard, le Forum doit renforcer son interaction avec la communauté scientifique.  Nous devons, a reconnu le Ministre, concrétiser notre engagement de doter le Forum de moyens suffisants.  L’année 2015 verra le début d’un nouveau voyage dans les trois piliers du développement durable.  Ce sera difficile et il faudra agir de façon collective.

M. NICOS KOUYIALIS, Ministre de l’agriculture, du développement rural et de l’environnement de Chypre, a insisté sur le rôle de premier plan que jouera le Forum dans le suivi des progrès accomplis dans la mise en œuvre du futur programme de développement.  Il a appelé le Forum à assurer la coordination des efforts des entités onusiennes concernées, dont les commissions techniques de l’ECOSOC et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).  Il a invité le Forum à donner une impulsion, au niveau international, à la bonne mise en œuvre dudit programme.  Il a jugé crucial le renforcement des capacités des pays en développement, s’agissant notamment de la collecte de données statistiques.  Il a également insisté sur la responsabilité éminente des États.  « Ensemble nous pouvons réussir », a-t-il déclaré, avant d’indiquer que l’éradication de la pauvreté constituait le défi le plus pressant à relever.

Mme FAEEQA BINT SAEED ALSALEH, Ministre du développement social de Bahreïn, a affirmé que son pays avait atteint les cibles de développement qu’il s’était fixées.  Les réalisations du Bahreïn en vue de la mise en œuvre des OMD sont le fruit de la vision de mon gouvernement, a-t-elle dit, rappelant que son pays avait reçu le prix Habitat en 2006.  Elle a aussi redit que son pays venait d’accueillir une réunion, au cours de laquelle les pays arabes avaient exposé leur position vis-à-vis du développement durable.  Le Document de Bahreïn, adopté à l’issue de cette réunion, insiste sur l’importance du principe de responsabilités communes mais différenciées et sur la nécessité de mettre un terme à l’occupation israélienne.  Elle a souhaité que les prises de position des pays arabes soient dûment prises en compte.  La Ministre a plaidé pour la mise en place de mécanismes « innovants » pour la promotion de la solidarité internationale et le règlement des conflits.

Mme GRATIELA LEOCARDIA GAVRILESCU, Ministre de l’environnement de la Roumanie, a, à son tour, appelé à l’action collective.  Tous les pays doivent être tenus responsables du développement durable et faire preuve de transparence.  Toutes les parties prenantes doivent pouvoir participer au suivi du programme d’après-2015 qu’assurera le Forum, sans double emploi avec d’autres mécanismes.  Chaque pays doit avoir un programme de mise en œuvre clair, impliquant les communautés locales et les ONG, en particulier sans le suivi, au niveau national.  En 2016, le programme de développement pour l’après-2015 aura été lancé et il ne faudra pas oublier le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) dans le suivi.

M. RICARDO CARDONA, Ministre du développement social du Honduras, a parlé des progrès importants de son pays dans la réalisation des OMD.  Le Gouvernement se prépare maintenant à la transition vers les objectifs de développement durable d’autant que la pauvreté extrême reste bien réelle dans le milieu rural.  Le Gouvernement a doté sa nouvelle stratégie de développement d’une enveloppe de 4 milliards de dollars pour les cinq années à venir.  La stratégie, qui vise 400 000 ménages, a pour objectif de réduire la pauvreté de 20%.  Cette stratégie ou « Plan pour une vie meilleure pour tous » poursuit une croissance économique assortie d’une véritable intégration sociale.  Le Ministre n’a pas oublié la dimension « environnement ».  Il a parlé d’une « cuisinière propre » qui sera distribuée à 500 000 familles dans les cinq années à venir.

Mme BIBIANE OUEDRAOGO-BONI, Ministre de la promotion de la femme et du genre du Burkina Faso, a tout d’abord détaillé la stratégie de son pays en faveur de la réduction de la pauvreté et de la création d’emplois pour les jeunes.  « Comme beaucoup de pays africains, mon pays ne pourra pas atteindre les OMD », a-t-elle convenu, avant d’espérer que les conférences internationales qui rythmeront la seconde moitié de cette année poseront les bases d’une croissance économique « durable et équitable ».  Elle a également plaidé pour le renforcement des capacités des pays en développement et souligné la pertinence du principe de responsabilités communes mais différenciées en matière de développement.  Enfin, la Ministre a expliqué que les transferts de technologies étaient essentiels pour éradiquer la pauvreté et assurer une vie dans la dignité pour tous.

M. GENNADY M. GATILOV, Ministre adjoint aux affaires étrangères de la Fédération de Russie, a, lui aussi, souligné l’importance du principe de responsabilités communes mais différenciées en matière de développement, avant d’appeler de ses vœux une transition sans heurt entre OMD et ODD.  Ces derniers devront également être axés sur l’élimination de la pauvreté, a-t-il précisé.  Rappelant la nécessité de répondre aux défis économiques, sociaux et environnementaux par une approche intégrée, il a mis en garde contre toute politisation inutile des discussions du Forum et l’imposition de normes qui n’auraient pas été approuvées dans le cadre du processus intergouvernemental mené sous l’égide de l’ONU.

Il a souhaité que les États trouvent un terrain d’entente à la Conférence sur le financement du développement s’agissant du transfert des technologies, de l’architecture de la gouvernance financière internationale et de l’aide publique au développement, laquelle est une source clef de financement extérieur pour les pays les plus vulnérables.  Il a rappelé que la mise en œuvre des ODD échoira en premier lieu aux États et a souhaité la sauvegarde de la nature intergouvernementale de leur processus de mise en œuvre.  Le suivi des ODD ne devrait pas aboutir à un classement des États, ce qui serait « inacceptable », a-t-il conclu.

Nous avons besoin de leadership, d’ambition et d’une structure efficace pour guider la transition vers le développement durable et l’éradication de la pauvreté, a déclaré Mme SILVIA VELO, Sous-Secrétaire d’État au Ministère des terres et de la mer de l’Italie.  Une telle structure devrait avoir le Forum à sa tête, a-t-elle précisé, en ajoutant que le Forum doit impliquer l’ensemble du système de l’ONU, en s’inspirant du segment intégré de l’ECOSOC et du Forum pour la coopération au développement.  Il faut, a reconnu la Sous-Secrétaire d’État, plus de travail et plus de discussions pour clarifier les détails d’une structure aussi complexe.  Elle a plaidé pour que l’on donne plus de pouvoir aux niveaux sous-national, national et régional dans l’évaluation du programme post-2015.  La Sous-Secrétaire général a insisté sur la coopération de son pays avec les petits États insulaires en développement.  En collaboration avec l’ONU, l’Italie organisera au mois d’octobre, dans le cadre de l’EXPO de Milan, une Conférence ministérielle sur les petits États insulaires en développement pour évaluer les progrès réalisés depuis la Conférence de Samoa. 

Le mois dernier, l’EXPO a accueilli une Conférence ministérielle sur les pays les moins avancés (PMA) du continent africain qui a adopté « La Charte de Milan » et en octobre, une manifestation de haut niveau sera organisée sur le rôle du financement et de l’innovation dans les secteurs agricole et agroalimentaire pour contribuer à la sécurité alimentaire et à une croissance inclusive.  La représentante a conclu en disant attendre avec intérêt que le rapport de la Commission des statistiques sur un cadre mondial d’indicateurs pour évaluer les ODD.  

M. MARTIN TLAPA, Vice-Ministre aux affaires étrangères de la République tchèque, a voulu que le cadre de suivi et d’examen du programme de développement pour l’après-2015 soit solide et permette un suivi intégré des progrès de chaque pays.  Il faut un cadre unique qui garantisse la mise en œuvre et le financement.  Le Forum doit avoir accès à des données fiables pour faire des évaluations basées sur les faits.  Il ne faut pas le surcharger de travail mais trouver un équilibre avec l’ECOSOC.  Dans le suivi, il faudra une marge de manœuvre aux structures régionales et nationales, a conclu le Vice-Ministre qui a insisté sur le partenariat international.

M. JOŠKO KLISOVIĆ, Ministre adjoint aux affaires étrangères et européennes de la Croatie, a appelé de ses vœux la création d’un nouveau partenariat mondial en faveur de l’éradication de la pauvreté.  Il a estimé que le Forum était la plateforme idéale pour assurer le suivi des progrès accomplis en vue de la mise en œuvre des ODD.  Le Forum devra identifier les nouveaux défis en matière de développement, a-t-il dit.  Il a insisté sur le « quatrième » pilier du développement durable qui est la bonne gouvernance et la promotion de l’état de droit.  Une approche fondée sur les droits de l’homme est indispensable pour atteindre les ODD, a-t-il dit, avant de souhaiter que la société civile soit étroitement associée au processus de mise en œuvre des ODD.  Il a souligné l’importance de la lutte contre l’impunité des auteurs de crimes sexuels et indiqué qu’une loi avait été récemment adoptée dans son pays.

Mme ENDAH MURNININGTYAS, Vice-Ministre des ressources naturelles et de l’environnement au Ministère de la planification nationale de développement de l’Indonésie, a voulu que le futur programme s’attache avant tout à répondre aux attentes et aux préoccupations des jeunes.  Elle a souhaité que le cadre d’examen des progrès accomplis dans la mise en œuvre des ODD soit transparent, placé sous la direction des États et soucieux de la nécessité de renforcer les capacités des pays en développement.  Elle a détaillé les efforts de son pays en matière de développement durable, qui s’articulent notamment autour de la réduction des inégalités économiques et des disparités entre les différentes régions de l’Indonésie.

Elle a aussi insisté sur le rôle de premier plan que joue le Forum, dont elle a rappelé qu’il était un organe inclusif et intergouvernemental, pour la formulation de recommandations, au plus haut niveau, en matière de développement durable.  Enfin, elle a demandé des moyens robustes pour la mise en œuvre des ODD, parmi lesquels elle a cité le transfert des technologies et une aide publique au développement efficaces.  Elle a appelé de ses vœux une « synergie » entre les discussions relatives au futur programme et celles relatives au financement du développement.

Mme RIIKKA LAATU, Directrice générale adjoint au Ministère des affaires étrangères de la Finlande, a estimé qu’en tant qu’institution, le Forum est encore en état de gestation.  Il faut opérationnaliser son mandat et discuter des directives pour son travail.  D’ici à l’année prochaine, le Forum devrait être prêt.  Il est très important que le Forum prenne rapidement sa place dans le système de suivi, de redevabilité et d’examen.  Il serait bon qu’en 2016, les États présentent leurs plans de mise en œuvre du programme post-2015 en décrivant la manière dont ils ont intégré les ODD dans leurs politiques nationales.  Après 2016, le Forum pourra alors se focaliser sur le suivi et les moyens de mise en œuvre.  Le rapport mondial sur les ODD durable devrait être présenté tous les quatre ans, a estimé l’oratrice, à temps pour le sommet des chefs d’État et de gouvernement du Forum.  Cela soulignerait l’importance politique du rapport et assurera une attention de haut niveau. 

La participation effective de toutes les parties prenantes au Forum est cruciale.  Il est important que la voix de la société civile et du secteur privé soit non seulement entendue mais également prise en compte.  C’est là l’une des plus grandes nouveautés du Forum, une nouveauté cruciale pour la faculté du Forum à renforcer les nouveaux partenariats.  Le Forum doit avoir des ressources adéquates pour mener organiser ses sessions annuelles et ses réunions intersessions.  La préparation de ces sessions et réunions doit être plus transparente et il doit y avoir un mécanisme clair pour l’implication des États Membres, des grands groupes et des autres parties prenantes.  L’oratrice s’est attardée sur « un second élément » tout aussi important que le Forum: la mise en œuvre au niveau national.  Tous les pays doivent prendre des mesures concrètes pour mettre en œuvre le programme post-2015.  « C’est ça l’universalité. »

Le Forum doit permettre des échanges de pratiques optimales et d’expériences, a ajouté M. MARGUS SARAPUU, Chef de délégation et Directeur du groupe de la stratégie au Bureau gouvernemental de l’Estonie.  Les résultats de la Conférence de financement du développement devront faire partie de son champ d’examen.  Nous devons veiller à sa cohésion avec les mécanismes existants pour éviter les doublons et le gaspillage des ressources.  Le partenariat avec l’ECOSOC est à cet égard important. 

Mme PORNPRAPAI GANJANARINTR, Directrice générale du Département des organisations internationales du Ministère des affaires étrangères de la Thaïlande, a souligné la nécessité de réduire les inégalités économiques régionales et de remédier aux conséquences des catastrophes naturelles.  Elle a insisté sur la nécessité d’une volonté politique forte et d’une coopération effective entre États en vue de la bonne mise en œuvre des ODD.  Elle a jugé que l’implication du secteur privé était cruciale pour assurer l’intégration des trois piliers du développement durable.  Enfin, elle a souhaité que l’ONU participe au renforcement des capacités des pays les moins développés.  Efforçons nous de parvenir à un programme qui soit véritablement universel, a-t-elle conclu.

M. PIO WENNUBST, Sous-Directeur général de la Direction suisse du développement et de la coopération du Département fédéral des affaires étrangères, a indiqué que le futur programme apportait deux changements fondamentaux: l’universalité et l’intégration entre l’éradication de la pauvreté et le développement durable.  Il a jugé essentiel d’ancrer la dimension mondiale pour le suivi de la mise en œuvre, en plaçant ce Forum au cœur de l’action de la communauté internationale.  « Nous pensons qu’il ne sera pas tout de suite possible de procéder à une revue de la mise en œuvre », a-t-il dit, avant de se dire favorable à ce que la prochaine réunion du Forum ait lieu sous les auspices de l’Assemblée générale en 2019, « ce qui l’alignerait sur l’examen quadriennal complet ».

Puis, M. Wennubst a souhaité l’adoption au plus vite d’une feuille de route indiquant les étapes clefs du Forum pour un suivi efficace des engagements en faveur du développement durable à l’horizon 2030.  Enfin, estimant que l’ONU devra appuyer les pays dans la mise en œuvre dudit programme, il a appelé de ses vœux l’élaboration d’une stratégie à l’échelle du système onusien qui soit établie au niveau de gestion le plus élevé tel que le Conseil des chefs de secrétariat des organismes de l’ONU pour la coordination.

Table ronde II:« Notre Forum politique de haut niveau sur le développement durable au cours des 15 prochaines années » (E/HLPF/2015/2)

Il reste peu de temps avant que le Forum politique de haut niveau sur le développement durable commence pleinement à exercer ses fonctions, qui consisteront à assurer le suivi et l’examen de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015. 

Chargé d’animer cette seconde table ronde, M. OH JOON, Vice-Président du Conseil économique et social, a rappelé qu’il existait effectivement un large consensus sur les différents rôles que doit jouer le Forum politique de haut niveau sur le développement durable en tant que cadre intergouvernemental chargé du suivi et de l’examen de la mise en œuvre du programme de développement.  Toutefois, plusieurs questions relatives à son fonctionnement restent en suspens, a-t-il insisté, en invitant les intervenants à tenter d’y apporter des solutions.

De quelle manière les sessions du Forum politique de haut niveau sur le développement durable permettront-elles d’assurer la mise en œuvre du programme de développement d’après-2015?  Le Forum politique de haut niveau sur le développement durable doit-il fixer des priorités thématiques?  A-t-il besoin d’un programme pluriannuel?  Comment va-t-il intégrer les travaux des instances régionales?  Comment va-t-il inclure la communauté scientifique dans ses travaux?  Ce sont des questions auxquelles les panélistes devaient tenter de répondre.

Mme OYUN SANJAASUREN, Ministre de l’environnement et du développement vert de la Mongolie et Présidente de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a souligné la nécessité pour le Forum politique de haut niveau de créer des synergies avec d’autres organes intergouvernementaux et de communiquer avec l’ensemble des parties prenantes.  Elle a particulièrement mis l’accent sur le rôle joué par l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement en tant que principale autorité mondiale de l’environnement.  « Celle-ci a pour mandat de prendre des décisions stratégiques, d’apporter des orientations politiques au travail du PNUE et de promouvoir une forte interface de science-politique », a-t-elle insisté.  Elle a aussi souligné la vaste expérience acquise par le PNUE en matière de collaboration avec différents acteurs et d’appui à la conclusion d’accords multilatéraux ou, de manière plus générale, dans le domaine du droit de l’environnement.

Pour sa part, M. TUN TUN NAING, Secrétaire permanent au Ministère de la planification nationale et du développement économique du Myanmar, s’est dit convaincu du rôle majeur que les pays doivent tenir dans l’examen et le suivi de la mise en œuvre du programme de développement.  C’est la raison pour laquelle il a insisté sur la nécessité de mettre en place des processus de coordination au niveau national.  Le Myanmar, par exemple, œuvre pour faire participer à son processus d’examen et de suivi national à la fois des hauts fonctionnaires, des universitaires ou des ONG.  « Outre la coordination et le dialogue, il faut également souligner le rôle de la collecte de données afin d’assurer un bon suivi des objectifs de développement durable au plan national », a-t-il conclu.

Pour M. RIAZ HAMIDULLAH, Directeur général des affaires économiques au Ministère des affaires étrangères du Bangladesh, « il n’y a pas de modèle unique à suivre ».  « Plusieurs exemples, présentés ces derniers jours, notamment en Colombie ou au Viet Nam, nous montrent que des stratégies de coordination nationales, notamment l’établissement de commissions nationales d’examen et de suivi peuvent engendrer de bons résultats », a-t-il fait remarquer.  Il a cependant déploré le fait que, pour l’instant,  les parlements par exemple n’aient pas l’attention qu’ils méritent.   

Mme SILVANA KOCH-MEHRIN, Fondatrice et Présidente du Forum mondial des femmes parlementaires de la Belgique et ancien Membre du Parlement européen, a précisément souligné combien il était important que les parlementaires et les élus nationaux aient le sentiment qu’ils doivent « transmettre un message en matière de développement durable » à leurs citoyens.  L’une des tâches des députés au Parlement européen, par exemple, est d’expliquer en quoi leur travail est pertinent pour les citoyens car les débats et les décisions du Parlement semblent parfois bien éloignés des préoccupations de la population, a-t-elle expliqué.   Elle a proposé plusieurs recommandations au Forum, notamment d’impliquer davantage les parlementaires nationaux en amont des discussions, et en particulier les femmes parlementaires.

M. PIO WENNUBST, Sous-Directeur général de la Direction suisse du développement et de la coopération du Département fédéral des affaires étrangères, s’est d’abord interrogé sur la mise en œuvre d’un processus transparent et inclusif pour assurer le succès des sessions du Forum politique de haut niveau sur le développement durable au cours des 15 prochaines années.  Il a particulièrement insisté sur la tenue d’examens thématiques et nationaux, ainsi que sur la pertinence d’un mécanisme d’examen qui aurait lieu tous les quatre ans.  Cet examen thématique, a-t-il précisé, devrait se dérouler de manière intégrée et se baser sur des données et des cibles qui existent déjà, comme celles concernant les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Le programme de développement pour l’après-2015, a assuré M. Wennubst, représente une occasion de modernisation du système des Nations Unies pour le développement, ainsi que de la manière dont celui-ci inclut les différentes parties prenantes en matière de développement.

Mme LAKSHMI PURI, Sous-Secrétaire générale chargée de l’appui aux mécanismes intergouvernementaux et des partenariats stratégiques de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’automatisation des femmes, a estimé que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes étaient des éléments fondamentaux pour la réalisation du développement durable et que les examens nationaux et thématiques doivent intégrer ces questions.  Le suivi et l’examen des activités doivent s’aligner sur les normes mondiales les plus élevées en la matière, en particulier les travaux du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et d’autres instruments ad hoc, a-t-elle insisté.

Exprimant le point de vue du secteur privé, M. DANIEL LANG, Chef du Bureau des relations avec la clientèle au niveau mondial, Sutherland Global Services, Inc. (New York), a estimé que les entreprises seront appelées à démontrer qu’elles ont une stratégie de croissance durable.  Cela impliquera, entre autres, le respect des normes en matière de respect des droits de l’homme, de l’égalité des sexes ou de la lutte contre la corruption.  Ces différents éléments représentent des enjeux importants pour le monde des affaires, a-t-il dit, en estimant que les Nations Unies pouvaient, par leur position unique, guider et façonner des meilleures pratiques dans le secteur privé.

Mme NAIARA GARCIA DA COSTA CHAVES, Directrice pour le plaidoyer de Beyond 2015 (New York), a estimé que le Forum devrait s’engager à communiquer de manière transparente.  « Chacun doit connaître les ODD et doit savoir comment ils seront évalués », a-t-elle dit.  Il faut, pour ce faire, que les statistiques de tierce parties, notamment la société civile et les citoyens, viennent compléter les données nationales officielles.

Lors de la discussion interactive, le représentant de l’Azerbaïdjan a, de son côté, insisté sur la participation des jeunes aux futures réunions du Forum, tandis que sa collègue de l’Afrique du Sud a insisté sur le renforcement des capacités des pays en développement.  La délégation du Pérou a plaidé pour une transparence des méthodes de travail du Forum, de ses fonctions et de son thème annuel de discussion.

Une représentante du grand groupe des enfants et des jeunes a, pour sa part, souligné qu’il était nécessaire pour le Forum de se doter d’un bureau indépendant, qui serait responsable de l’aspect pratique de ses travaux toute l’année durant.

La représentante du Mexique a, elle aussi, souhaité que le Forum dispose d’un secrétariat propre, tout en suggérant la mise en place d’un groupe consultatif indépendant, qui soit parallèle au Forum.  Sur les questions de fond, elle a recommandé au Forum d’encourager un dialogue actif et stratégique et de s’appuyer sur des données vérifiées.

De son côté, le représentant des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires, a demandé que le Forum établisse des  mécanismes pour aider des pays comme le sien à présenter leurs rapports nationaux.  Il a aussi préconisé que le suivi de la mise en œuvre soit taillé sur mesure, et non pas un système rigide.  La mise en œuvre exige aussi des partenariats solides et un dialogue permettant de partager les avantages qu’offrent ces partenariats.  À cet égard, le représentant du Canada a demandé que le Forum s’appuie sur des partenariats stratégiques, tout en suggérant qu’il tire parti de la collecte de données.  « Des données ventilées par sexe », a recommandé la représentante du grand groupe des femmes.  Elle a également demandé d’accorder la priorité, dans le suivi de la mise en œuvre, au renforcement des capacités en matière d’égalité des sexes.

Il faudra, a tranché la représentante de la Belgique, combiner l’ambition d’un nouvel instrument de suivi avec un certain pragmatisme, en répondant aux attentes de manière réaliste.  D’une part, parce que nous ne partons pas de zéro, compte tenu du nombre de mécanismes existants comme les commissions régionales, d’autre part parce qu’il reste encore beaucoup d’inconnues.  Le système de l’ECOSOC exerce déjà des fonctions de suivi et d’examen, a-t-elle aussi rappelé.  Pour la représentante de la Belgique, il faudrait canaliser l’abondance d’expérience locale et nationale pour qu’elle profite au suivi par le Forum.

Il faut que le Forum conduise à la transformation, soit ambitieux, ciblé mais pas rigide, et qu’il n’oublie personne, a fait remarquer le Vice-Président de l’ECOSOC.  Comment faire pour qu’il satisfasse tous ces critères, a-t-il demandé.  La Présidente de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement a répondu qu’elle transmettrait les informations recueillies par cette assemblée au Forum, tandis que le panéliste du Bangladesh a sollicité le soutien des niveaux de base (local ou national).  Le panéliste du Myanmar a souligné, pour sa part, le rôle des bureaux de statistiques de chaque pays qui seront chargés de mesurer les progrès en fonction des indicateurs prévus.  Ces bureaux travailleront en lien avec les organes de statistiques internationaux, comme la Commission de statistiques de l’ONU.

Si l’on veut vraiment que les objectifs de développement durable soient intégrés à la politique nationale, il faut aborder tous les domaines, et pas seulement le développement et l’environnement, a conseillé la Présidente du Forum mondial des femmes parlementaires de la Belgique en appelant à créer un espace de discussion notamment au niveau local.  Tous les parlementaires doivent intervenir, a-t-elle insisté.

Reconnaissant le rôle important des gouvernements, la Sous-Secrétaire générale chargée de l’appui aux mécanismes intergouvernementaux et des partenariats stratégiques d’ONU-Femmes pour l’égalité des sexes et l’automatisation des femmes, a toutefois voulu mettre l’accent sur la nouvelle nature des partenariats, souhaitant trouver de nouveaux moyens pour les faire participer à la mise en œuvre.  Elle a ainsi proposé de réfléchir à des mécanismes parallèles au Forum. 

En concluant la discussion, le Vice-Président de l’ECOSOC a noté les appels lancés pour que le Forum promeuve une approche intégrée du développement durable.  Le Forum, a-t-il précisé, doit envisager la réduction de la pauvreté de manière globale tout en faisant le lien avec les différentes parties prenantes.  Le Forum ne sera donc efficace que s’il inclut toutes les parties prenantes, a-t-il rappelé.

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