En cours au Siège de l'ONU

Session ordinaire de 2015
11e & 12e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6673

ECOSOC: les fonds et programmes de l’ONU reconnaissent la nécessité de s’adapter aux défis « complexes et interconnectes » du développement et de mettre en place un système véritablement « cohérent »

Le PNUD, l’UNICEF, le FNUAP, l’ONU-Femmes et le PAM parmi les 34 entités de l’ONU qui s’occupent du développement ont pris part aujourd’hui au « Dialogue » que tient le Conseil économique et social sur « le positionnement du système de l’ONU à long terme, compte tenu du programme de développement pour l’après-2015 ».

Les défis sont « complexes et interconnectés de pays en pays », a d’emblée avoué la Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement et Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Face à ces défis, Mme Helen Clark a plaidé, comme ses collègues et les délégations, pour un système de l’ONU « cohérent » car « comme dans n’importe quel gouvernement, aucun ministère, aucun secteur ni aucune agence en travaillant seul ne peut apporter une contribution déterminante ».

En prévision d’un programme de développement durable véritablement transformateur après 2015, l’ONU, a-t-elle insisté, doit s’adapter, changer et se diriger résolument vers une approche « à l’échelle du système ».  Il faut donc finaliser les réformes pour la mise en commun des opérations et de la gestion des résultats.  Il faut mettre en place un système de développement qui fasse bouger son centre de gravité de la représentation à l’expertise et de la multiplicité des bureaux à « une seule force, celle de l’équipe de pays », a estimé l’Administratrice du PNUD.

Son collègue du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) n’a pas dit autre chose.  M. Anthony Lake a fait le parallèle entre l’importance de la cohérence dans les programmes de développement de l’ONU et la manière dont l’ONU et les autres agences collaborent dans les urgences humanitaires grâce au « principe de responsabilité sectorielle ».  Il faut, s’est-il impatienté « casser les boîtes conceptuelles et bureaucratiques ».  Quand nous répondons à une urgence humanitaire, tout doit être fait avec un œil sur l’impact à long terme et donc les investissements dans la résilience des systèmes de santé, d’éducation et de protection.  Dans une telle approche, la réponse humanitaire et le développement se renforcent mutuellement. 

Les preuves sont là: travailler de manière cohérente apporte de la valeur ajoutée dans les pays que nous servons, a acquiescé la Directrice exécutive adjointe de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), Mme Lakshmi Puri.  La « vision de l’unité et de la complémentarité » doit prévaloir mais il est tout aussi important de ménager l’espace et la souplesse nécessaires pour que les réponses collectives soient « inclusives, contextualisées et habiles », a précisé le Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), M. Amir Mahmoud Abdulla.  Les personnes les plus pauvres nous appellent à mettre en place un développement qui se conjugue avec dignité humaine, a noté son homologue du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), M. Babatunde Osotimehin.

Dans ce contexte, la Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement n’a pas manqué de parler de financement, un financement qui a augmenté à une moyenne de 6% par an depuis 2007, en particulier grâce à la hausse des ressources préaffectées.  Mais, a-t-elle reconnu, la concentration de ces ressources peut donner lieu à des coûts de transaction élevés, à un manque de souplesse dans l’affectation des fonds et à un risque de perdre de vue les objectifs stratégiques.  Le but ultime du système des Nations Unies est de se doter d’une assiette « large et stable » de donateurs des ressources de base et des ressources préaffectées, a indiqué Mme Helen Clark.

En effet, les pays ne pourront pas atteindre l’objectif Défi Faim zéro sans non seulement les ressources mais sans non plus les compétences, a prévenu le Directeur exécutif adjoint du PAM.  Le partage des expériences doit donc être une priorité commune et en appuyant la coopération Sud-Sud, a-t-il voulu, nous devons embrasser sa nature différenciée et volontaire comme un complément plutôt que comme un remplaçant de la coopération Nord-Sud.  Tous les pays, quel que soit leur stade de développement, ont une expérience à partager.

La coopération Sud-Sud était précisément le thème de la table ronde que l’ECOSOC a tenue également aujourd’hui pour voir comment le système de l’ONU peut mieux optimiser l’impact de cette coopération sur le renforcement des capacités nationales en matière de développement.  La Vice-Présidente de l’ECOSOC, Mme María Emma Mejía Vélez, a indiqué que 20 des 22 entités de l’ONU qui ont répondu à une enquête du Département des affaires économiques et sociales (DAES) ont intégré la coopération Sud-Sud dans leur Plan stratégique.  Grâce à l’aide de 14 fonds et programmes de l’ONU, le Brésil, a fait observer le Coordonnateur résident des Nations Unies dans le pays, M. Jorge Chediek, a lancé depuis 2007, 44 projets de coopération Sud-Sud, « formidable agent de changement » selon les mots de la représentante du Kenya.

Après les phases du 15 décembre et du 30 janvier, et celle qui a débuté hier, le « Dialogue sur le positionnement du système de l’ONU à long terme, compte tenu du programme de développement pour l’après-2015 » devrait se poursuivre jusqu’à l’adoption en 2016 de la résolution sur « l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement » visant à rendre le système de l’ONU capable d’aider véritablement les pays à mettre en œuvre le programme de développement qui devrait prendre le relais, après 2015, des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

L’ECOSOC se réunira demain mercredi 25 février à partir de 10 heures pour conclure cette troisième phase de son dialogue.

Discussion avec les Directeurs exécutifs des fonds et programmes des Nations Unies sur le thème « Adéquation avec le programme pour l’après-2015 – quelles actions de l’examen global quadriennal prévu requièrent une mise en œuvre accélérée et/ou intensifiée afin que le système des Nations Unies pour le développement soit prêt à faire face aux défis du programme de développement pour l’après-2015 »

Mme HELEN CLARK, Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement et Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a jugé d’emblée qu’aujourd’hui, les défis en matière de développement sont « complexes et interconnectés de pays en pays ».  En trouver les solutions durables exige des réponses intégrées.  Mais pourquoi un système de développement « uni » est-il si important?  Parce que, a répondu l’Administratrice du PNUD, comme dans n’importe quel gouvernement, aucun ministère, aucun secteur ni aucune agence en travaillant seul ne peut apporter une contribution déterminante.

Un programme de développement durable véritablement transformateur exige que l’ONU s’adapte, change et se dirige résolument vers une approche « à l’échelle du système » à tous les niveaux.  Les nouveaux Plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD) auront pour pilier des modes opératoires normalisés (MON) basés eux-mêmes sur l’expérience de l’approche « Unis dans l’action ».  Ces Plans-cadres guideront le travail des équipes de pays sur la planification, la mise en œuvre, l’évaluation des résultats et l’élaboration des rapports.  Quelque 78% des pays où l’approche « Unis dans l’action » prévaut ont dit avoir constaté moins de doubles emplois et 83% d’entre eux estiment que le Plan-cadre s’aligne parfaitement sur le cycle programmatique national.

Quel mandat de l’examen quadriennal faut-il accélérer ou renforcer pour que le système de l’ONU soit à la hauteur des enjeux post-2015?  Il faut, a répondu l’Administratrice, finaliser les réformes au niveau du siège pour appuyer la mise en commun des opérations, de la gestion des résultats et de la rédaction des rapports.  On s’attend d’ailleurs, a-t-elle annoncé, à des économies considérables après la mise en place des Stratégies opérationnelles communes et des Centres de service conjoints actuellement en phase pilote au Brésil, en Éthiopie ou encore en Tanzanie.  De telles initiatives devraient être la priorité en 2015.

Il faut aussi, a poursuivi l’Administratrice, continuer à renforcer le système des résidents coordonnateurs.  En 2014, le Groupe pour le développement a mis en œuvre des arrangements pour le partage de coûts à l’échelle du système.  Pour ce qui est de renforcer les mandats de l’examen quadriennal, l’Administration a expliqué ce qui serait souhaitable s’agissant de l’élimination de la pauvreté, du renforcement des capacités et de la coopération Sud-Sud.

Mme Clark n’a pas manqué de parler du financement qui a augmenté à une moyenne de 6% par an depuis 2007, en particulier grâce à la hausse des ressources préaffectées.  Mais, a-t-elle reconnu, la concentration de ces ressources peut donner lieu à des coûts de transaction élevés, à un manque de souplesse dans l’affectation des fonds et à un risque de perdre de vue les objectifs stratégiques.  Le but ultime du système de développement des Nations Unies est de se doter d’une assiette « large et stable » de donateurs des ressources de base et des ressources préaffectées, a indiqué Mme Clark.

En conclusion, elle a insisté sur le fait qu’un programme de développement durable universel exige de l’ONU un système de développement extrêmement compétent qui puisse travailler dans une diversité de contextes nationaux.  Un tel système devrait reposer sur les résultats, les questions prioritaires et des équipes capables de travailler avec rapidité, souplesse, professionnalisme et en apportant une valeur ajouté.  Que l’équipe soit sur le terrain ou pas ou qu’elle emploie tel ou tel mode opératoire n’a finalement que peu d’importance.  Le système de développement des Nations Unies doit bouger son centre de gravité et le faire passer de la représentation à l’expertise et de la multiplicité des bureaux dans une capitale à « une seule force, celle de l’équipe de pays », a conclu la Président du Groupe des Nations Unies pour le développement.

Les processus sont importants mais ce sont les résultats qui comptent, a renchéri M. ANTHONY LAKE, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).  Pour parvenir à ces résultats, la cohérence au sein de l’ONU est « essentielle » ici à New York et sur le terrain.  Grâce aux résultats de l’examen quadriennal, a-t-il estimé, nous progressons tous les jours.  Une autre manière de renforcer la cohérence est la coopération Sud-Sud, a-t-il aussi estimé.  Les modes opératoires normalisés nous donnent, a-t-il poursuivi, l’occasion de « s’unir dans l’action » et d’accélérer les résultats au niveau des pays. 

M. Lake a fait le parallèle entre l’importance de la cohérence dans les programmes de développement de l’ONU et la manière dont l’ONU et les autres agences collaborent dans les urgences humanitaires grâce au principe de responsabilité sectorielle.  Il a admis qu’il faut faire encore plus « pour casser les boîtes conceptuelles et bureaucratiques » qui séparent les programmes de développement à long terme et les réponses d’urgence à court terme.  Quand nous répondons à une urgence humanitaire, tout doit être fait avec un œil sur l’impact à long terme et donc des investissements dans la résilience des systèmes de santé, d’éducation et de protection.  Dans une telle approche, la réponse humanitaire et le développement se renforcent mutuellement. 

Les personnes les plus pauvres nous appellent à mettre en place un développement qui se conjugue avec dignité humaine, a déclaré, à son tour, le Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Par vidéoconférence à partir de la Tunisie, M. BABATUNDE OSOTIMEHIN a mis l’accent sur les nécessaires simplification et harmonisation des procédures d’achat pour faire des économies sur les véhicules, les contrats d’assurance ou encore les notes d’électricité.  Sur un contrat d’achats de voitures de 300 millions de dollars, l’harmonisation a permis d’économiser entre 30 et 50 millions de dollars, a-t-il expliqué.  Il a établi le parallèle avec les économies que les gouvernements pourraient faire en matière de santé s’ils avaient de vraies politiques contre les grossesses non désirées et les accouchements à risque.  Le Directeur exécutif a conclu sur l’importance des données et des statistiques pour l’élaboration des politiques de développement véritablement transformatrices.

Les preuves sont là: travailler de manière cohérente apporte de la valeur ajoutée dans les pays que nous servons et à leur peuple, a dit, à son tour, Mme LAKSHMI PURI, Directrice exécutive adjointe de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes).  Comme système, a-t-elle poursuivi, nous avons la responsabilité de mettre en œuvre les résultats de l’examen quadriennal, à savoir hiérarchiser pour mieux avancer.  L’ONU-Femmes entend profiter de l’examen à mi-parcours de ses plans stratégiques pour identifier les aspects de l’examen quadriennal qui doivent être accélérés.  Faire de l’égalité entre les sexes une priorité des futurs objectifs de développement durable est « crucial », en particulier à travers un objectif spécifique, a insisté la Directrice exécutive.

Au niveau du Groupe des Nations Unies pour le développement, a-t-elle indiqué, nous examinons la mise en œuvre par les équipes de pays de la feuille de route sur l’égalité entre les sexes.  Nous apprendrons de leurs expériences et affinerons, en conséquence, l’alignement des instruments avec le « UN-SWAP », le Plan d’action à l’échelle du système des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.

Il nous faut plus d’investissements dans l’égalité entre les sexes, a insisté la Directrice exécutive.  Maintenant que de plus en plus d’entités de l’ONU développent des marqueurs « genre », conformément aux directives communes du Groupe pour le développement, nous espérons voir une hausse des financements.  Il ne fait aucun doute, a-t-elle conclu, que les progrès dans les domaines clefs des résultats de l’examen quadriennal sont affectés par des questions structurelles complexes, dont celles liées aux fonctions, au financement et à la gouvernance du système de l’ONU.  La Directrice exécutive s’est dite encouragée de voir l’engagement des États à traiter de ces questions de manière globale.

« Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère de coopération et dans la dernière ligne droite d’un marathon pour parvenir à la définition des objectifs de développement durable pour l’après-2015 », a dit M. AMIR MAHMOUD ABDULLA, Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM).  Comment ne laisser personne à la traîne?  Comment réduire la fracture entre action humanitaire et développement?  Comment saisir toutes les chances de la coopération Sud-Sud et triangulaire?

Aujourd’hui, a-t-il dit, dans la formulation des objectifs de développement durable, le défi est de se concentrer sur les populations les plus vulnérables où qu’elles soient.  Il nous faut, pour ce faire, comprendre les origines de la pauvreté, de la faim, des inégalités et des vulnérables qui s’en suivent.  Il nous faut une aide publique au développement (APD) qui se concentre sur les plus pauvres et les plus marginalisés au lieu d’une aide qui ne promeuve que le développement économique.   

Dans la plupart des pays, a-t-il poursuivi, l’extrême pauvreté et la faim sont inextricablement liées à la vulnérabilité aux crises.  Le nouvel ordre du jour de la résilience nous a fait mieux comprendre que la transition des secours d’urgence à la reconstruction et au développement est rarement linéaire mais agit plutôt comme un pendule.  Nous devons faire en sorte que notre appui et nos investissements déclenchent un mouvement plus large du pendule vers l’avant.  

Les pays ne pourront pas atteindre l’objectif Défi Faim zéro sans les ressources et les compétences nécessaires, a-t-il prévenu.  Le partage des expériences devrait donc être une priorité commune.  En appuyant la coopération Sud-Sud, nous devons embrasser sa nature différenciée et volontaire comme un complément plutôt que comme un remplaçant de la coopération Nord-Sud.  Il faut aussi reconnaître que les pays en développement ne sont pas identiques et que tous les pays quel que soit leur stade de développement ont une expérience à partager.

La « vision de l’unité et de la complémentarité » doit prévaloir à l’ECOSOC et dans l’examen quadriennal complet.  Mais il serait tout aussi important de ménager de l’espace et de la souplesse pour que les réponses collectives soient « inclusives, contextualisées et habiles ».

M. FERNANDO CARRERA CASTRO (Guatemala), Président du Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement, du Fonds des Nations Unies pour la population et du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets, a voulu que les États s’approprient les défis du développement après 2015, et par des partenariats variés avec tous les acteurs de la société.  Le Groupe des Nations Unies pour le développement doit prendre en main le leadership de la mise en œuvre du futur programme de développement, a-t-il estimé, précisant que cette tâche pourrait incomber au système des coordonnateurs résidents.  Quant au suivi du futur programme, M. Carrera Castro a appelé le système des Nations Unies à en établir les modalités et a en confié la direction à l’ECOSOC. 

Le représentant a estimé que les entités de l’ONU devraient avoir un financement anticyclique, afin de ne pas être à court de ressources.  « Il faut renforcer les capacités de mobilisation des ressources au niveau national et cette question doit être intégrée dans le prochain examen quadriennal complet », a estimé M. Carrera Castro.  Le représentant a en outre appelé à l’harmonisation du mode de classement des pays, arguant que le critère du revenu par habitant n’est pas un indicateur fiable car il ne tient pas compte des défis sociaux des pays. 

Plusieurs questions ont été posées aux intervenants au cours du débat interactif.

Notant que le système des coordonnateurs résidents est un des piliers de la cohérence du système de développement des Nations Unies, le représentant de la Suisse a voulu savoir comment ces coordonnateurs résidents peuvent mieux faire entendre leur voix et obtenir les recommandations et l’appui qui leur sont nécessaires.  Comment faire pour accélérer l’harmonisation des pratiques de gestion, au cours de ces deux dernières années de l’examen quadriennal 2014-2017, a renchéri le représentant de la Suède.  Quelles conclusions tirées à ce stade? a demandé son homologue de la Colombie.  Les expériences de mise en commun des moyens d’action telles que menées au Brésil vont-elles être développées partout ailleurs? a voulu savoir le représentant de l’Australie qui s’est aussi demandé comment intégrer aux mieux les activités humanitaires, de reconstruction, de développement et de maintien de la paix.  Son homologue du Japon a ajouté la question de la protection de l’environnement, en demandant comment garantir les meilleures relations entre le système de développement de l’ONU et le système « vert » de l’ONU dans le contexte de la transition des OMD aux objectifs de développement durable?  La question s’est résumée à la manière de remettre l’accent sur le développement humain, selon de la représentante du Panama.

Son homologue du Japon a aussi voulu en savoir sur les leçons tirées de la gestion de la crise Ebola.  Le représentant du Yémen s’est interrogé sur l’impact de la coopération Sud-Sud sur le développement des pays arabes.  Notant que le système de l’ONU peut s’approvisionner dans 55 pays et que la plus grande partie des produits alimentaires achetés par le PAM le sont dans les pays en développement, la représentante du Brésil a voulu savoir comment mieux appuyer les marchés locaux pour avancer dans le développement durable, dont les objectifs de lutte contre la pauvreté et d’autonomisation de la femme.

« Nous souhaiterions que l’ECOSOC prenne les rennes du futur programme de développement, en s’appuyant sur nos avantages comparatifs », a dit l’Administratrice du PNUD.  « C’est un bon examen quadriennal avec un échéancier clair qui nous permettra d’avancer. »

À l’intention du Yémen, elle a mis l’accent sur le fort potentiel de solidarité entre les pays arabes, grâce à la coopération Sud-Sud.  Quant à la question du Japon sur les liens entre le système de développement de l’ONU et celui de la protection de l’environnement, elle a invoqué le mécanisme REDD sur la réduction des émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts.

Table ronde sur le thème « Les possibilités et défis d’intégration de la coopération Sud-Sud au système des Nations Unies pour le développement en vue d’en maximiser les retombées en matière de renforcement des capacités nationales »

La Vice-Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie), a noté que de nombreux pays demandent que le système des Nations Unies soutienne la coopération Sud-Sud.  Elle a souligné qu’un rapport du Secrétaire général sur la question indique que les pays programmes demandent un accès aux connaissances et à l’expertise d’autres pays en développement, et cela dans des domaines tels que l’industrie, le commerce, l’investissement, le savoir-faire et le transfert technologique.  Elle a relevé que 20 des 22 entités des Nations Unies qui ont répondu à une enquête du Département des affaires économiques et sociales (DAES) ont indiqué que la coopération Sud-Sud a été intégrée à leur Plan stratégique, tandis que 18 de ces entités en ont parlé dans leur rapport annuel.  La Vice-Présidente de l’ECOSOC a salué ces avancées notables tout en notant que de nombreux défis demeurent.

M. JORGE CHEDIEK, Coordonnateur résident des Nations Unies au Brésil, a indiqué que depuis 2007, le Brésil a lancé 44 projets de coopération Sud-Sud avec l’aide de 14 fonds et programmes de l’ONU, sans oublier de développer la coopération triangulaire.  Les preuves dont nous disposons, a dit le Coordonnateur résident, montrent que la coopération Sud-Sud donne des résultats mais qu’au-delà, elle entraîne une réelle modification des politiques en amont.  Il a parlé du succès du partage avec des pays africains d’une expérience brésilienne de cantines scolaires s’appuyant sur un approvisionnement auprès des cultivateurs locaux.  La coopération Sud-Sud est fondamentale pour changer le niveau de vie des populations, en exploitant les moyens existants.  

Mme KOKI MULI GRIGNON (Kenya) a estimé que le système de l’ONU doit tirer parti de son rôle unique pour mobiliser des gouvernements et les inciter à partager les ressources dans des projets communs au service des plus vulnérables.  Elle a défendu une coopération qui vise à partager des informations et des analyses fondées sur l’expérience.  La coopération Sud-Sud est déterminante comme complément de la coopération Nord-Sud, en particulier dans les domaines de la protection sociale, de la sécurité alimentaire et des changements climatiques.  La coopération Sud-Sud a prouvé qu’elle pouvait obtenir de bons résultats, a-t-elle dit avant d’appeler à sa diversification et à son amélioration.  Elle a salué cette coopération comme « un formidable agent du changement » et souligné l’importance des partenariats entre les gouvernements, la société civile et les ONG.  Comme dernier conseil au système de l’ONU, elle a dit « il faut éviter que les gens croient qu’il y a une compétition entre les différents fonds et programmes de l’ONU ».  La représentante a en effet dit craindre les risques de la fragmentation de l’aide au développement.   

M. TUBAGUS ACHMAD CHOESNI, Directeur chargé de la coopération internationale au développement au Ministère d’État de la planification du développement (BAPPENAS) de l’Indonésie, a relevé que la coopération Sud-Sud permet aux pays de partager leurs expériences et leurs meilleures pratiques.  Il a ainsi cité le cas d’un programme d’aide aux plus démunis, un transfert mensuel d’argent par Internet, que l’Indonésie a lancé après son succès au Brésil.  Le système des Nations Unies doit jouer un rôle de catalyseur de la coopération Sud-Sud et dans cette optique, M. Choesni a rappelé que l’Accord de partenariat que son pays a signé avec le PNUD en 2012 stipule que ce dernier doit faciliter la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire.  En la matière, il a demandé aux entités de l’ONU d’exploiter tout leur potentiel.  La coopération Sud-Sud serait plus efficace et plus bénéfique si tous les acteurs du développement y étaient associés, y compris la société civile et le secteur privé.

Au cours de la discussion interactive, le représentant du Brésil a noté que la question de la coopération Sud-Sud peut être abordée dans le cadre de l’intégration régionale.  Les pays, qui partagent les mêmes réalités culturelles et géographiques, pourraient ainsi trouver des solutions communes à leur développement.

L’idée que la coopération Sud-Sud ne se substitue pas à la coopération Nord-Sud, mais qu’elle la complète a été défendue par de nombreux orateurs, y compris le représentant de la Colombie qui a mis en garde les pays développés contre la tentation d’utiliser cette coopération comme prétexte ou échappatoire pour ne pas respecter les engagements en matière de financement, dont celui d’affecter 0,7% du produit intérieur brut (PIB) à l’aide publique au développement (APD). 

Il est évident, a reconnu le représentant du Royaume-Uni, que la coopération Sud-Sud ne va pas remplacer la coopération Nord-Sud qui garde toute son importance.  « Ne faut-il pas établir des principes de base communs entre ces deux approches afin d’en optimiser l’efficacité? » s’est-il interrogé, appuyé par son homologue du Japon qui a souhaité que l’ONU joue un rôle de facilitation et de coordination.  Il faut intégrer la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire dans les stratégies de toutes les entités de l’ONU, ont appelé de leurs vœux des orateurs, précisant que le système des Nations Unies, au niveau pays, pourrait par exemple faciliter le partage des expériences et des meilleures pratiques entre pays du Sud.  Ces pays ont des atouts à partager, a fortiori dans la perspective du futur programme de développement pour l’après-2015, a reconnu le représentant du Ministère d’État de la planification du développement (BAPPENAS) de l’Indonésie.  Bien exploitée, la coopération Sud-Sud est un véritable outil de développement, a acquiescé le Coordonnateur résident des Nations Unies au Brésil.

Reprenant les discussions générales, le représentant de la Suisse a estimé que l’examen quadriennal nous donne « une occasion en or » de voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.  Ce qui ne fonctionne pas? L’élaboration des rapports, au niveau des pays, qui manque de transparence, selon le représentant de l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine; le niveau des ressources de base, selon celui de la Chine; la faible qualité des conclusions de l’examen quadriennal de 2012 relatives à la lutte contre la pauvreté et l’insuffisance des moyens du Bureau de la coopération Sud-Sud, selon leur homologue de l’Inde.

Ce qui fonctionne? « Unis dans l’action », a estimé le représentant de la Norvège.  Le fait que 43 pays aient demandé à l’ONU d’adopter cette approche est la meilleure preuve de sa pertinence.  Rejoint par son homologue du Royaume-Uni, le représentant a aussi cité les initiatives visant à préciser le rôle des coordonnateurs résidents et les progrès réalisés dans la gestion axée sur les résultats.  Il est essentiel que le prochain examen quadriennal se traduise par des progrès déterminants en matière d’autonomisation de la femme, a ajouté le représentant britannique, avant que son homologue de la République de Corée ne salue déjà le travail réalisé pour élaborer des indicateurs, y compris dans le domaine de la parité entre les sexes.  Contrairement à son homologue sud-africain, le représentant coréen a inscrit dans la liste de ce qui fonctionne le nouveau cadre de suivi pour l’établissement des rapports, « outil très utile pour suivre les progrès des pays ».  Les principes d’appropriation nationale et d’adaptation des programmes aux priorités nationales doivent être les phares qui guident toutes les activités de l’ONU, a insisté le représentant de l’Inde

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