SOC/4813

Deux tables rondes organisées par la Commission du développement social soulignent les contributions de la famille au développement durable

14/02/2014
Conseil économique et socialSOC/4813
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du développement social                         

Cinquante-deuxième session                                 

7e & 8e séances – matin & après-midi      


DEUX TABLES RONDES ORGANISÉES PAR LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL SOULIGNENT

LES CONTRIBUTIONS DE LA FAMILLE AU DÉVELOPPEMENT DURABLE


Le quatrième jour des travaux de la Commission du développement social a été l’occasion pour les délégations de réfléchir aux contributions de la famille au développement durable, mais également de débattre des facteurs sociaux qui influent sur celui-ci.


Les États Membres s’étaient exprimés à l’occasion de deux tables rondes, l’une organisée sur le thème « Les facteurs sociaux du développement durable », et l’autre pour marquer le vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille.


Dans une déclaration liminaire, la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la planification du développement après 2015, Mme Amina Mohammed, avait souligné que la croissance économique ne pouvait, à elle seule, permettre aux pays de parvenir à un développement durable, ni d’améliorer la vie des plus pauvres.  Intervenant ensuite dans le cadre de la première table ronde, Mme Mohammed a suggéré qu’il serait important d’adopter une nouvelle approche qui privilégie la promotion de l’égalité des chances et l’intégration sociale.


« Il faut privilégier une croissance véritablement équitable, inclusive et durable, fondée sur toutes les ressources d’une société, à commencer par les femmes et les jeunes », a précisé Mme Mohammed, pour qui le développement durable doit être un principe à la fois directeur et opérationnel.


États Membres et panélistes ont convenu que la question des inégalités devrait être dûment prise en compte lors de l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.  Ils se sont dits également préoccupés par les défis que représente le secteur économique informel pour le développement.  Un des panélistes a misé sur l’élargissement des programmes de couverture sociale.  Il faudrait, a ajouté Mme Mohammed, renforcer la confiance entre les travailleurs du secteur informel et les gouvernements.


L’importance de collecter des données ventilées par âge sur les contributions économiques des personnes âgées a également été soulevée, de même que la question de l’intégration des personnes handicapées.


Les délégations se sont ensuite livrées, dans l’après-midi, à un vaste échange avec les panélistes de la deuxième table ronde sur le rôle et le renforcement de la famille dans le cadre du développement.


Tous les orateurs ont reconnu la nécessité pour les gouvernements de travailler au bien-être des familles.  Cela passe, ont précisé les intervenants, par l’autonomisation des familles, principalement sur les plans économique et financier, afin que les parents puissent prendre soin de leurs enfants et leur assurer une éducation de qualité.


La Commission du développement social reprendra ses travaux mardi, 18 février, à partir de 10 heures. 



SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (E/CN.5/2014/2)


c) Questions nouvelles: les facteurs sociaux du développement durable (E/CN.5/2014/8)


Déclarations liminaires


Mme SEWA LAMSAL ADHIKARI, Présidente de la Commission du développement social, a souligné que l’édification de sociétés durables était un facteur essentiel du développement durable et que la création de sociétés durables repose sur l’autonomisation des personnes.  « Notre expérience en matière de développement nous a montré qu’à moins d’autonomiser les individus, les familles, les communautés et les groupes marginalisés, qui sont les véritables moteurs du changement social, il nous sera impossible de réaliser nos objectifs en matière de développement durable », a-t-elle averti.


Mme Adhikari a souligné que les sciences, la technologie, l’innovation et l’information étaient des outils essentiels pour accélérer le développement et que la société civile, le milieu universitaire, les médias et le secteur privé en sont des parties intégrantes.  Elle a également fait observer que les gouvernements et les institutions multilatérales étaient des moteurs clefs du développement, capables de créer les conditions permettant à chacun d’obtenir un emploi décent, de s’intégrer dans la société et d’échapper ainsi à la pauvreté.  Pour la Présidente de la Commission, la prospérité et le bien-être social d’une société reposent avant tout sur l’équilibre entre les trois piliers du développement durable, à savoir économique, environnemental et social.


Mme AMINA MOHAMMED, Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la planification du développement après 2015, a indiqué qu’en dépit des progrès réalisés en matière de développement, un milliard de personnes continuaient à vivre dans la pauvreté la plus extrême.  Elle s’est également inquiétée de la montée du chômage, notamment chez les jeunes, ainsi que des dégâts causés à l’environnement.  Elle a ensuite souligné que la croissance économique ne pouvait, à elle seule, permettre aux pays de parvenir à un développement durable.  Il est nécessaire d’adopter une nouvelle approche pour atteindre nos objectifs, a souligné Mme Mohammed.  Le développement durable doit être un principe directeur et opérationnel et il importe donc de mettre l’accent sur la promotion de l’égalité des chances et de l’inclusion sociale.


Mme Mohammed a prôné une action transformatrice pour promouvoir une croissance inclusive, le plein emploi et un travail décent.  Les États Membres doivent prendre conscience de ce que la croissance économique, à elle seule, n’améliorera pas la vie des plus pauvres et privilégier, au contraire, une croissance véritablement équitable, inclusive et durable, qui est fondée sur toutes des ressources d’une société, à commencer par les femmes et les jeunes.  Il faudrait, a-t-elle ajouté, mettre l’accent sur l’accès équitable des femmes sur le marché du travail, sur l’élaboration de bonnes politiques sociales et sur la manière de mieux adapter les règles commerciales à la nouvelle donne.  Tandis que les limites budgétaires des donateurs remodèlent nos sociétés, a estimé la Conseillère spéciale, il est nécessaire d’intégrer davantage les facteurs économiques et sociaux dans les programmes de développement.  Elle a également appelé l’ONU à adopter une approche plus réactive et efficace.


Mme Mohammed a ensuite signalé que des questions complexes seront abordées au cours des mois à venir, notamment le principe de responsabilité commune mais différenciée.  Elle a exhorté les États Membres à élaborer un programme de développement dans lequel chacun puisse se reconnaître. 


Table ronde sur le thème: les facteurs sociaux du développement durable


En introduisant la table ronde, la modératrice, Mme SARAH COOK, Directrice de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD, a relevé que l’un des domaines qui avait été négligé dans le cadre des débats sur le développement durable est la question du développement social.  Elle a prôné d’inverser l’approche selon laquelle les stratégies économiques guident les réflexions sur le développement.  Elle a ainsi suggéré de placer les questions sociales en amont des stratégies de développement, afin de gagner en matière de durabilité.  Elle a expliqué que les sociétés doivent d’abord se demander quel type de bien-être social elles voudraient atteindre, avant de planifier les politiques économiques qui devraient les mener vers leurs objectifs en matière d’inclusion sociale.  Elle a aussi souhaité une réflexion accrue sur les questions majeures complexes qui ont un lien avec les trois piliers du développement durable.  Elle a enfin estimé que la reproduction sociale, c’est-à-dire la manière par laquelle les sociétés gèrent le bien-être de ses membres, doit être au cœur des stratégies de développement social.


M. MAGINO COPORÁN, Directeur du Conseil national sur le handicap de la République dominicaine, a relevé que son gouvernement avait mis en place des politiques sociales qui se sont inspirées du document final de la Réunion de haut niveau sur le handicap et le développement du 23 septembre dernier.  Une courte vidéo a été diffusée, présentant les programmes d’autonomisation des personnes handicapées en République dominicaine, grâce au programme gouvernemental intitulé « Conadis ».  M. Coporán a ensuite expliqué que ce programme avait été mis en place en partenariat avec tous les acteurs sociaux, notamment le secteur privé et la société civile, et placé sous la coordination du Président de la République.  Il a en outre indiqué qu’en vertu de la Constitution de la République dominicaine qui garantit les droits des personnes handicapées, des initiatives gouvernementales avait été prises pour assurer leur intégration sociale.  Le panéliste a rappelé que la République dominicaine était partie d’un contexte historique marquée par une « culture d’exclusion ».  Il a déploré notamment le fait que de nombreux ministères n’intègrent pas encore les questions d’intégration sociale dans leurs plans d’action.


M. RUDI DELARUE, Directeur adjoint de l’Unité des relations extérieures et de l’élargissement de la Commission européenne, a tenu à souligner que la sécurité sociale, la lutte contre les inégalités et l’emploi étaient les priorités absolues des populations, tant dans les pays développés que dans les pays en développement, et qu’il était nécessaire de répondre à ces préoccupations.  Il faudrait donner la même importance aux trois piliers du développement et abandonner les anciennes approches, a-t-il dit.  L’emploi, par exemple, a le pouvoir de véritablement transformer les choses, en assurant à la fois l’autonomisation, la sécurité et l’intégration sociale, a-t-il fait observer.  L’adoption de politiques économiques axées sur l’emploi est essentielle, a-t-il souligné, en recommandant d’investir davantage dans le renforcement de capacités, tant des institutions que celle de groupes et ou d’individus.


Le panéliste a ensuite expliqué qu’à la suite de la crise de 2010, l’Union européenne avait adopté la Stratégie 2020 pour privilégier une croissance « inclusive, intelligente et durable » au sein de ses États membres.  Il a précisé que cette initiative avait fixé 5 priorités, dont 3 sont liées à l’emploi et les autres à l’économie et aux changements climatiques.  Cette Stratégie vise ainsi à réaliser le taux de 75% en matière d’emploi, un niveau qui a déjà été atteint dans plusieurs États membres, et à combattre la pauvreté et l’exclusion sociale.  En la matière, l’objectif fixé est de réduire de 20 millions le nombre de pauvres d’ici à 2020.  Le programme est axé également sur la prévention de l’abandon scolaire, ainsi que sur les défis qui se posent à l’environnement.  M. Delarue a également souligné qu’outre le développement de compétences professionnelles, il importait également de créer des emplois plus respectueux de l’environnement, ce qui implique, a-t-il expliqué, une restructuration des cadres existants afin de permettre à tous de bénéficier d’une protection sociale.  La Stratégie 2020 comporte également un volet axé sur une politique industrielle privilégiant le dialogue social.


Poursuivant, M. Delarue a fait savoir que l’an dernier, la Commission européenne avait proposé un système de notation des indicateurs de suivi dans les domaines de la pauvreté, de l’emploi et de l’inégalité.  Le panéliste a aussi indiqué que le modèle social de l’Union européenne comportait un volet protection sociale, même si les systèmes mis en place varient d’un pays à l’autre.  Il a estimé que la question de la participation sociale exigeait davantage d’attention de la part des autorités.  L’Union européenne envisage d’ailleurs d’adopter des initiatives pour promouvoir le dialogue social.  Compte tenu du manque de ressources, a dit M. Delarue, il importe de revoir les mesures adoptées, notamment en matière d’emploi des jeunes, afin de les améliorer.


M. Delarue s’est par ailleurs inquiété du fait que 80% des personnes travaillent dans le secteur informel et a jugé nécessaire de mettre l’accent sur la transition de l’économie informelle à l’économie formelle.  Les personnes qui travaillent dans un tel secteur ont très peu de droits sociaux et ne peuvent pas très souvent développer leurs compétences.


Mme HEIDE HACKMANN, Directrice exécutive du Conseil international des sciences sociales, a axé son propos sur les liens entre les dimensions environnementale et sociale du développement durable.  Elle a rappelé d’emblée que des données abondantes soulignaient les changements que subit l’environnement, en particulier les changements climatiques.  Elle a relevé que les réponses des sociétés à ces changements étaient lentes et très souvent inadéquates.  Elle a déploré l’approche politique qui place les questions d’environnement au second plan, dans la mesure où seule la réduction de la pauvreté et celle des inégalités sont prioritaires.  Elle a expliqué que les problèmes relatifs au développement durable sont interdépendants et intégrés.


Mme Hackmann a par ailleurs rappelé que les questions environnementales contemporaines telles que les changements climatiques, la perte de la biodiversité et bien d’autres, étaient en fait liées aux comportements et pratiques individuels et collectifs.  Elle a donc précisé que les changements dans le domaine de l’environnement étaient liés aux systèmes culturels, économiques et politiques des lieux où ils se produisent.  Elle a ainsi affirmé que les changements environnementaux étaient en fait de nature sociale, et qu’il faudrait les comprendre en prenant en compte les crises sociales que vivent nos sociétés.  Elle a ensuite noté que des politiques de transformation sociale étaient utiles dans les efforts entrepris en faveur du développement durable.  Pour y arriver, elle a suggéré que des données en rapport avec les sciences sociales soient collectées afin de voir comment diverses sociétés font face aux changements que subit l’environnement et les réponses qu’elles y apportent, en tenant ainsi compte des diversités psychosociales, culturelles, sociales, économique et intellectuelles de diverses sociétés.  Elle a conclu en appelant à une plus grande place des sciences sociales dans les réflexions sur le développement, en lien avec les sciences économiques pures. 


Débat interactif


Dans leur échange avec les panélistes, les délégations ont souligné l’impact des inégalités sur le développement, question qui, ont-elles dit, doit être dûment prise en compte lors de l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.  Les défis posés par le travail informel, le vieillissement de la population et les problèmes que rencontrent les personnes handicapées ont été souvent évoqués.


La Directrice exécutive du Conseil international des sciences sociales a estimé que l’impact des inégalités devrait faire l’objet d’un examen à part entière et être ainsi inscrit au sein du débat politique.  Les différentes dimensions des inégalités doivent impérativement être prises en compte lors de l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015, a souligné la représentante du Brésil.


Le représentant de la Namibie s’est dit choqué d’apprendre que le secteur informel représentait 80% de l’économie, lequel recense les emplois les plus dangereux et dégradants.  Une économie dominée par le secteur informel n’est pas une économie en bonne santé, a-t-il fait remarquer.  Le représentant namibien s’est également dit préoccupé par les conclusions de certaines études selon lesquelles nombre de personnes employées dans le secteur informel ne manifestaient pas la volonté d’évoluer professionnellement.  Dès lors, comment faire pour les convaincre du contraire?


Pour combattre ce phénomène, le panéliste de la Commission européenne a misé sur l’élargissement des programmes de couverture sociale.  Si certaines personnes n’ont pas accès aux services de protection sociale, elles ne verront aucune raison d’y contribuer, a-t-il soutenu.


Il importe en effet de renforcer la confiance entre les travailleurs du secteur informel et les gouvernements, a renchéri la Conseillère spéciale du Secrétaire général qui a plaidé pour la mise en place des mesures d’incitation pour associer les travailleurs du secteur informel au secteur formel.  La modératrice a, pour sa part, appelé à la création d’une équipe spéciale chargée d’étudier les organisations économiques alternatives, sur la base de l’important potentiel qu’elles recèlent.


Abordant la question du handicap, la représentante de l’Alliance sur les personnes handicapées a insisté sur la nécessité de l’aborder de manière intersectorielle, tandis que le représentant du Soudan a jugé opportun de promouvoir la participation des personnes handicapées à l’élaboration des politiques qui les concernent afin qu’elles puissent revendiquer un rôle leur permettant de participer activement au sein de la société.  Il a également exhorté la Commission à formuler des recommandations précises sur la participation des handicapées, non seulement aux politiques qui les concernent, mais à toutes les politiques sociales d’un pays. 


Le Directeur du Conseil national sur le handicap de la République dominicaine s’est toutefois inquiété de ce que dans bien des pays, les personnes handicapées se sentent rejetées par la société.  De nombreuses familles cachent leurs enfants handicapés et certaines familles très pratiquantes sur le plan religieux vont même jusqu’à refuser de les baptiser, s’est-il indigné.


À son tour, la représentante de Help Age International a avancé que le phénomène du vieillissement des populations prenait une telle envergure qu’il mérite d’être comparé à l’impact négatif des changements climatiques.  Elle a également suggéré de réfléchir à la conception d’un cadre qui assure l’inclusion de tous.  Les données utilisées pour mesurer les progrès économiques n’ont pas été ventilées au-delà de l’âge de 49 ans et c’est pourquoi, la contribution de millions de personnes âgées de plus de 60 ans n’est pas prise en compte. a-t-elle regretté.


Sous la présidence de son pays, a rappelé le représentant de la Fédération de Russie, le G-20 avait adopté le Plan d’action de Saint-Pétersbourg qui, a-t-il précisé, définit des mesures concrètes pour chaque pays membre afin de privilégier une croissance véritablement durable et équitable et qui prenne en compte la question de l’emploi et de l’intégration des personnes handicapées.


La Conseillère spéciale du Secrétaire général a par ailleurs assuré que le groupe de travail à composition non limitée chargé de cette question réfléchissait à de nombreux problèmes évoqués aujourd’hui.  Elle a formulé l’espoir que la communauté internationale disposera de données de référence fiables d’ici à 2015.  Il faudrait aligner les stratégies, agir au-delà des politiques à court terme et bâtir un véritable partenariat avec les populations, les gouvernements et les entreprises, a-t-elle recommandé.


b) Examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation de certains groupes sociaux (A/69/61–E/2014/4, E/CN.5/2014/4, E/CN.5/2014/5, E/CN.5/2014/6 etE/CN.5/2014/7)


i) Programme d’action mondial concernant les personnes handicapées


ii) Règles pour l’égalisation des chances des handicapés


iii) Programme d’action mondial pour la jeunesse


iv) Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement, 2002


V/ Questions, politiques et programmes relatifs à la famille


Table ronde à l’occasion du vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille (2014)


M. VALENTIN RYBAKOV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a souligné que la famille était le fondement de la société et jouait un rôle clef pour le développement social.  Il a constaté que l’on avait trop souvent tendance à considérer la famille comme un simple bénéficiaire plutôt que comme une partie intégrante de la société capable de contribuer au développement.  Comment réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) sans les contributions importantes de la famille?  Comment combler les écarts en matière d’éducation, par exemple, sans l’apport des parents? s’est interrogé M. Rybakov, pour qui le « rôle crucial » des parents dans l’éducation de leurs enfants est « irremplaçable ».  Il a souligné que la famille jouait un rôle important en matière de lutte contre la pauvreté et de renforcement du bien-être de tous.  M. Rybakov a estimé que les revenus des foyers permettaient de mieux évaluer le niveau de prospérité d’un pays.  Le Vice-Ministre a par ailleurs fait observer que de nombreuses entreprises aujourd’hui prospères avaient commencé dans le sous-sol d’une maison familiale grâce à l’appui de la famille.  La famille doit être considérée comme une partie prenante du développement durable et, c’est pourquoi, elle doit être intégrée en tant que telle lors de l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015, a-t-il insisté.


Le Vice-Ministre s’est ensuite alarmé du phénomène de remplacement de la famille par les médias de masse ou des communautés virtuelles qui, a-t-il averti, risquent d’avoir un impact négatif sur l’éducation et la scolarité des enfants.  Le rôle de procréation de la famille entre alors en compétition avec les loisirs et l’appât du gain, a-t-il estimé.  M. Rybakov a aussi dénoncé la « pratique répandue » de la cohabitation sexuelle, en particulier chez les jeunes, ainsi que le fait d’avoir des enfants hors mariage.  Ces deux phénomènes provoquent, selon lui, la dépopulation des sociétés.  Le phénomène de la dépopulation aura de très graves répercussions sur le marché du travail qui souffrira à l’avenir d’un manque de main-d’œuvre, a averti le panéliste.  La mauvaise santé de l’unité familiale a, a-t-il ajouté, un impact négatif direct sur la santé de la société.


Pour répondre à ce problème, le Gouvernement du Bélarus, a indiqué M. Rybakov, a lancé un vaste programme pour créer un modèle de famille prospère avec au moins deux enfants, qui permet notamment aux familles jeunes et aux familles nombreuses d’obtenir une aide financière.  Il a également indiqué que selon une enquête, 70% des jeunes du Bélarus disent préférer un style de vie familial.  Le Vice-Ministre a ensuite proposé d’inclure à l’ordre du jour du segment de haut niveau de la session de fond de l’ECOSOC un point consacré à la question de la famille et du développement.


Mme KATHARINA SPIES, Chef du Département de l’éducation et de la famille à l’Institut allemand de recherches économiques et professeur à l’Université libre de Berlin, en Allemagne, a parlé de la situation de la famille en Allemagne, avec notamment le vieillissement de la population et la baisse de la main-d’œuvre.  Elle a aussi relevé que la question de la conciliation entre vie familiale et professionnelle se posait avec acuité, tout comme le problème de la pauvreté des femmes seules.  Elle a ensuite déclaré que le Gouvernement allemand avait pris un certain nombre d’initiatives pour accompagner les familles.  Elle a ainsi expliqué que le congé de maternité de 24 mois, qui était en vigueur auparavant dans le pays, avait conduit à la baisse l’emploi des femmes, notamment les mères de famille. 


Pour pallier ce déséquilibre, le Gouvernement allemand a donc institué un congé parental de 14 mois, avec des avantages sociaux qui diminuent drastiquement après la première année, ce qui incite les femmes à reprendre plus rapidement le travail.  De même, a noté Mme Spies, l’initiative de « mois des papas » permet de motiver le père d’un nouveau-né à prendre son congé parental de deux mois pendant la même période que celui de sa conjointe, une décision qui augmente leurs avantages sociaux, a-t-elle ajouté.  La représentante a indiqué que l’Allemagne mettait également l’accent sur les prestations de services en faveur de la petite enfance.  Dans ce cadre, les subventions en faveur des crèches ont augmenté, ce qui a fait passer leur taux de fréquentation de 16 à 30% pour la période de 2007 à 2013.  Entre autres mesures, le Gouvernement allemand a également augmenté la présence des crèches sur le lieu du travail et l’État a investi dans la formation des personnels des crèches afin d’améliorer la qualité des services qui y sont rendus. 


Par ailleurs, le principe de flexibilité des horaires de travail a été laissé à l’appréciation des employeurs.   Cela permet aux travailleurs, a expliqué Mme Spies, de pouvoir discuter directement avec leurs employeurs afin d’avoir un emploi du temps souple et prendre ainsi soin de leurs enfants ou encore de leurs parents.  Le Gouvernement allemand a évalué ses politiques familiales -un exercice que la représentante a qualifié de fondamental- afin de mettre en place des politiques familiales véritablement efficaces et fondées sur des donnes factuelles.


Après cet exposé, la représentante du Cameroun a demandé s’il n’y avait pas de risque de laisser totalement le soin de l’éducation des enfants à l’État au lieu, a-t-elle proposé, de renforcer les familles dans leur rôle d’éducation.


Mme Spies a répondu, en précisant que les initiatives étatiques avaient pour but de promouvoir le rôle des familles et de faciliter une forme de partage des tâches entre les parents.  Elle a relevé que les nouvelles politiques du Gouvernement avaient eu une incidence très positive sur la vie des familles allemandes.


Mme KATHLEEN OTTE, Directrice régionale pour New York du Département de la santé et des services du personnel des États-Unis, a insisté sur l’importance de prendre en compte tous les types de famille, à commencer par les familles monoparentales, les familles constituées de parents d’un même sexe ou encore des familles plus âgées.  Elle a expliqué que son gouvernement s’était doté d’une législation qui vise à renforcer la cellule familiale et qui a, notamment, permis d’élaborer différents programmes visant à améliorer leur bien-être.  Des services d’assistance à l’intention des familles vulnérables permettent ainsi à leurs enfants d’obtenir des soins à domicile et il existe aussi des programmes de lutte contre la violence domestique ou d’aide aux familles qui parlent une langue étrangère, a-t-elle expliqué.  Chaque membre de la société, a-t-elle rappelé, a le droit de vivre au sein de sa famille.


La panéliste a ensuite expliqué que l’Unité pour la vie en communauté mise en place par son gouvernement coordonnait les programmes destinés aux personnes handicapées et que de nombreuses lois qui avaient été adoptées à leur intention avaient créé des mécanismes d’application très efficaces.  Il existe aussi des programmes pour leur permettre de mener une vie aussi autonome que possible, ainsi que des mesures pour assister les personnes handicapées qui souhaitent créer leur propre famille.  Mme Otte a par ailleurs fait observer que les familles étaient souvent l’unique soutien dont dispose une personne handicapée.  C’est pourquoi, il est important d’appuyer à la fois ces dernières et les membres de leur famille.


Mme Otte a par ailleurs souligné qu’il ne faudrait pas perdre de vue que les personnes âgées sont des membres à part entière de la cellule familiale.  Elle a fait observer qu’en 2025, le nombre des personnes âgées de plus de 65 ans augmentera de 2,2 milliards.  Elle a dénoncé les abus dont les personnes âgées sont victimes et s’est également inquiétée du fait qu’il existe peu de mécanismes pour contrer le phénomène.  Un adulte sur 10 dit avoir été victime d’un abus sexuel ou autre, a-t-elle notamment signalé.  Mme Otte a expliqué que le Gouvernement des États-Unis avait adopté la « Elder Justice Act » pour enrayer le phénomène.  Les programmes d’appui pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ont pour objectif de les aider à continuer à vivre plus longtemps au sein de leur famille.


Mme NOOR AL MALKI AL JEHANI, Directrice exécutive de l’Institut international de la famille de Doha, au Qatar, a noté que les questions de sécurité et de lutte contre le terrorisme étaient prioritaires dans la région arabe et que, de ce fait, les préoccupations d’ordre familial étaient reléguées au second plan.  Elle a indiqué que le taux de natalité avait baissé dans la région et que la famille arabe traditionnelle était constituée des deux parents et que le renforcement ou l’autonomisation des familles passait par l’autonomisation des capacités de ses membres.  Elle a regretté que dans la région arabe, les données et statistiques sur la famille manquaient cruellement, ce qui de toute évidence apparaît, a-t-elle noté, comme un obstacle à la mise en place de politiques familiales efficaces.


Par ailleurs, Mme Al Jehani a souligné qu’une famille saine et en bonne santé était le socle du développement.  Elle a regretté le fait que les gouvernements de la région arabe aient mis plus d’accent sur le bien-être des individus, au lieu de s’atteler à l’autonomisation des familles.  Pour un développement durable, elle a donc suggéré que les gouvernements des pays arabes changent leur approche vis-à-vis des familles, en les accompagnant dans la voie de l’autonomisation au lieu de laisser l’État assumer les rôles et responsabilités qui sont dévolus à la famille.  Elle a en outre plaidé pour l’adoption de politiques familiales qui prennent en compte les droits des femmes, des personnes âgées, des personnes handicapées et de tous les groupes vulnérables ou marginalisés.


M. JEAN-BAPTISTE KOAH, Consultant expert sur le genre et le développement et ancien Directeur de l’autonomisation de la famille au sein du Ministère pour l’autonomisation des femmes et la promotion de la famille du Cameroun, a constaté que bien que la famille soit universelle, sa conception varie selon les contextes culturels.  Il a expliqué qu’au Cameroun, la famille intégrait une dimension spatiale, temporelle et transactionnelle. 


M. Koah a ensuite fait observer que les politiques de développement mettaient l’accent sur la croissance, ce qui appelle l’implication active des populations.  Les familles doivent ainsi, a-t-il relevé, se montrer à la fois capables de produire, de consommer et d’assurer le bien-être de leurs membres.  Il a parlé de la Vision de développement à l’horizon 2035 du Cameroun dont un des objectifs stratégiques est de faire du pays une nation unie et solidaire caractérisée par le renforcement du rôle économique de la femme, la protection et la stabilité de la famille, l’accès aux services, et la lutte contre le chômage et l’exclusion et qui vise aussi à veiller au bien-être de la jeunesse.  Le Gouvernement du Cameroun a également adopté une politique de lutte contre la pauvreté familiale et de promotion de la solidarité intergénérationnelle.


Le travail comporte une dimension affective car il permet de subvenir aux besoins de la famille et de s’y intégrer, a estimé M. Koah, qui a fait remarquer que la pauvreté résultait de l’incapacité de contribuer à la famille.  Il a souligné qu’il était donc urgent de prendre en compte la question du bien-être de la famille.  À cette fin, son rôle doit être redéfini et renforcé afin d’assurer son fonctionnement optimal.  M. Koah a par ailleurs fait savoir que le Cameroun excluait toute mesure coercitive qui empêcherait les parents de décider du nombre de leurs enfants, tout en reconnaissant la nécessité pour les parents d’être suffisamment outillés en matière de droits de la famille et de questions de reproductivité.


Le panéliste a ensuite prôné une véritable intégration de la famille dans les politiques de développement.  Il a regretté que la famille ne soit pas adaptée pour faire face aux exigences de la vie moderne et souffre de la pauvreté et de l’inefficacité des mécanismes institutionnels existants.  Il est nécessaire de mieux informer sur les droits de la famille et de promouvoir une sexualité responsable, a-t-il préconisé avant de conclure.


Débat interactif


Au cours du débat interactif qui a suivi les exposés des panélistes, les délégations ont mis l’accent sur la nécessité pour les gouvernements de travailler au bien-être des familles.  Cela passe, ont précisé les intervenants, par l’autonomisation des familles, principalement sur les plans économique et financier, afin que les parents puissent prendre soin des enfants et leur assurer une éducation de qualité.


Ouvrant le débat, la représentante de l’Union européenne a rappelé que la famille était un concept évolutif et qu’aujourd’hui, on notait une diversité de familles.  Elle s’est dite préoccupée par la pauvreté des enfants, une situation qui, a-t-elle dit, touche particulièrement l’Europe.  Elle a également parlé de l’exclusivité des politiques familiales, en évoquant ainsi les droits des familles monoparentales et des familles de parents de même sexe dont la prise en compte fait débat dans les pays européens.  Le représentant de la Suisse a abondé dans le même sens en précisant que son pays comptait 12,5% de familles monoparentales.


Mme Otte a réagi à ces préoccupations en indiquant que la question des droits des familles de parents de même sexe devrait être débattue dans les instances publiques des pays où le sujet est d’actualité.  Elle a souhaité que la société puisse accompagner ces familles dans la lutte contre les discriminations qu’elles subissent.  Elle a souhaité que les personnes âgées des familles concernées soient mises à contribution afin d’expliquer aux plus jeunes les vertus de la tolérance.


Le représentant de l’Association internationale de gérontologie et de gériatrie a, pour sa part, relevé que l’éducation et la formation continue étaient importantes pour garantir la productivité des familles.  Il a en outre estimé que compte tenu du vieillissement de la population, il serait opportun de permettre aux personnes du troisième âge de continuer à participer à la vie économique.


Le représentant du Burkina Faso a souhaité savoir comment mettre fin au phénomène des enfants de la rue qui sévit dans beaucoup de pays africains.  Le Consultant expert sur le genre et le développement, du Cameroun, lui a répondu en soulignant que c’est la pauvreté des familles qui pousse parfois celles-ci à exploiter économiquement les enfants, ou dans d’autres cas, à amener les enfants à quitter plus tôt le gîte familial.  Il a déploré le fait que les enfants de la rue soient parfois recensés, réhabilités et renvoyés dans leur famille d’origine.  Le panéliste a expliqué que la pauvreté des familles allait reconduire les mêmes enfants dans la rue.  Il a donc proposé que les gouvernements ciblent plutôt l’autonomisation financière des familles, afin que ces dernières puissent prendre soin de leurs enfants dans de meilleures conditions.


Une approche similaire a été proposée par la Directrice exécutive de l’Institut international de la famille de Doha, qui a souhaité que la lutte contre la pauvreté soit au centre des politiques d’autonomisation des familles.  Elle a également noté que les inégalités entre les sexes étaient aussi une question centrale dans la problématique du bien-être familial.  Elle a déploré les disparités des salaires qui existent entre les genres et a souhaité que la lutte contre la pauvreté tienne compte de ce problème qui constitue, selon elle, un obstacle pour les femmes.


La représentante du Cameroun est revenue sur le phénomène des enfants de la rue et a estimé que les enfants ne vivaient pas dans la rue seulement à cause de la pauvreté des parents, mais également à cause de la perte de l’autorité parentale.  Elle a par ailleurs rappelé qu’il incombait en premier lieu aux parents d’inculquer les valeurs éthiques aux enfants et regretté que les acteurs extérieurs à la famille, tels que les associations, les pouvoirs publics, les ONG et d’autres encore, prennent de plus en plus de l’importance dans le processus de socialisation des enfants.


Pour sa part, la représentante du Réseau international pour la prévention des abus contre les personnes âgées a souligné que le développement durable ne pouvait se faire sans la participation des personnes âgées.  La représentante du Conseil de l’Archidiocèse grec orthodoxe a souhaité que les familles les plus démunies soient assistées en matière de formation et d’emploi.


Concluant cet échange de vues, Mme Al Jehani a souhaité que dans 20 ans, le débat sur le quarantième anniversaire de l’Année internationale de la famille ne puisse pas donner lieu à des débats sur les mêmes problèmes auxquels sont confrontées, aujourd’hui, les familles.


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