Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité sur le Soudan et le Soudan du Sud
On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite aujourd’hui par le Président du Conseil de sécurité pour le mois de décembre, M. Mahamat Zene Cherif (Tchad):
Le 8 décembre, le Conseil de sécurité a entendu un exposé du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, du Représentant spécial du Secrétaire général auprès de l’Union africaine et Chef du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine, Haile Menkerios, et du commandant par intérim de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei, le général de division Halefom Moges, sur la situation au Soudan et au Soudan du Sud, au titre de la résolution 2046 (2012), et la situation à Abyei.
Les membres du Conseil se sont félicités que le Président du Soudan du Sud, Salva Kiir, se soit rendu à Karthoum le 4 novembre pour y rencontrer le Président du Soudan, Omar el-Béchir. Ils se sont également félicités que les deux présidents aient pris l’engagement d’appliquer les Accords de coopération du 27 septembre 2012, notamment en ce qui concerne les questions de sécurité, et d’instaurer un couloir humanitaire depuis le Soudan pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire aux populations touchées du Soudan du Sud. Ils ont toutefois noté avec inquiétude que l’application des accords était au point mort depuis le mois de novembre 2013. Ils ont invité le Gouvernement soudanais et le Gouvernement sud-soudanais à convoquer au plus tôt une réunion de haut niveau du comité de sécurité et à pleinement mettre en œuvre le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, conformément à la résolution 2046 (2012) du Conseil et à la feuille de route adoptée par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine le 24 avril 2012, le Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité et les autres mécanismes conjoints établis d’un commun accord pour garantir la sécurité et la transparence de la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, y compris la zone dite des « 14 miles ».
Les membres du Conseil ont redit la profonde préoccupation que leur inspirait la situation humanitaire catastrophique provoquée par les combats incessants dans les États du Kordofan méridional et du Nil Bleu au Soudan. Ils ont exhorté les parties à s’abstenir de tout acte de violence à l’encontre de la population civile et à garantir aux organismes humanitaires un accès en toute liberté et sécurité afin d’assurer pleinement et rapidement l’acheminement de l’aide humanitaire à tous les civils ayant besoin d’urgence d’une assistance.
Les membres du Conseil se sont félicités des pourparlers de paix qui se sont récemment tenus à Addis-Abeba entre le Gouvernement soudanais et les groupes rebelles soudanais, sous les auspices du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine. Tout en notant que des progrès avaient été accomplis, ils ont déploré que ces pourparlers n’aboutissent pas à un accord. Ils ont de nouveau appelé le Gouvernement soudanais et le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord à cesser les hostilités, à participer sans conditions préalables au prochain cycle de pourparlers directs que le Groupe de mise en œuvre a prévu pour janvier et à faire les concessions nécessaires pour parvenir à un accord mettant fin au conflit dans les États du Kordofan méridional et du Nil Bleu, conformément aux dispositions de la résolution 2046 (2012).
Les membres du Conseil se sont de nouveau dits profondément préoccupés par les conditions de sécurité à Abyei, qui restent extrêmement instables malgré le calme apparent, et l’absence de progrès dans la mise en œuvre de l’Accord du 20 juin 2011 concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei, comme l’a signalé le Secrétaire général, et ont condamné les récentes attaques meurtrières perpétrées contre des civils. Ils ont accueilli avec satisfaction la nomination, le 5 décembre, du Coprésident sud-soudanais du Comité mixte de contrôle d’Abyei et exhorté ce dernier a immédiatement reprendre ses travaux sans conditions préalables. Ils ont également renouvelé la demande qu’ils avaient adressée au Soudan et au Soudan du Sud dans la résolution 2179 (2014) pour qu’ils entreprennent sans retard de mettre en place l’Administration et le Conseil de la zone d’Abyei et créent le Service de police d’Abyei, appelé à assumer les fonctions de police dans toute la zone d’Abyei et notamment à protéger les infrastructures pétrolières. Ils ont également réaffirmé que, conformément aux résolutions pertinentes, en particulier les résolutions 1990 (2011) et 2046 (2012), la zone serait démilitarisée et que toutes les forces, autres que celles de la FISNUA et du Service de police d’Abyei, ainsi que les éléments armés des populations locales, devaient s’en retirer.
Les membres du Conseil ont rappelé que, dans la résolution 2046 (2012), ils avaient décidé que le Soudan et le Soudan du Sud devaient reprendre les négociations sans condition, sous les auspices du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine et avec le soutien du Président de l’IGAD (Autorité intergouvernementale pour le développement), en vue de parvenir à un accord sur certaines questions cruciales, au nombre desquelles le statut final de la zone d’Abyei. Ils ont exhorté à cet effet la FISNUA, l’Union africaine et le Gouvernement de la République fédérale démocratique d’Éthiopie à agir de concert avec les Gouvernements soudanais et sud-soudanais pour prendre des dispositions créatives, fondées sur une conception commune, pour accélérer la mise en œuvre des éléments de l’Accord de juin 2011 relatifs à l’administration et à la sécurité qui sont encore en suspens, selon qu’il conviendra, afin de remédier au vide sécuritaire à Abyei dans le cadre d’un dialogue intercommunautaire. Ils ont demandé que des mesures soient prises pour, entre autres, que les unités de la police du pétrole stationnées à Diffra soient retirées sans pour autant compromettre la sécurité des installations pétrolières, que les réunions du Comité mixte de contrôle d’Abyei reprennent et que le différend relatif à l’assassinat du Chef suprême des Ngok Dinka en mai 2013 soit réglé.