En cours au Siège de l'ONU

52e & 53e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6652

ECOSOC: les délégations soulignent que les technologies de l’information et des communications sont cruciales pour la réalisation du développement durable

« Création d’institutions et renforcement de celles qui existent en vue de l’intégration des politiques après 2015 », thème du débat thématique de l’ECOSOC en 2015

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a conclu aujourd’hui sa réunion de coordination et d’organisation, dont les travaux auront duré deux jours, par une table ronde sur l’amélioration de l’accès et de la sécurité des technologies de l’information et de la communication (TIC), en particulier en vue de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.  Ce débat a mis en évidence les différentes façons dont ces technologies peuvent contribuer aux efforts de développement, tout en examinant les moyens à mettre en œuvre pour faire face aux risques que pose leur utilisation en matière de sécurité.

Après avoir, hier, adopté plusieurs résolutions, élu des membres d’organes subsidiaires et discuté de la programmation des modes de consommation et de production durables, l’ECOSOC a également abordé, ce matin, les défis rencontrés par les pays africains qui sortent d’un conflit.  Le Conseil a en particulier examiné le cas du Soudan du Sud, ainsi que la situation en Haïti.  Le Vice-Président de la Commission de consolidation de la paix a présenté à cette occasion l’aide qu’apporte cette instance aux pays sortant d’un conflit pour soutenir leurs efforts en vue de parvenir à un développement durable et stable.

En fin de réunion cet après-midi, l’ECOSOC a en outre adopté une résolution et deux décisions, notamment en vue de décider du thème de son débat thématique de 2015, dont l’intitulé sera le suivant: « Création d’institutions et renforcement de celles qui existent en vue de l’intégration des politiques après 2015 ».

La table ronde sur les technologies de l’information et des communications (TIC) a permis aux délégations et aux panélistes de souligner les nombreux domaines dans lesquels les TIC jouent un rôle essentiel pour faire avancer le développement.  C’est à cette fin que le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable a intégré plusieurs références aux TIC dans les 17 cibles qu’il a définies, a indiqué le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo.

Le Secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications (UIT), M. Hamadoun Touré, a comparé cette approche avec celle des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), fixés en l’an 2000, mais qui, au moment de leur élaboration n’avaient vu aucune mention des TIC.  Aujourd’hui cependant, le monde compte plus de 3 milliards d’usagers de l’Internet et on ne peut pas ignorer le fait que les TIC représentent un instrument utile pour atteindre rapidement les objectifs du développement durable, ont reconnu les participants à la table ronde.

Parmi les exemples donnés, une responsable du Groupe Ericsson, entreprise qui travaille dans le secteur de la communication et des TIC, Mme Rima Qureshi, a expliqué que 1 000 connections à l’Internet à haut débit peuvent aboutir à la création de 40 emplois.  En outre, a-t-elle ajouté, doubler la vitesse du haut débit entraîne une croissance du PNB de 0,3%. 

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a cependant averti du coût économique qu’a la cybercriminalité et qui est de 400 milliards de dollars par an.  Il a indiqué que 552 millions d’identités d’utilisateurs du Web avaient été piratées et exposées à cause de cyberattaques menées en 2013.  Autre chiffre inquiétant: 1 site Web sur 8 présente une vulnérabilité critique, a-t-il prévenu.

Le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Oh Joon, de la République de Corée, a invité les gouvernements et leurs partenaires à assurer la sécurité dans l’utilisation de ces technologies.  Il a mentionné les risques élevés de cyberattaque contre les infrastructures physiques, le système bancaire, les systèmes nationaux de santé, les bases de données de l’industrie et les services.

La Présidente et Directrice générale d’« Internet Matters », Mme Lynn St. Amour, a souligné que 85% des intrusions de pirates informatiques sont pourtant évitables si les utilisateurs tiennent compte de certaines mesures de sécurité élémentaires.  Les différents panélistes se sont accordés à dire qu’il fallait éduquer les utilisateurs du Web, et ce, dès l’enfance.

Avant toute chose, il faut que les États s’accordent, à l’échelle internationale, sur une compréhension commune du concept de cyber criminalité.  « S’il faut 10 ans pour arriver à un traité, commençons dès maintenant! », a recommandé le Secrétaire général de l’UIT.  Ces efforts exigent une coopération non seulement entre les gouvernements, mais aussi entre les différents acteurs du secteur public et du secteur privé, ont estimé les intervenants.

Dans la matinée, le Vice-Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. Vladimir Drobnjak, avait présenté les progrès réalisés par la Commission dans le soutien qu’elle apporte aux pays sortant d’un conflit, comme il est invité à le faire depuis 2009.  Il a aussi fait le point des actions que mène la Commission dans les six pays où elle est engagée, à savoir le Burundi, la République centrafricaine, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Libéria et la Sierra Léone.

L’ECOSOC a ainsi conclu sa réunion de coordination et d’organisation.

Questions de coordination, questions relatives au programme et autres questions: pays africains qui sortent d’un conflit (E/2014/94 et E/2014/L.33)

Exposé du Président de la Commission de consolidation de la paix

M. VLADIMIR DROBNJAK, Vice-Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a déclaré que son exposé devant le Conseil économique et social témoignait du lien qui existe entre la consolidation de la paix et le développement socioéconomique.  Il a relevé que 10 ans après la mise en place du dispositif de consolidation de la paix des Nations Unies, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité vont en faire l’évaluation en 2015.  Il a indiqué qu’après la première évaluation de la Commission de consolidation de la paix, menée en 2010, cette dernière avait effectué de nombreux progrès dans le soutien qu’elle apporte aux pays sortant de conflits.  Il a ensuite fait le point des actions que mène la Commission dans les six pays où elle est engagée.

Au Burundi, a noté M. Drobnjak, la CCP s’est appuyée, au cours des 12 derniers mois, sur le processus de Genève pour la paix au Burundi afin de promouvoir durablement les engagements en faveur de la paix pris par le Gouvernement burundais et ses partenaires.

En République centrafricaine, la Commission devrait jouer un rôle important pour soutenir le processus politique en cours, qui vise l’adoption d’un plan de transition politique.

Concernant la Guinée, M. Drobnjak a évoqué le soutien qu’apporte la Commission au nouveau Parlement investi en 2013.  Il a précisé que l’épidémie à virus Ebola qui affecte le pays a changé la nature du soutien que la Commission apporte au pays.  Il a souligné que la Commission s’est réunie trois fois pour examiner les implications de cette crise sanitaire sur les institutions étatiques et la stabilité politique en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone.

En Guinée-Bissau, le Vice-Président de la Commission de consolidation de la paix a décrit une situation nationale qui a été marquée par le changement illégitime de gouvernement d’avril 2012, suivi par des élections pacifiques au mois d’avril 2014 qui ont fait émerger un nouveau leadership dans le pays.  Il a ainsi indiqué que la CCP s’attèle en ce moment à soutenir les priorités identifiées par le Gouvernement bissau-guinéen, notamment le paiement des salaires des fonctionnaires, la mise en place d’un cycle agraire stable, un appui pour faciliter la fin de l’année scolaire 2013-2014 et assurer le début d’une nouvelle année scolaire, et enfin, le renforcement du système de santé afin de le préparer à faire face à l’épidémie à virus Ebola.

En ce qui concerne le Libéria, le Vice-Président de la Commission de consolidation de la paix a indiqué que le retrait progressif de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) devrait pouvoir s’accompagner du renforcement des secteurs de la sécurité et de la justice.  Il a salué les avancées qu’ont connues ses deux secteurs et a appelé à plus d’engagement du Gouvernement libérien à cet effet.

Pour ce qui est de la Sierra Leone, la Commission de consolidation de la paix a engagé une nouvelle phase de collaboration avec le Gouvernement à la suite du retrait complet du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone (BINUCSIL), qui a quitté le pays en mars dernier, a dit M. Drobnjak.  Il a déclaré que la CCP soutenait les programmes lancés par la Sierra Leone qui visent à faire du pays un État émergent à l’horizon 2035.  Il a déploré le fait que l’épidémie à virus Ebola soit venue saper les efforts accomplis par la Commission dans le pays.  Cette situation a poussé le Président de la formation pays de la CCP chargée de la Sierra Leone à explorer l’impact de cette épidémie sur les institutions nationales, sur la stabilité politique et sur la cohésion sociale.  C’est un exercice qui s’est fait, a précisé M. Drobnjak, en collaboration avec les Présidents des configurations pays pour le Libéria et la Guinée.

M. Vladimir Drobnjak a conclu sa présentation en notant que la Commission de consolidation de la paix est engagée à rendre ses interventions plus efficaces, ainsi que ses programmes de pays, en s’appuyant notamment sur les expériences qui ont connu des succès, et en renforçant sa collaboration avec les organisations régionales et les Systèmes intégrés d’information sur les programmes de terrain.

Présentation du rapport du Secrétaire général

En direct de Djouba, la capitale du Soudan du Sud, par vidéoconférence, M. TOBY LANZER, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général, Coordonnateur résident des Nations Unies, Coordonnateur humanitaire, et Représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a présenté le rapport du Secrétaire général intitulé « Apport d’un appui intégré, cohérent et coordonné au Soudan du Sud par les organismes des Nations Unies » (E/2014/94).  Ce rapport, le troisième depuis l’indépendance du pays en 2011, passe en revue les principaux faits nouveaux survenus au Soudan du Sud depuis juillet 2013, et plus particulièrement la crise politique qui a dégénéré en conflit violent en décembre.  Il décrit les incidences du conflit sur les perspectives de développement et certaines des principales mesures prises par la communauté internationale, notamment par les organismes des Nations Unies, pour aider le pays à mettre un terme au conflit et lui permettre ainsi d’assurer la reprise de son processus de développement. 

M. Lanzer a recensé les obstacles qui se posent au Soudan du Sud sur la voie du développement, comme la violente destruction de ressources naturelles et d’infrastructures, sans compter les déplacements humains et les violations des droits de la population.  Les marchés ont été perturbés, a-t-il aussi indiqué, signalant que les prix des denrées alimentaires avaient quasiment « explosé ».  De plus, du fait du conflit armé en cours, nombre de partenaires de développement et de donateurs ont été réticents à fournir un appui direct aux instances gouvernementales, a-t-il expliqué.  Pourtant, a-t-il ajouté, les besoins humanitaires atteignent un niveau sans précédent.  Il a fait remarquer que la stabilité et le développement étaient les clefs pour parvenir à un Soudan du Sud prospère.

Le Représentant spécial adjoint a indiqué que l’Équipe des Nations Unies au Soudan du Sud avait révisé son cadre d’aide au développement.  Ce cadre a été approuvé par les deux parties et a été prolongé jusqu’en juin 2016, a-t-il précisé.  Il a énuméré les quatre priorités fixées par l’Équipe de pays, qui sont les suivantes: appui à la gouvernance; réduction de l’insécurité alimentaire; développement des services de base; et amélioration de la sécurité, de l’état de droit et des droits de l’homme.  Il a précisé que 1,340 milliard de dollars étaient mobilisés pour la réalisation de ces objectifs.  Il faut encourager les acteurs humanitaires à offrir une aide immédiate au Soudan du Sud tout en y visant le développement à long terme, a ajouté M. Lanzer.  Les questions du déplacement et du retour des populations sont aussi examinées par l’ONU.  M. Lanzer a également expliqué la nécessité de renforcer la résilience des populations et de bâtir des synergies entre tous les acteurs du développement.  Enfin, il a recensé les énormes difficultés rencontrées par le personnel de l’ONU sur le terrain, tout en saluant l’engagement des Nations Unies à poursuivre leur mission pour réaliser les objectifs fixés à long terme.  Nous espérons travailler de concert avec l’ECOSOC, a-t-il dit en concluant son intervention.

Exposés des représentants de l’équipe de pays des Nations Unies à Djouba (Soudan du Sud) par liaison vidéo

La représentante du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) au Soudan du Sud a indiqué que l’objectif de financement des opérations du Fonds dans ce pays avait été atteint à 71%.  La mobilisation massive de fonds a permis de mettre en œuvre des actions qui ont sauvé la vie de milliers de personnes, s’est-elle félicitée.  Elle a cependant regretté la nature imprévisible du financement, qui rend difficile la planification des activités.  Elle a également prôné une coopération accrue entre les donateurs et les intervenants internationaux.  De plus, a-t-elle recommandé, les investissements et l’engagement du Gouvernement du Soudan du Sud doivent accompagner ceux de la communauté internationale.

Parmi les problèmes à régler, la représentante a signalé que les salaires des enseignants restent impayés, ce qui incite ceux-ci à chercher un autre travail.  En ce qui concerne la santé, 1 enfant sur 9 meurt avant l’âge de 2 ans et le taux de mortalité infantile est l’un des plus élevés au monde.  Elle a aussi mentionné la prévalence du VIH/sida chez les enfants et l’absence de traitement disponible.  En outre, les campagnes de vaccination contre des maux prévisibles n’ont pas pu être menées comme prévues, a-t-elle regretté.  Pour faire face à ce problème, l’UNICEF et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont néanmoins réussi à vacciner des enfants dans les zones touchées par le conflit, s’est félicitée la représentante du Fonds.  Elle a aussi parlé des interventions sanitaires menées partout dans le pays.  Le nombre d’enfants qui finissent le cycle d’enseignement de l’école primaire reste très insuffisant, a-t-elle poursuivi en déplorant que 85% des femmes sud-soudanaises soient analphabètes.  Elle a aussi indiqué que des milliers d’enfants avaient dû arrêter l’école depuis le début du conflit en décembre 2013, ce qui augmente leur risque d’être victimes de travail forcé, d’exploitation sexuelle ou de recrutement par les forces armées.

Le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a parlé de la destruction des productions agricoles et des problèmes d’acheminement des denrées alimentaires.  L’appel de fonds lancé par la FAO a été financé à hauteur de 70%, a-t-il indiqué.  Il a expliqué que la FAO utilisait une méthode de classification des risques alimentaires bien précise, afin de bien coordonner les interventions des différents acteurs sur le terrain.  Il a conseillé de continuer à élargir l’accès humanitaire, notamment au moment de la révision du mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS).  Nous devons tenir compte des risques de chocs et de nouveaux conflits, a-t-il averti.  Il faudra aussi pallier le manque de capacités du Gouvernement dans le domaine de la sécurité alimentaire, a recommandé le représentant de la FAO.

Débat général

M. FRANCIS MADING DENG (Soudan du Sud) a expliqué que l’infortune du Soudan du Sud allait bien plus loin que le récent conflit de décembre 2013.  Le rapport fait d’ailleurs référence au niveau extrêmement bas des ressources de base dont a besoin le pays, « conséquence de décennies de marginalisation ».  Le représentant a souligné que cela faisait référence à la période de l’indépendance du Soudan.  Il a aussi rappelé les injustices et la cruauté auxquelles la population du Soudan du Sud avait été soumise sous l’ère coloniale.  Si le régime anglo-égyptien qui contrôlait le Soudan et ses populations avait établi des rudiments de gouvernance moderne dans le nord du pays, le Sud a été extrêmement négligé par le Royaume-Uni, puis par le protectorat égyptien pendant toute la période allant de 1898 à 1956, a rappelé M. Deng.  La guerre qui a suivi l’indépendance, et qui a duré 50 ans, a dévasté le sud de ce qui était alors le Soudan et entraîné des déplacements massifs de la population, a-t-il rappelé. 

M. Deng a salué l’assistance ambitieuse et généreuse de la communauté internationale lors de l’indépendance du Soudan du Sud, qui a donné au pays sa première lueur d’espoir.  Il a souligné que son pays avait des ressources abondantes, dont de riches terres arables, du bétail, des gisements de minéraux et des réserves substantielles de pétrole.  Comme le rapport le souligne, a-t-il poursuivi, les résultats atteints depuis le début de l’indépendance ont été largement balayés par la destruction causée par la guerre interne.  Le sort et l’avenir du Soudan du Sud sont entre les mains de la population, a-t-il estimé, tout en appelant à l’aide la communauté internationale pour qu’elle soutienne les efforts nationaux dans un certain nombre de domaines.  Saluant les efforts déployés par l’IGAD en faveur de la paix, il a expliqué que le Soudan du Sud avait besoin de l’aide de l’Union africaine et des Nations Unies.  Il a insisté sur le renforcement des capacités, condition nécessaire pour que l’État soit à même d’assumer ses responsabilités. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a estimé que le Soudan du Sud avait un fort potentiel de prospérité, mais a conseillé à son Gouvernement de revoir ses priorités budgétaires.  Il a aussi noté que, sans la preuve de l’engagement du Gouvernement et de toutes les parties sud-soudanaises à résoudre la crise politique actuelle, les possibilités de développement durable restent faibles.  Il a donc conseillé au Soudan du Sud et à son peuple de prendre toutes les dispositions nécessaires pour que le pays reconcentre rapidement son attention et ses ressources sur la cause du développement.  On risque des revers plus importants si on ne s’engage pas fermement à trouver une solution à la crise politique, a-t-il averti en reprenant les inquiétudes formulées à cet égard par le Secrétaire général.  Le représentant de l’Éthiopie a donc estimé que le rôle de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) était particulièrement critique.  Le Soudan du Sud a toujours besoin de l’appui de la communauté internationale, a-t-il ajouté en appelant les États Membres à financer pleinement le plan de réaction et de reconstruction d’urgence.

Pour conclure ce dialogue, le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général a assuré que l’ONU restait engagée, sur le terrain, dans les programmes d’éducation relatifs à la santé maternelle et en faveur de la sécurité alimentaire.  « Nous pensons que les activités de développement peuvent se poursuivre en pleine crise dans toutes les zones administratives du Soudan du Sud », a-t-il dit.  Il a illustré ces propos en relatant avoir constaté de visu que des manuels scolaires fournis par le Gouvernement britannique étaient utilisés par des ONG dans l’État de Jonglei qui a été durement touché par le conflit.

Décision sur le projet de décision E/2014/L.33

L’ECOSOC a adopté, par consensus, une décision dépourvue d’implications budgétaires, intitulée « Pays africains qui sortent d’un conflit », par laquelle le Conseil prend note du rapport du Secrétaire général sur l’apport d’un appui intégré, cohérent et coordonné au Soudan du Sud par les organismes des Nations Unies et demande qu’un nouveau rapport sur la question soit soumis à l’examen du Conseil à sa session de 2015.

Questions de coordination, questions relatives au programme et autres questions: Programme à long terme d’aide à Haïti (E/2014/95 et E/2014/L.34)

Présentation du rapport du Groupe consultatif ad hoc sur Haïti

Le Représentant spécial adjoint et Coordonnateur résident et Coordonnateur des opérations humanitaires des Nations Unies en Haïti, M. PETER DE CLERCQ a présenté l’état de la situation qui prévaut en Haïti.

Il a relevé que le pays a connu de nombreuses avancées socioéconomiques significatives depuis le tremblement de terre de janvier 2010, avancées qui s’inscrivent notamment dans le cadre de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  M. de Clercq a rappelé que les élections haïtiennes avaient été renvoyées du fait des désaccords entre le Gouvernement et l’opposition, notamment un groupe de sénateurs qui conteste la loi électorale actuelle.  Il a noté que le Président Michel Martelly avait engagé des pourparlers avec les acteurs politiques haïtiens à Port-au-Prince.

M. de Clercq a déploré le fait que cette instabilité politique ait des répercussions sur les investissements et le climat des affaires dans le pays.  Il a ensuite souligné que les besoins humanitaires urgents auxquels le pays fait face ne devraient pas faire ombrage à la nécessité d’investir durablement pour le développement d’Haïti.  Il a par ailleurs déclaré que l’épidémie de choléra en cours dans le pays nécessite des interventions d’urgence pour y mettre un terme, mais qu’il était aussi approprié, sur le long terme, de renforcer les systèmes d’alerte et de prévention, ainsi que de procéder à des investissements durables dans les secteurs de la santé publique et de l’assainissement.

Il a enfin noté que les Nations Unies, engagées dans un processus de retrait progressif d’Haïti, envisageaient de mettre sur pied un plan de transition qui serait discuté avec le Gouvernement haïtien et d’autres acteurs clefs.

Le représentant du Canada, M. MICHAEL GRANT, a ensuite présenté, au nom des États Membres qui siègent au Groupe consultatif ad hoc sur Haïti du Conseil économique et social, le projet de résolution E/2014/L.34, intitulé « Groupe consultatif ad hoc sur Haïti ».  Il a précisé que ce projet de texte vise à reconduire pour un an le mandat du Groupe et à demander à ce dernier de rendre compte de ses activités à l’ECOSOC à l’occasion de sa session de fond de 2015.

M. Grant a ensuite présenté le rapport du Groupe consultatif ad hoc sur Haïti (E/2014/95).

Ce rapport est le dixième que présente le Groupe consultatif ad hoc sur Haïti depuis sa réactivation en 2004.  À l’époque, le Conseil économique et social avait, à la demande du Gouvernement haïtien, décidé, par sa résolution 2004/52, de réactiver le Groupe créé en 1999 afin de coordonner l’élaboration d’un programme à long terme d’aide à Haïti.

M. Grant a relevé que le Groupe consultatif ad hoc a été témoin de l’amélioration constante de la situation économique et sociale en Haïti depuis le tremblement de terre dévastateur de janvier 2010.  Si, par le passé, il s’est déclaré préoccupé par l’absence de perspective de développement du pays à moyen et à long terme, l’existence d’outils de planification définissant un programme ambitieux et des objectifs de développement concrets pour Haïti lui semble à présent un signe encourageant.

Le Groupe salue également des progrès tangibles réalisés sur le terrain sur le front économique et social et félicite tous les acteurs du développement d’Haïti d’avoir travaillé d’arrache-pied pour amener le pays à la prochaine étape de son histoire.

Par ailleurs, le Groupe est d’avis que la capacité de fournir une assistance aux institutions haïtiennes devrait être renforcée dans la mesure où la présence des effectifs de maintien de la paix des Nations Unies se réduit, un rôle important devant revenir tant à la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) qu’à l’équipe de pays des Nations Unies.  Un tel appui de l’ONU est essentiel pour maintenir les acquis de développement et porter à l’étape suivante la dynamique présente sur le terrain haïtien, indique M. Grant.

Il a ensuite plaidé pour l’appui au développement des capacités de production d’Haïti dans des secteurs clefs tels que le tourisme, l’agriculture et l’industrie manufacturière, conformément aux décisions du Gouvernement.  Il a également encouragé les partenaires au développement à répondre aux appels lancés par les entités des Nations Unies pour le financement d’activités humanitaires visant à répondre aux besoins des personnes les plus vulnérables, notamment celles qui vivent encore dans des camps, ainsi qu’aux appels à l’aide alimentaire et à l’amélioration des secteurs de la santé et de l’assainissement.

Le Groupe a aussi souhaité que les Nations Unies veillent à ce que les bureaux de pays des organismes du système de l’ONU reçoivent de la part du Siège un soutien et un appui financier suffisants pour fonctionner correctement dans la phase de transition, que les Nations Unies multiplient les activités de développement en dehors de Port-au-Prince et qu’elles prennent des mesures concrètes pour renforcer les capacités des autorités locales et de la société civile dans les provinces.

Le Groupe souhaite également appeler l’attention des autorités haïtiennes sur la nécessité de prendre toutes les mesures nécessaires pour faire en sorte que les élections sénatoriales, municipales et locales se déroulent sans plus tarder, et que des autorités locales légitimes, crédibles et efficaces soient mises en place.  Les autorités haïtiennes sont aussi invitées à continuer d’investir dans le renforcement de la Police nationale, de l’appareil judiciaire, du système pénitentiaire et des institutions qui s’emploient à instaurer l’état de droit en Haïti.

Débat général

Le représentant du Guatemala a réagi au rapport du Groupe consultatif ad hoc sur Haïti en lançant un appel aux autorités haïtiennes afin qu’elles s’attellent à l’organisation des élections qui sont bloquées depuis des mois.  Il a souligné qu’un accord vers les élections est tributaire de l’entente entre les acteurs politiques haïtiens.  Il a ensuite invité la communauté internationale à investir dans les programmes sociaux susceptibles de sortir les populations haïtiennes de la pauvreté, et a aussi prôné des investissements pour l’amélioration de la justice et des capacités des forces de police.

Il a en outre plaidé pour la coordination de l’aide internationale en faveur d’Haïti.  Il a ajouté que le mandat de l’équipe pays des Nations Unies, focalisé sur la stabilité, n’était qu’une étape, car après la stabilité, a-t-il souligné, il faut penser à la consolidation et ne pas hâter le retrait des Nations Unies du pays.  Il a aussi déclaré que toute initiative en faveur d’Haïti, de la part des Nations Unies, devrait se faire sur demande des autorités haïtiennes.

La représentante d’Haïti a pour sa part salué le « rapport équilibré » du Groupe consultatif.  Elle s’est félicitée des avancées que le pays a connues au cours de ces deux dernières années, appelant en outre au renforcement de la collaboration de la communauté internationale en faveur d’Haïti. 

Le représentant du Chili a pris à son tour la parole et a invité les bailleurs de fonds à honorer leurs engagements en faveur d’Haïti, notamment en ce qui concerne le renforcement des systèmes de santé, des systèmes d’approvisionnement en eau et des infrastructures d’assainissement, afin de freiner la propagation du choléra et d’autres maladies contagieuses.  Le représentant a aussi présenté des projets sociaux mis en œuvre en Haïti par le Chili.

M. de Clercq, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général en Haïti, a repris la parole pour réagir aux préoccupations de certains délégués.  Il a notamment précisé que c’est le Gouvernement d’Haïti qui est maître de ses priorités d’investissement, et que c’est donc ce dernier qui a décidé d’orienter les actions de la communauté internationale vers la résolution des questions humanitaires, au détriment des investissements à portée durable.  Il a en outre expliqué que la réforme du secteur carcéral en Haïti est cruciale, mais que la MINUSTAH n’avait pas trouvé de partenaire prêt à soutenir les actions à cet effet.

Adoption du projet de résolution

L’ECOSOC a ensuite adopté, sans vote, le projet de résolution E/2014/L.34, intitulé « Groupe consultatif ad hoc sur Haïti ».  Le Secrétariat de l’ECOSOC a précisé que l’adoption de ce texte aura une incidence financière sur le budget-programme pour l’exercice biennal 2014-2015.

Table ronde sur le thème: « La mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015: Améliorer l’accès et la sécurité des technologies de l’information et de la communication (TIC) »

M. OH JOON (République de Corée), Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), qui présidait la séance de travail cet après-midi, a noté le développement rapide des TIC ces dernières années et souligné leur capacité à favoriser la réalisation des trois dimensions du développement durable, à savoir la croissance économique, l’inclusion sociale et l’équilibre environnemental.  Il a cependant averti qu’en dépit des améliorations qu’ont permises les TIC, l’usage de ces technologies entraîne des risques importants.  Il a mentionné les hauts risques de cyberattaque contre les infrastructures physiques, le système bancaire, les systèmes nationaux de santé, les bases de données de l’industrie, et les services d’un pays.  Ces risques, s’ils se réalisent, ont de graves conséquences économiques et sociales pour les pays concernés, en particulier pour les pays en développement, a-t-il remarqué.

Le Vice-Président de l’ECOSOC a appelé la communauté internationale à instaurer la confiance et à assurer la sécurité dans l’utilisation des TIC, afin de protéger les données et la vie privée.  Ce sont des conditions indispensables pour qu’un programme de développement durable soit véritablement transformateur, a-t-il dit.  Le Vice-Président a donc appelé à renforcer les efforts menés pour instaurer une véritable culture de cyberresponsabilité.  Il a rappelé que l’ECOSOC était chargé d’assurer un suivi du Sommet mondial de la société de l’information, avec le soutien de l’Union internationale des télécommunications (UIT) et de la Commission sur la science et la technologie au service du développement.  M. Oh Joon a aussi indiqué que l’ECOSOC réfléchissait sur la place des questions relatives aux TIC au sein du programme de développement pour l’après-2015.  L’ECOSOC a également organisé une manifestation spéciale sur ce sujet en décembre 2011, a-t-il indiqué.

Le modérateur de la table ronde, M. JĀNIS KĀRKLIŅŠ (Lettonie), Président du Groupe consultatif multipartite du Forum sur la gouvernance d’Internet, a souligné que depuis les premiers balbutiements de l’Internet, en 1945, avec quatre utilisateurs, de nombreux développements ont eu lieu dans ce domaine, si bien que de nos jours le monde compte plus de 3 milliards d’usagers de l’Internet.  Le mandarin est devenu la langue la plus usitée sur la toile, a-t-il relevé.  Il a ensuite relevé que la communauté internationale fait aujourd’hui face à un défi majeur qui est celui de la cybersécurité.

Interventions liminaires 

M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé l’accord pris à la Conférence Rio+20 sur l’élaboration d’un ensemble d’objectifs de développement durable qui doivent s’appuyer sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  L’accès aux TIC joue un rôle essentiel dans ce cadre, a-t-il estimé.  C’est pourquoi le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable a intégré plusieurs références aux TIC dans les 17 cibles qu’il a définies, a-t-il remarqué, notamment en ce qui concerne l’éducation, l’équilibre homme-femme, et les partenariats de développement à l’échelle mondiale.  M. Wu a aussi reconnu la nécessité de combler le fossé numérique existant entre pays et groupes de pays.

Expliquant les possibilités qu’offrent les TIC pour accélérer le développement, il a fait remarquer, par exemple, que ces technologies peuvent faciliter les échanges commerciaux et l’inclusion sociale.  Il a donc recommandé d’augmenter le niveau de coopération dans le domaine des TIC.  Après avoir signalé qu’il y a actuellement plus de 3 milliards d’usagers d’Internet dans le monde, un chiffre qui ne fera qu’augmenter, M. Wu a parlé des entreprises privées qui utilisent les TIC pour lutter contre l’épidémie d’Ebola, notamment en faisant passer des messages textes par les téléphones portables qui permettent de repérer plus vite l’évolution de l’épidémie.

M. Wu a souhaité que la confiance des utilisateurs soit renforcée grâce à l’amélioration de la sécurité des échanges en ligne.  Le coût de la cybercriminalité est de 400 milliards de dollars par an, a-t-il indiqué, ajoutant que 552 millions d’identités d’utilisateurs ont été piratées et exposées à cause de cyberattaques menées en 2013.  En outre, 1 site Web sur 8 présente une vulnérabilité critique.  Pour faire face à ce risque, il a conseillé aux pays de mettre à jour leur législation et d’accroître le partenariat entre les secteurs privé et public.  Il a aussi appelé à impliquer les jeunes, qui représentent l’avenir, dans la recherche de solutions.

Mme RIMA QURESHI, Responsable pour les stratégies au Groupe Ericsson, a présenté une vidéo montrant les différents cas dans lesquels les TIC peuvent être utilisées pour accélérer le développement sur les plans économique, social et environnemental.  Parlant des « sociétés connectées », elle a annoncé les prévisions selon lesquelles 50 milliards d’appareils seraient connectés d’ici à 2020, alors qu’il a fallu 100 ans pour connecter le premier milliard d’utilisateurs, puis 20 ans pour connecter le deuxième milliard.  Après les 20 premières années de la révolution technologique, nous avons dépassé la période de stabilisation, a-t-elle expliqué.  Elle a cité les trois domaines clefs que sont le haut débit, la téléphonie mobile et le « Nuage » (Cloud).

Mme Qureshi a donné l’exemple d’une école située dans une région éloignée et isolée du Bhoutan qui a accès aux enseignants et à l’éducation grâce aux technologies.  Elle a aussi parlé des voitures connectées, qui sont capables, notamment, de réserver une place de parking avant même d’entrer dans une ville.  Il y aura des voitures sans chauffeur dans une vingtaine d’années, a-t-elle-même annoncé.  Mme Qureshi a cité d’autres exemples relatifs à l’électricité, avec un système qui réduit la consommation des réverbères les plus anciens.  Elle a également évoqué les changements qui se produisent dans l’exploitation et le fonctionnement des barrages hydroélectriques et dans la collecte d’ordures.

La représentante d’Ericsson a indiqué que cette société compte aujourd’hui 2,9 milliards d’abonnés au haut débit mobile, et 7,1 milliards d’abonnés à la téléphonie mobile.  Sachant que 70% de la population mondiale vivra dans les villes en 2015, avec des services fournis sur seulement 2% de la superficie de la planète, elle a invité à mieux tirer parti des avantages des TIC sur le plan économique.  Mme Qureshi a expliqué que 1 000 connections au haut débit peuvent aboutir à la création de 40 emplois.  En outre, a-t-elle ajouté, doubler la vitesse du haut débit entraine une croissance du PNB de 0,3%.  Sur le plan de la sécurité, elle a expliqué qu’Ericsson veillait à prévoir des conditions d’utilisation très claires et à ne demander aux utilisateurs qu’un minimum d’efforts.  Nous faisons aussi en sorte de pouvoir détecter toutes les manipulations illégales de données sur les réseaux, a-t-elle ajouté.

Mme LYNN ST. AMOUR, Présidente et Directrice générale d’« Internet Matters », une entreprise de consultation sur les questions relatives à l’Internet, a souligné que si le monde compte 3 milliards d’utilisateurs de l’Internet aujourd’hui, on semble trop souvent oublier que 4 milliards de personnes n’y ont pas accès.  Elle a déclaré que personne ne doit être laissé-pour-compte en matière d’accès à l’Internet, et qu’un effort mondial est nécessaire pour résoudre ce problème.  Elle a ensuite noté que grâce à la révolution numérique, la manière dont est conduite la résolution des problèmes mondiaux a connu des modifications, et qu’il est désormais important de penser sérieusement aux questions relatives à la sécurité de l’Internet.  Elle a estimé que 85% des intrusions de pirates informatiques sont évitables si les utilisateurs tiennent compte de certaines mesures de sécurité élémentaires, par exemple en procédant au cryptage des données qui sont échangées à travers l’Internet.

Mme St. Amour a ajouté qu’aucune région du monde n’est à l’abri du piratage informatique, et elle a souhaité que les gouvernements tiennent compte de la nature privée et transfrontalière de l’Internet dans la préoccupation légitime qu’ils éprouvent concernant la défense de leur territoire national.  Elle a ainsi plaidé pour l’établissement, à l’échelle internationale, d’une compréhension commune du concept de cyber criminalité.  Elle a en outre préconisé que des efforts soient déployés en matière de renforcement des capacités des utilisateurs de l’Internet en matière de sécurité.  Plaidant ensuite pour que l’Internet reste ouvert et inclusif, Mme St. Amour a appelé à de la patience, afin que les États puissent trouver des compromis nécessaires leur permettant de parvenir à l’adoption d’une jurisprudence internationale reconnue et acceptée universellement en matière de sécurité de l’Internet.

M. HAMADOUN TOURÉ, Secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications (UIT), a rappelé que les technologies de l’information et des communications (TIC) n’avaient même pas été mentionnées dans les OMD.  Il a estimé que les TIC représentent un instrument utile pour atteindre rapidement les objectifs du développement durable (ODD) dont la communauté internationale est en voie de se doter.  Il a par ailleurs noté que la protection des enfants sur la toile est un défi de grande importance à relever, car ils en sont les utilisateurs les plus vulnérables.

M. Touré a ensuite déclaré qu’au sein du système des Nations Unies, l’UIT était chargée de la coordination des questions liées à la lutte contre la cybercriminalité et en vue de sécuriser l’Internet et, qu’à cet effet, elle préparait un rapport sur la cybercriminalité.  Il a rappelé qu’une réunion ministérielle de l’UIT sur les TIC, tenue en octobre dernier à Busan, en République de Corée, avait adopté la « Vision 2020 », un programme mondial censé conduire le monde de la société de l’information vers une société de la connaissance à l’horizon 2020.  Pour y parvenir, il a prôné l’amélioration de l’accès aux larges bandes passantes, et le renforcement des partenariats pour l’innovation technologique.  Il a enfin noté que les États Membres avaient reconnu, à Busan, que les TIC étaient d’une importance majeure pour la réalisation du programme de développement pour l’après-2015, précisant aussi que l’élimination de la pauvreté passe également par une mise à contribution des TIC dans les programmes menés à cet effet.

Discussion

« Comment les TIC peuvent-ils protéger l’environnement? », a demandé le représentant de la République islamique d’Iran en lançant le débat avec les panélistes pour une discussion qui a couvert tant les avantages des TIC que les risques qu’elles posent.

La responsable du Groupe Ericsson a expliqué que le domaine de l’énergie était celui où l’on pouvait utiliser le plus les TIC.  Réduire la circulation des véhicules à moteur et la consommation d’électricité dans les villes est l’un des principaux objectifs à atteindre, a-t-elle ajouté.  Elle a mentionné l’effet boule de neige que peuvent avoir de telles mesures, qui incitent les utilisateurs à faire leur part d’efforts pour économiser l’énergie.  Le Secrétaire général de l’IUT a aussi mentionné les vidéoconférences, qui permettent d’économiser des transports et de la pollution.

La représentante de l’Azerbaïdjan a exposé les réalisations de son pays dans le domaine des TIC.  Elle a ainsi parlé de « l’autoroute de l’information » créée dans sa région pour relier son pays à ses voisins, qui passe par la conclusion d’une alliance pour l’accès au haut débit.  En outre, a ajouté la représentante, une autoroute informatique va être construite pour relier Frankfort à Hong Kong.  L’Azerbaïdjan est l’un des pays les plus connectés du monde, a reconnu le Secrétaire général de l’IUT en saluant l’autoroute de l’information qui relie l’Europe et l’Asie.

Le modérateur de la table ronde a ensuite orienté la discussion sur la sécurité des échanges effectués grâce aux TIC et notamment sur le problème de la collecte des données des utilisateurs d’Internet par des agences et acteurs étatiques.  Il a souligné que les entreprises privées peuvent aussi utiliser les données qu’elles recueillent dans le cadre des échanges en ligne opérés par les utilisateurs du Web, dont les habitudes peuvent être suivies à la trace en se servant de leur « empreinte numérique ».

La responsable du Groupe Ericsson a rappelé que cette société adopte des normes de sécurité standard pour les produits qu’elle lance sur le marché.  Beaucoup de données sont stockées, mais c’est en général pour les protéger, a-t-elle expliqué.  Elle a précisé que le cryptage doit garantir la vie privée et éviter le piratage.  Le représentant du Brésil est intervenu sur ce sujet pour demander de renforcer la confiance au-delà des structures de gouvernance, qui ne sont pas toujours fiables.

« Il faut également éduquer les utilisateurs », a remarqué le Secrétaire général de l’IUT en insistant sur une éducation dès l’enfance.  Il a aussi prôné l’adoption de cadres juridiques, qui pénalisent les infractions, ainsi que celle d’un cadre technique.  La coordination et l’harmonisation des règles nationales et régionales sont d’autres facteurs de réussite en matière de sécurité, a-t-il ajouté en invitant aussi à mettre en place un cadre international de coopération.  « S’il y a une cyberguerre, il faudra arriver à imposer une cyberpaix », a-t-il lancé.  « S’il faut 10 ans pour arriver à un traité, commençons dès maintenant! », a-t-il recommandé.

La Présidente d’« Internet Matters » a confirmé qu’il fallait adopter une attitude responsable, en tant qu’utilisateur, pour éviter autant que possible les problèmes de sécurité.  Pour la représentante de l’Allemagne, la responsabilité du fournisseur d’accès est toutefois grande, et il doit offrir plusieurs options aux utilisateurs dans ce domaine.

Les panélistes ont aussi répondu à des questions posées par des participants à distance, notamment sur le rôle du gouvernement dans la protection des citoyens en ligne et sur les types de coopération nécessaires.  La Présidente d’« Internet Matters » a répondu à ces questions en insistant sur la participation des citoyens aux réponses et solutions à fournir.  De son côté, la responsable du Groupe Ericsson a plaidé en faveur d’une collaboration non seulement entre secteur privé et public, mais aussi entre pays.

Le Secrétaire général de l’IUT a parlé à cette occasion de l’initiative de protection des enfants qu’il avait lancée; elle s’inscrit un domaine qui rassemble tout le monde, car un crime à l’égard des enfants est toujours reconnu comme tel et est inacceptable.  Il y a cependant d’autres domaines où la coopération est plus difficile à établir, car les infractions ne sont pas punies de la même façon selon les pays.

Sur la question du coût que l’utilisateur est prêt à payer pour garantir sa cybersécurité, la Présidente d’« Internet Matters » a comparé la nécessité d’une règlementation draconienne compatible avec ce qui est accepté sur le plan social.  Il faut aussi s’interroger sur les mises à jour des appareils utilisés, a-t-elle recommandé. 

La responsable du Groupe Ericsson a expliqué que son entreprise évaluait régulièrement les risques pour s’autoréguler.  « Pourquoi devrais-je payer pour que ma sécurité soit assurée? », a demandé pour sa part le Secrétaire général de l’IUT en prévenant des risques d’inégalités entre les citoyens des pays en développement et ceux qui peuvent assumer le coût de la cybersécurité, si celle-ci est payante.

Questions relatives à l’économie et à l’environnement: administration publique et développement (E/2014/44, E/2014/L.30/Rev.1 et E/2014/L.31)

En fin de réunion, l’ECOSOC a adopté, sans vote, le projet de résolution intitulé « Rapport du Comité d’experts de l’administration publique sur les travaux de sa treizième session » (E/2014/L.30/Rev.1).  Aux termes de ce texte, l’ECOSOC prie le Comité d’experts de l’administration publique d’examiner, à ses quatorzième et quinzième sessions, en 2015 et 2016, les questions nouvelles de l’administration publique liées aux grands thèmes annuels et aux débats du Conseil économique et social consacrés à l’intégration, et d’aider comme il conviendra à l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.  Par ce texte, le Conseil réaffirme en outre la nécessité d’utiliser efficacement l’informatique pour concevoir, planifier, fournir et contrôler des services publics qui soient réceptifs aux priorités et aux besoins internationaux, nationaux et locaux.

L’ECOSOC a aussi adopté sans vote un projet de décision intitulé « lieu, dates et ordre du jour provisoire de la quatorzième session du Comité d’experts de l’administration publique » (E/2014/L.31).  Aux termes de ce texte, l’ECOSOC décide que la quatorzième session du Comité d’experts de l’administration publique se tiendra au Siège de l’Organisation des Nations Unies, à New York, du 20 au 24 avril 2015.  Le Conseil approuve également l’ordre du jour provisoire de la quatorzième session du Comité d’experts de l’administration publique.

Par ces deux adoptions, l’ECOSOC a ainsi conclu l’examen des questions relatives à sa session de 2014.

Adoption de l’ordre du jour et autres questions d’organisation (E/2015/L.2) 

L’ECOSOC a par ailleurs adopté sans vote le projet de décision intitulé « thème du débat thématique de 2015 du Conseil économique et social » (E/2015/L.2).  Par ce texte, l’ECOSOC décide que le thème du débat thématique de 2015 sera le suivant: « Création d’institutions et renforcement de celles qui existent en vue de l’intégration des politiques après 2015 ».  En adoptant ce texte, l’ECOSOC a également décidé que le débat thématique se déroulera pendant son débat de haut niveau qui se tiendra du 6 au 10 juillet 2015.

 

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