Conférence de presse à l’occasion du vingtième anniversaire du génocide rwandais
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CONFÉRENCE DE PRESSE À L’OCCASION DU VINGTIÈME ANNIVERSAIRE DU GÉNOCIDE RWANDAIS
Le Représentant permanent du Rwanda a voulu que la commémoration du vingtième anniversaire du génocide rwandais, lancée à Kigali le 7 janvier dernier, soit l’occasion « de se rappeler des vies perdues, de faire preuve de solidarité avec les survivants et de jurer que de tels crimes ne se reproduiront nulle part dans le monde ».
M.Eugène-Richard Gasana a donné sa conférence de presse aujourd’hui au Siège de l’ONU à New York, en prévision du débat qui doit se tenir demain sur le thème « Génocide: Un crime évitable – Comprendre les mécanismes d’alerte rapide aux atrocités de masse ». Le Représentant rwandais était accompagné de M. Simon Adams, Directeur exécutif du Centre mondial pour la responsabilité de protéger, et du général Roméo Dallaire, Commandant de la force de la Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR) en 1994, soit pendant le génocide qui a eu lieu du mois d’avril au mois de juillet.
Demain, a prévenu le général Dallaire, il s’agira de comprendre pourquoi on n’a pas agi au Rwanda malgré le fax du 11 janvier 1994 sur l’imminence d’un génocide. Demain, a insisté l’ancien militaire canadien, « marquera le vingtième anniversaire du jour où 191 États Membres ont décidé de tourner le dos au Rwanda, provoquant l’extermination de 700 000 des 1,2 million de Tutsis rwandais ».
Le général a jugé facile d’incriminer le Secrétaire général de l’époque et le Secrétariat de l’ONU. Il a rappelé le refus des États d’intervenir par peur de créer « un deuxième Mogadiscio ». En 1993, une bataille meurtrière dans la capitale somalienne a été marquée par la diffusion sur toutes les chaînes de télévision d’images de corps de soldats américains traînés dans les rues de la ville.
« Nous devons maintenant tirer les leçons du passé pour progresser », a encouragé le général Dallaire. « C’est parce que nous avons appris du passé que nous voulons participer de toutes nos forces aux opérations de maintien de la paix », a renchéri le Représentant permanent du Rwanda.
Aujourd’hui, s’est impatienté le général Dallaire, « il y a encore trop de paroles, trop de papiers et trop peu d’actes ». Le nombre des Casques bleus sera toujours relatif si les mandats de leur mission restent à ce point restrictif qu’il condamne à l’inaction.
Le Représentant permanent du Rwanda a dénoncé le fait qu’après 13 ans d’existence et des milliards de dollars, la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo n’ait toujours rien fait contre les « forces génocidaires » des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
À des États pour lesquels « les intérêts politiques prédominent au détriment des intérêts humains », le général Dallaire a dit: il faut être prêt à verser du sang et pas seulement des larmes pour prévenir les atrocités et la dégradation d’une situation. Si, a-t-il estimé, des forces étaient intervenues en Lybie le premier jour de l’annonce du Président Mouammar Qadhafi « d’éradiquer les cafards » », le conflit n’aurait pas dégénéré. Il fallait, a insisté le général, intervenir tout de suite au sol, ce qui aurait stoppé l’arrivée de combattants étrangers et expérimentés dans l’art du chaos.
Le général a donc salué ce qui vient de se faire au Soudan du Sud où la rapidité avec laquelle on a envoyé des troupes d’autres missions a été « une révolution », une source de satisfaction qui montre que le Conseil de sécurité recherche une meilleure stratégie. Cette pratique doit être utilisée comme mesure de prévention, a-t-il conseillé. Il s’est aussi félicité de l’adoption, en 2005, de la notion de « Responsabilité de protéger (R2P) » qui invite à revoir les frontières de la souveraineté nationale.
Le Directeur exécutif du Centre mondial pour la responsabilité de protéger a appelé à des progrès dans l’application de cette notion. M. Simon Adams a demandé la création de points focaux dans tous les pays, la ratification universelle de toutes les Conventions sur la prévention des crimes et un soutien ferme aux États qui plaident pour que les membres permanents du Conseil de sécurité renoncent au droit veto dans les situations de génocide ou de crimes contre l’humanité.
Le Représentant du Rwanda a dénoncé « la partialité » de certains pays occidentaux qui laissent leurs tribunaux poursuivent des gens qui ont triomphé des génocidaires, des génocidaires dont un certain nombre circule toujours librement dans les villes européennes.
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