Commission du développement social: États, experts et ONG débattent de la manière de mieux intégrer les objectifs sociaux dans le développement durable
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Commission du développement social
Cinquantième et unième session
7e séance – matin
COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL: ÉTATS, EXPERTS ET ONG DÉBATTENT DE LA MANIÈRE
DE MIEUX INTÉGRER LES OBJECTIFS SOCIAUX DANS LE DÉVELOPPEMENT DURABLE
Plusieurs experts sont intervenus aujourd’hui au cours d’un échange organisé dans le cadre des travaux de la cinquante et unième session de la Commission du développement social (CDS) pour discuter d’une question nouvellement à son ordre du jour: « La dimension sociale du programme de développement mondial pour l’après-2015 ». Durant la table ronde tenue sur la question, des experts-panélistes, des représentants d’États Membres et d’organisations non gouvernementales ont insisté sur le bien-fondé de l’intégration d’une dimension sociale dans les programmes de développement nationaux ainsi que dans les actions menées aux niveaux régional et international.
Lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 », qui a eu lieu en juin 2012 à Rio de Janeiro, au Brésil, les dirigeants mondiaux ont demandé que soit renforcé le pilier social du développement durable, en même temps que le seront les deux autres piliers –économique et environnemental- de ce concept, a rappelé M. Carlos Enrique García González, modérateur des échanges de la table ronde.
La Directrice de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD), qui était la première experte-panéliste à prendre la parole au cours de la table ronde, a reconnu que « le pilier social du développement durable a souvent été négligé ». Elle a suggéré de ne plus percevoir les aspects sociaux du développement comme étant des « problèmes » qui concernent uniquement les « groupes marginalisés », mais plutôt de reconnaître le pouvoir de transformation des institutions sociales. Elle a apprécié que les participants à la Conférence Rio+20 aient cherché à examiner l’économie verte à la lumière des aspects sociaux, rappelant que, dans le passé, les risques climatiques, par exemple, ne faisaient pas partie des risques sociaux.
De manière concrète, un expert du Ministère de l’emploi et du bien-être social du Ghana, qui intervenait comme panéliste, a indiqué que son pays avait adopté une stratégie de développement social basée sur les droits de l’homme, afin de permettre à plus de personnes d’accéder aux fruits du développement social. « Il faut se concentrer sur les composantes droits de l’homme, égalité, et durabilité du Document final de la Conférence Rio+20, a indiqué un autre expert-panéliste, du Ministère des affaires étrangères de la Finlande. Allant dans le même sens, la représentante de l’Union européenne a invité à veiller à ce que le volet droits de l’homme soit dûment intégré dans l’Agenda pour le développement post-2015.
Cet Agenda pour le développement devra aussi prendre en compte la situation des groupes de personnes vulnérables, notamment les personnes handicapées et les personnes âgées, car elles sont souvent marginalisées et exclues des systèmes de protection, a observé le représentant du Togo. Le panéliste de la Finlande a salué, à cet égard, la création récente d’un fonds d’appui pour les personnes handicapées.
L’importance de la participation et de l’engagement de tous aux efforts entrepris en vue d’atteindre le développement durable a également été soulignée par le Directeur de la Division du développement durable au Département des affaires économiques et sociales à l’ONU (DAES). C’est un des messages de Rio+20, a-t-il rappelé, puisant dans l’expérience qu’il a personnellement acquise en tant que Secrétaire de la Conférence Rio+20 qui eu lieu au mois de juin 2012. Il a invité les États et toutes les autres parties à la promotion du développement durable, dont la définition des objectifs de développement de la période post-2015, à faire participer tous les groupes sociaux, notamment les autochtones, à leurs réflexions et actions.
En fin de réunion, l’expert de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a fortement mis l’accent sur la promotion de politiques visant la création d’emplois décents et facilitant l’accès à l’emploi, qui « doit être l’élément central de l’Agenda post-2015 ». Rappelant que des millions de personnes, dont un grand nombre de jeunes sont au chômage et ont, dans de très nombreux cas, abandonné tout espoir de trouver un emploi, il a déclaré que la création d’emplois incombe non seulement au secteur privé, mais aussi aux institutions financières internationales. Il a ensuite plaidé en faveur de politiques d’emploi « vertes », qui veillent à la protection des richesses naturelles et garantissent la sauvegarde de l’environnement.
La prochaine réunion de la Commission du développement durable aura lieu lundi, le 11 février, à partir de 10 heures.
SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
c) Questions nouvelles: la dimension sociale du programme de développement mondial pour l’après-2015 (E/CN.5/2013/11)
Table ronde sur « Questions nouvelles: la dimension sociale du programme de développement mondial pour l’après-2015 »
Prenant la parole pour ouvrir les débats de la table ronde sur la dimension sociale du programme de développement mondial pour l’après-2015, la Présidente de la Commission du développement social, Mme SEWA LAMSAL ADHIKARI, du Népal, a demandé aux panélistes et aux participants de souligner les synergies entre les dimensions sociales et environnementales du développement. Elle a encouragé les participants à partager les bonnes pratiques dans ces domaines.
M. CARLOS ENRIQUE GARCÍA GONZÁLEZ, Vice-Président de la Commission du développement social etmodérateur de la table ronde, a lancé un appel afin que les pauvres puissent se faire entendre et qu’ils bénéficient d’une protection sociale suffisante. Les défis sociaux sont énormes à l’heure actuelle, a-t-il souligné, demandant aux décideurs d’assumer la responsabilité qui leur incombe dans ce domaine. Lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 », les dirigeants mondiaux ont demandé que soit renforcé le pilier social du développement durable, en même temps que le seront les piliers économique et environnemental. Le Groupe de travail à composition non limitée chargé de travailler sur ces questions commencera à se réunir la semaine prochaine, a indiqué M. García González.
« Le pilier social du développement durable a souvent été négligé », a regretté Mme SARAH COOK, Directrice de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD), et qui était la première experte-panéliste à prendre la parole au cours de la table ronde. Elle a invité les États et les autres acteurs du développement socioéconomique à ne pas le séparer des autres piliers du développement durable, qui sont économique et environnemental, afin de pouvoir mieux intégrer les dimensions sociales dans les politiques. Elle a proposé de ne plus percevoir les aspects sociaux du développement comme étant des « problèmes » qui concernent uniquement les « groupes marginalisés », mais plutôt de reconnaître le pouvoir transformatif des institutions sociales. Nous ne devons pas ignorer les personnes prises de manière individuelle, mais nous devons aussi nous concentrer sur les institutions sociales afin de faire en sorte que celles-ci garantissent la protection des droits des individus. Cependant, a-t-elle prévenu, se concentrer davantage sur les processus sociaux que sur les pauvres pose aussi des problèmes. Cela oblige à prendre en compte des réalités difficiles et à laisser la porte ouverte à des contestations. Ce processus peut être imprévisible, voire même destructeur, a-t-elle ajouté.
Créé il y a exactement 50 ans, l’UNRISD a été conçu pour pallier une conception du développement qui n’arrivait pas à trouver des réponses aux questions sociales, a expliqué Mme Cook. L’idée était aussi d’utiliser la recherche, c’est-à-dire les nouvelles technologies et les indicateurs, pour mieux informer les commissions régionales et les instances spécialisées de l’ONU, ainsi que les gouvernements nationaux. Dans les années 1990, les concepts d’autonomisation, de participation, de parité et d’inclusion sociale ont commencé à faire partie de la discussion, même s’ils étaient contestés, a rappelé Mme Cook. En ce qui concerne les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), adoptés en 2000, elle a estimé qu’ils suivent une approche assez prudente du développement social, qui renforce la séparation et donc la marginalisation des questions sociales par rapport au courant principal des idées et des mesures préconisées pour le développement et la croissance économique.
Mme Cook a constaté que, dans les relations entre développement économique et environnement, des solutions à caractère économique sont maintenant appliquées à des problèmes de type climatique. Elle s’est donc demandée pourquoi on ne pouvait pas aborder les problèmes économiques et environnementaux actuels à la lumière de l’aspect social. À Rio+20, nous avons identifié les moyens d’examiner l’économie verte à la lumière des aspects sociaux, a-t-elle rappelé. Elle a conclu son intervention en lançant un appel pour que les questions sociales soient mises au centre des cadres de politiques pour arriver à formuler de meilleures politiques de développement.
M. TIMO VOIPIO, Conseiller hors classe pour les questions de politique sociale et de travail décent auprès du Département des politiques du développement du Ministère des affaires étrangères de la Finlande, a insisté sur la nécessité de se concentrer sur les composantes droits de l’homme, égalité, et durabilité du Document final de la Conférence Rio+20. Il a ensuite affirmé que même quand ils ont été atteints, les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) n’avaient pas réussi à combler les inégalités, ni même à prendre en compte la question du handicap.
M. Voipio a estimé que la protection sociale est une condition à réaliser et qu’elle est nécessaire pour assurer la participation de tous au développement des sociétés. Il a expliqué que cette protection comporte une composante croissance économique et une composante droits de l’homme, pour ensuite insister que la nécessité, pour chaque société, de trouver et établir des conditions qui encouragent la prise de décisions et l’entrepreneuriat et favorisent la mobilité sociale, est indispensable. Il faut instaurer dans chaque pays un socle de protection sociale qui puisse assurer la prestation et l’octroi de services de base aux populations et aux personnes et leur garantir une forme de sécurité en ce qui concerne leur revenu, a-t-il préconisé.
Le panéliste a ensuite dénoncé l’insuffisance des progrès accomplis en matière de lutte contre la pauvreté et a estimé que si des progrès notables sont réalisés en la matière, on pourrait alors espérer avoir une croissance véritablement durable. « Il faut sortir des sentiers battus et penser de manière novatrice; et réfléchir à d’autres moyens de financer la protection sociale à l’avenir», a lancé M. Voipio qui a notamment suggéré la création d’un fonds mondial de protection sociale financé grâce à des taxes sur les billets d’avion.
Le panéliste a également commenté le fait que nombre de gouvernements craignent que l’instauration d’une véritable politique sociale n’entraîne des dépenses trop importantes. Il est important, a-t-il reconnu de faire en sorte que les pays pauvres puissent demander de l’aide pour promouvoir la protection sociale de leurs populations comme ils le font pour la construction de routes, par exemple. Il a ensuite indiqué que l’Union européenne engage actuellement ses États membres à intégrer la protection sociale dans leurs politiques d’assistance au développement. Le panéliste a également préconisé la création d’équipes spéciales interministérielles et la réforme des systèmes de subventions régressifs, notamment les subventions versées à l’usage des carburants d’origine fossile qui, a-t-il fait observer, peuvent coûter très cher. Les envois de fonds que font les migrants vers les pays d’origine ne seront jamais à eux seuls suffisants pour assurer le bien-être de leurs familles, a-t-il par ailleurs ajouté. Il est donc nécessaire de reconnaître enfin les contributions que localement font les femmes, qui s’occupent des familles, et le rôle important que jouent les travailleurs sociaux à l’échelle des pays, a préconisé M. Voipio.
M. MAWUTOR ABLO, Directeur de la division de la protection sociale au Ministère de l’emploi et du bien-être social du Ghana, a souligné combien la protection sociale donne de l’autonomie aux pauvres et les invite à prendre des risques, ce qui peut les faire sortir du cycle de la pauvreté. Il a parlé des difficultés qui restent à surmonter sur cette voie et a souligné les grandes inégalités qui existent entre les différentes régions du monde, appelant à les résorber. Au Ghana, a-t-il dit, le taux de pauvreté est passé de 52% en 1991 à 28% en 2006, et le taux de pauvreté extrême a lui aussi connu une chute notable. Des progrès ont été accomplis notamment dans l’accès à l’éducation et à l’eau potable, a-t-il indiqué. M. Ablo a cependant reconnu qu’il y avait des différences entre le nord du pays, recouvert par la savane, et le sud, plus forestier. Il a déclaré que les activités économiques menées dans les régions pauvres ne contribuent pas forcément à y stimuler la croissance. Les régions les plus pauvres n’ont pas accès aux moyens qui leur permettraient d’améliorer leur situation, a-t-il constaté.
M. Ablo a indiqué que le Ghana a adopté une stratégie de développement social basée sur les droits de l’homme, afin de permettre à plus de personnes d’accéder aux fruits du développement social. Des ressources supplémentaires ont été investies dans le domaine social, notamment pour l’éducation, en vue d’en faire bénéficier au maximum les plus pauvres. Il existe aussi au Ghana une agence qui offre des services de soutien aux demandeurs d’emploi, a ajouté M. Ablo. D’autre part, plusieurs ministères ont mis au point un mécanisme commun pour cibler et identifier les bénéficiaires des services mis en place, a poursuivi M. Ablo. Il a aussi signalé l’existence d’un groupe de travail sur l’exclusion, et la création d’un nouveau ministère qui se consacre aux questions relatives à la promotion de l’égalité homme-femme, à la protection sociale, et aux enfants. Le Gouvernement favorise aussi la création de microentreprises. Les efforts menés doivent être renforcés aux niveaux régional et international, a ajouté M. Ablo. Les ministères du développement social des États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) insistent d’ailleurs sur la nécessité de mettre plus de ressources au service de la protection sociale, et ils sont d’accord qu’il faut aussi partager nos bonnes pratiques dans ce domaine, comme cela se fait en Amérique latine.
Débat interactif avec les délégations
Comment rétablir le pilier social, trop souvent négligé, du développement durable? C’est la question principale à laquelle se sont efforcées de répondre les délégations qui ont pris part à cette table ronde.
Dans un premier temps, la représentante de l’Irlande a estimé nécessaire d’intégrer l’adaptation aux changements climatiques dans l’élaboration des politiques de protection sociale des pays. « Comment pourrait-on produire des données plus objectives afin de fusionner ces deux domaines? » s’est-elle interrogée.
La panéliste représentant l’UNRISD a fait observer que dans le passé les risques climatiques ne faisaient pas partie de la catégorie des risques sociaux. Nous ne sommes qu’au début de l’examen de cette question, a-t-elle indiqué. M. Voipio, panéliste de la Finlande, a indiqué que du fait de leurs conditions de vie et de leur grande vulnérabilité, les pauvres ont souvent des seuils de tolérance très faibles face aux effets des changements climatiques. Une bonne politique de protection sociale permettrait de changer cette situation et pourrait leur donner plus d’opportunités leur permettant de prendre les risques qui favorisent la mobilité sociale. M. Voipio a par ailleurs estimé qu’en cas de catastrophe naturelle, on pourrait envisager de renforcer les fonds et les structures de protection sociale mis en place par les pays en développement, grâce aux appuis financiers que pourraient leur fournir les partenaires au développement.
« Il vaut mieux voir les choses de ses propres yeux, au lieu d’attendre qu’elles vous soient racontées », a déclaré M. Ablo, le panéliste représentant le Gouvernement du Ghana, qui a souligné combien il est nécessaire que les responsables et décideurs puissent se rendre compte, sur le terrain, des conditions de mise en œuvre et de la possible réussite des programmes sociaux lancés par certains gouvernements et organisations en faveur des pauvres pour les aider à faire face aux effets des catastrophes.
La représentante du Libéria a voulu savoir si les revenus pétroliers dont jouit depuis un certain temps le Ghana avaient eu un impact sur les programmes de protection sociale du Gouvernement ghanéen. M. Ablo, panéliste du Ghana, lui a répondu en indiquant que les revenus générés par l’exploitation du pétrole sont versées dans le budget national. Mais on ne peut pas, à l’heure actuelle, dire avec certitude à quel niveau ils contribuent au renforcement du financement de la politique sociale mise en place par le Gouvernement.
Le représentant du Togo a fait observer que certains groupes vulnérables, notamment les personnes handicapées et les personnes âgées, sont souvent exclues des systèmes de protection préconisés ou mis en place avec le soutien de l’ONU. L’Agenda pour le développement post-2015 doit impérativement prendre en compte la situation de ces catégories de personnes, a-t-il préconisé.
Pour remédier à ce problème, M. Voipio, panéliste et Conseiller auprès du Ministère des affaires étrangères de la Finlande, a engagé les instances normatives à exercer des pressions sur toutes les agences onusiennes concernées. Il a ensuite salué la création récente d’un fonds d’appui pour les personnes handicapées.
« Devrait-on envisager et faire en sorte que l’Agenda pour le développement post-2015 compte des dispositifs précis qui permettraient de mieux cibler les groupes de personnes les plus vulnérables? » s’est interrogée à son tour la représentante de l’Union européenne. « Et comment pourrait-on veiller à ce que le volet relatif aux droits de l’homme y soit dûment intégré? » a-t-elle demandé.
Mme Cook, panéliste représentant l’UNRISD, a estimé que la définition d’objectifs très spécifiques pose de plus en plus de difficultés au niveau local. Il conviendrait de privilégier la souplesse à ce niveau, afin de pouvoir traiter au mieux le plus grand éventail possible de situations d’inégalités, a-t-elle préconisé, ajoutant qu’on a trop souvent tendance à traiter les symptômes alors que les causes sous-jacentes des problèmes restent négligées. Les pauvres ne deviennent pas pauvres et démunis en vase clos, a-t-elle fait remarquer. D’où la nécessité de trouver des solutions pour éliminer les causes ou les réalités qui sont à l’origine de la paupérisation de certains individus ou groupes de personnes, et qui favorisent la perpétuation de ce cycle.
M. Voipio, de la Finlande, a parlé de l’importance de garantir aux gens un accès à des soins de santé de qualité, à l’eau potable et à l’assainissement, entre autres. Il a également estimé que la question de l’inégalité doit être intégrée dans chaque objectif de l’Agenda pour le développement post-2015, dans le but de renforcer la cohésion sociale notamment. M. Ablo, du Ghana, a pour sa part relevé que l’on n’accorde pas suffisamment d’attention aux spécificités des différents groupes vulnérables. Les gouvernements doivent faire preuve de souplesse et d’ouverture d’esprit lors de l’identification des différents groupes vulnérables afin de définir des priorités cohérentes pour chacun d’eux.
« Conviendrait-il d’élaborer des objectifs communs mais différenciés? » a lancé à son tour la représentante de Cuba. Le panéliste de la Finlande lui a répondu et a insisté sur la nécessité de collecter, à l’échelle nationale, des données différenciées et ventilées.
Le représentant d’une ONG a voulu savoir par quels moyens la société civile pourrait s’assurer que la Commission du développement social veillera effectivement à ce que l’Agenda pour le développement post-2105 compte des mesures de création d’emplois pour tous. Car l’emploi semble être le facteur dont la résolution permettrait de trouver une réponse à la plupart des problèmes qui se posent en matière de bien-être social.
M. STEPHEN PURSEY, Directeur du Département de la politique d’intégration et Conseiller hors pair du Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a qualifié de « consternante » l’augmentation du chômage à l’échelle mondiale. Un très grand nombre de personnes ont perdu tout espoir de trouver un travail et ne sont même plus répertoriées en tant que chômeurs ou demandeurs d’emploi, s’est-il inquiété, pour ensuite préciser que de nombreux jeunes sont frappés par ce fléau et que la durée moyenne des périodes de chômage ne fait qu’augmenter. L’Agenda pour le développement post-2015 devra accorder une place notable au problème du chômage, a-t-il souligné. Il faut que la communauté internationale, les États, et tous les acteurs socioéconomiques et politiques tracent une nouvelle voie pour le développement, a-t-il insisté.
M. Pursey a ensuite invité les délégations à réfléchir à la structure d’ensemble du programme de développement post-2015 avant d’en définir les objectifs particuliers. Il a également évoqué l’interdépendance qui existe entre de nombreux secteurs et objectifs. Il a exhorté les délégations à privilégier une réflexion créative qui ne soit pas figée par des à priori. M. Pursey a estimé qu’il faut élaborer un cadre d’action suffisamment large à l’intérieur duquel puissent être menées des actions suffisamment spécifiques de façon à ce que chaque pays puisse s’y reconnaître et s’en accommoder. Les mesures adoptées sur le plan national doivent déboucher sur des progrès réels, a-t-il souligné.
Le panéliste a également souligné que l’accès à l’emploi doit être l’élément central de l’Agenda pour le développement post-2015. Il a ensuite abordé la question de l’instauration de socles de protection sociale, insistant notamment sur le fait que les actions menées dans ce domaine seront un élément crucial des investissements que seront amenés à faire les gouvernements à l’avenir. M. Pursey a par ailleurs signalé qu’outre le secteur privé, la création d’emplois incombe également aux institutions financières internationales. Il a également mis en exergue les liens qui existent entre l’emploi et la santé ainsi qu’entre le développement économique et l’existence et le bon fonctionnement des petites entreprises. Il a ensuite insisté sur l’importance d’investir dans les infrastructures. La cohérence des politiques de développement doit être abordée sous le prisme de l’emploi, a-t-il souligné. Il a ensuite plaidé pour le « verdissement » des politiques liées à l’emploi, afin que la création d’emplois se fasse en harmonie avec la protection des richesses naturelles et de l’environnement. Le dialogue et la coopération sont les seules énergies véritablement renouvelables dont nous disposions, a-t-il ajouté.
M. NIKHIL SETH, Directeur de la Division du développement durable au Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, qui a dirigé le Secrétariat de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 », a appelé les délégations à réfléchir de manière différente aux questions de développement. Il faut pour cela replacer l’être humain au centre de la réflexion visant la résolution des problèmes qui se posent à nous, a dit M. Seth. Il a souhaité que les discussions en cours permettent de parvenir à l’élaboration d’un document important, d’ici à 2015, pour définir les composantes et priorités du programme mondial de développement durable après cette date. Parmi les messages envoyés par la Conférence Rio+20, il a relayé celui qui insiste sur la mise en œuvre des programmes et politiques qui seront adoptés, car des résultats doivent être obtenus sur le terrain, comme cela a été promis. Il a aussi souligné l’importance de la participation et de l’engagement de tous les acteurs du développement à la définition et à la mise en œuvre des objectifs de développement durable. M. Seth a reconnu l’importance de la participation de tous les groupes sociaux, comme notamment les peuples autochtones ou les travailleurs. Le Document final de Rio+20 met aussi l’accent sur le travail décent, a-t-il rappelé. Il a également attiré l’attention sur les engagements pris envers la promotion de la protection sociale et l’amélioration de la qualité de la vie. En ce qui concerne la promotion de l’économie verte, il ne faut pas seulement viser l’efficacité, mais aussi « l’inclusivité », a-t-il dit. Nous devons maintenant élaborer un cadre transformatif, l’Agenda pour le développement post-2015, qui doit replacer tous les principes adoptés dans une réalité opérationnelle. Il a appelé la Commission du développement social à contribuer à ce processus.
À l’issue de ces deux dernières présentations, la représentante du Mexique a estimé nécessaire de prendre en compte la participation sociale lors de l’élaboration de l’Agenda pour le développement post-2015. Il faudra savoir comment véritablement aborder la question de l’inégalité, qui est souvent cachée par les rapports et statistiques, qui ne sont généralement présentés qu’en prenant pour base les moyennes nationales, a-t-elle souligné.
À son tour, le représentant de l’Italie a estimé que la dimension sociale ne figure pas suffisamment dans la Stratégie Europe 2020 de l’Union européenne. L’Europe fait face à une prolifération de mesures d’austérité, alors qu’il nous faut des mécanismes qui permettent d’évaluer l’impact des politiques mises en place sur le plan social, a-t-il noté. Il a également souligné la nécessité d’avoir une définition claire de la pauvreté et de prendre davantage en compte la question de l’évaluation.
À l’issue de ces deux interventions, M. Voipio, le panéliste de la Finlande, a estimé que les organes subsidiaires du Conseil économique et social (ECOSOC) devraient davantage coordonner leurs activités. M. Seth, du Département des affaires économiques et sociales, a soulevé la question de la promotion des infrastructures et de son intégration dans les structures de protection sociale, tandis que M. Ablo, du Ghana, a évoqué la nécessité d’élaborer des partenariats.
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