Commission du développement social: « l’autonomisation », qui fait de la personne humaine un acteur du développement, au centre des travaux de la session
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Commission du développement social
Cinquantième et unième session
3e & 4e séances – matin & après-midi
COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL: « L’AUTONOMISATION », QUI FAIT DE LA PERSONNE HUMAINE
UN ACTEUR DU DÉVELOPPEMENT, AU CENTRE DES TRAVAUX DE LA SESSION
La cinquante et unième session de la Commission
du développement social se tient du 6 au 15 février 2013 au Siège de l’ONU à New York
Ouverte ce matin au Siège des Nations Unies à New York, la cinquante et unième session de la Commission du développement social (CDS) examinera, au cours de ses huit journées de travaux, les moyens qui permettraient de donner aux individus toutes les chances de bénéficier du développement social. La session se tient sous le thème prioritaire de la « Promotion de l’autonomisation dans les domaines de l’élimination de la pauvreté, de l’intégration sociale, du plein emploi et du travail décent pour tous ».
Permettre aux individus d’être les agents des changements qui doivent leur offrir un avenir meilleur sera donc le mot d’ordre des travaux de la Commission du développement social, qui a commencé aujourd’hui à débattre de la question de l’autonomisation des personnes, « pour la première fois dans son histoire », a indiqué sa Présidente, Mme Sewa Lamsal Adhikari, du Népal. Cette session donnera aux délégations l’occasion d’examiner les stratégies dont l’adoption et la mise en œuvre seraient les plus susceptibles de promouvoir cette autonomisation, a espéré Mme Adhikari.
Les travaux de la Commission du développement social sont particulièrement importants dans le contexte de l’élaboration de l’Agenda pour le développement post-2015, qui débutera à l’expiration du temps imparti aux États et aux autres acteurs du développement pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a souligné la Présidente de la Commission. Au cours du débat général, qui a permis ce matin à 15 délégations de prendre la parole, la contribution des travaux de la CDS à l’élaboration du programme de développement post-2015 a été évoquée par plusieurs intervenants. À cet égard, le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Néstor Osorio, a souhaité que le développement social joue un rôle central dans la promotion du développement durable. À deux ans de la date butoir de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, éradiquer la pauvreté demeure le plus grand défi auquel doit faire face le monde, a averti le représentant de Fidji, qui prenait la parole au nom des États du Groupe des 77 et la Chine. Cette position a été reprise par son homologue de l’Indonésie, qui s’exprimait au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).
Dans son intervention, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo, a mis l’accent sur le fléau du chômage et a exhorté la Commission à réfléchir et à proposer des solutions concrètes à cette question. Intervenant au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), le représentant du Mozambique a concentré son intervention sur les mesures prises par les pays de cette région dans le but de favoriser la création d’emplois et d’activités génératrices de revenus, notamment au profit des jeunes.
De son côté, le représentant de Trinité-et-Tobago, qui intervenait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déclaré que les changements climatiques étaient l’obstacle principal qui se pose aux efforts déployés par les petits États insulaires en développement en matière de développement social. Dans ces pays insulaires, un seul évènement climatique a la capacité de détruire l’ensemble de l’économie, a-t-il fait remarquer. De son côté, la représentante de l’Irlande, parlant au nom de l’Union européenne, a demandé que soit accordée une attention particulière à l’autonomisation des femmes. « La personne humaine doit être placée au cœur de tout dispositif de développement », a résumé la Ministre des affaires sociales du Cameroun.
Éducation, création d’emplois, nécessité d’établir des socles de protection sociale: ces mêmes thèmes ont été abordés par les participants à la table ronde qui eu lieu cet après-midi, et au cours de laquelle les intervenants n’ont cessé de rappeler que pour espérer effectivement combattre la pauvreté, les individus doivent tout d’abord être mis dans une situation qui leur permette de faire de vrais choix. « L’autonomisation est un processus dynamique qui doit apporter une contribution concrète à l’évolution sociale et individuelle », a, à cet égard, expliqué la modératrice de la table ronde, Mme Kim Campbell, ancienne Premier Ministre du Canada.
La société civile contribuant aussi aux efforts d’autonomisation, le Forum de la société civile, qui s’est tenu hier, a demandé aux États et à tous les acteurs de la vie politique, sociale et économique de faire tomber les barrières qui retardent l’autonomisation des individus. Mme Margaret Mayce, Présidente du Comité des ONG pour le développement social, a présenté les conclusions du Forum et a plaidé en faveur d’un accès pour tous à la justice, au droit de propriété foncière, ainsi qu’aux libertés et aux droits acquis à la naissance. Dans la matinée, après avoir adopté l’ordre du jour provisoire* de sa cinquante et unième session, la Commission a organisé ses travaux.
La Commission était saisie de neuf rapports qui ont été présentés par Mme Wenyan Yang, de la Division des politiques sociales et du développement social au Département des affaires économiques et sociales (DAES).
Outre sa Présidente, le Bureau de la Commission est composé de quatre Vice-Présidents: Mme Larysa Belskaya (Bélarus), Mme Amira Fahmy (Égypte), Mme Julia Thallinger (Autriche) et M. Carlos Enrique García González (El Salvador). Aujourd’hui, la Commission a décidé que les fonctions de rapporteur seraient attribuées à Mme Fahmy.
La Commission du développement social poursuivra son débat général demain, jeudi 7 février, à partir de 10 heures.
* E/CN.5/2013/1
SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (E/CN.5/2013/2)
a) Thème prioritaire: promotion de l’autonomisation dans les domaines de l’élimination de la pauvreté, de l’intégration sociale, du plein emploi et du travail décent pour tous
b) Examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation de certains groupes sociaux (A/68/61–E/2013/3, E/CN.5/2013/6, E/CN.5/2013/7, E/CN.5/2013/8, E/CN.5/2013/9 et E/CN.5/2013/10)
i) Programme d’action mondial concernant les personnes handicapées
ii) Règles pour l’égalisation des chances des handicapés
iii) Programme d’action mondial pour la jeunesse
iv) Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement, 2002
V/ Questions, politiques et programmes relatifs à la famille
c) Questions nouvelles: la dimension sociale du programme de développement mondial pour l’après-2015 (E/CN.5/2013/11)
Documentation
Rapport du Secrétaire général sur « Les aspects sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique » (E/CN.5/2013/2)
Ce rapport fait état des véritables progrès qui se poursuivent en ce qui concerne les aspects sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), dans un contexte de croissance de l’économie africaine qui contribue au recul de la pauvreté, à la création d’emplois, et à l’accès à l’éducation et à la santé. Les investissements visant à améliorer la productivité agricole sont également en hausse dans certains pays, relève le Secrétaire général dans ce rapport. Mais la région continue cependant de pâtir de taux de chômage élevés, d’une pauvreté accablante et d’inégalités croissantes, note-t-il en constatant que des retards importants subsistent également dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
Le Secrétaire général note que le NEPAD améliore les perspectives d’élimination de la pauvreté, de création d’emplois et de cohésion sociale. Dans ce rapport, Ban Ki-moon fait un certain nombre de recommandations à la Commission du développement social (CDS). La première est d’encourager les pays africains à poursuivre les efforts en vue de réviser les politiques macroéconomiques afin qu’elles contribuent davantage à créer des emplois, éliminer la pauvreté et promouvoir des changements structurels. Ces pays devraient en priorité améliorer leurs capacités de production agricole, étant donné les conséquences directes que cela a sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la création d’emplois, le développement rural et l’autonomisation des femmes. Outre l’amélioration de la qualité de l’éducation, le Secrétaire général recommande aussi de mieux tirer parti de la transition démographique qui a lieu sur le continent, tout en adoptant une approche du développement axée sur les droits de l’homme. Des efforts doivent également être faits en vue de renforcer les systèmes de protection sociale, préconise-t-il.
En vue d’améliorer l’efficacité de l’action que le système des Nations Unies mène pour appuyer le NEPAD, le Secrétaire général recommande que les efforts déployés à l’échelle intergouvernementale en vue d’améliorer la cohérence et l’efficacité du système des Nations Unies ne remettent pas en question l’examen des aspects sociaux du NEPAD, ni les engagements qui ont été pris dans le passé lors des grands sommets et conférences organisés sous l’égide de l’ONU, et qui ont trait aux besoins du continent en matière de développement. Il faut aussi que le programme de développement de la période post-2015 tienne véritablement compte des priorités de l’Afrique en matière de développement social, souligne Ban Ki-moon. Le Secrétaire général recommande également de renforcer le secrétariat du Mécanisme de coordination régionale pour l’Afrique et ses groupes thématiques. Le système des Nations Unies devrait en outre apporter un appui direct plus important à l’Agence de planification et de coordination du NEPAD, préconise M. Ban.
Rapport du Secrétaire général (E/CN.5/2013/3)
Le thème prioritaire de la session d’examen et la session directive de 2013-2014 de la Commission du développement social étant: « Promouvoir l’autonomisation dans les domaines de l’élimination de la pauvreté, de l’intégration sociale, du plein emploi et d’un travail décent pour tous », le Secrétaire général présente dans ce rapport un plan d’action en faveur de l’autonomisation et du développement, en mettant l’accent sur la protection sociale.
L’autonomisation a été définie comme étant un processus de modification des rapports de force en place qui les fait évoluer vers une plus grande maîtrise des sources de pouvoir. L’autonomisation donne aux citoyens les moyens de mieux comprendre et maîtriser les différents enjeux personnels, sociaux, économiques et politiques, et leur permet ainsi d’agir à titre individuel et collectif, et de choisir qui ils veulent être en tant que personne et comment ils souhaitent agir, dans leur intérêt bien compris, en vue d’améliorer leurs propres conditions de vie. Une autre définition désigne l’autonomisation comme le processus de renforcement des capacités qu’ont des individus ou des groupes de faire des choix et de concrétiser ces choix par des actions leur permettant d’atteindre des résultats allant dans le sens souhaité.
Le Secrétaire général propose à la Commission du développement social (CDS) d’inviter les gouvernements à créer des institutions qui facilitent l’engagement et la participation de tous les citoyens, en particulier des personnes pauvres et des groupes défavorisés, à l’élaboration, à la mise en œuvre et à l’évaluation des politiques socioéconomiques, ou au renforcement de celles qui existent déjà. Il estime en outre que le plein emploi et un travail décent pour tous devraient être au cœur des mesures de lutte contre la pauvreté et d’intégration sociale, étant donné leur importance en matière d’autonomisation durable et de participation. Il recommande à cet égard d’adopter des politiques publiques qui encouragent l’investissement public et l’investissement privé dans l’infrastructure économique et sociale.
Le Secrétaire général recommande aussi aux gouvernements de mettre en place un socle national de protection sociale qui permette de prévenir efficacement la pauvreté et les inégalités. Il estime aussi que les stratégies d’autonomisation des femmes, des jeunes, des peuples autochtones, des personnes handicapées, des personnes âgées et d’autres groupes marginalisés devraient être considérées comme prioritaires. Ban Ki-moon encourage les gouvernements et leurs partenaires de développement à conclure des partenariats public-privé qui créent les conditions permettant aux pauvres de s’autonomiser et de tirer parti de leurs compétences et de leurs talents pour s’en sortir. Il formule aussi des recommandations ayant pour but de faciliter l’accès à un emploi décent, ainsi que l’accès à la justice et aux instruments juridiques. Les stratégies d’autonomisation doivent respecter la spécificité des situations nationales ou locales, recommande-t-il également.
Rapport du Secrétaire général sur la « Préparation et célébration du vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille en 2014 » (A/68/61–E/2013/3)
Ce rapport met l’accent sur les bonnes pratiques en matière d’élaboration de politiques de la famille visant à lutter contre la pauvreté des familles et l’exclusion sociale, à assurer l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale, et à favoriser l’intégration sociale et la solidarité entre les générations. Rappelant que le développement de politiques axées sur la famille doit faire partie intégrante de l’ensemble des activités de développement, le Secrétaire général examine dans ce document l’état des préparatifs du vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille, qui sera célébré en 2014, à tous les niveaux.
Le Secrétaire général souligne notamment que les politiques de la famille devraient permettre aux foyers familiaux d’opter pour différentes solutions et possibilités en fonction de leurs besoins et de leurs valeurs. En outre, ces politiques devraient être élaborées en collaboration avec les familles elles-mêmes. Étant donné que les politiques familiales sont de nature intersectorielle et qu’elles visent à autonomiser les familles et non à en assumer les fonctions, les familles, les organisations familiales et les acteurs de la société civile devraient coopérer à leur élaboration, à leur suivi et à leur mise en œuvre, préconise le Secrétaire général.
Dans ses recommandations, Ban Ki-moon propose à la Commission du développement social d’inviter les gouvernements à réduire la pauvreté des familles et à prévenir la transmission de la pauvreté d’une génération à l’autre en assurant des services appropriés aux familles, concernant notamment la protection sociale, les pensions de vieillesse, les prestations en espèces, l’aide au logement, les allocations familiales et les allégements fiscaux. Il suggère d’augmenter la durée et la flexibilité des congés parentaux, d’investir dans la garde et l’éducation des enfants en bas âge et d’améliorer l’accès aux modalités de travail aménagées conformément aux objectifs relatifs à un travail décent et à l’égalité entre les sexes. Ban Ki-moon fait d’autres recommandations en faveur de la solidarité intergénérationnelle.
En ce qui concerne les préparatifs et la célébration du vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille, le Secrétaire général encourage les gouvernements, les organismes des Nations Unies, les organisations de la société civile et les établissements universitaires à mettre en commun les bonnes pratiques et les données relatives à l’élaboration des politiques de la famille. Il propose aussi que les gouvernements envisagent la mise en place de partenariats avec les organisations de la société civile, les sociétés privées et les établissements universitaires pour favoriser l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation de politiques et de programmes axés sur la famille dans la perspective du vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille.
« Intégration de la question du handicap dans les programmes de développement d’ici à 2015 et au-delà » - Rapport du Secrétaire général (E/CN.5/2013/9)
Dans ce rapport, le Secrétaire général donne des exemples des progrès accomplis aux niveaux international, régional et national en ce qui concerne l’intégration de la question du handicap dans les cadres politiques aux fins d’un développement n’excluant personne. Il met également l’accent sur l’importance qu’il y a à mettre au point des stratégies de suivi pour accélérer l’intégration de la question du handicap dans le développement.
Le Secrétaire général estime notamment que le système des Nations Unies devrait adopter une approche coordonnée à l’application de tout document final que la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le handicap pourrait adopter.
Cette application pourrait inclure des stratégies nationales de suivi, qui pourraient mettre l’accent sur la responsabilisation; une gestion axée sur les résultats; et le suivi ainsi que l’évaluation et la création de capacités. Les stratégies nationales devraient inclure des objectifs clairs et quantifiables accompagnés d’indicateurs pour suivre les progrès accomplis dans la mise en œuvre de toute stratégie de suivi.
Le Secrétaire général estime également que le système des Nations Unies devrait soutenir l’application de tout document final que la Réunion de haut niveau pourrait adopter en le reflétant dans les programmes des Nations Unies exécutés au niveau des pays, en vue de promouvoir une programmation commune de l’intégration de la question du handicap en tant que question transversale de la promotion du développement.
En outre, les commissions et les organisations régionales devraient promouvoir l’application de tout document final que la Réunion du haut niveau pourrait adopter, et une réunion de suivi à la Réunion de haut niveau devrait inclure un examen périodique des progrès accomplis.
Dans ce rapport, le Secrétaire général estime aussi que le système des Nations Unies devrait contribuer des travaux d’analyse et fournir un soutien technique aux gouvernements en appuyant, notamment, l’amélioration des statistiques sur les personnes handicapées; en promouvant l’échange d’expériences et de bonnes pratiques nationales; en soutenant les efforts nationaux en faveur de l’intégration de la question du handicap dans les politiques et programmes de développement, ainsi que dans les programmes de sensibilisation et de création de capacités; et en mettant également l’accent sur la participation de la société civile à toutes les activités de suivi à la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le handicap et le développement et, enfin, en améliorant l’accessibilité dans tous les aspects des activités des Nations Unies.
Le Secrétaire général déclare que toutes les parties prenantes devraient continuer à renforcer la capacité des personnes handicapées en accordant une attention spéciale à l’engagement du secteur privé, et en encourageant les efforts en faveur de la création de possibilités d’emplois et d’entreprises qui tiennent compte des personnes handicapées.
Enfin, les organisations de la société civile, les milieux universitaires et d’autres parties prenantes qui ne se sont pas encore familiarisés avec la question du handicap sont encouragés à participer et à contribuer aux efforts des gouvernements, du système des Nations Unies et des organisations de personnes handicapées en ce qui concerne l’intégration d’une démarche soucieuse de la question du handicap et de l’autonomisation des personnes handicapées dans les programmes d’action pour le développement et dans tous les aspects du processus de développement.
« Suivi de l’application des Règles pour l’égalisation des chances des handicapés » - Rapport du Rapporteur de la Commission du développement social spécial chargé d’étudier la situation des handicapés (E/CN.5/2013/10)
Dans ce rapport annuel, le Rapporteur passe en revue les activités qu’il a menées au cours de l’année écoulée dans le cadre de l’exécution de son mandat.
Il dit être encouragé par le fait que la communauté mondiale prend de plus en plus conscience des besoins et des droits des personnes handicapées, précisant notamment qu’en Afrique, les États membres de l’Union africaine, ainsi que ses partenaires, mettent au point de nouveaux moyens de répondre aux besoins des Africains handicapés.
Il rapporte également que les personnes handicapées espèrent réellement que la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale, qui se tiendra en septembre 2013, permettra concrètement de favoriser leur participation totale et effective au cadre de développement mondial pour 2015 et au-delà.
Le Rapporteur note toutefois que des difficultés persistent. La communauté des sourds continue de lutter, par exemple, pour l’établissement d’un enseignement dispensé dans leur propre langue, indique le Rapporteur. Il dit également être préoccupé par le fait que certains organes régionaux des Nations Unies n’ont pas de coordonnateur dans leurs organisations et leurs activités, et appelle à la mise en place d’une politique « claire », afin de garantir que tous les candidats admissibles à l’emploi, notamment les personnes handicapées, puissent être nommés à des postes relevant de différents organes des Nations Unies.
Parmi ses autres recommandations, il estime que les États Membres devraient être encouragés à prendre activement part à la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le handicap et le développement, prévue en 2013, et à s’assurer que non seulement les personnes handicapées et leurs organisations participent aux processus et consultations nationaux et régionaux qui les concernent, mais assistent aussi à la Réunion de haut niveau.
Le Rapporteur estime aussi que les États Membres et les spécialistes du développement comptant prendre part à la Réunion de haut niveau devraient s’attacher à combler les lacunes existantes en transposant leurs engagements en faveur des droits des personnes handicapées dans les politiques et activités de développement économique et social.
Les États Membres et les Nations Unies devraient également s’assurer, durant la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des dispositifs, plans et stratégies de préparation aux catastrophes et de leur prévention, que les points de vue, les besoins et les droits des personnes handicapées (dénombrées à plus d’un milliard) sont parfaitement pris en considération.
Les États Membres, les Nations Unies et les spécialistes du développement devraient aussi soutenir davantage les initiatives telles que le Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les handicapés et le nouveau Partenariat des Nations Unies pour la promotion des droits des personnes handicapées.
Il a appelle également les États Membres à reconnaître le droit des personnes sourdes d’utiliser le langage des signes, et appuyer le développement et la promotion de ce langage.
Ce rapport contient également une brève description des activités prévues par le Rapporteur pour 2013.
« Mise en œuvre du Programme d’action mondial pour la jeunesse » - Rapport du Secrétaire général (E/CN.5/2013/7)
Ce rapport donne un aperçu de l’expérience des pays, des enseignements tirés et des pratiques optimales face aux problèmes affectant la jeunesse, ainsi qu’une évaluation des programmes des Nations Unies concernant la jeunesse.
Il contient également des recommandations présentées par les États Membres, les entités des Nations Unies et les organisations de jeunes et d’aide à la jeunesse, qui portent sur la meilleure façon de relever les défis entravant l’épanouissement et la participation des jeunes, d’améliorer les programmes et structures des Nations Unies concernant la jeunesse, y compris leur cohérence, et d’évaluer les progrès faits dans ce domaine.
Dans ce document, le Secrétaire général rapporte, entre autres, que les États Membres ont souligné que le chômage des jeunes, la rareté d’emplois décents et les difficultés d’accès aux possibilités d’éducation représentaient des défis importants. Ils ont également attiré l’attention sur la nécessité de mettre en place des systèmes éducatifs adaptés aux besoins du marché du travail.
Il indique aussi que de nombreuses entités des Nations Unies ont considéré que les principaux obstacles aux activités des Nations Unies dans le domaine de l’épanouissement de la jeunesse étaient l’insuffisance des ressources financières et humaines et, partant, l’importance et l’incidence limitées des projets existants. Elles ont également souligné la nécessité de renforcer la coopération et la coordination entre toutes les parties prenantes et d’effectuer un plus grand nombre d’études et de recueillir davantage de données sur l’épanouissement de la jeunesse.
Rapport du Secrétaire général sur les indicateurs proposés aux fins du Programme d’action mondial pour la jeunesse (E/CN.5/2013/8)
En réponse à l’Assemblée générale qui a demandé au Secrétaire général de proposer un ensemble d’indicateurs associés au Programme d’action mondial pour la jeunesse et aux objectifs et cibles envisagés, en vue d’aider les États Membres à évaluer la situation des jeunes, le Secrétaire général présente dans ce rapport un certain nombre d’indicateurs élaborés par des experts nationaux. Ces indicateurs ont été conçus pour permettre l’utilisation pragmatique à court terme des sources de données nationales existantes, être précis, actualisés, exhaustifs et comparables, donner une image exacte des principales préoccupations actuelles en ce qui concerne le développement des jeunes et ne pas trop alourdir la charge que représente la communication de données pour les États Membres.
Les indicateurs proposés recouvrent les domaines suivants: éducation, emploi, pauvreté et faim, santé, toxicomanie et délinquance juvénile, mondialisation, technologies de l’information et de la communication, VIH/sida.
« Deuxième cycle d’examen et d’évaluation du Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement » - Rapport du Secrétaire général (E/CN.5/2013/6)
Le présent rapport décrit les grandes tendances et les obstacles qui persistent sur la voie de la mise en œuvre du Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement de 2002. Le deuxième cycle d’examen et d’évaluation a souligné plusieurs des défis importants rencontrés par les personnes âgées, que sont la discrimination fondée sur l’âge, les mauvais traitements et la violence, et l’accès à des services de santé adaptés à l’âge, aux systèmes de protection sociale et au marché du travail. Au vu des spécificités et des nuances régionales, le Secrétaire général suggère que les examens au niveau régional puissent fournir une base pour créer des cadres propres à la région, sur la base d’une coopération Sud-Sud et le partage de bonnes pratiques pour guider la mise en œuvre au niveau national.
Relevant des lacunes dans la mise en œuvre du Plan d’action international de Madrid, le Secrétaire général note que les recommandations adoptées par l’Assemblée générale et la Commission du développement social au cours des cinq dernières années ne semblent pas avoir eu de répercussions sur les efforts accomplis par les États Membres en vue de répondre aux problèmes liés au vieillissement.
Pour arriver à réaliser des progrès notables, le Secrétaire général recommande de renforcer considérablement les capacités nationales sur les problèmes liés à l’âge, en formant des partenariats solides avec les groupes de la société civile, dont les organisations de personnes âgées, le monde académique, les instituts de recherche, les organisations communautaires et le secteur privé. Ban Ki-moon invite aussi les États Membres et les Nations Unies à saisir l’occasion de l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015 pour placer la question du vieillissement à cet ordre du jour.
Il recommande d’identifier les problèmes et les approches faisant appel à une coordination à l’échelle du système, de prendre en compte les contributions d’autres commissions fonctionnelles concernées au Conseil économique et social, ainsi que de demander aux différentes entités du système des Nations Unies de communiquer leurs observations.
Le Secrétaire général propose plusieurs recommandations que pourrait formuler la Commission du développement social, notamment d’inviter les États Membres à fixer des repères temporels pour les mesures qu’ils vont adopter au niveau national, en tenant compte des lacunes et des priorités identifiées aux niveaux national et régional d’examen et d’évaluation, afin de renforcer la mise en œuvre. Les États Membres seraient aussi invités à former ou renforcer leurs partenariats avec des organisations de la société civile et des organisations de personnes âgées afin d’améliorer la formulation, la mise en œuvre et la surveillance de politiques en matière de vieillissement.
Déclarations liminaires
Mme SEWA LAMSAL ADHIKARI (Népal), Présidente de la Commission du développement social, a indiqué que l’année 2013 était particulièrement importante pour le travail de la Commission, du fait du déroulement simultané de plusieurs processus intergouvernementaux, à commencer par l’élaboration de l’Agenda pour le développement post-2015. Elle a signalé que les objectifs que s’est fixée la Commission en matière d’élimination de la pauvreté, d’intégration sociale et d’emploi productif pour tous demeurent toujours hors de portée. Alors que les barrières qui entravent la réalisation de ces objectifs ne cessent d’évoluer, nous devons en faire de même, a-t-elle préconisé.
Mme Adhikari a ensuite indiqué que cette cinquante et unième session, essentiellement consacrée à l’examen des programmes, sera l’occasion pour les délégations de se pencher sur les défis et les stratégies les plus susceptibles de promouvoir l’autonomisation des personnes. Le fruit des travaux accomplis permettra d’alimenter la session politique qui aura lieu l’an prochain.
Après avoir passé en revue les grandes lignes des travaux prévus au cours de la session actuelle, la Présidente a fait observer que la Commission débattra de la question de l’autonomisation des personnes pour la première fois dans son histoire. Elle a indiqué que dans le cadre de son travail de préparation, le Secrétariat de la Commission avait organisé une réunion d’experts, au cours de laquelle avait été soulignée la pertinence croissante que revêtent la gouvernance et les technologies de l’information et des communications (TIC) en matière d’autonomisation.
M. NÉSTOR OSORIO, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a déclaré que la Commission du développement social avait contribué au renforcement de la compréhension de la question du développement social au niveau international en attirant récemment l’attention sur l’élimination de la pauvreté, l’intégration sociale, l’emploi et le travail décents pour tous, la promotion du bien-être des personnes et des groupes les plus défavorisés. Votre travail, a ajouté M. Osorio en s’adressant aux délégations des États Membres et autres parties, démontre que sans développement social, il n’y a pas de développement. M. Osorio a également évoqué la récente crise économique et financière mondiale, faisant notamment observer que sans politiques et mécanismes idoines, les tensions sociales augmentent et érodent la cohésion sociale, qui est une condition essentielle pour la promotion du développement.
M. Osorio a aussi commenté la pertinence du thème choisi pour les travaux de la présente cinquante et unième session de la Commission du développement social, soulignant notamment que l’autonomisation est un des principaux moyens à mettre en œuvre pour réaliser le développement social. L’autonomisation des personnes doit néanmoins être appuyée par un environnement propice, a-t-il estimé.
Le Président de l’ECOSOC a ensuite fait observer que le Document final de la Conférence Rio+20, et l’approche de la date butoir de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avaient le développement durable comme ligne de mire. Or, a-t-il indiqué, le développement social doit jouer un rôle central dans la promotion du développement durable.
Poursuivant son intervention, M. Osorio a par ailleurs annoncé qu’en cette année 2013 l’examen ministériel annuel de l’ECOSOC sera consacré à la question intitulée: « La science, la technologie, l’innovation et le potentiel de la culture comme moyens de promouvoir le développement durable et réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement ». Il a aussi souligné que les technologies de l’information et des communications ont un rôle important à jouer en matière d’autonomisation des personnes et d’égalisation des perspectives qui peuvent leur être ouvertes.
M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que près de 200 millions de personnes en âge de travailler vivent sans emploi à travers le monde, ce chiffre étant en outre en constante augmentation. La crise de l’emploi frappe davantage les jeunes, a-t-il déploré, relevant que les jeunes chômeurs représentent 40% de la totalité des demandeurs d’emploi dans le monde. Et ce ne sont pas que des chiffres ou des statistiques, a-t-il noté, attirant l’attention sur les vies qui sont ainsi affectées et les chances qui sont perdues. Le Secrétaire général adjoint a exhorté la Commission du développement social à réfléchir à des solutions concrètes pour lutter contre le fléau du chômage.
La Commission examinera aussi ce qui a été fait pour mettre en œuvre les mesures prises par l’ONU en faveur des personnes handicapées, des personnes âgées et des jeunes, avant d’aborder les questions sociales relatives à la famille. La Commission abordera également les dimensions sociales du programme de développement mondial, sous le thème « Questions émergeantes », a-t-il relevé. M. Wu a souligné à cet égard le rôle important que joue la Commission. Le développement durable est l’élément central du programme de développement post-2015, a-t-il rappelé, avant de souligner les trois dimensions de ce développement (développement social, croissance économique et protection de l’environnement) qui doivent se renforcer mutuellement.
M. Wu a invité les participants aux travaux de cette cinquante et unième session de la Commission du développement social à ne pas s’arrêter à l’élaboration d’un programme de développement, mais à le mettre en œuvre en utilisant l’énergie de toutes les composantes de la communauté mondiale d’une manière inclusive. Ainsi, le Secrétaire général adjoint a demandé de continuer à intégrer les diverses parties prenantes, que ce soient des représentants d’États Membres, des membres de la société civile, des ONG ou des individus. Il a souligné à cet égard le thème de la session, qui est centré sur l’autonomisation, et qui invite à mieux investir dans les personnes, c’est-à dire dans l’emploi, la santé, la nutrition, l’éducation et la protection sociale. Les personnes autonomisées sont plus à même de saisir les opportunités qui s’offrent à elles, a-t-il expliqué. Ces personnes sont aussi mieux préparées à assumer leurs responsabilités civiques, notamment en faveur de la préservation de l’environnement.
Présentation des conclusions du Forum de la société civile
Mme MARGARET MAYCE, représentante de la Conférence des dirigeants dominicains, qui dirige le Comité des organisations non gouvernementales pour le développement social, a présenté un résumé des travaux du Forum de la société civile qui s’est tenu hier. « Comment se fait-il que les chances dont peuvent bénéficier les êtres humains soient si inégales? » a-t-elle lancé, soulignant la vulnérabilité des personnes les plus défavorisées aux catastrophes naturelles et aux chocs financiers. Notre objectif est de mettre un terme aux inégalités, a-t-elle assuré, en indiquant qu’il fallait combattre la fragmentation des efforts menés dans ce sens. Elle a aussi averti des risques d’une économie fondée sur la seule libre entreprise, faisant valoir qu’elle concentre la richesse entre les mains d’une minorité pendant que la majorité voit ses chances diminuer. La distribution du pouvoir est une des sources des inégalités, a-t-elle aussi relevé. Elle a demandé que l’on fasse tomber les barrières qui entravent l’accès aux services et aux programmes et qui retardent l’autonomisation des individus. Il faut donner aux gens l’accès à la justice, au droit de propriété foncière, ainsi qu’aux libertés et droits acquis à la naissance, a préconisé Mme Mayce. Elle a aussi plaidé en faveur d’une plus grande protection sociale et d’un meilleur accès à une éducation de qualité. Le transfert de technologies doit également être amélioré en faveur d’un plus grand accès des pauvres aux technologies de l’information et des communications.
La pénurie de ressources, la pauvreté et les conflits ont été exacerbés par des modes de consommation non viables, a-t-elle ajouté, souhaitant que des objectifs de consommation durables soient fixés. Les riches doivent consommer de manière durable, a-t-elle recommandé. Enfin, Mme Mayce a lancé un appel pour la mobilisation de ressources plus importantes dans la mise en œuvre des politiques de développement. Elle a aussi conseillé de réorienter les budgets militaires pour mieux répondre aux besoins vitaux des individus les plus vulnérables et assurer la survie de la planète. Toutes les sources de financement doivent répondre aux besoins les plus fondamentaux de la population du monde, a-t-elle dit en concluant son intervention.
Débat général
M. PETER THOMSON (de Fiji), a pris la parole au nom des États du Groupe des 77 et la Chine et a d’abord rappelé les contributions de la Commission dans l’orientation des politiques sociales afin de permettre aux pays d’offrir des opportunités à ceux qui sont marginalisés. Il a ajouté qu’à deux ans de la date butoir de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), éradiquer la pauvreté demeure le plus grand défi que doit affronter le monde. Mais la crise économique et financière mondiale n’a fait qu’aggraver le problème, a-t-il regretté. Le Groupe des 77 et la Chine soutient tous les efforts déployés pour atteindre ces objectifs fixés par les dirigeants du monde en faveur des populations et des personnes les plus pauvres et les plus vulnérables, et il recommande de veiller à ce que leurs besoins ne soient pas oubliés.
Le thème de cette session de la Commission du développement social (CDS) est « Promotion de l’autonomisation dans les domaines de l’élimination de la pauvreté, de l’intégration sociale, du plein emploi et du travail décent pour tous », a rappelé M. Thomson. Le Groupe des 77 et la Chine estime que ce thème fera en sorte que les politiques sociales soient maintenues au cœur de la promotion du développement au niveau international. Celle-ci doit être basée sur une politique orientée vers une action renforcée s’appuyant sur les trois piliers du développement durable. Un environnement favorable qui élargit les choix et permet la participation des populations et des personnes à la prise de décisions est en outre important, a souligné M. Thomson. Le Groupe des 77 et la Chine lance un appel pour l’établissement d’une synergie entre les politiques d’autonomisation, d’une part, les résultats des travaux qui sont en cours sur le pilier social de Rio+20, et la définition à venir des objectifs de développement de la période post-2015, d’autre part.
Les politiques macroéconomiques et sociales devraient donner la priorité à la création du plein emploi et d’un travail décent pour tous. Elles doivent fournir un cadre qui permettrait aux plus pauvres et aux plus vulnérables d’utiliser leurs compétences et leurs talents comme un moyen d’échapper au cercle vicieux de la pauvreté. Le Groupe des 77 et la Chine souligne que le renforcement du capital social dans les communautés pauvres doit être traité de manière adéquate. Ces réseaux formels et informels, ainsi que les stratégies sur lesquelles les pauvres et les plus vulnérables fondent leurs moyens de subsistance comprennent les connaissances et les pratiques indigènes que la plupart des communautés ont utilisées comme stratégies de survie depuis de nombreuses générations, fait remarquer M. Thomson. Les États du Groupe des 77 et la Chine mettent l’accent sur l’urgence d’adopter une méthode de recherche sociale inclusive et participative afin de s’assurer que la commercialisation des connaissances et des pratiques autochtones bénéficie d’une juste et équitable indemnisation. Ils insistent sur la nécessité de continuer à intégrer le développement durable à tous les niveaux, en intégrant les aspects économiques, sociaux et environnementaux, et la reconnaissance de leurs interconnexions afin de parvenir à un développement qui soit durable dans toutes ses dimensions.
Le Groupe des 77 et la Chine souligne la nécessité d’un partenariat renforcé et mondial pour l’éradication de la pauvreté, fondé sur la reconnaissance du leadership national et l’appropriation des stratégies de développement par chaque pays et société. La coopération internationale doit être renforcée, y compris le respect des engagements relatifs à l’aide au développement, qui ont été pris au niveau international; l’allégement de la dette; l’accès aux marchés; le renforcement des capacités et de la coopération technique, y compris le transfert de technologies. Le Groupe des 77 et la Chine estime que la réduction de la pauvreté exige une stratégie axée sur le développement donnant la priorité à la construction et au renforcement des infrastructures rurales, ainsi qu’au renforcement des revenus et des services de base. Le Groupe des 77 et la Chine tient à souligner l’importance d’éliminer les obstacles à l’exercice du droit qu’ont les peuples à l’autodétermination, en particulier les peuples vivant sous domination coloniale ou autre forme de domination ou d’occupation étrangère.
Mme ANNE ANDERSON (Irlande) a pris la parole au nom de l’Union européenne et a réitéré l’engagement de l’Europe dans la lutte contre la pauvreté, la promotion de l’autonomisation des peuples et des individus à travers notamment la Plateforme européenne contre la pauvreté et l’exclusion, qui fait partie de la Stratégie Europe 2020, qui vise elle-même à jeter les bases d’une reprise forte et équilibrée après la récente crise mondiale. « Nous devons combattre le chômage des jeunes », a déclaré Mme Anderson.
Les défis actuels ne peuvent être surmontés si on ne permet pas aux individus d’être les agents des changements qui doivent survenir dans leur propre existence. Une société dont les membres jouissent de toute leur autonomie, dans leur diversité, est nécessaire à la construction et à la marche de toute démocratie. L’autonomisation des individus est une ressource précieuse pour l’élaboration de politiques plus efficaces et équitables et apporte une contribution essentielle à la croissance inclusive et au développement durable. Une attention particulière doit être accordée à l’autonomisation des femmes, a à cet égard indiqué la représentante de l’Irlande au nom de l’Union européenne.
Mme Anderson a souligné l’importance d’adopter une approche de l’autonomisation basée sur la promotion et le respect des droits de l’homme, sur l’engagement citoyen et sur un partenariat inclusif permettant l’expression de toutes les parties prenantes. Elle a aussi mis en exergue le rôle que doivent jouer les syndicats, les organisations professionnelles et le dialogue social.
Elle a indiqué que la protection sociale est un droit essentiel permettant d’éradiquer la pauvreté, et a estimé qu’elle devrait être perçue comme étant « une infrastructure pour le développement humain sans laquelle une croissance économique durable et inclusive n’est pas possible ». Avant de conclure, Mme Anderson a déclaré que la communauté internationale devrait considérer les systèmes de protection sociale comme un investissement stratégique et non comme un prix trop lourd à payer. L’Union européenne trouve nécessaire d’intensifier les efforts allant dans le sens de la promotion des droits économiques, sociaux et culturels.
M. EDEN CHARLES (Trinité-et-Tobago), est intervenu au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et a déclaré que les changements climatiques demeurent le défi principal qui entrave les efforts déployés par les petits États insulaires en matière de développement social. Il a fait observer que contrairement aux pays ayant de plus grandes superficies territoriales où les aléas climatiques sont souvent limités à une zone précise, dans les petits États insulaires, un seul évènement climatique a la capacité de détruire l’ensemble de l’économie, provoquant, dans son sillage, une augmentation de la pauvreté et du chômage et la destruction des infrastructures.
Le représentant a également indiqué que les efforts déployés par les États membres de la CARICOM en matière de développement social sont souvent mis à mal par le fait que certains de leurs partenaires de développement n’honorent pas leurs obligations. Un de nos membres a même dû avoir recours au mécanisme de plainte de l’Organisation mondiale du Travail, a-t-il déploré. Il a également dénoncé l’impact négatif des subventions versées par les producteurs multinationaux de rhum sur la viabilité à long terme de l’industrie de la production du rhum dans les Caraïbes. Afin de pouvoir réaliser nos objectifs en matière de développement social dans les Caraïbes et dans les autres pays en développement, des économies viables et durables doivent pouvoir être promues dans nos pays sans qu’elles ne soient mises à mal par les pratiques injustes auxquelles ont recours des États plus riches et plus puissants. De telles pratiques sont contraires au droit au développement, a souligné M. Charles.
À l’instar du rapport du Secrétaire général, M. Charles a ensuite souligné l’importance du plein emploi. Il a également insisté sur l’importance d’élaborer des mesures de protection sociale pour les groupes de populations les plus vulnérables des Caraïbes. À cette fin, a-t-il ajouté, les gouvernements des Caraïbes ont adopté des initiatives censées fournir un cadre général pour l’intégration des OMD dans les politiques d’avancement social et économique. Il a précisé que cette question a notamment été débattue lors de la trente-troisième session des chefs de gouvernement de la CARICOM qui s’est déroulée à Sainte-Lucie au mois de juillet dernier. Le représentant de Trinité-et-Tobago a également indiqué que la vingt-troisième Réunion du Conseil ministériel de la CARICOM pour le développement social et humain, qui s’est tenue au mois de juillet au Guyana, avait débouché sur l’adoption du Plan d’action de la CARICOM pour le développement des jeunes, ceci dans le but de rendre opérationnelle la Déclaration de Paramaribo sur l’avenir des jeunes dans la Communauté des Caraïbes.
Intervenant au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a déclaré que la SADC restait engagée en faveur de la réalisation des objectifs de développement social, ceci conformément aux acquis du Sommet mondial pour le développement social de 1995, et aux recommandations de la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale et de la Déclaration du Millénaire du 8 septembre 2000. Il a expliqué que les États membres de la SADC ont adopté un certain nombre d’instruments aux niveaux national et régional, afin de promouvoir le progrès social, la justice, et de meilleures conditions de vie pour toutes les personnes. Il a salué les conclusions du rapport du Secrétaire général sur la « promotion de l’autonomisation dans les domaines de l’élimination de la pauvreté, de l’intégration sociale, du plein emploi et du travail décent pour tous ».
Illustrant les progrès accomplis par la SADC, M. Gumende a cité l’adoption en 2003 d’une Charte des droits fondamentaux et sociaux dans le but de parvenir à des relations de travail plus harmonieuses. Il a dit que cette Charte avait pour but de promouvoir la formulation et l’harmonisation de politiques et programmes juridiques, économiques et sociaux permettant de mieux favoriser la création d’emplois et d’activités génératrices de revenus. La Charte fournit un cadre de coopération au niveau régional pour la collecte et la dissémination d’informations relatives aux marchés de travail, à la promotion et à l’harmonisation des normes de sécurité sociales, de sécurité et de santé sur le lieu de travail, a précisé le représentant. Il a dit que la SADC considérait que le développement agricole et le développement rural étaient essentiels à la promotion de la croissance économique dans les zones rurales et pour garantir une sécurité alimentaire et l’existence de marchés plus résistants aux chocs.
Tout en soulignant les contraintes liées à la pauvreté de la région de l’Afrique australe, M. Gumende a mis l’accent sur les efforts faits par les pays de la SADC, notamment par le biais d’instruments juridiques, pour assurer aux travailleurs de meilleures conditions de travail à travers toute la région. Il s’est dit très inquiet de l’énorme taux de chômage qui existe dans la région, et notamment de celui des jeunes, qui sont obligés de chercher des emplois dans le secteur informel qui ne peut leur offrir que de très mauvaises conditions de travail et de salaires. Il a précisé que des stratégies nationales existaient dans certains pays de la SADC pour protéger ce segment de la population active qui ne bénéficie pas encore de cadre de protection.
M. YUSRA KHAN (Indonésie), intervenant au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a dit que le plus grand défi à relever en termes de développement reste celui de la réduction de la pauvreté. Il y a quelques points communs partagés entre les pays et les régions pour lesquels une politique mondiale serait d’une aide certaine, a dit M. Khan. Il a ajouté qu’il est important de coopérer pour permettre aux pays et aux différentes régions de créer des emplois, d’améliorer l’éducation et la santé de leurs peuples, de mettre en place un système de sécurité sociale y compris sous la forme de transferts d’argent liquide aux pauvres, et d’améliorer le climat des affaires en améliorant la connectivité et les infrastructures. La mise en œuvre de ces politiques peut permettre de réduire de manière significative l’écart entre les pays développés et les autres régions du monde, qui elles, sont désavantagées.
Les objectifs convenus au niveau international, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dont la réalisation doit prendre forme au plus tard en 2015, jouent également un rôle clef en fournissant une plateforme mondiale de lutte contre la pauvreté, le chômage et les inégalités sociales, a insisté M. Khan. De nombreux pays en développement ont fait des efforts pour réduire la pauvreté au niveau national. Néanmoins, l’un des défis qui persiste est celui posé par la nécessité de promouvoir encore plus le partenariat et la responsabilité mutuelle. L’un des OMD, en tant qu’objectif mondial, a été de faire en sorte que le système commercial multilatéral soit réellement universel, fondé sur des règles, ouvert, non discriminatoire et équitable, a rappelé M. Khan. Mais malheureusement, les inégalités dans le commerce et la finance internationale demeurent. Le résultat est que les pays en développement n’ont pas accès aux ressources qui leur sont nécessaires pour promouvoir une croissance équitable et le développement durable, a-t-il déploré.
S’agissant de l’ASEAN, le représentant a ajouté qu’elle accorde de l’importance au développement inclusif et global et y encourage la participation de tous les acteurs de l’économie. L’ASEAN s’est engagée à promouvoir un développement progressif, prospère et autonome des communautés rurales. La stratégie vise à permettre, au sein de l’ASEAN, le développement des ressources humaines. Elle s’appuie également sur l’esprit « l’ASEAN aide l’ASEAN », selon lequel nous partageons les expériences, les ressources et les formations, les meilleures pratiques, et l’information. Avant de conclure, M. Khan a indiqué que les groupes vulnérables constituent une question transversale dont l’existence et le traitement ont une influence sur d’autres priorités stratégiques, telle la promotion du développement durable. Lors de la réunion sur la protection sociale et le développement qui a eu lieu à Ha Noï, au Viet Nam au mois de septembre 2012, les États membres de l’ASEAN ont souligné la nécessité de renforcer, entre eux, la coopération et l’échange d’informations et d’expériences afin de pouvoir mieux répondre aux problèmes sociaux, en particulier ceux affectant les groupes défavorisés.
Mme HAJIYA ZAINAB MAINA, Ministre de la condition de la femme et du développement social du Nigéria, a indiqué que le Gouvernement nigérian avait mis en place des stratégies de promotion du bien-être des personnes handicapées et lancé à leur intention plusieurs programmes d’autonomisation et de formation. La rénovation et l’équipement de toutes les bibliothèques de livres en braille du pays est actuellement en cours, a-t-elle ajouté, et, sur le plan politique, des ateliers ont par ailleurs été organisés pour aider les personnes handicapées à participer aux élections.
La Ministre a également parlé du lancement d’une initiative de création d’emplois pour les jeunes et d’appui à l’entreprenariat des jeunes qui devrait, a-t-elle précisé, créer entre 80 000 et 110 000 emplois au cours des trois ans suivant sa mise en œuvre. L’Assemblée fédérale du Nigéria étudie par ailleurs un projet de politique sur l’octroi de services aux personnes âgées et, en 2012, les personnes âgées vivant dans la zone géopolitique du sud-est ont pu prendre part à des programmes de formation en matière de fabrication de tissu batik, de savon et de désinfectants, entre autres. Mme Maina a aussi indiqué que le Nigéria avait lancé un Programme national pour la promotion des soins et de l’intégration sociale des personnes et des familles désœuvrées qui met l’accent sur la création de revenus.
Mme CATHERINE BAKANG MBOCK, Ministre des affaires sociales du Cameroun, a souhaité que la personne humaine soit placée au cœur de tout dispositif de développement. Le Cameroun a l’ambition de devenir un pays émergent, démocratique et à visage humain, a-t-elle dit. Elle a cité le document stratégique adopté par son pays en faveur de la croissance et de l’emploi, qui illustre la direction que prend le Cameroun. Recensant les résultats de la politique sociale menée par le Gouvernement camerounais, la Ministre des affaires sociales a signalé un certain recul du chômage et l’amélioration des conditions de vie de la population. Le Cameroun a mis en place un processus de décentralisation administrative et un cadre normatif favorable aux investissements étrangers dans les secteurs énergétiques et miniers, qui devrait permettre la création de nombreux emplois pour les jeunes, a relevé Mme Bakang Mbock.
La Ministre des affaires sociales du Cameroun a aussi fait valoir les progrès accomplis par son pays dans le domaine de l’éducation, que ce soit en termes d’accès qu’en ce qui concerne la qualité. En matière de santé, elle a signalé l’augmentation du nombre et de la qualité des infrastructures de proximité et les efforts menés pour dispenser une éducation sur la santé sexuelle et reproductive dans les écoles. Elle a aussi mentionné la distribution gratuite de moustiquaires imprégnées qui se fait dans le cadre de la prévention du paludisme. Le Cameroun promeut par ailleurs une agriculture de deuxième génération, a indiqué la Ministre en parlant du très fort potentiel de production agricole de son pays. Parlant des actions menées par son département ministériel et ses services, elle a déclaré que des progrès notables ont été accomplis pour améliorer le soutien nutritionnel et psychosocial aux enfants orphelins du fait du sida. Mme Bakang Mbock a aussi parlé des efforts menés en faveur des personnes handicapées et des personnes âgées, ainsi que des mesures prises pour accorder la citoyenneté aux populations pygmées afin de mieux les intégrer dans la vie du pays. Nous avons aussi un fonds de soutien à la culture et un système de sécurité sociale qui sont accessibles à l’ensemble de la population. En 2012, près de 170 000 emplois ont été créés, a-t-elle aussi indiqué, signalant que les jeunes et autres personnes qui en ont besoin avaient désormais un meilleur accès à la formation professionnelle.
Mme HONORINE NZET BITEGHE, Ministre de la famille et des affaires sociales du Gabon, a souligné que l’autonomisation des individus doit être soutenue par des politiques nationales, régionales et internationales qui favorisent le renforcement des capacités et stimulent la participation des populations à la vie sociale. Elle a ensuite indiqué que depuis 2009, un des axes stratégiques du projet de société promu par le Président du Gabon porte sur la lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale. Elle a précisé qu’un nouveau régime juridique de mise en œuvre de l’aide sociale avait créé deux organes, à savoir l’Observatoire national de protection des droits de la famille, et le Fonds national d’aide sociale. Une Direction générale chargée de la promotion des associations du secteur de l’action sociale et de la famille a également été mise sur pied. Promouvoir l’autonomisation, c’est donner à chacun et à tous les outils et moyens adaptés à la situation qu’ils rencontrent, a souligné la Ministre.
Mme Biteghe a ensuite évoqué l’adoption par son gouvernement, en décembre 2012, d’un document de base devant asseoir une politique sociale plus équitable. Elle a également passé en revue différentes initiatives récentes qui viennent en appui de mécanismes plus anciens, notamment l’instauration, en 2010, d’un revenu minimum mensuel d’environ 315 dollars, le lancement, en 2009, d’un programme d’autonomisation des personnes handicapées, ainsi que le lancement, en 2008, de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale.
Mme MARIA SOLEDAD ARELLANO (Chili) a indiqué que, depuis 2010, son pays oriente ses politiques sociales vers l’autonomisation des personnes en leur offrant des chances et des garanties qui aboutissent à une bonne qualité de vie. Une « société d’opportunités » doit instaurer des conditions propices à la poursuite du bonheur, une société où chacun donne le meilleur de lui-même et bénéficie des garanties qu’offre une société basée sur la solidarité. On doit aboutir à une société qui respecte ses valeurs et offre une bonne qualité de vie, la famille en étant le principal pilier. Ce doit être une société où les femmes peuvent jouer un rôle moteur et où les enfants sont protégés. Le Chili s’est fixé sept objectifs allant dans ce sens, a indiqué la représentante, citant les efforts menés pour parvenir à une croissance économique durable, à la création d’emplois rémunérateurs, à un combat efficace contre la criminalité, à l’accès à une éducation de qualité, à l’amélioration de l’accès aux soins de santé, à l’élimination de l’extrême pauvreté et au renforcement de la démocratie.
Mme Arellano a fait part des progrès accomplis par le Chili, qui a connu une croissance moyenne de 6% depuis 2010. Mais, a-t-elle reconnu, 14,4% de la population reste dans la pauvreté et 2,8% dans l’extrême pauvreté. Le Chili a adopté en mai 2012 une loi qui offre des primes et des indemnités à environ 170 000 familles parmi les plus vulnérables. Bien que ce programme se concentre sur l’extrême pauvreté, il couvre environ 30% de la population et touche ainsi la classe moyenne. La représentante a en effet expliqué que le programme mis en place promeut l’emploi des femmes. Le Chili a d’ailleurs réalisé des progrès en termes d’emploi, avec 770 000 emplois créés en trois ans, tout en faisant ce qui est possible pour préserver la famille en garantissant des congés de maternité d’une durée allant de 3 à 6 mois. Mme Arellano a souligné que tous ces efforts du Gouvernement sont soutenus par une coopération avec le secteur privé et les organisations non gouvernementales.
Mme BLANCA LILIA GARCÍA LÓPEZ (Mexique) a expliqué que la politique sociale, économique et environnementale du Mexique vise à améliorer l’accès de sa population à l’éducation, à la santé, aux infrastructures sociales de base et à l’alimentation, en vue de donner aux individus plus de chances de vivre dans la dignité. L’objectif à atteindre est non seulement de soutenir les personnes dans le besoin, mais aussi de leur offrir une occasion de participer de manière productive à la croissance économique, c’est-à-dire de les autonomiser. Le Gouvernement mexicain a ainsi adopté une vision intégrale de la politique sociale, qui intègre différents aspects, comme les perspectives de la famille et une protection sociale minimum, a expliqué la représentante. La mise en place de cette politique passe par une démarche intersectorielle en faveur de la promotion de la parité hommes/femmes et qui lutte contre toutes formes de discrimination. La démarche adoptée régit également les normes d’obtention de la nationalité mexicaine.
Le Président du Mexique a lancé en janvier la « Croisade nationale contre la faim », qui cherche à garantir la sécurité alimentaire de 7,4 millions de Mexicains, a poursuivi la représentante. Cette initiative vise cinq objectifs reflétant les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et s’inscrit aussi dans la vision du « Défi Faim zéro » qu’a lancé le Secrétaire général de l’ONU en juin dernier lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20). La représentante a ensuite souligné l’importance de la participation de tous les membres de la société mexicaine à la vie économique, politique et sociale du pays. Deux ans avant l’échéance prévue pour la réalisation des OMD, nous avons aujourd’hui la chance de contribuer à l’élaboration du programme de développement post-2015, a-t-elle d’autre part noté.
M. MATEO G. MONTAÑO, Secrétaire d’État adjoint au bien-être social et au développement des Philippines, s’est particulièrement félicité de la tenue cette année d’une réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le handicap et le développement, qui sera l’occasion d’intégrer cette question dans l’Agenda pour le développement post-2015. De manière générale, il a appelé les pays développés à faire en sorte que leurs politiques appuient ou du moins ne compromettent pas celles des pays en développement. Les deux catégories de pays doivent trouver les moyens de mettre, de manière plus efficace, l’aide publique au développement (APD) au service du développement social, a plaidé M. Montaño.
Le Secrétaire d’État adjoint a ainsi indiqué que le développement social fait partie intégrante du programme politique du Gouvernement philippin. Il a expliqué que le Plan de développement 2011-2016 se fonde sur trois piliers à savoir la croissance économique pour la création d’emplois productifs; l’égalité d’accès aux chances de développement; et la mise en œuvre de filets de sécurité efficaces pour aider ceux qui ont du mal à s’adapter au rythme de la croissance économique.
Table ronde sur le thème prioritaire: « promotion de l’autonomisation dans les domaines de l’élimination de la pauvreté, de l’intégration sociale, du plein emploi et du travail décent pour tous »
En guise d’introduction à la table ronde, la Présidente de la Commission du développement social a indiqué que l’autonomisation est le renforcement des capacités et du fonctionnement de tous les individus et groupes pour leur permettre de pleinement participer à tous les aspects du fonctionnement de la société ainsi qu’aux processus de prise de décisions qui ont un impact sur leur vie. Elle a précisé que les aspects clefs de l’autonomisation sont ceux relatifs à l’autonomisation sociale, économique et juridique. La réalisation de l’autonomisation est donc un processus dynamique à long terme qui exige que des actions soient menées sur une multitude de fronts, a-t-elle fait observer.
Selon la Présidente de la Commission, la promotion de l’autonomisation exige l’adoption de politiques intersectorielles inclusives et cohérentes, un cadre juridique juste et non discriminatoire, des dispositifs institutionnels capables de faciliter l’engagement civique et la participation à une large échelle, sans oublier l’aspiration et la détermination des groupes et des personnes les plus vulnérables à améliorer leur bien-être.
La modératrice de la table ronde, Mme KIM CAMPBELL, Présidente du Conseil d’administration de la Fondation pour la gouvernance efficace, qui a été la première femme Premier Ministre au Canada, a expliqué l’intérêt de l’autonomisation en ce qu’elle permet aux personnes concernées de bénéficier pleinement des politiques élaborées en leur faveur. « Une démarche dirigiste n’optimise pas les chances de changement », a-t-elle remarqué. Également ancienne Ministre canadienne de la justice, Mme Campbell a dit avoir toujours eu conscience de l’importance de l’implication des personnes concernées dans les décisions prises à leur égard. Personne ne peut comprendre toutes les réalités d’une communauté, et seule l’autonomisation permet de bien répondre aux besoins de cette communauté, a-t-elle expliqué. Citant une publication de l’Université Columbia, de New York, Mme Campbell a cependant indiqué que c’est à travers les institutions qu’on peut le mieux promouvoir un réel changement. Elle a donné un exemple concret en parlant du Royaume-Uni, où il y a quelques siècles, la Reine Elizabeth 1re avait lancé la mode des bonnets de nuit, ce qui mena à l’invention d’une machine à tricoter ces coiffes. « L’autonomisation n’est pas un cliché, et encore moins une notion abstraite, mais plutôt un processus dynamique qui doit apporter une contribution concrète à l’évolution sociale et individuelle », a-t-elle insisté.
Mme MARIA SOLEDAD ARELLANO, Vice-Ministre du développement social du Chili, a tout d’abord mis en avant les bons indicateurs macroéconomiques dont peut se vanter son pays qui a, a-t-elle rapporté, un faible taux de chômage et une croissance actuelle de 6%. Malgré cela, 14,3% de la population vit en situation de pauvreté, soit deux millions et demi de personnes, dont 500 000 sont en situation de pauvreté extrême, a-t-elle fait savoir. Un enfant sur quatre vit en situation de pauvreté et le Chili fait face à une féminisation de la pauvreté ainsi qu’à une augmentation du nombre de femmes chefs de famille et de celui des familles monoparentales. De nos jours, a souligné Mme Arellano, les stratégies d’élimination de la pauvreté doivent savoir faire face à ce changement fondamental de la structure familiale. Le Chili accorde de surcroît beaucoup d’attention à la situation des femmes et des enfants.
La Vice-Ministre a ensuite mis en garde contre la tentation de vouloir résoudre la situation par un simple afflux de dons. Une telle politique assume que les personnes pauvres sont passives, alors qu’une participation active de ces personnes dans les efforts à faire est nécessaire si on veut espérer réellement éliminer la pauvreté, a-t-elle souligné. Elle a dit fermement croire
en « la liberté et la responsabilité des personnes » vivant dans la pauvreté. C’est aux individus de devenir eux-mêmes protagonistes des efforts visant à améliorer leur sort mais, pour ce faire, ils doivent tout d’abord être mis dans une situation qui leur permette de faire de vrais choix. Ce qu’il faut, a-t-elle ajouté, c’est bâtir une société de droits et de devoirs.
La Vice-Ministre a par ailleurs souligné le rôle fondamental que jouent les femmes et l’importance d’adopter des politiques transversales et transsectorielles. Elle a également soulevé la question de la sémantique. Dire d’une personne qu’elle est pauvre, c’est la limiter et l’enfermer dans cette seule condition sociale, a-t-elle commenté. Il serait donc préférable de parler de gens vivant en situation de pauvreté transitoire.
Mme Arellano a ensuite estimé que les politiques de création d’emplois se doivent de proposer des perspectives non pas aux seuls dirigeants et autres personnes privilégiées, mais à l’ensemble de la société, d’où l’importance d’inclure des programmes de formation à toute politique allant dans ce sens. Une famille ne réussit à sortir de la pauvreté que lorsqu’elle réussit à générer des revenus et non pas lorsqu’elle les reçoit d’autrui, a-t-elle commenté. L’État ne doit pas remplacer la personne et l’initiative individuelle. Il faut au contraire donner aux individus des instruments qui leur permettront de devenir « les protagonistes de leurs propres aventures ». La Vice-Ministre a néanmoins reconnu que les familles les plus désœuvrées doivent pouvoir bénéficier d’un appui notable qui leur laisse la liberté de faire leurs propres choix.
« L’autonomisation, c’est en fait le contraire de la stagnation », a commenté la modératrice de la table ronde à l’issue de cette intervention de la Vice-Ministre chilienne.
M. AHMAD ZAHIR FAQIRI (Afghanistan) a indiqué que son pays, qui est en train d’inverser la tendance au déclin économique dans laquelle il était enfermé, met l’accent sur les personnes vulnérables et en particulier les personnes handicapées. En Afghanistan, la majorité des personnes handicapées sont âgées de moins de 14 ans, ce qui place ces enfants dans une situation de vulnérabilité à cause de leur situation de pauvreté, de leur analphabétisme et de leurs carences en termes de nutrition et de soins de santé. Le représentant a indiqué que la Constitution afghane protège et promeut les droits des personnes handicapées, et qu’elle est assortie de tout un dispositif législatif et règlementaire tendant à les sortir de la pauvreté et à les intégrer sur le plan social. Une loi récente vise en outre une meilleure participation des personnes handicapées à la vie de la société, en prévoyant qu’un quota de 3% d’emplois soit réservé à ces personnes dans l’administration comme dans le secteur privé.
M. Faqiri a ajouté que l’Afghanistan avait adhéré à de nombreux instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’homme, et en particulier aux droits des personnes handicapées. Le handicap est devenu une question transsectorielle dans tous les programmes de développement et dans leur application, a-t-il ajouté, grâce à l’intervention des organisations humanitaires et aux efforts déployés par le Gouvernement en faveur du développement. Les principaux domaines d’intervention de l’État afghan en faveur des personnes handicapées, a-t-il précisé, sont l’accès à l’éducation, l’accès à la justice, l’accès à un emploi décent et au plein emploi, ainsi que la bonne gouvernance.
« L’ancien maire de la ville de Vancouver, au Canada, était un handicapé faisant usage d’un fauteuil roulant », a commenté Mme Kim Campbell, modératrice de la table ronde, tout en soulignant le succès que peuvent connaître les personnes handicapées lorsqu’on leur donne la chance d’y parvenir.
M. LAURIS BEETS, Directeur des affaires internationales et Conseiller principal auprès du Ministre des affaires sociales et de l’emploi des Pays-Bas, a axé son intervention sur l’importance de la protection sociale pour réaliser l’autonomisation. La protection sociale, a-t-il précisé, doit déboucher sur une plus grande égalité socioéconomique, que ce soit entre les sexes, ou entre les milieux urbains et ruraux, par exemple. Il a également souligné que l’emploi décent est un aspect fondamental de l’autonomisation des individus et des groupes. M. Beets a ensuite fait savoir que 80% de la population actuelle de la planète ne bénéficie d’aucune forme de protection sociale, d’où l’importance pour les États Membres de mettre en œuvre les recommandations formulées par l’Organisation mondiale du Travail en matière de mise en place de socles nationaux de protection sociale et de création de systèmes de protection sociale d’une manière graduelle. Il a également souligné qu’une bonne base fiscale, financée par l’imposition de revenus, entre autres, est une des conditions nécessaires pour assurer la durabilité des politiques de protection sociale. Il est important de veiller à un renforcement effectif du système, a-t-il ajouté, de même que l’implication et un large appui de la part des partenaires sociaux, sans oublier une gouvernance efficace et transparente.
Le panéliste a également abordé les défis posés par le secteur informel où la prévalence du travail au noir se traduit par un manque à gagner pour le gouvernement. Les gouvernements et les partenaires sociaux doivent savoir convaincre les employeurs et les employés de ce secteur qu’ils auront beaucoup à gagner si leurs activités sont formalisées, ce qui leur permettrait ainsi d’intégrer les systèmes de protection sociale existants, a-t-il notamment estimé.
Mme RONNIE GOLDBERG, Vice-Présidentedu Conseil pour les affaires commerciales internationales des États-Unis (USCIB), de la Chambre de commerce internationale (ICC), a rappelé que la création d’emplois nécessite en amont une croissance économique, une bonne gouvernance, des marchés qui fonctionnent bien, un secteur privé sain et un cadre propice aux entreprises. Elle a fait plusieurs suggestions aux gouvernements qui cherchent à renforcer leurs efforts en faveur d’un emploi décent pour tous, la première étant qu’il faut assurer une croissance économique grâce à un marché compétitif et à la création de petites et moyennes entreprises. Dans la même ligne, Mme Goldberg a encouragé les États à soutenir l’entreprenariat et les entreprises privées. Ces entreprises doivent conduire leurs affaires de manière équitable et durable, a-t-elle précisé.
Un autre conseil donné par Mme Goldberg est de créer un environnement règlementaire favorable aux entreprises, notamment grâce à des règles transparentes et à la lutte contre la corruption. Elle a aussi appelé les gouvernements à investir dans les ressources humaines, les infrastructures et la connectivité, en intégrant les personnes handicapées et les femmes à la vie sociale et au monde du travail. L’experte a enfin recommandé de garantir le libre échange, en favorisant l’investissement étranger qui est une source de créativité et de création d’emplois secondaires sur le marché national. « Je n’ai rien dit qui ne soit déjà connu », a conclu Mme Goldberg, avant d’inviter les employeurs et les entrepreneurs à contribuer à la prospérité des communautés.
À l’issue de ces présentations, et tout en reconnaissant les problèmes posés par le secteur informel, la modératrice de la table ronde a salué l’ingéniosité des personnes qui néanmoins vivent grâce à l’économie informelle. Il existe une richesse et une véritable force d’initiative dans ce secteur, a-t-elle commenté, citant en exemple l’esprit d’entreprise et d’initiative qui existait déjà dans de nombreux pays à économie centralisée du temps de l’Union soviétique. L’économie informelle fournit des possibilités aux personnes qui ne peuvent pas participer à l’économie formelle parce qu’elles en sont exclues, mais il faut néanmoins les sensibiliser aux bénéfices qu’elles peuvent tirer d’une participation à l’économie formelle, a-t-elle indiqué.
Débat interactif avec les délégations
« Quel est l’élément fondamental qui assure la durabilité des systèmes de protection sociale, et quel rôle est amenée à jouer la société civile en matière de promotion du dialogue? » s’est interrogée dans un premier temps la représentante de l’Union européenne qui a, par ailleurs, souligné l’importance du rôle joué par les organisations patronales et syndicales, ainsi que celle des technologies de l’information et des communications.
Dès qu’on évoque la démocratie, on comprend qu’il faut qu’il y ait autonomisation afin d’assurer la participation de tout un chacun à la marche de la société, a estimé à son tour la représentante du Mexique qui a voulu en savoir plus sur les mesures de suivi lancées par le Chili pour alimenter et nourrir « l’étincelle d’autonomisation » chez les plus démunis. À cela, la panéliste du Chili a indiqué que le Gouvernement chilien avait mis sur pied un programme d’accompagnement psychosocial pour les personnes et les groupes les plus démunis pour les aider dans la recherche d’un emploi. Il faut néanmoins qu’il y ait un compromis, et que par exemple, une personne s’engage à perdre des allocations de survie qui lui sont versées si elle ne prend pas part à des entretiens d’embauche qui lui sont offerts, a-t-elle ajouté.
Le représentant de la Mongolie a insisté sur l’importance de la bonne gouvernance et du respect de l’état de droit, pour ensuite soulever les problèmes posés par la corruption. Lui emboitant le pas, la panéliste de l’USCIB a souligné l’important travail réalisé par les organisations internationales pour intégrer une dimension droits de l’homme au concept d’autonomisation et à sa mise en œuvre. Elle a également affirmé que l’éducation des filles est la mesure la plus importante que puissent prendre les gouvernements pour favoriser l’autonomisation des femmes.
Mais avoir des droits sans avoir des devoirs n’est pas productif. Si une société n’a que des droits, les personnes deviennent passives et se bornent à attendre que leurs droits soient respectés, a fait remarquer la Vice-Ministre duChili. L’autonomisation, a-t-elle soutenu, doit être considérée comme un moyen de concrétiser la prise de décisions individuelle et non pas comme une fin en soi. C’est aux personnes elles-mêmes de saisir les occasions qui se présentent à elles et les opportunités qui leur sont offertes, a renchéri le représentant des Pays-Bas. « Certaines situations économiques ne permettent pas la réalisation de certains droits, d’où l’importance de savoir comment traduire de manière concrète les objectifs fixés », a pour sa part estimé le représentant d’une ONG.
« Peut-on dire que la protection sociale entraîne un syndrome d’assistanat et de dépendance vis-à-vis de l’État? », et « comment peut-on engager le secteur privé pour qu’il face du plein emploi sa priorité? » s’est interrogée à son tour la représentante du Botswana. Son homologue de l’Allemagne a voulu savoir pourquoi les panélistes n’avaient pas parlé de la situation des personnes âgées. « Et qu’en est-il des politiques d’autonomisation de l’enfant? », a lancé la représentante d’El Salvador. Le représentant de l’Italie a pour sa part appelé les intervenants à ne pas perdre de vue l’importance de l’évaluation des politiques sociales. Il faut comprendre ce qui marche et ce qui ne marche pas, et savoir pourquoi certaines choses ont réussi et d’autres pas, a-t-il souligné.
Il importe également de réfléchir au meilleur moyen de gérer les troubles sociaux créés par les progrès techniques, et de toujours garder à l’esprit que c’est une forme de destruction créative qui nous a permis de nous retrouver où nous sommes actuellement en matière de développement, a commenté à son tour la modératrice de la table ronde.
Le panéliste des Pays-Bas a estimé que quelle que soit sa forme, la protection sociale demeure une condition préalable pour l’autonomisation, notamment en ce qui concerne les personnes cherchant à s’extirper de la pauvreté. La panéliste de l’USCIB a rappelé que l’objectif de toute entreprise est de réaliser un profit qui lui permette ensuite de croître et de réinvestir par la suite dans de nouveaux projets qui généreront de nouveaux emplois et de nouveaux profits.
La représentante de l’ONG Mercy International a pour sa part fait observer que l’extraction des ressources naturelles est souvent considérée comme un moyen d’autonomiser les personnes alors que de nombreuses études prouvent le contraire. « Comment trouver un espace politique pour débattre de cette question? » s’est-il interrogé. Dans certaines situations, on peut parler de malédiction des ressources dont on doit protéger les individus, a lancé la modératrice. La Vice-Ministre du Chili a indiqué pour sa part qu’un nombre croissant de femmes ont pu bénéficier de la croissance du secteur de l’extraction minière au Chili grâce à des programmes de formation professionnelle.
Le représentant d’une ONG s’est, pour sa part, interrogé sur la capacité de l’Afghanistan à véritablement favoriser l’emploi des personnes handicapées alors qu’un pays comme les États-Unis y parvient à peine. Le panéliste del’Afghanistan a répondu que son gouvernement veille à ce que les personnes handicapées bénéficient des politiques sociales mises en place. Des centres de formation professionnelle ont notamment été mis sur pied dans les zones rurales, a-t-il indiqué.
« Si l’Agenda pour le développement post-2015 ne pouvait avoir qu’un seul objectif, quel serait-il? » a lancé à son tour une représentante d’ONG. « Que chacun puisse être ou devenir tout ce qu’il peut ou souhaite être et disposer de liberté et des outils nécessaires à cette fin », a répondu la Vice-Ministre duChili.
« Ce sont de véritables changements culturels qui doivent être mis en œuvre pour assurer l’autonomisation », a fait observer la modératrice de la table ronde dans ses remarques de conclusion.
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