Le Secrétaire général fait part d’une « période d’activités intenses » dans la perspective de 2014 en Afghanistan
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LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL FAIT PART D’UNE « PÉRIODE D’ACTIVITÉS INTENSES »
DANS LA PERSPECTIVE DE 2014 EN AFGHANISTAN
On trouvera ci-après le discours du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à la réunion que le Conseil de sécurité a tenue le 19 mars, sur l’Afghanistan:
Je suis heureux de présenter aujourd’hui au Conseil de sécurité un exposé sur le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), et je remercie la délégation russe d’avoir organisé le présent débat public sur un sujet d’une importance capitale.
Nous vivons une période d’activité intense dans la perspective de 2014. L’ONU examine la question de savoir quel sera son rôle à l’avenir et nous nous préparons à relever les défis qui se profilent. Nos priorités fondamentales doivent nous guider tandis que nous continuons d’aller de l’avant. Nous devons continuer à offrir des bons offices, y compris l’appui électoral, et à œuvrer à la réconciliation et au renforcement de la coopération régionale. Nous devons défendre fermement les droits de l’homme et promouvoir également le développement. L’action humanitaire est aussi une composante cruciale de notre rôle futur. Elle est particulièrement importante pour nous permettre de lutter contre la vulnérabilité chronique de l’Afghanistan et d’absorber l’impact de la transition. Je voudrais m’exprimer brièvement sur toutes ces questions aujourd’hui.
La situation politique en Afghanistan est dominée par les élections de 2014. Une large participation et un processus crédible sont indispensables pour réaliser l’objectif d’une passation des pouvoirs acceptée de tous. Je tiens à souligner que les élections sont dirigées et gérées par les Afghans. L’heure est à la prise de décisions cruciales. Le Gouvernement s’est engagé à ce que le processus électoral soit ouvert à tous, consultative et transparent. Je me félicite de la participation active et responsable de tous les acteurs à la mise en place d’un cadre électoral largement accepté. Il me plait également de constater que le Président Karzai a insisté sur l’adoption de la loi électorale à l’occasion de l’ouverture des travaux de l’Assemblée nationale. Il sera capital d’adopter un mécanisme impartial, crédible et indépendant pour le règlement des litiges électoraux. Un autre élément crucial est la nomination d’un président respecté et faisant l’unanimité à la tête de la Commission électorale indépendante. Celle-ci, en collaboration avec le Ministère des finances et les donateurs, devra déployer des efforts sérieux pour trouver des moyens de financement du processus électoral qui soient réalistes et satisfaisants pour tous.
Le Gouvernement privilégie le projet de cartes d’identité nationale électroniques. C’est une initiative importante qui offre des applications potentielles très variées. Autant que possible, ces cartes d’identité nationale électroniques devraient servir pour les élections de 2014 et de 2015. Dans le même temps, il importe de comprendre que, pour ce qui est de ces élections, les améliorations en matière de recensement des électeurs ne seront vraisemblablement que modestes. Cela rend d’autant plus indispensables les autres éléments de contrôle et de contrepoids, notamment la mise en place de « règles du jeu » et de mesures antifraude acceptées par tous. Le principe de respect de l’indépendance de l’organe chargé de l’administration des élections dans l’exécution de ses fonctions constitutionnelles est vital.
Ce dont l’Afghanistan a le plus besoin, c’est la paix. Je me félicite de la déclaration conjointe publiée en janvier par les États-Unis et l’Afghanistan, dans laquelle les deux pays se sont prononcés en faveur d’une plus grande cohérence des efforts de réconciliation. Les attentes doivent être réalistes. La réconciliation ne sera ni rapide ni facile. L’ONU prône une culture de paix, et elle appuie à ce titre la deuxième phase du Dialogue du peuple afghan pour la paix. Le peuple afghan doit se rassembler non seulement pour couper court au conflit, mais aussi pour prendre la direction et la responsabilité du processus de transition au service d’un Afghanistan uni. C’est essentiel pour mettre un terme à plus de 30 ans de conflit et instaurer une paix véritable et durable.
Les efforts que nous déployons dans le domaine des droits de l’homme reposent sur une collaboration constructive. Nous avons rédigé un rapport sur les tortures et les mauvais traitements subis par les personnes détenues pour faits liés au conflit. Une commission d’établissement des faits mise en place par le Président a également entendu de nombreux témoignages dénonçant des sévices et formulé 11 recommandations en vue de remédier à ce problème. En ce qui concerne les victimes civiles, le Gouvernement et les forces internationales ont pris des mesures pour réduire les incidences préjudiciables de leurs opérations. Les groupes antigouvernementaux doivent maintenant honorer leurs déclarations publiques et leurs obligations internationales et cesser de s’en prendre aux civils, de recourir à des enfants pour commettre des attentats-suicides, de viser des lieux publics et d’utiliser des engins explosifs à plateau de pression déclenchés par les victimes. Ces actes constituent des crimes au regard du droit international.
Je suis particulièrement préoccupé par l’augmentation de 20 % du nombre de femmes et de filles tuées en 2012. Le suivi des victimes civiles effectué par la MANUA a poussé les Taliban à publier deux déclarations qui laissent à penser qu’ils pourraient être prêts à dialoguer. J’appelle à un dialogue véritable afin de réduire les pertes intolérables qui continuent d’être enregistrées et de protéger les civils. Je salue la déclaration prononcée par le Président Karzai à l’occasion de la Journée internationale de la femme, en particulier l’accent qu’il a mis sur la nécessité de sensibiliser les hommes aux questions d’égalité des sexes. Je reste toutefois profondément perturbé par le fait qu’en dépit de quelques progrès s’agissant de poursuivre les auteurs de violences, l’impunité demeure omniprésente en Afghanistan concernant les brutalités faites aux femmes et aux filles, dont je rappelle le droit inviolable de vivre à l’abri de la peur et des agressions. D’autre part, les femmes et les filles sont la clef de lendemains meilleurs en Afghanistan. Les protéger est fondamental pour la paix, la prospérité et la stabilité de tous dans le pays. Cela suppose d’appliquer strictement la loi relative à l’élimination de la violence à l’égard des femmes et de veiller à ce que les femmes et les filles puissent participer plus activement à la vie publique.
Nous devons renforcer nos modalités d’aide au développement afin de renforcer la prise en main afghane. De son côté, le Gouvernement doit maintenir la dynamique en faveur de la mise en place des réformes de la gouvernance économique nécessaires pour accroître la viabilité de la transition dans les domaines politique et de la sécurité. Il est également capital de s’attaquer à l’économie illicite pour renforcer la confiance économique. L’Office de contrôle et de lutte contre la corruption, de concert avec l’ONU, a publié une enquête sur l’étendue de la corruption qui ronge le tissu économique et social afghan. Je suis aussi inquiet de voir que l’évaluation des risques liés à l’opium montre que la culture du pavot a augmenté. Toutefois, des progrès ont été enregistrés en matière de lutte contre les stupéfiants. Au début du mois, les autorités afghanes ont effectué la plus importante saisie de l’année à ce jour, confisquant quelque 23 tonnes d’héroïne, de morphine et de précurseurs chimiques.
Outre la lutte contre les stupéfiants, nous continuons à nous heurter au défi permanent de répondre aux besoins des personnes rapatriées et déplacées. Je suis déterminé à trouver des solutions durables à la question des déplacements postconflit. Nous disposons de plusieurs facteurs de réussite avec la Stratégie de recherche de solutions pour les réfugiés afghans en vue des rapatriements librement consentis, d’une réintégration durable et de l’offre d’une aide aux pays hôtes, et la politique nationale afghane relative aux déplacés.
Nous devons nous préparer à envisager l’après-2014. À l’occasion d’une récente rencontre avec des responsables de l’ONU, les représentants afghans ont insisté sur le fait qu’ils n’avaient pas besoin d’un engagement moindre de la part de l’ONU, mais d’un engagement différent. Ils ont une fois de plus appelé au renforcement de la coordination entre les différents organismes, fonds et programmes afin d’éviter les lacunes et les chevauchements, entre eux et avec d’autres acteurs. Les représentants afghans ont par ailleurs largement reconnu la nécessité d’une mission politique spéciale dont l’orientation et la portée seraient évolutives. L’ONU doit appuyer les efforts afghans. Notre objectif est de renforcer les processus et les institutions politiques en Afghanistan. Nous voulons améliorer la capacité de fournir des services au niveau national et dans les différentes régions. Nous devons mettre un terme aux structures et aux efforts parallèles de la communauté internationale et intégrer pleinement notre appui à l’Afghanistan.
Pour exécuter son mandat, la Mission doit maintenir sa capacité à agir dans tout le pays et à répondre aux exigences auxquelles elle sera confrontée durant cette période cruciale. C’est pourquoi, bien que le budget de la MANUA pour 2013 ait fait l’objet de réductions conséquentes, je n’envisage pas d’en faire d’autres en 2014. Nous pourrons alors évaluer de manière plus réaliste la réorientation de la présence de l’ONU en Afghanistan après la transition.
Les succès que nous avons enregistrés à ce jour dont dus en grande partie au dévouement de mon Représentant spécial Ján Kubiš et de l’ensemble des hommes et des femmes – recrutés à l’échelon national ou international – qui ont travaillé avec engagement et dévouement. En fin de compte, c’est à nous qu’incombe la responsabilité de leur sécurité et de leur capacité à aider le peuple afghan.
Nous nous rapprochons d’une période de transition en Afghanistan, un pays qui a survécu à des décennies de bouleversement. Travaillons avec autant d’acharnement que possible à assurer que cette transition conduise à l’avenir stable, sûr et prospère que mérite le peuple afghan.
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